Dans la course à la communication autour de la protection de la vie privée et des données personnelles, Microsoft vient de franchir un cap, en annonçant que les données de ses clients européens allaient prochainement être stockées en Allemagne, explications. Continuer la lecture de Microsoft va stocker les données des clients européens en Allemagne
Auteur/autrice : Num
Pixellibre et vous : on fait le point.
Bonjour à vous, c’est rare, je sais, mais j’écris ce billet pour faire un petit point d’étape. Puisque cela concerne le blog et les décisions que je prends, j’ai trouvé normal de partager tout ceci avec vous.
Merci !
Tout d’abord, je souhaite vous remercier pour vos retours, vos commentaires, pour vos mails de remerciements et même pour ceux où je me fais descendre en flèche, c’est toujours bon de se remettre en question.
Je vous remercie également d’être fidèles à mes billets, mes humeurs et mes quelques coups de sang, çà et là. Je ne publie pas de façon régulière, il peut se passer des semaines sans qu’aucun billet ne soit publié et pourtant, vous êtes toujours là. Merci.
Pourquoi des semaines sans rien ?
On m’a posé la question un certain nombre de fois : pourquoi ne pas publier de façon régulière ?
Les raisons sont multiples, je vais faire un résumé :
- J’exerce une activité professionnelle assez chronophage et mentalement épuisante, je n’ai parfois pas le courage d’écrire, surtout lorsqu’il faut traiter un sujet avec du Bernard Cazeneuve dedans, c’est décourageant d’avance.
- Parfois, il faut mieux partager un excellent article que de tenter d’en écrire un pour redire la même chose.
De la même façon, on m’a demandé pourquoi je n’essayais pas de faire de mon blog une activité à plein temps ?
Premièrement parce que je n’ai pas les épaules et les finances assez solides pour me permettre de le faire. De plus, se lancer dans ce type d’aventures demande des compétences que je n’ai sans doute pas et des sacrifices que je n’ai pas envie de faire (générer assez de revenus sur un blog demande à passer par des régies publicitaires, potentiellement du Google, accepter parfois quelques billets sponsorisés, ce que je rejette avec la plus grande des forces).
Ensuite parce que j’aime écrire, c’est une passion, j’aime pouvoir écrire quand et dès que j’en ai envie. Je n’ai pas envie d’être obligé d’écrire assez pour générer assez de visiteurs pour avoir assez de revenus. J’aurais peur que la passion devienne une contrainte et que cela se ressente. Alors, même si c’est évidemment tentant, je ne vais pas franchir ce cap.
Et les billets sponsorisés ?
Je profite de ce billet d’étape pour aborder un autre point : les billets sponsorisés.
Mon blog a beau être tout petit et faire, en soi, peu de lectures, il reste une cible intéressante pour en faire un espace de pub, c’est ainsi que depuis quelques mois, j’ai deux à trois demandes par jour d’articles « en collaboration », « pour une grande marque », « rémunérés », « en partenariat », avec des cabinets missionnés ou avec des escrocs qui font plus d’une ligne par faute, dans des mails mal traduits.
Que cela soit clair, je m’adresse tant à ceux qui liront ceci et qui sont concernés qu’à vous autres, chers lecteurs et lectrices : je n’adhère pas à cette pratique sur mon blog.
Si je la comprends parfaitement pour un blog pro, un site d’actualité ou pour un blog qui fait manger un blogueur, ce n’est pas mon cas.
Je n’ai pas envie d’écrire quelque chose « commandé », d’autant plus que cela me forcerait à engager des démarches administratives dont je n’ai pas envie si je venais à être rémunéré pour des articles sponsorisés.
A ceux qui comprennent le refus à la première fois, je vous remercie.
A ceux qui, malgré 18 mails de refus, 11 messages privés de refus et 5 messages de refus sur Facebook, continuent d’insister, la réponse sera moins « diplomatique » : achetez-vous un dictionnaire.
Non : mot utilisé pour apporter une réponse négative. Il marque le désaccord sur une question affirmative et l’accord sur une question négative.
Ce petit mot de trois lettres ne semblant pas être connu de tous et toutes, j’ai trouvé utile de rajouter la définition.
Enfin, pour terminer ce billet, si vous souhaitez échanger, discuter, vous pouvez me retrouver sur Twitter (@numendil) ou par mail : numendil at pixellibre point net, si vous passez par Reims un jour, prévenez-moi, ça sera l’occasion de prendre un thé, un café ou une bière.
[En bref] Les logiciels libres sortis de la loi numérique
Lors de la consultation sur le projet de loi relatif au Numérique, porté par Axelle Lemaire, une proposition a majoritairement été soutenue, sous trois formes différentes : la promotion du logiciel libre au sein des administrations.
Au total, plus de 6500 votes positifs ont été recueillis pour ces trois propositions. Ce chiffre peut sembler faible mais il ne l’est clairement pas. Naturellement, avec un tel score, nous étions en droit d’espérer, de croire, que le gouvernement allait suivre et allait donc prioriser le logiciel libre au sein des administrations.
Et bien…. En fait…. Non.
