Fiction ?

Paris, 27 décembre 2018

Les cadeaux sont rangés, branchés, installés. Dans son salon, Paul, 19 ans, contemple la pléthore de présents offerts par sa famille. Il aime Noël depuis toujours. Fils unique, il sait qu’il sera comblé chaque année et les fêtes, il y a quelques jours, en sont la preuve : une M Box Two, un I Pomme ainsi qu’une liseuse Komo, offerte avec des livres disponibles dans le cloud de la Snack, une puissante entreprise de divertissement.

« La M box sur l’écran, alors, où il est c’te branchement ? » Paul ouvre le manuel, passe les 130 pages de droits à la propriété intellectuelle, « pour une fois ils font light, c’est pas mal », dit-il d’un air étonné.

« Donc, c’te câble là ici, le Vinect, qu’est-ce qu’ils disent dessus ? »

Branchez le Vinect à l’arrière de la M Box, le Vinect doit être dans un endroit donnant un champ de vision complet, de préférence silencieux afin de vous faire profiter d’un fonctionnement optimal et est obligatoire pour faire démarrer la M Box. Veuillez noter qu’en utilisant M Box et Vinect, toutes les informations captées feront l’objet d’une analyse par les serveurs de Macrosoft, afin de créer une expérience unique et immersive.

« Donc, ce truc va ici, j’vais l’coller là, ça donne sur tout l’salon, ça s’ra pas plus mal. Reste plus qu’à allumer le tout ! » Un halo rouge fit son apparition sur la console et Paul se rua vers l’écran pour jouer.

« Veuillez accepter les termes des conditions générales d’utilisation de M box de Macrosoft ci-dessous. Bla bla t’façons si j’veux jouer j’ai pas l’choix, la suite là! Allez connerie de machine ! »

Un message apparaît à l’écran.

En raison d’insultes proférées, la console va s’éteindre pour une durée de deux heures.

«  Quoi ! Mais c’quoi c’bordel putain ? On peut plus rien dire chez soi ? »

Un second message apparaît à l’écran.

En raison d’un comportement anormal et très violent, l’accès au M Box live vous sera refusé.

Paul sait que s’il laisse exploser sa rage, la console va l’entendre et le bloquer, alors il se tait et s’efforce de sourire à la caméra du Vinect, puis pose la manette et s’en va.

Paris, 28 décembre 2018

« J’te sers une bière Franck ?
– Ah ouais, tiens ! Ah au fait Paul, ça donne quoi ta console alors ? »

Paul sort de la cuisine et entre dans le salon, une grande pièce aux murs rouge et noir assez lumineuse, pose les deux bières sur le minibar qui fait l’angle entre la cuisine et le salon, et vient s’asseoir dans le canapé massif qui siège face à l’écran de télévision.

« Tu vas rire…
– Bah raconte !
– J’ai pas osé m’en servir, je me suis énervé dessus hier et elle m’a entendu, je suis bloqué sur le M Box live, on pourra pas jouer ensemble, j’suis désolé…
– Attends, t’es en train de me dire que ta console t’a entendu et t’a limite puni quoi, c’est ça ?
– Bah, ouais…
– C’est de pire en pire put..
– Non ! Dis pas ça on sait jamais, elle pourrait nous entendre.
– C’est flippant ton truc Paul, sérieux, c’est de pire en pire.
– De pire en pire ?
– Ouais justement j’voulais te voir pour parler un peu de l’actu, j’sais que t’es dans ton monde alors j’te tiens informé quand même », lui répondit Franck avec un sourire moqueur.
– Bah go, je t’écoute.
– La réforme de la LPM, tu sais, la loi de programmation militaire, ce truc qui a déraillé en 2013 quand c’était pas encore Le Men présidente ?
– Euh ouais, vaguement… ils en parlaient sur Facebouc mais j’ai pas payé mon option à mon opérateur ce mois, j’y ai pas accès.
– Ouais, bah figure toi que maintenant, ils ont le droit d’accéder à tes informations numériques tout court, à tout ce qui est numérique chez toi, dans le but de protéger la nation et pour la sécurité nationale comme ils disent.
– Bof, c’est pas grave, j’ai rien à cacher moi tu sais.
– Bah ça, tu vois, on sait jamais.
– Ouais mais non, ils peuvent bien lire mes mails j’m’en tape.
– Comme tu veux. Bref, on passe à autre chose parce qu’on va pas être d’accord là. »

Ils parlèrent des études, de la petite amie de Paul, de leur belle histoire qui durait depuis qu’ils étaient enfants, elle allait bientôt avoir ses 18 ans et Paul ne trouvait pas de cadeau pour lui faire plaisir.

