Lettre ouverte au Candidat Emmanuel Macron

Disclaimer : cette lettre ouverte n’est représentative que de mon ressenti et ne saurait constituer un avis politique que j’invite à suivre. Si vous ne vivez pas les choses de cette façon, parfait. Si vous les vivez ainsi, bien, vous n’êtes pas seul.e.s. J’avais juste besoin de l’écrire, naïf que je suis, me disant « on sait jamais ». 🤷‍♂️

Cher Emmanuel Macron, cher candidat à la présidence française, cher président sortant. J’ai écouté avec grand intérêt votre déclaration, dimanche 10 avril 2022, à l’annonce des résultats. J’ai écouté avec au moins autant d’intérêt chaque mot prononcé, chaque intonation, chaque sous-titre, observé chaque sourire, chaque haussement d’épaules et, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il semblerait que vous fassiez tout pour vous faire détester par ceux qu’il serait de bon ton de ne pas mépriser, en cette période d’entre deux tours.

Dans la mesure où vous êtes le président actuel, vous n’êtes pas un candidat « normal », je ne peux pas uniquement m’adresser au candidat que vous êtes actuellement, vous m’excuserez donc de faire allusion au bilan de votre quinquennat.

Cher Monsieur Macron, hier, comme vous l’avez dit d’ailleurs, le peuple a voté.

Cependant, il n’a pas voté uniquement pour vous ou pour l’extrême droite, il a également voté et parfois, de façon assez significative, pour des idées différentes des vôtres et de l’extrême droite. Le jeu des élections présidentielles fait que deux candidats passent le second tour, mais il existait d’autres candidats, dont un avec un score supérieur à 20%, à quelques pourcentages de la seconde personne qualifiée, vous ne pouvez pas ignorer que cette force existe et qu’elle représente, directement ou indirectement, une voix qui devrait être entendue.

Votre discours aurait été très positif et plein d’espoir… si vous n’aviez pas déjà exercé les fonctions de président pendant les cinq dernières années. Il aurait été, j’imagine pour certain.e.s, inspirant, voire même convainquant.

Cependant, vous avez déjà exercé le pouvoir pendant ces cinq dernières années et vous venez promettre des choses que vous auriez déjà pu faire, déjà pu engager, déjà pu annoncer entant que président…or vous n’avez rien fait.

Le candidat que vous êtes annonce faire de l’égalité Hommes/Femmes une grande cause nationale, là où le président Macron a totalement ignoré ce point voire pire, a aggravé ces dernières.

Le candidat que vous êtes annonce la mise en place d’un plan de recrutement dans le secteur hospitalier, là où le président Macron a sciemment continué de saper les fondations, déjà bien affaiblies, de ce secteur pourtant vital.

Le candidat que vous êtes annonce le recrutement de magistrats et globalement, le renforcement de la Justice… alors que le président que vous êtes n’a jamais pris ce point au sérieux et à délibérément négligé les voix du secteur qui appelaient à l’aide.

De la même manière qu’il a rendu la vie encore plus compliquée aux plus vulnérables, aux plus faibles, aux populations démunies, là où votre programme parle d’une retraite minimale rehaussée, d’aides pour les plus démunis.

Vous l’aurez compris, votre programme de candidat est aux antipodes de ce que vous avez été en capacité de produire en qualité de président.

Monsieur Macron, je ne comprends pas. Je ne comprends pas comment vous pouvez oser promettre de pareilles choses alors que vous n’avez pas tenu vos promesses dans votre premier mandat. Je ne comprends pas comment vous osez nommer votre campagne « Nous Tous » alors que vous excluez autant de personnes, au nom de leurs différences, leurs orientations sexuelles, leurs religions ou leurs couleurs de peau.

Monsieur le candidat Macron, votre déclaration d’hier était un très – très – gros doigt d’honneur à celleux qui n’ont pas voté pour vous et dont vous avez besoin pour remporter la bataille du second tour. C’était sans doute la pire déclaration possible pour témoigner le respect – que vous ne semblez manifestement pas avoir – à vos adversaires politiques.

La politique, monsieur Macron, ce n’est pas un jeu. Le pouvoir, monsieur Macron, ce n’est pas un amusement, c’est sur et avec nos vies que vous jouez.

