Enfumage politique en approche. #Municipales2014

Un jour, quelqu’un m’a dit qu’il était mauvais d’écrire en étant énervé. Cette personne a sans doute raison mais On va faire une exception pour ce soir.

J’ai, comme beaucoup d’autres citoyens, observé le résultat du premier tour des élections municipales en France et il faut avouer que le constat ne fait guère plaisir à voir.

L’UMP est en baisse, le PS est en baisse, le FN monte trop encore, bref, tout ça vous le savez déjà.

Nous passons dans la campagne du second tour, cet instant délicieux où, pour une fois, vous existez aux yeux des candidats. Vous savez, cet instant où ils sont capables des meilleures promesses ou des pires saletés du monde juste pour grappiller nos voix.

Ils vont vous écouter, vont vous promettre des merveilles, un programme excellent et, comme depuis bien trop longtemps, des promesses qui ne seront pas respectées.

Car c’est bien là le problème : les paroles n’engagent que ceux qui les écoutent et les promesses ceux qui y croient. Et nous savons ce qu’elles valent : pas grand-chose.

La gauche et la droite sont dans le même bateau : les deux ont eu l’occasion de faire n’importe quoi de gouverner et de montrer au monde entier qu’ils étaient capables promettre de belles choses sans pour autant les réaliser.

Puis viennent les résultats… et l’espèce de pugilat qui va avec :

« Ok, nous avons fait des erreurs… mais c’est surtout de la faute du groupe $insérez_ici_ce_que_vous_voulez »

« C’est de la faute à la politique d’avant et au camp d’avant »

« Je ne comprends pas comment c’est possible, le parti adverse devrait se poser des questions »

Et, cerise sur le gâteau : « Say d’la fote aux à ceux qui n’ont pas voté. »

Pardon mais… Bordel, les politiques qui déclarent ça, il vous faut quoi hormis un gros taquet dans la tête pour commencer à vous poser des questions ?

Vous faites tout à l’envers, là. Plutôt que de taper sur l’abstentionnisme, ne pouvez-vous pas vous demander pourquoi à chaque élection il y en a de plus en plus ?

Plutôt que d’aller taper les vilains méchants de l’autre côté, ne pouvez-vous pas, pour une fois, vous poser des putains de bonnes questions type « Ok, qu’avons-nous mal fait ? »

Quand l’UMP critique le PS sur sa politique, moi, je vois un parti de gamins se chamailler pour savoir qui est le plus fautif dans l’affaire. Ce n’est pas ça dont nous avons besoin. Il en va de même dans l’autre sens.

Quand chacun des deux parti s’accorde à dire que la montée du FN est un problème, il n’y a personne qui s’interroge sur les raisons de cette montée, chacun préférant renvoyer la faute à l’autre camp…

Mais bordel, vous avez quel âge ? On apprend aux enfants à assumer leurs erreurs, même au Parti Pirate Français ils le font </troll>. J’ose espérer que ça fait partie du programme de l’ENA.

D’ici peu, vous allez revenir avec la bonne vieille « politique à papa », celle qui consiste à nous enfumer la tête avec des mirages : emploi / crise / barrage au front national …

Tu veux que je vote pour toi, alors :

  1. Arrête de me prendre pour un con
  2. Arrête de promettre des choses sans rien faire derrière
  3. Arrête de penser à moi seulement lors des élections
  4. Assume un peu tes erreurs, par pitié
  5. Sois exemplaire, pas de scandales à la con, pas de volteface sur les engagements que tu as pris (coucou le PS de l’opposition et le PS de maintenant)
  6. Ne tape pas sur le voisin, fait mieux que lui.

Tu ne veux pas que le FN passe ? Moi non plus, seulement, ce n’est pas en tapant tous azimuts que tu vas me donner confiance en ton parti.

Déclarer qu’il faut voter pour bloquer le FN, ce n’est pas un programme, donne-moi envie de voter pour toi putain, c’est quand-même pas compliqué, si ?

