A vous qui ne me lirez jamais. Sachez que ça va me faire un bien fou de vous écrire, même si, comme les récents avis des français, la gronde des manifestations, les avis de la CNIL, ceux d’experts, de députés et de tant d’autres personnes, vous n’en avez absolument rien à foutre. Ah bah oui, je crois qu’il est l’heure de parler franchement, hein, d’appeler un chat, un chat.
Alors, pourquoi je me casse encore la tête à vous écrire ? Pourquoi je suis encore là à essayer de me battre pour je ne sais plus trop quoi, tant votre mauvaise foi a pris le pas sur la logique et la raison, si tant est qu’elle ait été votre compagne de route, ne serait-ce qu’un seul jour.
J’en ai des choses à vous dire, je crois. On va commencer par le fichier TES. Je ne reviens pas sur ce que c’est, je crois qu’il y a maintenant assez d’articles çà et là.
J’aimerais savoir si vous croyez sincèrement que vos actes sont guidés par la sincérité de faire de bonnes choses ou si vous nous prenez réellement pour des cons ? Non, parce que nous arrivons à un moment assez important où, j’avoue, je me pose la question.
Certes vous aviez le droit à la voie du décret pour faire passer ce fichier, mais … vous ne vous êtes pas dit, à un moment, que ce serait peut-être une bonne idée de soumettre ce genre de méga fichier monstre à la représentation nationale ? Non ? Même pas un petit peu ? Qu’avez-vous pensé ? Que cela allait passer tranquillement, sans problèmes ? C’est mal connaître les observateurs qui vous font face, tellement habitués à ces petits coups en douce que c’est presque devenu un réflexe de tout vérifier, partout, tout le temps.
Alors nous demandons des explications, quoi de plus normal ? Vous nous faites l’honneur, que dis-je, le suprême privilège, de nous envoyer Bernard Cazeneuve, à qui, sans mauvais jeu de mots, il doit manquer quelques cases. Bref. Bernard Cazeneuve, dans un grand geste de bonté, a proposé d’offrir ses explications à la représentation nationale.
Représentation qui, légitimement, est en droit de poser au moins autant de questions de nous, « simples » citoyens.
Attention, Bernard ne propose pas de faire un projet de loi, mais il propose des « explications », ou, si vous préférez, un « je vais vous expliquer pourquoi on va faire comme ça, sans passer par le vote, sans se soucier de votre avis, je ne suis pas là pour savoir si cela sera fait ou pas alors fermez-là ».
Comble du comble, il propose de faire ça au sein de l’assemblée, là où ce fichier aurait pu être voté mais là où il ne sera jamais, puisqu’il en a été décidé autrement. C’est presque un pied de nez fait à la démocratie entière, même si on comprend que cela doit être fait dans ce lieu.
Et dans ce même lieu, ce mardi 15 novembre 2016, vous osez déclarer, je cite « la meilleure manière d’éviter qu’il y ait un gouvernement d’une autre nature qui ait de mauvaises intentions, c’est de ne pas porter ses suffrages vers ceux qui pourraient avoir des idées pernicieuses »
Pardon mais…. Bordel, c’est une blague là, non ? Sérieusement ? Vous avez eu … je ne sais pas, l’indécence ? L’imprudence ? La maladresse ? Vous, la maladresse… non, vous mesurez chacun de vos mots, vous savez ce que vous dites, c’est peut-être ce qui fait que c’est pire encore, en fait. L’indécence donc, de déclarer, pour ceux qui n’auraient pas compris : si vous ne voulez pas de problèmes, vous avez plutôt intérêt à voter pour nous.
Certains diront que je suis dans l’interprétation mais analysons rapidement la situation : Bernard est contre le FN, il n’est pas pour le Front de gauche, il semble opposé au groupe Les Républicains… donc à quoi est-ce qu’il pense lorsqu’il déclare ça ?
Il ne peut pas ouvertement déclarer « vous n’avez qu’à voter pour le PS et il n’y aura pas de soucis », parce qu’il est ministre, parce que cela ne se dit pas, parce qu’il est assez intelligent pour savoir ce qu’une telle déclaration pourrait engendrer… alors, comme d’habitude avec lui, il faut lire entre les lignes.
Ce qu’il faut comprendre aussi, du moins c’est mon interprétation, c’est que si nous votons pour autre chose que pour le parti en place, il y aura des problèmes et rassurez-vous, lorsque cela arrivera, parce que cela arrivera, il sera là pour nous dire « je vous l’avais bien dit… ».
Je suis resté sans voix en lisant les propos de Bernard Cazeneuve, qui fait honte à la fonction qu’il occupe. Ce genre d’argument ne devrait pas exister tant il est glauque et malsain, tant il suggère des choses très, très dérangeantes.
Bordel, mais dans quel pays un ministre ose suggérer que nous avons intérêt à voter pour le bon parti pour éviter qu’un fichier qui recense quasiment toute la population française ne tombe entre de mauvaise main ? Je ne savais pas que la France avait été déplacée en Europe de l’est depuis hier.
D’ailleurs… les mains du gouvernement actuel sont-elles de bonnes mains ? Parce qu’avec le décret TES, avec la loi sur le renseignement, avec les assez nombreuses censures du conseil constitutionnel sur des projets de surveillance, avec des manifestations assez conséquentes, avec un projet de loi qui a regroupé des centaines d’experts opposés à ce dernier… disons, que je commence à en douter. Même si, soyons clairs, les mains des autres ne sont pas mieux… mes hommages à notre ancien de la république, Nicolas Sarkozy.
