Une vie sans Internet.

Ce billet est le fruit de mon imagination, j’ai imaginé des passages de nos vies, sans Internet sans trop de technologies, afin de comprendre à quel point tout ceci a transformé notre société et à quel point cet outil continue de la bouleverser. J’ai choisi d’insister sur la circulation de l’information et l’information elle-même. Si vous voulez voir un autre thème, proposez-le, envoyez moi vos propositions par mail ou, mieux encore, faites-en un blog, tumblr ou autre. Bonne lecture

Janvier 2011

Cher journal,

Sur la chaine nationale, j’ai vu qu’en Tunisie un homme s’était immolé par le feu mais les journaux n’en savent pas plus et du coup, nous non plus. Ils ont dit que l’homme n’était pas content et du coup ils ont peur pour leurs journalistes, que ça déraille. Puis comme les cassettes sont longues à venir, bah c’est un peu compliqué. Je me demande ce qu’il a pu se produire, j’ai envie de savoir mais ça va être super long…

J’ai essayé d’en parler avec une amie qui m’a donné le numéro de son hôtel avant de partir, elle est en Tunisie là, mais comme le téléphone est occupé par ma sœur toute la journée, impossible de lui passer un coup de fil, puis l’appel international, c’est long, et cher. Et puis les demoiselles du téléphone galèrent un peu quand-même, je ne suis même pas certain de pouvoir lui parler demain.

J’ai acheté le journal tout à l’heure, mais ils n’en parlent même pas, peut-être demain, mais ce n’est pas gagné.

Il y a des gens qui essayent de donner des informations dans un journal non officiel mais il est poursuivi pour atteinte au droit d’auteur, il a publié une photo qui n’était pas à lui. C’est la haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits de l’information qui fait le sale travail.

J’aurais bien aimé leur parler à ces gens-là, mais vu que le journal est fermé, plus moyen de les contacter. Ils disent que c’est normal, moi je trouve que c’est de la censure, mais ça reste entre nous, sinon je vais avoir des ennuis.

Ce soir, la chaine unique ne diffuse rien de bien, alors je te dis bonne nuit.

Mars 2012

Cher journal,

Les journalistes ne parlent que de ça à la chaine nationale, un homme aurait tué des gens vers Toulouse, beaucoup de gens, et les forces de l’ordre disent que c’est réglé, il est mort maintenant.

J’ai écouté tout ce qu’ils disaient, mais c’était étrange. On dirait que quelque chose ne tourne pas rond dans ce qu’ils expliquent. Ils disent que c’était un petit terroriste mais après qu’il a voyagé dans le monde sans jamais se faire suivre, ni se faire repérer. Ils disent qu’il avait un arsenal chez lui.

Et ils n’ont rien vu, ils ont même dit qu’ils le suivaient depuis longtemps, puis non, puis oui, puis qu’ils l’avaient perdu de vue.

Moi, je pense que ce mec travaillait avec eux, ou était au moins un informateur comme on voit, des fois, à la chaine nationale. J’en ai parlé aux amis mais ils pensent que non, sinon les médias en auraient forcément parlés.

Quoi qu’il en soit, j’aurais bien aimé qu’on prouve que c’était un infiltré, mais on va me dire que je suis parano alors surtout, n’en parle pas, on ne sait jamais.

Ah, et il faut que je pense à acheter des timbres demain, comme chaque année, c’est bientôt mon anniversaire, ça va me couter une blinde.

J’aimerais bien inviter mes amis d’avant, mais ils ont déménagé et, faut avouer que depuis, on ne se donne plus beaucoup de nouvelles, puis comme le téléphone est encore occupé, pas moyen de les appeler et à hauteur d’un courrier par semaine, on a vite fait de ne plus se parler…

Mars 2013

Cher journal,

Aujourd’hui, la chaine nationale a parlé d’une affaire d’état, un député qui aurait été pris la main dans le sac avec de l’argent qui ne lui appartient pas. La soirée était consacrée à ce sujet, mais c’était un peu compliqué, les émissions en direct passent toujours mal, j’espère qu’un jour ils trouveront quelque chose pour régler ça, enfin bref…

Donc oui, scandale au début, mais plein de députés sont intervenus et on a même eu le droit à une déclaration de Cahuzac sur cet argent étrange trouvé par on ne sait pas trop qui.

Il a publiquement déclaré qu’il n’avait jamais détourné d’argent, et puis il avait l’air assez sincère, donc tout le monde l’a cru ou semble le croire.

