Apple, ou l’histoire d’un seul mec qui décide ?

J’ai prévu de ne pas trop troller sur la firme à la pomme, surtout depuis le dernier I-bidule. Ce billet n’est donc pas là pour ça, même s’il va surement en donner l’impression. J’ai juste envie de partager mon point de vue (c’est la journée).

On me considère comme hacker, je préfère dire que j’en suis loin et que j’aime bien bidouiller. Je suis également amoureux du libre et de tout ce qu’il peut nous apporter mais il y a une notion qui compte plus que tout pour moi : être propriétaire de ce que je possède, être libre de faire ce que je veux, de démonter, remonter, modifier … ce dans quoi j’ai investi.

Je sais que mes meubles sont à moi car j’ai payé pour les avoir, je sais que mon ordinateur aussi car je l’ai payé, monté et que j’ai installé un système d’exploitation dessus, libre de surcroit.

Il en est de même pour mon téléphone portable : je l’ai acheté, je l’ai configuré et j’en fais maintenant ce que je veux avec.

J’ai préféré un Nexus S car il n’est pas simlocké et qu’il n’existe pas de surcouche opérateur dessus, c’est pour dire.

Pourquoi je vous raconte tout ceci ?

Parce qu’Apple, c’est tout l’inverse.

J’ai beau essayer de comprendre, quelque chose cloche : Apple ne vend pas un « vrai téléphone. »

Bien évidemment, leurs équipements permettent de téléphoner, de jouer à Angry Birds ou whatever, de s’envoyer des messages comme n’importe quel autre téléphone et, si on en reste à la définition même d’un téléphone, alors l’Iphone est un téléphone.

Mais si je pousse ma réflexion un peu plus loin, éventuellement jusqu’à l’absurde, un Iphone n’est ni plus ni moins qu’un terminal qui vous relie directement à Apple.

Comme je vous le disais avant, j’aime être propriétaire de mon équipement, j’aime pouvoir le bidouiller, l’améliorer, voir comment il fonctionne et je veux être libre de faire absolument tout ce que je veux avec.

L’Iphone ne permet pas tout ceci.

Je vous vois arriver, fanboys :

« Bien sûr que si, on peut faire ce qu’on veut avec, et bien plus qu’avec n’importe quel autre téléphone. »
« Encore un fichu de libriste qui nous dit qu’Apple c’est le mal. »
« C’est parce que tu n’en as pas que tu dis ça, tu te contentes de la médiocrité, c’est ton choix. »

Je ne vous force pas à me croire, mais j’aimerai que l’on réfléchisse à la définition même du mot propriétaire.

Si j’ai envie d’installer une application tierce, je peux le faire. Au même titre que je peux installer une application porno, changer le dialer de mon téléphone, changer le clavier virtuel pour le passer en klingon, installer une application pour chiffrer les SMS …

Je précise qu’il existe une application pour le chiffrement des messages sur Iphone, Black Message, mais selon ses propres utilisateurs, elle n’est pas terrible et pas vraiment fonctionnelle. Je ne sais pas si elle est open-source et donc, je ne connais pas son code, je ne sais pas s’il est sûr ou non, rien ne me garantit que mes messages ne sont pas envoyés en clair quelque part.

Au final, qu’est-ce qu’Apple selon moi ?

Apple, c’est un mec, quelque part, qui décide de ce que vous avez le droit de faire ou non. Vous voulez du porno ? Non, Apple ne veut pas. Vous avez une application et Apple ne l’aime plus ? Pas de soucis, on la retire, c’est tout, vous n’avez pas votre mot à dire.

Je ne remets pas en cause leur stratégie commerciale (quoi que…), Apple est une société et comme toute société, son but est de faire du profit. Je ne remets pas non plus en cause leur stratégie de communication, elle fonctionne bien (pour celles et ceux qui travaillent dedans, repensez au SONCAS).

Ce que je remets en cause, c’est ce système fermé ou, au final, l’utilisateur n’est pas maître de ce qu’il achète, n’est pas « propriétaire » et donc, pas libre de faire ce que bon lui semble sur sa machine.

On pourra me répondre que pour ça, il y a le jailbreak. Non. Je trouve anormal d’être obligé de casser des verrous pour pouvoir utiliser son téléphone comme on souhaite. Et je ne parle même pas de l’aspect matériel du produit, fermé lui aussi.

