[Coup de gueule] La politique, toi, moi, nous, eux…

J’avais ce billet en réserve, il vient de prendre un petit lifting et, que ça soit dit, j’enfonce des portes ouvertes tout le long du billet. C’est donc un coup de gueule plus qu’autre chose, libre à vous de fermer la page ou de lire, de commenter, tout ça.

Initialement, le nom de ce billet était « Pourquoi j’ai encore moins confiance dans la politique », sachant que je n’ai déjà pas confiance tout court, je pensais qu’on ne pouvait pas faire pire, et chaque jour me prouve le contraire.

Ensuite, « soyez rassuré(e)s », ce billet dégomme tout le monde, pas de côté, de couleur, de parti politique, gauche, droite, extrêmes, tout le monde va prendre.

Le monde traverse une grosse crise : celle de la perte de confiance dans le système politique. Nous allons parler de la France mais ce que je présente est sans doute valable pour d’autres pays, dans une mesure différente cependant puisque la moitié des pays de la planète de moquent ouvertement du système politique français.

Crise de confiance donc, crise à laquelle les politiciens répondent « c’est la crise, tout le monde va mal », « c’est compliqué en ce moment », « c’est de la faute du Front National / de la gauche bobo / de l’UMP / de la droite / des poneys / chats », de ce que vous voulez pourvu que ça ne soit pas de la vôtre.

Je vous invite à garder à l’esprit que ce billet ne donne que mon point de vue, hein.

Revenons à nos problèmes : de base, je n’ai absolument aucune confiance dans le système politique. Il est fondé sur un modèle qui devrait être représentatif du peuple alors qu’il ne l’est pas et il ressemble plus à un énorme parc pour des enfants payés avec nos deniers qu’autre chose.

C’est assez cru ? C’était pourtant la version gentille.

Les personnes de la scène politique devraient représenter des modèles à suivre, selon les codes de notre société. Ils sortent des grandes écoles, d’une éducation qui se veut exemplaire, d’un parcours envié par beaucoup de gens qui n’auront jamais assez d’argent dans toute leur vie pour offrir le même parcours à un seul enfant.

Des modèles censés représenter l’élite de la nation, des gens qui occupent des postes importants où une décision peut avoir des effets sur des milliers ou des millions de personnes. On attend donc d’eux qu’ils fassent attention, qu’ils soient enfin les modèles de respect attendus, à défaut d’être ceux de l’éducation.

Mais. Parce qu’il faut toujours un mais, dans les faits c’est une autre histoire, pardon d’avance de dire tout haut ce que bon nombre de gens pensent tout bas.

Mais, donc, dans les faits, nous avons droit à un pugilat à la place de l’assemblée nationale, droit à une bataille orientée autour de la forme et pas du fond, centrée sur l’égo des personnes, sur ce qu’ils font de mieux que les autres, sur la maitrise du verbe pour lancer la bonne critique au bon moment.

Nous avons le droit à des données inexactes lorsque des chiffres sont cités, à des politiques qui, lorsqu’ils commencent leur phrase par « Je suis allé parler avec mes citoyens », sont en train de raconter un grossier mensonge. A des critiques de singes en rut idiots lorsqu’une femme s’exprime dans l’hémicycle, préférant critiquer sa robe à pois ou imiter une poule quitte à passer pour des abrutis.

Je passe sur la liste « nous avons droit à » tant elle est longue. Il en résulte que ces prétendus modèles n’en sont pas, ne le sont plus et ne l’ont peut-être jamais été.

Comment peut-on encore avoir confiance dans ce schéma politique quand rien ne donne confiance ? Comment peut-on encore prétendre représenter la nation en étant à ce point déconnecté de la réalité et, encore plus grave, comment peut-on être à ce poste-là, être élu, et claquer l’argent public pour des conneries pareilles ?

Dans n’importe quel secteur privé, un employé qui ne vient pas travailler n’est pas payé, est sanctionné, mis à pied, viré parfois. Pas avec les politiques.

Dans n’importe quel secteur privé, un employé qui se permet une réflexion sur le physique ou la tenue de quelqu’un peut se faire sanctionner, de même s’il se permet une autre et énième remarque déplacée. Pas dans la politique.

Alors, messieurs et mesdames les politiciens, permettez-moi de vous donner mon point de vue : vous êtes minables.

Vous avez oublié une chose de plus en plus vraie : les moyens d’observer vos paroles, faits et gestes, sont de plus en plus nombreux. Les journalistes, les blogs, les réseaux sociaux, le streaming, chaque action de votre vie politique est inspectée et c’est sans doute bien, même si le constat est particulièrement alarmant. Vous faites partie d’un modèle dépassé qui a oublié qu’Internet et le temps du direct existent.

Etes-vous restés bloqués en 1950, lorsque ce qui se disait à l’assemblée restait à l’assemblée ?

A ceux qui se moquent d’une tenue. A ceux qui imitent des poules pour se moquer d’une personne. A ceux qui crient un « salope » et qui tiennent un poste clé et observé, j’ai honte.

Oui, même ce « salope » destiné à Marion Maréchal-Le Pen est déplacé, malgré tout le mal que je pense d’elle, elle est députée, ces insultes ne sont pas acceptées lorsqu’elles viennent d’un citoyen lambda, alors d’une personne de la vie politique censée être un modèle… puis elle est humaine aussi, la moindre chose c’est de la traiter avec respect et de rester sur les faits.

De plus, l’insulter de salope, c’est lui donner une arme gratuitement, elle s’en servira en restant très calme et posée mais en attaquant là où ça fait mal. Il ne faut pas croire que le FN ou Marion Maréchal-Le Pen soient idiots, loin de là, d’ailleurs c’est ce qu’elle a fait :

« Connaissant l’attention particulière que vous portez à la condition de la femme et à la lutte contre la misogynie, comme cela a été relevé lors de l’incident fort regrettable du caquetage à l’Assemblée nationale, je vous saurais gré de mettre vos actes en cohérence avec vos paroles et de sanctionner ce type de propos indignes du débat public », écrit Marion Maréchal-Le Pen, dénonçant « un pas de franchi dans l’attaque sexiste ». (source)

Vous êtes des enfants trop gâtés encore convaincus que vous allez vous en tirer, mais cela se terminera un jour.

