Dans un récent article publié dans les colonnes numérique de Libération, j’ai pu lire la chose suivante : «la consultation renforce la légitimité du texte»
Cette petite phrase, c’est celle d’Axelle Lemaire qui se félicite de la contribution publique à la République Numérique.
Petit résumé : la République Numérique est le nom du projet d’appel à contributions sur le projet de loi Numérique. Cette consultation a mobilisé plus de 20 000 inscrits, de très nombreuses propositions, encore plus de vote sur les propositions et amendements…
En termes d’implication et d’initiative, nous pouvons considérer que c’est un bon début, même un succès. Réussir à faire participer des milliers de personnes est une excellente nouvelle, d’autant plus que ces personnes ne viennent pas forcément de « milieu habituel », entendez par là qu’il n’y a pas que La Quadrature du Net et les autres habituels qui ont répondu à cet appel.
Il me semble important de saluer l’initiative, première en la matière. Sur le papier et dans le principe, l’objectif est rempli : le citoyen est en capacité de participer activement à l’élaboration de la loi, à une forme de démocratie plus directe, il peut observer les mouvements de chacun, ce qui revient à dire qu’il y a plus de transparence (qui souhaite quoi, quel groupe, organisation, société ….).
Là, ce n’est pas ce qui est dit. Ce qui est dit, c’est : «la consultation renforce la légitimité du texte»… et ça me dérange profondément.
Participer à une consultation publique ne signifie pas et n’a jamais signifié « adhérer au texte », le projet de loi n’est pas plus légitime qu’avant la consultation publique. Il est plus riche certes, mais pas plus légitime.
Que vous soyez d’accord ou non, peu importe votre avis, si vous avez répondu à l’appel, vous avez légitimé le texte, vous avez légitimé la vision du gouvernement sur le numérique.
A quoi ça sert de faire un appel à contributions si c’est pour déclarer une aberration pareille ?
Si je comprends que, pour Axelle Lemaire, c’est un excellent coup de communication, il n’en reste pas moins qu’il m’a refroidit pour toute prochaine contribution.
Je n’apprécie que très moyennement le sentiment d’être piégé : si nous participons à une consultation, nous légitimons un texte. Lorsque nous n’y participons pas, nous sommes critiqués. Lorsque nous ne sommes pas d’accord, nous sommes « des exégètes amateurs » qui font « blocage au texte et au gouvernement ».
Dans tous les cas, nous sommes les dindons de la farce…
La prochaine consultation, si prochaine consultation il y a, ça sera sans moi, puisque pour le gouvernement, participer = adhérer.