Une semaine, voire plus. Une semaine qu’un débat qui n’en est pas un existe sur une infime partie des Intertubes : le sexisme. Sachant, au passage, qu’on ne débat pas sur Twitter. 140 caractères permettent à peine d’avoir le dernier mot dans un « débat ».
Je tiens à prévenir, ce billet risque d’être un peu violent, certaines personnes vont, sans doute, l’assimiler à du troll. Si c’est le cas, relisez ce billet encore et encore car il n’est absolument pas question de troll.
Dans mon précédent billet, j’essayais d’expliquer que j’étais antiféministe. Ce mot, manifestement, blesse. J’ai cru être maladroit sur le coup, j’en viens maintenant à me demander si je n’ai pas choisi le bon mot finalement.
Pour vous exprimer mon point de vue plus clairement, puisque beaucoup ont tendance à lire ce qui leur plait, je suis pour l’Humain. Ni pour l’homme ni pour la femme, ou pas plus pour l’un que pour l’autre. Je suis de ces personnes qui tapent lorsqu’elles estiment qu’il faut taper, de la même façon, avec les mêmes mots, avec le même engagement, n’en déplaise à ceux qui pensent détenir la connaissance absolue.
J’essayais de faire comprendre que je ne suis pas féministe parce que je considère que c’est prendre en compte une seule partie de la population. Parce que oui, il n’y a pas que les femmes qui souffrent du sexisme.
Je sors donc ce billet comme ultime explication même si je pense que c’est déjà joué d’avance, on ne parle pas à une personne qui n’a pas envie d’écouter.
Tout d’abord et à titre d’information, le sexisme n’est pas une connerie réservée aux hommes. Les remarques sur le physique existent aussi envers les hommes (d’avance, désolé pour les prochains mots), des femmes vers les femmes, des femmes vers les hommes … Bref, de tout le monde, partout, envers tous.
On parle d’une femme mal baisée lorsqu’elle est de mauvais poil. Combien de fois ais-je entendu « petite bite » pour x ou y raisons, venant d’un homme ou d’une femme ?
Une prise de tête que l’on cherche à éviter ? Un manque de courage à un moment ? Une altercation dans la rue ? Rapidement, on tombe dans le registre du sexe, puisque tout semble être lié à ça selon certains. Les hommes à grand coup de « salope », les femmes à grand coup de « petite bite » et « sale pd ».
Si vous pensez que j’invente tout ceci, c’est qu’il est temps de quitter votre écran afin de sortir dans les rues.
Non, le sexisme n’est pas réservé aux hommes, les critiques physiques non plus. Sans tomber dans la généralisation dont beaucoup ont récemment fait preuve, j’ai, de nombreuses fois, entendu des femmes critiquer d’autres femmes, pour leur tenues, leur appétit sexuel, leur tendances, leur métier, leur assurance et parfois jusqu’à leur train de vie.
Une femme qui prend de l’assurance dans un groupe fini parfois par être exclue. Une fille qui n’a pas le même train de vie sexuelle que ses amies se voit insultée, parfois, de pute ou de salope, qui baise avec tout le monde.
Qu’on ne me dise pas que c’est mon imagination, je l’ai vu et d’autres aussi, et je suis certain qu’une personne concernée est en train de me lire.
Non, le sexisme n’est pas réservé aux hommes. Le sexisme est une des plaies de notre société, il est présent partout. Tout comme la connerie humaine qui est présente partout. C’est un combat quotidien.
Abordons ensuite la condition d’homme. Dans les derniers jours j’ai lu, à de maintes reprises : « tu ne peux pas comprendre, tu es un homme. »
Le fait que je sois un homme m’exclut donc, de facto, des personnes à même de comprendre le sexisme et le problème de la misogynie ?
Je vais rester poli, même si j’ai envie de vous dire « allez-vous faire foutre », vous valez mieux que ça je crois.
