1996, une histoire sur les Internets…

Ou si vous préférez, « les politiques ne comprennent rien aux Internets et ça ne date clairement pas d’hier. »

Aujourd’hui, un peu d’histoire…

Nous sommes en 1996, le web commence à peine à arriver dans les familles, Internet n’est pas ce que nous connaissons aujourd’hui, on surf à l’impressionnante vitesse de 14Kbits/s, révolution à l’époque.

Oublions un temps les services que nous connaissons actuellement et replongeons-nous dans l’histoire des Internets.

En 1996, une chose existait déjà et n’a pas véritablement changée depuis: les Internets dans l’esprit du monde politique.

Déjà à l’époque, le gouvernement et les politiques avaient peur de cet espace ou tout le monde peut s’exprimer, sans intermédiaires, sans potentielle censure. Ils avaient peur de cet espace ou chaque parole vaut la même chose et où l’on fonctionne au mérite et non au nom, « fils de » ou à l’argent.

Le code génétique d’Internet était déjà présent, forgé par celles et ceux qui écrivaient, codaient et pensaient que tout était possible.

Pour nos politiques de l’époque, Internet est déjà un monstre. Un repère rempli de terroristes, de pédophiles, de pirates sans règles … étrange, ce discours, je l’ai croisé pas plus tard qu’il y a quelques jours… 17 ans et toujours le même discours. Ça n’a pas changé.

Ce qui n’a pas changé non plus, c’est cette volonté de museler Internet, de le contrôler comme on contrôle tout autre organe d’expression, de le réguler et d’en faire un Internet civilisé ou tout ce qui dérange est caché. Un Internet civilisé, cette expression n’est pas sans rappeler les propos tenus par Nicolas Sarkozy lorsqu’il était encore président de la République.

A cette époque, un acteur est lui aussi présent, l’UEJF, l’union des étudiants juifs de France. Les mêmes qui ont assigné Twitter pour l’affaire « #UnBonJuif ».

L’affaire porte sur des intermédiaires accusés d’avoir mis à disposition des contenus contraires à la loi, et c’est l’UEJF qui attaque ces intermédiaires. Cette dernière demande à ce que les intermédiaires empêchent toute connexion à tout service ou message diffusé sur le réseau Internet si ces derniers ne respectent pas la loi. De la censure, rien que ça. De la censure préventive également, puisqu’il était question d’anticiper le blocage de ces connexions.

La demande est rejetée par le Tribunal de Grande Instance de Paris le 12 juin 1996.

Quelques mois plus tard, les gérants de World-Net et Francenet sont arrêtés pour avoir permis la diffusion d’images à caractère pédophiles. Pour l’explication, des utilisateurs abonnés chez ces fournisseurs diffusaient des images à caractère pédophiles et ce sont les gérants des fournisseurs qui ont été arrêtés, pas les auteurs des méfaits.

L’instruction se terminera sur un non-lieu, quelques temps plus tard (ndlr : je n’ai plus la date précise).

Quelques mois passent, l’affaire de l’UEJF est passée. Nous sommes au mois de juin, le 18 pour être exact.

Ce 18 juin, le ministre délégué à la Poste, aux Télécommunications et à l’Espace propose une loi, adoptée par la suite.

Vous pouvez retrouver le texte de cette loi ici :

Que dit cette loi ? Tout simplement de responsabiliser les intermédiaires techniques, hébergeurs, fournisseurs d’accès à Internet de tout contenu contraire à la loi. Pour être encore plus clair, cette loi rend responsable les intermédiaires de ce qui passe dans leurs tuyaux, si un contenu illégal ou criminel circule, alors ça sera de la faute de l’intermédiaire.

Je vous laisse imaginer le problème : c’est clairement impossible. Trop d’utilisateurs, trop de contenus, sans parler du risque évident de censure et de la pression infligée aux intermédiaires, responsables de ce qu’ils n’ont pas fait.

Le 24 juin, un recours est déposé devant le conseil constitutionnel, contre cette loi dangereuse. Il est question des articles 43-1 à 43-3, qui ne respectent pas la liberté d’expression ainsi que les articles 10 et 11 de la Déclaration des Droits de l’Homme.

Le conseil constitutionnel décidera de retoquer les articles 43-2 et 43-3 de la loi déposée, au motif qu’ils sont contraires à la Constitution.

Ce ministre délégué à la Poste, aux Télécommunications et à l’Espace, en 1996, c’est François Fillon.

Déjà à l’époque, le principe était de censurer internet, au nom de la loi, sans avoir conscience des conséquences. Cela n’a pas changé, cela ne changera pas et c’est pour cette raison qu’il ne faut pas arrêter la veille, la lecture, le travail de décodage des textes dangereux comme celui censuré par le conseil constitutionnel en 1996.

La morale de cette histoire : nos hommes et nos femmes politiques n’ont toujours rien compris à Internet, aux réseaux et à ce qu’on peut en faire et ils ne comprendront sans doute jamais l’importance de la Neutralité du Net.

Nous pouvons également rire d’un autre jugement, celui d’un hébergeur, condamné à une amende qu’il n’était pas en mesure de payer, condamné à fermer ses services alors qu’il n’était pas responsable d’un acte fait avec ses services, par un de ses clients.

La juge n’a pas compris Internet l’hébergeur s’est retrouvé responsable de tout, alors qu’il était innocent.

Cette juge est maintenant l’actuelle présidente de la HADOPI. Mais ceci est une autre histoire…

Moralité : en plus de 17 ans, rien n’a changé. L’article retoqué par le conseil constitutionnel est présent dans LOPPSI, le discours est le même qu’avant et les politiques ont toujours le chic pour faire peur, Internet étant ce repère de terroristes ultra dangereux.