Puis de toute façon, faute de mieux, il faudra faire avec ce que l’on nous donne, donc personne ne sait si c’est vrai ou pas, si c’est un mensonge, si cet argent est vraiment détourné. Ils ont ouvert une commission pour enquêter, la police des polices et la police internationale est sur le coup, mais ça va prendre des années pour tout ça.

Puis, tu sais, je crois que les médias savent, parce qu’ils ne semblaient pas réellement sincères. Peut-être ont-ils reçus l’ordre de protéger le gouvernement ? Ou de faire taire l’affaire ?

Je ne sais pas et personne ne saura jamais, c’est dommage.

J’aurais bien aimé qu’on monte un journal indépendant, mais comme nous n’avons pas les moyens et que la presse est totalement verrouillée, mon envie ne restera qu’une envie et, je dois avouer que ça me rend triste.

Enfin bref, heureusement que j’ai quand-même mon espace à moi, toi. Même si je suis le seul à te lire… un jour, on pourra faire lire ce qu’on pense à plein de personnes aux quatre coins de la planète sans devoir passer par un journal et sans devoir payer des sommes astronomiques pour des choses qui sont censurées par le journal lors de sa publication…

Mais ce n’est pas encore pour aujourd’hui, bonne nuit.

Liberté. Egalité. Partage.

Lors du précédent billet, j’ai reçu quelques mails et des commentaires qui me remontaient la même chose : « c’est bien mignon la Neutralité du Net  mais je ne vois pas en quoi je suis concerné ».

C’est la raison de ce billet, nous allons tenter de découvrir la Neutralité du Net sous un angle différent, peut-être plus parlant. Je vous laisse le soin de me dire si cet article est plus explicite que les précédents.

Résumons donc ce concept en trois points : Liberté. Egalité. Partage.

Petit complément d’information : ces points se rapprochent des valeurs de la République, ce n’est pas volontaire. Il faut vous détacher des valeurs françaises, Internet n’est pas un produit national. Vous devez simplement y voir trois choses qui vont être présentées.

Vous vous demandez sans doute ce que ces trois valeurs font ici ?

La réponse est simple : elles parlent de vous sur la toile, elles vous représentent sans que vous en ayez forcément conscience. Sans ces trois valeurs, Internet n’existerait pas. Du moins pas sous son actuelle forme.

Passons donc aux explications, si le voulez bien.

Liberté.

Pourquoi parler « liberté » dans la Neutralité du net ? Parce qu’elle fait entièrement partie des enjeux de cette dernière.

Par liberté, on entend la liberté d’utiliser n’importe quel outil qui fonctionne sur Internet, ce dernier ne se limite pas aux fenêtres de votre navigateur préféré. Ça c’est du web.

La liberté, c’est aussi le fait d’utiliser n’importe quel port pour accéder à un ensemble de services qui utilisent ces ports.

C’est garantir que votre opérateur ne filtre pas le port « x » ou « y » parce que ça le gène que vous l’utilisiez ou parce qu’il peut se faire encore plus d’argent en le filtrant puis en vous donnant l’accès à ce port via une option payante.

Vous ne vous sentez pas concerné(e)s ? Pas de problèmes, voici la version plus explicite :

Vous utilisez Skype ? Pidgin ? Steam ? Un logiciel qui se connecte à Internet ?

Pour se connecter et communiquer sur la toile, ce logiciel doit emprunter un chemin, dialoguer d’une certaine façon, via un port.

Sans neutralité du net, quel est le risque ?

Votre opérateur décide de bloquer Steam ou Skype et vous offre une option à 5 ou 10€ par mois pour pouvoir utiliser le jeu que vous avez acheté.

Après tout, pourquoi ne pas le faire puisque ce n’est pas interdit. On peut aller plus loin, il vous donne accès à ces ports et donc, à ces logiciels, mais vous offre un service dégradé et non fonctionnel sauf si vous avez l’option, nous allons d’ailleurs y revenir.

La liberté, c’est aussi le fait d’avoir accès à Youtube, Facebook et à n’importe quel site, qu’il capte ou non une partie importante du trafic sur Internet.

Je vais faire encore plus explicite : un jour, votre opérateur décidera de sortir des offres « partitionnées » avec un accès Internet sans Youtube et Facebook, sans moyen de partager des données, juste aller sur ses mails, aller voir deux trois journaux et tant qu’à faire, ceux chez qui votre opérateur a des actions.

Le reste ? Bah, payez, ou allez-vous faire voir.