En attendant, le Front National, lui, monte. Il monte parce qu’il se sert de toutes vos conneries et les transforme en arme qu’il finit par retourner contre vous. Il monte parce qu’il va taper là où vous n’allez plus avec vos débats.

La crise réduit les besoins et les désirs à leur plus bas échelon sur la pyramide des besoins : les besoins physiologiques et les besoins de sécurité. Les gens ne cherchent plus à s’accomplir, à se faire plaisir, ils n’en ont plus les moyens de toute façons. Mais vous préférez laisser ce terrain à un parti d’extrême droite qui est en train de se tirer la couverture sur lui, de par vos erreurs.

Vous voulez nous donner confiance en vous ? Commencez par vous remettre en question. Est-ce que ce que vous faites est bien ? Est-ce que vous le faites bien ? Est-ce que vous le faites tout court d’ailleurs….

Demandez-vous réellement ce qui fait que j’en viens à écrire ce billet, demandez-vous également si je suis le seul à penser ce que j’écris ou si d’autres pensent pareil… et n’oubliez pas celles et ceux qui n’ont pas de voix / espace pour s’exprimer.

Posez-vous les bonnes questions : pourquoi l’abstention est le plus gros atout du Front National ? Pourquoi une abstention de plus en plus élevée ?

Et si c’était simplement parce que les gens ne trouvaient plus aucune raison de voter ? Voter pour qui ?

Voter pour le meilleur ou parce que c’est « moins pire » que l’autre ?

Voter pour qu’au final rien ne change ?

Voter pour quelqu’un qui dit « je promets ceci », « je m’y engage » et qui, au final, ne fait même pas le tiers de ce qu’il promet ? Ma maman m’a appris qu’on ne faisait pas des promesses si on ne pouvait pas les tenir, j’en viens à penser que vous n’avez pas une si bonne éducation que ça.

Le problème c’est que vous faites tous des promesses dans le vent, surtout à l’approche d’une élection quelconque. Vous pensez réellement que nous sommes encore assez stupides pour ne pas s’en rendre compte ?

Le FN actuel, quant à lui, peut se vanter de faire des promesses, il n’a jamais gouverné, personne ne peut donc dire qu’il ne tient pas ses promesses…

Mais, à force d’être tellement obstinés à foncer dans le mur tout en demandant à ce dernier de se retirer de votre chemin, ça finira par vous exploser en pleine tête.

[MAJ] Conseil au ministère de l’Intérieur.

Cher ministère de l’Intérieur, je viens de lire ton petit guide « Conseils aux femmes » et il me dérange. Tant dans la tournure choisie que dans le fait qu’il représente une double peine plus qu’un guide.

Edit : le ministère de l’Intérieur à modifié la page, et redirige l’URL ci-dessus vers autre chose, donc, merci le cache de google et un petit effet Streisand : https://pixellibre.net/streisand-data/conseilministereinterieur.htm

NB : je suis un homme. Ma condition fait que j’ai moins d’ennuis et je vais passer le long descriptif des privilèges que j’ai, sans les avoir demandés, du fait d’être un homme. Je sais juste que j’en suis conscient et que je fais avec, c’est dit.

Parlons donc de ton petit « guide » maintenant. Pour commencer et faire la liaison avec ce que je viens de dire plus haut, ton message tout le long dudit guide c’est « vous êtes une femme, donc vous êtes faible, donc vous devez vous cacher ». C’est particulièrement dérangeant.

Le premier point « Lorsque vous êtes chez vous », part du principe qu’une femme doit vivre cloitrée, enfermée, qu’elle ne doit pas parler d’elle :

« Ne laissez pas apparaître sur votre boîte à lettres, votre porte ou la liste des occupants de l’immeuble votre condition de femme seule. Evitez d’indiquer : Mademoiselle, Madame, Veuve ou votre prénom »

L’idée c’est donc de dire aux femmes : pour vivre heureuses, vivez cachées et accompagnées. Je suis certain, j’espère du moins, que ça partait d’une bonne intention, mais le message laissé ici culpabilise les femmes victimes d’agressions.

Si si, vraiment. Prenons donc ta réflexion dans l’autre sens : si une femme indique son nom, prénom, sa condition de femme seule ou autre chose et qu’elle a des problèmes, c’est de sa faute. Bah oui, puisqu’elle n’a pas suivi ces conseils, si elle a des ennuis, c’est de sa faute.

Première double peine, double sanction.

« Lorsque vous sortez »

« Evitez les lieux déserts, les voies mal éclairées …», encore cette même idée assez malsaine. Les femmes ne sont donc pas libres d’aller où elles veulent ? Elles ne sont pas libres tout court en fait ? Puis elles sont faibles.

Tu demandes aux femmes d’éviter de faire ceci ou cela, c’est donc la même approche que le début : il faut que les femmes s’adaptent à cette condition. Dire ce que tu dis c’est, à demi-mots, légitimer cette culture, c’est dire aux femmes « adaptez-vous parce que c’est comme ça ». J’imagine que ce n’était sans doute pas le but escompté mais là, c’est difficile de comprendre ça autrement.

Je ne vais pas continuer plus que ça, le reste cite des points évidents, cite la loi et les définitions des agressions/délits/le reste.

L’idée rampante dans ces écrits sent mauvais, pour rester courtois. Elle consiste à dire aux femmes : « voilà ce qu’il faut faire pour avoir un peu la paix » ou, pour être plus explicite « vous devez vous cacher pour être tranquilles » et, encore plus explicite, « si vous ne faites pas ça et que vous êtes victime d’agression ou de viol, c’est votre faute, fallait suivre les conseils. »

Cette chose-là porte un nom, c’est la culture du viol. C’est condamner la victime en lui disant « fait pas ci fait pas ça » plutôt que de lutter efficacement contre les personnes, hommes ou femmes, coupables de ces actes.

