Photos piratées et distribution de claques.

Hier, des photos de Jennifer Lawrence et de bien d’autres stars ont été publiées sur le WEB. Ces photos-là ont de particulier que lesdites stars sont nues dessus.

Sur le plan technique, il semblerait qu’un pirate ou un groupe de pirates ait récupéré des données depuis le service iCloud d’Apple et depuis dropbox, un système d’hébergement de fichiers pour celles et ceux qui ne voient pas ce que c’est.

Donc, jusque-là, histoire malheureusement classique… sauf que le traitement médiatique et la pensée puante de ce dernier ne me plait pas, j’ai donc décidé, dans ma grande bonté, de distribuer des claques numériques, un petit cadeau de noël en avance…

Parce que je trouve que le sujet est compliqué à traiter, je vais le présenter sous différents angles, en commençant par l’angle technique.

Sur le plan technique

Nous avons une faille de sécurité sur au moins deux services d’hébergement, ainsi qu’un problème de protection des données, au moins pour le cloud d’Apple…

D’ailleurs, on ne le dira jamais assez mais il vaut mieux faire très attention quand un fournisseur vous parle de « cloud » comme d’une solution miracle, c’est bien trop obscur pour qu’on sache vraiment ce qu’il se passe avec vos données.

Défaut de sécurisation donc, car Apple protège vos données sans vraiment les protéger : les données dans le cloud d’Apple sont chiffrées… mais Apple conserve la clef de chiffrement de vos données, de son côté. Une présentation de tout ceci est disponible chez Reflets [PDF], elle est abordable, bien qu’un peu technique.

Ce problème de protection des données chiffrées dans le cloud Apple n’est pas récent, des cas de piratage de données similaires, à savoir des photos de cul – soyons sérieux deux secondes – existent déjà.

Pour Dropbox, ce n’est pas non plus la première fois – ni la dernière d’ailleurs – que des données sont piratées chez eux, mais je n’ai pas encore eu le temps de creuser et d’avoir des informations sur eux.

Sur le plan technique, toujours, le cloud d’Apple est – corrigez-moi si je me trompe – activé par défaut pour la synchronisation des données du smartphone, le téléphone est protégé par un mot de passe, le cloud par une clef de chiffrement… un utilisateur lambda se dira que c’est amplement suffisant, ce qui est parfaitement normal.

Oui, une star, c’est un utilisateur lambda, oui. C’est juste un utilisateur lambda vachement connu, mais être une star ne donne pas la science infuse, aux dernières nouvelles. Ou alors j’ai loupé un truc avec Nabilla.

Première claque en pleine tête pour Apple, qui est conscient de ce problème de protection des données, sans pour autant agir en mettant en place des moyens décents.

De plus, lorsque vous supprimez des données de votre téléphone, elles restent généralement stockées quelque part dans le cloud… et ça il faut le savoir.

C’est un problème bien plus large qu’Apple, Facebook fait pareil, lorsque vous supprimez quelque chose, ça reste quand même stocké chez Facebook.

A quand une vraie suppression de données ?

Le cul

Le second angle, c’est donc celui des photos dénudées. J’ai vu et entendu beaucoup de personnes réprouver cette pratique, à grand coups de « faut être malade pour prendre des photos de soi à poil ».

J’ai envie de répondre, à ces gens-là, qu’il « faut être con pour penser comme ça », histoire de répondre de la même façon.

Le « sexting », le fait de se prendre en photo à poil pour l’envoyer à une personne, ce n’est pas nouveau, même si ça ne portait pas ce nom avant.

Depuis la nuit des temps, des personnes se représentent à poil pour quelqu’un d’autre. La Venus de Rubens est peut-être une forme d’ancien sexting… et tout le monde s’accorde à dire que c’est une œuvre d’art. Personne ne vient dire que Rubens était un malade obsédé qui faisait des peintures à poil.

Le sexting, c’est juste une adaptation des pratiques aux outils modernes. Avant, il y avait des photos autrement, puis des images autrement, puis des textes, puis tellement d’autres choses… Le sexting fait partie d’un jeu sexuel, c’est donner des envies à une personne, lui dire « regarde, regarde bien, et apprécie », c’est lui confier quelque chose sans avoir la garantie que ça ne sera pas publié sur la toile, c’est donc lui donner un semblant de pouvoir sur soi, et le pouvoir, c’est un pilier de la psychologie sexuelle.

Il n’y a donc rien de malsain dans cette pratique. C’est un jeu sexuel, vous pouvez ne pas aimer, ça ne vous autorise pas pour autant à considérer ses pratiquants comme des détraqués.

Le Slut Shaming

Là, on attaque la partie qui m’a donné envie de vomir. Le Slut Shaming consiste à faire se sentir coupable une femme donc le comportement ou l’attitude seraient jugés déplacés, honteux ou provocants. Ça consiste donc à blâmer une femme parce qu’elle parle, aime ou « pratique le sexe » d’une façon déplacée.

Le Slut Shaming, ça arrive même lorsqu’une femme se fait violer, c’est alors une double peine infligée à une victime. Dire à une femme violée « oui mais tu n’avais pas à te promener en jupe courte, c’était inévitable », c’est lui dire « c’est ta faute, connasse. », alors que ce n’est pas le cas.

Pour recentrer sur le sujet, des articles assez abjects sont sortis, hier. Ces derniers viennent culpabiliser un peu plus les victimes de ces fuites de photos.

Reposons les bonnes bases : ce sont des victimes. Ces photos sont des photos partagées sans le consentement de la personne, à son insu, récupérées par un pirate, c’est donc un viol de l’intimité, de la vie privée. Ces personnes sont donc des victimes, et non des coupables.