Imaginons donc une offre Internet (30€) avec un accès Skype (5€) puis Youtube (5€) et ainsi de suite… Je vous laisse faire le total ?

Si cela n’existe pas encore, ça arrivera… et ce n’est pas une éventualité.

Pour s’en convaincre, il suffit d’observer le cas de l’opérateur Free avec Youtube où pour des raisons commerciales, les abonnés sont pénalisés. Il est également possible d’analyser le service de Replay de Free, gratuit mais payant. Ce service est fourni mais sans l’option « pass prioritaire », il est tout simplement inutilisable.

L’autre cas intéressant est la fuite d’un « document de travail » des FAI, qui présente des offres segmentées.

Ça signifie que pour avoir la même offre Internet que celle que vous avez aujourd’hui, vous devrez passer à la caisse deux fois plus. Je ne peux pas faire plus explicite.

La réflexion existe également en Europe, la commissaire au numérique Neelie Kroes publiait d’ailleurs il y a peu une tribune sur le sujet, elle ne voyait pas d’objections à ce qu’Internet soit découpé et vendu en morceaux aux clients finaux (donc, à vous). Moi ça m’a dérangé.

Je ne parle pas des moyens mis en place pour atteindre cet objectif, certains peuvent vous faire froid dans le dos.

Égalité

Internet a quelque chose de particulier : nous sommes tous égaux. Que l’on soit client de l’opérateur x ou y, en France ou même en Chine, Internet reste Internet et nous ne restons qu’une ou plusieurs adresses IP à un instant T.

Je tiens à préciser que la Chine dispose de son propre Internet, différent. Ce n’est donc pas Internet puisqu’il n’est pas le même qu’ailleurs. Je faisais référence à celles et ceux qui contournent le système de censure chinois et qui tombent bien sur le même Internet que moi. Mais passons, égalité donc.

Nous avons le même accès à Internet. Demain, cela ne sera pas garanti, les plus pauvres auront un accès Internet tout pourri, les plus riches auront un Internet tout court.

Cela crée une inégalité d’accès alors qu’Internet devient un outil démocratique et occupe une place de plus en plus importante dans nos vies respectives.

Imaginez donc un accès « Internet », pour 30€, avec un accès limité à Facebook, Youtube et l’ensemble des sites communautaires. Aussi discutables puissent-t-être ces sites, ce n’est plus Internet.

Si votre opérateur vous redirige sur une page pour payer à la place du vrai site, il vous ment. Un serveur appelé DNS se chargera de vous rediriger vers la mauvaise page et votre opérateur peut très bien le faire pour d’autres sites ou faire évoluer son offre en transformant des services gratuits en option payantes.

Partage

Vous l’avez compris, cette suppression de liberté et cette rupture de l’égalité entrainent un problème de partage de ressources et de connaissances.

Imaginons l’espace d’un instant que nous sommes dans ce système-là.

  • Vous ne pouvez pas visualiser une vidéo Youtube et vous ne pouvez pas en publier
  • Vous ne pouvez pas répondre à vos amis sur Facebook ou alors vous vous sentez bien seuls car les ¾ de vos contacts n’ont plus accès au site car ils n’ont plus les moyens.
  • Vous cherchez une information sur Internet ? Pas de bol elle est sur un site qui ne fait pas partie de votre offre.
  • Vous cherchez une autre information ? Dommage, les communautés se sont appauvries car les utilisateurs n’ont plus les moyens de publier, Internet est devenu un bien de luxe alors qu’il était un outil démocratique.
  • Votre offre évolue, Steam devient une option. 5€ pour l’option de base qui vous autorise à jouer pendant 10 heures, 15€ pour de l’illimité.
  • Vous contournez ces protections pour avoir Internet – je veux dire, un vrai Internet – et votre opérateur s’en rend compte, il rend alors l’option VPN payante, 15€ par mois.

Bref, moins de partage, moins de personnes, Internet devient une chose banale et les gens s’en détournent parce que 50% des personnes ne sont plus en mesure d’avoir Internet.

A nouveau, je peux comprendre que tout ceci semble gros, c’est pourtant ce qui se dessine peu à peu. Nous faisons rarement fausse route et les évènements passés nous donnent raison : tout ce que nous avons abordé et pointé du doigt s’est avéré vrai par la suite, « Internet » n’échappera sans doute pas à la règle…

… à moins que l’on se réveille, qu’on se bouge les fesses et que l’on s’oppose à ce genre de pratiques.

Comment ?