Ce qui me conduit à parler d’un autre point : pour qui, pour quoi voter ?
J’ai bien conscience que ce billet semble dénué d’intérêt, que j’enfonce des grosses portes ouvertes, mais à un moment je crois que même ces portes n’ont plus rien d’évident pour notre élite politique déconnectée de la réalité.
J’en ai marre de voir des partis politiques qui se tapent sur la gueule pour montrer que ce sont eux les meilleurs et pas les autres, parce que les autres c’est rien que des vilains méchants. J’en ai marre de voir des partis politiques qui balaient d’un revers de la main des manifestants, des avis d’experts, des avis éclairés, marre de voir des élus qui considèrent que les droits de l’Homme, c’est plus pour allumer un feu ou pour se torcher que pour être respectés. J’en ai marre de voir un premier ministre invoquer le 49.3 si la représentation nationale rejette son texte. Malgré les manifestants, malgré les alertes, malgré les députés, malgré « tout ».
J’aimerais lire un programme qui me donne envie de voter et pas de vulgaires promesses, comme à chaque élection. J’aimerais voir autre chose, pardon d’avance (y compris pour les concernées), que des politiques qui viennent faire les putes et nous vendre des promesses que nous savons êtes fausses pour pouvoir accéder à la fonction suprême.
Lire que Hollande nous réserve un programme génial, que Nicolas Sarkozy va « réparer » la France alors que la moitié des choses qu’il propose de réparer ont été « cassées » pendant son mandat, ça me fait doucement rire, et sacrément mal au …
C’est le même spectacle à chaque élection, ces clowns sortent leurs grandes réformes, leurs grandes promesses, leur « programme qui fait que la France elle va être vachement bien et vachement puissante et que même qu’elle redeviendra la princesse d’autrefois » et s’attendent à… je ne sais pas, à ce qu’on avale tout ça sans broncher ?
Mauvaise nouvelle : ça ne fonctionne plus. Les promesses faites, il va falloir commencer à les tenir pour tenter d’être un peu crédible.
Et dans ce jeu, personne ne gagne. Nous, citoyens, nous n’y gagnons rien, confrontés à un choix qui se résume à « bon, les deux sont des gros pourris avec un parti politique pourri, aucun ne tiendra ses promesses, pour qui je vote, la peste ou le choléra ? »
C’est ça que vous souhaitez laisser comme image ? C’est ce choix que vous comptez nous offrir encore et encore ? A quel moment allez-vous rendre compte que vous vous tirez une méga balle dans le pied ?
Le monde est déjà compliqué au quotidien pour pas mal de personnes et j’ai l’impression que vous cherchez désespérément à tout flinguer, à tout faire de travers. Et non, ce n’est pas le fait que les personnes du même sexe aient ENFIN le droit de se marier qui fera une quelconque différence dans un médiocre bilan.
J’ai 30 ans, j’ai envie de vivre dans un pays dont je suis fier, j’ai envie de vivre dans un pays où les décisions prises par mon gouvernement sont logiques. Je ne demande pas à être en accord systématique avec, le « jeu » de la politique oblige, mais au moins de les comprendre. J’ai envie de vivre dans un pays où les politiques sont exemplaires, où ils sont inspirants. J’ai envie de lire autre chose qu’une France montrée du doigt dans la presse internationale, tantôt pour sa presse en danger, tantôt pour des affaires de corruption, sans oublier les lois liberticides décriées dans la presse étrangère.
Je n’ai pas l’impression de demander le paradis, mais juste un monde normal. Pas un monde de bisounours, juste un fonctionnement logique, une certaine forme de cohérence. Comment, vous les politiques, vous voulez qu’on vous respecte alors que vous n’êtes pas exemplaires ?
Dans une entreprise, on demande à un directeur d’être exemplaire, à ses responsables de service de l’être aussi, à ses managers de l’être tout autant, pour que les employés le soient également. Et c’est une évidence tout ça, tout le monde le sait.
Si la politique était une entreprise privée, les responsables et les managers auraient été virés depuis déjà bien longtemps.
Au final, Bernard, Manuel et les autres, je ne sais même pas pourquoi je me casse la tête à rédiger, je pense peut-être naïvement qu’on doit parler aux cons, pour les instruire, mais pour vous, c’est peine perdue.
Au plaisir de vous voir disparaître, enfin, un jour. Et de ne plus jamais vous voir revenir… même si c’est doute une personne au moins aussi mauvaise que vous qui reprendra le flambeau.
Précision utile et pour répondre à une question qui est revenue à plusieurs reprises : quid de l’état d’urgence ?
Ainsi que l’exprime liberté, libertés chéries => http://libertescheries.blogspot.fr/2016/02/etat-durgence-premiere-declaration.html il appartient au juge administratif de veiller à la conciliation entre les libertés fondamentales et la sauvegarde de l’ordre public et procède à une analyse au cas par cas, de façon concrète.
Il n’est donc pas possible de restreindre globalement la liberté de manifester même si des restrictions peuvent être apportées mais elles doivent motivées, limitées dans le temps et dans l’espace.