On pourra leur reprocher qu’à leur niveau, que de par leur célébrité, il aurait fallu faire plus attention – ce qui n’est sans doute pas faux – mais pas que c’est de leur faute. On pourra aussi imaginer que ces gens-là ont aussi une vie sentimentale, sinon sexuelle, le fait d’être des célébrités ne leur enlève aucun besoin humain, ils mangent, respirent et boivent… et envoient des « photos de cul », font du sexting, draguent, comme beaucoup d’entre nous. Ils sont juste humains, ni des dieux, ni des idoles.

On pourra donc leur reprocher de ne pas avoir pris assez de précautions, à la limite, mais pas leur reprocher la faute.

Cet argument me donne la nausée, c’est la même construction que l’argumentaire pourri qui consiste à dire « si tu t’es faite agresser ou violer, c’est de ta faute, il ne fallait pas être aussi indécente ».

Alors, quand je vois un article complètement abject de Melty, depuis retiré, ou encore un psychanalyste qui déclare «Tant pis pour elles !», je me dis que des grosses claques en pleine tête se perdent aussi.

Ah. Et vous êtes dedans aussi.

Vous, ici, ça représente celles et ceux qui se sont amusés à aller chercher et à véhiculer ces photos-là, ça représente ceux qui sont bien prompts à taper sur la tête de la N.S.A, mais qui ne sont, au final, pas spécialement mieux que ses agents, lorsqu’ils font tourner des photos de cul entre eux. Car ils le font, dixit Edward Snowden qui, je pense, est une source assez sûre.

La protection de l’intimité des gens, ce n’est pas alternatif, c’est comme la liberté d’expression, tout le monde y a le droit.

Chers nous…

Récemment, Barbayellow sortait un (bon) billet de blog qui a démarré un bon « débat » dans la « twittosphère » : pourquoi, la sécurité, bah… ça marche pas.

Dans ce billet, il explique que la communauté des développeurs et des experts doit s’adapter au besoin et non l’inverse. Dans son cas, ce sont ces communautés qui doivent s’adapter au journalisme et non aux journalistes de devenir des experts en sécurité et des administrateurs réseau en puissance.

Il rajoute d’ailleurs que ça n’arrivera jamais, et, non sans un certain regret, je dois admettre qu’il a raison.

Je voulais détailler mon point de vue, d’où ce billet. D’avance, je vais m’inclure dans ces communautés, mon intention n’étant pas de tirer sur des gens et de m’en exclure, puisque cette adaptation me concerne également.

Notre communauté a un problème : elle reste dans un petit monde, un petit cercle qui, bien qu’il soit extrêmement ouvert d’esprit, est relativement fermé, et ce pour plusieurs raisons.

La première est assez légitime : la méfiance. Quelqu’un qui débarque « comme ça » sera forcément observé, ce qui ne plait pas à tout le monde. Dans l’univers du hacking, de la sécurité informatique ou de l’(h)ac(k)tivisme, il y a toujours de la paranoïa, plus ou moins présente selon les groupes de ces communautés, plus ou moins justifiée, mais toujours.

La seconde est déjà moins sympathique : la fierté, l’élitisme, je considère que c’est une plaie. Et c’est principalement de ça que nous allons parler.

Nous sommes curieux, exigeants, nous avons l’envie d’apprendre, nous avons la motivation, chacun à notre rythme, à notre niveau. Nous avons parfois le temps pour nous planter. Nous avons le luxe de nous le permettre car, à de rares exceptions, cela ne met pas en péril une personne, une vie, une information sensible. Nous pouvons recommencer encore et encore puis réussir, créer, nous documenter sur des manuels tellement intelligibles qu’un profane aurait l’impression de voir un programme de Canal+ ou un écran de la Matrice. Rien que le fait de voir un terminal, ça fait peur à beaucoup. D’ailleurs, rien que de prononcer le terme terminal, mine de rien, c’est déjà quelque chose.

Allez, sérieusement, allez voir des gens « au hasard » et demandez-leur ce que c’est. Voilà. Bref, revenons-en à nos octets…

L’élitisme, donc. « Je sais que je sais, et toi, je sais que tu ne sais pas. Je t’explique, et si tu ne comprends pas alors t’es un N00b », « J’ai eu personne pour apprendre, RTFM » sont des réponses qui calment les gens, sérieusement.

On ne peut pas rester ainsi éternellement si on veut qu’un jour, les efforts que nous faisons marchent. On ne peut pas rester dans notre petit milieu, à envoyer promener les gens parce qu’ils ne comprennent pas assez vite, ou pas du tout.

Des personnes, peut-être pas vous hein, ne vous sentez pas pris pour cible, ont ce comportement-là. Et les conséquences de ce comportement sont nombreuses, l’information reste dans un cercle de gens qui « savent », les autres peuvent se sentir rejetés, ou pris de haut, méprisés, démotivés, ce comportement, c’est un répulsif efficace.

Bref, si nous sommes une communauté ouverte, nous sommes une réelle communauté ouverte, pas uniquement sur le papier. Cela demande du temps, de l’implication, de l’adaptation de la pédagogie et de l’andragogie, les gens doivent se questionner pour comprendre, leur servir la connaissance, ça ne fonctionne pas.

Revenons-en au cas de Barbayellow : la protection de la vie privée, de l’intimité, le contournement de la censure, est freiné par les exigences demandées pour y arriver, qui se résument à la chose suivante dans l’exemple : être administrateur système.

Ça fait mal à lire, mais c’est vrai, nous accusons un cruel manque de pédagogie, de volonté, de capacité à transmettre l’information…

Nous manquons de pédagogie pour les points cités juste avant, je ne reviendrai pas dessus.

Nous manquons de volonté car entre utiliser un programme et expliquer un programme, il y a un gouffre énorme.

Enfin, nous manquons réellement de capacités d’adaptation. Tous, ou presque. Il y a une différence phénoménale entre comprendre quelque chose et être capable d’expliquer quelque chose et, désolé d’avance, si beaucoup comprennent comment fonctionne telle ou telle chose, les gens capables d’expliquer comment ça fonctionne, à n’importe qui, je les compte sur les doigts d’une seule main.

