#ACTA, la bataille continue.

Oui, c’est bien d’une bataille dont il est question.

ACTA s’attaque à nos libertés individuelles. Je résume rapidement : liberté d’expression sur Internet, liberté d’accéder à des moyens de santé décents en proposant la mort des médicaments génériques et bien d’autres choses que je vous invite à retrouver ici.

C’est bien d’une bataille car ceci ne fait que commencer, ce n’est pas la guerre. Il vaut mieux pour tout le monde qu’elle n’arrive pas. Si tel était le cas, je sais déjà qui en sortirait vainqueur, mais pas sans faire énormément de dégâts.

Je vais vous expliquer pourquoi il m’est important que cette loi soit décapitée, c’est une semi confession et rien n’est exagéré.

Je suis un enfant d’Internet.

J’ai grandi à son contact.

Il était ma fenêtre de sortie lorsque tout était noir hors du clavier, il y a des années de cela. C’était la place ou mon imagination n’avait aucune frontière, aucune barrière, ou je pouvais m’exprimer sans crainte de représailles.

Cela ne veut pas dire que c’était un endroit sans loi, bien au contraire. Il y avait même un certain code, une certaine éthique. Nous nous respections tous les uns les autres (à l’exception des trolls :)).

J’ai grandi avec Internet parce que j’ai appris avec, parce que les cours que j’avais n’ont jamais comblé ma soif de connaissance encore énorme à l’heure actuelle. C’était ma fenêtre sur une culture presque infinie et un partage qui l’était tout autant.

J’ai grandi avec Internet car, tout comme dans la vie réelle, j’y ai fait de belles rencontres et j’ai partagé des idées, des points de vue. J’ai évolué dans ce monde où il règne une anarchie ordonnée.

J’ai rigolé, pleuré, apprécié, aimé, détesté, découvert, partagé, parlé, publié et bien d’autres choses encore. J’ai découvert des artistes qui valent le détour grâce à Internet, j’ai testé et aimé. J’ai acheté. J’ai pu enfin redonner ses lettres de noblesse au mot « Culture », au moment où on essaye de vous faire avaler que la Star ac’ c’est de la Culture.

Bref, je suis un enfant d’Internet. Je ne suis pas le seul, comme on dit… « nous sommes légion ».

Et puis ACTA a pointé le bout de son nez, proposant de tuer définitivement ce partage, cette Culture.

Alors oui, vous comprendrez qu’il est hors de question que cette loi passe, ce serait la fin d’Internet tel qu’on le connait.

Internet n’est pas un lieu sans lois, ce n’est pas le « Far West », c’est quelque chose qui s’autorégule assez bien. Je ne dis pas que la loi n’est pas nécessaire, simplement, elle est à chaque fois disproportionnée. Là où il faut une loi équilibrée pour lutter contre une fourmi, les gouvernements, incités par les ayants-droit, nous proposent une arme nucléaire.

Oui, ACTA, c’est *juste* la loi la plus liberticide qui puisse exister à l’heure actuelle à l’échelle mondiale, bien loin devant SOPA ou PIPA. Elle propose de tuer le « générique » dans le secteur pharmaceutique – je sais, je me répète mais ce point me choque vraiment – et plus encore.

Pour un fichier MP3 téléchargé, elle propose la saisie et la destruction de l’appareil électronique, avec en cadeau bonus une éventualité de fouille.

Vous vous êtes reconnus dans ma façon d’aimer Internet ? Alors réveillez-vous, il est temps de vous battre pour lui.

ACTA arrive et il est certain que si elle passe, il y aura un avant et un après ACTA, lorsque vos FAI deviendront des espions, des « big brothers » en puissance.

Que faire ?

Contactez vos eurodéputés, le traité ACTA sera voté définitivement entre Juin et Septembre, informez les. Dites-leur ce que représente Internet pour vous.