Je passe sur l’état d’esprit d’une personne victime d’un viol et qui tombe sur ceci. Elle va peut-être se dire « j’étais seule dans cette ruelle sombre pour rentrer, je l’ai bien cherché. », c’est clairement l’idée de ces conseils.

Nous voilà donc dans un modèle archaïque et très patriarcal de la pensée : les femmes sont faibles, les hommes forts. Les femmes ne peuvent pas se débrouiller seules, les hommes si, alors nous allons donner des conseils aux femmes.

J’ai compris, avec ma maigre expérience, que vouloir donner des conseils aux femmes quand on aborde un sujet comme ça, c’est pas la solution parce que les hommes n’ont pas à donner des conseils comme ça.

Bref, cher ministère de l’Intérieur, je voulais te le dire : tes « conseils aux femmes », je ne suis pas certain que les femmes apprécient, manière polie de te dire « c’est de la merde. »

Bien cordialement.

Ah, dernier détail : cette culture du viol là, elle part aussi du principe que nous sommes tous des violeurs. Bien oui, puisque les conseils s’appliquent aux femmes et qu’on parle au masculin ailleurs :

« éventuel agresseur », « Si le conducteur », « par le conducteur ou le passager », « par votre conjoint ou vos enfants ».

Si ces actes existent bien, la manière dont ils sont présentés me dérange, mais ce n’était pas le but de ce billet, je ne m’éternise donc pas sur ce point, je n’apprécie pas spécialement être considéré comme un danger/agresseur/violeur.

Pourquoi je n’aime pas Apple ? (maj)

Non, nous ne sommes pas vendredi. Enfin si, mais ce billet n’est pas fait pour attirer les trolls velus, qu’ils soient libristes ou adeptes de la marque à la pomme.

C’est un échange récent entre deux personnes, l’une semblant « pro-Apple », l’autre semblant être son parfait inverse, qui fait que ce billet existe. Ou plutôt, c’est la réaction d’un côté qui m’a donné envie de l’écrire. Si vous vous reconnaissez dans l’une des deux catégories précédentes, il est possible que ce billet ne vous apprenne rien. Vous êtes libres de ne pas le lire hein.

La réaction qui m’a donné envie de l’écrire, c’est qu’au final, ledit libriste à fini par être classé dans la catégorie « Troll », et j’ai trouvé ça dommage. Est-ce vraiment le cas ? Etait-ce lié au limitations du réseau (Twitter) qui fait que les échanges étant limités, on comprend parfois mal ou de travers ? Je ne sais pas.

Ce que je sais en revanche, c’est que dans l’échange, l’un a tenté d’expliquer que des choses qui dérangent avec Apple et il y en a une pléthore. Je vais donc tenter d’en présenter, ici, en restant le plus factuel possible.

DISCLAIMER : oui, je n’aime pas Apple, pour tout un tas de raisons, je vais mettre cette haine de côté pour tenter d’aborder ça sous un angle plus concret, moins passionné. Si vous avez l’intention de participer à un débat via des commentaires, je vous invite à faire de même. Ou à me dégommer si vous avez des faits à présenter.

Premier point : le prix

En France, un iPhone 5S coute 699€ en prix de départ ou 599€ pour l’iPhone 5C, considéré comme l’iPhone « low-cost » par Apple. En observant les caractéristiques de l’iPhone 5C, on se rend bien vite compte que d’autres marques fabriquent déjà le même type de téléphone, ou mieux, pour un prix moins élevé. Je ne donne pas de comparaison, je n’ai pas envie que ce billet termine en « pro/anti « une marque » versus « pro/anti « une autre marque ».

Côté ordinateurs, le constat n’est pas véritablement différent. J’ai testé l’assemblage d’un pc via un constructeur (Dell, pour ne pas le citer, à défaut d’avoir trouvé un autre assembleur donnant autant de latitude dans le choix des composants), pour des équipements similaires, le prix n’est absolument pas le même et la différence n’est pas de quelques euros mais plutôt de quelques centaines.

(ndlr): généralement, les composants Apple sont de meilleure manufacture que les autres. Je ne vais pas parler des conditions dans lesquelles ces composants sont obtenus (Apple n’est ni le premier, ni le dernier à réduire ses employés à l’esclavagisme). Est-ce que cela justifie pour autant des différences de prix parfois hallucinantes ? A mon avis, non. Mais c’est mon avis, il ne vaut que pour ceux qui ont le même, par définition.

Qu’est-ce à dire ? On me répondra que le S.A.V Apple est dans le prix : c’est vrai, comme la plupart des fournisseurs et d’autres S.A.V n’ont strictement rien à envier à Apple. On me dira également que c’est du Apple donc que ça fonctionne mieux et plus longtemps : c’est vrai. Apple est réputé, même dans mon milieu de libristes. Non pas pour le système d’exploitation, mais pour le matériel.

Rapide conclusion : Apple c’est généralement plus cher, pour un produit qui fonctionne de la même manière mais généralement plus longtemps. C’est volontaire selon moi, mais ça j’en parlerai à la fin de ce billet.

Ce matériel reste un quand même problème à lui tout seul, nous allons y venir.

Second point : le matériel

Le matériel donc. Comment ne pas penser à cette célèbre phrase « t’as pas un cable d’iPhone, steuplait ? »

Certains vont peut-être rire, d’autres vont peut-être se vexer et d’autres s’en moquer mais je trouve qu’il n’y a pas plus représentatif du système fermé qu’est Apple.

Beaucoup vont penser que c’est une critique pour critiquer… en fait non. La demande de normalisation des chargeurs de téléphone fait suite à une demande de l’Union Européenne qui date de 2009 (pour le texte intégral, c’est ici). L’idée était d’arrêter d’avoir 30 000 chargeurs différents, qui ne servent plus dès lors qu’on change de modèle de téléphone.

Apple « respecte » plus ou moins cette règle. Le branchement sur le téléphone est toujours au format Apple, donc propriétaire et en cela Apple ne respecte pas la demande. De l’autre côté du branchement, on trouve une entrée USB. Il est donc possible de mettre un câble classique et ainsi d’éviter les dépenses inutiles. Il n’en reste pas moins que tout repose sur ce petit connecteur et qu’Apple ne respecte pas la demande exacte puisqu’il était question d’un chargeur universel. Si ce petit connecteur est perdu, c’est foutu.

