Pixellibre et vous : on fait le point.

Bonjour à vous, c’est rare, je sais, mais j’écris ce billet pour faire un petit point d’étape. Puisque cela concerne le blog et les décisions que je prends, j’ai trouvé normal de partager tout ceci avec vous.

Merci !

Tout d’abord, je souhaite vous remercier pour vos retours, vos commentaires, pour vos mails de remerciements et même pour ceux où je me fais descendre en flèche, c’est toujours bon de se remettre en question.

Je vous remercie également d’être fidèles à mes billets, mes humeurs et mes quelques coups de sang, çà et là. Je ne publie pas de façon régulière, il peut se passer des semaines sans qu’aucun billet ne soit publié et pourtant, vous êtes toujours là. Merci.

Pourquoi des semaines sans rien ?

On m’a posé la question un certain nombre de fois : pourquoi ne pas publier de façon régulière ?

Les raisons sont multiples, je vais faire un résumé :

  • J’exerce une activité professionnelle assez chronophage et mentalement épuisante, je n’ai parfois pas le courage d’écrire, surtout lorsqu’il faut traiter un sujet avec du Bernard Cazeneuve dedans, c’est décourageant d’avance.
  • Parfois, il faut mieux partager un excellent article que de tenter d’en écrire un pour redire la même chose.

De la même façon, on m’a demandé pourquoi je n’essayais pas de faire de mon blog une activité à plein temps ?

Premièrement parce que je n’ai pas les épaules et les finances assez solides pour me permettre de le faire. De plus, se lancer dans ce type d’aventures demande des compétences que je n’ai sans doute pas et des sacrifices que je n’ai pas envie de faire (générer assez de revenus sur un blog demande à passer par des régies publicitaires, potentiellement du Google, accepter parfois quelques billets sponsorisés, ce que je rejette avec la plus grande des forces).

Ensuite parce que j’aime écrire, c’est une passion, j’aime pouvoir écrire quand et dès que j’en ai envie. Je n’ai pas envie d’être obligé d’écrire assez pour générer assez de visiteurs pour avoir assez de revenus. J’aurais peur que la passion devienne une contrainte et que cela se ressente. Alors, même si c’est évidemment tentant, je ne vais pas franchir ce cap.

Et les billets sponsorisés ?

Je profite de ce billet d’étape pour aborder un autre point : les billets sponsorisés.

Mon blog a beau être tout petit et faire, en soi, peu de lectures, il reste une cible intéressante pour en faire un espace de pub, c’est ainsi que depuis quelques mois, j’ai deux à trois demandes par jour d’articles « en collaboration », « pour une grande marque », « rémunérés », « en partenariat », avec des cabinets missionnés ou avec des escrocs qui font plus d’une ligne par faute, dans des mails mal traduits.

Que cela soit clair, je m’adresse tant à ceux qui liront ceci et qui sont concernés qu’à vous autres, chers lecteurs et lectrices : je n’adhère pas à cette pratique sur mon blog.

Si je la comprends parfaitement pour un blog pro, un site d’actualité ou pour un blog qui fait manger un blogueur, ce n’est pas mon cas.

Je n’ai pas envie d’écrire quelque chose « commandé », d’autant plus que cela me forcerait à engager des démarches administratives dont je n’ai pas envie si je venais à être rémunéré pour des articles sponsorisés.

A ceux qui comprennent le refus à la première fois, je vous remercie.

A ceux qui, malgré 18 mails de refus, 11 messages privés de refus et 5 messages de refus sur Facebook, continuent d’insister, la réponse sera moins « diplomatique » : achetez-vous un dictionnaire.

Non : mot utilisé pour apporter une réponse négative. Il marque le désaccord sur une question affirmative et l’accord sur une question négative.

Ce petit mot de trois lettres ne semblant pas être connu de tous et toutes, j’ai trouvé utile de rajouter la définition.

Enfin, pour terminer ce billet, si vous souhaitez échanger, discuter, vous pouvez me retrouver sur Twitter (@numendil) ou par mail : numendil at pixellibre point net, si vous passez par Reims un jour, prévenez-moi, ça sera l’occasion de prendre un thé, un café ou une bière.

[En bref] Les logiciels libres sortis de la loi numérique

Lors de la consultation sur le projet de loi relatif au Numérique, porté par Axelle Lemaire, une proposition a majoritairement été soutenue, sous trois formes différentes : la promotion du logiciel libre au sein des administrations.

Au total, plus de 6500 votes positifs ont été recueillis pour ces trois propositions. Ce chiffre peut sembler faible mais il ne l’est clairement pas. Naturellement, avec un tel score, nous étions en droit d’espérer, de croire, que le gouvernement allait suivre et allait donc prioriser le logiciel libre au sein des administrations.