Fin de parenthèse sur Apple, je voulais simplement vous donner un point de vue en plus de 140 caractères.

NB : vous êtes libres de commenter ce billet, mais si je vois que les commentaires virent en Pro vs Anti Apple, ça sera fermeture instantanée. Respectez-vous les uns les autres et partagez votre point de vue dans la joie et la bonne humeur :]

CAFAI, le FAI dont vous êtes le héros en Champagne-Ardenne.

L’association CAFAI vient de naître et vous proposera, d’ici quelques temps, un accès ADSL à Internet.

La différence avec les gros FAI ?

CAFAI est un FAI associatif, c’est-à-dire qu’il est à l’échelle locale et à taille humaine.

Comme tous les FAI associatifs qui tournent avec et autour de la fédération FDN, CAFAI est un FAI qui s’engage à respecter la neutralité du réseau.

L’association a donc pour objectif de vous fournir un accès à Internet; à un vrai Internet sans bridage, sans filtrage, sans règles commerciales qui arrangent tel ou tel site …

Bref, CAFAI respecte les 4 principes essentiels de la neutralité du réseau.

Autrement dit il ne porte pas atteinte aux contenus qu’il transmet, il ne privilégie aucune adresse IP, aucun protocole et aucune source ou destination.

L’association sera en capacité de fournir des accès ADSL allant de 512Kbps à 18Mbps, sur de l’IP V4 comme sur de l’IPv6 fixe. L’idée est dans un même temps de répondre à l’idée d’essaimage des FAI associatifs.

Essaimer, ça veut dire qu’il est préférable d’avoir des FAI à taille humaine en grand nombre plutôt qu’un seul gros FAI, en l’occurrence FDN. Comme vous pouvez le voir dans le lien précédent, l’essaimage ça fonctionne plutôt bien et des projets voient le jour un peu partout.

CAFAI, qu’est-ce ?

CAFAI, c’est pour Champagne Ardennes Fournisseur associatif d’Accès à Internet.

C’est un FAI associatif, comme expliqué plus haut, à la différence des gros FAI, il est à taille humaine et c’est très important, chacun est acteur du FAI. Le principe est donc que les membres viennent à se connaître, qu’ils échangent, s’entraident, partagent et apprennent ensemble.

Vous n’êtes pas seulement client d’un FAI, vous participez à la vie de ce fournisseur d’accès, vous êtes le FAI.

CAFAI a besoin de vous : c’est une association et, sans membres, elle ne pourra pas se développer au mieux. Sachez que vous devenez membre en vous abonnant à Internet avec eux.

Vous pouvez également devenir adhérent sans avoir de ligne adsl pour autant, un bon moyen de soutenir ce type d’initiatives et de participer à la préservation de la neutralité du net.

Trêves de bavardages, vous pouvez retrouver le site de l’association ici : http://cafai.fr/ ou sur https://cafai.fr si vous le souhaitez également.

Si vous souhaitez les joindre par mail, vous pouvez le faire sur contact (at) cafai.fr.

CAFAI dispose aussi d’une mailing-list, vous pouvez demander à vous inscrire à cette dernière, c’est généralement traité dans la journée.

CAFAI dispose également d’un salon Jabber : cafai (at) chat.cafai.fr.

Voilà, n’hésitez pas à leur poser des questions et à les faire connaître 🙂

Toulouse et Internet : la reprise d’un drame à des fins politiques.

On pourra reprocher ce que l’on veut au président actuel, d’un manque de respect (casse toi pauvre con ?) à un ensemble de propositions toutes plus répressives les unes que les autres, il faut néanmoins lui reconnaitre quelque chose : sa constance.

Elle réside dans le fait qu’à chaque évènement, c’est une nouvelle loi qui est proposée (et parfois forcée, exemple avec HADOPI). Est-il utile de préciser que ces lois sont, pour la plupart, disproportionnées et répressives ?

Le drame de Toulouse n’échappe pas à cette règle, c’est donc « logique » de voir M. le Président de la République tout fier, proposant son projet : punir les personnes qui naviguent sur des sites violents ou extrémistes.