Ce n’est pas la seule chose fermée de cet univers : la batterie. Ça peut sembler idiot mais j’aime pourvoir faire ce que je veux de mon téléphone, y compris retirer la batterie de ce dernier. Il s’avère qu’avec un iPhone ça n’a jamais été possible.

Je vous vois venir à nouveau : oui, d’autres téléphones sont ainsi et personne n’en parle et c’est uniquement dans le but de basher Apple que j’écris ça et je veux tuer tout les chats des tubes et dominer le monde. Oui. Alors pour rétablir l’équilibre : oui, d’autres le font, de plus en plus d’ailleurs (coucou Google et le Nexus 4).

La raison ? Apple fait des ventes, les autres constructeurs s’en inspirent.

Nous pouvons également parler des anciens systèmes sur les stations Apple, avant que la firme décide de basculer sous des architectures de type PC. Tout était fermé et pour changer la moindre pièce, il fallait passer par Apple.

Je vous vois encore venir : « oui mais avec les voitures c’est pareil, si t’as une voiture de luxe tu ne vas pas dans n’importe quel garage ! »… C’est vrai, mais ce n’est pas parce que quelqu’un fait quelque chose que ce quelque chose est forcément bon et pratique. Nous allons revenir sur ce côté « voiture de luxe » d’ailleurs.

Puis passons le côté branchements, je ne cite qu’une anecdote pour représenter le bordel que c’est : à l’édition PSES 2013, un conférencier est venu avec un ordinateur portable Apple, son support, son talk démarré… et pas de câble Thunderbolt. Et là, c’est le drame. Il a fallu dix bonnes minutes dans un lieu rempli de câbles, geeks, libristes, hackers, chats, poulpes et zombies (ah, et des poneys puis des humains, aussi) pour trouver un foutu connecteur.

« Faut tout changer »

C’est une phrase tirée d’une caricature des guignols de l’info mais elle est assez vraie. Dans l’univers du matériel Apple, les accessoires ne sont pas forcément compatibles avec les nouvelles générations d’iPhones. Les fameux docks, les casques, les chargeurs, les branchements pour voiture, système de son embarqués… tant d’équipements qu’il faut parfois renouveler complètement. Ce détail semble anodin mais pour comprendre le problème, il suffit d’aller demander aux fabricants d’accessoires. Ils doivent acheter le droit de fabriquer un produit compatible Apple, les brevets ça sert aussi (et surtout) à ça, c’est une partie non négligeable du fonctionnement même d’Apple. Une fois le produit commercialisé, Apple peut décider de changer tout son système (et il l’a déjà fait) et ainsi forcer les constructeurs à payer à nouveau le droit de faire des produits compatibles. C’est une idée de génie, au moins autant qu’un concept discutable.

Je peux donc difficilement faire plus explicite. Qui dit format ouvert dit disponibilité et interopérabilité, mais qui dit format ouvert ne dit pas forcément Apple.

Troisième point : le système d’exploitation

Que ce soit celui des stations ou celui des iPhones, j’ai rarement vu quelque chose d’aussi fermé. Apple c’est plus qu’une marque, c’est une institution, c’est un écosystème qui, toujours selon moi, se doit d’être fermé pour ne pas imploser. Vous devez télécharger vos applications depuis cet écosystème Apple. Vous devez télécharger vos musiques ou ajouter ces musiques sur votre appareil depuis iTunes, iCloud, i-ajoutez-ce-que-vous-voulez. Vous n’êtes pas non plus libres de télécharger et d’installer ce que vous souhaitez, mais ce point sera abordé après.

On pourrait critiquer android et son store car le schéma est similaire, mais dans les faits ce n’est pas le cas. Installer une application tierce sur un smartphone android c’est assez simple, il suffit d’activer l’installation d’application tierces et c’est parti. Cela ne vous empêche pas de faire attention à ce que vous installez, hein. Quant au fait d’ajouter des musiques, il suffit de brancher son appareil, puis de glisser ce qu’on veut où on souhaite, ni plus, ni moins.

L’avantage ? La sécurité. Avec un système aussi fermé, il est quasiment impossible de casser quelque chose. Pas de soucis, d’inquiétude, Apple gère pour vous. Trêve d’ironie, c’est extrêmement pratique d’avoir un système sécurisé ou l’utilisateur ne peut rien abimer mais vous en conviendrez, c’est privateur de liberté. C’est comme enfermer un enfant dans un parc pour le protéger du monde extérieur et pour protéger le monde extérieur (la télécommande, le vase de la famille, le console dernière génération, le chat …) de ce petit être. Sauf que l’enfant, c’est vous.

Là, je vois la réponse venir également : « oui mais avec les iPhones on peut jailbreaker ». Prenons quelques minutes pour s’attarder sur ce mot. Jailbreaker, composé de jail, prison en anglais, et breaker, « briser » en anglais. Sortir de prison donc, ça commence bien. Sans jailbreak, est-ce qu’un iPhone c’est une prison ?

Renseignements obtenus (merci Internet), un jailbreak, ce n’est ni plus ni moins que la même chose qu’un « root » sur Android. Alors pourquoi tout ce bruit autour de ce jailbreak ?

Premièrement parce que le mot est plus sombre et négatif que « rooter », puis « rooter » fait référence au fait d’être root sur son équipement, ce terme est issu d’un langage inconnu de certains. Il sous entend que l’utilisateur est en prison, ce qui est en partie vraie puisqu’un écosystème forcé n’est ni plus ni moins qu’une prison.

Ensuite parce qu’à la différence de Google, il n’est pas légal de rooter son téléphone Apple (ndlr : renseignements pris et croisés sur Internet et via deux juristes, si vous avez la moindre source qui dément ce point, faites-le savoir), Google s’en moque et cela ne bloque en rien les mises à jour.

Enfin, il semblerait qu’un iPhone rooté ne donne pas spécialement un accès total au système, là où un root sur un téléphone Android si (dixit celui qui s’est amusé à changer de kernel, à rajouter des fonctions au téléphone et tout un tas de choses).