« T’as qu’à lui offrir un diner aux chandelles maison, c’est plutôt agréable, sympa, pas trop cher en plus !
– Ah ouais, adjugé, bon j’vais aller réfléchir à c’que j’vais faire alors, tu vas faire quoi toi ?
– Bah, tu sais, ma famille et moi on reste discrets, depuis qu’on a voté contre l’autre conne, on a des ennuis et je pense qu’elle en est responsable.
– Elle est présidente tu sais, j’pense qu’elle a autre chose à faire, même si elle le fait mal et qu’elle est complètement débile, c’est vrai.
– J’te jure, si j’la vois celle-là, un jour, j’crois que j’la… bref. J’t’appelle et on en reparle après, ok ?

Une fois Franck parti, Paul retourna dans la cuisine, embraqua les deux bières et les jeta dans la première poubelle venue, qui lui refusa les bouteilles, la caméra ayant détecté que c’était du verre et non du plastique.

Au même moment à l’autre bout de Paris, un homme est en train de slalomer entre les bureaux du 27ième étage d’une tour d’affaires.

« Monsieur ! Monsieur !, s’exclama l’homme, nous avons une alerte !
– Du calme agent 12, du calme, qu’est-ce qui se passe ?
– Un homme, Franck Mabone, il fait partie d’une famille opposée à la présidente.
– C’est déjà un problème mais on les surveille donc qu’est-ce qu’il se passe d’autre ?
– Il était chez une personne raccordée à nos services via Macrosoft, il vient de déclarer « J’te jure, si j’la vois celle là, un jour, j’crois que j’la… bref. » au point d’interconnexion du réseau AYBABTU.
– Faut savoir ce qu’il va lui faire, code rouge, collez-le sous écoute complète, j’veux tout : tv, téléphone, caméras, immeuble, poubelles, frigo, fenêtres, douche, tout !
– Monsieur, il est hors réseau.
– Bon sang, vivement qu’elle soit votée cette obligation de caméras dans chaque pièce ! Collez moi l’autre sous écoute complète alors. »

Au même instant, dans le salon de Paul …
[…]

l’@AssembleeNat : une grande cour de récréation.

Disclaimer : du sang et des morceaux de flanby partout, soyez prévenus.

Je n’ai pas encore poussé mon coup de gueule sur la LPM. Pour celles et ceux qui ne savent pas ce que c’est, je vous invite à… chercher. Google est votre ami, Twitter également si vous l’utilisez, cherchez « LPM », ça devrait suffire amplement.

Donc, la LPM, Loi de Programmation Militaire, je vous épargne le détail de ce texte, la raison de ce billet est tout autre.

Une demande saisine du conseil constitutionnel est survenue peu de temps après le vote de la loi, demande de saisine initiée par Xavier Bretrand, membre de l’UMP.

Pour poser les bases, il faut savoir que n’importe quel député ou sénateur peut, en son nom, déposer une saisine auprès du conseil constitutionnel, il lui faudra alors récupérer soit 60 voix de députés, soit 60 voix de sénateurs, en fonction de l’entité qui a déposé la demande de saisine. Xavier Bertrand était donc en droit de déposer une saisine, il lui fallait ensuite récupérer les précieuses signatures nécessaires pour ladite saisine.

Et là, c’est le drame. Et c’est d’ailleurs la raison de ce billet.

Officiellement, la saisine n’a pas été déposée, le chef du groupe UMP à l’Assemblée Nationale, Christian Jacob, a déclaré que le groupe UMP ne soutenait pas cette demande, n’en ferait pas lui même et fin de l’histoire ou presque, il y a eu beaucoup de grabuge par la suite, pour tenter désespérément d’obtenir les 60 sésames pour l’accès au conseil constitutionnel.

Parce que j’aime bien la lecture et l’analyse, j’ai repris et collecté pas mal de déclarations, tweets et autres de nos chers (au sens propre comme au sens figuré) députés, voici donc une version sans doute plus exacte :

Attention, ce ne sont que des hypothèses, mais je pense qu’elles sont asssez proches de ce qui s’est réellement passé.

Xavier Bertrand a déclaré qu’il souhaitait saisir le conseil constitutionnel et en a parlé à Christian Jacob, ce dernier l’a envoyé balader ou n’a pas tenu compte de ses remontées.

