Pourquoi je n’aime pas Apple ? (maj)

Non, nous ne sommes pas vendredi. Enfin si, mais ce billet n’est pas fait pour attirer les trolls velus, qu’ils soient libristes ou adeptes de la marque à la pomme.

C’est un échange récent entre deux personnes, l’une semblant « pro-Apple », l’autre semblant être son parfait inverse, qui fait que ce billet existe. Ou plutôt, c’est la réaction d’un côté qui m’a donné envie de l’écrire. Si vous vous reconnaissez dans l’une des deux catégories précédentes, il est possible que ce billet ne vous apprenne rien. Vous êtes libres de ne pas le lire hein.

La réaction qui m’a donné envie de l’écrire, c’est qu’au final, ledit libriste à fini par être classé dans la catégorie « Troll », et j’ai trouvé ça dommage. Est-ce vraiment le cas ? Etait-ce lié au limitations du réseau (Twitter) qui fait que les échanges étant limités, on comprend parfois mal ou de travers ? Je ne sais pas.

Ce que je sais en revanche, c’est que dans l’échange, l’un a tenté d’expliquer que des choses qui dérangent avec Apple et il y en a une pléthore. Je vais donc tenter d’en présenter, ici, en restant le plus factuel possible.

DISCLAIMER : oui, je n’aime pas Apple, pour tout un tas de raisons, je vais mettre cette haine de côté pour tenter d’aborder ça sous un angle plus concret, moins passionné. Si vous avez l’intention de participer à un débat via des commentaires, je vous invite à faire de même. Ou à me dégommer si vous avez des faits à présenter.

Premier point : le prix

En France, un iPhone 5S coute 699€ en prix de départ ou 599€ pour l’iPhone 5C, considéré comme l’iPhone « low-cost » par Apple. En observant les caractéristiques de l’iPhone 5C, on se rend bien vite compte que d’autres marques fabriquent déjà le même type de téléphone, ou mieux, pour un prix moins élevé. Je ne donne pas de comparaison, je n’ai pas envie que ce billet termine en « pro/anti « une marque » versus « pro/anti « une autre marque ».

Côté ordinateurs, le constat n’est pas véritablement différent. J’ai testé l’assemblage d’un pc via un constructeur (Dell, pour ne pas le citer, à défaut d’avoir trouvé un autre assembleur donnant autant de latitude dans le choix des composants), pour des équipements similaires, le prix n’est absolument pas le même et la différence n’est pas de quelques euros mais plutôt de quelques centaines.

(ndlr): généralement, les composants Apple sont de meilleure manufacture que les autres. Je ne vais pas parler des conditions dans lesquelles ces composants sont obtenus (Apple n’est ni le premier, ni le dernier à réduire ses employés à l’esclavagisme). Est-ce que cela justifie pour autant des différences de prix parfois hallucinantes ? A mon avis, non. Mais c’est mon avis, il ne vaut que pour ceux qui ont le même, par définition.

Qu’est-ce à dire ? On me répondra que le S.A.V Apple est dans le prix : c’est vrai, comme la plupart des fournisseurs et d’autres S.A.V n’ont strictement rien à envier à Apple. On me dira également que c’est du Apple donc que ça fonctionne mieux et plus longtemps : c’est vrai. Apple est réputé, même dans mon milieu de libristes. Non pas pour le système d’exploitation, mais pour le matériel.

Rapide conclusion : Apple c’est généralement plus cher, pour un produit qui fonctionne de la même manière mais généralement plus longtemps. C’est volontaire selon moi, mais ça j’en parlerai à la fin de ce billet.

Ce matériel reste un quand même problème à lui tout seul, nous allons y venir.

Second point : le matériel

Le matériel donc. Comment ne pas penser à cette célèbre phrase « t’as pas un cable d’iPhone, steuplait ? »

Certains vont peut-être rire, d’autres vont peut-être se vexer et d’autres s’en moquer mais je trouve qu’il n’y a pas plus représentatif du système fermé qu’est Apple.

Beaucoup vont penser que c’est une critique pour critiquer… en fait non. La demande de normalisation des chargeurs de téléphone fait suite à une demande de l’Union Européenne qui date de 2009 (pour le texte intégral, c’est ici). L’idée était d’arrêter d’avoir 30 000 chargeurs différents, qui ne servent plus dès lors qu’on change de modèle de téléphone.

Apple « respecte » plus ou moins cette règle. Le branchement sur le téléphone est toujours au format Apple, donc propriétaire et en cela Apple ne respecte pas la demande. De l’autre côté du branchement, on trouve une entrée USB. Il est donc possible de mettre un câble classique et ainsi d’éviter les dépenses inutiles. Il n’en reste pas moins que tout repose sur ce petit connecteur et qu’Apple ne respecte pas la demande exacte puisqu’il était question d’un chargeur universel. Si ce petit connecteur est perdu, c’est foutu.

Ce n’est pas la seule chose fermée de cet univers : la batterie. Ça peut sembler idiot mais j’aime pourvoir faire ce que je veux de mon téléphone, y compris retirer la batterie de ce dernier. Il s’avère qu’avec un iPhone ça n’a jamais été possible.

Je vous vois venir à nouveau : oui, d’autres téléphones sont ainsi et personne n’en parle et c’est uniquement dans le but de basher Apple que j’écris ça et je veux tuer tout les chats des tubes et dominer le monde. Oui. Alors pour rétablir l’équilibre : oui, d’autres le font, de plus en plus d’ailleurs (coucou Google et le Nexus 4).

La raison ? Apple fait des ventes, les autres constructeurs s’en inspirent.

Nous pouvons également parler des anciens systèmes sur les stations Apple, avant que la firme décide de basculer sous des architectures de type PC. Tout était fermé et pour changer la moindre pièce, il fallait passer par Apple.

Je vous vois encore venir : « oui mais avec les voitures c’est pareil, si t’as une voiture de luxe tu ne vas pas dans n’importe quel garage ! »… C’est vrai, mais ce n’est pas parce que quelqu’un fait quelque chose que ce quelque chose est forcément bon et pratique. Nous allons revenir sur ce côté « voiture de luxe » d’ailleurs.

Puis passons le côté branchements, je ne cite qu’une anecdote pour représenter le bordel que c’est : à l’édition PSES 2013, un conférencier est venu avec un ordinateur portable Apple, son support, son talk démarré… et pas de câble Thunderbolt. Et là, c’est le drame. Il a fallu dix bonnes minutes dans un lieu rempli de câbles, geeks, libristes, hackers, chats, poulpes et zombies (ah, et des poneys puis des humains, aussi) pour trouver un foutu connecteur.

« Faut tout changer »

C’est une phrase tirée d’une caricature des guignols de l’info mais elle est assez vraie. Dans l’univers du matériel Apple, les accessoires ne sont pas forcément compatibles avec les nouvelles générations d’iPhones. Les fameux docks, les casques, les chargeurs, les branchements pour voiture, système de son embarqués… tant d’équipements qu’il faut parfois renouveler complètement. Ce détail semble anodin mais pour comprendre le problème, il suffit d’aller demander aux fabricants d’accessoires. Ils doivent acheter le droit de fabriquer un produit compatible Apple, les brevets ça sert aussi (et surtout) à ça, c’est une partie non négligeable du fonctionnement même d’Apple. Une fois le produit commercialisé, Apple peut décider de changer tout son système (et il l’a déjà fait) et ainsi forcer les constructeurs à payer à nouveau le droit de faire des produits compatibles. C’est une idée de génie, au moins autant qu’un concept discutable.

Je peux donc difficilement faire plus explicite. Qui dit format ouvert dit disponibilité et interopérabilité, mais qui dit format ouvert ne dit pas forcément Apple.