Quatrième point : la « philosophie Apple »

C’est là que le j’ai vraiment le plus de mal. J’en conviens, c’est sans doute le point le moins factuel, encore que.

En tenant compte de ce que nous venons de voir, difficile de ne pas comprendre la philosophie d’Apple : fermée.

Le matériel est fermé.

Le système est fermé.

Le système d’achat est fermé, il force l’utilisation de solutions Apple sans moyen de faire autrement. android ne fait pas non plus figure de bon élève mais les limitations imposées sont moins contraignantes.

Les utilisateurs sont enfermés.

Il n’est possible de sortir de cet écosystème qu’au prix du contournement des protections, ce qu’Apple réprouve. Il n’est pas non plus possible de faire ce que vous avez envie de faire si l’application n’existe pas et, dernier point, il n’est pas possible de faire ce qu’Apple a décidé d’interdire, exemple avec le porno.

Bon, une énième fois, je vous vois venir : « oui enfin c’est du porno, ce n’est pas plus mal, ça évite de tomber sur des choses étranges. » Là, la réponse est non, je ne peux pas être d’accord avec vous si vous pensez cela.

Lorsqu’une firme, un groupe privé, un gouvernement, décide de ce que vous avez le droit ou non d’avoir (ou de voir) à votre place, ce n’est ni plus ni moins que de la censure. Cela ne concerne donc pas le porno, ça va bien plus loin que ça puisqu’en soi, Apple à le contrôle total de « tout ».

Lorsque vous zappez sur votre écran, votre constructeur TV ne décide pas de bloquer telle ou telle chaine au motif qu’on peut y voir des choses qui vont le déranger. Lorsque vous allumez la musique, votre appareil ne vous bloque pas telle ou telle playlist ou station au motif que ça le dérange. Si cela devait arriver, ça serait un parfait scandale et tout le monde parlerait de censure. Apple le fait mais étrangement, les utilisateurs n’hurlent pas.

Imaginons qu’Apple décide de censurer une application parce qu’elle lui fait de l’ombre, ou parce qu’elle critique la marque ou pire, entraine de l’auto censure, ah non pardon, j’ai en mémoire quelque chose de bien plus grave, basé sur des doutes. Heureusement, Apple c’est une gentille firme, elle ne … oh wait.

Cinquième point : SONCAS. Le vrai coup de génie d’Apple.

SONCAS ? Si certains connaissent sans doute, ce n’est pas le cas de tout le monde, petite présentation.

Dans le commerce, on résume souvent les motivations d’achat d’une personne à un type de besoin : si on cherche quelque chose de fiable, on est alors dans la recherche de sécurité, on parle d’orgueil pour quelque chose d’unique et ainsi de suite.

La vraie force d’Apple, c’est la vente. C’est savoir vous donner des étoiles dans les yeux, vous donner envie du produit. Parfois sans savoir pourquoi d’ailleurs.

Le S.O.N.C.A.S donc :

S pour sécurité : le produit est fiable, la présence d’une marque connue ou d’un label peuvent aider à rassurer (N.F, Afnor …)

O pour orgueil : le produit est unique ou se veut unique, d’un certain standing, généralement assez haut. On cible celles et ceux qui veulent se pavaner, montrer qu’ils ont le produit.

N pour nouveauté : le produit doit être nouveau ou comporter beaucoup de nouveautés lors de sa sortie. Il est possible de compenser sur des accessoires liés à ce produit en cas de besoin.

C pour confort : le produit doit être agréable, pas prise de tête, facile à utiliser, tant sur l’équipement en lui même que dans son interface.

A pour argent : le produit doit vanter le meilleur rapport qualité prix. Il faut faire comprendre au client que pour ce prix-là, il ne pourra pas avoir mieux.

S pour sympathie : le plus illogique des achats, celui parce que « on aime bien » la marque, le vendeur, la vendeuse, la pub, le slogan…

  • Côté sécurité, comme expliqué avant, Apple répond à l’exigence. Un système fermé ou l’utilisateur n’est pas libre est aussi synonyme de sécurité puisqu’il ne peut toucher à rien.
  • Côté orgueil… pourquoi croyez-vous que la pomme est exactement là où vous ne pouvez pas poser vos doigts lorsque vous êtes au téléphone ? Depuis, d’autres ont suivi mais cette technique est au moins aussi vieille que le commerce lui-même. D’ailleurs, le prix vient jouer un rôle important : Apple, c’est cher. Si c’est cher, tout le monde ne peut pas l’avoir. Si tout le monde ne peut pas l’avoir, c’est donc réservé à une certaine classe, une « élite ». Ce ne sont pas mes mots, ce sont ceux d’une connaissance « pro-Apple », je cite « Apple c’est l’élite, j’aime que ça soit cher parce qu’au moins tout le monde n’en a pas mais je peux comprendre qu’on se contente de la médiocrité hein, ça m’arrange. » (paroles ni exagérées, ni déformées).
  • Côté nouveauté, comment ne pas citer le « ceci est une révolution ! » ? Ce n’est pas pour rien que chaque produit ou chaque accessoire Apple est mis en avant comme étant une véritable petite révolution. J’ai souvenir d’une publicité pour des écouteurs intra-auriculaire vendus par Apple. J’en ai une paire depuis des années, adaptés à mon oreille mais Apple a décidé de présenter ce produit comme étant un tournant dans le monde des écouteurs, certains y ont cru, d’autres non, le ciblage sur le côté nouveauté était fait.
  • Côté confort : pourquoi Apple a fait une publicité ventant le fait qu’avec un iPhone, on peut se servir d’une seule main car l’écart entre le pouce et l’index moyen est calculé ? Je vous laisse un instant de réflexion sur le sujet. Nous pouvons également souligner l’ergonomie d’iOS, pensé dans cette optique de confort total. Absolument tout est fait pour ça, et pensé en conséquence. Le matériel utilisé, les composants, la texture de ces derniers, la tailles des icônes …
  • Côté argent, pensons à une autre publicité cette fois : celle de Mastercard. Mais si, souvenez vous ! La publicité se terminait en « pour tout le reste, il y a Eurocard Mastercard, disponible partout où vous en avez besoin », le principe était de dire que Mastercard permet bien des choses et que ça permettait d’avoir des choses qui valent tout l’or du monde (voyage en Égypte, journée avec son père …). Apple répondait assez bien à ce besoin, même avec des prix ultra élevés, le message était : à ce prix là, vous ne pouvez pas trouver mieux !
  • Côté sympathie… non, ça je n’ai pas besoin de détailler plus qu’un simple mot : fanboys. Pas dans le sens négatif donné au terme hein, plutôt dans le gens « des gens fans d’un produit », capables d’acheter la mise à jour ou l’accessoire juste parce qu’ils sont amoureux de la marque.