Un travail de lobying s’en est suivi, à gauche comme à droite, dans les différents groupes de l’Assemblée Nationale, mais parce que Pierre n’aime pas Paul, Paul n’a pas pu signer la demande de saisine, sans quoi Pierre et ses amis retiraient leurs signatures.

Cette info me semble être assez certaine, cf le tweet de Laure de La Raudière :

Ce qu’il faut comprendre, c’est que si les membres signaient, d’autres partaient parce qu’ils ne sont pas amis, que certains sont de gauche et d’autre de droite.

Ensuite, des députés signataires ont fait savoir qu’ils retiraient leur signature. On ne retire pas une signature sans raison, j’imagine donc qu’ils ont subis des pressions quelconques de je ne sais qui, ce je ne sais qui allant jusqu’à Christian Jacob tant qu’à faire.

Il est possible que ça ne soit pas l’amour fou entre Xavier Bertrand et Christian Jacob, et mon petit doigt me dit que c’est parce qu’ils partagent le même dessein : être chef à la place du chef et voir en 2017.

On résume donc : deux hommes qui ne s’aiment pas, lechef du groupe UMP qui, peut-être, fait pression sur les signataires, deux hommes mais une envie commune, une querelle peut-être, et …

Attendez, j’ai du rêver, j’ai cru à un instant être en train d’écrire que c’est parce que deux hommes font un concours à qui aura la plus grosse que ce dangereux projet est passé.

Non, j’ai du rêver.

Non ?

Ah. Non. Non en fait, non.

Spoiler : c’est là que je me fâche un peu. Ok, c’est là que ça va saigner un peu serait plus exact.

Parce que c’est Noël, je suis généreux, 577 paires d’oreilles risquent de siffler un peu.

Sérieusement, qu’est-ce qui vous passe par la tête ? hormis du vent ?

Vous êtes députés, bordel. Vous faites la loi, vous la pensez, l’écrivez, la votez en partie, vous êtes censés représenter le peuple et vous sortir les doigts du c** pour faire votre travail pour lequel vous êtes payés avec notre argent. Nous sommes vos employeurs, nous citoyens, sans nous vous n’avez pas de travail et plus un seul euro en poche.

Personne n’attend de vous un travail exemplaire, vraiment. En revanche, tout le monde attend que vous fassiez ce pour quoi vous êtes payés : bosser.

Non, au lieu de ça, vous êtes en train de vous foutre sur la gueule comme des gamins dans une cour de récréation.

« Non lui je l’aide pas parce qu’il m’a chipé mon crayon. »

« Non, lui je l’aide pas parce que c’est un méchant. »

« Non, si eux ils t’aident et bien moi je t’aide pas parce que je ne les aime pas. »

Sérieusement, c’est « ça ? », l’élite de la France ? Pardon d’avance mais purée, ça fait mal au cul quand même.

Ca ne vous viendrait pas à l’esprit, juste un instant, de coller vos querelles de côté et d’œuvrer pour de meilleurs lendemains, ensemble ?

Ca ne vous viendrait pas à l’esprit, une fraction de seconde seulement, de faire votre job ?

Des comportements comme ça, dans une cour de récréation, c’est sanction ou au coin. Dans une entreprise privée c’est un blâme ou une faute qui peut aller jusqu’à une mise à pied conservatoire.

Et vous… vous bien ce n’est rien. Pire encore, vous, quand vous jouez au cons, c’est avec l’avenir de plus de 60 millions de personnes. Vous voulez faire n’importe quoi ? Faire de la merde ? Faites-le, avec autre chose que la loi et l’avenir d’une nation. Démissionnez, rentrez dans le secteur privé, montez votre société et dégommez-là.

Vous ne comprenez pas pourquoi le citoyen moyen, comme moi, n’a plus confiance dans le corps politique ? La réponse est peut-être là, quand vous aurez terminé de vous chamailler, pour rester poli, nous aurons fait un grand pas.

« Arrêter d’être con », ça pourrait être bien, comme résolution.

Ps : ce message touche tous les députés mais je sais faire la part des choses entre ces « trucs là » et des députés. Je ne fais juste pas de différence là, tout le monde est logé à la même enseigne. Et vos couleurs, gauche, droite, milieu ou avant centre, je m’en tape.

Madame Liane d’Argelier, on vous explique Internet ?

Edit : j’ai fermé les commentaires, j’ai beau ne pas aimer Liane d’Argelier ni la politique, ce billet n’est pas fait pour basher. Petit point d’ailleurs : à ceux qui tirent à vue parce qu’elle insulte une personne, dites-vous que l’insulter et balancer des critiques sur son physique, c’est du même niveau. Voyant que le débat ne s’élève pas, j’ai donc pris la décision de fermer, mon blog n’est pas une place publique pour pugilats.