Il faut s’adapter en permanence, accepter que la personne ne comprenne pas, faire l’effort d’aller vers elle, de reprendre ses termes, son cadre de référence, pour la comprendre et pour réussir à transmettre le savoir.

L’exemple est parlant, n’est-ce pas ? (Merci à fo0_ pour l’exemple bien trouvé)

Pour Barbayellow, ça passe par une simplification de ce qu’on appelle l’interface utilisateur. Il faut qu’elle soit claire, simple, compréhensible afin de toucher un public large.

C’est là où le bât blesse, pour l’instant et selon moi. Utiliser GPG, TOR, Jitsi ou LinPhone, c’est tout sauf aisé pour un utilisateur Lambda. Les interfaces s’améliorent certes, mais il reste énormément de travail à faire.

Il en reste beaucoup en partant de la même base : les interfaces doivent s’adapter aux utilisateurs et non l’inverse. Si, pour « nous », c’est ce qui s’est passé, c’est parce que nous le voulions bien et parce que des choses nous semblent évidentes, sauf que nos évidences ne sont pas celles des autres.

Oui, il y a des gens qui refusent d’apprendre, et d’autres qui ont juste besoin que le programme fonctionne, et qu’il fonctionne bien parce qu’il va gérer des données sensibles, il y a des gens qui ne veulent qu’utiliser un programme, sans forcément chercher à savoir comment il fonctionne parce qu’ils n’en ont tout simplement pas besoin. Les journalistes sont journalistes, pas administrateurs réseau, c’est vrai. A ce titre, il faut leur fournir des outils quasiment « clefs en main », sans pour autant oublier celles et ceux qui veulent comprendre. Il faut donc de la documentation, claire et adaptée, dans plein de langues car tout le monde ne parle pas anglais, tout le monde ne comprend pas forcément un manuel, tout le monde n’a pas « la bonne » logique.

L’interface doit donc être simplifiée, sans induire un manque de réflexion, sans induire une infantilisation de l’utilisateur : TextSecure, une application qui permet d’envoyer des SMS chiffrés, est une bonne démonstration : elle protège vos SMS, l’envoi et la réception de ces messages-là dans certains cas et, pour autant, elle n’infantilise personne, les menus de configuration sont assez poussés et pourtant, le programme est très simple d’utilisation, ce qui contribue d’ailleurs à une adoption plus rapide et plus massive de cette solution.

Nous ne pouvons pas demander aux journalistes d’être des administrateurs réseau et, quitte à pousser la réflexion jusqu’au bout, si nous leur demandons de l’être, alors nous devons être des « formateurs-communicants-développeurs-rédacteurs-whatever », sauf que c’est pas le cas. Comment demander quelque chose à quelqu’un alors que nous même ne remplissons pas le critère ?

Chacun a son propre métier, son propre cadre de référence et refuser de l’admettre, c’est se condamner à un flagrant manque d’adaptation. Je parle en connaissance de cause, mon métier consiste à s’adapter à n’importe quel profil, technique ou non, intéressé ou non, avec des gens qui n’ont pas le choix et qui doivent être capables de se servir de tel, tel ou tel logiciel très rapidement.

Au final, c’est un tout, dont Okhin a déjà parlé à Pas Sage En Seine (lien HS) : nous devons sortir de notre petit monde, arrêter d’espérer qu’un jour les utilisateurs s’adapteront à nos technologies, prendre les devants et aller « sur le terrain », au contact des utilisateurs, adapter nos ressources, documents, manuels x ou y, interfaces, nous ouvrir vers l’extérieur…

Ça me tue de l’écrire mais, si Skype est énormément présent et qu’il est très difficile de motiver quelqu’un à le quitter, c’est parce qu’il est facile à configurer, que l’interface est assez « sexy » et que « ça marche », au mépris des dangers, de la surveillance, de tout plein de choses que je connais déjà, pas la peine de me les rappeler ici.

Encore une fois, ceci n’est que mon point de vue. Cependant, pour voir et entendre chaque jour des centaines de personnes, je peux affirmer qu’il n’est pas totalement à côté de la plaque. Tout le monde n’a pas envie d’apprendre, de passer des heures interminables à configurer un logiciel qui fait ce qu’un autre fait en trois clics. D’autres ont besoin de solutions sans forcément avoir le niveau technique requis pour les comprendre… qu’allons-nous répondre ? De revenir dans trois ans, une fois le niveau nécessaire acquis ?

Evidemment, il y a aussi des aspects négatifs : la diffusion massive d’un logiciel l’expose à plus de dangers parce que le logiciel devient une cible plus intéressante, plus une interface est simplifiée et plus le travail pour la simplifier est énorme, plus il y aura donc de développement, et c’est un facteur à prendre en compte.

J’arrête là, mais nous pouvons en parler (oubliez Twitter, c’est hors de question, on ne débat pas sur Twitter). Le débat peut s’installer dans les commentaires si vous voulez, mais ne vous tapez pas dessus, ça serait bien.

Bien sûr, le problème ne vient pas que des administrateurs et des développeurs et de nos communautés, mais il est en grande partie lié à tout ceci et au narcissisme dont nous faisons preuve.

Les utilisateurs finaux devront toujours chercher, se renseigner, ça ne changera jamais, vraiment pas. Pour autant, ils le feront avec des outils adaptés à eux, ce qui sera beaucoup plus efficace. Il va sans dire que si ces utilisateurs ne font aucune démarche, cela ne changera rien, jamais rien.

La folie c’est se comporter de la même manière et s’attendre à un résultat différent… Einstein

Watch_dogs, partie 2 : point de vue d’un hacker

Comme promis, voici le second volet de mon impression sur Watch_Dogs. Cette fois, vu sous l’œil d’un hacker, puisque les gens aiment dire que j’en suis un (ça fait plus sexy que bidouilleur sans doute, même si bidouilleur serait plus adapté dans mon cas).

