MMM&MU : Muriel Marland-Militello et Megaupload.

Ça faisait longtemps que je n’avais pas croqué du triple M au petit dej’. Pour rappel, triple M c’est pour Muriel Marland-Militello.

Fiche de personnage

Profession : Troll Députée des Alpes-Maritimes, adjointe au maire de Nice et en charge de la politique culturelle de la ville.

A son actif : rapporteuse pour la loi HADOPI, a osé dire que les citoyens étaient importants, pas les internautes, que la neutralité du net était une utopie séduisante, que le piratage tuait les artistes et que nous étions des connards d’anarchistes.

Ps : c’est une groupie de « Notre cher président de la république Nicolas Sarkozy », répété environ 4-5 fois par billet sur son blog lorsqu’elle n’est pas en forme, 8-9 fois sur les gros billets.

Flashback sur d’autres écrits que ceux cités précédemment :

https://pixellibre.net/2011/04/merci-mm/

https://pixellibre.net/2011/04/mmm-neutralite/

Comprenez donc que nous ne sommes pas des citoyens et que nous versons dans le terrorisme cybernétique. Merci Madame Marland-Militello, c’est gentil.

Je réagis au billet « Megaupload enfin condamné » (Non ! Pas de ping sur l’article, je ne fais pas de pub au blog de 3M, c’est contre ma religion).

Premièrement, le titre : Megaupload enfin condamné.

Madame Marland-Militello, MU n’a pas été condamné mais fermé. En effet, aucun passage devant un juge n’a été nécessaire, le F.B.I n’a pas pris cette peine. Merci d’arrêter de raconter des bêtises (pour parler poliment). Bisous.

« Je me réjouis de cette étape importante dans l’histoire de l’internet responsable. »

What the fuck ? Donc, fermer un site sans passage devant un juge, c’est avoir un Internet Responsable ?

Cette phrase en dit long sur votre vision du respect de la loi et d’un procès équitable. Chez moi, ceci porte un nom : « Complete Bullshit ».

« Et c’est grâce aux initiatives de notre Président de la République Nicolas Sarkozy que la communauté internationale est décidée à ne plus céder à un certain fatalisme qui pouvait exister en la matière. Cette décision en est une illustration. »

A nouveau, arrêtez vos bêtises, c’est quand même grave de tomber si bas. Vous croyez sincèrement que c’est grâce à N. Sarkozy que tout ceci est arrivé ?

C’est grâce aux actions de Nicolas Sarkozy que Megaupload a fermé ? Vous le pensez sincèrement ? Si oui, merci de me donner l’adresse de votre dealer, il a l’air de vendre de sacré bons produits et j’ai des amis intéressés. S’il fait des prix de groupe c’est le must.

« L’Histoire de la culture se souviendra de Nicolas Sarkozy comme de « l’homme qui a dit non ». »

Madame, merci, j’ai encore mal aux côtes tellement j’ai ri.

L’homme qui à dit non à quoi ? Au partage de la culture ? Au piratage ? (ou encore celui qui a dit non au « casse-toi pauvre con » ?)

Mais madame, vous comme votre gourou Nicolas, êtes incapables de comprendre un traître mot de ce qu’est vraiment le piratage.

Elle est osée, votre phrase. L’histoire de la culture ne se souviendra pas de Nicolas Sarkozy, ou alors pas en bien avec l’ensemble des décisions prises durant son mandat.

Ne confondez pas les ayants-droits et la culture. Le premier pense au pognon, le second appartient à tout le monde et tout le monde a le droit d’y accéder. La culture n’appartient pas aux ayant-droits, elle existait déjà avant, elle existera encore une fois qu’ils seront morts et qu’on aura tourné la page.

Pour que votre phrase soit exacte, il faudrait dire : « L’Histoire de la culture se souviendra de Nicolas Sarkozy comme de « l’homme qui a dit non à la culture » en instaurant la Hadopi, la carte musique jeune qui est un véritable fiasco, l’homme qui fête le 14 juillet avec Hallyday, l’homme qui, par sa politique, à imposé les échanges commerciaux face à la culture du partage. »

Ah, et l’homme qui a dénaturé la légion d’honneur. (d’ailleurs, remettre la légion d’honneur au Directeur Général d’Amesys, ça en dit long, très long…)

« Le piratage est un danger pour l’avenir de notre civilisation. »

Si vous définissez le piratage comme du hacking, laissez moi vous dire que c’est grâce au piratage que les choses changent. Le hacking existe depuis la nuit des temps, même si son appellation est récente. C’est grâce au hacking que les inventions existent, que des découvertes sont faites et c’est le moteur principal de toute innovation sur cette terre. Demandez à Pasteur pour la pénicilline. Vous croyez qu’il avait prévu ce qui s’est produit ?