Signez la pétition d’Avaaz contre ACTA, déjà signée par plus d’un million de personnes.

Faites tournez l’info sur Internet, par mail, facebook, twitter et tout autre réseau social. Faites sortir l’information de la toile afin d’informer ceux qui n’ont pas connaissance de ce traité.

Mobilisez-vous, des manifestations sont organisées : une le 11 février dans différentes villes de France et du monde entier, une autre au mois de mars, descendez dans la rue et sensibilisez les gens aux dangers d’ACTA. Des gens se sont battus, autrefois, pour la liberté d’expression. A l’heure où elle existe encore sur Internet, c’est à nous de nous battre pour elle.

Pour terminer sur une petite pointe d’humour (un peu spécial, j’en conviens) :

Fils d’Internet, mes frères
Je lis dans vos données la même peur qui pourrait saisir les miennes
Un jour peut venir, ou le courage des hommes faillira, ou nous abandonnerons Internet et nous briserons tout lien
Mais ce jour n’est pas arrivé.
Ce sera l’heure des ayant-droits et du DPI lorsque l’âge d’Internet s’effondrera
Mais ce jour n’est pas arrivé
Aujourd’hui nous combattrons
Pour tout ce qui vous est cher, sur ces bons octets
Je vous ordonne de tenir, Internautes !

NB : je sais, je me répète mais c’est ainsi 🙂

Merci la DCRI. Mais j’ai pas ri.

C’est l’histoire d’un homme qui traine sur les Internets. Il a 29 ans, il met à disposition une entrée web pour IRC. Cette entrée permet de se connecter à des salons IRC sans passer par un client.

Par un beau matin, il est réveillé par un coup de fil :

– Bonjour, police nationale. Nous nous trouvons devant votre domicile, ou êtes-vous ?
– Euh, chez ma copine, à Pontivy.
– Nous voulons vous parler, venez ici, si vous n’êtes pas là dans 30mn on arrive à Pontivy.

La suite: notre homme est arrêté, on lui notifie son placement en garde à vue. La gendarmerie et la DCRI (la Direction Centrale du Renseignement Intérieur) fouillent son appartement, allant jusqu’à fouiller dans les culottes de son amie à la recherche d’un masque de Guy Fawkes (masque utilisé par des Anonymous).

Les faits reprochés à notre homme sont les suivants : participation à la campagne Greenrights, entente formée en vue de conduire des entraves par déni de service contre des producteurs/distributeurs d’électricité. (EDF)

Les preuves sont les suivantes : un flyer et le nom du site de notre homme dans un chan d’AnonOps.

A-CCA-BLAN-TES, qu’on vous dit !

Bref, après presque 45 heures de garde à vue, 15 heures d’attente et un déféré au palais de Justice de Paris, il est relâché. A 400 kilomètres de chez lui, en plein Paris.

Tout ceci serait drôle si ce n’était pas vrai.

Triskel, puisque c’est son pseudo, vient juste de vivre un cauchemar. Son petit texte me fait penser à une personne sous le choc.

Pour avoir mis à disposition un moyen de se connecter à IRC via le Web et parce que son site est cité dans un flyer, Triskel vient d’écoper d’une interdiction de quitter le territoire et de se rendre sur tout réseau, espace ou forum de discussion dédié aux Anonymous.

Autant dire « n’a plus le droit d’aller sur Internet, ça ira plus vite ».

Pour l’histoire complète, je vous invite à lire le très bon article de Jean Marc Manach, sur OWNI.

Cet homme n’a rien fait d’illégal, la DCRI n’a strictement aucune preuve, mais au pays des droits de l’homme, nul besoin de preuve pour arrêter une personne et fouiller entièrement son appartement.

Ah, et aller fouiller jusque dans les affaire intimes de sa petit amie.

Mon avis sur tout ceci (au passage, bonjour la DCRI).

Bande de dégénérés. Dans un premier temps, j’ai pitié de vous.