Ce billet est tiré d’un passage du reportage « Une contre histoire de l’Internet », diffusé sur Arte le mardi 14 mai 2013 à 22h40, disponible en replay à l’adresse suivante … et déjà sur vos torrents /-)

Une vie sans Internet.

Ce billet est le fruit de mon imagination, j’ai imaginé des passages de nos vies, sans Internet sans trop de technologies, afin de comprendre à quel point tout ceci a transformé notre société et à quel point cet outil continue de la bouleverser. J’ai choisi d’insister sur la circulation de l’information et l’information elle-même. Si vous voulez voir un autre thème, proposez-le, envoyez moi vos propositions par mail ou, mieux encore, faites-en un blog, tumblr ou autre. Bonne lecture

Janvier 2011

Cher journal,

Sur la chaine nationale, j’ai vu qu’en Tunisie un homme s’était immolé par le feu mais les journaux n’en savent pas plus et du coup, nous non plus. Ils ont dit que l’homme n’était pas content et du coup ils ont peur pour leurs journalistes, que ça déraille. Puis comme les cassettes sont longues à venir, bah c’est un peu compliqué. Je me demande ce qu’il a pu se produire, j’ai envie de savoir mais ça va être super long…

J’ai essayé d’en parler avec une amie qui m’a donné le numéro de son hôtel avant de partir, elle est en Tunisie là, mais comme le téléphone est occupé par ma sœur toute la journée, impossible de lui passer un coup de fil, puis l’appel international, c’est long, et cher. Et puis les demoiselles du téléphone galèrent un peu quand-même, je ne suis même pas certain de pouvoir lui parler demain.

J’ai acheté le journal tout à l’heure, mais ils n’en parlent même pas, peut-être demain, mais ce n’est pas gagné.

Il y a des gens qui essayent de donner des informations dans un journal non officiel mais il est poursuivi pour atteinte au droit d’auteur, il a publié une photo qui n’était pas à lui. C’est la haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits de l’information qui fait le sale travail.

J’aurais bien aimé leur parler à ces gens-là, mais vu que le journal est fermé, plus moyen de les contacter. Ils disent que c’est normal, moi je trouve que c’est de la censure, mais ça reste entre nous, sinon je vais avoir des ennuis.

Ce soir, la chaine unique ne diffuse rien de bien, alors je te dis bonne nuit.

Mars 2012

Cher journal,

Les journalistes ne parlent que de ça à la chaine nationale, un homme aurait tué des gens vers Toulouse, beaucoup de gens, et les forces de l’ordre disent que c’est réglé, il est mort maintenant.

J’ai écouté tout ce qu’ils disaient, mais c’était étrange. On dirait que quelque chose ne tourne pas rond dans ce qu’ils expliquent. Ils disent que c’était un petit terroriste mais après qu’il a voyagé dans le monde sans jamais se faire suivre, ni se faire repérer. Ils disent qu’il avait un arsenal chez lui.

Et ils n’ont rien vu, ils ont même dit qu’ils le suivaient depuis longtemps, puis non, puis oui, puis qu’ils l’avaient perdu de vue.

Moi, je pense que ce mec travaillait avec eux, ou était au moins un informateur comme on voit, des fois, à la chaine nationale. J’en ai parlé aux amis mais ils pensent que non, sinon les médias en auraient forcément parlés.

Quoi qu’il en soit, j’aurais bien aimé qu’on prouve que c’était un infiltré, mais on va me dire que je suis parano alors surtout, n’en parle pas, on ne sait jamais.

Ah, et il faut que je pense à acheter des timbres demain, comme chaque année, c’est bientôt mon anniversaire, ça va me couter une blinde.

J’aimerais bien inviter mes amis d’avant, mais ils ont déménagé et, faut avouer que depuis, on ne se donne plus beaucoup de nouvelles, puis comme le téléphone est encore occupé, pas moyen de les appeler et à hauteur d’un courrier par semaine, on a vite fait de ne plus se parler…

Mars 2013

Cher journal,

Aujourd’hui, la chaine nationale a parlé d’une affaire d’état, un député qui aurait été pris la main dans le sac avec de l’argent qui ne lui appartient pas. La soirée était consacrée à ce sujet, mais c’était un peu compliqué, les émissions en direct passent toujours mal, j’espère qu’un jour ils trouveront quelque chose pour régler ça, enfin bref…

Donc oui, scandale au début, mais plein de députés sont intervenus et on a même eu le droit à une déclaration de Cahuzac sur cet argent étrange trouvé par on ne sait pas trop qui.

Il a publiquement déclaré qu’il n’avait jamais détourné d’argent, et puis il avait l’air assez sincère, donc tout le monde l’a cru ou semble le croire.

Puis de toute façon, faute de mieux, il faudra faire avec ce que l’on nous donne, donc personne ne sait si c’est vrai ou pas, si c’est un mensonge, si cet argent est vraiment détourné. Ils ont ouvert une commission pour enquêter, la police des polices et la police internationale est sur le coup, mais ça va prendre des années pour tout ça.

Puis, tu sais, je crois que les médias savent, parce qu’ils ne semblaient pas réellement sincères. Peut-être ont-ils reçus l’ordre de protéger le gouvernement ? Ou de faire taire l’affaire ?

Je ne sais pas et personne ne saura jamais, c’est dommage.

J’aurais bien aimé qu’on monte un journal indépendant, mais comme nous n’avons pas les moyens et que la presse est totalement verrouillée, mon envie ne restera qu’une envie et, je dois avouer que ça me rend triste.

