Pixellibre, vous, moi, nous quoi…

Billet très, disons, personnel. Qu’on se le dise, j’écris ce billet pour moi, pas pour justifier quoi que ce soit, ni pour m’excuser de quelque chose (enfin, si, peut-être). J’avais envie de vous parler un peu, pas d’actualités, pas de nouvelles, pas d’un coup de gueule sur la bonne utilisation d’un mot ou pas d’un coup de gueule sur la dernière sortie de piste d’un politique. Juste vous parler, comme ça, pour faire un peu le point. Ah, et c’est écrit en « one shot » avec peut-être une relecture pour les fautes quand-même

Comme vous l’avez vu et comme certains me l’ont fait remarquer, je n’écris pour ainsi dire plus. Les écritures quotidiennes sont devenues hebdomadaires, puis mensuelles et en ce moment il y a des mois entiers ou je n’écris simplement plus.

Je remercie énormément les personnes qui sont venues me dire en public, en privé, en face à face comme au Festival PSESHSF de cette année, qu’ils aimaient ce que j’écrivais, qu’ils aimaient ce que je pouvais faire, c’est peut-être bête mais ça fait du bien.

Je n’écris plus beaucoup plus deux raisons : la première c’est qu’écrire, c’est chronophage. Entre le travail et mes envies, je ne trouve que trop peu de temps pour le blog. Si vous suivez mes aventures sur Twitter, je me suis mis au violon et j’ai repris la photo et ces deux activités mangent pas mal de temps. Je m’en veux parfois, de ne pas plus écrire, parce qu’il y a des sujets où j’ai plein de choses à dire, où j’ai envie de dire plein de choses…

La seconde raison, c’est la multitude de sources, de journaux, qui parlent de ce dont je voudrais parler. Je ne suis pas journaliste, je suis un tout petit blogueur du dimanche et parfois, je voudrais parler d’un sujet mais d’autres l’ont déjà fait, je pense là aux copains de Next Inpact ou à Numerama, à Tonton Korben ou à d’autres, qui écrivent bien mieux que moi, qui ont un contenu plus riche, plus sympa.

Du coup, à ce moment-là, généralement, je me dis « à quoi ça sert d’écrire, je ne vais rien dire de plus que ce qu’ils ont déjà dit »… et je n’écris pas. J’ai essayé de me forcer un peu, en me disant que c’est en écrivant que ça viendrait… mais ça ne vient pas. J’ai des brouillons à ne plus savoir quoi en faire, sur de nombreux sujets, mais ils sont nuls, pourris, je n’ai pas d’autres mots.

C’est bête hein, je sais, mais c’est ainsi. Je n’ai pas envie de vous servir quelque chose que vous auriez pu lire ailleurs, j’ai envie que vous trouviez une valeur ajoutée dans ce que j’écris, j’ai envie de ce petit plus, pourquoi écrire si c’est pour vous proposer un contenu identique à untel ou untel ?

Je ne sais pas combien vous êtes à passer sur mon blog, combien de personnes sont là depuis le début, combien d’autres ont découvert l’aventure en cours de route et sont restées. Vous êtes peut-être 5, ou 10, ou 100, peut-être même plus si ça se trouve… mais même avec un seul lecteur, j’aurais ce même problème.

Je n’ai pas envie de vous servir un contenu qui ne me plait pas, comment ça pourrait vous plaire si même moi je trouve ça pourri ?

De l’autre côté, j’ai envie d’écrire, ça me manque mine de rien, j’ai dû commencer en 2009 avant d’arriver en 2011 sur pixellibre, et l’envie est toujours là : écrire pour donner mon point de vue, ou pour expliquer, renseigner, en espérant à chaque fois vous avoir donné un petit plus, un sourire ou une information, donné une vision différente d’une actualité. Bref j’ai envie d’écrire, sur plein de choses, mais « ça marche plus ».