Ce que vous venez de faire démontre au mieux, votre profonde méconnaissance de ce que sont les Internets et au pire, que vous êtes le bras armé d’un état qui bascule rapidement vers le totalitarisme.

Dans un second temps : merci.

Oui, merci car votre stupidité (qui semble sans fond) a pour effet positif la création d’un buzz. Attaquer Internet de la sorte n’était peut-être pas l’idée la plus intelligente, le traitement que Triskel a subi non plus.
Par vos actions, vous faites tout l’inverse de ce que vous voulez : faire taire quelqu’un.

Ce que vous avez fait, c’est une erreur stratégique (et je ne parle même pas du non-respect de la présomption d’innocence, qui me semble largement bafouée dans cette affaire).
Merci donc d’être aussi stupide et de contribuer à faire buzzer l’information.

Ps : Je n’insulte pas les personnes qui ont pris Triskel en charge, il semble que ces derniers aient été plus que sympas. Non, j’insulte l’ensemble de la DCRI.

Ps 2 : Chère DCRI, que faut-il faire pour que tu comprennes que ce n’est pas comme ça qu’on arrête une idée ?

La centralisation, c’est mal.

Petit billet qui rebondit sur l’affaire « Mega-ce-que-vous-voulez » :

Le passé nous a déjà demontré le danger de la centralisation des données, il faut croire que personne n’a tiré de conclusions de tout ceci.

C’est un fait, n’en déplaise aux adorateurs du « cloud computing » (terme commercial qui, selon moi, définit quelque chose qui existe déjà depuis des années), faire confiance à une société, un système, un groupe … (rayez la mention inutile), c’est s’exposer à une censure rapide, simple et efficace.

Même s’il n’est pas question de censure dans Megaupload (ou, éventuellement la censure d’une offre plus intéressante que l’offre légale), il faut analyser correctement ce qu’il s’est passé.

Beaucoup de personnes hurlent au scandale parce que Megaupload a fermé ses portes (enfin, le FBI a fait fermer MU) et, comble de l’ironie, ces derniers cherchent à basculer sous une solution alternative comme Fileserve & Co.

Fileserve & Co. fonctionnent sous le même principe, à savoir une grappe (ou plus) de serveurs centralisés. Tout d’abord géographiquement, ces serveurs sont (assez souvent) au même endroit, ou à plusieurs endroits s’il y a vraiment beaucoup de données (exemple de Megaupload qui avait des serveurs en Virginie, à Hong Kong, en Europe …), faire confiance à ces systèmes, c’est accepter que les mêmes évènements puissent se reproduire.

Que cela soit dans un contexte d’échange de fichiers ou un cadre professionnel (applications utilisées dans le « cloud », par exemple), le simple fait que toutes ces données soient centralisés me pose quelques problèmes.

Tout d’abord : la confidentialité de mes données. Puisque mes données sont dans le cloud, gérées par une société qui s’occupe de tout ceci, qu’est-ce qui peut me garantir, à moi, que la dite société n’ira pas fouiller dans mon système ou dans mes données ?

Non, la déclaration de bonne intention de l’hébergeur ne suffit pas, je suis désolé.

Ensuite : d’un point de vue sécurité. Qu’est-ce qui me garantit que mon système dans le cloud sera toujours disponible ? Qu’est-ce qui me garantit que mon hébergeur ne fera pas disparaître des données au nom de je ne sais quelle loi ?

Rien, et c’est bien là le problème. Rien ne peut garantir que mon système ne disparaîtra pas, un jour. Rien ne peut me garantir qu’il sera toujours disponible, même si vous avez une solution en béton, même si elle vous coûte 15 000 € par jour, rien ne peut vous garantir que votre système ou vos données seront toujours là, disponibles quand vous en avez besoin.

Pourquoi ? Parce que c’est l’informatique (je sais, c’est facile comme réponse) : personne n’est à l’abri d’un serveur qui tombe ou d’une connexion qui se casse la figure.