Petit billet qui, je précise, est tout sauf politique, le sujet en étant très proche, je préfère prévenir.

J’ai, comme beaucoup de monde, vu et entendu les manifestants de ce matin qui marchaient contre M. le Président de la république. Je passe sur le fait que j’ai été choqué qu’on ne respecte absolument pas ce jour ainsi que la mémoire de celles et ceux morts pour le pays et la liberté. Ceux tombés au combat, celles mortes dans les usines qui fabriquaient les munitions, tuées et toutes les autres atrocités faites, bref, passons ce manque flagrant de respect.

Comme beaucoup donc, j’ai aussi entendu et vu une personne qui d’apparence semble être d’une classe assez aisée, déclarer qu’elle était apolitique (et déclarer à demi-mots qu’elle représentait le peuple).

La dame en question, c’est Liane d’Argelier et, parce qu’Internet n’oublie que très peu de choses, j’ai décidé de vous la présenter. Liane, nous allons parler d’elle ainsi, est tout sauf apolitique : elle fait partie des mouvements sarkozystes et aide, voire gère en partie, le mouvement « Hollande démission », ledit mouvement dispose d’un site Internet mais hors de question de mettre un lien ici.

Pour commencer, Liane gère une section du RPF, le rassemblement pour la France. Je vous laisse juger de l’édition, choix des éléments et couleurs de la photo.

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Ensuite, Liane, la voici (la femme blonde platine avec les grosse lunettes de soleil et le manteau, ça va être utile pour qu’on soit sûr qu’il est bien question de la bonne Liane. (photo récupérée chez @UMPitre)BYzo1nWIgAApp0O.jpg largeAh, premier bémol, Liane déclare qu’elle est apolitique. Étrange lorsqu’on passe une soirée ainsi qu’un dîner avec Jean-François Copé et Michele Tabarot, la secrétaire générale de l’UMP.

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Ici, vous pouvez voir que Liane a des amis, c’était hier soir, le 10 novembre, en train de préparer la manifestation de ce matin. L’acte de débarquer, manifester et hurler « Hollande démission » était donc calculé, à croire que Liane ne sait pas ce qu’est le 11 novembre. Ou alors elle s’en moque et n’a aucun respect, c’est plus probable.

Philippe Vardon et LianeToujours sur le côté Apolitique, voici Liane en compagnie de Philippe Vardon. Si ce nom ne vous dit rien, je vais faire un petit refresh : Philippe Vardon est l’ancien président de Nissa Rebela et l’ancien président des Jeunesses Identitaires. C’est une personne d’extrême droite, « adhérent » au mouvement Bleu Marine & Co.

On peut se dire qu’elle ne sait peut-être pas qui c’est, mais en fait si, dixit elle :

« Hommage a Catherine Segurane , figure emblématique de l’histoire de la Ville de Nice qui d’après la légende , montra son cul de lavandière (gros cul ) et fit fuir les Maures en 1543 qui attaquaient la cité phocéenne . On peut avoir fait la campagne de Sarkozy , être double encartée Rassemblement et UMP ..être amie avec Benoît Kandel , soutenir Jacques Peyrat dans son combat contre Estrosi , respecter Rudy Salles pour son humanité et sa gentillesse et aimer le courage des identitaires de Nissa Rebela .. Quand on aime sa Ville , on soutient avant tout les idées et les actions qui portent nos valeurs de patriotes ! Le Rassemblement ce n’est pas une union des droites même si on est a droite et même a la droite de la droite ! Le rassemblement c’est l’union pour défendre nos valeurs de Français , de patriotes ! Soutenir ceux qui s’engagent comme nous nous engageons a nous battre contre l’Islamisation, l’incurie de la gauche , les oukases Européennes ,.,, sauver notre culture , nos coutumes , nos droits et nos devoirs ! La famille ! Notre fierté d’être a la fois Français et souverainistes , Nationalistes et Régionalistes! Les maures dans ce Rassemblement , ne passeront pas ! Alors oui , j’ouvre avec honneur le défilé avec Philippe Vardon qui s’investit contre la politique manichéenne de ma Ville ! Qui s’insurge contre la construction des mosquées et qui est un défenseur de la tradition Française et Nicoise Viva Nissa ! Viva le Rassemblement ! » (source : son Facebook)

Hollande demission

Si vous aviez encore un doute sur son apolitisme, je suis certain que cette image va finir de vous convaincre. Merci Liane pour toutes ces images libres et disponibles sur Facebook aux yeux de tout le monde.