Bref, hacker donc. Nous allons voir ça en deux temps, un pour le personnage et l’autre pour ctOS, le système de traitement automatique des données de la ville de Chicago inventé pour le jeu.

Premier temps.

Le personnage, Aiden Pearce, nous est présenté comme un hacker par Ubisoft. La majorité de la campagne de communication d’Ubisoft repose d’ailleurs sur ce simple fait. Il faut croire que des histoires avec des hackers, ça devient sexy et si c’est sexy, ça se vend.

En se basant sur la stratégie de communication d’Ubisoft, j’avais imaginé Watch_Dogs comme un jeu qui gravitait autour du hacking, que c’était une composante essentielle du jeu, que c’était développé.

J’imaginais mon personnage s’infiltrer dans un système informatique pour y injecter des programmes, tout en évitant de se faire numériquement repérer grâce à une panoplie d’outils. J’imaginais aussi avoir besoin de mettre réellement les mains dans un CLI à la recherche de fichiers, taper quelques lignes de commande imaginées par Ubisoft, me servir de quelques programmes underground imaginaires pour faire tomber tout un système en deux secondes.

J’ai pris une claque.

Ce qui était annoncé par Ubisoft comme l’évènement majeur de ce jeu, à savoir le hacking, n’est qu’une fonction assez « banale » du jeu, quelque chose classé au même rang que l’utilisation d’une arme ou que la conduite des voitures. Bien sur le hacking est nécessaire, mais il est résumé à trop peu pour en faire l’axe principal du jeu.

En gros, Watch_Dogs met à disposition des joueurs une panoplie d’outils présentés comme des hacks (hacking de la signalisation, des feux tricolores, des bornes, de téléphone …) en appuyant sur un simple bouton. Puis c’est tout.

A aucun moment vous n’avez à mettre vos mains sur une ligne de code, il suffit d’appuyer sur « pirater ». De facto, ça relègue tout ce pan du jeu au statut de simple fonction. Pas de programme pirate à installer, pas de galères pour prendre la main sur un équipement, pas d’infiltration numérique, tout passe par un simple bouton magique.

Exemple concret : si vous vous en souvenez, hier, je parlais des points de contrôle de ctOS dans la ville, j’expliquais qu’il fallait faire un parkour pour y arriver … une fois que vous êtes devant le point de contrôle, il vous suffit juste d’appuyer sur le bouton magique, votre personnage pose son smartphone devant l’appareil et magie, vous venez de pirater le système ctOS du quartier.

J’aurais aimé voir un peu plus que ça, par exemple, tomber dans une interface de commande lorsque je tente de pirater ce point ctOS, avoir besoin de rentrer deux trois commandes présentées par un tutorial, enfin, quelque chose de plus développé que « piratez en appuyant sur a » quoi.

Watch_Dogs est un jeu grand public et je sais donc que l’on ne peut pas demander à ce type de jeu de proposer une expérience de hacking développée, de réelles commandes à taper, un niveau de complexité supérieur et tout ceci, mais quand même, je pense que ce n’est pas assez mis en valeur, il aurait été possible d’exploiter ça d’une bien meilleure manière.

Je ne demande pas un jeu comme Uplink, bien trop complexe pour finir grand public, mais j’aurais aimé voir un peu de hacking, comme Ubisoft l’annonçait.

Ensuite, au-delà du bouton magique, parlons de ce qu’il fait : des miracles.

Votre téléphone dispose d’un mode, le mode profiler, qui vous permet de pirater n’importe quel téléphone à proximité, vous récupérez ainsi des appels, sms, vous pouvez prendre la main sur le téléphone et faire tout un tas de choses. C’est assez magique, mais ça reste de la magie.

Qu’on se rassure, cet aspect du jeu n’existe pas dans la vie réelle, même si nous n’en sommes pas loin.

Dans le jeu, lorsque vous arrivez près d’un équipement piratable, il vous suffit d’appuyer sur le bouton magique et d’attendre deux à trois secondes, et le tour est joué : c’est tout sauf réaliste.

Dans notre monde, il est possible de faire ce qui se fait dans Watch_Dogs, mais pas aussi aisément. Il faut être à une faible distance de sa cible, réussir à obtenir un signal de son téléphone, injecter un virus dedans, prier pour que la liaison ne saute pas, une fois le virus injecté, prier pour qu’un antivirus mobile ne le repère pas et à ce moment-là, oui, il devient possible de prendre la main sur le téléphone.

Le jeu nous offre un raccourci, à nouveau, j’aurais aimé une sorte de barre de téléchargement, indiquant que l’opération est en cours, qu’il faut maintenir une liaison stable, histoire d’avoir quelque chose de plus immersif.

Pitié, n’allez pas croire que ce qui se fait dans Watch_Dogs est vrai, pitié.

Pour conclure sur cette première partie, le hacking dans Watch_Dogs n’est, pour moi, absolument pas au rendez-vous, il diffuse une idée préconçue du truc, la même que celle qu’on peut voir dans les films où un hacker de 11 ans pirate en deux clics le site de la NSA.

Second temps

ctOS. Ah, ctOS, là, il y a du neuf, du beau, du flippant et quelque chose de parfaitement réaliste. Il faut savoir qu’Ubisoft travaillait depuis deux ans sur le projet, bien avant les révélations de Snowden donc, et ce qu’il a révélé renforce encore plus le réalisme du jeu : Big Brother vous observe.

ctOS, pour Central Operating System, est un système de traitement automatisé de données à l’échelle de toute une ville, Chicago. Tout, absolument tout est connecté à ce ctOS. Dans le jeu, ce ctOS sert à de nombreuses choses, comme la gestion de la circulation routière, la détection d’infractions, il réduit le taux de criminalité en effectuant une analyse comportementale des individus, il sait tout, absolument tout. Et c’est ce truc-là que vous piratez, lui qui vous ouvre la porte de n’importe quel système informatique du Chicago de Watch_Dogs.