… Et personne n’est à l’abri d’une nouvelle loi, pondue en douce, qui rendrait vos données illégales.

Bref, la centralisation, c’est l’anti-Internet pour moi, anti parce que les Internets ne sont pas basés sur des solutions centralisées justement. Il suffit de regarder le fonctionnement d’un torrent, d’un système P2P ou autre pour s’en convaincre (même si certains point sont centralisés / à moitié centralisés, exemple des DNS …)

Vous voilà prévenus, lorsque fileserve tombera, n’allez pas pleurer qu’on ne vous l’aura pas dit.

Il était une fois l’ARJEL.

Je vais vous raconter une petite histoire :

Il était une fois un vice, celui des jeux d’argents. Dans un tout petit pays, la France, tout le monde savait que les jeux d’argents étaient addictifs mais, pour le petit roi de ce petit pays et les gros lobbies français des jeux d’argents en ligne, ce n’était pas assez. Le président eut alors une idée : forcer le passage pour la création d’une autorité « indépendante » de régulation des jeux en ligne.

Il voulait que cette autorité puisse « valider » des sites de jeux d’argent en ligne comme étant légaux, ou non. Avec un label délivré par l’ARJEL, le site d’argent pourrait fonctionner en France.

Les gros lobbies voulaient que SEULS les sites validés soient accessibles, alors ils eurent une idée : demander à l’ARJEL de faire bloquer les autres sites, ceux que l’autorité n’avait pas validé.

C’est ainsi qu’un premier janvier de l’an 2012, un décret fut publié. Décret qui sacralise le filtrage par DNS. Ainsi le gouvernement français fit du blocage DNS le blocage « par défaut »,  se rapprochant encore un peu plus d’une boite de pandore qu’il ne faut pas ouvrir : celle du filtrage préventif et généralisé.

Fin de la gentille histoire, passage aux faits :

L’article 1 du décret généralise le filtrage par DNS par défaut, c’est-à-dire que l’on bloque le nom de domaine directement. Les opérateurs (F.A.I) pourront cependant filtrer d’une autre façon s’ils le souhaitent (et croyez-moi, il y à pire que le blocage DNS et m’est d’avis que certains F.A.I vont vouloir bloquer autrement), ils ne seront cependant pas indemnisés des frais engagés dans la procédure de blocage dans ces cas-là.

Ce premier article pose deux problèmes : Les F.A.I peuvent bloquer comme ils l’entendent, traduction : laisser un flou technique dans ce blocage, c’est accepter les pires techniques de blocage possibles, le décret n’imposant pas explicitement une méthode.

Second point, l’efficacité de ce blocage : Le blocage par DNS n’est efficace que sur un DNS, il suffit donc de changer ses serveurs DNS pour contourner le blocage. Dès lors, où est l’intérêt d’un blocage par DNS ? La réponse est simple : nulle part.

Benoit Tabaka (le secrétaire du Conseil National du Numérique, une personne au point sur le droit) m’expliquait ce matin qu’a priori, une injonction judiciaire imposait une obligation de résultat, c’est-à-dire que le site ne doit plus du tout être accessible. Si on résume donc, le gouvernement considère le blocage DNS comme blocage par défaut, ce dernier n’est pas efficace. Le blocage sur injonction judiciaire sous-entend une obligation de résultat. Le blocage par DNS ne peut pas garantir ce résultat. Je crois que vous avez compris le truc, c’est un serpent qui se mord la queue si on reste sur un blocage par DNS.

Les  F.A.I seront alors tentés de bloquer autrement, afin d’être plus efficace… mais comme précisé juste avant, le gouvernement ne demande pas un autre blocage (et en même temps, ne l’interdit pas).

