C’est quoi, un DNS qui ment ?

Le décret n° 2015-125 du 5 février 2015 « relatif au blocage des sites provoquant à des actes de terrorisme ou en faisant l’apologie et des sites diffusant des images et représentations de mineurs à caractère pornographique » est entré en application.

C’est long comme nom, mais c’est toujours bon d’avoir le point de départ du billet.

Ce décret autorise le blocage de certains sites. La méthode de blocage choisie est celle du DNS menteur… et c’est important de savoir ce que c’est, parce que le DNS, vous l’utilisez en permanence. Partout sur vos ordinateurs, tablettes et téléphones, frigos et appareils connectés et j’en passe.

Pour comprendre ce que fait un DNS qui ment, il faut déjà comprendre ce que c’est qu’un DNS, je vais donc faire un peu de vulgarisation.

DNS, c’est pour Domain Name System, ça permet de traduire un nom de domaine en adresses compréhensibles par les machines qui font qu’Internet fonctionne, comme des adresses IP.

« C’est cool mais ce n’est pas très clair… »

On va faire plus simple : Internet ne parle pas notre langue, il parle en adresses qui ressemblent à ça : 185.34.33.4. On parle d’adresses IP.

Je pense que tout le monde sera d’accord…

« Hey salut, hier soir j’étais sur 185.34.33.4 c’était excellent
– Ah moi j’étais sur 186.208.17.1 et c’était pas top top
– Ah ouais, bon je te laisse je vais causer sur 191.18.12.4 »

… ce n’est franchement pas très pratique.

Le rôle du DNS, c’est de faire en sorte que l’adresse que vous saisissez vienne correspondre à l’adresse du serveur derrière, c’est comme une énorme annuaire d’Internet si vous préférez.

Seconde vulgarisation : comment ça fonctionne ?

J’étais parti pour vous faire un schéma mais je suis très nul avec les dessins et puis ça existe déjà, Andréa Fradin, aka @FradiFrad, l’a fait à l’époque où elle travaillait pour le regretté OWNI. Le dessin suivant est d’elle, j’espère qu’elle ne m’enverra pas la police pour lui avoir piqué.

Dans votre barre d’adresse, vous avez saisi « http://www.owni.fr», et quelques instants après la page s’affiche, ce que vous ne voyez pas, c’est ce qu’il s’est passé entre temps :

Dessin d'Andréa Fradin
Dessin d’Andréa Fradin – ex OWNI

On passera sur les notions de « racine », je vois renvoie à l’excellent billet d’où est tiré le dessin si vous voulez en savoir plus.

Votre ordinateur va donc interroger un serveur qui le guide vers un autre serveur qui le guide vers le bon chemin. Ça, c’est le fonctionnement « normal » d’un DNS, je pense que vous avez compris l’importance du système.

Alors, il se passe quoi lorsqu’il ment ?

Comme expliqué au début de l’article, le décret N° 2015-125 instaure le blocage de certains sites grâce à des DNS menteurs. Ces DNS sont ceux de certains opérateurs français(Orange, Free, SFR…), ils sont automatiquement fournis à votre ordinateur, sauf si vous avez configuré vous même votre connexion, avec autre chose que les serveur DNS de votre opérateur.

Ce sont des DNS là qui vous mentent. Dans les faits, lorsque vous allez essayer d’accéder à un site bloqué sur la base de ce décret, votre requête va toujours arriver au serveur DNS de votre opérateur, mais ce dernier ne vous orientera pas au bon endroit.

Il vous enverra sur un autre serveur, qui vous servira une autre page. Cette page vous dira que le site que vous tentez de visiter est bloqué car il fait l’apologie du terrorisme ou qu’il contient des images pédopornographiques.

Le site fonctionne toujours, le contenu est toujours là mais, lorsque vous voulez y accéder, le DNS ne vous dirige pas au bon endroit.

Si vous avez fait attention, vous avez déjà compris comment contourner ce blocage : ne pas utiliser les DNS de votre opérateur… et figurez-vous que c’est possible. Il existe des serveurs DNS que tout le monde peut utiliser, comme ceux mis à disposition par FDN, ou les « Google Public DNS ». Ces serveurs DNS ne sont pas concernés par le décret, puisqu’ils ne sont pas ceux d’opérateurs français.

C’est tout ?

Oui oui, c’est tout.
Pour contourner cette censure, il « suffit » de changer de serveur DNS.