Troisième point : le système d’exploitation

Que ce soit celui des stations ou celui des iPhones, j’ai rarement vu quelque chose d’aussi fermé. Apple c’est plus qu’une marque, c’est une institution, c’est un écosystème qui, toujours selon moi, se doit d’être fermé pour ne pas imploser. Vous devez télécharger vos applications depuis cet écosystème Apple. Vous devez télécharger vos musiques ou ajouter ces musiques sur votre appareil depuis iTunes, iCloud, i-ajoutez-ce-que-vous-voulez. Vous n’êtes pas non plus libres de télécharger et d’installer ce que vous souhaitez, mais ce point sera abordé après.

On pourrait critiquer android et son store car le schéma est similaire, mais dans les faits ce n’est pas le cas. Installer une application tierce sur un smartphone android c’est assez simple, il suffit d’activer l’installation d’application tierces et c’est parti. Cela ne vous empêche pas de faire attention à ce que vous installez, hein. Quant au fait d’ajouter des musiques, il suffit de brancher son appareil, puis de glisser ce qu’on veut où on souhaite, ni plus, ni moins.

L’avantage ? La sécurité. Avec un système aussi fermé, il est quasiment impossible de casser quelque chose. Pas de soucis, d’inquiétude, Apple gère pour vous. Trêve d’ironie, c’est extrêmement pratique d’avoir un système sécurisé ou l’utilisateur ne peut rien abimer mais vous en conviendrez, c’est privateur de liberté. C’est comme enfermer un enfant dans un parc pour le protéger du monde extérieur et pour protéger le monde extérieur (la télécommande, le vase de la famille, le console dernière génération, le chat …) de ce petit être. Sauf que l’enfant, c’est vous.

Là, je vois la réponse venir également : « oui mais avec les iPhones on peut jailbreaker ». Prenons quelques minutes pour s’attarder sur ce mot. Jailbreaker, composé de jail, prison en anglais, et breaker, « briser » en anglais. Sortir de prison donc, ça commence bien. Sans jailbreak, est-ce qu’un iPhone c’est une prison ?

Renseignements obtenus (merci Internet), un jailbreak, ce n’est ni plus ni moins que la même chose qu’un « root » sur Android. Alors pourquoi tout ce bruit autour de ce jailbreak ?

Premièrement parce que le mot est plus sombre et négatif que « rooter », puis « rooter » fait référence au fait d’être root sur son équipement, ce terme est issu d’un langage inconnu de certains. Il sous entend que l’utilisateur est en prison, ce qui est en partie vraie puisqu’un écosystème forcé n’est ni plus ni moins qu’une prison.

Ensuite parce qu’à la différence de Google, il n’est pas légal de rooter son téléphone Apple (ndlr : renseignements pris et croisés sur Internet et via deux juristes, si vous avez la moindre source qui dément ce point, faites-le savoir), Google s’en moque et cela ne bloque en rien les mises à jour.

Enfin, il semblerait qu’un iPhone rooté ne donne pas spécialement un accès total au système, là où un root sur un téléphone Android si (dixit celui qui s’est amusé à changer de kernel, à rajouter des fonctions au téléphone et tout un tas de choses).

Quatrième point : la « philosophie Apple »

C’est là que le j’ai vraiment le plus de mal. J’en conviens, c’est sans doute le point le moins factuel, encore que.

En tenant compte de ce que nous venons de voir, difficile de ne pas comprendre la philosophie d’Apple : fermée.

Le matériel est fermé.

Le système est fermé.

Le système d’achat est fermé, il force l’utilisation de solutions Apple sans moyen de faire autrement. android ne fait pas non plus figure de bon élève mais les limitations imposées sont moins contraignantes.

Les utilisateurs sont enfermés.

Il n’est possible de sortir de cet écosystème qu’au prix du contournement des protections, ce qu’Apple réprouve. Il n’est pas non plus possible de faire ce que vous avez envie de faire si l’application n’existe pas et, dernier point, il n’est pas possible de faire ce qu’Apple a décidé d’interdire, exemple avec le porno.

Bon, une énième fois, je vous vois venir : « oui enfin c’est du porno, ce n’est pas plus mal, ça évite de tomber sur des choses étranges. » Là, la réponse est non, je ne peux pas être d’accord avec vous si vous pensez cela.

Lorsqu’une firme, un groupe privé, un gouvernement, décide de ce que vous avez le droit ou non d’avoir (ou de voir) à votre place, ce n’est ni plus ni moins que de la censure. Cela ne concerne donc pas le porno, ça va bien plus loin que ça puisqu’en soi, Apple à le contrôle total de « tout ».

Lorsque vous zappez sur votre écran, votre constructeur TV ne décide pas de bloquer telle ou telle chaine au motif qu’on peut y voir des choses qui vont le déranger. Lorsque vous allumez la musique, votre appareil ne vous bloque pas telle ou telle playlist ou station au motif que ça le dérange. Si cela devait arriver, ça serait un parfait scandale et tout le monde parlerait de censure. Apple le fait mais étrangement, les utilisateurs n’hurlent pas.

Imaginons qu’Apple décide de censurer une application parce qu’elle lui fait de l’ombre, ou parce qu’elle critique la marque ou pire, entraine de l’auto censure, ah non pardon, j’ai en mémoire quelque chose de bien plus grave, basé sur des doutes. Heureusement, Apple c’est une gentille firme, elle ne … oh wait.

Cinquième point : SONCAS. Le vrai coup de génie d’Apple.

SONCAS ? Si certains connaissent sans doute, ce n’est pas le cas de tout le monde, petite présentation.

Dans le commerce, on résume souvent les motivations d’achat d’une personne à un type de besoin : si on cherche quelque chose de fiable, on est alors dans la recherche de sécurité, on parle d’orgueil pour quelque chose d’unique et ainsi de suite.

La vraie force d’Apple, c’est la vente. C’est savoir vous donner des étoiles dans les yeux, vous donner envie du produit. Parfois sans savoir pourquoi d’ailleurs.

Le S.O.N.C.A.S donc :

S pour sécurité : le produit est fiable, la présence d’une marque connue ou d’un label peuvent aider à rassurer (N.F, Afnor …)

O pour orgueil : le produit est unique ou se veut unique, d’un certain standing, généralement assez haut. On cible celles et ceux qui veulent se pavaner, montrer qu’ils ont le produit.

N pour nouveauté : le produit doit être nouveau ou comporter beaucoup de nouveautés lors de sa sortie. Il est possible de compenser sur des accessoires liés à ce produit en cas de besoin.

C pour confort : le produit doit être agréable, pas prise de tête, facile à utiliser, tant sur l’équipement en lui même que dans son interface.

A pour argent : le produit doit vanter le meilleur rapport qualité prix. Il faut faire comprendre au client que pour ce prix-là, il ne pourra pas avoir mieux.