La façon dont le décret est rédigé est mesquine car elle demande un blocage efficace en considérant par défaut un blocage qui ne l’est pas (celui sur les DNS), c’est, pour l’Etat, une façon de se dédouaner d’un éventuel sur blocage ou d’une éventuelle inefficacité de ce dernier (aussi astucieux que mesquin et dangereux).

Les articles suivants portant sur les modalités d’indemnisation et ce billet ne s’y intéressera que très peu, PCInpact ayant déjà fait une très bonne analyse du problème.

Une question me vient : vers quoi ce décret nous dirige ?

J’ai une éventuelle réponse et elle risque de vous déplaire : vers un filtrage national et généralisé. Dans un précédent rapport de l’ARJEL, il était question de créer un « truc national » qui s’occupe de gérer la liste de noms de domaines bloqués, de mettre à jour cette liste et d’éventuellement intervenir en amont des DNS, sur les BGP. PCInpact s’interroge à juste titre : est-ce que ce décret ne serait pas la première brique du « truc national » ?

La fin de l’histoire n’est pas « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants », mais plutôt « et c’est ainsi que le filtrage généralisé s’invita en France. Ce fut la première brique du régime de censure que nous connaissons actuellement ».

Deux points pour finir, peu factuels cette fois :

–          l’ARJEL vous enfume. Elle prétend contrôler les jeux d’argent en ligne afin de vous protéger des addictions à ces derniers mais la réalité est différente : elle s’en tape.

Ce qui l’intéresse, c’est qu’à la fin du site ou vous aller claquer toute votre thune, il soit inscrit « .fr », c’est tout ce qui compte. Dépensez tout votre argent dans les jeux en ligne, dépendez de ces derniers, tant que c’est un « .fr », c’est parfait.

–          Le blocage par DNS va créer un écart d’accès à certains sites entre les personnes qui savent contourner un blocage DNS et ceux qui ne le savent pas. Peu à peu, nous entrons dans un Internet plus trop neutre et qui n’est plus trop Internet et ça, trop peu de gens en sont conscients.

Le petit guide officieux de l’officiel futur dissident Français. Étape 1.

Trois phases, pas mal de lien, mélangez le tout et vous obtenez un petit billet, décomposé en trois billets. J’espère qu’il seront instructifs.

Première phrase : la constatation. 

Depuis déjà bien longtemps, beaucoup de monde se bat sur Internet. D’un côté, nous avons ceux que j’appellerai les « anti-Internet » : Majors, Ayant-droit, fournisseurs de solutions « de protection » (comprenez solutions d’espionnage à l’échelle d’une nation). Ils portent plein de noms : Universal, la SACEM, la SACD… eux, je vais les laisser jouer dans leur bac à sable ce soir. Ils sont chiants, c’est un fait, mais il va falloir se prémunir contre plus gros si les choses évoluent comme elles sont en train d’évoluer.

Je veux parler d’autres noms, d’un autre contexte, d’autres sociétés : Bull, Amesys (officiellement une filiale de Bull, mais partant du principe que quasi tous les anciens d’Amesys sont maintenant au comité de direction de Bull….) et Qosmos. Vous avez sans doute déjà entendu ces noms, ou peut-être pas. Derrière ces noms se cache une chose pas très jolie jolie : le savoir faire Français.

La France n’est pas que bonne dans la cuisine, elle l’est également dans la fourniture de systèmes d’espionnage à d’autres pays (entre autres, la Libye, le Qatar, le Mexique …), mais ça, elle ne s’en vante pas trop. Juste pour appuyer mes dires sur des faits : le système de DPI installé en Libye est l’œuvre d’Amesys. La tête d’Amesys prétexte que le DPI installé ne devait surveiller qu’une « fraction de connexions », pour traquer des terroristes et des pédophiles… La réalité est différente.

On pourrait se dire que ce n’est pas en France, que ceci ne nous concerne pas (c’est une connerie, mais je suis certain que beaucoup le pensent) et que, partant de ce principe, il n’y à aucune raison de s’inquiéter. C’est une erreur.