Voilà, comme expliqué, je vous parle de ça parce que, quelque part, j’ai besoin de le dire je pense. Ce n’est pas pour m’excuser mais juste pour vous expliquer que c’est un peu compliqué parfois. Et puis, c’est peut-être encore plus con, mais je n’ai pas envie de décevoir qui que ce soit. Qu’on soit clair, je ne fais aucune rentrée d’argent sur ce blog, je refuse la publicité, les billets sponsorisés et les OP spé, même si on ne m’en propose pas chaque jour non plus hein. Je suis un tout petit blogueur de rien du tout MAIS… je suis un peu déglingué dans ma tête et je me colle une pression à chaque fois que j’écris, « est-ce que j’ai pas dit n’importe quoi ? Est-ce que ce billet a réellement une valeur ajoutée par rapport au reste ? Est-ce ça plaira ? », combiné au fait que je sois un perfectionniste… et non, ce n’est pas forcément une qualité… ça devient vite compliqué.

Donc j’ai envie d’écrire, mais quand j’écris je ne suis pas content, du coup je suis frustré, et je bloque, donc je me force, mais c’est encore pire… et ainsi de suite. Je n’apporte plus grand-chose à la communauté qui a vu Numendil grandir, qui m’a vu grandir, en fait. Je pense que certains me prêtent des qualités que je n’ai pas forcément, ce qui fait que je me sens, je ne sais pas comment dire… illégitime, voilà, c’est le bon mot. Illégitime car en soi je ne fais pas grand-chose comparé aux hordes de petits mains qui font La Quadrature Du Net, qui font les cryptos parties, les chiffro-fêtes, les formations, bref qui font de la communauté ce qu’elle est, un bel endroit plein d’idées, plein d’énergie et plein d’envies toutes plus folles les unes que les autres, toutes plus impossibles les unes que les autres, et c’est parce qu’on dit que c’est impossible que cette communauté le fait. Ouais, en relisant un peu, illégitime c’est le bon mot, imposture aussi, c’est pas mal quelque part.

Soyez rassuré.e.s, dans l’ensemble ça va, j’ai l’impression de dépeindre un gugus en pleine dépression mais ce n’est pas le cas hein. Je veux juste être moi, clair et transparent avec vous, pas la grande gueule qui fait genre, mais juste moi, le gugus derrière.

Voilà, je ne sais pas si un jour ça va reprendre, si j’écrirais plus souvent ou si je n’écrirais plus du tout, même si ça me semble improbable vu que j’ai toujours tendance à la ramener. Je voulais juste prendre le temps de ce billet pour vous parler un peu, parce que j’en ressens le besoin depuis pas mal de temps et que je ne sais pas, là, je me suis dit que j’avais le droit.

Alors évidemment, vous être libres de rester, de partir, de vous lâcher dans les commentaires, je peux concevoir que ce genre de billet déclenche quelque chose et conscient que je peux m’en prendre un peu dans la tête parce que je viens pleurer alors qu’en soi, je n’ai pas à me plaindre. Enfin, je peux comprendre que certains vont peut-être penser ça, mais ce n’est pas mon intention, j’avais juste envie de vous parler un peu …

Voilà, dans tous les cas, je voulais aussi vous remercier, pour les retours que vous faîtes parfois, pour les choses que j’ai pu vivre sans doute grâce à ce blog, pour les gentilles choses que j’ai pu entendre ou lire sur ma personne ou sur ce blog, c’est toujours touchant, alors merci.

Allez, relecture rapide quand-même…

Hackers (lol) et canular à Paris, le nawak

J’ai essayé d’éviter les informations stupides, mais celle-là m’a fait réagir… Deux adolescents ont « piraté » la ligne téléphonique d’une église parisienne pour faire un canular. Particulièrement con, surtout en ce moment, mais un canular. Et depuis quelques jours, je lis çà et là « deux hackers » ceci, « deux hackers » cela. Et bordel, ça m’énerve.

Pourquoi ?

Entrons dans le vif du sujet d’emblée : ça me gonfle profondément qu’on utilise le terme « hacker » à toutes les sauces et ce depuis des années. Certains diront qu’il ne faut pas s’emporter pour ça, d’autres que c’est ainsi et d’autres s’en fichent éperdument. Ce n’est pas mon cas.

