Ce billet fait suite à un début de coup de gueule sur Twitter.
Pour replacer les choses dans leur contexte, tout est parti d’un énorme coup de gueule d’un ensemble de personnes contre le magazine Joystick, spécialisé dans les jeux vidéo. Il était question de Lara Croft, personnage de la mythique saga Tomb Raider, elle incarne une aventurière archéologue qui lutte contre les méchants, dans différents pays du monde, dans la jungle comme au sein d’un tombeau viking au Groenland.
Joystick présente Lara Croft comme un morceau de viande, utilise un ensemble de mots qui se rapprochent de près ou de loin au viol et à la violence sexuelle, non consentie.
S’en suit un autre départ sur le fait de rire ou non à des blagues sur les femmes, ce qui me semble réducteur car on stigmatise une partie de la population, même si on peut rire de tout, on ne peut pas le faire n’importe comment.
Le rapport avec le titre dans tout ça ? Le débat que ça a déclenché. Un mélange de paroles toutes aussi stupides que les propos tenus par Joystick et… je dois avouer que ça m’a gonflé, donc j’en parle.
Le débat tournait autour d’un « voilà pourquoi il faut des féministes, les mecs réfléchissent avec leur queue, il faut leur faire comprendre qu’ils sont débiles. », de mémoire, il y avait aussi un « les mecs devraient défendre les filles plutôt que de baver devant le cul de Croft ».
En lisant ces propos (et d’autres), la seule chose qui m’est venue à l’idée, c’est que ces féministes-là sont aussi stupides que les certains hommes machos qui bossent chez Joystick.
Nous sommes dans la vie numérique, elle est réelle mais elle est ce que l’on veut : sur Internet, personne ne sait que vous êtes un chien.
Je m’explique : dans la vie physique, nous sommes liés à un ensemble de paramètres que l’on ne maîtrise pas : voix, âge, sexe et bien d’autres points sont autant de facteurs qui déterminent, pour beaucoup, la façon de parler à quelqu’un.
Ainsi, une femme pourra peut-être plus facilement parler à un homme qu’elle trouve mignon et un homme à une femme, juste parce qu’elle a des boobs. Fort heureusement, nous ne sommes pas tout d’accord pour rentrer dans ce modèle qui ressemble plus à de l’attirance sexuelle qu’autre chose.
La vie numérique est différente, le cyberspace permet de se passer de ces contraintes : vous êtes un(e) internaute. Vous n’êtes ni un homme, ni une femme, ni même un chien, vous êtes ce que vous décidez d’être.
On va sans doute me traiter de misogyne avec ce qui suit. Faites-vous plaisir, vous rentrez pile dans le moule de la société, félicitations. Je suis antiféministe, pas misogyne. Je suis également anti-« la même chose pour les mecs ». Seul l’Humain compte. Ou l’octet, au choix.
Si vous vous faites draguer, ennuyer, que vous tombez sur un(e) lourd(e) qui vient vous parler en query, en DM et j’en passe, la seule personne fautive, c’est vous.
Un homme ou une femme n’existe que parce que vous décidez que cela doit exister, que parce que vous décidez, consciemment ou non, de vous identifier à l’un ou l’autre. Selon vos propos et la conjugaison, il devient facile de savoir si vous êtes un homme ou une femme : « je suis fatigué », « je suis sportive » … ces mots permettent aux autres de savoir si vous êtes un homme ou une femme.
Il y a également les gens qui se plaignent du sexe opposé mais qui annoncent le leur (ex : je suis une femme qui code. Réponse : non, les codeurs codent, les filles ne codent pas, les garçons non plus d’ailleurs.). Si quelqu’un vient vous gonfler suite à cette annonce, c’est presque normal. Presque parce que on devrait être libre de dire ce que l’on veut, que l’on est un homme ou une femme sans que personne ne vienne vous faire chier directement après, mais bon, le monde parfait n’est pas encore pour demain, la société fonctionne quasi uniquement aux apparences.
Vous êtes un ensemble d’informations, un ou plusieurs pseudonymes, un éventuel avatar, une éventuelle adresse. Dès lors que vous annoncez que vous êtes une femme ou un homme, vous n’êtes plus neutre, vous apportez un bout de vie physique et de codes dans la vie numérique et fatalement, les mêmes schémas se reproduisent alors.
Il existe des sites dédiés ou le but est que des internautes annoncent de point afin de se rencontrer dans la vie physique, uniquement dans ce but : meetic. Internet n’est pas meetic (et c’est tant mieux).
Je serais presque tenté(e) de faire un lien avec les blancs et les noirs, comme on en parlait il y a une éternité. C’est exactement la même chose.
Lorsque j’étais plus jeune, je regardais un dessin animé qui parlait d’une souris super intelligente. Elle était capable de tout un tas de choses et elle travaillait souvent mieux que les Hommes. Seule obligation, elle travaillait toujours lorsque les autres n’étaient pas là. Tout le monde était content de la qualité de son travail dans le dessin animé.
Est-ce que ça aurait été pareil en sachant dès le départ que c’était une petite souris ? Non, je ne pense pas. C’est (malheureusement) pareil pour une majorité de la population, dès qu’on sait que vous êtes un homme ou une femme, la société part du principe qu’il ne faudra pas parler des mêmes sujets, de la même manière. Selon cette société, certaines choses ne se font pas de la même manière selon que l’on soit un homme ou une femme.
Bullshit. Internet vous donne la possibilité de vous affranchir de ces contraintes.
Ce n’est pas Internet qui fait que vous êtes un homme ou une femme, Internet ne décide pas, Internet est con. C’est vous qui transposez la façon dont vous fonctionnez sur Internet. Laissez la vie physique là où elle est, et celle numérique en paix.
Focalisez sur les idées, sans toujours chercher à savoir si vous vous adressez à un homme ou à une femme. Rien que pour ça, Internet est un outil démocratique, il permet l’égal à égal entre une femme, un homme, un chien et même un poulpe.
Je ne dis pas ça pour affirmer mon côté homme, hein. D’ailleurs, ce texte ne prouve en rien que j’en suis un, ni que je suis une femme d’ailleurs.