Une erreur parce qu’il faut bien se dire une chose : ceci n’est qu’une question de temps. Plus le temps passe, plus le sujet du DPI revient sur les bancs de l’Assemblée Nationale, dans les textes, dans les vœux pour le noël des Ayant-droits. Une simple question de temps avant que le DPI s’installe en France, rajoutons à cela le « savoir faire Français » où si vous préférez, le simple fait que ces entreprises soient Françaises facilitera le déploiement des choses.

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que « je m’en moque, ça ne me concerne pas », c’est comme « je suis d’accord pour que absolument TOUT ce que je fais sur Internet soit filtré, contrôlé, censuré, bloqué … » (rayez la mention inutile). Tryo le résume merveilleusement bien pour la politique : « les extrêmes, c’est toi, quand tu ne votes pas. »

Le gouvernement se veut rassurant et explique donc la chose suivante, en parlant des solutions d’espionnage de sécurité : c’est pour votre bien, c’est pour vous protéger des méchants vilains des Internets.

Ce dernier utilise d’ailleurs une technique de communication super efficace sur la masse (malgré le fait qu’elle soit vieille comme Windows 3.1, peut-être même plus) : le « tout-blanc-tout-noir ». Démonstration avec une publicité dont vous avez tous entendu parler :

– « T’es malade ? »
– « Oui. »
– « Tu prends des antibiotiques ? »
– « Non. »
– « Donc t’es pas malade. »
– « Si. »
– « Donc, tu prends des antibiotiques. »

Vous voyez la logique complètement débile (d’ailleurs, la campagne d’information le disait : « Les antibiotiques, c’est pas automatique ») ?

Bien, maintenant, second exemple :

– « T’es contre LOPPSI, contre ACTA et contre SOPA ? »
– « Oui. »
– « Donc tu es pour le pillage d’œuvres, pour la pédophilie, pour la mort des artistes » (notez que ces choses sont presque mises sur le même pied d’égalité dans les contre mesures demandées…).
– « Non. »
– « Donc, tu es pour LOPPSI, ACTA, SOPA & Co. »
– « Non. »

Vous imaginez déjà la suite : un dialogue de sourds entre deux personnes qui ne parlent pas la même langue. C’est exactement ce qui est en train de se produire en ce moment avec le(s) gouvernement(s). Je défend comme beaucoup d’autres la Neutralité du Net, la liberté d’expression, je suis contre LOPPSI, HADOPI, Les-lois-en-i, SOPA & Co et, pour cela, le côté opposé nous classe dans les « pédophiles mangeurs d’artistes et violeurs de petit chats ».

La vérité c’est que ce qui est en train d’arriver, c’est (et le mot est faible) purement et simplement la fin de votre vie privée sur Internet (et même tout cours en fait, souhaitons la bienvenue à la réforme des compteurs EDF, à l’arrivée de la carte d’Identité numérique qui n’est rien de plus qu’un méchant mouchard (pour l’instant facultatif… pour l’instant).

Il ne faut pas tant s’effrayer du fait que le gouvernement vous espionnera que du fait qu’il sera capable de savoir exactement ce que vous faites, à quelle heure, quel jour, avec qui, pourquoi … Il sera également capable de savoir que vous avez parlé avec Pierre, tel jour à telle heure. C’est de la simple possibilité qu’il faut prendre conscience.

Imaginez l’espace d’un seul instant le champ de possibilités que cela permet, imaginez un seul instant l’impact sur les mentalités ?
Ce point est très important. Le fait que le gouvernement puisse voir tout ceci, c’est un peu comme s’il vous disait en permanence « Je te vois, je sais ce que tu fais, fais attention mon petit. »

Viendra ensuite la répression, Pierre aura dit à Paul qu’il a envie de tuer Alice (comme vous pouvez dire j’ai envie de tuer mon patron) et se fera arrêter par anticipation car Big Brother aura tout entendu grâce à l’écoute des communications et aura tout vu grâce au système de vidéo-surveilance protection doucement mis en place un peu partout.

