Lettre ouverte à destination des députés de l’assemblée nationale

Ce billet, publié ici, s’adresse directement aux députés de l’assemblée nationale. C’est un mail que j’ai envoyé à certains députés et je laisse une copie ici. Vous êtes libre de faire de même et de reprendre ce billet comme base de travail, si vous partagez mon avis.

Mesdames et messieurs les députés, chers présidents et présidentes de l’assemblée nationale, représentants de la nation.

Par ce courrier je tiens à aborder des points importants pour moi, citoyen français, contribuable et de facto, contribuable du fond public qui alimente vos rémunérations.

Comme beaucoup de personnes, j’écoute et visionne très attentivement vos faits et gestes sur le projet de mariage pour tous et, comme tout autant de personnes, un ensemble de choses m’interpelle.

Je pense être parfaitement légitime pour tenir les propos que j’ai, partant du constat que l’assemblée doit travailler à fabriquer les lois, pour le peuple.

Les débats autour du mariage pour tous m’indignent profondément. Non pas sur le fond, chaque député est en effet libre de donner son opinion et son point de vue. Je suis parfois en profond désaccord avec certaines positions mais je ne peux qu’encourager cet exercice qui s’inscrit une parfaite utilisation de la liberté d’expression dont chacun, ou presque, peut bénéficier en France.

Ce n’est donc pas le fond qui m’indigne, si j’ose m’exprimer ainsi. Avouez que l’actuel fond de discussion est d’une qualité assez médiocre – et les mots sont faibles – pour des personnes qui sortent de grandes écoles et, qui plus est, pour des personnes payées sur les deniers de l’état, ceux ce vos concitoyens.

Ce qui m’indigne, c’est la forme. Nous assistons depuis de longues heures à un débat qui n’en finit pas, à une série d’attaques personnelles, à des remises en cause des compétences de chacun, d’un jeune député à Mme la garde de sceaux, en passant par le rapporteur du projet « mariage pour tous » qui a produit un travail conséquent de plus de 1500 pages.

Le contenu de ces pages est peut-être décevant, peut –être mauvais qui sait, il n’en reste pas moins que c’est une somme non négligeable de travail et qu’il mérite le respect. Peu d’entre vous semblent être à même de fournir un tel volume. Continuons donc, si vous le voulez bien.

Vous êtes censés représenter la nation, le peuple qui a voté pour vous. Vous êtes censés représenter l’élite, un modèle à suivre pour chaque personne, une inspiration qui donne foi en son gouvernement. Ce n’est actuellement pas le cas. La qualité de vos échanges est d’une médiocrité sans fond, tout sauf constructive et, sans parler au nom du peuple, voici comment certains voient la chose :

Vous êtes des enfants dans un lieu sacré de la République. Vous avez transformé ce lieu en une cour de récréation pour régler vos différends, dans le mépris total d’un ensemble de choses importantes :

  1. Le projet de loi
  2. L’assemblée nationale
  3. Ce pour quoi vous êtes élus

Et, par-dessus tout, vous méprisez une chose bien plus importante : le Peuple. Croyez-vous que le peuple vous demande de laver votre linge sale en famille de cette façon ? Non. Croyez-vous faire avancer le débat en clamant de grandes tirades qui ne veulent strictement rien dire ? Non. Croyez-vous être d’une quelconque utilité en faisant référence au triangle noir du nazisme ou encore en parlant des émeutes du 06 février 1934 ? Si le front populaire est né de cet évènement, il ne faut pas oublier que ces évènements ont fait plus de 20 morts et 2500 blessés.

Avez-vous oublié l’histoire, vous qui la façonnez ?

Votre comportement est indigne, majorité comme opposition. Nous attendons de vous que vous fassiez ce pour quoi vous êtes élus : travailler. Entre adultes qui savent se parler sans hurler, entre grandes personnes qui savent se respecter même lorsque les avis divergent.

Je tiens à vous rappeler que vous êtes observés, est-ce que c’est cette image que vous souhaitez laisser à vos électeurs ? Non ? Alors grandissez.

J’ai conscience que cet e-mail est un pavé dans la marre, que je n’aurais aucune réponse de vous, que vous devez probablement vous en moquer, mais j’ai espoir, au fond, qu’il vous rappellera un peu à la raison et que d’autres personnes auront la même initiative que moi.