Et bien…. En fait…. Non.

Certains seront déçus par cette nouvelle, d’autres auront simplement confirmation d’une chose : cette consultation était inutile.

Attention, entendons-nous bien : la consultation était une excellente initiative, elle a montré un chemin qui me plait, un potentiel futur où nous participons directement à la vie politique et aux décisions qui font, au moins en partie, notre quotidien.

Mais soyons réalistes, elle est aussi efficace et utile qu’une opération de chirurgie esthétique pour Frank Ribery.

Les ayants-droits n’étaient pas contents de certaines dispositions : elles sont retirées. Le gouvernement n’est pas content de certaines propositions : elles sont retirées.

A quoi sert la consultation si même les propositions les plus soutenues sont balayées d’un revers de la main ?

Le gouvernement a tenu à s’expliquer, comme le souligne Next Inpact : il « souhaite avant tout le faire par des mesures non législatives, par accompagnement sur le terrain et promotion des initiatives des administrations et des agents. »

[quote]Mais le train de tes propositions roule sur le rail de mon indifférence[/quote]

En langage politique, cela veut dire : « nous sommes d’accord avec vous mais nous n’allons rien changer, rien faire, nous allons vous parler d’accompagnement et de sortie des mesures législatives pour qu’aucun contrôle ne puisse être opéré sur tout ceci. ».

En version raccourcie, cela donne : « circulez, il n’y a rien à voir. »

Lorsqu’on sait que le gouvernement vient à peine de signer un chèque de plus de 80 millions d’euros à Microsoft, on se dit que ce n’est clairement pas demain que les administrations basculeront…

… ni demain que le gouvernement écoutera vraiment ses citoyens.

[PERSO] Twitter, pourquoi toujours prendre la mauvaise décision ?

Depuis quelques jours, Twitter a décidé de tuer le « fav’ ». Est-ce réellement une bonne nouvelle et un pas en avant ?

Dans une récente décision, Twitter décidait d’enterrer le fav’, cette fonctionnalité qui avait au moins autant de significations et d’usages que d’abonnés au service.

Certains s’en servaient pour mettre des articles de côté, comme moi, pour les consulter plus tard, une fois installé confortablement devant un écran.

D’autres s’en servaient pour réellement « aimer » un contenu, ou pour faire un petit coucou, un clin d’œil, pour faire passer des messages en douce, une sorte de « je suis là, poke »

Très clairement, il y avait un problème avec cette fonction de mise en favoris, son rôle n’était pas clair, pas assez défini.

Pour répondre à ce problème, Twitter a fait simple, comme à son habitude. Il a complètement bousillé une partie de son propre service, au grand désarroi d’une partie non négligeable de ses utilisateurs.

Ce changement est simple : plus de favoris, mais des « j’aime », suivis d’un cœur et de tout ce qui peut aller avec.

Pour certains, ce n’est qu’un détail sans aucune importance, pour d’autres c’est un problème.

Le favori était assez flou et c’était, selon moi, son principal atout, il n’engagerait pas réellement, il n’y avait aucune notion d’amour ou d’affection dedans, il était très neutre, en soi.

Le cœur, par définition, ne l’est pas. D’autant plus que ce cœur s’accompagne d’un « untel a aimé votre tweet », ce qui est nettement plus engagé qu’une toute petite étoile.

Je prends l’exemple d’un de mes contacts, journaliste, qui travaille sur tout ce qui touche de près ou de loin à l’EI, l’Etat Islamique : un fav’ n’était pas dérangeant, voir des cœurs sur chaque tweet en lien avec l’EI, ça l’est déjà beaucoup plus, tellement qu’il n’ose plus s’en servir, au risque de sacrifier une partie de sa veille de journaliste.

Comme toujours, Twitter décide mal, et brutalement, à grand coup de hache presque. J’aimerais voir le retour de ce favoris, quitte à ce que le « j’aime » et le fav’ puissent coexister, ce qui ne me semble pas spécialement aberrant.

Reste à voir ce que Twitter décidera dans l’avenir… et à espérer qu’il ne se transforme pas en Facebook.

[Hors série] Qui est Axel Loustau ?

Si vous avez suivi l’actualité, vous avez peut-être croisé ce nom : Axel Loustau.

Je n’ai pas lu l’ensemble des articles qui parlent du « lui récent » donc j’ai décidé d’en parler un peu, il y a peut-être du doublon ça et là.

Le billet pourrait s’appeler « Pourquoi Marine Le Pen n’a pas changé le FN, malgré le gros pot de peinture de ses potes. »

Axel Loustau, c’est celui qui, le jeudi 01 octobre 2015, a été investi sur la liste Front National des Hauts-De-Seine pour les prochaine régionales de décembre.