Tout un programme de blocage des sites qui s’effondre. Il faut bien comprendre ce blocage n’arrête pas grand-chose, tout au plus il permet à certains de se dire qu’ils ont réellement fait quelque chose contre le terrorisme et la pédophilie, mais j’en doute.

Pourquoi c’est important, alors, de comprendre ce que c’est qu’un DNS menteur ?

La première réponse qui me vient est assez évidente : parce que si vous ne le savez pas, vous pouvez être redirigé n’importe où sans même avoir conscience que votre DNS vous ment.

La seconde raison, c’est que cet outil va finir par être utilisé pour d’autres motifs que le terrorisme et la pédophilie sur Internet.

Et pourquoi pas un blocage pour le fait d’avoir ouvertement critiqué un représentant de l’état, tiens ?

Pure coïncidence, un député à l’air assez tenté de mettre ça en place

C’est beau, non ?

Je ne lis pas l’avenir, mais il ne me semble pas absurde de déclarer que le jeu du chat et de la souris va s’amplifier, au risque de nous forcer à utiliser les DNS menteurs de nos opérateurs, au risque de bloquer massivement, au risque de casser un peu Internet… et la liberté d’expression, à un moment ou à un autre. J’espère me tromper, sincèrement.

Si vous voulez un exemple concret, rendez-vous sur islamic-news.info (la police ne viendra pas vous arrêter si vous cliquez dessus, vous serez, si vous utilisez les DNS de votre opérateur, renvoyé vers une page de l’Etat. Page assez moche, d’ailleurs.

Obsession sécuritaire, l’état est-il son propre ennemi ?

Posons-nous la question suivante : sommes-nous en train de basculer dans un état sécuritaire ? Y sommes nous déjà depuis bien longtemps ?

Si oui, quelles sont les conséquences futures de cette bascule ?

Si non, en sommes-nous éloignés ?

Afin de répondre à cette question, il faut déjà se demander « c’est quoi un état sécuritaire ? ».

Un état sécuritaire, c’est un des pouvoirs qui donne la priorité, de façon excessive, à la sécurité. Il bascule peu à peu dans une logique d’augmentation des moyens de surveillance, de contrôle et de répression. Dans les pires situations, cette dérive vers un état sécuritaire mène à la dictature, nous verrons ensemble pourquoi.

Attention, mettre en place des mesures ou des lois qui répondent à un réel besoin de sécurité, ce n’est pas aberrant. Tout miser sur la sécurité au motif d’un prétendu danger permanent, ça l’est déjà un peu plus, et c’est très dangereux.

Un bon exemple d’état sécuritaire se trouve de l’autre côté de la Manche : l’Angleterre. Au nom d’une menace invisible, David Cameron souhaite inviter la sécurité à votre table, dans votre vie privée…. Et que dire des Etats-Unis d’Amérique et du traumatisme qu’est le 11 septembre ?

Alors, sommes-nous en train de basculer dans un état sécuritaire ?

Depuis les attentats récents, dont celui de Charlie Hebdo, la poigne du gouvernement est devenue plus sèche, plus dure.

Les forces de l’ordre sont en alerte, nous avons atteint le plus haut niveau du plan Vigipirate jamais atteint depuis sa création.

Les juges et tribunaux également, le pouvoir exécutif a donné des consignes de fermeté dans une circulaire datée du 12 janvier 2015. Il l’emporte donc sur le pouvoir judiciaire et le pouvoir législatif.

Les juges ont un rôle important dans ce pouvoir judiciaire : ils sont dans la mesure, ils doivent arrêter le bras de l’état qui frappe fort et s’assurer que la réponse soit mesurée, proportionnelle.

Moins d’un mois après les attentats, c’est la passion et le dégoût qui animent les cœurs de beaucoup de cesjuges, en témoignent les 234 procédures initiées pour apologie du terrorisme depuis les attentats….

Avant ces actes, le bilan était de 20 condamnations en 20 ans pour apologie du terrorisme. En moins d’un mois, nous sommes presque au record.

Maintenant, on juge un homme ivre qui ne savait pas ce qu’il disaitet un enfant de 8 ans passe devant la police, alors qu’il ne sait pas ce que terrorisme veut dire.

La justice doit être froide, mener des actions sans peine, ni douleur, ni passion. Elle ne le fait pas dans ces dossiers actuellement.