En espérant que la suite du vote sur ce projet de loi soit plus respectueuse de chacun. En espérant que vous parveniez à enfin élever vos esprits afin de faire grandir le vrai débat.

Un citoyen, contribuable, particulièrement outré par votre comportement à la limite de l’acceptable.

9 réflexions au sujet de « Lettre ouverte à destination des députés de l’assemblée nationale »

  1. Bonjour,

    Je fais le même constat que toi. C’est en grande partie pour cela que je ne me déplace même plus pour voter lors des élections.

    La seule fois où j’ai dû voter, c’est quand un élu faisait « pression » indirectement sur mon père – fonctionnaire à responsabilités dans une petite ville (j’ai 23 ans je suis encore chez mes parents), afin de donner du poids à mon père. Car sans de vote de ma famille, pas de crédit de la part de l’élu. C’était tout simplement hallucinant comme comportement.
    Je n’ai même pas voté pour l’adversaire de l’élu, j’ai voté blanc.

    Quentin

    1. Bonjour,

      Ma réponse va sembler peut-être brutale mais, ne pas aller voter, c’est donner raison à ce genre de comportement de la part de nos élus.

      Je sais, pour le ressentir également, qu’on peut se dire « mais à quoi ça sert toutes façons », la réponse est simple : à se faire entendre / à choisir / à pouvoir faire avancer ce système.

      Ça sert également à ne pas avoir des députés qui font brassent de l’air. On parle d’observer la vie politique. C’est long, parfois clairement chiant, attristant aussi de temps à autres, mais ça porte ses fruits…parfois.

      Tu me donnes l’exemple du vote lorsque ton père était en « jeu », disons que pour les autres votes, c’est également le cas (comme toi, moi, le voisin et 60 millions d’autres personnes).

      Bref, voter, c’est important. Même si parfois on croit que ça ne sert pas, puis ça donne la légitimité nécessaire pour aller crier sur son député, ce que tu es en droit de faire 🙂

      1. Cela va peut-être sembler brutal, mais aller voter c’est justement donner raison à ce genre de comportement. Aller voter, c’est participer au jeu de l’élection (c’est à dire du choix de son maître) et donc en accepter les règles. On ne peut en revanche pas perdre un jeu auquel on n’a pas joué.

        Je vais te dire une chose : je m’abstiens pour chaque élection. Note que je n’ai pas dit m’abstenir pour chaque vote, puisqu’il y a trois types de votes : référendum, plébiscite et élection (note aussi que j’oppose aussi le référendum, que d’aucuns préciseraient qu’il est d’origine populaire, et le plébiscite, qui est ce que nos dirigeants nomment éhontément « référendum »). Quand je dis que je ne vote pas lors d’une élection, la plupart du temps il se trouve un abruti (par notre « éducation » nationale) pour me dire qu’alors j’ai laissé aux autres le soin de décider à ma place. Bien au contraire, je n’ai pas donné ma voix. Je l’ai gardé bien précieusement pour pouvoir plus aisément résister à l’oppression (droit garanti par l’article deux de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen). Quand on donne sa voie, l’on ne peut au final que se taire… Quand on vote lors d’une élection, l’on est électeur, non citoyen.

        Ah, et un dernier point : tes dirigeants te consulte-t-ils quand ils sont amenés à prendre une décision ? Peux-tu les révoquer à tout instant s’ils ne prennent pas les décisions qui sont les tiennes ? Si oui, alors ce sont bien des représentants. Si non, ce sont des maîtres esclavagistes… et tu es leur esclave. Ce n’est pas pour rien si la liberté doit précéder l’égalité et la fraternité…

        1. C’est une façon de voir les choses que je respecte, mais avec laquelle je ne suis pas en accord.

          Si j’entends tout à fait que le fait de ne pas voter c’est effectivement résister à l’oppression, ma partie « fataliste » à tendance à penser qu’il faut, explications :

          Si nous étions dans une vraie démocratie, celle ou les dirigeants se renseignent et consultent avant de décider … alors cette vision de la société serait excellente et, effectivement, je verrais le vote de cette façon.

          Malheureusement, j’ai tendance à penser que pour réussir à changer les choses, il faut jouer avec les mêmes règles et faire en sorte qu’elles basculent.