Ce système repose en partie sur des données publiques et ouvertes, il se sert également des téléphones, des connexions des opérateurs, des données médicales, mails, bref, tout ce qui existe au format numérique est connu de ctOS.

Ainsi, lorsque vous activez le profiler, sur votre smartphone, ça donne ça :

ctOS, le système de données de Chicago dans Watch_Dogs

ctOS, le système de données de Chicago dans Watch_Dogs

ctOS, le système de données de Chicago dans Watch_Dogs
ctOS, le système de données de Chicago dans Watch_Dogs

ctOs peut connaitre votre métier, nom et prénom mais aussi vos habitudes de navigation, j’ai croisé des personnes qui aimaient télécharger deux films pornographiques, par exemple. D’autres qui avaient des impayés, d’autres qui ceci ou cela…

C’est très bien fait, extrêmement précis et ce qui fait un peu mal, c’est que ça existe plus ou moins. ctOS fait de l’agrégation des données comme le font nos services de renseignements, la NSA ou d’autres.

Watch_Dogs devrait nous laisser perplexes face à ctOS, il devrait susciter des questions de vie privée, de traitement des données, de protection de ces dernière, de tout ce qu’il est possible de savoir grâce à l’agrégation et de toutes les dérives que cela peut engendrer.

D’ailleurs, Ubisoft oriente le jeu de cette manière selon moi. Dans de nombreux endroits, les habitants parlent en mal de ctOS, craignent pour leur vie privée, des « 1984 » sont présents sur quelques murs, des caméras omniscientes également …

Je ne connais pas la position d’Ubisoft sur la question, mais je pense qu’ils ont souhaité sensibiliser les joueurs aux dérives de la surveillance de masse, et sur ce point, ctOS fait parfaitement bien le travail.

D’ailleurs, le jeu continue sur… non, pas de spoiler…

J’en ai terminé de ma présentation de Watch_Dogs, pour conclure, je dirai que c’est un assez bon jeu d’action, assez immersif tout de même, que le piratage et le hacking ne sont pas à la hauteur de mes espérances, j’ai même envie de déclarer que ce n’est pas ça, le hacking… et que ctOS est largement à la hauteur de mes craintes

D’ailleurs, si vous voulez avoir un aperçu d’un ctOS dans le monde physique, rendez-vous sur http://wearedata.watchdogs.com et essayez, c’est très loin de ce qu’il y a dans le jeu, mais ça donne un bon aperçu de ce qu’il est déjà possible de faire.

Je vous invite à lire les sources, présentes dans les mentions légales du site, pour savoir comment fonctionne le site.

Watch_dogs, partie 1 : point de vue d’un joueur

Hier sortait Watch_dogs, le dernier gros titre de chez Ubisoft. Disponible sur l’ensemble des supports du moment et sur PC, ce jeu vous propose d’incarner Aiden Pierce, un hacker capable de prendre le contrôle de ctOS, le système d’exploitation unique de la ville de Chicago. Tout, absolument tout est relié à ce ctOS.

J’ai décidé d’en faire deux billets, le premier avec mon regard de joueur et le second avec celui d’un bidouilleur, ne soyez donc pas étonnés si je ne parle que très peu de l’aspect « piratage » dans ce billet.

Watch_dogs est un jeu dans un univers libre où vous êtes en droit de faire ce que vous voulez. Le bien comme le mal, c’est à vous de prendre des décisions. Ces décisions influencent d’ailleurs votre « orientation » : plus vous faites de bonnes actions de la bonne façon et plus vous êtes respecté.

Ainsi, vous aurez le choix d’intervenir et de sauver quelqu’un en tuant son agresseur ou en le pourchassant et en le mettant hors d’état de nuire, sans pour autant mettre un terme à sa vie. Nous allons résumer ça en une seule phrase : un grand pouvoir implique de grandes responsabilités.

C’est donc un univers très ouvert, un peu comme GTA, donc le jeu reprend quelques mécaniques bien huilées. Il est ainsi possible de forcer n’importe quelle voiture dans la rue, de faire du carjacking, d’avoir un arsenal à faire pâlir Ryô Saeba, jusqu’à la personnalisation de la musique qui passe dans la voiture. La police est elle aussi présente, dès que vous commettez une infraction, un crime, le système ctOS vous traque et lance la police à votre poursuite.

D’ailleurs, on termine souvent sur l’autoroute pour aller vite et échapper à la police au début, jusqu’à ce qu’on débloque des compétences. On rajoutera que le système de carte est similaire lui aussi à GTA et que l’ambiance générale du jeu s’en rapproche, c’est sans doute la direction qu’Ubisoft souhaitait faire prendre à ce jeu.

Pour le côté ressemblance à GTA, ça fait déjà pas mal de points.

Je parlais des compétences, juste avant. Au début du jeu, vous êtes un peu à poil, vous n’avez pas de bonus liés à votre expérience, pas de compétences. A chaque interaction (sauver un passant, effectuer une quête de la mission principale) vous gagnez de l’expérience et des points de compétence qu’il vous faudra répartir entre plusieurs branches. Là encore, vous êtes totalement libre de vos choix, vous pouvez décider d’investir vos points dans le piratage ou dans le combat et les armes ou ailleurs, vous pouvez aussi ne pas les investir mais ça deviendra vital à un moment.

Certaines compétences sont passives et ne consomment aucune ressource. Ah, oui, vous avez de l’énergie, comme une batterie, qui vous permet de lancer un certain nombre d’actions et qui se recharge au fil des secondes. D’autres compétences sont actives, bref, un jeu actuel qui permet d’emmener son personnage là où on souhaite aller… mais pas totalement, ou très difficilement.