Au-delà de l’idiotie de la chose, j’interprète ceci comme un signal d’alarme : la justice n’a plus la tête froide, l’exécutif prend le dessus sur les autres pouvoir, ce sont des signes alarmants d’une dangereuse bascule.

Mon second indicateur de cette bascule, c’est Internet. Plus on cherche à censurer Internet, plus on bascule dans une politique sécuritaire. Le raccourci est osé mais je vais m’expliquer.

Je ne parle pas des ayants-droits et de la Hadopi. Je parle de la LPM, de la loi contre le terrorisme, des prochaines mesures « exceptionnelles » qui sont tellement fréquentes qu’elles n’ont d’exceptionnelles que le nom.

Bernard Cazeneuve déclarait, il y a quelques jours – 90% de ceux qui s’engagent dans des opérations terroristes s’engagent après avoir consulté des sites sur Internet. Un bel effet cigogne dans l’optique de venir taper sur Internet sans retenue.

De nombreux politiques appellent à un « Patriot Act » à la française. Même si le gouvernement n’est pas pour, il proposera des réformes de la loi, il doit montrer qu’il fait quelque chose et ce même si c’est stupide.

Pour l’état et pour éviter la critique, il vaut mieux faire quelque chose d’inadapté et inefficace que d’être vu comme un gouvernement laxiste.

L’état souhaite également rendre responsable les intermédiaires et les hébergeurs (Twitter, Facebook & Co) des contenus publiés sur leurs plateformes respectives, et balaye d’un revers de la main les dangers que font peser ces décisions sur notre capacité à nous exprimer.

L’état compte également sur vous, sur nous. Sur notre capacité à ne pas se sentir concernés, à ne pas garder la tête froide, pour faire passer ce qu’il pense bon. Nous en revenons toujours à

« Souhaitez-vous protéger vos enfants* contre le terrorisme** ?
– Oui totalement.
– Donc, il faut sévir et censurer.
– Non, je pense qu’il existe d’autres solutions
– Si vous dites non, alors vous êtes pour le terrorisme. »

* : Amis/proches/élèves/employés, ça marche avec tout le monde.
** : pédophilie/violence/rajoutez un truc tant que c’est négatif ça fonctionne

La capacité du gouvernement à entendre la critique est au point mort et se résume à 0 ou à 1. Et c’est dangereux. Un gouvernement avec lequel il n’est plus possible de parler n’est plus représentatif des idées majoritaires de son peuple et bascule dans une logique sécuritaire qui va à l’encontre même de ses intérêts, malgré tout ce qu’il pense.

Pourquoi ?

Parce qu’en combattant « le mal » de cette façon, on crée « le mal ».

En faisant passer de plus en plus de lois qui portent atteinte à l’ensemble des libertés individuelles, les gouvernements successifs poussent des citoyens soucieux de ces libertés à se protéger, à savoir chiffrer des communications, utiliser des outils de protection d’un peu d’intimité, comme un VPN…

Plus l’état sécuritaire se rapproche, moins il y a de différences entre les outils qu’un terroriste et moi utilisons.

Je chiffre certains mails, refuse explicitement d’utiliser Skype au profit de solutions plus respectueuses de mon intimité, parle avec des gens qui font pareil, chiffre mes sms, parfois mes appels et je suis soucieux de mon intimité.

Qu’est-ce qui, aux yeux d’un état devenu incapable de lire mes communications, me différencie d’un terroriste ?

Quelles sont les conséquences de tout ceci ?

Une politique de plus en plus sécuritaire, « pour votre sécurité ».

Les différents gouvernements ne sont pas stupides : ils savent que la loi vient punir des actes, des délits, des crimes… la loi n’empêche en aucun cas que ces actes arrivent.

Alors, que faire ?

C’est là que tout se joue. L’état, conscient que la loi n’empêche rien, souhaite pouvoir anticiper et… pour anticiper, il faut aller fouiller dans la vie de tout le monde. Cette façon de faire rend tout le monde méfiant vis à vis de tout, et de tout le monde.

Et cette attitude mène à quelque chose de bien pire que la censure : l’autocensure. Par peur de peut-être dire quelque chose d’interdit, par peur de peut-être se sentir observés, nous nous taisons. Nous sacrifions notre liberté d’expression pour une prétendue sécurité qui n’a toujours pas montré le bout de son nez et qui ne le montrera jamais. Un acte terroriste, par nature, est imprévisible. Rajoutons à cela que plus on observe tout le monde et plus on censure, plus les vrais terroristes se cachent, sur Internet comme ailleurs.