S pour sympathie : le plus illogique des achats, celui parce que « on aime bien » la marque, le vendeur, la vendeuse, la pub, le slogan…

  • Côté sécurité, comme expliqué avant, Apple répond à l’exigence. Un système fermé ou l’utilisateur n’est pas libre est aussi synonyme de sécurité puisqu’il ne peut toucher à rien.
  • Côté orgueil… pourquoi croyez-vous que la pomme est exactement là où vous ne pouvez pas poser vos doigts lorsque vous êtes au téléphone ? Depuis, d’autres ont suivi mais cette technique est au moins aussi vieille que le commerce lui-même. D’ailleurs, le prix vient jouer un rôle important : Apple, c’est cher. Si c’est cher, tout le monde ne peut pas l’avoir. Si tout le monde ne peut pas l’avoir, c’est donc réservé à une certaine classe, une « élite ». Ce ne sont pas mes mots, ce sont ceux d’une connaissance « pro-Apple », je cite « Apple c’est l’élite, j’aime que ça soit cher parce qu’au moins tout le monde n’en a pas mais je peux comprendre qu’on se contente de la médiocrité hein, ça m’arrange. » (paroles ni exagérées, ni déformées).
  • Côté nouveauté, comment ne pas citer le « ceci est une révolution ! » ? Ce n’est pas pour rien que chaque produit ou chaque accessoire Apple est mis en avant comme étant une véritable petite révolution. J’ai souvenir d’une publicité pour des écouteurs intra-auriculaire vendus par Apple. J’en ai une paire depuis des années, adaptés à mon oreille mais Apple a décidé de présenter ce produit comme étant un tournant dans le monde des écouteurs, certains y ont cru, d’autres non, le ciblage sur le côté nouveauté était fait.
  • Côté confort : pourquoi Apple a fait une publicité ventant le fait qu’avec un iPhone, on peut se servir d’une seule main car l’écart entre le pouce et l’index moyen est calculé ? Je vous laisse un instant de réflexion sur le sujet. Nous pouvons également souligner l’ergonomie d’iOS, pensé dans cette optique de confort total. Absolument tout est fait pour ça, et pensé en conséquence. Le matériel utilisé, les composants, la texture de ces derniers, la tailles des icônes …
  • Côté argent, pensons à une autre publicité cette fois : celle de Mastercard. Mais si, souvenez vous ! La publicité se terminait en « pour tout le reste, il y a Eurocard Mastercard, disponible partout où vous en avez besoin », le principe était de dire que Mastercard permet bien des choses et que ça permettait d’avoir des choses qui valent tout l’or du monde (voyage en Égypte, journée avec son père …). Apple répondait assez bien à ce besoin, même avec des prix ultra élevés, le message était : à ce prix là, vous ne pouvez pas trouver mieux !
  • Côté sympathie… non, ça je n’ai pas besoin de détailler plus qu’un simple mot : fanboys. Pas dans le sens négatif donné au terme hein, plutôt dans le gens « des gens fans d’un produit », capables d’acheter la mise à jour ou l’accessoire juste parce qu’ils sont amoureux de la marque.

La liste est loin d’être terminée, nous pouvons également parler des guerres de brevets, des pressions faites ça et là, d’une politique plus que discutable et de bien d’autres choses encore, mais ce billet fait déjà 5 pages – +2500 mots – 12 000 signes – 5 heures de rédaction .. et je pense que beaucoup de personnes ont déjà basculé sur une autre page avant d’en arriver à là.

Mise à jour : Certains apprécieront, d’autres non, et d’autres trouveront que c’est de l’anti Apple primaire, vous êtes tous et toutes libre de comprendre ce billet comme bon vous semble, hein. Ce que je constate en revanche c’est qu’Apple a des retombées qui vont au delà de sa simple marque.

Oui, Apple c’est une entreprise qui marche et généralement leurs produits marchent bien et tiennent plus longtemps. C’est en partie lié aux composants qui, même s’ils sont fabriqués par d’autres (Intel et Samsung par exemple), sont mieux utilisés et tiennent donc plus longtemps.

Donc Apple, c’est une entreprise qui fonctionne. Si elle fonctionne, elle entraine forcément d’autres personnes ou d’autres entreprises dans son courant, ce n’est pas pour rien qu’on se retrouve avec des smartphones qui se ressemblent beaucoup côté interface. Ce n’est pas pour rien non plus qu’on retrouve tel ou tel bouton ici ou là.

Est-ce qu’Apple a fait avancer les choses ? Oui sans doute, il serait idiot de le nier. C’est le prix de cette avancée que je critique, avancer pour perdre la liberté, chez moi, c’est une avancée ratée. D’autant plus lorsqu’elle inspire les autres fabricants.

Vous n’avez peut-être « rien à cacher » mais vous avez quelque chose à craindre.

L’article original provient du site MSNBC.com.

Au vu des récentes informations sur la NSA et l’espionnage des américains, j’ai été particulièrement choqué par l’argument « si vous n’avez rien à cacher, vous n’avez rien à craindre. »

Au premier abord, cet argument semble solide – après tout, si le gouvernement ne fait que mener une surveillance antiterroriste, les « non-terroristes » ne devraient pas être concernés non ? Mais si vous regardez de plus près, vous allez vous rendre compte que cette idée n’est pas sans failles.

Le « je n’ai rien à cacher » suggère, à tort, que la vie privée, l’intimité, ne sont les désirs que des seuls criminels. En fait, nous faisons énormément de choses en privé – chanter sous la douche, faire l’amour, se confier à sa famille, à ses amis – qui ne sont ni mauvaises, ni illégales. Qui ne serait pas gêné par l’exposition de ces détails les plus intimes de nos vies privées?

Les barrières et les rideaux sont des manières de conserver son intimité et non des choses révélatrices d’un comportement criminel. L’intimité est une chose fondamentale dans toute vie.

Ce « je n’ai rien à cacher » est aussi un grand pas en arrière lorsque ce dernier suggère que nous sommes tous suspects, jusqu’à preuve du contraire. Notre système judiciaire nous considère innocents jusqu’à ce que la culpabilité soit établie. Ceci s’applique chaque jour – autant qu’il s’applique dans une cour de justice. La tâche de démontrer qu’il existe une bonne raison d’être suspect incombe au gouvernement et non l’inverse. La rengaine « rien à cacher » ne devrait être ni l’excuse ni le prétexte des gouvernements pour justifier la surveillance de masse.

Même si vous pensez que vous n’avez rien à cacher, vous avez, en fait, quelque chose à craindre. Vous devriez vous inquiéter pour vous-même. Avec une façon de présenter les choses qui fait froid dans le dos, Kafka illustre ce problème dans « Le Procès« , la perspective d’un gouvernement vous poursuivant sans justifications est terrifiante.

Vous devriez également vous inquiéter pour notre société. Vivre sous l’œil permanent d’une surveillance de masse peut entrainer des préjudices sociaux durables : si les citoyens sont un peu plus craintifs, un peu moins enclins à collaborer les uns avec les autres, un peu moins rebelles – tout ceci peut refermer ce qui était autrefois une société ouverte.

La surveillance par nos gouvernements porte directement préjudice à d’autres – pensez aux militants des droits de l’Homme ou aux journalistes qui doivent travailler avec des personnes qui ont peur de cette surveillance, non pas à cause de quelque chose qu’ils auraient pu mal faire, mais pour des raisons politiques. Imaginez un groupe libéral qui déclare qu’au vu du récent scandale de l’IRS, ils n’ont rien à craindre car l’IRS ne s’intéresse qu’aux conservateurs. Cet argument serait imprécis et ignorerait totalement les risques évidents d’un gouvernement qui va trop loin. (Besoin de preuves ? l’IRS a admis qu’ils observaient aussi les libéraux.)

Vous êtes peut-être dubitatifs, pas convaincus. Vous êtes certains que vous n’avez et n’aurez jamais rien à cacher. Vous pensez que mes inquiétudes sur ces carcans qui entravent la liberté d’expression et nos principes démocratiques sont exagérées et vous êtes convaincus que ces problèmes d’intimité sont également exagérés, aucune chance que cela vous affecte vous ou notre société de toute façon.

Mais – et c’est la plus importante faille dans ce « rien à craindre, rien à cacher » – comment pouvez-vous en être certains ?