Axel Loustau, c’est également le prestataire « plan de secours » du FN pour la campagne des régionales, via sa société « Les presses de France ».

« Les presses de France » est une « roue de secours » : il faut comprendre, la société Riwal n’est plus autorisée à travailler pour le Front National, sans doute parce que son créateur, Frédéric Chatillon, rencontre « quelques ennuis avec la justice » :

Mise en examen pour financement illégal du Front National et mise en examen pour escroquerie, Riwal a écopé des mêmes mises en examen que Frédéric Chatillon (mise en examen pour financement illégal de parti politique par personne morale et escroquerie).

Ah, et mise en examen pour faux et usage de faux, abus de biens sociaux et blanchiment.

Bref, « quelques ennuis avec la justice ».

Loustau, c’est aussi un ancien membre du GUD. Mais si, le GUD, souvenez-vous… c’est le Groupe Union Défense, une organisation d’étudiants très très à l’extrême de l’extrême droite, particulièrement réputée pour ses actions violentes. Elle était très active dans les années 70-80 avant de peu à peu sombrer plus ou moins dans l’oubli.

Le GUD, c’est aussi de là que vient – attention surprise – Frédéric Chatillon. Rohhh, mais si, Chatillon, le monsieur qui travaille ou a travaillé avec le régime d’Assad, suivez un peu !

Le même qu’un peu plus haut, le même monsieur qui a « quelques ennuis avec la justice ».

Allez, le GUD de nos jours, c’est aussi la violence, la haine, les agressions, les incitations à la haine homophobe, l’antisémitisme…. Ce n’est pas spécialement reluisant, vous l’aurez compris ! Et il serait bien naïf de croire que Loustau n’a plus rien en commun avec le GUD.

Le GUD, c’est aussi, selon certains journalistes, un organisme financé en partie, pendant un temps, par la Syrie d’Assad.

Loustau était aussi, en 2010, le dirigeant de la société Vendôme Sécurité, qui semble être devenue Colisée Sécurité, gérée par Halvard Couasnon (qui a repris les actifs de Vendôme Sécurité pour tenter de faire oublier la réputation de la société). C’est aussi un proche de Marine Le Pen.

Vendôme Sécurité, c’est la société qui a géré, par exemple, des services de protection pour l’ancien président de la république, Nicolas Sarkozy. On se calme, on se calme, ces sociétés répondent à des appels d’offre qu’il est difficile de refuser par la suite… mais quand-même.

Axel Loustau, c’était aussi, en 2014, le responsable du cercle Cardinal, cercle qui rassemble les patrons des PME et des PMI proches du Front National.

Enfin, Axel Loustau, c’est la personne mise en examen pour escroquerie lors des élections de mars 2015, en qualité de trésorier de « Jeanne », un mouvement qui gravite autour de l’univers FN.

Je ne vais pas plus détailler. Non pas par manque d’envie, mais par manque de garanties. La dernière fois que j’ai parlé du Front National, ça m’a coûté quelques craintes, des mails assez violents mais drôles tant ils étaient débiles et quelques autres très précis et inquiétants…et beaucoup moins drôles.

J’imagine que les mails et ces quelques actes de l’époque ne sont que des initiatives individuelles, mais prudence est mère de sûreté.

En conclusion : Marine le Pen va sans doute avoir besoin de plus de peinture pour refaire la façade du Front National parce que là, c’est définitivement impossible.

De la dépendance des GAFA((M)…BCDEF)

Il y a quelques jours, Microsoft présentait ses excuses pour l’énorme panne de son service Skype. La firme réalisait de grosses mises à jour qui ont pris plus de temps que prévu et ont entrainé un arrêt quasi complet de Skype.

Peu de temps avant, Amazon Web Service connaissait une panne partielle d’environ 5 heures, entrainant dans sa chute des services comme Netflix

Il y a quelques temps, certains services de Google tombaient en panne eux aussi…

La liste est longue, les exemples ne manquent pas pour expliquer à quel point la dépendance aux GAFA est parfois problématique.

Ces interruptions de services devraient nous faire réfléchir quant à celle dépendance dont il est question.

Qu’arrivera-t-il si, un jour, Amazon Web Service s’effondre pendant des jours ? Qu’arrivera-t-il si Google tombe en panne pendant toute une journée ?

Nous ne nous en rendons peut-être pas compte mais cela pourrait avoir des conséquences catastrophiques et pas uniquement dans la sphère numérique.