C’est donc ça, la leçon des attentats de Charlie Hebdo, icône de la liberté d’expression malgré lui ? Plus de censure ?

Nous basculons dans un système qui ressemble de plus en plus à une adaptation de « Minority Report », bien plus dangereux que le « Big Brother » que nous avons l’habitude de croiser dans quelques articles çà et là.

Un terroriste, quelqu’un qui a déjà basculé, sait très bien ce qu’il fait ou va faire. Il est pleinement conscient de ses envies et de ses actes, ce n’est pas un arsenal législatif qui va l’arrêter. La seule conséquence directe de tout ceci, c’est qu’il parlera là où il n’est pas observé. L’état aura perdu, et proposera alors un nouvel arsenal législatif encore plus poussé, et ainsi de suite… et pourquoi ne pas proposer d’interdire tout simplement le chiffrement de l’ensemble des communications ?

A forcer dans cette direction, l’état devient lui-même son ennemi et tout ce qu’il combat : un dictateur en herbe, ennemi de la liberté d’expression et potentiel ennemi d’Internet.

Alors, est-ce que l’état devient un état sécuritaire ?

Selon moi, c’est bien parti pour. Tout est là. L’exécutif qui prend le pas dans le difficile équilibre entre les pouvoirs, le législatif qui réagit à coup de mesures d’urgences et exceptionnelles qui deviennent la norme et judiciaire qui perd son sang froid. Tout y est.

Bien évidemment, tout ceci n’est que mon avis de simple citoyen. Et vous, quel est le votre ?

Angleterre : et si c’était la fin des communications privées ?

C’est l’idée suggérée aujourd’hui par le premier ministre anglais, David Cameron.

Cette réaction fait suite aux drames dans les locaux de Charlie Hebdo, à celui de Montrouge et dans ceux d’une épicerie casher, où les victimes étaient juives.

« Dans notre pays, voulons-nous autoriser un moyen de communication entre les gens, que même dans les cas extrêmes avec un mandat signé personnellement par le ministre de l’intérieur, nous ne puissions pas lire ? »

– David Cameron, premier ministre anglais. –

Dans une société qui prend peu à peu conscience de l’ampleur de la surveillance des communications, cette déclaration fait l’effet d’une petite bombe qui, j’imagine, sera pourtant saluée par de nombreuses personnes.

Ma résolution de 2015, c’est d’écrire le plus souvent possible avec la tête froide, nous allons donc analyser les propos du premier ministre anglais.

Dans un monde « post-Snowden » où de plus en plus d’entreprises chiffrent directement leurs communications et celles de leurs clients, cette déclaration est brutale. Il faut se demander si les moyens proposés par Cameron sont réellement justifiés et adaptés.

Et, à mon avis, la réponse est non.

Il va de soi qu’il faut faire quelque chose et j’ose penser que vous serez d’accord avec moi. Cependant, cela ne doit pas se faire au détriment de la liberté qu’à chacun de pouvoir chiffrer ses communications afin de protéger un peu ses données personnelles et son intimité.

Nous pouvons également remettre en doute l’efficacité des moyens suggérés par Cameron. La traque aux terroristes, c’est un peu comme le jeu du chat et de la souris : lorsque le chat est assez compétent pour traquer la souris, cette dernière a déjà mis au point une autre technique pour ne pas se faire attraper.

J’ai déjà eu l’occasion de « traquer » des délinquants sur les Internets, des pédophiles aussi, et une chose est sûre : si le fait de chiffrer ses communications devient illégal, les terroristes & Co. iront voir ailleurs, plus loin, plus profondément dans les tréfonds des Internets.

A ma connaissance, la majorité de la population en capacité de protéger ses communications n’a pas l’envie de tuer son prochain, alors pourquoi vouloir appliquer quelque chose d’aussi violent à l’ensemble de ladite population ?

L’Angleterre, et Cameron en particulier, est connue pour sa politique de surveillance extrêmement étendue et, pour être moi-même anglais, je sais exactement de quoi je parle. La surveillance, c’est un des fers de lance de Cameron, comme ça l’est pour Nicolas Sarkozy ici.

Dans les faits, Cameron « surfe » sur un acte assez rare dans « notre bonne vieille Europe » et odieux pour justifier des choses qui, normalement, ne pourraient pas arriver. Il profite de l’instant et sans doute de l’émotion pour proposer le pire car, littéralement ou presque, le monde entier est en émoi.