C’est donc ça dont vous voulez ? Un système « propre », épuré de tout ? Si on persiste dans ce schéma, pourquoi ne pas surveiller les interactions entre humains afin d’éviter la violence ? Pas d’Amour, on ne sait jamais, c’est parfois dangereux. Pas d’art car cela entraîne des appréciations personnelles pouvant entraîner conflit. (Oui, ce dernier paragraphe est une extrapolation jusqu’à l’absurde de tout ceci, vous devriez regarder Equilibrium au passage).

Pour ma part, j’ai un principe :

« Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux. »

Benjamin Franklin

Et vous, vous-êtes l’autre côté ?

La suite au prochain billet…

Attention chérie… ça va couper.

Si vous êtes sur Twitter, vous avez certainement vu passer au moins un message ressemblant à ceci :

« Mais c’est quoi ce torchon sur le filtrage d’Internet sérieux ? » … petit retour sur le problème.

Que s’est-il passé ?

Bien, pour commencer, il s’est passé que l’assignation des ayant-droits versus les F.A.I (Fournisseurs d’Accès à Internet) a été rendue publique, et le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est un ramassis de conneries.

Je voulais écrire cet article hier soir, histoire qu’il soit moins…violent, mais pour être franc : cette assignation est un ramassis de conneries toutes plus dangereuses les unes que les autres pour les Internets en France.

L’assignation est disponible à cette adresse : http://cdn.pcinpact.com/media/APC_FNDF_SEVN_TGI_Paris_blocage_AlloStreaming_HD.pdf

Comme c’est un scan, si vous souhaitez récupérer une version dite « OCR », c’est par ici (merci Turblog) : http://blog.spyou.org/wordpress-mu/files/2011/12/20111202-assignationallo.pdf

Bien que le document soit très long, je vous invite à le lire, passez rapidement aux pages 70 et suite, le début ne présente que des constations un peu gonflantes (bien qu’intéressantes, elles aussi).

Je ne vais présenter que quelques points de cette assignation, tant il y aurait de choses à dire. J’ai donc décidé de parler de ce qui m’a littéralement envie de tuer un petit chat, de ce qui m’a fait bondir de ma chaise ou encore de ce qui m’a donné envie de déclarer une guerre ouverte aux ayant-droits.

Premier point : les Telecomix.

L’assignation parle d’un serveur, werebuild.eu (page 84). Ce site est une plateforme qui sert à lutter contre toute forme de censure sur le net, c’est un serveur qui héberge pas mal de données et encore plus, à savoir des sites d’activistes du monde arabo-musulmans, en ces temps de printemps arabe (même si nous sommes en automne, je sais je sais…). Ce serveur est celui des Telecomix…wait, vous ne savez pas encore qui sont Telecomix ? Réponse simple, ce sont des anges.

Vouloir s’en prendre à un groupe d’hacktivistes qui contribue à défendre la liberté d’expression et qui a aidé les peuples de Tunisie, d’Egypte ou encore de Libye, c’est juste… totalement injuste, voir con, n’ayons pas peur du mot.

Mon avis (et chers ayant-droits, oui, c’est une menace) : je vous invite à ne pas toucher à quoi que ce soit des Telecomix, vous ouvriez une boite de pandore qui vous dépasse, et de loin. S’en prendre à eux, c’est déclarer la guerre à un Internet que vous ne connaissez pas, ne comprenez pas et que vous n’avez pas envie de comprendre car cela serait admettre que des hackers peuvent œuvrer pour le bien.

Second point : le blocage.