Le jour où toi, politique qui, peut-être, est en train de lire ce biller plein de tristesse, de rancœur et de haine, tu seras honnête avec moi, alors peut-être que tu auras le privilège d’avoir ma voix.

Oui. Le privilège. Parce qu’il faut bien te mettre un truc dans le crâne : je n’ai pas besoin de toi, c’est toi qui a besoin de moi.

Vous qui lisez ceci, si vous partagez ce point de vue, faites-le savoir à votre candidat (et si vous votez Front National, pardon mais… cassez-vous).

Hey @ladepeche_fr Un article = des faits.

Je viens de tomber sur un billet du site ladepeche.fr [MAJ : modification du lien pour mettre le lien du cache Google, le site ayant supprimé la news, une modification prochaine mettra le contenu à disposition depuis ce site].

L’article, si on peut nommer cela ainsi, est une représentation de ce qu’on nomme la culture du viol. En résumé, une femme a porté plainte pour viol suite à des attouchements et l’article s’efforce de démontrer que c’est sa faute.

Très clairement, j’accuse ce site de faire un truc complètement merdique, nauséabond et de participer à cette culture du viol. Et histoire de bien faire la part des choses, j’ai repris l’article avec les faits énoncés, qu’on comprenne bien.


C’est une affaire qu’a eu à juger mercredi le tribunal correctionnel d’Agen que présidait Ludovic Pilling. Un couple de jeunes gens décide de se séparer. Comme beaucoup de couples, ils avaient déjà couchés ensemble.

Un soir, la jeune femme vient voir le garçon à son domicile, ils passent la soirée ensemble, boivent et fument un peu. La jeune femme fatiguée annonce qu’elle va dormir et se dirige vers le lit.

Quelques instants plus tard, le garçon le rejoint et se dit : « elle est dans mon lit donc c’est qu’elle veut qu’on fasse l’amour, sinon elle serait allée ailleurs, donc même si elle veut pas, en réalité, elle veut. »

Il s’approche donc de la jeune femme et tente de glisser sa main entre ses cuisses. Elle hurle, se défend et lui porte un coup de genou entre les cuisses, mettant le jeune garçon hors d’état de nuire.

La jeune femme quitte la chambre, se dirige vers la porte, constate qu’elle est fermée à clef et hurle, c’est une séquestration. La garçon lui ouvre, la fille s’en va et, le lendemain, porte plainte pour viol.

Une enquête sera ouverte et le parquet, investigations achevées, décidera qu’il n’est pas utile de renvoyer l’affaire devant le tribunal. Il décidera le classement de l’affaire et procède à ce que l’on appelle «un rappel à la loi».

La jeune femme fait valoir ses droits et fait appel de la décision. Le parquet va donc revenir sur l’affaire, qui n ‘est pas encore jugée. L’avocate de la jeune femme demande 7000€ (ndlr : le motif n’est pas indiqué).


Je vous invite à lire les deux versions, pour bien saisir le problème (le mien n’est pas exempt de fautes, signalez-les dans ce cas).

La tournure de l’article, les propos employés (« Ni l’un ni l’autre n’étaient donc des perdreaux de l’année. », « elle va carrément dans sa chambre », « Il glisse sa main vers le jardin secret », « C’est-à-dire qu’il admoneste le garçon » c’est une minimisation des faits, « n vrai réquisitoire de cour d’assises en accablant le garçon » c’est une minimisation des faits) et le ton général de l’article ont de nauséabonds qu’ils minimisent les faits et tentent de faire du garçon une victime.

Sauf que la victime, c’est celle qui était partie dormir, qui n’a rien demandé à personne et qui se retrouve avec un mec en train de lui coller une main entre les cuisses, pas l’inverse. Même si c’est son ex, même si alcool et pétards, même si « insérez ce que vous voulez ici. »

Bref, votre billet reçoit la validation suivante :

Fiction ? Episode III

Il est préférable d’avoir lu l’épisode II pour comprendre ce billet.

