[Perso] Réponse au coup de gueule politique, suite et fin

J’étais parti pour répondre à Ace, qui m’a laissé un commentaire suite à mon gros coup de gueule… et j’ai pensé que d’autres se posaient les mêmes questions, alors voici la réponse à Ace, sous forme d’un billet.

Merci de garder à l’esprit que je suis peut être naïf, innocent, bête ou rigolo de ridicule… mais que c’est un peu de ça dont nous avons besoin, du moins… moi j’en ai besoin. Si j’arrête d’y croire, autant arrêter tout de suite de se battre.

Je suis on ne peut plus d’accord avec ton coup de gueule. Toutefois, je m’interroge sur la fin de ton billet et sur le message que tu souhaites faire passer. Tu sembles vouloir inciter ton lecteur à se bouger. Mais pour faire quoi ?

Ace, effectivement, je t’invite et j’invite mes lecteurs à se bouger, d’abord en prenant conscience qu’il est possible de faire changer les choses, d’abord en prenant conscience tout court que ce n’est pas en continuant de se plaindre sans réellement tenter de changer les choses que les choses changent. J’en conviens, c’est très cliché, comme point de vue… mais je suis convaincu qu’il faut une réelle prise de conscience avant même de penser à faire quelque chose.

C’est une très bonne chose que de vouloir éveiller les consciences, et je ne peux que féliciter tous ceux qui participent à cela. Mais pousser une gueulante est une chose, proposer des moyens d’actions/des alternatives, en est une autre.

Absolument, je me permets donc de te répondre et de te proposer mes idées de citoyen comme tout le monde, elles ne sont peut-être pas révolutionnaires, peut-être trop idéalistes… mais je pense qu’il nous faut au moins ça pour atteindre un cap de non retour vers un réel changement.

Que penses-tu qu’un lecteur qui débarque ici puisse se dire en fin de lecture ? Il peut très bien se dire « ok, il a raison, je suis en colère moi aussi, et il met des mots sur des choses que je ne parvenais pas à exprimer. Mais qu’est-ce que je peux faire, moi, pour faire évoluer les choses ? »

Très sérieusement, rien que se poser des questions est déjà un acte, le premier que je tente, à chaque fois, de créer : la remise en question, ou le fait de s’en poser. Ce n’est évidemment pas suffisant, qu’une première étape… mais elle est fondamentalement la plus importante.

Ce paragraphe en particulier, sonne un peu comme une accusation : « Il serait bon que toi, oui toi là, l’internaute en pleine lecture de ce billet, tu te dises la même chose : si ton gouvernement existe et fait ce qu’il veut, c’est parce que tu le laisses faire. Je sais que tu as ton quotidien à gérer, tes galères, ton travail, les fins de mois difficiles… comme nous tous. Tu n’en as pas ras le bol, à un moment ? Je sais, ça demande énormément d’efforts de s’opposer à tout ceci, puis tu te dis que tout seul, bah, ça ne sert à rien. »

Tu as raison sur le fond, nous sommes tous responsables de l’état actuel des choses. Mais que proposes-tu ? Que pouvons-nous encore faire ?

Ce paragraphe sonne effectivement comme une accusation, puisque c’était le principe dudit paragraphe. C’est un point de vue très personnel, comme tout ce que je peux écrire, mais je suis triste et parfois fatigué de voir des gens, chaque jour, se plaindre de la situation x ou y, sans essayer ne serait-ce que de changer un petit quelque chose, pour plein de raisons, parfois justes, parfois non.

Une fois de plus, je suis d’accord avec tes propos, et je ne poste pas ce commentaire dans un but de dénigrement. Mon interrogation est sincère : que proposes-tu ? Que fais-tu/que comptes-tu faire toi, personnellement, pour modifier cet état de choses ? Signer la pétition contre la loi El Khomri ?

Sois rassuré, je ne prends jamais un commentaire aussi bien construit comme un dénigrement, tu as pris le temps de construire ta réponse, de participer, de donner ton point de vue, il serait très triste de prendre le moindre commentaire comme un quelconque dénigrement. C’est tout l’inverse.

Qu’est-ce que je compte faire, pour modifier les choses ?

La première chose me semble évidente, déformation d’activiste peut-être : ne rien laisser passer. Strictement rien. Pas un seul écart de conduite. Pas une seule parole déplacée. Pas une seule dépense publique qui ne soit pas équilibrée et justifiée. Et le faire savoir.

Le corps politique donne un nom à ces gens qui, comme moi, ne laissent rien passer : des menaces.

Ça demande du temps et des efforts, très clairement. Je comprends que tout le monde ne puisse pas le faire, que tout le monde n’ait pas envie de le faire, la vie est déjà bien assez compliquée comme ça.

En pratique, ça passe par la diffusion de l’information et la demande de justifications. Donc des coups de téléphones, des courriers, des mails, que la personne soit député, ministre ou tout autre fonction du corps politique. Certains lisent et me répondent, d’autres non, d’autres ne lisent sans doute même jamais ce que je peux envoyer. Mais ils savent que quelque part, quelqu’un regarde ce qu’ils font.