En fait, vous ne savez pas si vous avez quelque chose à craindre ou non parce que vous ne savez pas ce que le gouvernement fait des données qu’il collecte. Si ce gouvernement garde secret ce qu’il collecte sur vous et pourquoi, vous êtes dans l’incapacité de corriger les erreurs potentielles. Et si vous connaissez un tant soit peu notre système judiciaire, vous savez que les erreurs ne sont pas rares.

La transparence est en partie là pour s’assurer que les actions du gouvernement – ses résultats – sont évaluables, mais la transparence, c’est aussi s’assurer que les informations dont dispose le gouvernement – ses sources – sont exactes.

Lorsque ce gouvernement opère en secret, il devient compliqué de savoir quoi que ce soit et d’en être convaincu.

Cependant, il y a bien une chose dont nous pouvons être convaincus : nous avons besoin d’en savoir plus.

Nous avons besoin d’en savoir plus sur les informations que le gouvernement collecte sur des millions d’américains innocents. Nous avons besoin d’en savoir plus sur ces interprétations juridiques secrètes sur lesquelles notre gouvernement se base pour surveiller nos communications. Et nous avons besoin d’en savoir plus sur ce que le gouvernement fait de ces milliards et ces milliards de bits de données qu’il amasse dans ses fichiers. Nous avons besoin de ces réponses car, même si nous n’avons rien à cacher, ça ne signifie pas que nous voulons vivre dans une société ou rien n’est privé.

Traduction faite depuis http://www.aclu.org/blog/national-security/you-may-have-nothing-hide-you-still-have-something-fear

Je précise qu’aucune autorisation n’a été demandée et que cette traduction est de moi, le texte ne l’est pas, j’ai donc désactivé Flattr sur ce post, le principe étant de diffuser l’information.

PS : si vous êtes en train de vous dire « ce n’est pas nous, ça se passe aux États-Unis d’Amérique », alors c’est que vous n’avez pas tout compris.

Prism, et après ?

Avant toute chose, je vous invite à lire le très bon billet d’Andréa Fradin, ex journaliste pour OWNI (une petite pensée pour eux au passage), maintenant chez Slate.fr

Pour celles et ceux qui ont la flemme (honte sur vous), Andréa observe les différentes réactions sur l’affaire PRISM et le constat est quasi sans appel : tout le monde ou presque s’en moque.

Alors oui, le monde la politique se saisi enfin du dossier et fait les gros yeux aux Etats-Unis, même si c’est trop tard… mais dans le fond, tout le monde ou presque ne se sent pas concerné par PRISM ni par le danger que ça représente.

Andréa observe donc PRISM avec un œil très lucide et avec une approche très pertinente, je considère l’article comme triste et déprimant parce qu’il explique parfaitement bien la situation.

Un autre constat établi est le manque de solutions viables pour être à l’épreuve de PRISM, c’est la raison de ce billet.

Je vais essayer de pousser jusqu’au bout les différentes pistes qui pourraient nous permettre de se prémunir un peu de PRISM et des autres programmes encore secrets, à cette étape du billet, je n’ai pas encore de constat clair à tirer…mais je sans qu’il ne va pas être très joyeux.

La première des pistes, c’est via la politique.

Si moi, toi derrière l’écran, les autres, voulons garantir au peuple la bonne application des dispositions déjà existantes en matière de protection de la vie privée, alors la politique devient un enjeu majeur. Elle l’est car, officiellement, elle couvre l’ensemble des personnes d’un pays. C’est donc un moyen de garantir que l’intimité des individus qui composent un peuple sera préservée.

Problème : des lois existent déjà, dans différents textes de la législation française ainsi que dans celle européenne et comme vous pouvez le constater, cela n’a pas protégé les personnes au sein de l’UE. Ainsi, peu importe le nombre de lois qui arriveront ou n’arriveront pas, ces dernières ne seront pas en mesure de garantir le respect de la vie privée et de l’intimité des individus.

Cette idée est donc obsolète puisqu’elle présente des garanties théoriques.

Seconde piste : le chiffrement, de tout, partout, tout le temps.

La Crypto anarchie, c’est le nom que certains donnent au fait de tout chiffrer, même pour dire bonjour à quelqu’un d’autre. Le principe est relativement simple : si tout est chiffré, cela augmente le temps de traitement d’une donnée jusqu’à saturation totale du système. L’idée est d’utiliser un chiffrement assez fort pour qu’il ne puisse pas être cassé.

Ce premier point sous-entend qu’il va falloir sortir du cadre de la loi, qui n’autorise pas un chiffrement des plus robustes, il ne sera donc pas suivi par celles et ceux qui ne veulent pas sortir du cadre de la loi.

Chiffrer tout, c’est aussi une chose extrêmement compliquée car il faut penser à tout sans exceptions. Le passage suivant est un tout petit peu plus technique, je vais tenter d’être clair, si ce n’est pas le cas prévenez-moi.

Sur un ordinateur, tout chiffrer revient à chiffrer sa navigation, ses données, sa connexion et tout ce qui va avec, ce qui donne quelque chose comme ça :

  1. être en https partout et encore, ce n’est pas une garantie contre un système d’espionnage
  2. chiffrer le contenu de son disque dur et dans l’idéal disposer d’une partition sécurisée (avec TrueCrypt par exemple)
  3. chiffrer sa connexion Internet en passant par un VPN et pas n’importe quel VPN, un système de confiance sinon passer par un VPN devient totalement inutile, il est également possible de passer par le réseau Tor
  4. chiffrer ses requêtes DNS : hmm, là ça mérite une petite explication.

Internet, ça marche avec des adresses (comme 173.194.40.120 par exemple), ces adresses-là sont des adresses IP. Pour plein de raisons et parce que ce n’est pas facile de retenir une adresse IP, le DNS a été créé. Le rôle du DNS est de donner l’adresse IP correspondante à l’adresse demandée.

Exemple : lorsque vous tapez google.fr dans votre barre d’adresse, votre ordinateur va frapper à la porte du DNS et lui demande « dis, je vais par où pour aller sur ce machin-là ? » et le DNS lui donne alors l’adresse IP correspondante. Ça fonctionne avec tout le reste aussi, ce n’est pas que le Web.

Ce DNS fonctionne et communique d’une façon spécifique, sur un canal qui lui est réservé. Ce canal c’est un port : pour résumer, lorsque vous allez sur http://bidule, c’est le port 80 qui est utilisé, https://bidule sera sur un autre port, vos mails, des mises à jour, logiciels et tout le reste communiquent aussi sur d’autres ports et le DNS lui, communique sur le port 53.

Ces requêtes ne sont pas chiffrées par défaut, ainsi, si le but est de totalement chiffrer sa connexion, il faudra chiffrer ces requêtes-là.

J’oublie sans doute tout un tas de choses qui entrent dans cette logique du chiffrement de tout.

Sur un téléphone, c’est la même chose : chiffrer tout, sa connexion avec Tor, ses données en chiffrant le stockage du téléphone, ses requêtes DNS et, cadeau bonus : chiffrer ses SMS stockés et l’envoi et la réception de ces SMS puis chiffrer ses appels.

Bref vous l’aurez compris, ces solutions demandent du temps, des efforts et un peu de connaissances que l’on acquiert lorsqu’on s’intéresse à tout ceci.

Dans les faits, tout le monde n’a pas le temps, la curiosité et l’envie (ni même ne ressent le besoin) de ça. C’est parfois complexe, il faut parfois mettre ses mains dans le code ou dans l’outil qui ne fonctionne pas comme on veut, puis ce n’est pas très « user-friendly », comparé à ce qui existe déjà.

Donc ça ne concerne que celles et ceux qui savent et comprennent, ce n’est pas le but de ce billet, essayons d’élargir le champ des personnes concernées. Idée suivante.