Ce qui est moins logique, c’est le traitement médiatique qui découle de cette loi. Je vous propose donc de nous pencher sur les récentes déclarations du Président (tant qu’il l’est encore).

Dans un premier temps, observons cela sous l’angle technique : quelles solutions existent pour punir les personnes qui naviguent sur les sites en question ?

  • Il est possible de fermer le site mais c’est long, surtout lorsque le site n’est pas en France, encore plus s’il n’est pas hébergé dans un pays de l’Union Européenne.

  • Il est possible de bloquer le site, sur injonction judiciaire. Là aussi, problème : l’affaire Copwatch a démontré que bloquer un site était inutile, il reviendra autrement, ailleurs, avec une autre adresse. Sans oublier l’effet Streisand, des copies du site en question peuvent exister et ceci à l’infini.
  • Il existe une autre solution. Une solution que M. Sarkozy semble bien aimer et que la France connait déjà. Une solution qu’elle a vendu à l’ex dictateur président, Mouammar Kadhafi via la société Amesys, filiale du groupe Bull, société détenue en partie par le gouvernement.

Si vous ne l’avez pas deviné, cette solution, c’est le DPI. Petit rappel, le DPI c’est une sonde, installée chez votre fournisseur d’accès à Internet, elle permet d’écouter l’ensemble du trafic d’une ligne ou de centaines de lignes, en même temps.

Traduction : vous allez sur Google, sur Facebook, vous entrez un mot de passe, vous envoyez un message d’adulte à votre dulcinée, le DPI le sait. Il est fait pour ça : inspecter en profondeur les données qui circulent, à l’échelle d’un abonné comme à l’échelle d’un pays.

Revenons aux faits : le DPI. Pour pouvoir punir des personnes allant sur des sites « interdits », il faut pouvoir écouter les connexions, pour savoir qui sont les méchants internautes qui osent se rendre sur de tels sites.

Problème à nouveau : il n’est pas possible d’écouter uniquement les accès à ces sites, il faut tout écouter et poser un filtre, ou faire le tri dans les centaines de Go qui seront capturés (ce qui nécessite beaucoup de matériel, d’argent et potentiellement beaucoup de personnel).

Vous vous dites « je n’ai rien à cacher, ce n’est pas grave » ? Si vous estimez que votre vie privée vaut si peu, c’est votre problème, ce n’est pas celui d’un ensemble de gens qui voudraient pouvoir dire quelque chose sans que la moitié de la planète soit au courant.

La solution proposée par Nicolas Sarkozy est disproportionnée (pour changer), au-delà de cette disproportion, c’est une violation de la vie privée et il est fort possible que ce DPI serve d’arme d’anticipation par la suite, ce qui évite la longue et fastidieuse démarche judiciaire. ACTA voulait le faire, pourquoi pas le président ?

Dans un second temps, voyons les déclarations de Nicolas Sarkozy sous un autre angle : depuis l’œil d’un journaliste.

Par nature, un journaliste se doit de faire des vérifications, de croiser ses sources, d’aller justement sur ce genre de sites afin de savoir ce qui se dit vraiment. Il doit analyser le contenu afin d’obtenir des preuves, nécessaires à la construction d’un article ou d’un reportage.

L’envie de Nicolas Sarkozy rend ces journalistes coupables. Coupables d’avoir fait leur travail, elle menace directement celles et ceux qui travaillent sur des dossiers sensibles ou l’on parle de terrorisme, de groupes intégristes …

Allons encore plus loin, il sera possible de savoir qui fait quoi, quand, où et avec qui. Dans ma vie, ça me dérange déjà, dans la vie d’un journaliste, c’est un risque aussi : celui de ne pas pouvoir couvrir ses sources.

La reprise médiatique du drame de Toulouse est déjà puante, les propos de Nicolas Sarkozy, résumés sous la forme : un drame = une loi, le sont encore plus. Son rôle de Président ne lui donne même pas la légitimité de proposer une telle loi.

Pour terminer, je ne sais pas si c’est moi mais, plus le temps passe, plus j’ai l’impression que l’on bascule véritablement dans un régime totalitaire.

#ACTA, la bataille continue.

Oui, c’est bien d’une bataille dont il est question.