Enfin bref, heureusement que j’ai quand-même mon espace à moi, toi. Même si je suis le seul à te lire… un jour, on pourra faire lire ce qu’on pense à plein de personnes aux quatre coins de la planète sans devoir passer par un journal et sans devoir payer des sommes astronomiques pour des choses qui sont censurées par le journal lors de sa publication…

Mais ce n’est pas encore pour aujourd’hui, bonne nuit.

Réponse à M. Amaury Mestre de Laroque, « journaliste » pour Marianne

Précisions sur ce billet : il est le travail d’environ 40 personnes issues d’un peu partout. Ainsi, ce billet a été rédigé avec une journaliste, des experts en sécurité informatique et, de façon générale, avec des gens qui savent ce qu’est Internet. En vous souhaitant bonne lecture.

I) Introduction

M. Amaury Mestre de Laroque, vous êtes l’auteur d’un torchon, ne l’appelons pas autrement, disponible à l’adresse suivante : http://www.marianne.net/Plongee-dans-l-Internet-criminel_a228487.html

Dans cette chose, vous présentez une sorte de monstre numérique, plus communément appelé Darknet, vous faites des mélanges de tout et surtout de n’importe quoi et, soyons clairs, votre article est manifestement indigne d’un journaliste. Au mieux, il démontre votre recherche partielle d’informations.

Au pire, il démontre un rejet profond d’Internet et de tout ce qui est numérique, de TOR à I2P. En effet, vous avez interviewé des responsables de police ainsi qu’un chercheur, mais, outre le point de vue de jeunes qui échangent des images, vous ne faites pas le point sur les utilisateurs de ces outils et, en ce sens passez  en partie à côté du sujet.

Ce billet est rédigé collectivement, nous allons tâcher de vous expliquer, parce que nous (ces pédophiles terroristes nécrophiles mangeurs d’adorables chatons et consommateurs de substances illicites) sommes gentils et relativement patients, même si vous avez un peu tiré sur la corde.

 

II) Le « Deep Web »

Commençons donc. Dans votre « article », vous nous faites une présentation du « Deep Web », le « Web profond », les abîmes d’un monde que vous seul semblez ne pas connaître et qu’il aurait été facile de découvrir en cherchant un tout petit peu plus et en vous adressant aux bonnes personnes.

Donc, le « Deep Web ». Le Web plus caché où les Darknets sont comme toute chose dans le monde numérique : un ensemble de machines, de 0 et de 1, qui  donnent une technologie totalement neutre. En résumé, il s’agit de serveurs et d’ordinateurs reliés entre eux par… Internet !

Oui M. Amaury Mestre de Laroque, les Darknets sont comme la rue, Internet, le Web et le reste : totalement neutre. C’est l’usage que l’on décide d’en faire qui ne l’est pas. Ainsi, vous aurez des endroits très glauques sur des Darknets ; comme vous aurez des quartiers peu fréquentables dans des villes, des dealers, des meurtriers…

Est-ce que cela fait de la rue un endroit aussi dangereux que ce que vous présentez ? Non.

Et comme dans une ville, il y a les rues sombres, les parcs, et même des lieux où des amis se retrouvent autour d’un verre en écoutant de la bonne musique. C’est ce que la plupart d’entre-nous faisons en se rendant sur IRC.

 

III) Internet c’est aussi le bien

Internet est, en somme, et pour commencer par quelque part, l’outil par excellence de communication et de partage. Et le seul aussi puissant existant au monde. Il est facile de voir les mauvais côtés des Internets (« Deep Web »), comme ceux exposés dans l’article publié sur  Marianne ; cependant Internet n’est pas qu’un outil permettant la diffusion du « mal » et de ce qui est condamné par la (les) loi(s).

Tant s’en faut, il est évident qu’avec un  outil aussi puissant, il est tout à fait normal que l’on puisse lui trouver des utilités qui ne sont pas celles qu’on lui attendait. Petit tour d’horizon du « 8th Wonderland », l’Internet du « bien » :

Internet, c’est également ce qui permet à des révolutions de se créer, à des pays oppressés d’avoir un moyen de communiquer, de se rencontrer, de se tenir informé. Qu’en aurait-il été des dernières révolutions qui ont fait trembler le monde ces derniers mois sans ce formidable outil qu’est Internet ? Sans les activistes qui les ont soutenues ?

Par ailleurs, sans Internet, nous n’aurions eu, à certains moments, aucun moyen de nous informer sur certaines situations dont seuls les NetCitoyens, aujourd’hui aussi protégés par RSF, sont les seuls témoins.

Loin des grandes causes, Internet est également en train de devenir le moyen le plus simple de soutenir des projets : Internet est clairement un des derniers moyens de financement libre et participatif (essor du crowdfunding basé sur de gros sites comme Kickstarter ou My Major Company ainsi que le site Ulule, en France).

Internet, et c’est son but le plus légitime, représente l’accès à la culture, au savoir, gratuitement et sous toutes ses formes (écrites, orales, vidéo), bien plus facilement qu’en se rendant en librairie acheter l’encyclopédie de la faune sous-marine.

Imaginons un monde sans Wikipédia, sans moteurs de recherche, sans ces milliards de milliards de blogs et de sites web tous plus documentés les uns que les autres, cela reviendrait à imaginer un monde complètement différent de celui dans lequel nous évoluons actuellement.

Réfléchissons à ce que pourrait être notre société sans Internet ou sans cet internet tel qu’il s’est développé, de la manière dont nous le connaissons actuellement :

Internet n’existe pas, je ne dispose donc d’aucun moyen aussi rapide pour diffuser un flux vidéo à l’autre bout du monde. Internet n’existe pas, les dictatures ne sont pas inquiétées, c’est même plus facile : ce moyen dérangeant de communication n’a jamais été inventé, et  heureusement, ça aurait très certainement mené à la fin de leur règne.