Qu’on se le dise, monsieur le candidat, je n’ai pas voté pour vous, et vos déclarations d’hier soir étaient profondément dérangeantes. J’aurais aimé voir une vraie main tendue, un geste, j’aurais aimé vous voir faire amende honorable de vos erreurs, vous voir et entendre dire que vous avez compris, au moins partiellement, que de nombreuses personnes ne se reconnaissaient manifestement pas dans votre programme, mais que vous alliez composer avec, pour que ces derniers y trouvent à gagner.

J’aurais aimé, monsieur Macron, que vous me donniez au moins une bonne raison de voter pour vous, une bonne raison autre que « votez pour moi afin de ne pas voter pour l’extrême droite ». Cela fait des années qu’on nous sert cet argument et que vous, en qualité de premier candidat, président et second candidat, vous attisez le feu, la discorde, la fracture de toute la société.

Quand vous dites « Nous Tous », monsieur Macron, ayez l’intelligence d’écouter ce que les autres disent de vous, ayez la sensibilité nécessaire pour comprendre que des millions de personnes qui se plaignent, ce n’est sans doute pas pour rien.

Alors oui, on ne peut jamais satisfaire tout le monde, il est vrai. Mais il existe un écart important entre tendre la main, être à l’écoute, être prêt à travailler avec d’autres dont on dit partager des valeurs à défaut des idées, et piétiner ces derniers en disant que la seule vision bonne, c’est la vôtre.

Me voilà, simple citoyen comme beaucoup d’autres qui lisent peut-être cette lettre, dans le dégoût total de la suite des évènements. Choisir entre vous, le mauvais président, menteur, le président des riches, qui a tant négligé son peuple et l’extrême droite, Marine Le Pen, qui représente tout ce qui existe détestable en ce monde, aussi dédiabolisée soit-elle.

Est-ce que son programme est pire que le vôtre ? Sans hésitation. Je ne m’étendrai pas sur son programme et dirai simplement qu’une fasciste au pouvoir fait toujours pire qu’annoncé et que son programme est particulièrement terrible, inconstitutionnel et à l’encontre des valeurs de la France et de l’Europe.

Mais est-ce que cet argument suffira à convaincre celles et ceux que vous avez tant méprisé, encore dimanche 10 avril 2022, lors de votre déclaration ? Très sincèrement, j’en doute.

J’en doute parce je crois que bien des personnes étaient dans l’attente d’un signe, d’un geste de votre part, et que ce geste n’est pas arrivé… alors que votre rivale, elle, a su le faire dans sa déclaration.

Alors, monsieur Macron, que faire ? Voter pour vous ? Voter blanc ? M’abstenir ?

J’ai songé à voter blanc voire à m’abstenir, mais je me dis que des milliers de personnes risquent de faire pareil, et tout ceci pourrait jouer en faveur de l’extrême droite, ce qui est hors de question.

Vous aurez donc très certainement ma voix, parce que jamais l’extrême droite ne doit accéder davantage au pouvoir, mais :

  • Je ne voterai pas pour vous,
  • Je ne voterai pas pour votre programme,
  • Je ne voterai pas pour 5 ans de Macron en plus,
  • Mon vote ne vaudra pas adhésion à vos idées répugnantes,
  • Mon vote ne vaudra que contre l’extrême droite.

Vous n’êtes pas président seulement lors des élections, vous l’êtes tout au long de l’année. Vous ne jouez pas aux échecs contre le Rassemblement National ou toute forme de parti fasciste, vous régissez la vie et le futur de bien des personnes.

Vous êtes totalement responsable de cette situation, vos mesures et mesurettes, votre mandat désastreux en mode « Start Up Nation » est responsable, au moins en grande partie, de la situation actuelle, responsable de l’aggravation des tensions et de la fracture sociale, qui n’entraine que doutes, inquiétudes et incertitudes, qui elles-mêmes n’entrainent qu’une chose : la montée de l’extrême droite, des partis autoritaires voire fascistes, à la ligne dure…. Et nombre de papiers, d’études et de thèses prouvent ceci depuis au moins 1970. Vous êtes irresponsable, inconscient et dans d’autres circonstances, vous ne mériteriez que mon indignation et mon mépris, vous ne mériteriez pas cette perte de temps à écrire tout ceci.

J’imagine d’ailleurs que vous ne lirez jamais cette lettre, comme vous n’écouterez jamais les critiques et les remarques à votre égard, mais je vous conseille vivement de le faire, ne serait-ce qu’un jour.