Aujourd’hui, lire « hacker » dans un article quelque part, généralement, ça me déprime. On qualifie rapidement tout et tout le monde de hacker, si bien qu’au final, « hacker » ne signifie plus vraiment grand-chose. Tour à tour, c’est un méchant pirate informatique, un cybercriminel, un héros du printemps arabe, un bidouilleur, un manipulateur.

C’est même lui, ce vilain hacker, qui est responsable de la faim dans le monde et de la guerre. Tant qu’à faire, autant pousser l’absurde jusqu’au bout.

Alors non, lecteurs, lectrices, copains, inconnus, journaux, médias, un hacker, ce n’est PAS, à la base, quelqu’un de mauvais, quelqu’un de méchant, quelqu’un qui veut détruire la planète. Ce n’est pas non plus un asocial sociopathe dangereux qui mange des petits chats enroulés dans des câbles RJ45.

Ce terme est malmené depuis déjà fort longtemps et tout le monde gagnerait à utiliser les bons mots. Parce qu’il ne faut pas croire que ce glissement sémantique soit sans conséquences, ce n’est pas qu’un mauvais usage du terme. Lorsque ce mot est utilisé à tort, il dégrade l’image déjà bien fragile dudit hacker. Dans l’esprit des gens, du moins selon moi, on imagine le hacker comme quelqu’un qui n’a aucune vie, qui pirate des comptes Facebook, qui reste le cul posé sur sa chaise sans jamais voir personne, qui « casse » et « vole » des choses.

Sauf que dans les faits, ce n’est pas ça, un hacker. Ici, on peut parler d’une personne qui a des problèmes sociaux, on peut parler de criminel, de cybercriminel, de pirate informatique à la limite ou tout simplement, de con. Mais pas de hacker.

Hacker, c’est neutre comme mot. Du moins ça devrait l’être. Hacker – le verbe cette fois – c’est « bricoler », bidouiller un système, essayer de le comprendre, essayer d’en comprendre le fonctionnement, les limites et parfois essayer de s’en affranchir. La meilleure explication que je puisse avoir est celle des baguettes chinoises… elles servent à manger mais si vous vous en servez pour faire tenir un chignon ou un abat-jour, vous avez hacké son fonctionnement, vous l’avez détourné de son fonctionnement initial.

Est-ce que cela fait de vous une mauvaise personne ? Non. Du moins tant que détourner un objet de son usage principal n’est pas interdit.

C’est un sujet à débat, même au sein des communautés de hackers, mais le vrai combat n’est pas sur l’usage du mot, pas comme dans « chiffrer » au lieu de « crypter », il n’y a pas le même impact derrière.

Bref, vous l’aurez compris, je suis fatigué de voir ce mot utilisé dans tous les sens, de n’importe quelle façon.

Le cas des deux ados

Sans avoir le détail de ce qui s’est passé et de la façon dont ils ont procédé, usurper un numéro de téléphone, c’est relativement simple. Parole de moi, qui a travaillé plus de 10 ans dans le domaine.

Ce n’est pas forcément mauvais, certaines entreprises s’en servent pour utiliser le même numéro partout, que ce soit Pierre, Paul ou Jacques qui contacte monsieur ou madame untel. Le principe dans ce cas-là, c’est d’avoir un numéro de désignation de l’installation, qui sera le numéro connu des clients, 01 23 45 67 89 par exemple. On configure l’installation pour que chaque personne qui appelle affiche ce numéro. Rien de mauvais donc, comme beaucoup de choses, cette technologie est neutre, c’est ce qu’on en fait qui est bon, ou mauvais dans le cas de nos deux ados.

Monter un canular en usurpant un numéro de téléphone c’est donc très simple, à condition de chercher un peu. Des solutions existent sur Internet, pour quelques euros ou quelques neurones à y consacrer, et le tour est joué.