Je doute que de telles déclarations, dans un climat aussi compliqué, soient une bonne chose.

S’il marque un point en déclarant qu’il faut faire quelque chose, sa proposition doit être modérée et analysée avec énormément de recul : Cameron est en campagne, les prochaines élections auront lieu au plus tard avant mai 2015 et David Cameron représentera le parti conservateur, en perte de vitesse face au parti UKIP, très nationaliste.

Cameron n’hésitera d’ailleurs pas à déclarer que « ceci arrive dans des cas extrêmes », alors que dans un même temps les lois anglaises sont extrêmement intrusives, sans pour autant être efficaces.

Résumons donc : Cameron a fait une déclaration, il souhaite interdire le chiffrement des communications, au titre de la protection de la nation. Ses déclarations font suite à des attentats et il « profite » de l’instant pour proposer quelque chose de totalement incohérent et disproportionné.

Espérons que ces déclarations ne restent que des déclarations… déclarations que vous pouvez regarder ici (en anglais)

Troublantes déclarations.

Dans un billet, que vous pouvez retrouver ici (et dont mon titre s’inspire), Guillaume Prieur, le directeur des affaires institutionnelles et européennes de la SACD, s’est amusé à comparer le Front National et les bidouilleurs, hackers, amoureux du libres, de la neutralité du Net, j’en passe encore et encore.

Je vous recommande la lecture de son truc, billet, machin, torchon indigne d’un homme que j’imagine intelligent.

L’affreux s’amuse donc à trouver des liens et à tirer des conclusions un peu trop hâtives et nauséabondes : une convergence entre le FN et les « défenseurs acharnés de la liberté sur le Net ».

Beaucoup diront qu’il ne faut pas réagir à des propos aussi crasseux, qu’ils ne sont dignes d’aucun intérêt, tout comme son auteur, mais je crois que c’est une erreur de ne pas souligner les propos dudit Monsieur Prieur.

Nous allons donc décortiquer un peu son billet et lui offrir une réponse bien plus argumentée et respectueuse, même s’il n’en vaut pas vraiment la peine.

Pour commencer, l’auteur explique que les « défenseurs acharnés de la liberté du le Net rejoignent l’extrême-droite europhobe dans leurs propositions sur la politique numérique et le droit d’auteur. ».

Première remarque, ces défenseurs acharnés étaient là bien avant cette extrême-droite pour défendre la liberté sur le Net.

Deuxièmement, ce que déclare l’auteur est d’une bêtise sans nom. Le Front National milite pour l’exception culturelle française, ils militent d’ailleurs pour tout ce qui est français, bien français, SACD y compris. Il suffit d’aller lire le programme du F.N pour le savoir, cet exercice devait manifestement être plus compliqué que la rédaction d’un torchon.

Ensuite, l’auteur cite des propos du Front National sur l’extension de la redevance audiovisuelle, ACTA, la neutralité du Net & Co. et, ce qui fait mal, c’est que le Front National déclare effectivement la même chose que ceux qui défendent Internet et le Web.

Est-ce qu’il le déclare pour les mêmes raisons ? Certainement pas.

Le Front National s’oppose à tout ceci car Internet est un terrain fertile pour lui, moins muselé justement, que le P.A.F. Il s’est opposé à ACTA car c’est une perte de souveraineté, chose parfaitement inacceptable pour ce parti. Il milite en faveur de la neutralité du Net parce qu’il sait qu’il peut toucher un public que les autres partis ne touchent pas. Il souligne une vérité, le fait que les autres partis politiques travaillent pour des groupes d’intérêts et non pour l’intérêt général.

Et c’est là le plus grand malheur : il n’y a que le F.N qui s’oppose, qui s’est opposé à ACTA et qui déclare être pour la neutralité du Net, les autres ne sont pas là, pas au rendez-vous, ils laissent au F.N tout le loisir de récupérer ces idées là et d’en faire les siennes.

Monsieur Prieur, j’ai d’abord pensé que vous n’étiez qu’un vulgaire con, mais non. Un con ne devient pas directeur des affaires institutionnelles et européennes d’un groupe comme la SACD, et entendez mon effort pour être le plus respectueux possible.

Vous n’êtes pas un con, non, vous êtes sans doute intelligent, très même, assez pour faire réagir et donc assez pour qu’on parle de vous, de votre billet infâme et donc assez pour exposer vos arguments et pour semer un trouble assez malsain.