Le blocage, ce n’est pas nouveau, si vous êtes déjà passé par ici, vous savez ce qu’est un blocage par IP, par URL, par DNS et vous savez également ce que c’est que le DPI, sinon, c’est ici que cela se passe (ou ici ou encore… mais vous allez avoir de la lecture, le DPI est très à la mode).

Bien, figurez-vous que les ayant-droits souhaitent mettre en place un filtrage dit « hybride » : un filtrage mélangeant blocage d’IP, filtrage d’URL sur les DNS … et du DPI, le tout dans la même solution.

Je ne m’éterniserais pas sur le DPI, je l’ai déjà fait ici ou bien encore . Les Ayant-droits expliquent que ce filtrage respecte ce que l’on appelle le principe de proportionnalité, c’est-à-dire qu’il est parfaitement adapté et surtout, qu’il respecte les droits fondamentaux des utilisateurs (secret des correspondances, vie privée, liberté de l’information, liberté de communication …)

C’est juste im-po-ssi-ble, dès lors qu’un DPI est en place, c’est déjà trop tard, une partie de l’Internet est filtrée. Les AD (Ayant-droits) parlent de respect des principes fondamentaux, c’est une PUR connerie, ils maitrisent les belles phrases longues histoire de noyer le poisson, mais ce simple passage est une démonstration de la profonde incompétence (pour ne pas dire autre chose) des AD.

Troisième point : les DNS.

Souvenez-vous, les serveurs DNS sont très utiles. Bien qu’ils représentent une faille de la sécurité d’Internet (puisqu’ils centralisent trop, selon moi), les DNS sont utiles…et nombreux. Comme je l’expliquais avant la sortie de cette assignation, influer sur les DNS est assez compliqué (ils ne se mettent pas tous à jour, ils ne sont pas tous en France, …), alors, les AD ont trouvé une solution encore plus simple. Attention, ça pique les yeux : interdire l’utilisation de DNS tiers… wait… WHAT ?

Cela signifie que les AD voudraient bien bloquer tout ce qui ne ressemble pas à un DNS autre que celui de Free, Orange, Bouygues et j’en passe…

Concrètement, cela forcerait l’utilisateur à passer par un point de convergence unique (ou quelques points, ce qui reste contrôlable), plus moyen d’utiliser les DNS d’Open DNS par exemple, ou ceux de Tataouine que vous avez déniché quelque part sur les Internets (ou encore ceux des Telecomix tiens…). Non, vous devrez passer par les points d’entrée autorisés, les autres seront fermés (reste encore à savoir comment…blocage de l’IP des DNS, blocage du port servant au DNS (le port 53, merci Nesoux) s’il n’est pas utilisé avec le bon serveur DNS derrière…telle est la question). L’avantage pour les AD, c’est qu’ils peuvent contrôler tout aisément dans ce schéma…

Les internautes français doivent passer par une poignée de serveurs DNS autorisés, il suffit de contrôler ces serveurs DNS, de brider tout ce qui doit être bridé…et le tour est joué.

Que l’on soit clair, si cette procédure est validée, c’est la fin de l’Internet en France. Non, ce n’est pas un abus de langage.

Vous devez passer par un système de serveurs DNS contrôlés, là ou votre ami hors de France accède à un site, vous non, et vous n’avez aucun moyen d’y accéder, vous êtes donc sur un Internet différent du sien, un Internet ou ce site n’existe plus pour vous, vous n’êtes donc plus sur Internet. La Chine l’a fait… pourquoi pas nous après tout ?

Attention chérie…ça va …

Articles qui parlent de tout ce foutoir :

TMG veut bloquer Telecomix !

Votre internet, vous le voulez avec ou sans filtre ?

TMG apporte des solutions aux problèmes que la loi ne se pose même pas

Quand l’industrie du divertissement envisage de nous interdire de choisir nos DNS

L’ALPA-taugas, plein pieds dans le plat

Et soudain, trident média guard palpa internet

 

D’autres articles, à suivre… très prochainement…