La liste est loin d’être terminée, nous pouvons également parler des guerres de brevets, des pressions faites ça et là, d’une politique plus que discutable et de bien d’autres choses encore, mais ce billet fait déjà 5 pages – +2500 mots – 12 000 signes – 5 heures de rédaction .. et je pense que beaucoup de personnes ont déjà basculé sur une autre page avant d’en arriver à là.

Mise à jour : Certains apprécieront, d’autres non, et d’autres trouveront que c’est de l’anti Apple primaire, vous êtes tous et toutes libre de comprendre ce billet comme bon vous semble, hein. Ce que je constate en revanche c’est qu’Apple a des retombées qui vont au delà de sa simple marque.

Oui, Apple c’est une entreprise qui marche et généralement leurs produits marchent bien et tiennent plus longtemps. C’est en partie lié aux composants qui, même s’ils sont fabriqués par d’autres (Intel et Samsung par exemple), sont mieux utilisés et tiennent donc plus longtemps.

Donc Apple, c’est une entreprise qui fonctionne. Si elle fonctionne, elle entraine forcément d’autres personnes ou d’autres entreprises dans son courant, ce n’est pas pour rien qu’on se retrouve avec des smartphones qui se ressemblent beaucoup côté interface. Ce n’est pas pour rien non plus qu’on retrouve tel ou tel bouton ici ou là.

Est-ce qu’Apple a fait avancer les choses ? Oui sans doute, il serait idiot de le nier. C’est le prix de cette avancée que je critique, avancer pour perdre la liberté, chez moi, c’est une avancée ratée. D’autant plus lorsqu’elle inspire les autres fabricants.

Est-ce que ce monde est sérieux ?

Dans la nuit du 20 aout 2013, j’ai appris que le GCHQ avait fait pression sur « The Guardian », journal presque mythique, inscrit dans le code génétique du Royaume-Uni…d’aussi loin que je m’en souvienne.

Pression pour détruire les documents relatifs à « l’affaire Snowden ».

Il semblerait donc qu’un gouvernement sans aucun rapport direct avec la NSA et les Etats-Unis ait pris ses libertés quant à faire pression sur un organisme de presse, un journaliste, un rédacteur en chef, le compagnon d’un journaliste…

Petites explications si vous n’avez pas tout suivi :

  1. Edward Snowden, que je ne vais pas présenter, a confié une partie non négligeable de ses documents au journal « The Guardian ».
  2. Gleen Greenwald, un journaliste pour le Guardian, a présenté quelques documents transmis par Edward Snowden dans le journal.
  3. David Miranda, le compagnon de Greenwald, a été retenu pendant presque 9 heures dans l’aéroport d’Heathrow, à Londres. Il a été relâché mais sans ses effets personnels en relation avec tout ce qui contient une puce ou de la mémoire. Tout ceci grâce à l’article 7 du Terrorism Act, qui autorise les forces de l’ordre du Royaume-Uni à « arrêter, fouiller et détenir n’importe quel voyageur dans les ports, les aéroports et aux frontières, afin de déterminer s’il s’agit d’un terroriste. »

Les suspects peuvent être détenus pour une durée maximale de neuf heures, au cours desquelles ils n’ont le droit ni de consulter un avocat ni de se taire, sous peine de prison. »

David Miranda arrêté, reste la question du « pourquoi ? ».

La vraie raison de cette arrestation est sans doute là. Le Royaume-Uni veut envoyer un message à celles et ceux qui disposent des informations que Snowden a pu donner ici et là. Il veut leur faire comprendre qu’il ne plaisante pas avec ces fuites et qu’il est capable d’utiliser sa propre loi à des fins détournées, afin d’effrayer celles et ceux en capacité d’oser faire quelque chose.

C’est donc un fait, le Royaume-Uni n’est pas une démocratie, ses méthodes sont celles d’un régime totalitaire.

Je vais vous dire quelque chose : lorsque je vois tout ceci, ce n’est pas la peur qui m’envahit, c’est la détermination et, lorsque je vois la réaction de nos gouvernements, je me dis que j’ai raison.

Ce n’est pas tant le pouvoir que la peur qui fait qu’ils agissent ainsi.

Depuis toujours nos gouvernements espionnent, s’espionnent, nous espionnent, s’échangent des données, surveillent la population… Depuis au moins aussi longtemps, ils agissent pour récupérer des renseignements, soit par la récolte en source ouverte, soit par des moyens détournés. Et depuis toujours, ils savent rester relativement discrets. Pour moi, la pléthore d’erreurs commises, les scandales, les arrestations injustifiées, c’est une démonstration de la peur qui s’empare des gouvernements. Et c’est très bien, parce qu’il n’est pas question que ça s’arrête, un petit oiseau m’a raconté qu’il restait encore beaucoup d’informations à publier.

Mais revenons à nos espions, nous parlions tout à l’heure de la destruction de documents…

Le Guardian explique donc que le GCHQ l’a forcé à détruire des documents fournis par Edward Snowden.

Je vous invite à lire l’article du Guardian et celui-ci si vous préférez la langue de Molière.

La très sérieuse question qui apparait au grand jour ici est : et la liberté de la presse ?

Il faut être naïf pour penser que nos gouvernements ne font jamais pression sur des journalistes, n’utilisent pas la peur et la violence afin d’obtenir ce qu’ils souhaitent… il est en revanche plus rare de le voir, écrit noir sur blanc, dans un journal victime de ces pressions.