Le RPF

Celle-là c’est pour bien confirmer qu’elle fait partie du mouvement « Rassemblement pour la France », hein.

Repas au RPF

Enfin, Liane mange bien et picole un peu, comme vous et moi, elle a même des verres Ikea au siège du RPF. Ah oui, elle est au siège dudit RPF, dixit elle :

Facebook de Liane

Donc, Liane, petit message : faut pas mentir, c’est mal, très mal. En plus, avec Internet c’est assez facile de savoir si vous mentez ou non, voyez-vous ? Vous n’êtes ni apolitique, ni représentante de la France, cette dernière ayant des couleurs que vous refusez de voir.

Dernier point : Liane commence manifestement à supprimer quelques clichés qui dérangent et ça me dérange. Alors, parce que je suis gentil, ces photos sont hébergées directement sur mon blog. Liane, l’effet Streisand, vous connaissez ?

J’connais quelqu’un qui connait quelqu’un…

Expliquer que protéger son intimité et sa vie privée, c’est important, ça n’a pas fonctionné.

Expliquer très sérieusement une fois et plus simplement une autre fois que « si, nous avons tous quelque chose à cacher » n’a pas non plus fonctionné.

J’en viens à me demander si quelque chose fonctionne pour, à minima, faire comprendre que  nous sommes potentiellement surveillés.

Le monde vient justement d’en parler et de faire une magnifique explication vidéo, en patates, j’ai souhaité le faire à l’écrit et avec quelques explications supplémentaires.

Tout commence avec le paradoxe de Milgram, ou pour résumer :

« Ah, comme le monde est petit. »

En fait, sans le savoir, vous connaissez tout le monde. Plus exactement, vous connaissez quelqu’un qui connait quelqu’un, qui lui-même connait quelqu’un qui connait quelqu’un. Quatre fois, oui.

Le paradoxe de Milgram est une théorie qui explique, en résumé, que chaque individu est relié à n’importe quel autre individu par l’intermédiaire de six autres personnes maximum. Cette théorie, bien que fermement critiquée, me semble assez vraie. Il faut savoir que de récentes réflexions avec l’ajout de la variable « réseaux sociaux » font passer cette chaine de contact à 4, d’où les quatre.

Exemple fictif : maillon n°1 connait un journaliste très connu, qui lui-même, maillon n°2, connait une femme dans le milieu de la politique, qui elle-même, maillon n°3, est proche du président de la république et ainsi de suite. Ainsi, il n’est pas faux de dire qu’un ami connait un ami qui connait le président de la république.

Il est possible d’aller très, très loin avec cette réflexion, dans ma région par exemple, tout le monde connait quelqu’un qui connait quelqu’un qui fait passer du champagne en douce, si j’étais du service des douanes, cette information serait d’une grande importance pour moi car cela me permettrait de très rapidement cartographier un groupe d’individus.

Sans aller jusqu’au bout de l’exemple fictif, vous connaissez au moins une personne qui connait (bref vous avez compris la suite) qui :

  1. pirate des œuvres sur Internet
  2. revend ou consomme de la drogue
  3. est proche d’un milieu observé par les services d’un pays
  4. est proche d’un milieu extrême dans la sphère politique
  5. a voyagé dans un pays du moyen orient
  6. est un hacker. Ne nous étalons pas sur la définition de ce mot et, une fois n’est pas coutume, allons chercher la définition des médias : des gens dangereux. (oui, il y a fort à parier que la réflexion n’aille pas plus loin que ça dans les services de renseignement des états : être avec eux c’est être gentil, refuser de l’être c’est être méchant)

Bref, réfléchissez-y bien et gardez bien ce schéma en tête, de plus en plus vrai avec la progression des réseaux sociaux qui interconnectent les humains bien plus rapidement et bien plus largement que via le monde physique.

Maintenant que ce point est expliqué, réfléchissons un peu à la façon dont la NSA fonctionne. D’ailleurs, arrêtons de ne parler que de la NSA, les autres font pareil. Si la France ne va pas hurler et demande une vraie instruction et de véritables comptes au gouvernement américain, c’est parce qu’elle fait exactement la même chose.

Donc, méthode de réflexion : espionner quelqu’un qui se méfie un peu ou qui fait attention, ce n’est pas  simple, puis ça force à espionner plein de personnes aussi. Autant espionner des intermédiaires, les fameux « degrés de séparation » entre deux contacts.