Pour déjouer ça, ça peut être aussi simple : rappeler le numéro de téléphone suffit parfois. On tombe alors sur la bonne personne, la vraie personne, celle à qui appartient vraiment le numéro et c’est terminé. J’imagine que les forces de l’ordre l’ont fait dans ce cas, j’espère du moins…

D’autant plus que les deux ados ne semblaient pas experts dans la protection de leurs données personnelles puisque des informations les concernant ont été publiées.

Bref, nous avons affaire à deux ados, un peu (très) cons sur ce coup, qui ont fait un canular débile et dangereux, mais pas à des hackers.

Si des journalistes me lisent, de grâce, utilisez les bons mots, cybercriminel dans ce cas, mais pas « hacker ».

Censure : a quel jeu joue Facebook ?

Il y a quelques jours, une nouvelle venait assombrir le paysage de la « liberté d’expression » sur Facebook, comprenez par-là, la liberté d’expression selon Facebook qui est une lointaine cousine de la véritable liberté d’expression. Retour sur cette affaire. Continuer la lecture de Censure : a quel jeu joue Facebook ?

Le chiffrement, la propagande et les états

Gauche, droite, état, procureurs, policiers, services ou agences de renseignement et, de plus en plus, citoyens, s’embarquent dans une campagne contre le chiffrement. Ce truc qu’ils appellent « cryptage » par abus de langage.

Des Etats-Unis d’Amérique à la France en passant par l’Angleterre, la campagne de communication instaurée à l’encontre du chiffrement fait rage. Continuer la lecture de Le chiffrement, la propagande et les états

« Plus d’autorisation de manifester », vraiment ?

Petit passage éclair, pour rebondir sur un déclaration du Président Hollande.

En conseil des ministres, monsieur a déclaré la chose suivante :

« A un moment où la France accueille l’Euro, où elle fait face au terrorisme, il ne pourra plus y avoir d’autorisation de manifester si les conditions de la préservation des biens et des personnes et des biens publics ne sont pas garantis. »

140 caractères étant parfois trop court, je profite d’un bref instant pour vous expliquer en quoi cette déclaration est une énorme bêtise qui, malheureusement, risque de prendre dans l’esprit de bien des gens.

Que dit la loi ?

Le code de la sécurité est très précis sur le sujet. Les articles L211-1 et L211-2 en particulier nous disent la chose suivante :

L211-1
Sont soumis à l’obligation d’une déclaration préalable tous cortèges, défilés et rassemblements de personnes, et, d’une façon générale, toutes manifestations sur la voie publique.
Toutefois, sont dispensées de cette déclaration les sorties sur la voie publique conformes aux usages locaux.
Les réunions publiques sont régies par les dispositions de l’article 6 de la loi du 30 juin 1881.

L211-2
La déclaration est faite à la mairie de la commune ou aux mairies des différentes communes sur le territoire desquelles la manifestation doit avoir lieu, trois jours francs au moins et quinze jours francs au plus avant la date de la manifestation. A Paris, la déclaration est faite à la préfecture de police. Elle est faite au représentant de l’Etat dans le département en ce qui concerne les communes où est instituée la police d’Etat.
La déclaration fait connaître les noms, prénoms et domiciles des organisateurs et est signée par trois d’entre eux faisant élection de domicile dans le département ; elle indique le but de la manifestation, le lieu, la date et l’heure du rassemblement des groupements invités à y prendre part et, s’il y a lieu, l’itinéraire projeté.
L’autorité qui reçoit la déclaration en délivre immédiatement un récépissé.

Donc ?

On récapitule : l’Etat ne délivre pas d’autorisations de manifester. Une manifestation se déclare, on ne dépose pas une demande d’autorisation de manifester mais une déclaration de manifestation.

Cette déclaration doit comprendre de nombreux éléments, certes. De la même façon, s’il est question d’occuper l’espace public lors de ladite manifestation, il faut, cette fois-ci, une autorisation.

Donc si vous marchez dans les rues, sur un trajet défini et annoncé dans la déclaration, si vous n’avez pas prévu d’occuper un espace public, il n’y a pas besoin d’autorisation.