Certains seront déçus par cette nouvelle, d’autres auront simplement confirmation d’une chose : cette consultation était inutile.
Attention, entendons-nous bien : la consultation était une excellente initiative, elle a montré un chemin qui me plait, un potentiel futur où nous participons directement à la vie politique et aux décisions qui font, au moins en partie, notre quotidien.
Mais soyons réalistes, elle est aussi efficace et utile qu’une opération de chirurgie esthétique pour Frank Ribery.
Les ayants-droits n’étaient pas contents de certaines dispositions : elles sont retirées. Le gouvernement n’est pas content de certaines propositions : elles sont retirées.
A quoi sert la consultation si même les propositions les plus soutenues sont balayées d’un revers de la main ?
Le gouvernement a tenu à s’expliquer, comme le souligne Next Inpact : il « souhaite avant tout le faire par des mesures non législatives, par accompagnement sur le terrain et promotion des initiatives des administrations et des agents. »
[quote]Mais le train de tes propositions roule sur le rail de mon indifférence[/quote]
En langage politique, cela veut dire : « nous sommes d’accord avec vous mais nous n’allons rien changer, rien faire, nous allons vous parler d’accompagnement et de sortie des mesures législatives pour qu’aucun contrôle ne puisse être opéré sur tout ceci. ».
En version raccourcie, cela donne : « circulez, il n’y a rien à voir. »
Lorsqu’on sait que le gouvernement vient à peine de signer un chèque de plus de 80 millions d’euros à Microsoft, on se dit que ce n’est clairement pas demain que les administrations basculeront…
… ni demain que le gouvernement écoutera vraiment ses citoyens.
Royaume-Uni : le rapporteur spécial des Nations unies sur la vie privée s’inquiète
« Pire qu’effrayant ». Tels sont les mots prononcés par Joseph Cannataci, le rapporteur spécial des Nations unies sur la vie privée, lors d’une keynote au forum de la gouvernance d’Internet, au Brésil.
Ces propos visent la nouvelle proposition de loi sur la surveillance britannique, l’Investigatory Powers Bill, qu’il attaque de plein fouet en expliquant d’entrée qu’il n’a jamais été démontré que la surveillance de masse fonctionnait.
Il accuse également le premier ministre britannique, David Cameron, de fausser le débat afin de faire passer le projet de loi, en menant une campagne de communication « offensive, absolue et orchestrée ».
Autant être clair tout de suite, il a bien raison d’avoir peur, tant l’IPB représente une menace plus que concrète pour la protection des données personnelles des citoyens britanniques. Plus poussée que ce qu’il est possible de faire avec la loi sur le renseignement française, plus poussée que ce qu’était déjà capable de faire le GCHQ…
Cannataci s’était déjà exprimé sur les lois de surveillance britannique, n’hésitant pas à les qualifier de « surveillance similaire à celle décrite dans 1984, de George Orwell ».
Il critique sèchement les propos tenus au sein du parlement britannique, propos qui se voulaient rassurants et déclaraient que « les gens ne devraient pas s’inquiéter de cette loi ».
Personnellement, une loi qui va forcer les opérateurs à retenir tout ce qu’ils peuvent retenir sur vous, y compris votre historique de navigation, pendant 12 mois, je ne trouve pas cela spécialement rassurant.
Pour rappel ou présentation, cet IPB va permettre aux forces de l’ordre et aux agences du renseignement d’accéder aux métadonnées – le qui, quoi, quand, comment et où d’un contenu, sans s’intéresser au contenu en lui-même – des sites internets visités par des potentiels criminels, sans aucune forme de contrôle dessus.
Des potentiels criminels, pas des criminels, c’est « potentiels » qui est important : surveiller des individus au motif qu’ils sont de potentiels criminels est dangereux, c’est une bascule vers un futur à la Minority Report assez effrayant.
Le rapporteur des Nations Unies estime quant à lui que les métadonnées sont importantes et que la capacité d’interception des communications n’a plus rien en commun avec celle datant de l’époque des premières lois qui permettaient lesdites interceptions.
La ligne de défense ne bouge pas d’un poil, de l’autre côté : « les autorités n’auront accès qu’au cas par cas à ces données. Seulement lorsque cela sera nécessaire. Et de façon proportionnée. »
Le gouvernement britannique va jusqu’à déclarer « qu’il n’y a absolument rien de nouveau introduit par cette loi ».
C’est évidemment faux, du moins officiellement faux, rien ne garantissant que les services du renseignement ne s’adonnaient pas déjà à cette collecte massive de données. Après cette loi, cela sera juste complètement légal. D’ailleurs, Cannataci le sous-entend plus ou moins explicitement.
[quote]« Je ne vais pas mâcher mes mots mais actuellement, de nombreux gouvernements font passer de nouvelles lois pour légitimer ce qu’ils faisaient déjà ou faire passer ce qu’ils ont à faire. »[/quote]
Plus que jamais, il devient nécessaire de comprendre que la surveillance de masse n’est d’aucune utilité, qu’elle n’a jamais fait ses preuves, qu’elle est couteuse et surtout, qu’elle fait peser de lourdes menaces sur la vie privée de bien trop de citoyens.