Les avantages sont nombreux : ces points de contact récupèrent des informations, de petites informations certes, mais beaucoup d’informations. D’ailleurs, ces personnes connaissent peut-être d’autres personnes qui doivent être surveillées.

Si je veux avoir les informations médicales de beaucoup de personnes, je ne vais pas aller chercher dans la vie de chaque cible, je vais taper dans les dossiers du médecin traitant, logique, non ? C’est exactement la même chose ici.

Donc, allons surveiller et espionner ces personnes, ces « degrés de séparation » si vous préférez. Sauf que le degré de séparation, c’est potentiellement vous et vous n’en avez même pas conscience.

Dans un dernier exemple, imaginons que je sois une personne dangereuse, activement surveillée par les services secrets français. Le simple fait de passer sur mon blog vous rend suspects. Le simple fait de m’envoyer un message, qu’il soit public ou privé, sur n’importe quel réseau, vous rend suspect.

Alors ne parlons même pas d’un mail, ou pire encore : un mail chiffré. Non, pire encore : un mail chiffré à un niveau de chiffrement interdit…non, imaginons simplement les gens qui me connaissent derrière cet écran tiens, ça ne demande pas de compétences spécifiques ça. Ca concerne donc tout le monde.

Potentiellement, vous êtes surveillés par un service quelconque, qui cherche à récupérer des informations.

Sans tomber dans la paranoïa pour autant, pensez-y la prochaine fois que vous allez déclarer « je n’ai rien à cacher ».

Est-ce que ce monde est sérieux ?

Dans la nuit du 20 aout 2013, j’ai appris que le GCHQ avait fait pression sur « The Guardian », journal presque mythique, inscrit dans le code génétique du Royaume-Uni…d’aussi loin que je m’en souvienne.

Pression pour détruire les documents relatifs à « l’affaire Snowden ».

Il semblerait donc qu’un gouvernement sans aucun rapport direct avec la NSA et les Etats-Unis ait pris ses libertés quant à faire pression sur un organisme de presse, un journaliste, un rédacteur en chef, le compagnon d’un journaliste…

Petites explications si vous n’avez pas tout suivi :

  1. Edward Snowden, que je ne vais pas présenter, a confié une partie non négligeable de ses documents au journal « The Guardian ».
  2. Gleen Greenwald, un journaliste pour le Guardian, a présenté quelques documents transmis par Edward Snowden dans le journal.
  3. David Miranda, le compagnon de Greenwald, a été retenu pendant presque 9 heures dans l’aéroport d’Heathrow, à Londres. Il a été relâché mais sans ses effets personnels en relation avec tout ce qui contient une puce ou de la mémoire. Tout ceci grâce à l’article 7 du Terrorism Act, qui autorise les forces de l’ordre du Royaume-Uni à « arrêter, fouiller et détenir n’importe quel voyageur dans les ports, les aéroports et aux frontières, afin de déterminer s’il s’agit d’un terroriste. »

Les suspects peuvent être détenus pour une durée maximale de neuf heures, au cours desquelles ils n’ont le droit ni de consulter un avocat ni de se taire, sous peine de prison. »

David Miranda arrêté, reste la question du « pourquoi ? ».

La vraie raison de cette arrestation est sans doute là. Le Royaume-Uni veut envoyer un message à celles et ceux qui disposent des informations que Snowden a pu donner ici et là. Il veut leur faire comprendre qu’il ne plaisante pas avec ces fuites et qu’il est capable d’utiliser sa propre loi à des fins détournées, afin d’effrayer celles et ceux en capacité d’oser faire quelque chose.

C’est donc un fait, le Royaume-Uni n’est pas une démocratie, ses méthodes sont celles d’un régime totalitaire.

Je vais vous dire quelque chose : lorsque je vois tout ceci, ce n’est pas la peur qui m’envahit, c’est la détermination et, lorsque je vois la réaction de nos gouvernements, je me dis que j’ai raison.

Ce n’est pas tant le pouvoir que la peur qui fait qu’ils agissent ainsi.

Depuis toujours nos gouvernements espionnent, s’espionnent, nous espionnent, s’échangent des données, surveillent la population… Depuis au moins aussi longtemps, ils agissent pour récupérer des renseignements, soit par la récolte en source ouverte, soit par des moyens détournés. Et depuis toujours, ils savent rester relativement discrets. Pour moi, la pléthore d’erreurs commises, les scandales, les arrestations injustifiées, c’est une démonstration de la peur qui s’empare des gouvernements. Et c’est très bien, parce qu’il n’est pas question que ça s’arrête, un petit oiseau m’a raconté qu’il restait encore beaucoup d’informations à publier.

