Je ne sais pas si sortir ce billet est une bonne idée, nous verrons bien.
Ce matin, j’ai lu que plus de 70% des français ne voyaient pas de problème à la vidéo-surveillance effectuée par des sociétés privées.
J’ai aussi lu, entendu, vu que la majorité des gens se moquaient de leur vie privée, de cette vidéo-surveillance, de leurs données personnelles, du fait qu’Internet soit de plus en plus repris et verrouillé par des géants de la vie physique. Ils ont mis du temps mais il faut admettre qu’ils ont des milliards de fois plus de puissance que 5 gus dans un garage. Ils ont du temps et de l’argent à donner en échange d’une décision qui va dans leur sens.
C’est ce qu’on appelle un petit service entre amis, également connu sous le nom de corruption ou pression, infiltrée dans les différentes strates des différents pouvoirs en place. Ici et ailleurs, en France, dans l’union européenne ou dans d’autres pays, on fait pression pour façonner Internet de la « bonne façon ».
Cette façon, qu’on se le dise, ce n’est pas celle que vous attendez. Ou alors vous vous en moquez complètement, ce qui n’est pas impossible. Reprenons si le voulez bien.
Celle qui vous attend, c’est un Internet verrouillé, fermé de partout. Un Internet où vous aurez le droit de parler si vous payez et si tout ce que vous dites n’entre pas en conflit avec une marque ou une société privée. C’est un espace qui ne ressemblera en rien à celui que vous connaissez, ça sera une vitrine commerciale pour se faire encore plus d’argent.
Cet Internet ça sera un espace où le DPI sera l’outil de référence, la Neutralité du net une connerie de ces anarchistes qui n’ont décidément rien compris au monde. Laissons place au flicage de chacun de vos paquets, de chaque échange de données numériques, place à l’écoute de toute la population par des sociétés privées, juste au cas où…
Ça ne sera pas une voie ouverte à tout ceci, mais un boulevard qui sera offert sans aucune résistance car… car tout le monde s’en tape. Ces sociétés seront capables de faire ce qu’elles veulent jusqu’à votre ordinateur et ceci sans votre consentement.
Vous avez le droit de ne pas croire à tout ceci, c’est trop gros pour être vrai, n’est-ce pas. C’est pourtant la triste réalité, que vous l’acceptiez ou non.
Ici, deux choses sont importantes à souligner. La première, c’est que je parle de vous, pas de moi ou des gens qui cherchent à comprendre, nous aurons trouvé un autre espace pour pouvoir nous exprimer sans avoir une armée d’espions collés sur nos connexions.
Nous savons créer des fournisseurs d’accès à Internet, nous savons parler en privé « privé », c’est-à-dire sans que des intermédiaires viennent mettre le nez dans un échange entre deux personnes. Nous aurons réussi à trouver des alternatives et, comme d’habitude, nous aurons toujours un temps d’avance face à des sociétés et des gouvernements qui ne comprennent pas un monde qui leur échappe totalement.
Est-ce prétentieux ? Si ça semble l’être, ce n’est absolument pas le cas. Non, c’est une réalité. Celles et ceux qui cherchent à comprendre comment ça fonctionne auront toujours une longueur d’avance et s’adapteront.
Donc, deux choses. La première c’est accepter ça. Après tout, pourquoi aider des personnes qui s’en moquent ? Pourquoi puisque nous n’allons pas avoir de problèmes, nous ?
Il est vrai que beaucoup (trop) de personnes se moquent de tout ceci. Ces derniers ne se sentent pas concernés car ils n’ont pas conscience de tout ce qui arrive, trop occupés par la vie quotidienne, déjà assez compliquée à gérer. Je peux comprendre, nous sommes tous ainsi avec nos problèmes et nous arrivons tous au même constat : les problèmes ne sont pas résolus même en essayant très très fort.
Une partie de ces personnes est désabusée, blasée, elle n’attend plus rien. L’autre partie se moque en bloc de tout ceci, préférant écouter ailleurs et parler de gens malades, de « truc de geek-qui-ne-parlent-qu’ à-des-ordinateurs ».
Donc, la liberté d’expression et la vie privée sont des trucs de geeks, je crois que j’ai dû rater quelque chose.
Ce soir, j’ai envie de tout claquer, de me dire « laisse tomber, les gens s’en tapent, les politiques tiennent un double discours et c’est l’argent qui dirige le monde et non la politique. Ça ne sert à rien du tout, arrête d’être naïf et crédule ».
Et puis là, je repense à une phrase que l’on m’a répondu, un jour : « à la fin, on gagne. Ça prendra du temps, beaucoup de temps, mais à la fin, on gagnera ».
Si des personnes passent des heures, des jours et parfois encore plus à décortiquer des lignes de codes, à analyser des textes de lois et à aller parler partout pour expliquer ce qu’il se passe, ce n’est pas pour eux : c’est pour l’intérêt collectif.
Je ne peux pas vous forcer à être d’accord avec moi, je ne peux pas non plus vous forcer à m’écouter. Je ne peux que vous présenter un petit état des lieux un peu alarmiste et très très édulcoré, histoire qu’il ne soit pas trop acide.
Seulement, si ces gens effectuent un travail colossal, cela ne représente pas la totalité du travail à effectuer. Ils font 50% du travail. Pour le reste, c’est à vous de faire l’effort et sans cela, vous vous condamnez vous-même à manger mon bilan alarmiste en plein dans les dents.
Les choses peuvent changer, la vraie question c’est : est-ce que vous avez vraiment envie que ces choses changent ?
Si oui, alors agissez. Sensibilisez votre entourage, renseignez-vous, diffusez de l’information. La plus petite action est déjà une action importante. Reprenez ce billet de blog, partagez-le, copiez-le, envoyez-le par mail… bref, vous pouvez faire quelque chose…
…encore faut-il le vouloir, et là, j’ai de plus en plus un énorme doute.