Rapport de réseau - AYBABTU - 29-12-2018

Classification "très secret"

Archivage dans 7 heures

Archives AYBABTU classifiées « archive incommunicable » - L 2008-696

Rapport activité

Sujet : Paul Colog

Age : 19 ans

Raisons : suspicions d'appartenance à un
groupe terroriste orienté contre la présidence.
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Rapport journée du  29 décembre 2018

Conclusions : Comportement suspect détecté.

Raisons : Détection trajet inhabituel par réseau caméras de surveillance. 14 minutes de retard au réveil et utilisation luminaires. Information réseau Linky.

Réseau Nest – compagnie Woogle : Prise d’un café au lieu d’un thé.

Comportement inhabituel : Passage dans la chambre, confirmé par le réseau Linky.

Sujet tente d’éviter les lieux d’écoutes, n’a pas son téléphone avec lui. Capteur thermique défectueux dans détecteur de fumé obligatoire, confirmation présence du suspect dans salon : KO

Activation mesures d’urgences : contrôle micros, poubelles, systèmes Woogle Nest, activation de l’ensemble des capteurs de présence. Présence sujet confirmée dans salon, comportement suspect, sujet ne regarde pas la télévision.

08h02 Demande pistage – procédure standard, sujet ne se comporte pas comme d’habitude, signes suspects détectés, sujet sort du domicile à heure classique + 12.

Demande automatique accordée.

08h15 Caméras de surveillance indiquent « Sujet n’a pas pris trajet habituel – détection de 14 caméras, évaluation : danger potentiel détecté.

08h16 Arrivée lieu de travail – heure  classique + 16 minutes – démarrage interception Macrosoft – Air’droid – Woogle

Aucune anomalie détecté. Individu se maitrise.

17h02 Perte signal de l’individu,

Retour des sondes :

Scan biométrique : KO
Scan panneaux publicitaires :  KO
Scan caméras, distributeurs banque, réseaux tiers : KO
Scan caméras lampadaires : KO
Scan fréquences mobiles, géolocalisation : KO

17h08 alerte de réseau caméra : « individu détecté en bordure réseau »

Sujet pénètre en zone non couverte.
Fin de rapport journée.
-- Rapport data AYBABTU --

Activités détectées

07h14 – allumage lumière salle de bains

07h21 – démarrage machine – sélection café noir – activité anormale.

07h30 – aucun signal micro, signalisation AYBABTU sur capteur thermique défectueux

08h01 – fermeture porte

20h02 – ouverture porte

20h02 – allumage luminaires salons

20h08 – démarrage ordinateur

20h11 – démarrage navigation

20h12 – vérification e-mails sur partenaire Woogle, connexion chiffrée, récupérations metadonnées

ouverture mail.
  • Expéditeur « Franck »
  • Sujet : « l’autre conne »
ouverture mail.
  • Expéditeur  « vente-exclusives-destockage@utbabya.com »
  • Sujet : « Profitez d’une offre exceptionnelle sur les détecteurs de fumée dernière génération ! »
ouverture mail
  • Expéditeur « D. Chaumriet – votre médecin traitant »
  • Sujet : Votre bilan médical

20h25 – démarrage de connexion chiffrée, attention données partielles :

Ouverture site
  • rapport Woogle.fr recherche – recherche indisponible — contournement engagé —
ouverture du site + contournement chiffrement
  • rapport woogle analytics / woogle : recherche trouvée
    • Recherche effectuée « Soigner HSV type 1 »
ouverture site
  • combattreherpes.info
    • temps passé en minutes : 10
ouverture site
  • combattreherpes.info/herpes-genitale
    • temps passé en minutes : 20
ouverture site
  • votremedecin.com
    • temps passé en minutes : 1
ouverture site
  • votremedecin.com/recherche?=lieu+Paris+11ieme+specialise+HSV
    • temps passé en minutes : 9