J’avais décidé de faire le jeu sans arme, sans tuer personne, mais c’est un peu plus compliqué que ce que vous avez pu lire dans les nombreuses qualités vendues par Ubisoft. Spoiler alert, très rapidement vous êtes dans l’obligation d’acheter une arme, un fusil mitrailleur pour être exact, en plus de l’arme que vous avez déjà. Puis très sincèrement, la première mission que j’ai pu faire, j’ai dû la reprendre 4-5 fois, donc à moins d’être acharné, c’est compliqué.

Toujours sur ce point, celui de ne tuer personne : Watch_dogs se sert dans certaines licences comme Hitman ou Splinter Cell, lorsqu’on décide de ne tuer personne, il faut se cacher, s’infiltrer sans le moindre bruit, trouver des diversions pour perturber l’IA. Il n’y a, selon moi, aucune volonté de copier ces jeux-là, ils utilisent simplement des bases communes à l’infiltration.

En même temps, je ne crois pas avoir déjà joué à un jeu d’infiltration où on me demande de jouer de trompette dans les oreilles de l’ennemi…

Les graphismes sont assez énormes, au moins aussi énormes que la configuration qu’il faut pour faire tourner le jeu, c’est assez agréable de se promener dans une ville très bien réalisée, remplie de détails un peu partout. Ces détails, on ne peut pas directement les voir lorsqu’on arrive dans un nouveau quartier car ctOS n’est pas directement en ligne.

En gros, lorsque vous bougez, il faut trouver l’ordinateur de contrôle ctOS, le pirater, enfin non, le « pirater » et, à cet instant, vous voyez ce qu’il est possible de faire dans le quartier, le système se connecte, vous n’êtes plus « numériquement aveugle ».

Pour atteindre cet ordinateur, il faut le trouver, ça passe souvent par un petit parkour dans la ville, puis l’ouverture forcée d’une protection et … et attendez, ça me fait penser à un truc ça.

Un jeu où, pour pouvoir avoir des missions et découvrir des quartiers, il faut se synchroniser. Mais si !

Ce jeu ou quand votre personnage arrive dans une nouvelle zone, il doit monter sur les plus hautes tours de la ville pour la découvrir et continuer l’aventure. Mais, allez !

Assassin’s Creed, oui. Et c’est aussi d’Ubisoft. Damned !

Beaucoup, vraiment beaucoup de points communs entre Assassin’s Creed et Watch_Dogs. La façon dont les personnages sont animés, la façon qu’ils ont de grimper sur des murs, de grimper un peu partout en fait, la façon dont la découverte de la ville reprend les bases d’Assassin’s Creed… Je trouve qu’il y a beaucoup de points communs, un peu trop à mon gout même, malgré le fait que je sois un fan inconditionnel de la série des Assassin’s Creed.

C’est tellement présent qu’il y a même des… non, je vous laisserai découvrir ça en jeu, pour les autres, une recherche sur Internet vous guidera, à défaut, petit indice < ! – – – – >

Ubisoft n’a donc pas pris de risques en reprenant des concepts qui fonctionnent, c’est d’ailleurs ce qui fait que, pour moi, ça ne fonctionne pas.

La stratégie médiatique d’Ubisoft était le hacking, le piratage, le jeu novateur, révolutionnaire. Je m’attendais donc à quelque chose de nouveau et pas à un nouveau scénario sur des bases qui existent depuis des lustres.

Qui plus est, je suis convaincu que, sur ce jeu, il y avait moyen de faire vraiment quelque chose de nouveau.

Bref, je suis tristesse, j’aime bien ce jeu, c’est un bon jeu d’action, mais il n’est absolument pas « LE jeu » tant vanté par Ubisoft et les critiques qui n’osent pas critiquer du triple A

Alors, on me dira peut-être que ce qui est nouveau, c’est le piratage. Parce que oui, vous êtes un hacker dans ce jeu, d’ailleurs, ça sera l’objet de mon prochain billet sur Watch_Dogs.

Pensées en vrac.

Si vous avez l’intention de tout lire, prenez un verre, ça risque d’être long.

Ce matin piquait un peu plus que les autres. Cette nuit était un peu moins douce que les autres.

Petit disclaimer, avant toute chose : je suis un jeune de bientôt 28 balais, je suis un civil, un citoyen « normal », comprenez par-là que mon avis ne vaut que pour ceux qui ont bien envie de le lire, que vous n’êtes pas forcés de le lire d’ailleurs, qu’il n’est pas forcément représentatif, pas forcément éclairé non plus, je n’ai pas la prétention d’en avoir un, d’avis éclairé.

Sinon, bonne lecture et bienvenue pour un billet sans doute sombre.

On commence par le constat d’hier : le Front National sort grand vainqueur des élections européennes. Ou plutôt, les autres sortent perdants, j’ai moins envie de vomir lorsque j’écris ça.

Je ne vais pas me lancer dans un rapprochement avec la seconde guerre mondiale, le régime de Vichy et le reste, du moins pas encore, peut-être même pas du tout.

Le constat, c’est que dans l’ensemble de l’Union Européenne, l’extrême droite progresse, au détriment des autres formations politiques.

La France arrive donc première au concours de « qui a le plus haut taux de votants d’extrême droite », c’est bien. Comme le veut la tradition, nous sommes premiers sur des choses parfaitement abjectes.

Alors, cette progression n’est pas récente, hein, elle ne date pas des dernières municipales, lorsque le P.S a pris sa première balle en plein cœur. Ni du second tour Le Pen contre Chirac il y a des années. C’est plus ancien, plus malsain, je trouve.

Depuis déjà pas mal de temps, les extrêmes progressent. Je vais sans doute me faire quelques ennemis, mais les extrêmes, qu’ils soient de gauche ou de droite, sont, pour moi, le signe d’un début de panne politique, d’un gros passage à vide : non contents des partis « conventionnels », les gens vont plus loin, ailleurs, là où ils ont l’impression d’être plus écoutés.