Un peu plus d’humilité et un peu moins de mépris, ça vous ferait le plus grand bien.

La Rencontre est tienne, avec le premier ministre Jean Castex : mon point de vue

Dimanche 14 mars 2021, 18h00. Samuel Étienne, journaliste et interviewer politique, présentateur de Question pour un champion et streamer sur la plateforme Twitch, reçoit chez lui Jean Castex, l’actuel Premier ministre.

Souhaité et présenté comme un moment de démocratie directe, le titre du live est évocateur : “Dimanche 18H, #LaRencontreEstTienne, avec le Premier ministre Jean Castex : c’est moi qui invite, c’est vous qui posez les questions“. Assez vite, l’exercice s’avère cependant être une interview avec des réponses convenues, dignes de ce qu’on peut entendre à la télévision.

Pourquoi ? Comment ? Analyse d’un problème de fond.

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Des pétitions sur les site de l’Assemblée nationale ou du Sénat ? C’est possible !

« Hein ? Des pétitions à l’Assemblée nationale ? Au Sénat ? » C’est au détour d’une vidéo et de divers échanges que j’ai constaté la chose suivante : peu de personnes semblent être au courant qu’il est possible de signer ou de déposer une pétition sur les sites de l’Assemblée nationale ou du Sénat. Pourquoi ? Comment ? Est-ce que c’est utile ? J’espère que la suite de ce billet pourra vous éclairer un peu.

NDLR : je ne fais qu’une présentation du site des pétitions de l’Assemblée nationale, mais l’ensemble de mes propos sont applicables au Sénat (exception faite du règlement de l’Assemblée Nationale, logique…)

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Loi Avia : ce qui devait arriver arriva. Feat. le Conseil Constitutionnel.

Il y a un an ou presque, j’écrivais mon dernier papier sur le blog. Il avait pour sujet le projet de loi Avia ou « proposition de loi visant à lutter contre la propagation des propos haineux sur Internet », de son petit nom tout gentil tout mignon.

Un an après, le projet de loi est passé par le Sénat, puis à fait un retour à l’Assemblée Nationale pour être voté définitivement. C’était prévisible, c’est arrivé. Que le texte fasse l’objet d’une saisine au Conseil Constitutionnel après son vote et… sans grande surprise, fasse l’objet d’une non conformité à la constitution, c’était aussi assez prévisible.

Ce qui devait donc arriver arriva, le Conseil Constitutionnel, dans sa décision n°2020-801 DC du 18 juin 2020, a – et c’est peu de le dire – décapité et mis en charpie la loi Avia.

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Lettre ouverte aux députés afin de défendre le droit à l’anonymat

Mesdames et messieurs les députés, les orientations politiques actuelles me laissent penser que, d’ici peu de temps, une proposition de loi arrivera pour « réguler l’anonymat en ligne ». Trois de vos collègues, députés du groupe La République En Marche, Raphaël Gérard, Laurence Vanceunebrock-Mialon et Gabriel Serville, ont déjà sollicité le secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des finances et du ministre de l’Action et des Comptes publics, chargé du Numérique, M. Mounir Mahjoubi, sur ce sujet. (source : https://www.nextinpact.com/news/107564-des-deputes-lrem-veulent-forcer-twitter-a-recueillir-piece-didentite-a-creation-dun-compte.htm)

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Pour le procureur général de Paris, connaitre vos droits, c’est dangereux.

Note importante : cette nouvelle n’est pas récente, elle date de l’an dernier, quasi un an jour pour jour. Seulement, je la trouve d’actualité encore aujourd’hui, encore plus d’actualité, en réalité, j’ai donc décidé de vous en parler là.

Dans le contexte de l’état d’urgence, dans celui d’un Etat qui souhaite inscrire des mesure d’exception dans le droit commun et à l’aube de nouvelles manifestations contre la réforme du code du travail, je trouve cet article d’actualité.

L’avocate Laure Heinich s’est exprimée dans un article, consultable ici, à propos d’une décision bien étrange. Un manifestant avait en sa possession un tract d’un syndicat d’avocats, celui des Avocats de France (SaF) et, manifestement, cela dérange. Continuer la lecture de Pour le procureur général de Paris, connaitre vos droits, c’est dangereux.