Attention cependant, je vous conseille vivement de déclarer votre manifestation, ne pas le faire vous expose à quelques risques, genre payer des gros sous et une potentielle peine de prison… même si les manifestations sauvages, c’est sympa aussi.

L’autorité peut aussi, car c’est la loi, interdire votre manifestation une fois votre déclaration de manifestation déposée auprès des personnes compétentes.

Cependant, dire « il n’y aura plus d’autorisations de manifester » et « cette manifestation est déclarée interdite », ce n’est pas la même chose, clairement pas d’ailleurs. Fichtre.

Dans un premier cas, on fait croire que, par défaut, toutes les manifestations seront interdites « à priori » car on ne donnera plus « d’autorisations » pour manifester, ce qui est impossible. Diantre.

Dans un second cas, on décide de déclarer cette manifestation interdite parce qu’on constate un certain nombre de manquements ou de potentiels troubles à l’ordre public.

Conclusion de ce rapide passage : lisez la loi. Et ne vous laissez pas faire. Bordel.

Edit : un commentaire de Tris, qui gère le Projet Arcadie, rajoute des informations importantes, que voici, si vous n’avez pas l’habitude de lire les commentaires :

Précision utile et pour répondre à une question qui est revenue à plusieurs reprises : quid de l’état d’urgence ?

Ainsi que l’exprime liberté, libertés chéries => http://libertescheries.blogspot.fr/2016/02/etat-durgence-premiere-declaration.html il appartient au juge administratif de veiller à la conciliation entre les libertés fondamentales et la sauvegarde de l’ordre public et procède à une analyse au cas par cas, de façon concrète.

Il n’est donc pas possible de restreindre globalement la liberté de manifester même si des restrictions peuvent être apportées mais elles doivent motivées, limitées dans le temps et dans l’espace.

On arrête la désobéissance civile.

C’est dans une ambiance plus que tendue qui me file la gerbe que je me permets un petit quelque chose sur le blog.

Cette même ambiance qui devient de plus en plus compliquée à supporter, depuis un mois. J’ai préféré couper les informations pour ne pas m’emporter à chaque nouvelle information, mais rien n’y fait.

Jusque là, j’étais partisan de la désobéissance civile, cet acte qui consiste à résister, à se révolter, mais de façon pacifique. Ne pas répondre à la violence par la violence, ne pas utiliser les mêmes méthodes que ceux qui sont combattus, ne pas se mettre à leur niveau, après tout, on vaut mieux que ça.

Mais là, et croyez-moi, ça me désole de le penser, hormis la violence, je ne vois pas ce qui pourrait faire changer les choses.

Est-ce normal qu’on ignore des milliers, puis ensuite des millions de personnes ?

Est-ce normal qu’on balaye d’un revers de la main, d’une pathétique déclaration, des manifestations citoyennes ?

Est-ce normal que des gens qui se regroupent en assemblée soient chassés par les forces de l’ordre, d’une manière de plus en plus violente ?

Est-ce normal que chaque jour depuis quelques temps, nous voyons des abus de pouvoir ça et là, des actes violents, le tout sans qu’il ne se passe rien ?

Est-ce normal que des manifestants pacifistes se prennent des salves de lacrymogènes alors que leur seul acte de résistance était celui de parler ?

Est-ce normal que des CRS se « lâchent » en frappant une femme qui n’a rien demandé en plein torse ?

Est-ce normal que des CRS envoient des grenades de désencerclement à bout portant et à hauteur d’homme, alors que ces grenades sont plus que dangereuses et doivent normalement être utilisées dans des conditions très strictes ?

Est-ce normal que ceux qui se permettent de faire ces choses là n’aient rien à craindre ?

Est-ce normal que notre gouvernement contourne toute l’assemblée nationale, en leur faisant un énorme bras d’honneur avec l’article 49, alinéa 3, de la constitution du 4 Octobre 1958 ?