On parle donc de personnes qui souhaitent que tout le monde soit au même niveau, que tout le monde soit l’égal de l’autre mais, dans le même temps, on vient dire que « tu ne peux pas comprendre, tu es un homme. »
Lorsque c’est un homme qui vous dit cela, je vous assure, c’est délicieux. Pourquoi un homme pourrait-il comprendre mieux ou moins bien que moi, qui suis un homme et qui m’intéresse au problème ?
Cet argument facile qui consiste à rendre la réflexion de l’autre inutile avant même qu’elle soit née est aussi une forme de discrimination que l’on pourrait reformuler ainsi : « t’es un homme, t’es trop con, tu ne peux pas comprendre. Bah oui, si tu ne peux pas comprendre, c’est que tu n’as pas les facultés de comprendre, donc, tu es con. »
Les femmes peuvent comprendre. En prolongeant ma réflexion, voici donc ce qu’il faudrait en déduire : « les hommes ne peuvent pas comprendre, ils n’ont pas les facultés de comprendre. Les hommes sont donc cons. Les femmes peuvent comprendre, elles ont donc la faculté de comprendre, elles sont donc intelligentes. Les femmes sont donc plus intelligentes que les hommes, qui sont cons. »
Et on parle d’égalité entre hommes et femmes, hein. J’ai doucement rigolé.
Voilà ce qui m’énerve.
Le féminisme, pour moi, c’est demander et obtenir l’égalité (et encore, j’aimerai qu’elle n’ait même pas à être demandée). C’est faire en sorte que les femmes aient les mêmes droits que les hommes, qu’elles puissent faire la même chose que les hommes, qu’elles soient enfin respectées comme nos égaux et pas vues comme un morceau de viande ou comme un simple réceptacle à une descendance.
C’est, toujours pour moi, le fait qu’elles puissent se balader comme / ou / quand / de la façon dont elles l’entendent, avec qui elles l’entendent. C’est le fait qu’elles puissent se balader dans la rue sans avoir peur de se faire agresser, violer, frapper parce qu’elles sont habillées de telle ou telle façon.
Au final, le féminisme, selon moi, c’est simplement demander la même chose pour tout le monde et en ce sens, je suis un féministe convaincu. Sauf que, puisque je ne peux pas comprendre ce qu’est le féminisme – bah oui, je suis un homme – et parce que je veux la même chose pour tout le monde, je préfère être humaniste.
Que celles et ceux à qui cela ne plait pas aillent se faire voir.
D’ailleurs, en parlant la peur de se balader dans une rue, celle dont je parle plus haut, arrêtez de penser que tout ceci n’est réservé qu’aux femmes. Je ne vais pas m’étaler, le but de ce billet n’est pas de faire une full-disclosure, mais la peur dans la rue n’est pas réservée aux femmes, loin de là. Les femmes sont plus souvent victimes de sexisme et d’agressions sexuelles dans la rue mais, de grâce, arrêtez de penser que cette peur, il n’y a que les femmes qui la ressentent et qu’elles sont seules à subir.
Certaines personnes vont peut-être se dire que, ce que j’ai présenté plus haut, c’est exactement la définition du féminisme. J’ai envie de vous croire, j’ai envie de penser que ce féminisme-là existe encore, qu’il est majoritaire dans ce combat important.
Malheureusement, après pas mal de jours passé à méticuleusement observer le plus de débats possibles, dans la vie physique et numérique, j’ai l’impression que les féministes, tout comme les humanistes, se font rares.
Ce que j’ai vu, c’est une vague d’insultes, du débile au connard, du connard à l’enculé, j’ai même pris un « des connards avec des idées comme toi, faut les enfermer » (ndlr : Tweet supprimé au moment où je l’ai retweeté, à croire que la personne n’assume pas ses propos).
J’ai vu des « tu ne peux pas comprendre, tu es un homme », j’ai aussi vu une vague d’interprétations, toutes plus foireuses les unes que les autres, allant jusqu’à l’analyse psychologique de comptoir liée à un choc terrible dans mon enfance et ayant déclenché une véritable aversion pour les femmes, une misogynie sans fond.