Troisième piste : Facebook, Apple, tout ça… C’EST LE MAL.

L’idée serait donc de migrer de Facebook vers autre chose, d’Apple vers autre chose (et ne me répondez pas android, c’est Google derrière)… oui, mais vers quoi ?

Parce que c’est bien mignon mais quel site est capable d’offrir autant d’interactions que Facebook ?

Des projets ou d’autres réseaux sociaux existent et l’article d’Andréa en parle d’ailleurs dans son article, comme elle parle du non succès rencontré par ces mêmes réseaux.

J’aime le libre, j’aime crier que tel service c’est mal parce que c’est irrespectueux de votre vie privée où dangereux et j’aime encore plus expliquer pourquoi mais il faut se rendre à l’évidence : les utilisateurs aiment ce qui est simple, rapide, interactif et ils veulent pouvoir retrouver leurs amis sur les différents réseaux sociaux.

Les projets concurrents à Facebook ne sont pas aussi faciles d’accès, pas aussi rapides, pas aussi interactifs et ils ne sont donc pas attractifs.

Paradoxalement, je suis en train de vous dire ça mais ce blog dispose d’une connexion Facebook, d’une fanpage et forcément, d’un compte Facebook. Je suis parfaitement conscient de ce que Facebook fait mais je suis, dans le même temps, conscient que c’est un outil de communication non négligeable.

Je suis donc mal placé pour vous demander de ne pas faire ce que je fais. Pour toutes ces raisons, espérer que les utilisateurs Facebook le quittent pour protéger leur intimité, c’est une utopie. Une belle utopie, mais une utopie quand même.

Quatrième piste : l’auto-hébergement de vos données et de vos services.

L’auto-hébergement, c’est le fait d’avoir ses propres services qui tournent, chez vous, pour faire ce que vous faites d’habitude.

En gros, vous disposez d’un serveur de mail avec une adresse que vous avez créé, vous disposez d’un serveur DNS, d’un IRC si vous l’utilisez, d’un serveur comme mumble pour parler, d’un serveur pour faire de la vidéo, d’un serveur qui remplace Twitter si vous êtes client Twitter… puis pour Facebook et le reste, ce n’est tout simplement pas possible.

Je me dirige peu à peu vers cette solution, je suis encore très loin d’avoir les compétences techniques pour tout faire mais ça viendra, j’échoue d’ailleurs sur quelques aspect de paramétrage de mon serveur DNS. Bref, comme tout le monde, je suis humain, je n’ai pas la science infuse et je fais des erreurs. Pour autant, je persiste et ça finira par fonctionner.

Demander aux gens de s’auto-héberger n’est absolument pas une solution envisageable pour l’instant. Il faut du temps, parfois un tout petit peu d’argent et surtout, il faut les connaissances nécessaires pour le faire et ça c’est un problème.

Un problème dans la mesure où beaucoup de gens n’ont tout simplement pas envie de comprendre, ils veulent que ça marche, point. L’idéal c’est d’appuyer sur un bouton et tout fonctionne, comme par magie.

Cette magie n’existe pas et on se rend compte que tout est logique une fois dedans, c’est un ensemble de choses, d’instructions, de lignes de code, qui produisent une chose et une autre, et au final ça fait un service x ou y.

Donc, demander à monsieur et madame « tout le monde » de basculer vers ce système, c’est tout simplement impossible. Ils ne veulent pas, ne comprennent pas l’intérêt puisque ce qui existe fonctionne déjà.

Dernière piste : l’éducation.

La seule solution viable semble être, selon moi, l’éducation. Je ne parle pas de chiffrement, mais d’éducation au numérique, d’explications sur les enjeux de cet outil qu’est Internet, de la protection des données personnelles afin de conserver un peu d’intimité.

Pour les « anciennes » générations, tout comme pour la nôtre, c’est déjà trop tard. Ce n’est pas à 30 ans, à 40 ou plus qu’il faut reposer des bases qui n’existaient pas car l’outil n’existait pas.

Cette solution peut fonctionner, elle peut rendre les gens responsables et conscients de ce qu’ils font sur Internet, elle peut sans doute leur faire prendre conscience qu’Internet est public et que si on veut que quelque chose reste privé, la meilleure solution, c’est peut-être de ne pas le publier tout court.

Derrière ce simple passage, il y a beaucoup de variables et tout ne se fera pas en un jour, ni en un an ni même en 10, c’est une transformation qui prendra une génération, si donné que cette transformation se concrétisait dans le futur…

Et maintenant, pour maintenant ?

Bien maintenant, je ne sais pas, j’ai envie de hausser les épaules et de répondre « à quoi bon, ça ne changera rien ».

Cette tentation de tout abandonner est de plus en plus tentante et j’imagine que d’autres ressentent la même chose que moi en ce moment même, à quoi bon lutter, autant se résigner.

Andréa le disait même dans le titre de son article, autant se résigner.

Sur ce point, j’ai une réponse claire, nette et précise à apporter : si nous nous résignons, c’est perdu.

Si nous n’essayons pas de faire changer les choses, c’est perdu, c’est accepter PRISM et la surveillance de tout, partout.

Si nous essayons, ce n’est peut-être pas gagné, mais nous avons bien plus de chances que ça fonctionne. C’est logique me direz-vous, si nous essayons, ça ne peut que fonctionner plus que si nous n’essayons pas. Vous avez raison.

C’est ce point qui ne me fait pas abandonner ce combat-là, ce point qui me remotive lorsque j’ai envie de tout fermer et d’arrêter d’essayer.

Les retombées de nos efforts ne seront peut-être pas visibles mais elles existeront. Peut-être pour une personne, peut-être pour mille, personne n’a cette réponse… mais tout le monde le sait.

Alors essayons.

Empowerment : pédagogie, informatique et hackers.

Depuis toujours, une chose me tient à cœur : l’éducation dans le monde de l’informatique. Certains appellent ça l’empowerment : le fait d’expliquer comment une chose fonctionne afin de contrôler ladite chose, et pas que ladite chose vous contrôle.

Par exemple, l’empowerment est utilisé pour parler de nos machines ou des sites que nous connaissons et visitons quasi tous. Il insiste sur la nécessité de reprendre le contrôle de nos machines et d’arrêter de laisser ces machines décider à notre place, qu’elles cessent de faire d’obscures choses sans notre accord.

C’est un peu comme une voiture dernière génération, vous savez qu’elle roule, vous savez qu’elle a besoin d’essence, de diesel, de GPL… mais vous ne savez pas « comment » ça fonctionne. Si c’était le cas avant l’arrivée de l’informatique dans vos voitures, ça ne l’est plus maintenant. Le moteur est caché, un cerveau gère la partie informatique de votre voiture et vous ne savez donc pas ce qu’il se passe, même si vous savez à quoi ça sert.

L’empowerment, c’est donc comprendre le comment, le programme qui fait que tout fonctionne, au lieu de rester sur la fonctionnalité « la voiture sert à voyager ».

Beaucoup se disent que ce n’est pas utile. A quoi ça sert de savoir comment un programme informatique fonctionne, le principe c’est qu’il fonctionne, non ?

Je ne veux pas savoir comment mon navigateur, ma box ou Facebook fonctionnent, je veux pouvoir naviguer, me servir d’Internet ou pouvoir parler à mes « amis ».

Je ne suis pas satisfait du constat mais il est bel et bien là, les gens ne s’intéressent pas au code, au cœur de tel ou tel produit, tant qu’il marche, c’est tout ce qui compte.

Pourtant, à l’heure ou l’informatique occupe une place de plus en plus importante dans nos vies, l’empowerment est important et il deviendra sans doute une nécessité dans l’avenir.

Pourquoi ?