Donc, liberté de la presse dans un premier temps… et la vôtre ?

Oui, la vôtre.

Celle de vous informer. Celle de vous informer sur ce qui vous concerne, de près ou de loin, tout ceci vous concerne.

J’en vois déjà me répondre « je n’ai rien à cacher », à ces derniers je conseille cette lecture et cette vidéo, même si je ne suis pas un excellent orateur.

Maintenant, il va falloir se poser les bonnes questions. Les questions qui dérangent.

Qui est coupable de tout ceci ? Qui est responsable ? Nos gouvernements ? Snowden ? La NSA ?

Sans doute un peut tout le monde. Nos gouvernements sont responsables de cette envie de tout contrôler sur tout le monde. Snowden d’avoir fait éclater la vérité au grand jour et, pour ceci, on ne peut que le remercier. La NSA est les autres agences de renseignement sont tout autant responsables que nos gouvernements.

Mais il existe un autre coupable de tout ceci, dont personne ne parle : nous.

Nous sommes responsables de tout ceci car nous avons laissé le gouvernement agir, sans se soucier de ce qu’il faisait.

Nous notre seule réponse à tout ceci était « je n’ai rien à cacher », donnant les pleins pouvoirs à un gouvernement qui, pour vous « protéger », viole encore et encore votre vie privée.

Nous, vous, toi derrière l’écran, sommes responsables de tout ceci, au moins en partie. Non pas par nos actions, mais par notre inertie et notre confiance aveugle en ces gouvernements qui prétextent vouloir votre bien.

C’est désagréable à lire et ça l’est encore plus à écrire mais la réalité est ainsi faite. Nos gouvernements nous observent mais nous devrions, nous aussi, observer nos gouvernements.

Nous réclamons la transparence, le respect de la vie privée, mais nous nous contentons d’outils et de réseaux, le plus souvent fermés, auxquels nous ne comprenons généralement pas grand-chose…

C’est très paradoxal, ça revient à déclarer sur Facebook qu’on souhaite protéger sa vie privée alors qu’il suffit de lire pour se rendre compte que s’inscrire sur ce site, c’est offrir son intimité à qui la veut…

Le scandale de PRISM permet de montrer au grand jour ce qui existe depuis des années, allons-nous enfin décider de faire changer les choses ? J’y crois, j’ai envie d’y croire, mais concrètement je n’ai que peu d’espoir.

Qu’allez-vous faire ? Continuer à vous indigner puis reprendre le contrôle de votre vie privée, ou agir pour faire changer les choses ?

#PRISM, indignation à géométrie variable.

Ce billet est un énorme coup de gueule, considérez-vous comme prévenu(e)s.

De récentes publications (la suite sur votre moteur de recherche préféré) des fuites déclenchées par Edward Snowden, le whisleblower de l’affaire PRISM, attestent d’un grave fait : des instances l’Union Européenne, comme le Parlement Européen, sont sous écoute et infiltrées.

Les données des personnes concernées ne sont plus en sécurité depuis des années et les documents font peur à ces personnes, qui s’indignent d’être espionnées par une puissance étrangère.

La nouvelle fait mal comme un mur en pleine face : les Etats-Unis interceptent les données d’eurodéputés, du Parlement Européen et sans doute d’autres instances.

La réaction du Parlement ne s’est pas fait attendre, c’est un scandale. Ainsi, on retrouve des déclarations qui vont dans ce sens, « scandale », « indignation », « horreur », « les Etats-Unis ne devraient pas espionner leurs alliés » …

Seulement, ces déclarations m’irritent profondément.

Lors de premières révélations sur PRISM, il n’y avait que quelques eurodéputés pour crier au scandale, il n’y avait que quelques députés pour trouver quelque chose à dire sur le sujet.

Fleur Pellerin se montrait rassurante en tentant de minimiser l’affaire PRISM, le président ou le premier ministre ne semblaient pas spécialement inquiets et ce malgré les réactions scandalisées d’une partie du peuple.

Maintenant que des documents attestent qu’ils sont eux aussi concernés par PRISM, ce n’est plus la même chose.

Mesdames et messieurs les représentants de la nation et de l’Union Européenne, laissez-moi vous dire quelque chose : votre réaction est parfaitement inacceptable.

En qualité de représentants, vous avez pour rôle de vous saisir des inquiétudes de vos citoyens, français ou européens, vous ne l’avez pas fait jusqu’à ce que cela vous concerne.

Fleur Pellerin a changé son fusil d’épaule, déclarant que l’administration Obama était sommée de s’expliquer sur PRISM.

Le Parlement fait de même en demandant des comptes à cette même administration, allant jusqu’à menacer de bloquer des accords en cours de négociation. Le président du parlement explique même que si tout ceci était vrai, cela ne pourrait que dégrader les relations entre l’Europe et les Etats-Unis d’Amérique.

Qu’est-ce à dire, messieurs et mesdames de l’Europe ?

Votre comportement est, pour moi, la représentation d’un égoïsme effarant, c’est un manque total de respect envers ceux que vous êtes censés représenter.

Pourquoi n’avoir rien fait avant ? Pourquoi avoir tenté de minimiser le scandale ?

La réponse se trouve peut-être dans un article du Guardian, retiré peu de temps après sa publication.

Il apparait que des pays ont un accord secret avec la NSA et beaucoup de pays européens semblent concernés par cet accord.

C’est peut-être ça, la raison de votre silence. Vous le saviez peut-être et il ne fallait donc pas en parler, mais vous ne saviez pas que tout ceci vous concernait. Maintenant que c’est avéré, vous décidez de vous réveiller.

Quitte à perdre toute crédibilité aux yeux de beaucoup.
Quitte à passer pour des complices de tout ceci.

Vos déclarations sont étranges, votre comportement l’est d’autant plus et je ne pense pas que votre incompétence soit la principale raison de ce cafouillage.

Je me permets donc de vous donner un conseil : l’indignation n’est pas à géométrie variable, vous représentez le peuple et auriez donc du vous saisir de l’affaire PRISM dès son commencement.

