Si vous aimez votre travail, vous vous reconnaitrez certainement dans ce qui suit.
J’ai pas mal de travail depuis lundi, je veux dire, plus que d’habitude (et novembre est déjà bien chargé). Des formations à préparer, à lire, relire, d’autant plus que, pour être franc, le sujet est un peu délicat…
Pour des raisons pratiques (besoin d’outils qui ne sont pas disponibles depuis l’extérieur), c’est au bureau que je travaille sur ces contenus de formation. Mais, pour une raison qui m’échappe encore, j’ai pris conscience d’un « petit quelque chose » ce soir : le délicat mélange entre la vie privée et le travail, comprenez par la : le travail qui s’invite à la maison.
J’ai fait un rapide tour de tout mon matériel perso : pc, pc portable, clés USB, téléphones … et le constat est le même : le travail est partout.
Ce que j’essaye de dire, c’est que le travail s’est invité chez moi, sans que j’en sois vraiment conscient.
Comment ? Bien, je crois que la réponse se résume à : « j’ai quasi fini, je finirais à la maison ». Vous dites ça, au début, embarquant un ou deux documents, puis de documents en documents, vous ne vous rendez même plus compte que vous bossez de chez vous.
C’est assez mesquin, un peu comme un poison qui s’infiltre sans qu’on s’en rende compte, jusqu’à ce qu’il soit trop tard pour dire stop (je pense que la comparaison au poison est, pour certains, parfaitement adaptée. Ça n’est pas mon cas mais je trouvais l’image assez représentative). Ce travail peut prendre différentes formes sans que l’on s’en rende compte non plus: le simple fait de répondre à un mail pro par exemple. « C’est juste une réponse », « c’est trois fois rien » ou encore « c’est rapide », mais plein de trois fois rien, au final, ça fait un gros quelque chose.
Je parle rarement de moi sur la toile, mais j’avoue, je vais un peu me lâcher sur ce billet : je crois avoir développé une certaine forme de conscience professionnelle. Pour ceux qui le découvrent, je suis formateur, un métier qui va bien au-delà d’un simple métier, il faut aimer le contact, enseigner, transmettre quelque chose. Lorsque vous vous engagez, vous savez qu’on vous confie la tâche de former au mieux l’ensemble du personnel, de faire en sorte que tout se passe bien pour eux. Beaucoup pensent que former, c’est prendre un contenu et le balancer devant son public…c’est faux. Ça demande énormément de préparation, de travail avant le déploiement et ça, très peu de gens en sont conscients. Exemple : récemment, j’ai formé des gens sur Lille, la formation a duré trois jours, mais personne ne sait que j’ai passé la semaine d’avant sur le contenu et que j’ai parfois poussé jusqu’à 2-3 heures du mat’.
Sur le papier, je suis aux 35 heures, dans la réalité, depuis lundi, j’en ai déjà fait presque 30 … et nous sommes mercredi. Suis-je stupide ? Certainement, mais je préfère l’être et avoir un contenu de formation que je maitrise plutôt que l’inverse.
Alors que faire ?
Pour certains : respecter son contrat, à savoir 35 heures. Je ne suis pas pour car, si je le fais, le travail ne sera pas fini, je ne maitriserais pas les contenus de formation correctement.
Où est le problème me direz-vous ? Pour moi, aucun…mais un formateur, ça ne travaille pas pour soi.
Si je ne maîtrise pas mon sujet, mes formés ne seront pas opérationnels, cela se passera mal pour eux et pour leurs clients (le manque de formation ou d’adaptation au poste est une source de stress reconnue dans le monde du travail).
Au final, c’est tout un système qui tombe en panne lorsqu’un formateur n’est pas opérationnel : mauvaise formation, mauvais vécu, stress…et la machine s’arrête.
Alors oui, il faut s’impliquer, accepter de sacrifier un peu (beaucoup) de son temps perso, sinon, autant démissionner rapidement.
D’autres disent que « c’est dans les petites lignes du contrat », c’est vrai. Être formateur demande un travail constant de mise à jour, demande énormément d’implication, de motivation, de sourire aussi (et oui car même si cela ne va pas, si le sourire n’est pas là, la formation est moins efficace). Ça demande aussi énormément de remise en question… Est-ce que j’ai bien fait ? Est-ce que j’aurais pu faire mieux ? Sont-ils satisfaits de la prestation ? Seront-ils opérationnels sur le contenu ? Etc…
Pour être clair, je dois avouer que ma paye ne suit pas ou, pour faire plus correct, qu’elle n’est pas à la hauteur de l’énergie investie pour mener à bien mon travail. Mes heures sup. ne sont pas payées (comment les payer, puisqu’il est difficile pour une société de quantifier un travail réalisé chez soi…) Je crois que ma société est consciente de l’implication d’un formateur, elle sait qu’il a une conscience professionnelle et, parfois, elle en joue (ma société, pas mon bureau, mon responsable est comme un père et mon directeur, c’est un peu pareil, dans ses bon jours 😉 ).
Bref, formateur en peine cherche reconnaissance pour le travail qu’il effectue au quotidien. Merci d’être passé sur les moments d’égarement que je peux parfois avoir.
NB: au cas ou ma société passerait sur ce blog…(on ne sait jamais, c’est la mode en ce moment), je ne cite pas de groupe, de nom, de marque, de lieu, d’outils ni ne remet en doute qui ou quoi ce soit. A bon entendeur….