Est-il normal de lire une telle connerie :

« Nous le faisons car nous avons la conviction que ce projet agit pour l’emploi durable, pour faire entrer sur le marché du travail celles et ceux qui en sont exclus et pour que, notamment, nos petites entreprises puissent embaucher. » – Manuel Valls –

Alors que la quasi totalité des syndicats sont contre, que le peuple français est contre, que des experts reconnus sont contre, que des députés sont contre… enfin, les députés on s’en fiche, ils n’ont plus leur mot à dire avec l’article 49.3 de toutes façons.

Est-ce normal ?

Est-ce normal que des manifestants qui n’étaient pas violents se retrouvent à sortir en foulard, sérum phy dans la poche, de peur se prendre des grenades ?

Est-ce normal ?

Est-ce normal ça ?

Est-ce que tout ceci a une putain de logique ?

Si tout ceci était arrivé dans un autre pays, hors Europe, disons, dans un pays d’Afrique du Nord, le France aurait hurlé au scandale et aurait envoyé des militaires pour « rétablir la démocratie », à grand coup de bottes dans la gueule. Pour la démocratie, hein.

Chaque jour, j’ai l’impression que nous ne pourrons pas connaître pire, que ça va s’apaiser, que le gouvernement va reprendre ses esprits et prendre conscience qu’il est en train de créer un climat plus que malsain et plus que violent. Chaque jour je me rends compte que je me suis trompé, on peut faire pire.

Est-ce qu’il va falloir qu’un manifestant se fasse tuer pour que ça se calme ?

Est-ce qu’il n’est pas déjà trop tard, vu le climat, pour arrêter la machine qui s’emporte ?

Est-ce que le gouvernement à perdu la raison ?

Est-ce normal que certains députés n’aient pas signés une motion de censure du 49.3 car c’était une motion de droite ? J’ai honte, ces pantins sont des cons, je n’ai pas de mot plus gentil que ça. Ils ont préféré ne pas signer parce que c’est « l’autre » qui a déposé la motion de censure, j’ai honte. Honte car ils ne méritent pas ce mandat de député qui, surtout dans cette période critique, devraient oublier un peu le « Gauche / Droite », ne serait-ce que pour rester dignes.

Parler ? Nous ne sommes pas entendus.

Manifester ? Nous ne sommes pas vus.

Les sondages ? Ils disent que nous sommes contre mais le gouvernement s’en moque.

L’Assemblée Nationale ? Tout simplement ignorée.

Que reste-t-il pour se faire entendre ? La violence. C’est triste à dire, mais il ne reste que ça, et c’est parti pour durer puisque nos élus ne nous écoutent même plus.

Dans un autre pays, les journaux auraient parlé d’une crise politique majeure, d’une armée ou d’une police dangereuse, certains journaux à scandale auraient peut-être même parlé d’un climat propice à la dictature, d’un gouvernement qui a perdu la tête, d’actions contre le peuple et la démocratie.

Mais pas en France, « patrie des droits de l’Homme ».

Alors, une fois n’est pas coutume, arrêtez la désobéissance civile et défendez-vous. Embarquez foulards, sérum physiologique, lunettes de piscine contre les lacrymogènes, et défendez-vous.

Les CRS n’en peuvent plus, il n’y aurait pas autant de dérapages sinon. J’ai de la compassion pour eux, mine de rien. Ce sont des humains, comme nous, je n’aimerais pas être à leur place, entre nous et la hiérarchie, elle même pressée par « plus haut » pour briser le mouvement, maintenir la pression, utiliser tout moyen possible pour gérer la crise.

Si des CRS me lisent, posez votre casque et rejoignez les manifestants, vous savez, quelque part, que ce qui arrive n’est pas normal. Et ne m’en veuillez pas si j’ai quand-même envie de vous envoyer un pavé en pleine tête, ce n’est qu’une envie, il y a trop de colère dans ce pays et plus aucun moyen de l’exprimer.

On fait quoi, maintenant ? Doit-on sérieusement devenir de plus en plus durs, quand est-ce que cette radicalisation va cesser ?

On fait quoi, maintenant ?