Un dernier point : quelque chose me dit que les révélations sur le dossier PRISM ne sont pas terminées, vous devriez peut-être vous réveiller rapidement, ne serait-ce que pour rester crédible aux yeux des citoyens européens qui se sentent concernés par tout ceci.

Ah, et à l’avenir, évitez de réagir uniquement lorsque ça vous concerne, c’est consternant et irrespectueux.

Une vie sans Internet.

Ce billet est le fruit de mon imagination, j’ai imaginé des passages de nos vies, sans Internet sans trop de technologies, afin de comprendre à quel point tout ceci a transformé notre société et à quel point cet outil continue de la bouleverser. J’ai choisi d’insister sur la circulation de l’information et l’information elle-même. Si vous voulez voir un autre thème, proposez-le, envoyez moi vos propositions par mail ou, mieux encore, faites-en un blog, tumblr ou autre. Bonne lecture

Janvier 2011

Cher journal,

Sur la chaine nationale, j’ai vu qu’en Tunisie un homme s’était immolé par le feu mais les journaux n’en savent pas plus et du coup, nous non plus. Ils ont dit que l’homme n’était pas content et du coup ils ont peur pour leurs journalistes, que ça déraille. Puis comme les cassettes sont longues à venir, bah c’est un peu compliqué. Je me demande ce qu’il a pu se produire, j’ai envie de savoir mais ça va être super long…

J’ai essayé d’en parler avec une amie qui m’a donné le numéro de son hôtel avant de partir, elle est en Tunisie là, mais comme le téléphone est occupé par ma sœur toute la journée, impossible de lui passer un coup de fil, puis l’appel international, c’est long, et cher. Et puis les demoiselles du téléphone galèrent un peu quand-même, je ne suis même pas certain de pouvoir lui parler demain.

J’ai acheté le journal tout à l’heure, mais ils n’en parlent même pas, peut-être demain, mais ce n’est pas gagné.

Il y a des gens qui essayent de donner des informations dans un journal non officiel mais il est poursuivi pour atteinte au droit d’auteur, il a publié une photo qui n’était pas à lui. C’est la haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits de l’information qui fait le sale travail.

J’aurais bien aimé leur parler à ces gens-là, mais vu que le journal est fermé, plus moyen de les contacter. Ils disent que c’est normal, moi je trouve que c’est de la censure, mais ça reste entre nous, sinon je vais avoir des ennuis.

Ce soir, la chaine unique ne diffuse rien de bien, alors je te dis bonne nuit.

Mars 2012

Cher journal,

Les journalistes ne parlent que de ça à la chaine nationale, un homme aurait tué des gens vers Toulouse, beaucoup de gens, et les forces de l’ordre disent que c’est réglé, il est mort maintenant.

J’ai écouté tout ce qu’ils disaient, mais c’était étrange. On dirait que quelque chose ne tourne pas rond dans ce qu’ils expliquent. Ils disent que c’était un petit terroriste mais après qu’il a voyagé dans le monde sans jamais se faire suivre, ni se faire repérer. Ils disent qu’il avait un arsenal chez lui.

Et ils n’ont rien vu, ils ont même dit qu’ils le suivaient depuis longtemps, puis non, puis oui, puis qu’ils l’avaient perdu de vue.

Moi, je pense que ce mec travaillait avec eux, ou était au moins un informateur comme on voit, des fois, à la chaine nationale. J’en ai parlé aux amis mais ils pensent que non, sinon les médias en auraient forcément parlés.

Quoi qu’il en soit, j’aurais bien aimé qu’on prouve que c’était un infiltré, mais on va me dire que je suis parano alors surtout, n’en parle pas, on ne sait jamais.

Ah, et il faut que je pense à acheter des timbres demain, comme chaque année, c’est bientôt mon anniversaire, ça va me couter une blinde.

J’aimerais bien inviter mes amis d’avant, mais ils ont déménagé et, faut avouer que depuis, on ne se donne plus beaucoup de nouvelles, puis comme le téléphone est encore occupé, pas moyen de les appeler et à hauteur d’un courrier par semaine, on a vite fait de ne plus se parler…

Mars 2013

Cher journal,

Aujourd’hui, la chaine nationale a parlé d’une affaire d’état, un député qui aurait été pris la main dans le sac avec de l’argent qui ne lui appartient pas. La soirée était consacrée à ce sujet, mais c’était un peu compliqué, les émissions en direct passent toujours mal, j’espère qu’un jour ils trouveront quelque chose pour régler ça, enfin bref…

Donc oui, scandale au début, mais plein de députés sont intervenus et on a même eu le droit à une déclaration de Cahuzac sur cet argent étrange trouvé par on ne sait pas trop qui.

Il a publiquement déclaré qu’il n’avait jamais détourné d’argent, et puis il avait l’air assez sincère, donc tout le monde l’a cru ou semble le croire.

Puis de toute façon, faute de mieux, il faudra faire avec ce que l’on nous donne, donc personne ne sait si c’est vrai ou pas, si c’est un mensonge, si cet argent est vraiment détourné. Ils ont ouvert une commission pour enquêter, la police des polices et la police internationale est sur le coup, mais ça va prendre des années pour tout ça.

Puis, tu sais, je crois que les médias savent, parce qu’ils ne semblaient pas réellement sincères. Peut-être ont-ils reçus l’ordre de protéger le gouvernement ? Ou de faire taire l’affaire ?

Je ne sais pas et personne ne saura jamais, c’est dommage.

J’aurais bien aimé qu’on monte un journal indépendant, mais comme nous n’avons pas les moyens et que la presse est totalement verrouillée, mon envie ne restera qu’une envie et, je dois avouer que ça me rend triste.

Enfin bref, heureusement que j’ai quand-même mon espace à moi, toi. Même si je suis le seul à te lire… un jour, on pourra faire lire ce qu’on pense à plein de personnes aux quatre coins de la planète sans devoir passer par un journal et sans devoir payer des sommes astronomiques pour des choses qui sont censurées par le journal lors de sa publication…

Mais ce n’est pas encore pour aujourd’hui, bonne nuit.