Internet n’existe pas, combien me faut-il de jours pour être mis au courant de ce qu’il  se passe dans le monde ? Internet n’existe pas, je suis donc obligé de passer  par une forme d’actualité différente et moins rapide qu’Internet, certainement la presse écrite ou télévisuelle. Problème de taille : cette presse est facilement censurable, modifiable, transformable pour servir des desseins pas forcément des plus charitables.

Internet n’est qu’une interconnexion de machines et de serveurs, rien de plus. C’est l’utilisation que chacun en fait qui fait que nous sommes tous responsables face aux atteintes à la neutralité du Net : filtrage, surveillance, etc. que nous combattons.

En résumé (et bien que le « mal » et  le « bien » soient des notions relatives), il est fou de ne dire et de ne montrer que le « mauvais » côté d’une technologie ; c’est aussi le plus puissant outil de communication existant, c’est aussi une technologie en constante expansion de plus en plus usitée et de plus utile, Internet c’est aussi le « bien ».

Pour le « Deep Web », c’est la même chose. On y trouve tout type d’individus, y compris des gens qui se réunissent pour parler de leurs passions,  de leurs sociétés ou encore d’autres qui permettent à des révolutions de se  créer, comme évoqué plus haut, ou qui essaient de communiquer au monde entier  des images et des informations de leur pays et tout cela grâce à des outils tels que TOR. Ces humanistes ont aussi le droit d’avoir la possibilité de se protéger.

« Si l’intimité est mise hors la loi, seuls les hors-la-loi auront une intimité. » – Phil Zimmermann, créateur de PGP (voir Annexe)

Retour sur les fonctions régaliennes  : vous indiquez que « bitcoin » est une monnaie non régalienne, c’est en oubliant qu’Internet est un État en devenir : il possède sa monnaie, son territoire et son armée…

 

IV) Sur l’objectivité de votre papier

Prenons les sources citées dans votre article  :

  • Paul, 14 ans ;
  • Nicolas Christin, chercheur à l’université Carnegie Mellon de Pittsburgh (NON RENCONTRÉ, citation d’un article) ;
  • Paulo, un trafiquant d’armes ;
  • Nous notons l’absence de sources claires  (rapports, décisions de justice, etc.) quant aux chiffres que vous avancez.

Nous remarquons donc que mis à part le môme de 14 ans, vos sources sont soit inexistantes, soit d’un seul côté, celui de la  police. Or, des hackerspaces ont pignon sur rue un peu partout en France et  certains ont même le statut d’association, c’est le cas, par exemple, pour le /tmp/lab à Paris.

Alors pourquoi n’êtes vous pas venu à notre rencontre pour que l’on vous explique quelles utilisations nous faisons de tous ces outils ? En ce sens, votre article est biaisé puisque vous ne traitez qu’une seule partie du sujet, c’est à dire avec un regard partiel.

Cependant, la charte d’éthique professionnelle des journalistes, mise à jour en 2011, précise :

« Un journaliste digne de ce nom tient l’esprit critique, la véracité, l’exactitude, l’intégrité,  l’équité, l’impartialité, pour les piliers de l’action journalistique ; tient l’accusation sans preuve, l’intention de nuire, l’altération des documents, la déformation des faits, le  détournement d’images, le mensonge, la manipulation, la censure et l’autocensure, la non-vérification des faits, pour les plus graves dérives professionnelles » (http://www.snj.fr/spip.php?article1032)

En ce sens, donc, nous pensons que vous n’avez pas fait honnêtement votre travail en omettant une partie des sources qui vous auraient permis de mener à bien votre recherche d’informations et que vous n’avez pas respecté le devoir d’objectivité qui constitue pourtant une des bases du métier. Qu’il s’agisse de votre culture personnelle ou de recherche  d’information, nous vous recevrons.

 

V) L’Anonymat

L’anonymat n’est pas étranger à une profession qui a pour devoir la protection de ses sources.  Un journaliste se doit de vérifier leur crédibilité ainsi que la confiance qu’il leur témoigne, mais si lesdites sources souhaitent conserver l’anonymat, un journaliste doit respecter cette exigence à tout prix.

Rajoutons à cela qu’être anonyme est parfois une obligation : lorsqu’une personne souhaite parler de choses lourdes, l’anonymat est une nécessité. Il est par exemple plus aisé de parler d’un viol lorsque l’on sait que les gens ne vous jugeront pas, au hasard.

Nous pouvons également parler de l’anonymat dans le milieu du travail : comment dénoncer les actes inqualifiables, les entraves à la loi, lorsque l’on ne peut pas parler sous peine de poursuites ? L’anonymat est une chose fondamentale pour ces personnes qui font état de choses qui ne devraient pas exister.

Un dernier point sur l’anonymat : lors du début de la révolution tunisienne et de celles que nous connaissons aujourd’hui, il a été d’une aide très précieuse, tout comme TOR ou les  Darknets qui servent encore à protéger la vie des activistes de différents pays comme la Chine, la Corée ou encore la Syrie.

Comme nous vous l’avons déjà expliqué, TOR, Darknet ou I2P sont neutres, ils peuvent faire  le bien, nous en parlons même hors de la toile dans des lieux consacrés à la démystification des Internets et des nouvelles technologies : les  hackerspaces.

 

VI) Bienvenue dans un hackerspace  pour que l’on vous explique comment tout cela fonctionne

(En réaction au tag « hacker » de l’article)

Un hacker méchant pirate ? Non, ce sont simplement  des individus capables qui veulent comprendre les choses pour eux-mêmes  (quelqu’un qui aime comprendre le fonctionnement d’un mécanisme, afin de pouvoir  le bidouiller pour le détourner de son fonctionnement originel, l’adapter pour  son usage, partager et donc l’améliorer).