          Il y a des élections ou l’abstention est énorme, d’autres ou le vote blanc, non considéré, l’est tout autant et une pléthore d’autres évènements qui devraient faire hurler bien plus de monde.

          Mais le pouvoir le bouge pas, trop vissé sur son semblant de pouvoir justement.

          Je partageais la même vision que toi avant, et puis j’ai essayé de faire autrement.

          Mes dirigeants ne me consultent pas mais moi, je leur parle et si quelque chose ne me plait pas, je le fais savoir.

          Le fait qu’ils prennent des décisions qui ne sont pas miennes me convient, dès lors que c’est dans l’intérêt collectif, mais c’est un point de vue et une façon de penser perso.

          Bref, si je comprends tout à fait ton point de vue, je ne le partage pas et j’essaye de faire changer les choses, tout comme toi, en utilisant un autre angle d’attaque

          1. Le problème, c’est justement que notre système politique favorise les oppresseurs. Dire que cela ne nous plaît pas ne suffit évidemment pas, j’en convient, mais l’on ne peut pas changer cet état de fait de l’intérieur : ceux qui le peuvent, même s’ils sont souvent honnêtes au départ, sont dans un conflit d’intérêt tel qu’ils ne peuvent pas vouloir changer les choses. Ce serait suicidaire pour eux de changer les choses.

            Alors oui, ils conservent un pouvoir sur nous, mais ce pouvoir résulte de la force qu’ils exercent. C’est à court terme à leur avantage, mais c’est justement la faille dans leur système : au bout d’un moment le peuple n’en pourra plus de l’usage de la force à leur encontre. Je ne parle pas d’une révolution, je suis contre l’usage de la force dans un sens comme dans l’autre. Mais si tous se mettent à jouer avec d’autres règles, alors le jeu change.
            Cela s’observe entre autres lorsqu’un nouvel accessoire de jeu apparaît, comme Internet. On peut aussi agir par nous-même sur ces règles… De manière théorique dans un premier temps, comme je le fais sur mon blog, mais ce pourrait aller plus loin, qui sait ?

  2. Cher Numendil,

    Que dire de plus que l’on idéalise toujours cette élite chargée de nous représenter dans ce qui est notre forme de démocratie.
    L’on idéalise ces personnes, car l’on vote pour eux, on les élit. Censés à la base, donc, nous représenter, ils ne sont qu’un reflet légèrement déformé de notre société et c’est bien en cela que l’on se trompe généralement en les qualifiant d’élites.
    Ils ne sont ni meilleurs, élite, ni moins bon que nous, non-représentatif. Ils ne sont que l’image d’un peuple en perpétuelle quête mélancolique d’une forme d’élite, comme a pu l’être d’une autre façons la noblesse sous l’ancien régime.
    Sinon moi aussi j’ai été tenté de ne plus voter, et oui… Toucher par une forme de crypto-anarchie libertaire j’ai été pris d’un dégout pour ce « Plus froid des monstres froid » qu’est l’Etat (dixit Nietszche), cependant en me posant le bonnes questions j’en suis arrivé à une conclusion simple et selon moi censée:
    Ne pas voter c’est légitimer le comportement de certains à l’égard de la démocratie et du peuple, c’est légitimer l’arrogance de ceux qui s’érigent en élite, c’est aussi légitimer les extremes peu à même de porter raisonnablement la voie du peuple.
    Sur ce je te souhaite de garder cette verve, cette forme de protestation et de remise en question des ordres établis qui sont les tiens, pour le bien de tous cela va de soi…

  3. Honte à vous tous MM. les députés. Vous donnez de notre pays une image pire que celle d’une république bananière. Tous les jours des centaines de gens se retrouvent sur le carreau pour cause de fermetures d’entreprises. Le mariage pour tous occupe toute la place et concerne combien de français ? Quant aux dépenses publiques (payées avec les hausses d’impôts du bougre qui travaille) à quant l’assainissement de tous les abus dans TOUTES les collectivités ? la déclaration de patrimoine je m’en fous, mais j’aimerais savoir comment est utilisé l’argent et les privilèges en cours de mandat ? A quand des élus responsables en actes et non plus en baratin ?

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