Si vous avez des amis qui ne vous écoutent plus lorsque vous parlez, qui ne prennent plus soin de vous, que faites-vous ? Vous partez, vous changez peut-être d’avis sur eux. La politique, c’est pareil, mais puissance 1000.

Puissance 1000 parce que pour avoir des amis, il n’y a pas besoin d’adhérer. Pour un parti, si. C’est un geste volontaire, un acte conscient, peut-être plus con que scient, mais qu’importe.

C’est d’ailleurs ce premier point qui me fait mal : ce vote. Ces millions de gens qui ont voté pour le Front National, pour Marine le Pen, son bras droit ou pour un autre parti d’extrême droite en Europe, ils ne se sont pas trompés de bulletin ou de bouton sur la télécommande, non.

C’est un choix, conscient. Pas un choix de 100 personnes çà et là sur la planète, non. Un choix de millions de personnes, en France et ailleurs… mais on va parler de notre bon vieux pays vous et moi, hein.

Alors, on va chercher des solutions, mais pas maintenant. Maintenant, on cherche des coupables. Parce que oui, on cherche toujours des coupables, ça évite de se poser trop de questions.

Hier, l’extrême droite a gagné une bataille démocratique. Oui, rien que ça. Ils ont gagné, par les urnes, sans violence. J’allais dire sans magouilles mais quelques procès sont en cours avec le F.N pour des problèmes d’argent et de campagne… Bref.

Le F.N a donc gagné par les urnes, juste après qu’un parti politique explose en plein vol, qu’un autre s’enfonce et creuse encore et qu’un attentat où des personnes juives sont mortes ait eu lieu.

Je suis désolé, mais j’ai du mal à ne pas penser à mes cours d’histoire, à ce que j’ai appris sur le fascisme et sur tout ce qu’il entraine. Rajoutez à cela les mêmes ennemis qu’à l’époque dans le parti de Marine Le Pen et vous obtenez quelque chose qui ressemble au nazisme : peur des autres, des étrangers, des « arabes », des « nègres » comme ils disent, des homos, des juifs et des franc maçons.

Alors, c’est de la faute de qui, au final ?

Certains disent que c’est la situation actuelle : la France, l’Europe, traversent une crise de confiance. Les français cherchent des réponses, n’en trouvent pas à l’UMP, n’en trouvent pas au PS. Alors ils vont voir ailleurs.

La gauche se chamaille, c’est dans son ADN, entre tel, tel et tel parti qui feraient mieux de s’unir plutôt que de se tirer la couverture.

La droite est forte et unie mais elle se fragmente sous des scandales qui éclatent et qui font de plus en plus de bruit, jusqu’à tout faire exploser.

C’est sans doute vrai, c’est de leur faute.

D’autres disent que c’est l’économie : le fait de ne plus être en capacité de subvenir à certains besoins fait qu’on cherche un sauveur. Ce sauveur n’est forcément pas le parti qui dirige le pays, puisque l’actuel parti n’est pas en capacité de subvenir aux besoins du peuple. Alors on va le chercher ailleurs, plus loin.

On cherche du travail, alors on va écouter celui qui vous promet de vous en trouver.

On cherche de quoi manger, alors on va chercher celui qui vous donnera un plus grand pouvoir d’achat.

Quoi de plus humain ?

Je suis très sérieux, oubliez vos réflexions et revenez à quelque chose de basique : vous n’avez pas de quoi manger et vous vous sentez menacés et quelqu’un vient vous dire « je peux t’offrir mieux », vous réagissez comment ?

Finalement, c’est sans doute l’économie qui est responsable de tout ceci.

D’autres pensent que ce sont les médias, leur façon de traiter l’information, l’orientation qu’ils donnent aux sujets ou bien encore l’omniprésence de sujets qui ouvrent « un boulevard » au Front National.

C’est peut-être vrai, il suffit, pour s’en convaincre, d’écouter le 20 heures de TF1, d’aller chercher les couvertures de l’Express.

Bon, finalement, c’est donc de la faute des médias, c’est certain cette fois.

Mince. Attendez. Quelque chose ne colle pas. Ce n’est pas de la faute d’une personne, ni de deux, mais de trois ?

Et si je rajoute à ça tout le reste, en fin de compte, il n’y a pas de coupable : tout le monde est coupable.

Coupable d’hurler au scandale le dimanche soir à 20 heures, d’aller baiser à 20h10 heures et de reprendre une vie normale à 20h20.

Coupable d’oser croire aveuglément des médias, des journaux, des blogs (le mien aussi si vous reprenez une information sans la comprendre et sans chercher)

Coupable de vouloir aller mieux que l’autre au lieu d’aller mieux tout court. Nous sommes lancés dans une course qui nous force à nous comparer, à envier ce que l’autre à, à vouloir plus. Et tout le monde tombe dans le panneau.

Coupables de se dire que c’est ainsi, que l’on ne peut rien faire, de baisser les bras et de courber le dos face au mal, quel que soit son nom, d’où qu’il vienne.

Coupables, enfin, pour d’autres qui nous informent de nous dirigent, de foncer droit dans le mur, de le klaxonner, l’insulter, se manger le mur… et finir par accuser ceux qui n’étaient pas là pour retirer le mur.

Nous avons de la voix pour hurler, nos p’tits doigts pour écrire et nos belles tronches pour passer à la télévision, mais dès qu’il s’agit de réagir, réellement j’entends, il n’y a plus personne.

Je me souviens d’ACTA, de nos organisations, de l’énergie investie H24, de réunions à des heures pas possibles, des centaines de milliers de millions de commentaires qui souhaitaient la mort d’ACTA.

Combien de personnes dans la rue, en France ?

Ok, on me dira qu’ACTA, c’est un truc pas connu, pas suivi, dont personne n’a entendu parler hormis les gus sur Internet…

Mais là, les européennes, le Front National, vous allez vraiment essayer de me faire croire que ce n’est pas connu ?

Bon courage.