Si on applique le principe à  l’informatique, un hacker sait où et comment bidouiller un programme  ou matériel électronique pour effectuer des tâches autres que celles  prévues.

« le hacker est celui qui apprécie le challenge intellectuel du dépassement créatif et du contournement des limitations. » – Eric S. Raymond

Un hackerspace est un lieu physique, sorte de laboratoire ouvert, où des gens avec un intérêt commun (souvent autour de l’informatique, de la technologie, des sciences, des  arts…) peuvent se croiser, mettre en commun des idées, partager leurs projets et faire des choses grâce aux moyens techniques présents dans les locaux. On partage ressources, techniques et savoir-faire.

Leurs buts sont principalement :

  1. Promouvoir une utilisation originale, intelligente, éthique et innovante de la technologie ;
  2. – Promouvoir la liberté d’utiliser, de créer, de modifier les outils techniques ;
  3. – Mise à disposition et entretien d’un lieu de rencontre, de travail ;
  4. – Réalisation de projets en commun.

(tiré de https://fixme.ch/wiki/Press_kit)

Les hackerspaces peuvent aussi être des lieux de mise en commun d’outils (matériels ou logiciels) sous diverses formes (prêt, location).

Liste-non exhaustive des hackerspaces français : http://hackerspaces.org/wiki/France

PS : M. Amaury Mestre de Laroque, sachez également une  chose : les méchants existent, partout. Nous avons déjà expliqué ce point, ne revenons pas dessus. Dès lors que l’on en a conscience, on fait attention à ce que l’on publie de sa vie privée. Ainsi, avant de critiquer Internet, assurez-vous bien, vous aussi, d’avoir une bonne approche de ce qu’est Internet.

Par exemple, publier une vidéo d’un enfant dans son bain n’est sans doute pas la  meilleure des choses à faire (nous ne donnerons pas le lien, mais vous avez compris de quoi il était question).

Annexes :

Deep Web : sites web accessibles en ligne publiquement, mais non-indexés par les moteurs de recherche traditionnels.

Darknet : réseaux non accessibles directement (par exemple, avec Freenet).

IRC : (Internet Chat Relay) Protocole de discussion, permettant également l’échange de fichiers. (https://fr.wikipedia.org/wiki/Internet_Relay_Chat)

TOR : (The Onion Router). Système d’accès à Internet permettant l’anonymat au travers d’un  réseau maillé. (https://www.torproject.org/, https://fr.wikipedia.org/wiki/Tor_(r%C3%A9seau))

PGP : Pretty Good Privacy (en français : « Assez Bonne Intimité » ou « Assez Bonne Vie privée »), est un logiciel de chiffrement et de déchiffrement cryptographique, créé par l’américain Phil Zimmermann en 1991.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pretty_Good_Privacy

– En parlant Internet, savoir que des gens inventent des choses est bon à savoir (Meshnet, Datknet, réflexions): reddit.com/r/darknetplan/

Liberté. Egalité. Partage.

Lors du précédent billet, j’ai reçu quelques mails et des commentaires qui me remontaient la même chose : « c’est bien mignon la Neutralité du Net  mais je ne vois pas en quoi je suis concerné ».

C’est la raison de ce billet, nous allons tenter de découvrir la Neutralité du Net sous un angle différent, peut-être plus parlant. Je vous laisse le soin de me dire si cet article est plus explicite que les précédents.

Résumons donc ce concept en trois points : Liberté. Egalité. Partage.

Petit complément d’information : ces points se rapprochent des valeurs de la République, ce n’est pas volontaire. Il faut vous détacher des valeurs françaises, Internet n’est pas un produit national. Vous devez simplement y voir trois choses qui vont être présentées.

Vous vous demandez sans doute ce que ces trois valeurs font ici ?

La réponse est simple : elles parlent de vous sur la toile, elles vous représentent sans que vous en ayez forcément conscience. Sans ces trois valeurs, Internet n’existerait pas. Du moins pas sous son actuelle forme.

Passons donc aux explications, si le voulez bien.

Liberté.

Pourquoi parler « liberté » dans la Neutralité du net ? Parce qu’elle fait entièrement partie des enjeux de cette dernière.

Par liberté, on entend la liberté d’utiliser n’importe quel outil qui fonctionne sur Internet, ce dernier ne se limite pas aux fenêtres de votre navigateur préféré. Ça c’est du web.

La liberté, c’est aussi le fait d’utiliser n’importe quel port pour accéder à un ensemble de services qui utilisent ces ports.

C’est garantir que votre opérateur ne filtre pas le port « x » ou « y » parce que ça le gène que vous l’utilisiez ou parce qu’il peut se faire encore plus d’argent en le filtrant puis en vous donnant l’accès à ce port via une option payante.

Vous ne vous sentez pas concerné(e)s ? Pas de problèmes, voici la version plus explicite :

Vous utilisez Skype ? Pidgin ? Steam ? Un logiciel qui se connecte à Internet ?

Pour se connecter et communiquer sur la toile, ce logiciel doit emprunter un chemin, dialoguer d’une certaine façon, via un port.

Sans neutralité du net, quel est le risque ?

Votre opérateur décide de bloquer Steam ou Skype et vous offre une option à 5 ou 10€ par mois pour pouvoir utiliser le jeu que vous avez acheté.

Après tout, pourquoi ne pas le faire puisque ce n’est pas interdit. On peut aller plus loin, il vous donne accès à ces ports et donc, à ces logiciels, mais vous offre un service dégradé et non fonctionnel sauf si vous avez l’option, nous allons d’ailleurs y revenir.