« Pirater c’est voler les fruits du travail des artistes… »

Non madame, pirater c’est diffuser la culture le plus massivement possible. L’ensemble du secteur, appuyé par votre politique, à transformé la culture en industrie, où seules quelques personnes gagnent de l’argent… et la culture ce n’est pas ça. Vous parlez argent là ou nous, nous parlons de la culture (la vraie).

« En France, grâce à la majorité présidentielle et à Nicolas Sarkozy, nous sommes en avance sur le monde entier : nous avons depuis 2010 l’Hadopi dont la mission première est justement celle-ci. »

Je dirais bien « LOL », mais je vais argumenter :

La HADOPI n’aide en rien la culture, elle ne contribue pas à la diffusion de cette dernière. J’ai découvert des centaines d’artistes grâce à l’échange et au Peer to Peer. Non madame, la HADOPI n’est pas ce que vous prétendez. Elle se prend la tête avec les ayant-droits, preuve, s’il en faut, que la seule chose recherchée, c’est la préservation d’un système archaïque géré par des gens qui se moquent éperdument de la culture.

« Seul Nicolas Sarkozy a le courage et l’honnêteté de ne pas céder à la facilité et à la démagogie. »

Madame, si votre majorité présidentielle et Nicolas Sarkozy savaient écouter, nous n’en serions pas là. Il existe des alternatives qui auraient vraiment été profitables au monde de la culture.

« Continuons à lutter contre la gangrène idéologique qui tente de justifier le piratage. »

Tant que vous tiendrez cette position, nous resterons dans cet éternel conflit stupide qui consiste à dire que tout est soit blanc, soit noir.

Nous avons des idées, vous avez les moyens de faire changer les choses. Ne serait-il pas plus utile de travailler pour diffuser la culture afin que toue le monde en bénéficie ?

Plutôt que de chercher à satisfaire les ayant-droits, qui vous font croire que sans eux, c’est la fin du monde, réfléchissez un peu, venez à notre rencontre, échangez avec nous. Des alternatives existent, encore faut-il l’accepter.

Dernier point :

« pour rendre pleinement effectif l’internet responsable, il faudra sans doute réfléchir à comment mieux réguler […] les protocoles chiffrés pour concilier sécurité des données et des transactions avec la nécessaire lutte contre la délinquance et la criminalité. »

Ne vous aventurez pas trop sur ce terrain. Sur le chiffrement, vous avez 10 années de retard. A nouveau, venez à notre rencontre, nous sommes capables de vous expliquer ce que c’est et nous avons du temps pour le faire.

La centralisation, c’est mal.

Petit billet qui rebondit sur l’affaire « Mega-ce-que-vous-voulez » :

Le passé nous a déjà demontré le danger de la centralisation des données, il faut croire que personne n’a tiré de conclusions de tout ceci.

C’est un fait, n’en déplaise aux adorateurs du « cloud computing » (terme commercial qui, selon moi, définit quelque chose qui existe déjà depuis des années), faire confiance à une société, un système, un groupe … (rayez la mention inutile), c’est s’exposer à une censure rapide, simple et efficace.

Même s’il n’est pas question de censure dans Megaupload (ou, éventuellement la censure d’une offre plus intéressante que l’offre légale), il faut analyser correctement ce qu’il s’est passé.

Beaucoup de personnes hurlent au scandale parce que Megaupload a fermé ses portes (enfin, le FBI a fait fermer MU) et, comble de l’ironie, ces derniers cherchent à basculer sous une solution alternative comme Fileserve & Co.

Fileserve & Co. fonctionnent sous le même principe, à savoir une grappe (ou plus) de serveurs centralisés. Tout d’abord géographiquement, ces serveurs sont (assez souvent) au même endroit, ou à plusieurs endroits s’il y a vraiment beaucoup de données (exemple de Megaupload qui avait des serveurs en Virginie, à Hong Kong, en Europe …), faire confiance à ces systèmes, c’est accepter que les mêmes évènements puissent se reproduire.

Que cela soit dans un contexte d’échange de fichiers ou un cadre professionnel (applications utilisées dans le « cloud », par exemple), le simple fait que toutes ces données soient centralisés me pose quelques problèmes.

Tout d’abord : la confidentialité de mes données. Puisque mes données sont dans le cloud, gérées par une société qui s’occupe de tout ceci, qu’est-ce qui peut me garantir, à moi, que la dite société n’ira pas fouiller dans mon système ou dans mes données ?

Non, la déclaration de bonne intention de l’hébergeur ne suffit pas, je suis désolé.

Ensuite : d’un point de vue sécurité. Qu’est-ce qui me garantit que mon système dans le cloud sera toujours disponible ? Qu’est-ce qui me garantit que mon hébergeur ne fera pas disparaître des données au nom de je ne sais quelle loi ?