Vous êtes doué d’intelligence, donc, mais vous l’utilisez pour faire n’importe quoi, et je ne parle que de vos déclarations.

Je suis d’ailleurs au regret de vous annoncer, monsieur Prieur, que vous utilisez une technique de communication du Front National assez vulgaire : le Sophisme. Proche du syllogisme et pourtant parfaitement faux

Exemple :

Tous les chats sont sur Internet.

Or, je suis sur Internet

Donc, je suis un chat.

Reprenons avec votre exemple

Le Front National défend Internet

Or, je défends Internet

Donc, je suis pour le Front National

… Ais-je réellement besoin d’expliquer à quel point de raisonnement est faux, complètement stupide et malsain ?

Si nous continuons sur cette lancée, Google, Facebook et les autres grands qui déclarent défendre cette neutralité, ils sont pour le Front National aussi, non ?

Vos propos sont là pour dire que, parce qu’un groupe A défend quelque chose et que le groupe B défend la même chose, alors que groupe A et le groupe B sont pareils, la réponse est non.

Et c’est la seule motivation de ma réponse, ici, la seule chose qui soit digne d’intérêt. Vos propos servent la confusion et sont au mieux déplacés, au pire abjects… et, parce que vous êtes intelligent, vous avez choisis ces propos, vous avez sans doute mesuré chaque mot, vous vous êtes assuré que la tournure était bien celle que vous cherchiez ?

Ou alors vous avez décidé d’écrire ça « comme ça », et c’est triste pour vous. C’est d’autant plus triste que vos propos servent le Front National un peu plus encore, ce qui n’est pas utile par les temps qui courent.

Je pense que votre égo, en témoignent les différentes réponses adressés sur Twitter, fait que vous allez lire ce billet, je vous préviens donc, n’espérez plus aucune réponse de moi, je crois vous avoir déjà consacré bien trop de temps.

Bref, monsieur Prieur, je ne vous dirai pas que votre torchon est un ramassis de raccourcis assez malsains, qu’il dessert votre cause déjà perdue, qu’il vous dessert, vous, vous faisant passer pour plus stupide que vous n’êtes.

Je ne vous dirai pas tout ceci, non, ni ne vous dirai que vos réponses lors de nos quelques échanges démontrent une assez mauvaise foi, que je regrette car j’aurais aimé pouvoir parler avec vous, vous avez manifestement décidé que le troll était plus facile que l’échange, soit.

Je ne vous dirai pas, enfin, que c’est par vos actions que le Front National se pose en garant de nos libertés sur Internet, ni que vous utilisez la même stratégie de communication qu’eux.

Non, je vous dirai simplement : c’est triste. Triste de ne pas pouvoir échanger plus sérieusement que trois fois 140 caractères où vous passez pour un con, je suis certain que vous pouvez faire mieux, enfin, j’espère.

A l’avenir, réfléchissez avant d’écrire, et acceptez les critiques sur vos déclarations, plutôt que de les fuir.

Petite précision : le billet est enregistré, on ne sait jamais….

La folie.

J’étais parti pour ne rien faire, ne rien écrire, en cette soirée du 25 mai, puis … finalement, bah si. Comme beaucoup je pense, j’ai remarqué les scores présentés par les médias sur les résultats aux élections européennes, le score est sans appel, l’extrême droite sort forte de ces élections européennes, et pas qu’en France.

Je vais sans doute revenir sur ça, mais plus tard, à tête reposée.

Pour l’instant, je voulais juste vous montrer un petit quelque chose :

Lorsque le Front National est passé au second tour, il y a fort longtemps, nos formations politiques se sont empressées de déclarer :

« Nous comprenons le peuple français, assez de cette politique dont notre peuple ne veut plus. Nous devons nous interroger et connaitre une réelle transformation, de fond, au sein de notre parti <insérez le nom d’un parti au choix> »

Puis, aux dernières élections municipales, lorsque le F.N est passé avec plus de force qu’à quasiment n’importe quelle élection, toujours selon les médias hein, nos formations politiques ont répondu :

« Nous comprenons le peuple français, assez de cette politique dont notre peuple ne veut plus. Nous devons nous interroger et connaitre une réelle transformation, de fond, au sein de notre parti <insérez le nom d’un parti au choix> »

Puis, enfin, arrive cette soirée du 25 mai 2014, lorsque les premiers résultats tombent et annoncent que l’extrême droite éclate tout, surtout en France où elle fait un score de 25% des votants (le second pays est le Danemark, avec 23% et le dernier à l’heure actuelle est la Grèce avec 12%)

Nos politiques nous rabâchent la même chose depuis que je suis en âge de voter, sans doute depuis plus longtemps encore : à chaque échec, à chaque élection, nous avons le droit au même discours, démonstration :

http://t.co/zmIXAquR6u

Venons-en directement à la conclusion, si vous le voulez bien.