Bien, la première des choses, c’est d’en parler, de faire circuler l’information. La seconde, c’est de prévenir vos députés, les eurodéputés, de vous exprimer car vous en avez encore la capacité…

…Encore faut-il le faire et le vouloir.

Si vous ne vous sentez pas concerné(e)s, vous pouvez reprendre une vie normale et lorsque cela arrivera, il ne faudra pas crier au scandale, vous étiez prévenu(e)s.

NDLR : les prix donnés ici ne sont donnés que pour l’exemple, ils me semblent coller aux prix du marché actuel mais c’est juste pour la démonstration.

Billet du soir, désespoir.

Je ne sais pas si sortir ce billet est une bonne idée, nous verrons bien.

Ce matin, j’ai lu que plus de 70% des français ne voyaient pas de problème à la vidéo-surveillance effectuée par des sociétés privées.

J’ai aussi lu, entendu, vu que la majorité des gens se moquaient de leur vie privée, de cette vidéo-surveillance, de leurs données personnelles, du fait qu’Internet soit de plus en plus repris et verrouillé par des géants de la vie physique. Ils ont mis du temps mais il faut admettre qu’ils ont des milliards de fois plus de puissance que 5 gus dans un garage. Ils ont du temps et de l’argent à donner en échange d’une décision qui va dans leur sens.

C’est ce qu’on appelle un petit service entre amis, également connu sous le nom de corruption ou pression, infiltrée dans les différentes strates des différents pouvoirs en place. Ici et ailleurs, en France, dans l’union européenne ou dans d’autres pays, on fait pression pour façonner Internet de la « bonne façon ».

Cette façon, qu’on se le dise, ce n’est pas celle que vous attendez. Ou alors vous vous en moquez complètement, ce qui n’est pas impossible. Reprenons si le voulez bien.

Celle qui vous attend, c’est un Internet verrouillé, fermé de partout. Un Internet où vous aurez le droit de parler si vous payez et si tout ce que vous dites n’entre pas en conflit avec une marque ou une société privée. C’est un espace qui ne ressemblera en rien à celui que vous connaissez, ça sera une vitrine commerciale pour se faire encore plus d’argent.

Cet Internet ça sera un espace où le DPI sera l’outil de référence, la Neutralité du net une connerie de ces anarchistes qui n’ont décidément rien compris au monde. Laissons place au flicage de chacun de vos paquets, de chaque échange de données numériques, place à l’écoute de toute la population par des sociétés privées, juste au cas où…

Ça ne sera pas une voie ouverte à tout ceci, mais un boulevard qui sera offert sans aucune résistance car… car tout le monde s’en tape. Ces sociétés seront capables de faire ce qu’elles veulent jusqu’à votre ordinateur et ceci sans votre consentement.

Vous avez le droit de ne pas croire à tout ceci, c’est trop gros pour être vrai, n’est-ce pas. C’est pourtant la triste réalité, que vous l’acceptiez ou non.

Ici, deux choses sont importantes à souligner. La première, c’est que je parle de vous, pas de moi ou des gens qui cherchent à comprendre, nous aurons trouvé un autre espace pour pouvoir nous exprimer sans avoir une armée d’espions collés sur nos connexions.

Nous savons créer des fournisseurs d’accès à Internet, nous savons parler en privé « privé », c’est-à-dire sans que des intermédiaires viennent mettre le nez dans un échange entre deux personnes. Nous aurons réussi à trouver des alternatives et, comme d’habitude, nous aurons toujours un temps d’avance face à des sociétés et des gouvernements qui ne comprennent pas un monde qui leur échappe totalement.

Est-ce prétentieux ? Si ça semble l’être, ce n’est absolument pas le cas. Non, c’est une réalité. Celles et ceux qui cherchent à comprendre comment ça fonctionne auront toujours une longueur d’avance et s’adapteront.

Donc, deux choses. La première c’est accepter ça. Après tout, pourquoi aider des personnes qui s’en moquent ? Pourquoi puisque nous n’allons pas avoir de problèmes, nous ?

Il est vrai que beaucoup (trop) de personnes se moquent de tout ceci. Ces derniers ne se sentent pas concernés car ils n’ont pas conscience de tout ce qui arrive, trop occupés par la vie quotidienne, déjà assez compliquée à gérer. Je peux comprendre, nous sommes tous ainsi avec nos problèmes et nous arrivons tous au même constat : les problèmes ne sont pas résolus même en essayant très très fort.