Parce qu’à mon sens, la maitrise de l’outil informatique ne peut pas aller sans cet empowerment, sans cette montée en compétence. Il est garant d’un ensemble de choses incroyablement nombreuses et je vais citer trois points : liberté, égalité, fraternité. Les trois d’un coup, l’un ne pouvant pas aller sans l’autre

Liberté car une chose libre et open source sont des garanties de la liberté, de nos libertés individuelles, de la liberté d’expression : nous pouvons savoir comment le programme fonctionne et ainsi voir le « comment » de ce à quoi il est destiné.

Cela réduit ou élimine le risque d’une application malveillante qui va vous espionner ou bloquer vos communications.

Vous savez que votre stylo ne vous espionne pas car vous pouvez le démonter, observer qu’il est généralement composé de plastique, d’un ressort et de la partie qui contient l’encre pour écrire. Le logiciel libre, c’est pareil, à la différence que la matière est remplacée par du code.

La liberté permet d’égalité car le logiciel libre et open source est généralement gratuit, il peut dont être diffusé de façon massive, en France et ailleurs, à destination des personnes qui n’ont pas les moyens d’acheter un produit payant.

La fraternité dans tout ça ce sont les tiers de confiance, celles et ceux qui peuvent vous aider, la communauté d’un logiciel libre, ceux pour qui le code c’est un art, et qui le maitrisent ou au moins le comprennent un peu.

Si je plante le décor, nous avons donc des logiciels gratuits, libres et dont le code peut être observé, nous avons l’égalité d’accès à ces logiciels, à l’éducation, la culture et enfin, nous avons des gens présents pour aider celles et ceux qui en ont besoin.

C’est un joli monde, presque utopique, dommage qu’il soit quasiment fermé aux profanes.

La vie vraie

Dans la vie vraie, le tableau est un peu plus sombre, un peu plus triste et beaucoup moins idyllique. Un très faible pourcentage de la population est intéressé par tout ceci, une très faible partie de ce pourcentage comprend le code et une infime partie de ces gens qui comprennent le code est capable de l’expliquer à tout le monde.

Le constat est le même ailleurs, de la protection de l’intimité sur Internet à votre nouvelle voiture avec de l’informatique embarquée.

Pourquoi ?

Il y a deux raisons à tout ceci, la première c’est que Skype, Windows, Apple et d’autres savent parler aux personnes. Certes, ils ont énormément d’argent, ce qui leur donne les moyens pour communiquer massivement, concevoir des contenus adaptés, cibler des besoins via de la publicité.

Face à cela, le monde du libre n’a pas la même force de frappe, entre autre parce que ce n’est pas le but mais également parce qu’il n’a pas les mêmes moyens. De facto, le logiciel libre est moins connu.

Pourtant, même lorsqu’on le présente, le monde du libre n’attire pas, ou très peu.

Pourquoi ?

C’est là que le bât blesse car la raison de ce manque d’intérêt, c’est peut-être « nous ».

« Mais si tu vas voir c’est super simple, il suffit de faire un sudo aptitude install hotot, puis si ça fonctionne pas, tu « wget » la dernière version depuis le git, ou tu « clone », ensuite t’as plus qu’à compiler, make install et le tour est joué »

Vous avez compris le problème je pense, non ? Vraiment pas ?

La réponse est simple : nos évidences ne sont pas celles de nos proches, parents, amis, clients, des autres tout simplement.

A cette étape, deux solutions semblent envisageables

  • La personne ne sait pas le faire, vous le faites à sa place. Le problème est résolu, mais la personne ne sait toujours pas le faire et vous demandera de l’aide à chaque fois que ça ne fonctionnera plus. Cette personne est donc partiellement ou totalement dépendante de vous.

  • Vous expliquez :

    • Ce qu’est sudo et donc le super user

    • Ce qu’est aptitude, ou apt

    • Ce qu’est hotot

    • Ce que c’est qu’un wget et donc, comment fonctionne une requête

    • Ce que compiler veut dire

    • Ce que make ou make install veut dire

Certes, vous allez passer beaucoup de temps à expliquer, il faudra vous adapter car non, « aptitude c’est un gestionnaire de paquets », ce n’est pas une bonne réponse mais au final… la personne comprendra, aura progressé, sera à même de comprendre et qui sait, peut-être même capable à terme d’expliquer à son tour.

La pédagogie c’est, selon moi, une clé qu’il manque dans ce monde pourtant tellement ouvert et passionnant.

« Aptitude, c’est le nom d’un « programme » qui permet d’installer d’autres programmes, ces programmes sont appelés paquets et pour s’en servir il faut taper « aptitude quelque-chose », comme install pour installer, ou remove pour retirer un paquet en partie.

« Aptitude c’est donc un paquet qui permet de gérer d’autres paquets, c’est donc une gestionnaire de paquets. »

Oui, c’est long. Oui, c’est parfois compliqué. Oui, c’est même chiant de temps à autres, mais le bonheur de faire monter quelqu’un en compétences n’a aucun prix, au moins pour moi.

On pourra me répondre que l’effort ne doit pas venir de nous, de cette communauté, que ce sont les gens qui doivent faire un effort de compréhension, d’adaptation… c’est votre avis, pas le mien.

L’école et de façon générale, l’éducation nationale, pensent comme vous. C’est à l’élève de s’adapter aux contenus, programmes, il n’est qu’un élève parmi tant d’autres et… ça ne fonctionne pas, ou très peu.

Nous critiquons fermement le système de l’éducation nationale alors que nous faisons plus ou moins la même chose en pensant que l’effort ne doit pas venir de nous, c’est un peu paradoxal.

La pédagogie est une clé fondamentale selon moi, aller vers les gens, s’adapter pour qu’ils comprennent est bénéfique et nous devrions tous et toutes faire l’effort nécessaire, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’effort à produire car la personne a acquis les bases et comprend maintenant ce langage fait de mots compliqués non accessibles au commun des mortels.

C’est à nous de faire l’effort, et le nous inclut également les grands noms de ce monde.

Si Richard Matthew Stallman est une légende vivante, un créateur de génie, un fervent défenseur du logiciel libre, il n’en reste pas moins qu’il ne fait aucun effort pour expliquer aux profanes.

Pour moi, Stallman est la manifestation vivante du fossé qui sépare ceux qui comprennent de ceux comprennent et veulent diffuser l’information.

Il est sans doute très compétent mais il n’est pas pédagogue. Déclarer à une néophyte « vous êtes stupide » parce que la personne ne comprend pas le logiciel libre, c’est absurde, inutile et contreproductif, ça conforte la personne dans son monde de logiciels privés et, plus grave encore, ça ne donne pas envie à la personne de comprendre.

Personne ne cherche à comprendre quelque chose lorsque l’on est rabaissé, presque humilié, la réaction la plus courante après un épisode comme ça, c’est le rejet.

Reste donc cette question du partage des savoirs.

Que voulons-nous ?

Si nous voulons rester dans notre monde, entre nous dans cette bulle hermétique, avec les « gens qui savent », alors ne changeons rien. Le monde continuera ainsi, le logiciel libre ne progressera pas, ni l’empowerment et nous seront quelques personnes à comprendre.

Ce n’est peut-être pas volontaire, pas conscient, mais faire ainsi revient à restreindre l’information, à la réserver à quelques personnes, c’est la même philosophie que les moines copistes d’un autre temps, qui refusaient que la culture soit diffusée par le biais de l’imprimerie, apeurés de devenir inutiles.

Mais, si nous voulons faire changer les choses alors il faut avancer, s’adapter, accepter que nous ne sommes pas forcément bons et essayer de comprendre pourquoi dans le but de corriger ceci. Après tout, n’est-ce pas un des principes du hacking que de diffuser l’information ?