La liberté, c’est aussi le fait d’avoir accès à Youtube, Facebook et à n’importe quel site, qu’il capte ou non une partie importante du trafic sur Internet.

Je vais faire encore plus explicite : un jour, votre opérateur décidera de sortir des offres « partitionnées » avec un accès Internet sans Youtube et Facebook, sans moyen de partager des données, juste aller sur ses mails, aller voir deux trois journaux et tant qu’à faire, ceux chez qui votre opérateur a des actions.

Le reste ? Bah, payez, ou allez-vous faire voir.

Imaginons donc une offre Internet (30€) avec un accès Skype (5€) puis Youtube (5€) et ainsi de suite… Je vous laisse faire le total ?

Si cela n’existe pas encore, ça arrivera… et ce n’est pas une éventualité.

Pour s’en convaincre, il suffit d’observer le cas de l’opérateur Free avec Youtube où pour des raisons commerciales, les abonnés sont pénalisés. Il est également possible d’analyser le service de Replay de Free, gratuit mais payant. Ce service est fourni mais sans l’option « pass prioritaire », il est tout simplement inutilisable.

L’autre cas intéressant est la fuite d’un « document de travail » des FAI, qui présente des offres segmentées.

Ça signifie que pour avoir la même offre Internet que celle que vous avez aujourd’hui, vous devrez passer à la caisse deux fois plus. Je ne peux pas faire plus explicite.

La réflexion existe également en Europe, la commissaire au numérique Neelie Kroes publiait d’ailleurs il y a peu une tribune sur le sujet, elle ne voyait pas d’objections à ce qu’Internet soit découpé et vendu en morceaux aux clients finaux (donc, à vous). Moi ça m’a dérangé.

Je ne parle pas des moyens mis en place pour atteindre cet objectif, certains peuvent vous faire froid dans le dos.

Égalité

Internet a quelque chose de particulier : nous sommes tous égaux. Que l’on soit client de l’opérateur x ou y, en France ou même en Chine, Internet reste Internet et nous ne restons qu’une ou plusieurs adresses IP à un instant T.

Je tiens à préciser que la Chine dispose de son propre Internet, différent. Ce n’est donc pas Internet puisqu’il n’est pas le même qu’ailleurs. Je faisais référence à celles et ceux qui contournent le système de censure chinois et qui tombent bien sur le même Internet que moi. Mais passons, égalité donc.

Nous avons le même accès à Internet. Demain, cela ne sera pas garanti, les plus pauvres auront un accès Internet tout pourri, les plus riches auront un Internet tout court.

Cela crée une inégalité d’accès alors qu’Internet devient un outil démocratique et occupe une place de plus en plus importante dans nos vies respectives.

Imaginez donc un accès « Internet », pour 30€, avec un accès limité à Facebook, Youtube et l’ensemble des sites communautaires. Aussi discutables puissent-t-être ces sites, ce n’est plus Internet.

Si votre opérateur vous redirige sur une page pour payer à la place du vrai site, il vous ment. Un serveur appelé DNS se chargera de vous rediriger vers la mauvaise page et votre opérateur peut très bien le faire pour d’autres sites ou faire évoluer son offre en transformant des services gratuits en option payantes.

Partage

Vous l’avez compris, cette suppression de liberté et cette rupture de l’égalité entrainent un problème de partage de ressources et de connaissances.

Imaginons l’espace d’un instant que nous sommes dans ce système-là.

  • Vous ne pouvez pas visualiser une vidéo Youtube et vous ne pouvez pas en publier
  • Vous ne pouvez pas répondre à vos amis sur Facebook ou alors vous vous sentez bien seuls car les ¾ de vos contacts n’ont plus accès au site car ils n’ont plus les moyens.
  • Vous cherchez une information sur Internet ? Pas de bol elle est sur un site qui ne fait pas partie de votre offre.
  • Vous cherchez une autre information ? Dommage, les communautés se sont appauvries car les utilisateurs n’ont plus les moyens de publier, Internet est devenu un bien de luxe alors qu’il était un outil démocratique.
  • Votre offre évolue, Steam devient une option. 5€ pour l’option de base qui vous autorise à jouer pendant 10 heures, 15€ pour de l’illimité.
  • Vous contournez ces protections pour avoir Internet – je veux dire, un vrai Internet – et votre opérateur s’en rend compte, il rend alors l’option VPN payante, 15€ par mois.

Bref, moins de partage, moins de personnes, Internet devient une chose banale et les gens s’en détournent parce que 50% des personnes ne sont plus en mesure d’avoir Internet.

A nouveau, je peux comprendre que tout ceci semble gros, c’est pourtant ce qui se dessine peu à peu. Nous faisons rarement fausse route et les évènements passés nous donnent raison : tout ce que nous avons abordé et pointé du doigt s’est avéré vrai par la suite, « Internet » n’échappera sans doute pas à la règle…

… à moins que l’on se réveille, qu’on se bouge les fesses et que l’on s’oppose à ce genre de pratiques.

Comment ?

Bien, la première des choses, c’est d’en parler, de faire circuler l’information. La seconde, c’est de prévenir vos députés, les eurodéputés, de vous exprimer car vous en avez encore la capacité…

…Encore faut-il le faire et le vouloir.

Si vous ne vous sentez pas concerné(e)s, vous pouvez reprendre une vie normale et lorsque cela arrivera, il ne faudra pas crier au scandale, vous étiez prévenu(e)s.

NDLR : les prix donnés ici ne sont donnés que pour l’exemple, ils me semblent coller aux prix du marché actuel mais c’est juste pour la démonstration.

Billet du soir, désespoir.

Je ne sais pas si sortir ce billet est une bonne idée, nous verrons bien.

Ce matin, j’ai lu que plus de 70% des français ne voyaient pas de problème à la vidéo-surveillance effectuée par des sociétés privées.