Mais revenons à nos espions, nous parlions tout à l’heure de la destruction de documents…

Le Guardian explique donc que le GCHQ l’a forcé à détruire des documents fournis par Edward Snowden.

Je vous invite à lire l’article du Guardian et celui-ci si vous préférez la langue de Molière.

La très sérieuse question qui apparait au grand jour ici est : et la liberté de la presse ?

Il faut être naïf pour penser que nos gouvernements ne font jamais pression sur des journalistes, n’utilisent pas la peur et la violence afin d’obtenir ce qu’ils souhaitent… il est en revanche plus rare de le voir, écrit noir sur blanc, dans un journal victime de ces pressions.

Donc, liberté de la presse dans un premier temps… et la vôtre ?

Oui, la vôtre.

Celle de vous informer. Celle de vous informer sur ce qui vous concerne, de près ou de loin, tout ceci vous concerne.

J’en vois déjà me répondre « je n’ai rien à cacher », à ces derniers je conseille cette lecture et cette vidéo, même si je ne suis pas un excellent orateur.

Maintenant, il va falloir se poser les bonnes questions. Les questions qui dérangent.

Qui est coupable de tout ceci ? Qui est responsable ? Nos gouvernements ? Snowden ? La NSA ?

Sans doute un peut tout le monde. Nos gouvernements sont responsables de cette envie de tout contrôler sur tout le monde. Snowden d’avoir fait éclater la vérité au grand jour et, pour ceci, on ne peut que le remercier. La NSA est les autres agences de renseignement sont tout autant responsables que nos gouvernements.

Mais il existe un autre coupable de tout ceci, dont personne ne parle : nous.

Nous sommes responsables de tout ceci car nous avons laissé le gouvernement agir, sans se soucier de ce qu’il faisait.

Nous notre seule réponse à tout ceci était « je n’ai rien à cacher », donnant les pleins pouvoirs à un gouvernement qui, pour vous « protéger », viole encore et encore votre vie privée.

Nous, vous, toi derrière l’écran, sommes responsables de tout ceci, au moins en partie. Non pas par nos actions, mais par notre inertie et notre confiance aveugle en ces gouvernements qui prétextent vouloir votre bien.

C’est désagréable à lire et ça l’est encore plus à écrire mais la réalité est ainsi faite. Nos gouvernements nous observent mais nous devrions, nous aussi, observer nos gouvernements.

Nous réclamons la transparence, le respect de la vie privée, mais nous nous contentons d’outils et de réseaux, le plus souvent fermés, auxquels nous ne comprenons généralement pas grand-chose…

C’est très paradoxal, ça revient à déclarer sur Facebook qu’on souhaite protéger sa vie privée alors qu’il suffit de lire pour se rendre compte que s’inscrire sur ce site, c’est offrir son intimité à qui la veut…

Le scandale de PRISM permet de montrer au grand jour ce qui existe depuis des années, allons-nous enfin décider de faire changer les choses ? J’y crois, j’ai envie d’y croire, mais concrètement je n’ai que peu d’espoir.

Qu’allez-vous faire ? Continuer à vous indigner puis reprendre le contrôle de votre vie privée, ou agir pour faire changer les choses ?

Vous n’avez peut-être « rien à cacher » mais vous avez quelque chose à craindre.

L’article original provient du site MSNBC.com.

Au vu des récentes informations sur la NSA et l’espionnage des américains, j’ai été particulièrement choqué par l’argument « si vous n’avez rien à cacher, vous n’avez rien à craindre. »

Au premier abord, cet argument semble solide – après tout, si le gouvernement ne fait que mener une surveillance antiterroriste, les « non-terroristes » ne devraient pas être concernés non ? Mais si vous regardez de plus près, vous allez vous rendre compte que cette idée n’est pas sans failles.

Le « je n’ai rien à cacher » suggère, à tort, que la vie privée, l’intimité, ne sont les désirs que des seuls criminels. En fait, nous faisons énormément de choses en privé – chanter sous la douche, faire l’amour, se confier à sa famille, à ses amis – qui ne sont ni mauvaises, ni illégales. Qui ne serait pas gêné par l’exposition de ces détails les plus intimes de nos vies privées?

Les barrières et les rideaux sont des manières de conserver son intimité et non des choses révélatrices d’un comportement criminel. L’intimité est une chose fondamentale dans toute vie.