Une partie de ces personnes est désabusée, blasée, elle n’attend plus rien. L’autre partie se moque en bloc de tout ceci, préférant écouter ailleurs et parler de gens malades, de « truc de geek-qui-ne-parlent-qu’ à-des-ordinateurs ».

Donc, la liberté d’expression et la vie privée sont des trucs de geeks, je crois que j’ai dû rater quelque chose.

Ce soir, j’ai envie de tout claquer, de me dire « laisse tomber, les gens s’en tapent, les politiques tiennent un double discours et c’est l’argent qui dirige le monde et non la politique. Ça ne sert à rien du tout, arrête d’être naïf et crédule ».

Et puis là, je repense à une phrase que l’on m’a répondu, un jour : « à la fin, on gagne. Ça prendra du temps, beaucoup de temps, mais à la fin, on gagnera ».

Si des personnes passent des heures, des jours et parfois encore plus à décortiquer des lignes de codes, à analyser des textes de lois et à aller parler partout pour expliquer ce qu’il se passe, ce n’est pas pour eux : c’est pour l’intérêt collectif.

Je ne peux pas vous forcer à être d’accord avec moi, je ne peux pas non plus vous forcer à m’écouter. Je ne peux que vous présenter un petit état des lieux un peu alarmiste et très très édulcoré, histoire qu’il ne soit pas trop acide.

Seulement, si ces gens effectuent un travail colossal, cela ne représente pas la totalité du travail à effectuer. Ils font 50% du travail. Pour le reste, c’est à vous de faire l’effort et sans cela, vous vous condamnez vous-même à manger mon bilan alarmiste en plein dans les dents.

Les choses peuvent changer, la vraie question c’est : est-ce que vous avez vraiment envie que ces choses changent ?

Si oui, alors agissez. Sensibilisez votre entourage, renseignez-vous, diffusez de l’information. La plus petite action est déjà une action importante. Reprenez ce billet de blog, partagez-le, copiez-le, envoyez-le par mail… bref, vous pouvez faire quelque chose…

…encore faut-il le vouloir, et là, j’ai de plus en plus un énorme doute.

L’anonymat et le sénateur Masson, épisode II

D’avance, ce billet sera un peu brutal, bonne lecture.

Ce qu’il y a de tristement drôle dans la stupidité, c’est qu’elle semble chez certains sans limite. C’est le cas du sénateur Masson, qui revient à la charge contre l’anonymat des blogueurs.

Dans une question écrite à Fleur Pellerin, ministre déléguée à l’économie numérique distinguée pour ses… propos justes, nobles et parfaitement censés sur le DPI (attention, ironie inside), M. Masson demande s’il n’est pas possible de lever l’anonymat des blogueurs. Il rajoutera dans sa question une demande de sanction en cas de résistance à cette identification.

Qu’est-ce que M. Masson n’a pas compris la dernière fois qu’il a tenu de tels propos ? M. Masson est-il contre la liberté d’expression ?

Selon moi, soit il l’est soit il est stupide. Dans les deux cas il y a un problème.

Imaginons donc qu’il ne soit « que stupide » puisque c’est sans doute le meilleur cas de figure possible. Il convient alors de lui réexpliquer l’importance de l’anonymat dans la vie numérique.

L’anonymat est, pour certains et même en France, un gilet pare-balles. Des blogueurs activistes aidant des pays à démocratie plus que variable se servent de l’anonymat pour ne pas se faire attraper.

Que se passerait-il si l’anonymat était levé ?

Dans le meilleur des cas, ces blogueurs arrêteraient de travailler. Dans le pire des cas, ils auraient des ennuis dans la vie physique.

Second cas de figure : les blogueurs qui se servent de cette protection qu’est l’anonymat pour parler de choses tirées de leurs vies personnelles ou professionnelles. Parler de sa dernière relation, d’une maladie lourde, d’un conflit … certains ne le feront pas avec leur identité, les points abordés pouvant créer d’éventuels conflits personnels.

Dans la vie professionnelle, c’est la même chose : quid des personnes qui parlent de leur travail avec leur vraie identité, licenciement ?

Nous assistons déjà à des licenciements pour des propos tenus sur une société x ou y, ce phénomène prendrait de l’ampleur si l’anonymat n’était plus garanti.

Certains blogueurs laissent volontairement trainer des données d’identification, comme moi. Mais dans ces cas-là, la décision finale revient au blogueur et il n’est nullement question d’une loi obligeant la levée de l’anonymat.