J’ai aussi lu, entendu, vu que la majorité des gens se moquaient de leur vie privée, de cette vidéo-surveillance, de leurs données personnelles, du fait qu’Internet soit de plus en plus repris et verrouillé par des géants de la vie physique. Ils ont mis du temps mais il faut admettre qu’ils ont des milliards de fois plus de puissance que 5 gus dans un garage. Ils ont du temps et de l’argent à donner en échange d’une décision qui va dans leur sens.

C’est ce qu’on appelle un petit service entre amis, également connu sous le nom de corruption ou pression, infiltrée dans les différentes strates des différents pouvoirs en place. Ici et ailleurs, en France, dans l’union européenne ou dans d’autres pays, on fait pression pour façonner Internet de la « bonne façon ».

Cette façon, qu’on se le dise, ce n’est pas celle que vous attendez. Ou alors vous vous en moquez complètement, ce qui n’est pas impossible. Reprenons si le voulez bien.

Celle qui vous attend, c’est un Internet verrouillé, fermé de partout. Un Internet où vous aurez le droit de parler si vous payez et si tout ce que vous dites n’entre pas en conflit avec une marque ou une société privée. C’est un espace qui ne ressemblera en rien à celui que vous connaissez, ça sera une vitrine commerciale pour se faire encore plus d’argent.

Cet Internet ça sera un espace où le DPI sera l’outil de référence, la Neutralité du net une connerie de ces anarchistes qui n’ont décidément rien compris au monde. Laissons place au flicage de chacun de vos paquets, de chaque échange de données numériques, place à l’écoute de toute la population par des sociétés privées, juste au cas où…

Ça ne sera pas une voie ouverte à tout ceci, mais un boulevard qui sera offert sans aucune résistance car… car tout le monde s’en tape. Ces sociétés seront capables de faire ce qu’elles veulent jusqu’à votre ordinateur et ceci sans votre consentement.

Vous avez le droit de ne pas croire à tout ceci, c’est trop gros pour être vrai, n’est-ce pas. C’est pourtant la triste réalité, que vous l’acceptiez ou non.

Ici, deux choses sont importantes à souligner. La première, c’est que je parle de vous, pas de moi ou des gens qui cherchent à comprendre, nous aurons trouvé un autre espace pour pouvoir nous exprimer sans avoir une armée d’espions collés sur nos connexions.

Nous savons créer des fournisseurs d’accès à Internet, nous savons parler en privé « privé », c’est-à-dire sans que des intermédiaires viennent mettre le nez dans un échange entre deux personnes. Nous aurons réussi à trouver des alternatives et, comme d’habitude, nous aurons toujours un temps d’avance face à des sociétés et des gouvernements qui ne comprennent pas un monde qui leur échappe totalement.

Est-ce prétentieux ? Si ça semble l’être, ce n’est absolument pas le cas. Non, c’est une réalité. Celles et ceux qui cherchent à comprendre comment ça fonctionne auront toujours une longueur d’avance et s’adapteront.

Donc, deux choses. La première c’est accepter ça. Après tout, pourquoi aider des personnes qui s’en moquent ? Pourquoi puisque nous n’allons pas avoir de problèmes, nous ?

Il est vrai que beaucoup (trop) de personnes se moquent de tout ceci. Ces derniers ne se sentent pas concernés car ils n’ont pas conscience de tout ce qui arrive, trop occupés par la vie quotidienne, déjà assez compliquée à gérer. Je peux comprendre, nous sommes tous ainsi avec nos problèmes et nous arrivons tous au même constat : les problèmes ne sont pas résolus même en essayant très très fort.

Une partie de ces personnes est désabusée, blasée, elle n’attend plus rien. L’autre partie se moque en bloc de tout ceci, préférant écouter ailleurs et parler de gens malades, de « truc de geek-qui-ne-parlent-qu’ à-des-ordinateurs ».

Donc, la liberté d’expression et la vie privée sont des trucs de geeks, je crois que j’ai dû rater quelque chose.

Ce soir, j’ai envie de tout claquer, de me dire « laisse tomber, les gens s’en tapent, les politiques tiennent un double discours et c’est l’argent qui dirige le monde et non la politique. Ça ne sert à rien du tout, arrête d’être naïf et crédule ».

Et puis là, je repense à une phrase que l’on m’a répondu, un jour : « à la fin, on gagne. Ça prendra du temps, beaucoup de temps, mais à la fin, on gagnera ».

Si des personnes passent des heures, des jours et parfois encore plus à décortiquer des lignes de codes, à analyser des textes de lois et à aller parler partout pour expliquer ce qu’il se passe, ce n’est pas pour eux : c’est pour l’intérêt collectif.

Je ne peux pas vous forcer à être d’accord avec moi, je ne peux pas non plus vous forcer à m’écouter. Je ne peux que vous présenter un petit état des lieux un peu alarmiste et très très édulcoré, histoire qu’il ne soit pas trop acide.

Seulement, si ces gens effectuent un travail colossal, cela ne représente pas la totalité du travail à effectuer. Ils font 50% du travail. Pour le reste, c’est à vous de faire l’effort et sans cela, vous vous condamnez vous-même à manger mon bilan alarmiste en plein dans les dents.

Les choses peuvent changer, la vraie question c’est : est-ce que vous avez vraiment envie que ces choses changent ?

Si oui, alors agissez. Sensibilisez votre entourage, renseignez-vous, diffusez de l’information. La plus petite action est déjà une action importante. Reprenez ce billet de blog, partagez-le, copiez-le, envoyez-le par mail… bref, vous pouvez faire quelque chose…

…encore faut-il le vouloir, et là, j’ai de plus en plus un énorme doute.