21h05 Réception S.M.S

« Monsieur Colog, nous vous confirmons votre rendez-vous avec le docteur Chaumriet le 2018-01-30 17:00 pour soigner : HSV. Votre service médical. »

21h10 Ouverture du réfrigérateur – alerte réseau sur manque de produits

Situation anormale détectée

21h15 Appel pour commande de pizza

21h55 individu s’endort dans le canapé

-- Fin de rapport --

Fiction ? Episode II

Paris, 28 décembre 2018

[…]
Au même instant, dans le salon de Paul …

« Mais, pourquoi il me fait un écran noir ce téléphone encore ? »

Il faut avouer que depuis l’avènement des smartphones, coller quelqu’un sous écoute c’est simple et presque invisible. Les constructeurs de ces petits objets ainsi que les systèmes d’exploitation qui tournent dessus embarquent déjà des solutions d’écoute et de géolocalisation, c’est à peine visible, le temps d’un écran noir ou d’un sms fantôme et le tour est joué.

Il y a quelques années, ça passait assez mal ces trucs-là, la surveillance, l’écoute… Alors pour faire taire les critiques, des logiciels à destination des utilisateurs avaient vu le jour, ils permettaient de retrouver son téléphone perdu ou volé, de l’écouter, de le bloquer à distance, de récupérer les messages et même de le reformater à distance.

Il avait suffi de donner ces outils de surveillance à des citoyens lambdas, de remplacer « surveillance » par « protection » et le tour était joué.

Depuis, une autre révolution était arrivée : celle des objets connectés. Paul en était fan. Dans son appartement, on comptait deux ordinateurs, un téléphone, une console, des cadres photos connectés qui faisaient défiler des photos facebouc, une webcam, le système de reconnaissance de la console, une ligne internet et bien d’autres choses, de petits objets de rien du tout ça et là, des poubelles connectées pour faire des concours de tri avec ses amis, un frigo connecté pour faire des commandes de courses depuis le frigo, un cendrier pour afficher sur Internet la fierté de Paul : troisième jour sans tabac. Enfin, nous pouvons parler de ses vêtements connectés, de la machine à café et d’à peu près tout dans son appartement.

L’avènement de ces objets connectés était une aubaine pour les membres d’AYBABTU, le réseau de surveillance du gouvernement. Afin de protéger l’opinion publique, le peuple et la nation contre toute menace intérieure ou extérieure, le gouvernement avait opté pour une surveillance généralisée de tout objet connecté à Internet. Dans un climat de menaces terroristes, cette nouvelle fut assez bien accueillie.

Depuis cet instant, le temps d’un clic et le tour est joué.

Sans parler des mails, des sites que Paul consulte, de ses transactions bancaires, des caméras de surveillance qui ont maintenant ordre de transmettre chaque image de Paul, où qu’il se trouve et d’alerter le réseau en cas d’absence …

« Ah, bah c’est pas trop tôt ! », déclara Paul à son téléphone qui venait enfin de lui redonner la main.

De l’autre côté de Paris

«  – Agent 12 au rapport, monsieur.
– Tout est bon ?
– Procédure classique, comme vous l’avez demandé. Tout est bon, du téléphone aux poubelles écologiques en passant par le compteur Linky. On va savoir à quelle heure il se lève, quand il prend sa douche, quand il déjeune et même quand il sera aux toilettes, et…
– C’est merveilleux la technologie, n’est-ce pas ?
– Tout à fait monsieur. Son linky va nous envoyer toutes les informations du réseau électrique, c’est un petit bijou de technologie française.
– J’n’aurais pas mieux dit !
– Monsieur ? Rajouta l’agent 12 d’un ton un peu hésitant, quand même, c’est vraiment nécessaire toute cette surveillance ?
– Oseriez-vous remettre en doute l’existence même d’AYBABTU ? La nation, c’est AYBABTU, AYBABTU c’est la nation, elle nous protège, il nous protège. Des autres. De nous même, de votre voisin et peut-être de vous !
– Je sais, monsieur, mais il se trompe parfois, souvenez-vous de …
– Agent 12, qu’est-ce qu’une ou deux erreurs face à des millions d’éventuelles réussites ? La réponse est simple : des dommages collatéraux. C’est tellement efficace que les citoyens ne s’en soucient même plus, ils vivent avec, grandissent avec et savent ce qu’ils ont le droit de dire ou non, de qu’ils ont le droit de faire ou non et ce qu’ils sont en droit de penser. C’est l’avenir.
– Oui, monsieur. Le dossier Paul Colog sera sur votre bureau demain, à la clôture en fin de journée. »