  • Les sites et appareils électroniques reliés au « cloud » ne pourraient peut-être plus récupérer leurs données
  • Certains sites seraient totalement injoignables pendant une durée indéterminée
  • Des entreprises cesseraient de fonctionner parce que leurs infrastructures seraient en panne
  • Certains secteurs sont entièrement dépendants de Google, ils deviendraient invisibles et / ou seraient coupés d’une source de revenus phénoménale
  • D’autres ne pourraient plus communiquer car leur système repose sur du Gmail

Lorsqu’on sait que de nombreuses entreprises disparaissent lorsqu’elles n’apparaissent pas dans les premiers résultats de Google, on imagine aisément le dépôt de bilan si le moteur venait à tomber en panne ne serait-ce qu’une semaine…

Et on imagine mal notre vie sans toutes ces choses que l’on ne voit pas forcément mais qui font que « le monde » tourne.

Comme le dirait Bruce Benamran, « prenez le temps d’e-penser… »

[En bref] Loi renseignement et surveillance internationale : pas tous égaux.

L’article L. 854-1 – III de la proposition de loi relative aux mesures de surveillance des communications électroniques internationalesje sais, c’est très pompeux comme entrée en matière – est ainsi rédigé :

« Les personnes qui exercent en France un mandat ou une profession mentionné à l’article L. 821-7 ne peuvent faire l’objet d’une surveillance individuelle de leurs communications à raison de l’exercice du mandat ou de la profession concernée. »

Il est bon de se rappeler l’article L. 821-7, puisque le L. 854-1 – III en fait mention :

« Les techniques de recueil du renseignement mentionnées au titre V du présent livre ne peuvent être mises en œuvre à l’encontre d’un magistrat, d’un avocat, d’un parlementaire ou d’un journaliste ou concerner leurs véhicules, bureaux ou domiciles que sur autorisation motivée du Premier ministre prise après avis de la commission réunie.»

En décodé , l’article dont il est question dans mon billet dit donc la chose suivante :

les magistrats, avocats, parlementaires ou journalistes ne peuvent être surveillés que si le premier ministre l’autorise et que ladite autorisation est dite « motivée », argumentée si vous préférez. Il lui faudra également l’avis de la Commission Nationale du Contrôle des Techniques du Renseignement (CNCTR), que j’ai surnommé la « commission du oui » pour anticiper l’avenir…

Condition importante : il faut que ces professions « protégées » soient exercées en France. Dans le projet de loi relatif à la surveillance des communications électroniques internationales, ce n’est pas le cas.

Pour faire plus simple et moins pompeux : pour surveiller des magistrats, des avocats, des parlementaires ou des journalistes à l’étranger, servez-vous, c’est open bar.

La vision est assez binaire, j’en conviens, mais tout ce qui n’est pas inscrit dans la loi est dans le champ du possible.

Seulement…

Bien, ce point-là me dérange profondément. Non pas que les autres ne me dérangent pas, loin de là, très loin même, rassurez-vous.

Il me dérange car il crée une rupture d’égalité pour des personnes qui exercent le même métier, qui ont besoin des mêmes protections, qui ont les mêmes exigences que leurs confrères du sol français.

Dans ces métiers, il existe de très nombreuses connexions internationales, certains avocats de l’étranger gèrent des dossiers pour des clients français, certains journalistes étrangers communiquent avec d’autres français et ainsi de suite…

Pourtant, le projet de loi ne prévoit pas de protéger ces professions si elles sont exercées hors du territoire français.

Une nouvelle fois, j’ai honte de cette loi qui fait honte à notre pays et aux valeurs que nous sommes censés défendre plus que tout : liberté, égalité, fraternité.

Comment pouvons-nous encore avoir l’égalité comme devise lorsque la loi s’efforce de rompre ce qu’il reste de cette valeur déjà bien massacrée ?

Comment peut-on se faire avoir à ce point ?

Ces protections pour quelques métiers sont insuffisantes et inefficaces :

  • insuffisantes car d’autres métiers méritent d’être protégées, comme les médecins et le secret médical par exemple
  • inefficaces car pour ne pas surveiller un avocat, un journaliste … il faut déjà l’avoir identifié et pour l’identifier, il faut qu’il ait déjà été l’objet d’une surveillance.

Pour faire plus simple : si, sur une autoroute, j’ai l’obligation de laisser passer toutes les conducteurs qui portent un chapeau vert, il faut que j’observe chaque conducteur, y compris ceux qui portent ce chapeau « sésame ».

Pour ne pas surveiller les professions protégées, il faut que je tombe dessus pour dire « ah, non, lui ce n’est pas possible, c’est Marc Rees, de Next INpact, c’est un journaliste, on ne peut pas le surveiller, arrêtez tous, les mecs ! », donc, l’espace d’un instant déjà bien trop long, je l’ai surveillé.

Vous voyez le problème je pense, non ?

Quel dommage que les rédacteurs de la « rustine » suite à la toute petite claque du conseil constitutionnel ne le voient pas….