Il est nécessaire d’avoir une surveillance très ciblée et proportionnée, plutôt que de partir « à la pêche au gros » pour trouver un poisson dans un océan, quitte à en attraper des centaines d’autres innocents.
Si l’arrivée des déclarations Snowden a réveillé, çà et là, quelques consciences, cela a surtout réveillé nos gouvernements, qui font passer dans la douleur tout ce dont ils ont besoin pour continuer à nous espionner.
Et nous, nous les regardons sans agir et sans prendre enfin conscience de la gravité de la situation, pour nous et pour les générations futures qui n’auront qu’une vague idée de ce qu’est la liberté.
La MPAA gênée par la vie privée
Chaque année, l’United States Trade Representative (USTR) répertorie les problèmes rencontrés par certaines industries pour développer leur business. La MPAA vient de rendre son avis, petite analyse.
La MPAA pointe du doigt une chose en particulier : beaucoup de pays ne font pas assez d’efforts pour traquer les pirates. Et la MPAA de rajouter qu’en Europe, les lois et régulations autour de la vie privée compliquent le travail pour détecter et traquer des pirates.
[quote]« La vie privée a toujours été un enjeu de taille au sein de l’Union Européenne. Les états membres de l’Union ont instauré de nombreuses directives pour protéger les données personnelles des citoyens membres. »[/quote]
Selon ladite MPAA, les directives et lois sur la vie privée sont extrêmement complexes et sont souvent utilisées pour s’opposer aux efforts qui pourraient permettre de lutter contre le piratage en ligne.
La MPAA cite en exemple la protection de l’adresse IP, considérée comme une donnée personnelle dans de nombreux pays, elle ne peut être utilisée que dans des affaires criminelles.
Toujours selon elle, « les droits des citoyens outrepassent généralement les droits des ayants droits, ce qui devient très problématique ».
La MPAA ne s’arrête pas et continue à poser les bases de sa croisade contre la vie privée, elle explique que les fournisseurs d’accès ne sont pas assez coopératifs et invoquent tous la protection des données pour éviter de collaborer avec les acteurs du secteur.
La MPAA ne semble d’ailleurs pas du tout ravie de décision de justice européenne concernant la rétention des données, qui, pour résumer très grossièrement, n’oblige plus les fournisseurs d’accès à conserver tout et n’importe quoi.
Très clairement, la MPAA n’aime pas la vie privée et l’intérêt croissant pour cette dernière, surtout en Europe, elle n’aime pas protection de la vie privée à tel point qu’elle continuera de minimiser l’impact de cette protection sur ses efforts… avec ou sans l’aide des gouvernements.
[PERSO] Twitter, pourquoi toujours prendre la mauvaise décision ?
Depuis quelques jours, Twitter a décidé de tuer le « fav’ ». Est-ce réellement une bonne nouvelle et un pas en avant ?
Dans une récente décision, Twitter décidait d’enterrer le fav’, cette fonctionnalité qui avait au moins autant de significations et d’usages que d’abonnés au service.
Certains s’en servaient pour mettre des articles de côté, comme moi, pour les consulter plus tard, une fois installé confortablement devant un écran.
D’autres s’en servaient pour réellement « aimer » un contenu, ou pour faire un petit coucou, un clin d’œil, pour faire passer des messages en douce, une sorte de « je suis là, poke »
Très clairement, il y avait un problème avec cette fonction de mise en favoris, son rôle n’était pas clair, pas assez défini.
Pour répondre à ce problème, Twitter a fait simple, comme à son habitude. Il a complètement bousillé une partie de son propre service, au grand désarroi d’une partie non négligeable de ses utilisateurs.
Ce changement est simple : plus de favoris, mais des « j’aime », suivis d’un cœur et de tout ce qui peut aller avec.
Pour certains, ce n’est qu’un détail sans aucune importance, pour d’autres c’est un problème.
Le favori était assez flou et c’était, selon moi, son principal atout, il n’engagerait pas réellement, il n’y avait aucune notion d’amour ou d’affection dedans, il était très neutre, en soi.
Le cœur, par définition, ne l’est pas. D’autant plus que ce cœur s’accompagne d’un « untel a aimé votre tweet », ce qui est nettement plus engagé qu’une toute petite étoile.
Je prends l’exemple d’un de mes contacts, journaliste, qui travaille sur tout ce qui touche de près ou de loin à l’EI, l’Etat Islamique : un fav’ n’était pas dérangeant, voir des cœurs sur chaque tweet en lien avec l’EI, ça l’est déjà beaucoup plus, tellement qu’il n’ose plus s’en servir, au risque de sacrifier une partie de sa veille de journaliste.
Comme toujours, Twitter décide mal, et brutalement, à grand coup de hache presque. J’aimerais voir le retour de ce favoris, quitte à ce que le « j’aime » et le fav’ puissent coexister, ce qui ne me semble pas spécialement aberrant.
Reste à voir ce que Twitter décidera dans l’avenir… et à espérer qu’il ne se transforme pas en Facebook.