Ce jeudi 31 mai, une source m’a envoyé la vidéo suivante :
L’homme dont il est question s’appelle Pierre Piccinin, c’est un chercheur belge, il enseigne l’histoire et les sciences politiques à l’Ecole européenne de Bruxelles.
Si j’ai décidé de faire un billet sur ce sujet, c’est parce que cet homme est un peu « particulier » : c’est un ancien soutien occidental du régime de Bachar El-Assad. A trois reprises, cet homme s’est rendu en Syrie, à trois reprises il a expliqué que nos médias occidentaux participaient à une vaste campagne de propagande contre le régime d’Assad.
Il décrivait la Syrie comme un pays calme, tranquille, loin de toute l’horreur que l’on peut voir ou entendre sur les civils tués chaque jour, dans différentes villes de Syrie.
Puis un jour, lors de son dernier voyage, les choses ont changé. Lors d’un passage à Talbiseh, M. Piccinin tombe sur des sympathisants de l’armée libre de Syrie. Selon les propos tenus par M. Piccinin, il est bien accueilli, pris en charge, nourri, logé pour la nuit. Il arrivait de Homs, ville martyre bombardée pendant de longues semaines. Pendant son passage à Homs, M. Piccinin est choqué par l’étendue des dégâts.
Après son passage à Talbiseh, notre Belge décide de partir pour Hama. Il semble qu’il ait déjà visité cette ville et que, dans ses souvenirs, cette ville était déjà marquée par la guerre. Lors de son arrivée à Hama, il constate que tout a changé :
« Tout était repeint en neuf. Tous les gravats, les marques de pneus brûlés, avaient été nettoyés. On aurait dit une petite ville modèle tout droit sortie d’un dessin animé de Walt Disney. »
Précision qu’à cette époque, les observateurs de l’ONU arrivaient sur Hama. Il fallait donc un très beau décor pour cette ville, afin que l’écran de fumée voulu par le régime d’Assad fonctionne.
M. Piccinin se rend alors compte de la supercherie et sa vision des choses commence alors à changer. Il poursuit son voyage et se retrouve à Talkhalah, ou les choses ne se passent pas vraiment comme prévu. Il est arrêté par l’armée syrienne, conduit à Homs, jeté en prison, les services de renseignement syriens lui montrent alors des photos de lui avec des rebelles syriens, l’accusent d’être un espion et finissent par lui infliger des sévices, tant physiques que psychologiques. M. Piccinin refuse de parler de torture, je n’utiliserai donc pas ce mot-là.
La suite, vous pouvez la lire sur le site du point, qui a interviewé M. Piccinin.
Si je vous présente cette brève, c’est parce que l’autre côté, la propagande continue de tourner à plein régime, le réseau voltaire contribue d’ailleurs (encore et toujours) à cette propagande :
- http://www.voltairenet.org/Les-chefs-securitaires-syriens
- http://www.voltairenet.org/Des-massacres-prepares-pour
- http://www.voltairenet.org/Kossayr-c-est-ainsi-que-tout-a
Petits éléments de langage : vous remarquerez les « » qui entourent syrienne, lorsque le réseau parle de l’armée « syrienne » libre. Pourquoi ces guillemets ? Qu’est-ce que cela sous-entend ? Cela sous-entend-t-il que ces citoyens ne sont pas syriens ? Qu’ils ne méritent pas de l’être ?
Second point : comment le réseau voltaire peut-il obtenir des photos de l’armée syrienne libre ? Qu’est-ce qui garantit que les photos présentées sont bien des photos de l’ASL ?
Partant que fait que le réseau Voltaire n’est pas pour l’armée syrienne libre, qu’est-ce qui me garantit, à moi, que ces photos sont authentiques ?
Lorsque je regarde l’interview de M. Piccinin avec les informations que j’ai en quasi temps réel d’un côté et que, de l’autre, j’observe que le réseau Voltaire continue sa vaste campagne de désinformation (pour ne pas dire autre chose), je me dis que ce n’est pas demain qu’on pensera au peuple syrien. Et j’ai honte.
Je ne donnerai pas plus de détails ou d’interprétations sur l’interview ou sur le réseau Voltaire, votre esprit d’analyse ainsi que votre sens critique est amplement suffisant.
Selon M. Piccinin, le régime d’Assad a instauré la peur. La peur de disparaitre, celle de voir sa famille disparaitre, celle de la prison, de la torture, … mais je vous laisse lire l’article du Point, qui en parle beaucoup mieux que moi.