M. Masson cherche-t-il à réinventer l’eau chaude ?

Manifestement, oui. M. Masson ne sait peut-être pas que des dispositions existent déjà pour l’identification d’un blogueur. La loi de confiance en l’économie numérique (LCEN) permet, dans le cas de propos considérés comme diffamatoires, d’obtenir les données d’identification dudit responsable des propos tenus, sur demande auprès de l’hébergeur.

Résumons donc, si vous le voulez bien.

  1. M. Masson essaye une seconde fois de faire lever l’anonymat des blogueurs pour, je cite, « protéger les éventuelles victimes de propos inexacts, mensongers ou diffamations qui sont, hélas, de plus en plus souvent colportés sur la toile ».
  2. Des dispositions existent déjà pour ces cas de propos inexacts, mensongers ou diffamatoires mais le sénateur Masson n’est manifestement pas au courant de cette loi, comble pour un sénateur.
  3. M. Masson n’a peut-être jamais essayé de contacter un blogueur afin d’obtenir un droit de réponse, qui sait ? C’est pourtant chose aisée.
  4. Pour terminer, il convient de définir ce que signifie blog : un site, une page, sur laquelle on inscrit des données.

C’est vague, nous savons que les blogs visés sont des blogs personnels, les blogs professionnels rentrant dans un autre cadre juridique assez différent. Nous pouvons donc, au hasard, penser à Facebook, Skyblog, Overblog et éventuellement à des blogs vidéo, ce qui fait un nombre considérable de personnes touchées par les envies du sénateur Masson.

Alors, pourquoi M. Masson veut lever cet anonymat ?

Et si la réponse se trouvait dans la vie de ce cher sénateur ?

L’ironie, c’est que M. Masson, lui, se sert de l’anonymat pour des choses assez discutables :

  • 1983, M. Masson fait rédiger des tracts diffamatoires anonymes contre lui-même afin de discréditer son opposant aux élections municipales, Jean-Marie Rausch.
  • 1997, M. Masson est destitué de ses fonctions et condamné à un an d’inéligibilité pour avoir financé la campagne d’un concurrent afin d’affaiblir une rivale.

M. Masson s’est aussi retrouvé victime de propos diffamatoires à son égard et c’est sans doute la raison de sa grosse colère, inconscient de l’importance de l’anonymat.

M. Masson, lorsqu’on se sert de l’anonymat à de mauvaises fins, on ne vient pas faire des leçons par la suite. C’est déplacé, pour rester poli. Vous méprisez ceux qui ont besoin de cet anonymat pour avancer, parler, publier et parfois protéger leur vie.

J’espère que vous lirez ce billet, qu’il vous déplaira et que peut-être, vous comprendrez l’absurdité de vos propos. Si ce n’est pas le cas, nous pouvons en discuter autour d’un café, je suis toujours partant pour expliquer des choses, surtout lorsque les points de vue divergent.

Bon, @fleurpellerin, on parle DPI ?

Hier, mardi 15 janvier, Mme Fleur Pellerin organisait une table ronde autour de la Neutralité du net.

Cette table ronde était composée de différents acteurs du marché de la fourniture d’accès à Internet et, fait notable, Madame la « Ministre déléguée aux PME, à l’Innovation et à l’Économie numérique » n’était pas présente à cette table ronde mais à quand même fait le déplacement pour conclure la concertation.

Faut-il peut-être comprendre que la conclusion était déjà toute faite pour elle ? Qu’elle a organisé tout ceci dans l’unique but de bouger les bras et de faire du vent, histoire de dire que le gouvernement du président Hollande avance et travaille.

Si beaucoup de personnes attendaient au moins un signe ou une avancée sur le respect de la neutralité du net, rien n’est ressorti de cette table ronde. La Quadrature du net pose d’ailleurs une excellente question : à quoi sert Fleur Pellerin ?

Dans l’état, selon moi, elle sert à faire… du vent. Il faut lui accorder qu’on progresse, avant nous savions que tout était déjà joué d’avance. Là, nous pensions que, peut-être, par une opération du saint esprit, quelque chose allait bouger…

Non, je plaisante.

Passons donc sur cette table ronde ou Fleur Pellerin était, si vous me permettez l’expression, au ras des pâquerettes.

Je relève toute de même une question importante, même si la ministre a renvoyé la question ailleurs. La question concerne le DPI, certaines atteintes à la neutralité du net étant causées par des armes technologiques françaises. Nous pouvons par exemple citer Bull ou Amesys, responsables de la vente de DPI dans des pays en « démocratie à géométrie variable » comme la Libye, la Syrie ou encore le Maroc actuellement.