Personnellement, mon choix est fait. Et vous ?

Analyse des propos de M. Malek Boutih à propos d’Internet.

Lors de l’audition de M. Pierre Lescure à l’assemblée nationale, ce mercredi 12 juin 2013, le député socialiste Malek Boutih s’est montré favorable à une régulation d’Internet par le CSA. Il a également souhaité que la France « reprenne le contrôle d’Internet ».

Parce que de tels propos doivent être compris de différentes façons, je vous propose un « bref » retour sur le sujet.

Pour commencer, M. Boutih ne croit pas en « la légende des pirates du Net, au geeks qui diffusent gratuitement la culture. »

M. Boutih, si c’est votre droit le plus strict de croire ou non en quelque chose, sachez que ce sont souvent ces « pirates du Net, ces geeks » qui forgent et construisent Internet tel que vous le connaissez.

Nier le rôle de ces personnes revient à considérer qu’ils ne sont d’aucune utilité et en ce sens, M. Boutih est dans l’erreur la plus totale.

Celles et ceux qui ont fait d’Internet ce qu’il est, ce sont bel et bien ces geeks, barbus ou non, qui échangent des informations, apprennent, transmettent le savoir et la connaissance au plus grand nombre possible.

Dans ces personnes, nous pouvons par exemple parler de M. Stallman, je doute fortement que le rôle de M. Stallman puisse-t-être remis en question dans le monde technologique que nous connaissons.

Il faut également remarquer que M. Boutih n’est pas connaisseur des Internets, le mot pirate n’étant sans doute pas le plus adapté ici.

Comme d’autres députés, M. Boutih tombe dans l’amalgame du hacker pirate, sous-entendant que ces choses-là sont mauvaises. Pour le bien de tous et pour être un peu plus crédible, M. Boutih, vous devriez éviter l’amalgame fait par tant de vos collègues des bancs de l’assemblée nationale.

Attardons-nous sur la libre diffusion de la culture si vous le voulez bien.

La culture est universelle, tout le monde devrait pouvoir y accéder, quel que soit son pays d’origine, son âge, son appartenance à un groupe ou à une classe socio professionnelle.

La culture est un bien universel car elle élève les personnes, de nombreuses études soutiennent que l’accès à la culture entraine un effet positif pour sa population. L’illettrisme régresse, la santé également, le niveau général de l’éducation d’autant plus.

Si nous parlons de la culture comme nous parlons d’un bien matériel, c’est une autre paire de manche.

Depuis les moines copistes, ceux qui détiennent le savoir et maintenant l’argent qui va avec ce dernier ne semblent avoir qu’une idée en tête : garder de savoir et le monétiser.

Depuis ce temps, beaucoup cherchent à maintenir l’équilibre des choses : il faut faire de la culture un bien précieux, rare, il faut montrer que l’obtenir n’est pas une chose aisée bref, il faut la verrouiller.

Internet change la donne et permet de remettre la culture à sa place, à savoir celle d’un bien universel.

La question qui se pose maintenant est la suivante : doit-on aider à verrouiller cette culture comme les moines copistes et M. Boutih le souhaitent ?

Ou doit-on croire en la possibilité d’un accès universel ?

La question qui se pose est celle de l’intérêt général face à l’intérêt privé et, dans ce genre de situation, mon choix est déjà fait : si le choix porte entre l’intérêt de tous et un intérêt privé, c’est alors l’intérêt de tous qui primera.

C’est une vision idéaliste, j’en conviens, mais c’est une vision en laquelle je crois. Il semble que M. Boutih et moi ne soyons pas spécialement d’accord sur ce point.

M. Boutih a ensuite déclaré que la reprise du contrôle d’Internet était « une question plus large de souveraineté ».

J’estime que ces propos-là sont dangereux, vraiment. Je m’interroge également sur la définition du mot souveraineté pour M. Boutih. La souveraineté sous-entend le contrôle sans partage.

La souveraineté, c’est un droit exclusif d’exercer une autorité sur quelque chose. Nous parlons donc bel et bien d’exclusivité de contrôle.

Le contrôle d’Internet est donc une question de souveraineté pourrait s’interpréter de la manière suivante : « la France doit avoir un contrôle exclusif et total sur l’Internet. »

Que ça soit clair : exercer un contrôle exclusif et total sur Internet aurait des conséquences, forcément… et une conséquence directe serait la censure.

Si le gouvernement contrôle de façon exclusive et totale Internet, comment lui faire confiance ? Comment être certain que ce que je suis en train de lire est bien ce que le site affiche, et pas un message modifié à la volée ? Comment être certain que, si je n’ai pas accès à un site, ce n’est pas à cause d’une censure dudit site, en France ?

La souveraineté sous-entend ceci ainsi que, bien trop souvent, une absence totale de transparence, ce qui ne changera pas spécialement de ce que nous connaissons déjà.

Si j’ai le pouvoir et que je décide comme bon me semble, pourquoi aurais-je à rendre des comptes à quelqu’un ?

Il est possible préférer le mot « nationalisation » à celui de souveraineté, puisque c’est bel et bien de ça dont il est question.

Nationaliser Internet, une idée qui n’est pas sans rappeler les propos tenus et appuyés (sic!) par le député Myard lorsqu’il demandait à nationaliser Internet.

A nouveau, il faut comprendre ce que nationaliser Internet veut dire : il s’agit de faire un Internet « national », français et de facto, de ne pas faire Internet, mais un produit fermé, verrouillé et bien français.

Les questions précédentes peuvent s’appliquer ici aussi alors pour résumer, nous retiendrons la chose suivante : un Internet « insérez-ici-le-pays-de-votre-choix » n’est pas Internet, puisque l’utilisateur d’un Internet français n’aura peut-être pas la même page qu’un utilisateur d’Internet, un réseau de réseaux.

Des pays font bel et bien un Internet national, le plus connu étant la Chine. Je n’ai pas besoin de vous expliquer que ce que donne la Chine, ce n’est pas Internet. Je ne pense pas non plus avoir besoin de rappeler que la Chine n’est pas connue pour sa défense des droits de l’Homme, ni pour la défense de la liberté d’expression.

M. Boutih déclarera ensuite que « contrôler les tuyaux c’est contrôler les contenus ».

Nous pouvons également nous demander ce que M. le député cherche à dire ici.

Si contrôler les tuyaux c’est contrôler les contenus et donc une partie d’Internet, c’est aussi assumer parfaitement un rôle de filtre, de censeur, dans la gestion de ce contrôle.

De quelles garanties disposons-nous pour être certains que ce contrôle n’engendrera pas une censure ?

Qu’est-ce qui garantit que la censure ne s’étendra pas un jour à des propos tenus, des journalistes, des sites d’opposition, des manifestants qui dérangent ou des dissidents politiques ?

Contrôler ces tuyaux c’est également représenter une menace pour la liberté d’expression. Il suffit de regarder les pays qui contrôlent et font de « l’Internet nationalisé » pour s’en rendre compte.

Regardez du côté de la Chine à nouveau, vous pouvez également observer la Syrie, la Turquie, le Maroc et bien d’autres encore – aidés par le gouvernement français au passage – qui censurent à différents niveaux, à différentes échelles.

Pour terminer, allons plus loin : être souverain d’Internet, c’est chercher à être souverain d’un outil qui n’a pas de frontière, qui est censé être le même partout. Encore que ces points sont discutables car il existe de fortes restrictions selon le pays d’origine de votre adresse IP .

Un état ne peut pas se déclarer souverain d’Internet, c’est un non-sens total.