ACTA s’attaque à nos libertés individuelles. Je résume rapidement : liberté d’expression sur Internet, liberté d’accéder à des moyens de santé décents en proposant la mort des médicaments génériques et bien d’autres choses que je vous invite à retrouver ici.

C’est bien d’une bataille car ceci ne fait que commencer, ce n’est pas la guerre. Il vaut mieux pour tout le monde qu’elle n’arrive pas. Si tel était le cas, je sais déjà qui en sortirait vainqueur, mais pas sans faire énormément de dégâts.

Je vais vous expliquer pourquoi il m’est important que cette loi soit décapitée, c’est une semi confession et rien n’est exagéré.

Je suis un enfant d’Internet.

J’ai grandi à son contact.

Il était ma fenêtre de sortie lorsque tout était noir hors du clavier, il y a des années de cela. C’était la place ou mon imagination n’avait aucune frontière, aucune barrière, ou je pouvais m’exprimer sans crainte de représailles.

Cela ne veut pas dire que c’était un endroit sans loi, bien au contraire. Il y avait même un certain code, une certaine éthique. Nous nous respections tous les uns les autres (à l’exception des trolls :)).

J’ai grandi avec Internet parce que j’ai appris avec, parce que les cours que j’avais n’ont jamais comblé ma soif de connaissance encore énorme à l’heure actuelle. C’était ma fenêtre sur une culture presque infinie et un partage qui l’était tout autant.

J’ai grandi avec Internet car, tout comme dans la vie réelle, j’y ai fait de belles rencontres et j’ai partagé des idées, des points de vue. J’ai évolué dans ce monde où il règne une anarchie ordonnée.

J’ai rigolé, pleuré, apprécié, aimé, détesté, découvert, partagé, parlé, publié et bien d’autres choses encore. J’ai découvert des artistes qui valent le détour grâce à Internet, j’ai testé et aimé. J’ai acheté. J’ai pu enfin redonner ses lettres de noblesse au mot « Culture », au moment où on essaye de vous faire avaler que la Star ac’ c’est de la Culture.

Bref, je suis un enfant d’Internet. Je ne suis pas le seul, comme on dit… « nous sommes légion ».

Et puis ACTA a pointé le bout de son nez, proposant de tuer définitivement ce partage, cette Culture.

Alors oui, vous comprendrez qu’il est hors de question que cette loi passe, ce serait la fin d’Internet tel qu’on le connait.

Internet n’est pas un lieu sans lois, ce n’est pas le « Far West », c’est quelque chose qui s’autorégule assez bien. Je ne dis pas que la loi n’est pas nécessaire, simplement, elle est à chaque fois disproportionnée. Là où il faut une loi équilibrée pour lutter contre une fourmi, les gouvernements, incités par les ayants-droit, nous proposent une arme nucléaire.

Oui, ACTA, c’est *juste* la loi la plus liberticide qui puisse exister à l’heure actuelle à l’échelle mondiale, bien loin devant SOPA ou PIPA. Elle propose de tuer le « générique » dans le secteur pharmaceutique – je sais, je me répète mais ce point me choque vraiment – et plus encore.

Pour un fichier MP3 téléchargé, elle propose la saisie et la destruction de l’appareil électronique, avec en cadeau bonus une éventualité de fouille.

Vous vous êtes reconnus dans ma façon d’aimer Internet ? Alors réveillez-vous, il est temps de vous battre pour lui.

ACTA arrive et il est certain que si elle passe, il y aura un avant et un après ACTA, lorsque vos FAI deviendront des espions, des « big brothers » en puissance.

Que faire ?

Contactez vos eurodéputés, le traité ACTA sera voté définitivement entre Juin et Septembre, informez les. Dites-leur ce que représente Internet pour vous.

Signez la pétition d’Avaaz contre ACTA, déjà signée par plus d’un million de personnes.

Faites tournez l’info sur Internet, par mail, facebook, twitter et tout autre réseau social. Faites sortir l’information de la toile afin d’informer ceux qui n’ont pas connaissance de ce traité.

Mobilisez-vous, des manifestations sont organisées : une le 11 février dans différentes villes de France et du monde entier, une autre au mois de mars, descendez dans la rue et sensibilisez les gens aux dangers d’ACTA. Des gens se sont battus, autrefois, pour la liberté d’expression. A l’heure où elle existe encore sur Internet, c’est à nous de nous battre pour elle.