De l’autre côté de la capitale, Paul, l’oreille collée à son téléphone, désespère d’avoir Frank au téléphone.

« – Ouais ?
– Ah bah enfin, putain t’es long à décrocher !
– Pardon, on a des brouilleurs à la maison, fallait que je bouge.
– Bon bref, qu’est-ce que tu voulais me dire tout à l’heure ?
– De faire attention…
– A quoi ? Aux vilains renseignements généraux qui sont en train de m’écouter parce que j’ai osé dire que la présidente c’est qu’une vilaine méchante et que t’as répondu que tu voulais la buter ? Bon sang Frank on est en démocratie la France c’est pas l’Angleterre !
– Plaisante pas avec ça, vraiment, j’ai vu des mecs avoir des ennuis et d’autres qui ont fait d’la GAV pour moins que ça.
– T’es vraiment parano mec, ça te réussit pas d’être coupé du réseau.
– Bon, laisse tomber, t’es con ce soir, on en reparlera plus tard.
– Ouais, si les hommes en noir m’ont pas flashouillé la tête avec leur truc pour effacer la mémoire.
– T’es con.
– Non mais ça va, j’plaisante c’est bon t’énerve pas.
– Non mais laisse, bonne nuit. »

P’tain, autant il est adorable, autant il est parano parfois. Pensa Paul, convaincu d’avoir un ami un peu fou.

« Ah là là, ce Frank, c’est qu’il va finir par me rendre parano un jour. »

Avant d’éteindre son écran, le capitaine du groupe d’intervention d’AYBABTU affichait un grand sourire. Ravi de la conversation écoutée, il n’avait plus qu’une seule chose en tête : le rapport de demain soir.

« Je sens qu’il va me plaire, ce Paul. »

Fiction ?

Paris, 27 décembre 2018

Les cadeaux sont rangés, branchés, installés. Dans son salon, Paul, 19 ans, contemple la pléthore de présents offerts par sa famille. Il aime Noël depuis toujours. Fils unique, il sait qu’il sera comblé chaque année et les fêtes, il y a quelques jours, en sont la preuve : une M Box Two, un I Pomme ainsi qu’une liseuse Komo, offerte avec des livres disponibles dans le cloud de la Snack, une puissante entreprise de divertissement.

« La M box sur l’écran, alors, où il est c’te branchement ? » Paul ouvre le manuel, passe les 130 pages de droits à la propriété intellectuelle, « pour une fois ils font light, c’est pas mal », dit-il d’un air étonné.

« Donc, c’te câble là ici, le Vinect, qu’est-ce qu’ils disent dessus ? »

Branchez le Vinect à l’arrière de la M Box, le Vinect doit être dans un endroit donnant un champ de vision complet, de préférence silencieux afin de vous faire profiter d’un fonctionnement optimal et est obligatoire pour faire démarrer la M Box. Veuillez noter qu’en utilisant M Box et Vinect, toutes les informations captées feront l’objet d’une analyse par les serveurs de Macrosoft, afin de créer une expérience unique et immersive.

« Donc, ce truc va ici, j’vais l’coller là, ça donne sur tout l’salon, ça s’ra pas plus mal. Reste plus qu’à allumer le tout ! » Un halo rouge fit son apparition sur la console et Paul se rua vers l’écran pour jouer.

« Veuillez accepter les termes des conditions générales d’utilisation de M box de Macrosoft ci-dessous. Bla bla t’façons si j’veux jouer j’ai pas l’choix, la suite là! Allez connerie de machine ! »

Un message apparaît à l’écran.