C’est au moins aussi absurde que de chercher à nationaliser l’air d’un pays, pour reprendre le contrôle de l’oxygène français.

Qu’un gouvernement légifère en national ou à l’international sur Internet, c’est un fait. Même si je suis perplexe à ce sujet, il me semble normal qu’un ou plusieurs gouvernements puissent légiférer sur Internet.

De là à vouloir en être souverain, non.

On peut, pour terminer, se dire que le discours de M. Boutih est très cohérent avec ce que souhaite faire le CSA, en appliquant ce qu’il fait déjà aux autres médias. Seulement voilà, Internet n’est pas qu’un média et il ne se gère pas de la même façon, il n’est pas figé et se transforme chaque jour, il est même capable de s’autoréguler.

M. Boutih cherche peut-être un poste au CSA, qui sait… où alors cette déclaration annonce en filigrane les prochaines orientations du CSA et si c’est le cas, c’est assez inquiétant.

Enfin, M. Boutih, permettez-moi donc de donner un conseil: arrêtez de raconter n’importe quoi, bossez vos sujets et vos interventions avant de sortir des inepties, dangereuses de surcroit.

[MAJ] La reconnaissance faciale de la RATP est une très mauvaise idée…

Mise à jour importante : la RATP vient d’annoncer la chose suivante : « c’est une erreur de notre part, cela n’a pas été validé et ne correspond pas à l’esprit de l’entreprise. On ne travaille pas dans ce sens-là. » (source)

Il faut donc croire que le projet est abandonné, l’article restera tout de même ici, on ne sait jamais. Ce qu’il faut en comprendre, là, c’est qu’ils ont fait une boulette et que la prochaine fois, ils feront ça plus discrètement.


Article original : 

…et je vais tenter de vous expliquer pourquoi.

J’ai appris aujourd’hui, sur Numérama, que la RATP envisageait d’installer un système de reconnaissance faciale dans le métro.

C’est Jujusete qui a trouvé l’information d’ailleurs, reprise ensuite sur Numérama, PcInpact et d’autres.

La raison : « facturer automatiquement les usagers identifiés par les caméras du métro, et repérer les fraudeurs »

Présenté ainsi, le projet semble prometteur :

  • Il permettra de faciliter le paiement, de faciliter le passage aux bornes également et donc de fluidifier les entrées et sorties de métro. Ce projet pourrait permettre également de ne plus avoir besoin de sortir sa carte.
  • Dans un second temps, cela pourrait également permettre de repérer les fraudeurs dans le métro, aubaine, miracle, automatiser le travail des agents RATP qui sont humainement incapables de le faire. Ce n’est pas un reproche mais un constat, le trafic est trop dense pour rendre la chose possible.

Bref, que des avantages comme vous pouvez le constater. Alors pourquoi je trouve que cette idée est mauvaise ?

Bien, parce que l’histoire me donne presque raison. Rien que ça.

Parce que ce n’est pas un argument valable, passons aux explications « un peu » plus détaillées.

Premièrement, l’éternel problème de l’automatisme : l’erreur. Ce système n’échappera pas à une erreur survenue dans la reconnaissance d’une personne, parce que le visage de Pierre est proche de celui de Paul.

Si ce système est implanté, il devra obligatoirement être rapide, ce qui sous-entend deux choses : soit le système à un seuil d’acceptation, soit les données sont traitées après.

Par seuil d’acceptation, on entend une marge d’erreur. Imaginons que pour reconnaitre un visage, il soit nécessaire d’avoir 20 points du visage mais, que pour être sûr et certain du visage, ça soit 40. Si le système doit aller vite sans couter des milliards, il me semble alors probable qu’on ira vers le « moins » de contrôle et donc, vers une plus grande marge d’erreur.

Vient ensuite un autre problème, et pas des moindres : la surveillance.

Je vais vous raconter une histoire, pour bien comprendre la chose. « Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite. »

Il était une fois une société qui, pour protéger ses locaux, installa des caméras de surveillance partout. A l’époque, la société déclarait « nous faisons ceci pour votre bien et pour être certains que les portes se ferment bien derrière vous. »

Et pour un temps, c’était bien.

Puis un jour, cette société déclara « nous allons nous servir des caméras pour surveiller les entrées et sorties afin que toute personne étrangère au service ne puisse pas rentrer dans les locaux. »

Et pour un temps, c’était bien.

Puis un jour, cette société utilisa les caméras installées pour sanctionner une personne, en retard de 14 minutes sur son horaire initial.

Et les gens se disaient « bien ce système, c’est égalitaire, tout le monde au même régime. »

Un autre jour, la société a utilisé les caméras afin de surveiller une personne « à risques », des rumeurs laissaient entendre que cette personne était surveillée par la police, alors la société a préféré la surveiller, chaque geste étant enregistré.

Et là, les gens ont commencé à se dire « ce n’est pas normal, quelque chose me dérange. »

Puis un jour, la société a utilisé les caméras pour détecter chaque action étrange, chaque parole qui dérange, chaque geste contre la société, chaque tentative d’avoir une vie privée, a filmé chaque rédaction de mail, de sms, a détecté chaque possible enfreinte au règlement avant qu’elle n’arrive.

Et là, les gens se sont révoltés, mais il était bien trop tard pour se révolter, le système était déjà en place.

Le patron de la société a répondu : « dans ce monde, il y a un ordre et cet ordre est fait pour rester en place et perdurer et quiconque s’oppose à cet ordre est condamné à l’échec. »

Bien sûr, beaucoup vont se dire (comme d’habitude) que j’abuse, que je vais sans doute trop loin mais pourtant, la RATP n’en est pas à son premier coup dans l’utilisation détournée d’un outil de chez eux, je vous invite à vous renseigner sur les pass navigos et carte imaginai’r, qui sont des espions de la RATP dans votre poche.

Initialement, les trajets de ces cartes devaient servir à des fins statistiques et uniquement statistiques, ces cartes servent maintenant d’espion pour la RATP (à ce titre, vous pouvez lire ceci, ceci[PDF] ou bien cela) qui sait exactement ce que vous faites. Je n’ai pas de sources pour appuyer la suite du propos, mais m’est d’avis que les forces de l’ordre doivent pouvoir obtenir tout une partie de ces enregistrements.

Cet outil sera, et j’en suis convaincu, détourné de son but premier et servira à filmer tout le monde, ce qui, pour moi, est une atteinte à aux libertés publiques dont nous bénéficions encore.

Il sera possible de savoir où vous êtes, avec qui, ce que vous dites ou écrivez puisqu’il sera sans doute possible de filmer vos écrans, là où vous êtes entrés, là où vous êtes sortis, si vous avez oublié quelque chose dans tel métro, telle rame, à telle heure.

Cela ne vous dérange pas ?

Vous-vous dites peut-être que c’est pour le bien ? C’est fait pour.

Depuis déjà trop longtemps, on invoque une noble cause pour justifier l’injustifiable. On invoque la pédopornographie pour faire fermer des hébergeurs, on invoque la protection pour légitimer les drones…

On invoque la sécurité pour l’amendement numéro 2 de la constitution des états unis d’Amérique … et je vous laisse comprendre la suite.

Alors non, ce projet de reconnaissance faciale n’est pas une bonne idée et c’est à nous, à vous, de le faire savoir.

[EDIT] : Pour des raisons inconnues, les documents dont nous disposions se sont évaporés alors, parce que nous n’aimons pas trop voir des documents s’envoler, voici le document [PDF] qui parle du projet.

[EDIT N°2] : Manhack nous informe, via un tweet, que ce projet n’est pas validé et qu’aucun déploiement est prévu. Je préfère tout de même conserver ces informations là, m’est d’avis que tout ceci arrivera.