Pour terminer sur une petite pointe d’humour (un peu spécial, j’en conviens) :

Fils d’Internet, mes frères
Je lis dans vos données la même peur qui pourrait saisir les miennes
Un jour peut venir, ou le courage des hommes faillira, ou nous abandonnerons Internet et nous briserons tout lien
Mais ce jour n’est pas arrivé.
Ce sera l’heure des ayant-droits et du DPI lorsque l’âge d’Internet s’effondrera
Mais ce jour n’est pas arrivé
Aujourd’hui nous combattrons
Pour tout ce qui vous est cher, sur ces bons octets
Je vous ordonne de tenir, Internautes !

NB : je sais, je me répète mais c’est ainsi 🙂

Il était une fois l’ARJEL.

Je vais vous raconter une petite histoire :

Il était une fois un vice, celui des jeux d’argents. Dans un tout petit pays, la France, tout le monde savait que les jeux d’argents étaient addictifs mais, pour le petit roi de ce petit pays et les gros lobbies français des jeux d’argents en ligne, ce n’était pas assez. Le président eut alors une idée : forcer le passage pour la création d’une autorité « indépendante » de régulation des jeux en ligne.

Il voulait que cette autorité puisse « valider » des sites de jeux d’argent en ligne comme étant légaux, ou non. Avec un label délivré par l’ARJEL, le site d’argent pourrait fonctionner en France.

Les gros lobbies voulaient que SEULS les sites validés soient accessibles, alors ils eurent une idée : demander à l’ARJEL de faire bloquer les autres sites, ceux que l’autorité n’avait pas validé.

C’est ainsi qu’un premier janvier de l’an 2012, un décret fut publié. Décret qui sacralise le filtrage par DNS. Ainsi le gouvernement français fit du blocage DNS le blocage « par défaut »,  se rapprochant encore un peu plus d’une boite de pandore qu’il ne faut pas ouvrir : celle du filtrage préventif et généralisé.

Fin de la gentille histoire, passage aux faits :

L’article 1 du décret généralise le filtrage par DNS par défaut, c’est-à-dire que l’on bloque le nom de domaine directement. Les opérateurs (F.A.I) pourront cependant filtrer d’une autre façon s’ils le souhaitent (et croyez-moi, il y à pire que le blocage DNS et m’est d’avis que certains F.A.I vont vouloir bloquer autrement), ils ne seront cependant pas indemnisés des frais engagés dans la procédure de blocage dans ces cas-là.

Ce premier article pose deux problèmes : Les F.A.I peuvent bloquer comme ils l’entendent, traduction : laisser un flou technique dans ce blocage, c’est accepter les pires techniques de blocage possibles, le décret n’imposant pas explicitement une méthode.

Second point, l’efficacité de ce blocage : Le blocage par DNS n’est efficace que sur un DNS, il suffit donc de changer ses serveurs DNS pour contourner le blocage. Dès lors, où est l’intérêt d’un blocage par DNS ? La réponse est simple : nulle part.

Benoit Tabaka (le secrétaire du Conseil National du Numérique, une personne au point sur le droit) m’expliquait ce matin qu’a priori, une injonction judiciaire imposait une obligation de résultat, c’est-à-dire que le site ne doit plus du tout être accessible. Si on résume donc, le gouvernement considère le blocage DNS comme blocage par défaut, ce dernier n’est pas efficace. Le blocage sur injonction judiciaire sous-entend une obligation de résultat. Le blocage par DNS ne peut pas garantir ce résultat. Je crois que vous avez compris le truc, c’est un serpent qui se mord la queue si on reste sur un blocage par DNS.

Les  F.A.I seront alors tentés de bloquer autrement, afin d’être plus efficace… mais comme précisé juste avant, le gouvernement ne demande pas un autre blocage (et en même temps, ne l’interdit pas).

La façon dont le décret est rédigé est mesquine car elle demande un blocage efficace en considérant par défaut un blocage qui ne l’est pas (celui sur les DNS), c’est, pour l’Etat, une façon de se dédouaner d’un éventuel sur blocage ou d’une éventuelle inefficacité de ce dernier (aussi astucieux que mesquin et dangereux).