En raison d’insultes proférées, la console va s’éteindre pour une durée de deux heures.

«  Quoi ! Mais c’quoi c’bordel putain ? On peut plus rien dire chez soi ? »

Un second message apparaît à l’écran.

En raison d’un comportement anormal et très violent, l’accès au M Box live vous sera refusé.

Paul sait que s’il laisse exploser sa rage, la console va l’entendre et le bloquer, alors il se tait et s’efforce de sourire à la caméra du Vinect, puis pose la manette et s’en va.

Paris, 28 décembre 2018

« J’te sers une bière Franck ?
– Ah ouais, tiens ! Ah au fait Paul, ça donne quoi ta console alors ? »

Paul sort de la cuisine et entre dans le salon, une grande pièce aux murs rouge et noir assez lumineuse, pose les deux bières sur le minibar qui fait l’angle entre la cuisine et le salon, et vient s’asseoir dans le canapé massif qui siège face à l’écran de télévision.

« Tu vas rire…
– Bah raconte !
– J’ai pas osé m’en servir, je me suis énervé dessus hier et elle m’a entendu, je suis bloqué sur le M Box live, on pourra pas jouer ensemble, j’suis désolé…
– Attends, t’es en train de me dire que ta console t’a entendu et t’a limite puni quoi, c’est ça ?
– Bah, ouais…
– C’est de pire en pire put..
– Non ! Dis pas ça on sait jamais, elle pourrait nous entendre.
– C’est flippant ton truc Paul, sérieux, c’est de pire en pire.
– De pire en pire ?
– Ouais justement j’voulais te voir pour parler un peu de l’actu, j’sais que t’es dans ton monde alors j’te tiens informé quand même », lui répondit Franck avec un sourire moqueur.
– Bah go, je t’écoute.
– La réforme de la LPM, tu sais, la loi de programmation militaire, ce truc qui a déraillé en 2013 quand c’était pas encore Le Men présidente ?
– Euh ouais, vaguement… ils en parlaient sur Facebouc mais j’ai pas payé mon option à mon opérateur ce mois, j’y ai pas accès.
– Ouais, bah figure toi que maintenant, ils ont le droit d’accéder à tes informations numériques tout court, à tout ce qui est numérique chez toi, dans le but de protéger la nation et pour la sécurité nationale comme ils disent.
– Bof, c’est pas grave, j’ai rien à cacher moi tu sais.
– Bah ça, tu vois, on sait jamais.
– Ouais mais non, ils peuvent bien lire mes mails j’m’en tape.
– Comme tu veux. Bref, on passe à autre chose parce qu’on va pas être d’accord là. »

Ils parlèrent des études, de la petite amie de Paul, de leur belle histoire qui durait depuis qu’ils étaient enfants, elle allait bientôt avoir ses 18 ans et Paul ne trouvait pas de cadeau pour lui faire plaisir.

« T’as qu’à lui offrir un diner aux chandelles maison, c’est plutôt agréable, sympa, pas trop cher en plus !
– Ah ouais, adjugé, bon j’vais aller réfléchir à c’que j’vais faire alors, tu vas faire quoi toi ?
– Bah, tu sais, ma famille et moi on reste discrets, depuis qu’on a voté contre l’autre conne, on a des ennuis et je pense qu’elle en est responsable.
– Elle est présidente tu sais, j’pense qu’elle a autre chose à faire, même si elle le fait mal et qu’elle est complètement débile, c’est vrai.
– J’te jure, si j’la vois celle-là, un jour, j’crois que j’la… bref. J’t’appelle et on en reparle après, ok ?

Une fois Franck parti, Paul retourna dans la cuisine, embraqua les deux bières et les jeta dans la première poubelle venue, qui lui refusa les bouteilles, la caméra ayant détecté que c’était du verre et non du plastique.