La centralisation, c’est (toujours) mal.

J’avais déjà rédigé une bafouille sur le sujet de la centralisation lorsque Mega fermait ses portes. J’avais sans doute, quelque part, l’espoir qu’au moins une personne comprendrai l’importance de la décentralisation. Bon, faut croire que je me suis trompé, hein.

Alors, on va essayer de ne pas trop troller et de rester sur le sujet parce que je pense qu’il est vraiment important. On va tenter de comprendre le problème de la centralisation parce que c’est tout sauf tout blanc ou tout noir.

Déjà, il faut expliquer à Jean Kévin ou à mamie que c’est grâce à la décentralisation qu’Internet existe. Si Internet était centralisé, il serait alors complètement dépendant de quelques services, quelques noms de grands groupes et ça ne serait sans doute pas Internet.

Si ce réseau de réseaux existe, c’est aussi grâce à vous et aux différents services proposés. Ça rend Internet attractif pour certains et pour d’autres, donc je pense faire partie, c’est la porte ouverte sur un monde où il est possible de construire ce que l’on veut avec du code, des gens, du temps et de la motivation.

Si vous ne voyez pas encore ou je veux en venir, rassurez-vous, ça va venir. La décentralisation ou plutôt le fait qu’Internet soit presque sans centre, c’est ce qui me permet d’avoir ce blog que j’ai installé avec mes petites mains, c’est ce qui vous permet de parler sur Facebook ou sur IRC ou sur n’importe quel autre moyen de communication et si ça ne plait pas, c’est ce qui permet de faire un truc nouveau.

Bon, problème : Internet, c’est rempli de gens et certains ne sont pas là pour coiffer des poneys et cueillir des framboises. Les sociétés sont là aussi et le but d’une société, c’est se faire de l’argent, toujours plus. C’est se développer aussi, en répondant aux exigences des utilisateurs, toujours dans le but de les fidéliser. Bref, je ne suis pas là pour vous faire une explication du cercle vertueux de l’achat – investissement – innovation – achat hein, vous avez compris le principe.

Partant de ce constat-là, une société proposant un service sur Internet va chercher à obtenir deux trois choses :

  1. Une réponse à la quasi-totalité des besoins des utilisateurs et mieux que celle du concurrent
  2. Un maximum de clients qui vont générer un effet positif, du bouche à oreille 2.0 en gros
  3. Evincer la concurrence et si ce n’est pas possible, la racheter

Si on pousse l’argument jusqu’au bout, ça veut dire que dans 15 ans, on cherche un travail sur Linkedin, on parle sur Skype, on parle de soi sur Facebook et que tout le reste n’existe tout simplement plus.

Ah et bien sûr, n’oublions pas Google qui propose tout ou presque avec ses services, nous allons d’ailleurs y revenir.

Pourquoi la centralisation, c’est mal ?

La liste d’arguments est assez longue alors nous n’allons pas tout développer mais juste en prendre quelques-uns :

Le plus important à mon sens et que vous faites confiance à un outil ou à un service qui peut disparaitre du jour au lendemain si c’est le souhait de la société. Elle n’est pas obligée de fournir des explications après tout : c’est son jouet. Elle peut vous le reprendre si elle le souhaite et, sans vouloir me montrer blessant, vous n’avez plus qu’à vous taire.

Faire confiance à un seul et unique outil, c’est pas génial. C’est comme laisser toutes ses données à une seule et unique personne. Sauf que là, la personne vous ne la connaissez pas, vous ne savez pas ce qu’elle peut faire de vos données, ni à qui elle peut les confier elle aussi.

Imaginez : vous voyez-vous confier votre vie, des photos, des textes, des secrets et d’autres choses encore à une personne que vous ne connaissez pas et en qui vous n’avez pas confiance ? Moi non, il en est de même sur Internet.

Il faut réfléchir au-delà du simple service qui fait plaisir et qui est bien fait, pour comprendre les conséquences des choix que l’on fait. Manger au même endroit, c’est mauvais pour l’alimentation. Lire de l’information au même endroit, mauvais pour l’esprit critique. Bien c’est pareil ici, un seul et unique service ou une seule et unique société qui donne tout, c’est mauvais pour l’indépendance et sans doute pour la liberté d’expression.

Résumons donc : une société qui décide de tout, un service pas transparent, un tiers à qui on ne devrait pas faire confiance, c’est déjà pas mal comme arguments.

Pourtant, ne pas se faire avoir dans ce jeu, c’est compliqué. Pourquoi ?

C’est pour une raison relativement simple : si le service est bien, alors des gens l’utilisent. Si des gens l’utilisent alors ils en parlent et s’ils en parlent, le service va grandir et la société également. Donc, attirer plus de gens et ainsi de suite, pour se retrouver service principalement utilisé.

Et là, c’est le drame, le petit service a pris la place de leader. C’est logique et normal. Que faire alors ?

Utiliser plein de services pour faire la même chose ? Pas pratique.

Il est alors possible d’utiliser plein de choses que l’on va faire nous-même : notre propre serveur, notre propre service web, vpn, irc et plein d’autres choses encore, même notre propre FAI. Ce n’est pas forcément une chose aisée et pas forcément la solution miracle puisque cela condamne les services à disparaitre, ce qui peut compliquer le partage ou la liaison entre différentes personnes.

Je pense que la solution se situe un peu entre les deux et doit s’adapter en fonction de vos besoins, tout en restant conscient du problème que représente la centralisation des services.

Sans cela, la prochaine fois que Google décidera de fermer un service, un autre prendra sa place et le problème ne sera pas réglé, juste déporté.

En espérant que ce billet ne soit pas de l’air, même si j’ai un gros doute…