Chère politique, est-ce que dans ton planning, tu as prévu, un jour d’arrêter de nous prendre pour une bande de cons ?

La « majorité » déclarera qu’elle doit tirer des enseignements de tout ceci, l’opposition déclarera que c’est de la faute de la majorité, le parti lésé des dernières élections déclarera qu’avec eux, cela n’aurait pas été la même chose et…. en attendant… l’extrême droite, le Front National, continuera de faire son petit bout de chemin.

Ah, et bien sur, c’est à cause de l’abstention tout ceci, il ne faudrait quand même pas trop se remettre en question, n’est-ce pas ?

Nous faisons face à un discours rodé, démultiplié par des gens qui appliquent la même politique qui ne marche plus depuis des années… et ce sont ces gens-là qui déclarent qu’il faut tirer des leçons de ces résultats ?

A ces gens-là, je déclare la chose suivante :

« La folie, c’est se comporter de la même manière et s’attendre à un résultat différent. » – Einstein.

Vous voulez faire changer les choses : changez.

Canal plus en veut plus que les autres.

Présent au festival de Cannes, Canal Plus vient de se faire remarquer, lors d’un colloque organisé par la SACD.

En effet, le directeur général de la chaine Canal+, M. Belmer, a déclaré : « Une concurrence déséquilibrée est en train de s’établir en termes fiscaux, en termes d’obligations, en terme de masse et d’investissements »

Ces propos visent directement Netflix, la grosse bête noire de nos bons vieux systèmes de diffusion de contenu français, comme Canal.

Pour le directeur général de la chaine, « il faut créer des avantages compétitifs pour des acteurs comme nous » …

Traduction : nous sommes un groupe français, il ne faut pas que l’autre méchant qui n’est pas français vienne nous piquer notre parc de clients.

Enfin, il déclarera « il faudrait qu’un acteur comme nous soit favorisé pour accéder aux fils du téléphone. Il faudrait que ce soit plus facile pour nous d’amener nos programmes avec une bonne qualité de débit. »

Alerte, atteinte aux principes de la neutralité du Net détectée.

Pour rappel, un des principes de la neutralité du Net précise qu’un paquet de données ne doit pas être favorisé par rapport à un autre paquet, d’où qu’il vienne et où qu’il aille.

Manifestement, Canal+ est donc contre cette neutralité et ce même si le directeur général déclare « nous ne sommes pas contre la neutralité du net ».

Dans les faits, Canal+ souhaite faire prioriser son trafic afin d’être en capacité de fournir une bonne qualité vidéo, le groupe songe donc à un deal avec les fournisseurs d’accès, afin d’être priorisé.

Seulement voilà, Canal+ sait que ça, c’est un arrangement, quelque chose qu’un F.A.I n’est pas obligé d’accepter. Un F.A.I peut très bien refuser cet accord, demander plus d’argent, ne pas avoir un niveau assez satisfaisant pour Canal … et c’est pour ça que Canal souhaite passer par la voie législative pour contraindre les F.A.I à le faire.

Alerte, cette idée et l’éventuelle proposition de loi derrière sont dangereuses.

Dangereuses pour deux raisons. La première concerne évidemment la situation de Canal Plus. Favoriser un acteur comme ça est une atteinte claire, selon moi, aux principes de la Neutralité du Net.

La seconde raison, c’est ce qui pourrait découler de ce genre de loi ou de demandes. Une énième fois, légiférer dans ce sens ne peut qu’entrainer d’autres acteurs à demander la même chose, à étendre les groupes qui pourront utiliser cette loi et, au final, dégommer encore un peu plus ces principes de neutralité qui font du Net ce qu’il est aujourd’hui.

C’est donc, toujours selon moi, une idée qui doit rester une idée.

Dernier petit constat : les acteurs français ne s’adaptent toujours pas, ils préfèrent venir pleurer et crier au scandale que de changer leurs méthodes, c’est dommage.

Source :