Les articles suivants portant sur les modalités d’indemnisation et ce billet ne s’y intéressera que très peu, PCInpact ayant déjà fait une très bonne analyse du problème.

Une question me vient : vers quoi ce décret nous dirige ?

J’ai une éventuelle réponse et elle risque de vous déplaire : vers un filtrage national et généralisé. Dans un précédent rapport de l’ARJEL, il était question de créer un « truc national » qui s’occupe de gérer la liste de noms de domaines bloqués, de mettre à jour cette liste et d’éventuellement intervenir en amont des DNS, sur les BGP. PCInpact s’interroge à juste titre : est-ce que ce décret ne serait pas la première brique du « truc national » ?

La fin de l’histoire n’est pas « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants », mais plutôt « et c’est ainsi que le filtrage généralisé s’invita en France. Ce fut la première brique du régime de censure que nous connaissons actuellement ».

Deux points pour finir, peu factuels cette fois :

–          l’ARJEL vous enfume. Elle prétend contrôler les jeux d’argent en ligne afin de vous protéger des addictions à ces derniers mais la réalité est différente : elle s’en tape.

Ce qui l’intéresse, c’est qu’à la fin du site ou vous aller claquer toute votre thune, il soit inscrit « .fr », c’est tout ce qui compte. Dépensez tout votre argent dans les jeux en ligne, dépendez de ces derniers, tant que c’est un « .fr », c’est parfait.

–          Le blocage par DNS va créer un écart d’accès à certains sites entre les personnes qui savent contourner un blocage DNS et ceux qui ne le savent pas. Peu à peu, nous entrons dans un Internet plus trop neutre et qui n’est plus trop Internet et ça, trop peu de gens en sont conscients.

Le petit guide officieux de l’officiel futur dissident Français. Étape 1.

Trois phases, pas mal de lien, mélangez le tout et vous obtenez un petit billet, décomposé en trois billets. J’espère qu’il seront instructifs.

Première phrase : la constatation. 

Depuis déjà bien longtemps, beaucoup de monde se bat sur Internet. D’un côté, nous avons ceux que j’appellerai les « anti-Internet » : Majors, Ayant-droit, fournisseurs de solutions « de protection » (comprenez solutions d’espionnage à l’échelle d’une nation). Ils portent plein de noms : Universal, la SACEM, la SACD… eux, je vais les laisser jouer dans leur bac à sable ce soir. Ils sont chiants, c’est un fait, mais il va falloir se prémunir contre plus gros si les choses évoluent comme elles sont en train d’évoluer.

Je veux parler d’autres noms, d’un autre contexte, d’autres sociétés : Bull, Amesys (officiellement une filiale de Bull, mais partant du principe que quasi tous les anciens d’Amesys sont maintenant au comité de direction de Bull….) et Qosmos. Vous avez sans doute déjà entendu ces noms, ou peut-être pas. Derrière ces noms se cache une chose pas très jolie jolie : le savoir faire Français.

La France n’est pas que bonne dans la cuisine, elle l’est également dans la fourniture de systèmes d’espionnage à d’autres pays (entre autres, la Libye, le Qatar, le Mexique …), mais ça, elle ne s’en vante pas trop. Juste pour appuyer mes dires sur des faits : le système de DPI installé en Libye est l’œuvre d’Amesys. La tête d’Amesys prétexte que le DPI installé ne devait surveiller qu’une « fraction de connexions », pour traquer des terroristes et des pédophiles… La réalité est différente.

On pourrait se dire que ce n’est pas en France, que ceci ne nous concerne pas (c’est une connerie, mais je suis certain que beaucoup le pensent) et que, partant de ce principe, il n’y à aucune raison de s’inquiéter. C’est une erreur.

Une erreur parce qu’il faut bien se dire une chose : ceci n’est qu’une question de temps. Plus le temps passe, plus le sujet du DPI revient sur les bancs de l’Assemblée Nationale, dans les textes, dans les vœux pour le noël des Ayant-droits. Une simple question de temps avant que le DPI s’installe en France, rajoutons à cela le « savoir faire Français » où si vous préférez, le simple fait que ces entreprises soient Françaises facilitera le déploiement des choses.