Breaking news : J’ai appris que je pensais que chaque personne était un homme blanc hétérosexuel jusqu’à preuve du contraire. Ce passage m’a un peu fait rire mais m’a encore plus déprimé.
On m’explique ce que je pense, ce que je vois, ce que je conçois et après, on vient me parler de respect et de tolérance ? J’espère que c’est une blague, là.
Comble du comble, j’ai encore le droit à un homme qui pense détenir la vérité, la science absolue, qui pense être le plus tolérant et le plus ouvert d’esprit à en croire ses propos (bah oui, il est capable de comprendre le féminisme, moi non). J’ai le droit de voir mon argumentaire réduit à une vulgaire interprétation de bas étage, puisque je ne vais pas dans son sens, c’est que je suis contre lui. Avec un tel point de vue, on arrive au point Godwin en même pas deux secondes, remplacez féminisme par juifs, vous allez voir ça marche du feu de dieu.
Et on s’étonne après que je hausse le ton. Propos qu’il retournera d’ailleurs pour parler d’une prétendue blessure dans ma fierté de mâle dominant. J’ai pleuré de rire, je vous assure.
Je me suis glissé dans des débats, dans des discussions, sur des hashtags, sur des forums. J’ai lu, analysé, observé, et j’avoue que je perds espoir car principale chose que je constate, c’est de la misandrie.
La misandrie, c’est l’opposé de la misogynie, c’est le fait de détester les hommes et de penser les femmes supérieures, bref, c’est être aussi con qu’un misogyne et aussi méprisant (et méprisable) que ces derniers.
Voilà ce que j’ai constaté. Pas de féminisme, pas de combat pour l’égalité mais un combat pour renverser la vapeur.
Je ne doute pas des intentions de ces personnes, hommes et femmes, mais je doute de leur combat. Les récents trolls prétendument féministes et incapables de parler autrement qu’en partant du fait que ce qui ne va pas dans leur sens est faux confortent ma réflexion.
Qui fait l’ange fait la bête. En poursuivant un but noble, à savoir celui de l’égalité hommes-femmes, j’ai l’impression que beaucoup sont devenus ce qu’ils combattaient : des extrémistes, incapables d’entendre quoi que ce soit, confortés dans leurs idées qu’ils ont raison et que le reste à tort, convaincu qu’ils détiennent la bonne parole et que personne ne doit les remettre en cause.
Si vous avez lu ce billet, je dis bien lu, pas interprété, vous l’aurez compris : je demande l’égalité, rien de plus, rien de moins.
Je ne demande pas à renverser la vapeur pour que les mêmes écarts existent, juste l’égalité.
A celles et ceux qui m’ont donné une séance de psychologie, une leçon de morale, des insultes, un avis tellement extrême qu’il était impossible de dialoguer sans avoir immédiatement tort, des moqueries, des interprétations absolument débiles, je vous remercie, vous contribuez un peu plus à me faire penser que votre combat a changé.
A celles et ceux qui sont de véritables féministes, de véritables humanistes, qui ne demandent que l’égalité que j’attends, j’espère et pour laquelle je fight au moins autant que vous, si je vous ai offensé dans ce billet, là n’était pas mon intention. Ne désespérez pas, les mentalités changent et c’est grâce aux efforts et au travail fourni.
Aux cons, aux connes : on m’a toujours dit qu’il ne fallait pas vous parler, le risque étant de vous instruire.
Et puis, parce que je suis sur mon blog et que j’ai autre chose à faire que manger une nouvelle page de commentaire longue comme mon bras, remplie de personnes (ou de trolls) qui ont compris de travers et qui pensent que je fais encore une ode à l’antiféminisme, je n’autoriserai pas les commentaires pour ce billet.
Si vous avez des choses à y redire écrivez votre propre billet, ça sera plus propre et normalement plus argumenté qu’un commentaire que vous ne pourrez pas poster, de toute façon.
Bref, Brassens le disait « Non les braves gens n’aiment pas que, l’on suive une autre route qu’eux ».
J’ai dit.