Et c’est ça, déjà, qu’il nous faudrait : re « politiser » les gens, leur faire prendre conscience qu’il est de notre devoir de veiller au bon fonctionnement de la politique dans notre pays, tout partis politiques confondus. Leur faire prendre conscience qu’être citoyen, ce n’est pas simplement avec un petit bout de papier pour aller voter à des élections où nous avons le choix entre la peste et le choléra.

Dans certains pays de notre Europe, les dépenses publiques sont très strictes et très observées… par le peuple, la Norvège est un bon exemple qui n’hésite pas à crier au scandale si un denier de l’argent public est dépensé d’une façon… bien française. Certains rapports financiers sont publics, les députés et ministres et autres doivent se rendre compte qu’ils sont des gens normaux et… ils sont manifestement incapables de s’en rendre compte seuls, alors on devrait les aider un peu. Cela ne sera ni agréable, ni facile, ni rapide, mais c’est nécessaire. Et ça existe, certains font figure d’exemple dans le paysage politique, j’ai au moins un nom en tête. C’est pour ainsi dire rien, mais c’est une preuve que ce n’est pas impossible.

Inutile, on a bien vu ce que ça donnait avec les referendums avant, et on a, je pense, tous lu la réponse de la « ministre ». Descendre dans la rue ? On est en état d’urgence, et de toute façon, qui tient encore compte des manifestations ? Participer au mouvement #OnVautMieuxQueCa ? Ça me paraît tellement inutile que c’en est risible (même si l’intention de départ, bien sûr, est honorable ; un tel mouvement n’aurait de chance de succès que dans un démocratie) ; on s’adresse quand même à des gens qui oppriment la population qu’ils sont sensés protéger, les populations chez qui ils font couler le sang en vendant des armes aux « terroristes » (leurs amis) dont ils nous rebattent les oreilles – ces mêmes gens qu’ils refusent d’accueillir sur un territoire qui ne leur appartient pas. Et il y en a pour penser que leur opposer un # va faire bouger les choses ? Je voudrais pouvoir y croire, mais j’ai bien peur que le monde des Bisounours ne reste à jamais une utopie. Je pense par contre que tous ces pourris doivent bien se marrer en discutant de ça à la cantine Fouquet’s, entre deux parties de golf ; si tant est qu’ils soient même au courant.

Je t’avoue que je n’ai, personnellement, aucune fichue idée de ce que nous pouvons bien faire contre ces gens, notre gouvernement et le monstre union européenne. J’ai clairement la sensation que nous ne pouvons rien. Que la seule solution qu’il nous reste, c’est une insurrection, mais que ce sera seulement un sacrifice, un beau geste, qui ne nous tirera pas d’affaire. Une autre idée ?

S’ils rigolent… et certains rigolent effectivement, c’est parce qu’il se sentent immortels, intouchables. Au pire il la presse parlera d’une mise en examen ou d’un petit scandale, mais la presse, ce n’est pas le peuple.

Ces gens là ont BESOIN de nous, ils cherchent une légitimité à nos yeux, pour pouvoir continuer d’exister. La politique actuelle se nourrit de la confiance qu’on décide de lui accorder et continue de survivre une fois la confiance perdue… parce qu’on ne fait rien.

Alors, ce n’est peut-être pas grand-chose à mon échelle, mais si nous étions plus à le faire, m’est d’avis que certains rigoleraient déjà beaucoup moins. Il faut s’informer, nous réapproprier nos devoirs de citoyens pour pouvoir jouir pleinement de nos droits et … ne rien laisser passer, « leur » faire savoir que nous les observons attentivement.

Une fois que ce premier point sera intégré, le paysage politique sera, à mon avis, déjà bien plus sain qu’aujourd’hui.

4 réflexions au sujet de « [Perso] Réponse au coup de gueule politique, suite et fin »

  1. On monte un collectif !?

    Perso je suis super-super chaud !

    Vidéo / Témoignage / Interview, prise en flag, lettre..

    En tout cas, tout ce que tu proposes est non-violent et j’aime beaucoup ça !

    Bisous Num !