Fleur Pellerin a déclaré, en réponse : « Nous avons eu plusieurs réunions pour établir des positions intergouvernementales sur ce sujet. Plusieurs entreprises françaises sont leaders sur ces technologies. J’ai tendance à croire que la technologie peut-être neutre jusqu’à un certain point ensuite c’est l’usage qui fait l’objet de jugements moraux ou politique »

Fleur Pellerin part donc du principe que le DPI est neutre. Est-ce vrai ?

Si on part du principe que le DPI est un ensemble de machines, de logiciels, capables d’observer des données en profondeur alors oui. Oui car ce n’est pas la technologie qui va poser problème, mais la personne ou le groupe de personne qui va piloter la machine derrière, le groupe de personne pouvant être une société privée ou un gouvernement.

Le DPI peut avoir des usages bons, comme éviter la congestion réseau par exemple. Pour vulgariser, lorsque les tuyaux sont bouchés et que l’information circule mal, un DPI peut aider…

Mais le DPI peut avoir de très mauvaises utilisations si une personne mal intentionnée est derrière. Par exemple – exemple choisi parfaitement au hasard – une société peut vendre du DPI au motif de traquer des pédophiles alors qu’en réalité, la technologie permettra de traquer des opposants politiques à une dictature, de les espionner et de les retrouver … Dans ce cas-là, le DPI ne tue pas, mais il facilite le travail de ceux qui vont presser la détente derrière.

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) et la Ligue des Droits de l’Homme ont réussi à faire ouvrir une enquête et potentiellement un procès, à l’encontre de la société Amesys, pour complicité d’actes de torture.

Ce n’est sans doute pas pour rien que la cour d’appel de Paris a donné son feu vert pour la poursuite de l’instruction à l’encontre d’Amesys.

Alors non Madame Pellerin, le DPI ce n’est pas aussi simple qu’une technologie « neutre jusqu’à un certain point ». Il serait bon qu’un jour, quand le gouvernement aura le temps, il légifère afin que le DPI soit reconnu comme une potentielle arme militaire et que sa vente soit très strictement encadrée, comme le demande cette question.

J’oubliais, le gouvernement est trop occupé à  taper sur Notre Dame des Landes et à envoyer des soldats au Mali. Le DPI, c’est rien, on verra plus tard.

Plus sérieusement, énormément de questions peuvent se poser autour du DPI. La France vend des systèmes de surveillance et, plus largement, est bonne exportatrice de systèmes d’écoute, d’espionnage …

Cela joue donc dans la balance de l’économie française et, je pense que cela représente une partie non négligeable. Pour autant, il faut voir le DPI dans sa globalité, et c’est là que c’est loin d’être simple, d’où l’importance de légiférer.

Madame Pellerin, je suis ouvert à toute discussion, toute réponse argumentée, pour savoir si vous comptez faire quelque chose dans ce cas. En cas de non réponse, je conclurai que vous êtes d’accord avec ce qu’il peut se passer, comme on dit ici « qui ne dit mot consent ».

[Réflexion] Et si la vraie question, c’était l’égalité. Une Valeur de la république ?

J’ai, comme tout le monde ou presque, reçu une éducation et même si elle n’était sans doute pas adaptée, j’ai quand même appris quelque chose : les valeurs de notre république.

Ces valeurs sont au nombre de trois et ornent la majorité des signes de l’État français, des courriers officiels à certaines pièces de monnaie.

La France, pays qui a initié les droits de l’homme, aurait-il oublié ces valeurs ? C’est la question que je me pose.

Tout d’abord, il y a la Liberté. Le « L » est important, tellement important que je consacrerai un billet à cette Liberté qui fond comme neige au soleil.

Pour finir, il y a la fraternité. Cette valeur est sans doute une erreur de parcours, lorsqu’on voit comment les personnes présentes sur le sol français sont parfois traitées. Une personne de 94 ans se fait expulser, une enfant de 5 ans se fait arrêter, on expulse au lieu d’aider. Il me semble même qu’on expulse même plus que sous Sarkozy, voyez comme notre gouvernement de « gauche » travaille bien.

Ah, puis entre ces deux valeurs, il y a l’égalité. L’égalité de tous, partout, l’égalité face à la justice, l’égalité dans les droits et les devoirs, toutes ces choses qui semblent ne plus vraiment exister dans notre si « beau-mais-plus-trop-quand-même » pays.