Ce « je n’ai rien à cacher » est aussi un grand pas en arrière lorsque ce dernier suggère que nous sommes tous suspects, jusqu’à preuve du contraire. Notre système judiciaire nous considère innocents jusqu’à ce que la culpabilité soit établie. Ceci s’applique chaque jour – autant qu’il s’applique dans une cour de justice. La tâche de démontrer qu’il existe une bonne raison d’être suspect incombe au gouvernement et non l’inverse. La rengaine « rien à cacher » ne devrait être ni l’excuse ni le prétexte des gouvernements pour justifier la surveillance de masse.

Même si vous pensez que vous n’avez rien à cacher, vous avez, en fait, quelque chose à craindre. Vous devriez vous inquiéter pour vous-même. Avec une façon de présenter les choses qui fait froid dans le dos, Kafka illustre ce problème dans « Le Procès« , la perspective d’un gouvernement vous poursuivant sans justifications est terrifiante.

Vous devriez également vous inquiéter pour notre société. Vivre sous l’œil permanent d’une surveillance de masse peut entrainer des préjudices sociaux durables : si les citoyens sont un peu plus craintifs, un peu moins enclins à collaborer les uns avec les autres, un peu moins rebelles – tout ceci peut refermer ce qui était autrefois une société ouverte.

La surveillance par nos gouvernements porte directement préjudice à d’autres – pensez aux militants des droits de l’Homme ou aux journalistes qui doivent travailler avec des personnes qui ont peur de cette surveillance, non pas à cause de quelque chose qu’ils auraient pu mal faire, mais pour des raisons politiques. Imaginez un groupe libéral qui déclare qu’au vu du récent scandale de l’IRS, ils n’ont rien à craindre car l’IRS ne s’intéresse qu’aux conservateurs. Cet argument serait imprécis et ignorerait totalement les risques évidents d’un gouvernement qui va trop loin. (Besoin de preuves ? l’IRS a admis qu’ils observaient aussi les libéraux.)

Vous êtes peut-être dubitatifs, pas convaincus. Vous êtes certains que vous n’avez et n’aurez jamais rien à cacher. Vous pensez que mes inquiétudes sur ces carcans qui entravent la liberté d’expression et nos principes démocratiques sont exagérées et vous êtes convaincus que ces problèmes d’intimité sont également exagérés, aucune chance que cela vous affecte vous ou notre société de toute façon.

Mais – et c’est la plus importante faille dans ce « rien à craindre, rien à cacher » – comment pouvez-vous en être certains ?

En fait, vous ne savez pas si vous avez quelque chose à craindre ou non parce que vous ne savez pas ce que le gouvernement fait des données qu’il collecte. Si ce gouvernement garde secret ce qu’il collecte sur vous et pourquoi, vous êtes dans l’incapacité de corriger les erreurs potentielles. Et si vous connaissez un tant soit peu notre système judiciaire, vous savez que les erreurs ne sont pas rares.

La transparence est en partie là pour s’assurer que les actions du gouvernement – ses résultats – sont évaluables, mais la transparence, c’est aussi s’assurer que les informations dont dispose le gouvernement – ses sources – sont exactes.

Lorsque ce gouvernement opère en secret, il devient compliqué de savoir quoi que ce soit et d’en être convaincu.

Cependant, il y a bien une chose dont nous pouvons être convaincus : nous avons besoin d’en savoir plus.

Nous avons besoin d’en savoir plus sur les informations que le gouvernement collecte sur des millions d’américains innocents. Nous avons besoin d’en savoir plus sur ces interprétations juridiques secrètes sur lesquelles notre gouvernement se base pour surveiller nos communications. Et nous avons besoin d’en savoir plus sur ce que le gouvernement fait de ces milliards et ces milliards de bits de données qu’il amasse dans ses fichiers. Nous avons besoin de ces réponses car, même si nous n’avons rien à cacher, ça ne signifie pas que nous voulons vivre dans une société ou rien n’est privé.

Traduction faite depuis http://www.aclu.org/blog/national-security/you-may-have-nothing-hide-you-still-have-something-fear

Je précise qu’aucune autorisation n’a été demandée et que cette traduction est de moi, le texte ne l’est pas, j’ai donc désactivé Flattr sur ce post, le principe étant de diffuser l’information.

PS : si vous êtes en train de vous dire « ce n’est pas nous, ça se passe aux États-Unis d’Amérique », alors c’est que vous n’avez pas tout compris.