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que « je m’en moque, ça ne me concerne pas », c’est comme « je suis d’accord pour que absolument TOUT ce que je fais sur Internet soit filtré, contrôlé, censuré, bloqué … » (rayez la mention inutile). Tryo le résume merveilleusement bien pour la politique : « les extrêmes, c’est toi, quand tu ne votes pas. »

Le gouvernement se veut rassurant et explique donc la chose suivante, en parlant des solutions d’espionnage de sécurité : c’est pour votre bien, c’est pour vous protéger des méchants vilains des Internets.

Ce dernier utilise d’ailleurs une technique de communication super efficace sur la masse (malgré le fait qu’elle soit vieille comme Windows 3.1, peut-être même plus) : le « tout-blanc-tout-noir ». Démonstration avec une publicité dont vous avez tous entendu parler :

– « T’es malade ? »
– « Oui. »
– « Tu prends des antibiotiques ? »
– « Non. »
– « Donc t’es pas malade. »
– « Si. »
– « Donc, tu prends des antibiotiques. »

Vous voyez la logique complètement débile (d’ailleurs, la campagne d’information le disait : « Les antibiotiques, c’est pas automatique ») ?

Bien, maintenant, second exemple :

– « T’es contre LOPPSI, contre ACTA et contre SOPA ? »
– « Oui. »
– « Donc tu es pour le pillage d’œuvres, pour la pédophilie, pour la mort des artistes » (notez que ces choses sont presque mises sur le même pied d’égalité dans les contre mesures demandées…).
– « Non. »
– « Donc, tu es pour LOPPSI, ACTA, SOPA & Co. »
– « Non. »

Vous imaginez déjà la suite : un dialogue de sourds entre deux personnes qui ne parlent pas la même langue. C’est exactement ce qui est en train de se produire en ce moment avec le(s) gouvernement(s). Je défend comme beaucoup d’autres la Neutralité du Net, la liberté d’expression, je suis contre LOPPSI, HADOPI, Les-lois-en-i, SOPA & Co et, pour cela, le côté opposé nous classe dans les « pédophiles mangeurs d’artistes et violeurs de petit chats ».

La vérité c’est que ce qui est en train d’arriver, c’est (et le mot est faible) purement et simplement la fin de votre vie privée sur Internet (et même tout cours en fait, souhaitons la bienvenue à la réforme des compteurs EDF, à l’arrivée de la carte d’Identité numérique qui n’est rien de plus qu’un méchant mouchard (pour l’instant facultatif… pour l’instant).

Il ne faut pas tant s’effrayer du fait que le gouvernement vous espionnera que du fait qu’il sera capable de savoir exactement ce que vous faites, à quelle heure, quel jour, avec qui, pourquoi … Il sera également capable de savoir que vous avez parlé avec Pierre, tel jour à telle heure. C’est de la simple possibilité qu’il faut prendre conscience.

Imaginez l’espace d’un seul instant le champ de possibilités que cela permet, imaginez un seul instant l’impact sur les mentalités ?
Ce point est très important. Le fait que le gouvernement puisse voir tout ceci, c’est un peu comme s’il vous disait en permanence « Je te vois, je sais ce que tu fais, fais attention mon petit. »

Viendra ensuite la répression, Pierre aura dit à Paul qu’il a envie de tuer Alice (comme vous pouvez dire j’ai envie de tuer mon patron) et se fera arrêter par anticipation car Big Brother aura tout entendu grâce à l’écoute des communications et aura tout vu grâce au système de vidéo-surveilance protection doucement mis en place un peu partout.

C’est donc ça dont vous voulez ? Un système « propre », épuré de tout ? Si on persiste dans ce schéma, pourquoi ne pas surveiller les interactions entre humains afin d’éviter la violence ? Pas d’Amour, on ne sait jamais, c’est parfois dangereux. Pas d’art car cela entraîne des appréciations personnelles pouvant entraîner conflit. (Oui, ce dernier paragraphe est une extrapolation jusqu’à l’absurde de tout ceci, vous devriez regarder Equilibrium au passage).

Pour ma part, j’ai un principe :

« Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux. »

Benjamin Franklin

Et vous, vous-êtes l’autre côté ?

La suite au prochain billet…