Nous y voilà donc, enfin. Nous nous déchirons.

Dans l’éducation de vos enfants, c’est très mal vu de dire « oui j’ai fait ça mais regarde maman il a fait pire l’autre », d’ailleurs, il est possible que les deux finissent avec une punition et une explication de ladite sanction.

Alors, bordel de merde, pourquoi pas là ?

Nous nous déchirons, nous pensons à l’individu sans penser au collectif.

Nous pensons intérêt personnel avant intérêt général.

Nous avons peur de l’autre au lieu de lui ouvrir les bras.

Nous ? Nous, ce soir, j’ai l’impression que c’est un mot laisse à l’abandon.

Nous n’est plus que toi, plus moi, plus vous là-bas en train de penser à une chanson de merde >_<

Il n’y a plus d’unité, du moins plus celle qui fait d’un peuple, un peuple uni.

Et c’est ça, le produit miracle du Front National.

Pas les médias, ni l’économie, ni le reste d’ailleurs, ce ne sont que des accélérateurs.

Le FN est une mauvaise herbe qui pousse sur une terre très fertile : nos déceptions.

Nous voulons un pays meilleur, avoir de meilleures conditions de vie, mais dès que c’est l’autre qui a gain de cause, la seule chose que nous voulons, c’est l’enfoncer.

Nous voulons plus pour nous et moins pour les autres. Comment voulez-vous que ça marche ?

Ce qu’il faut, c’est un peuple. Un vrai. Uni malgré ses différences, et uni pour quelque chose et non pas contre quelqu’un. Si j’aide mon voisin, malgré ses idées politiques, il s’en souviendra.

Notre peuple ne peut que mieux se porter si on s’aide au lieu de se taper dessus, non ?

Je vous vois déjà rire. J’assume être un bisounours et un idéaliste, et j’assume le fait d’avoir des envies d’unité et d’y croire, j’assume le fait de vouloir changer les choses. Et vous ?

Non ? Pourquoi ?

Parce que vous avez baissé les bras ? Parce que vous n’y croyez plus ?

Ma réponse va sembler tellement évidente que je n’ose imaginer votre réaction : remontez vos manches c’est pas terminé et si vous ne bougez pas, personne le ne fera pour vous.

En revanche, ne vous dites pas, surtout pas, que l’histoire se répète car, même si j’y fais référence, le présent n’est pas le passé.

Héraclite a déclaré que l’on ne se baignait jamais deux fois dans le même fleuve. Le FN n’est pas le passé, il est différent, dire que l’histoire se répète c’est donner des arguments au FN pour prouver que non, il n’est pas le méchant qu’on souhaite qu’il soit, c’est lui donner une arme qu’il utilisera contre nous pour se dé diaboliser.

C’est à cause de ça que le FN semble bien gentil maintenant, à force de les lier au passé, ils nous prouvent qu’ils ne le sont pas, et sont socialement acceptés, beaucoup plus qu’avant en tout cas.

Je lance cette bouteille à la mer, personne ne viendra la récupérer mais j’y crois quand même, parce que c’est comme ça que j’avance.

La folie.

J’étais parti pour ne rien faire, ne rien écrire, en cette soirée du 25 mai, puis … finalement, bah si. Comme beaucoup je pense, j’ai remarqué les scores présentés par les médias sur les résultats aux élections européennes, le score est sans appel, l’extrême droite sort forte de ces élections européennes, et pas qu’en France.

Je vais sans doute revenir sur ça, mais plus tard, à tête reposée.

Pour l’instant, je voulais juste vous montrer un petit quelque chose :

Lorsque le Front National est passé au second tour, il y a fort longtemps, nos formations politiques se sont empressées de déclarer :

« Nous comprenons le peuple français, assez de cette politique dont notre peuple ne veut plus. Nous devons nous interroger et connaitre une réelle transformation, de fond, au sein de notre parti <insérez le nom d’un parti au choix> »

Puis, aux dernières élections municipales, lorsque le F.N est passé avec plus de force qu’à quasiment n’importe quelle élection, toujours selon les médias hein, nos formations politiques ont répondu :

« Nous comprenons le peuple français, assez de cette politique dont notre peuple ne veut plus. Nous devons nous interroger et connaitre une réelle transformation, de fond, au sein de notre parti <insérez le nom d’un parti au choix> »

Puis, enfin, arrive cette soirée du 25 mai 2014, lorsque les premiers résultats tombent et annoncent que l’extrême droite éclate tout, surtout en France où elle fait un score de 25% des votants (le second pays est le Danemark, avec 23% et le dernier à l’heure actuelle est la Grèce avec 12%)

Nos politiques nous rabâchent la même chose depuis que je suis en âge de voter, sans doute depuis plus longtemps encore : à chaque échec, à chaque élection, nous avons le droit au même discours, démonstration :

http://t.co/zmIXAquR6u

Venons-en directement à la conclusion, si vous le voulez bien.

Chère politique, est-ce que dans ton planning, tu as prévu, un jour d’arrêter de nous prendre pour une bande de cons ?

La « majorité » déclarera qu’elle doit tirer des enseignements de tout ceci, l’opposition déclarera que c’est de la faute de la majorité, le parti lésé des dernières élections déclarera qu’avec eux, cela n’aurait pas été la même chose et…. en attendant… l’extrême droite, le Front National, continuera de faire son petit bout de chemin.

Ah, et bien sur, c’est à cause de l’abstention tout ceci, il ne faudrait quand même pas trop se remettre en question, n’est-ce pas ?

Nous faisons face à un discours rodé, démultiplié par des gens qui appliquent la même politique qui ne marche plus depuis des années… et ce sont ces gens-là qui déclarent qu’il faut tirer des leçons de ces résultats ?

A ces gens-là, je déclare la chose suivante :

« La folie, c’est se comporter de la même manière et s’attendre à un résultat différent. » – Einstein.

Vous voulez faire changer les choses : changez.