La déclaration universelle des droits de l’Homme de du citoyen le dit : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. »

Observons les faits : pour des délits mineurs, certains sont arrêtés et traînés en justice, pour des délits plus graves, certains sont intouchables ou ça devient un casse tête impossible à résoudre.

Un président est couvert, un ministre avec un compte étrange est défendu malgré l’ouverture d’une enquête préliminaire. Un autre insulte une personne et rien ne lui arrive, un dernier tient des propos choquants, dignes d’un farouche partisan de l’extrême droite et il ne lui arrive rien non plus, ou presque rien.

On représente souvent la justice comme une personne avec la glaive de la justice et les yeux bandés, sous entendant qu’elle est juste et objective, qu’elle frappe tout le monde de la même façon.

La justice doit donc se retourner dans sa tombe…

L’égalité, c’est aussi les mêmes droits pour tous, y compris le droit de se marier avec la personne que l’on aime.

Si l’égalité est un droit, nous avons pour devoir, nous citoyens, de la protéger. Nous ne le faisons pas en ce moment, certains préférant creuser les écarts et les tensions entre deux parties.

De tout temps, des Hommes ont fait en sorte que cette égalité puisse être appliquée, parfois en sacrifiant leur vies.

Certains se sont battus pour avoir le droit de s’asseoir à la même place que n’importe qui d’autre, pour avoir les mêmes droits que chaque personne. D’autres ont lutté pour que les femmes puissent avoir les mêmes droits que les hommes, comme le droit de vote. D’autres encore se battent pour avoir de l’eau et certains juste pour vivre et pas survivre.

Et, pour finir, certains se battent pour avoir le choix. Celui de pouvoir se marier comme tout le monde, de pouvoir vivre leur amour pleinement, de pouvoir être reconnus comme mariés au yeux du gouvernement et du pays dans lequel ils se situent.

Les manifestations des personnes opposées au mariage pour tous sont une démonstration d’un refus d’égalité de chacun.

Il est important que ces manifestations puissent exister, c’est une expression de la liberté d’opinion et donc, d’une forme de Liberté.

Je ne suis pas d’accord avec vous mais s’il le faut, je me battrai pour que vous puissiez le dire, dans la limite des propos non condamnés par la justice.

Revenons-en à nos moutons en essayant de voir plus loin. Nous sommes dans une demande de droit comme il en a toujours existé. Nous sommes dans une volonté de faire que l’égalité ne soit pas qu’un simple mot ou une valeur sur un symbole. Nous sommes dans l’exercice de la République française, partant du principe qu’elle est garante de l’égalité.

Les manifestations sont une démonstration d’une attaque de la légalité, sur des arguments fallacieux qui plus est :

  • les homosexuels sont pédophiles : cet argument est dénué de sens, les quelques études qui cherchent à prouver ceci sont orchestrées par des comités contre le mariage pour tous, des comités religieux ou des personnes réputées comme homophobes.
  • Les enfants doivent être protégés : j’ai presque envie de répondre « what the fuck ». Cet argument est de la plus profonde bassesse qu’il soit. Se servir des enfants pour justifier un refus, c’est dire à demi mots que les enfants ne sont qu’un prétexte et donc, c’est mépriser totalement le droit des enfants.
  • Les Maladies Sexuellement Transmissibles existent plus chez les homos : non. Si c’était peut être le cas dans les années 60, c’est maintenant loin, très loin de la réalité. Ces personnes sont souvent beaucoup plus sensibilisées que des hétéros sur les MST et sur les moyens de s’en prémunir. Parce que c’est un milieu montré du doigt, ces personnes font attention et, de façon générale, nos générations comprennent que la capote, ce n’est pas un ballon pour faire des bombes à eau.

Croyez-vous que les hétéros soient des exemples ? Non. Des parents hétéros enferment leur enfants dans une maison pendant des années, d’autres tuent toute leur famille, d’autres violent leurs enfants …

Mais parce que les hétéros sont la norme acceptée dans les codes de votre société, ces choses sont moins graves.

Il suffit de voir la réaction des gens face à la pédophilie par exemple, certains sont plus choqués que ça soit un homo qu’un hétéro qui soit reconnu coupable. Qu’est-ce que cela signifie ? Qu’un acte pédophile est moins grave si c’est un hétéro ? J’espère me tromper, mais je crois que l’inconscient de ces personnes là parle à leur place.

Pour résumer : ce que demandent ces personnes, c’est quelque chose que l’Etat devrait garantir: l’égalité. L’égalité pour tous, autre chose qu’un simple mot, mais des actes.