Au même moment à l’autre bout de Paris, un homme est en train de slalomer entre les bureaux du 27ième étage d’une tour d’affaires.

« Monsieur ! Monsieur !, s’exclama l’homme, nous avons une alerte !
– Du calme agent 12, du calme, qu’est-ce qui se passe ?
– Un homme, Franck Mabone, il fait partie d’une famille opposée à la présidente.
– C’est déjà un problème mais on les surveille donc qu’est-ce qu’il se passe d’autre ?
– Il était chez une personne raccordée à nos services via Macrosoft, il vient de déclarer « J’te jure, si j’la vois celle là, un jour, j’crois que j’la… bref. » au point d’interconnexion du réseau AYBABTU.
– Faut savoir ce qu’il va lui faire, code rouge, collez-le sous écoute complète, j’veux tout : tv, téléphone, caméras, immeuble, poubelles, frigo, fenêtres, douche, tout !
– Monsieur, il est hors réseau.
– Bon sang, vivement qu’elle soit votée cette obligation de caméras dans chaque pièce ! Collez moi l’autre sous écoute complète alors. »

Au même instant, dans le salon de Paul …
[…]

Never give up

Spoiler : j’enfonce des portes ouvertes.

Ce court billet fait suite à quelques papiers et reportages que j’ai pu voir ça et là sur les tubes. Les tubes, aka Internet, cet endroit mal fréquenté présenté comme un fléau pour le monde entier, oui, celui-là.

Je n’ai pas spécialement apprécié ces reportages et ces papiers, soit parce qu’ils ne sont pas objectifs, soit parce que l’éditing du papier est douteux, soit parce que, comme beaucoup, ils sont anxiogènes et représentent Internet comme quelque chose de mauvais, tout court.

Cependant, je constate un semblant d’amélioration qui me fait dire qu’il faut continuer. Il y a des années, les hackers* étaient présentés comme des gens dangereux, peu fréquentables et rares étaient les médias qui débarquaient pour leur demander un avis. Ironiquement, les médias parlaient des hackers sans jamais aller vers eux. Depuis peu, j’ai l’impression que les choses changent en mieux.

Bien sûr, ce n’est pas parfait, loin de là. Il suffit d’aller chercher le dernier reportage d’Envoyé Spécial pour comprendre qu’il reste encore beaucoup, beaucoup de chemin à faire. Cependant, il y a quelques années, l’existence même d’une partie où ce sont des hackers qui parlent était un rêve.

Bien sûr, il y aura toujours un journaliste qui ira vomir sur Internet. Il y aura toujours des gens pour dire qu’Internet c’est le mal, qu’il est la cause de tous les maux de la terre, que les jeux vidéo sont dangereux et que TOR est le pire des endroits des Internets, du moins, il y en aura tant qu’on regardera ces choses-là sans se sortir un peu les doigts du…bas du dos.

C’est cru, je sais. C’est aussi épuisant de dire encore et encore et encore les mêmes choses, c’est fatiguant de tomber sur des gens qui préfèrent le buzz au détriment des faits et de l’information, mais le meilleur moyen de faire en sorte que ça change, ce n’est pas de ne rien dire.

Je ne suis pas de celles ou ceux qui pensent que l’information est réservée à une élite, peu importe le domaine dont il est question. Je sais également, qu’on le veuille ou non, que les médias de masse ne portent pas ce nom pour rien. Une chaîne ou un journal est toujours majoritaire dans la diffusion de l’information et penser qu’on peut changer ça, c’est se tromper (ou avoir quelques années d’avance).

Donc, si monsieur ou madame « tout le monde » ne sait pas chercher l’information, il faut que l’information vienne à lui, au moins au début.

En résumé, si un jour vous voulez avoir un reportage objectif sur un sujet qui touche de près ou de loin aux Internets, il faut faire en sorte que ça arrive.

hackers* : bidouilleurs, je parle ici des gens qui savent, comprennent et sont capables d’expliquer comment ça marche. Je ne m’inclue pas dans cet ensemble.