  2. En contribuant à sensibiliser notre génération bientôt trentenaire, tu as, avec d’autres semé, et le temps de la récolte arrive. Ce que tu juges à raison timide ou naïf, pourrait être en réalité de jeune pousse sortant de terre, le pré en comptant déjà plus de 700000.
    L’exemple Grec et Espagnol, nous a montré le résultat du bras de fer entre les peuples et la finance. Dans le cas Grec, ni le gouvernement, ni la rue n’ont fait plier les banques mais quel est le poids de la Grèce, et de sa dette, en l’Europe ? Le rapport de force dictait d’avance l’issue du combat, mais il a créé un précédent.
    Dans le cas espagnol, Podemos a complètement transformé la gauche qui représente un renouveau démocratique. Le peuple Espagnol lui non plus n’a pas réussi à faire plier les banquiers, mais un certain succès politique est à souligner. Pour obtenir quelque chose de l’Europe et du gouvernement, il faut établir un rapport de force, ni l’Espagne, ni la Grèce n’ont le poids politique et économique, cependant ils ont mis en évidence la fragilité du système ainsi que ses méthodes. Le cas Grec et Espagnol sont des exemples pour nous.
    Il ne faut pas comparer, les manifestations du CPE, il y a 10 ans, et les manifestations d’aujourd’hui.
    Les moyens techniques et de communications permettent une organisation qui accroit l’impact d’une foule ou d’un individu, comme dans le cas d’une guerre asymétrique. Les printemps arabes illustrent ce phénomène. Si les dictatures craignent les internets et notre gouvernement des apéros Facebook ce n’est pas sans raisons.
    Le cout du travail… après, les pays du sud de l’Europe, c’est au tour de la France, le gouvernement est face à un dilemme, satisfaire les marchés pour obtenir des taux d’emprunts faible afin de pouvoir financer notre économie, ou satisfaire ses électeurs, les deux étant impossible, nous connaissons aujourd’hui son choix. En réalité cela signifie qu’il craint plus les marchés que la rue, nous tenons la notre objectif, inverser ce rapport de force.
    A la différence de la Grèce et de l’Espagne, notre PIB est de 2143 milliard d’euros, nous sommes le 1er fournisseur des Allemands. Sans la France l’Allemagne perd une grande partie de sa capacité productive, et je ne parle pas de la dépendance énergétique. La France a les moyens de peser suffisamment économiquement et politiquement pour infléchir une politique d’austérité.
    Nous ne sommes pas seul, avec les Grecs, les Espagnols, les Islandais, les Italiens, et bientôt les Anglais qui souhaitent sortir de la Zone Euro avec le referendum en Juin.

    Souviens-toi des jacqueries, les peuples ont une mémoire et aujourd’hui plus qu’hier, la possibilité d’accéder à la connaissance et de s’informer. L’effondrement de l’empire Romain est survenu suite à une surexploitation des sols, les récoltes ont été trop faibles pour nourrir l’armée et le peuple. Quand la faim gronde, les jeux ne suffissent plus. Hollande doit faire face au mécontentement des agriculteurs, des médecins, des taxis, de sa famille politique et de ses électeurs, combien de temps il peut gouverner dans cette position ? Après l’espace Schengen, c’est bientôt la zone euro qui s’effondrera, l’union économique n’est pas viable sans redistribution de richesse du nord vers le sud, ce que l’Allemagne refuse d’admettre. Les dividendes générés par l’accroissement de la rentabilité du cout du travail ne profiteront pas à l’économie et seront destructeur d’emploi chez nous et nos voisins.

    « Les sujets se vengent des petites offenses, non des grandes, car ils ne le peuvent pas : le meilleur gouvernement est celui qui produit des offenses qui ne peuvent être vengées »

  3. Si vous créez un mouvement je suis avec vous!
    Ça fait des années que j’attends que les volontés se fédèrent!
    Oui, on peut chonger les choses mais il faut être nombreux.
    J’ai toujours eu le sentiment que notre génération serait celle qui viendrait à bout du système.
    Pourquoi?

    Parce qu’il est obsolète, non-viable sur du long terme et parce que nous n’y avons rien choisi.

    Si les politiciens actuels font tout pour nous saigner à blanc, c’est parce qu’ils se moquent de l’avenir : leur vie est déjà derrière eux. Ils se foutent pas mal de ce qu’ils vont nous laisser. C’est à nous de reprendre le contrôle, il faut les dégager et les envoyer en maison de retraite. Et pas le genre de maison de retraite de luxe avec des infirmières sexy.
    Il faut qu’on montre les crocs, qu’on s’impose.
    Qu’on leur dise qu’on est plus nombreux et qu’on ne leur demande surtout pas leur avis.

    Parce que là, c’est simplement du délire, nous sommes comme des enfants qui croient encore aux adultes. Il n’y a pas d’adultes : seulement nous et des vieux croûtons accro au pognon.

    C’est nous les grands maintenant. Il faut reprendre tout de zéro, remettre en question tout ce qui s’est décidé sans qu’on soit consultés, déclarer qu’aujourd’hui est le jour zéro de l’an zéro post-préhistoire obscure!

    On croit qu’on ne peut pas le faire parce que s’il y a un seul domaine dans lequel ils excellent, c’est celui du bluff. À ça ils sont vraiment doués, on ne peut pas le nier. Reconnaissons leur au moins ça.
    En dehors de ce talent, ils n’ont rien que nous n’ayons pas.

    Et surtout, surtout il n’ont rien qui légitime leur pouvoir de décision.

    La politique, est donc du show business et rien d’autre : personne n’en a réellement besoin sauf les acteurs principaux, pour vivre.

    Nous, nous n’avons pas besoin d’être gouvernés, ça c’est des bêtises. Des histoires qu’on raconte aux gens pour littéralement les endormir.

    La matrice, ou la caverne de Platon si vous préférez.

    Il ne faut pas nous juger trop sévèrement : si on nous impose un schéma mental et social depuis la naissance, il est normal que nous ayons du mal à appréhender le monde tel qu’il est réellement.

    Tu as raison, la première étape c’est de sortir de l’illusion!

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