Rien, et c’est bien là le problème. Rien ne peut garantir que mon système ne disparaîtra pas, un jour. Rien ne peut me garantir qu’il sera toujours disponible, même si vous avez une solution en béton, même si elle vous coûte 15 000 € par jour, rien ne peut vous garantir que votre système ou vos données seront toujours là, disponibles quand vous en avez besoin.

Pourquoi ? Parce que c’est l’informatique (je sais, c’est facile comme réponse) : personne n’est à l’abri d’un serveur qui tombe ou d’une connexion qui se casse la figure.

… Et personne n’est à l’abri d’une nouvelle loi, pondue en douce, qui rendrait vos données illégales.

Bref, la centralisation, c’est l’anti-Internet pour moi, anti parce que les Internets ne sont pas basés sur des solutions centralisées justement. Il suffit de regarder le fonctionnement d’un torrent, d’un système P2P ou autre pour s’en convaincre (même si certains point sont centralisés / à moitié centralisés, exemple des DNS …)

Vous voilà prévenus, lorsque fileserve tombera, n’allez pas pleurer qu’on ne vous l’aura pas dit.

Megaupload n’est plus, vive Megaupload.

Edit : Une riposte est en cours, des sites sont actuellement attaqués : le site justice.gov, Universalmusic également ainsi que le site de la RIAA. Ces attaques DDOS sont liées à AnonOps, une « ancienne » faction d’action d’Anonymous. Anonymous à souhaité se séparer de cette faction, jugée trop extrême dans ses actions (on leur doit notamment l’attaque échouée du New-York Stock Exchange et l’attaque contre Facebook).

Edit N°2 : Anonymous rejoint le mouvement, je vais essayer de tenir une liste des sites down (pour cause de DDOS) en temps réel :

01h48

– Copyright.gov
– Mpaa.org
– Riaa.com
– Universalmusic.com
– White House (http://www.whitehouse.gov/) est UP mais un DDOS serait en cours
– Justice.gov
– usdoj.gouv
– Hadopi.fr (qui ne charge pas ou très très lentement)
– BMI.com
– PUR.fr (le PUR #Fail, pardon…)
– doj.gov
– utahchiefs.org
– Wmg.com
– FBI.gov (mais le site résiste plutôt bien, gros ralentissements en ce moment-même)

Edit N°3 : fin de live à 02h17, le FBI est toujours down, je n’ai pas testé tout le reste, certains sites remontent, parfois.

Edit N°4 (22 janvier 2012) : un site présente la liste (hallucinante) des sites tombés sous un DDOS depuis le début de l’opération Megaupload : http://cylaw.info/?p=72

Article original : BREAKING NEWS !

Megaupload vient de fermer. Plus exactement, le FBI vient de faire fermer Megaupload, comme le dit Torrentfreak (http://torrentfreak.com/megaupload-shut-down-120119)  [en anglais].

Petite mise au point : ce n’est pas méga upload qui a fermé mais l’ensemble de « l’univers méga » : Megastuff.co; Megaworld.com;  Megaclicks.co; Megastuff.info; Megaclicks.org ; Megaworld.mobi; Megastuff.org; Megaclick.us; Mageclick.com; HDmegaporn.com; Megavkdeo.com ; Megaupload.com ; Megaupload.org; Megarotic.com; Megaclick.com; Megavideo.com; Megavideoclips.com et… Megaporn.com (Source… oui, ils ont fermé un site de pr0n alors qu’Internet is made of cats and pr0n :().

Techniquement, c’est donc 4% du trafic mondial d’Internet qui s’effondre ce soir !

Comment le site a fermé : simple, le FBI l’a fait fermer pour infraction d’un ensemble de loi sur le copyright.

Petite précision, le FBI n’a eu aucun mal à couper Megaupload… Après quelques échanges avec l’ami Erebuss il y a déjà quelques mois, nous avons appris qu’une partie des serveurs de « l’univers méga » étaient hébergés sur la même AS (pour résumer, un élément technique sur Internet) que le F.B.I, en Virginie.

L’AS en question fait partie des membres de carpathia (http://www.robtex.com/asmacro/as-carpathia.html) et, accessoirement, le FBI et « Mega » étaient sur le même peer , allez vérifier par vous-même si vous croyez que tout ceci est une blague (http://www.robtex.com/as/as33566.html) et même le Département de la Défense des Etats-Unis est dessus, http://www.robtex.com/as/as668.html (et relisez bien l’ensemble des données, c’est long, mais instructif).

Oui, Carpathia hébergeait donc le FBI, le DOD et Megaupload, normal quoi. Dès lors, il était facile d’éteindre la liaison de megaupload.

Je sais ce que vous êtes en train de vous dire : « il va revenir Megaupload, ce n’est pas grave ». Là, vous voyez, j’ai comme un gros doute : il n’y a pas que Megaupload qui a été arrêté :

–    Kim Dotcom, le PDG de « méga »
–    Finn Batato, le responsavle marketing, en Allemagne
–    Julius Bencko, le designer, en Slovaquie (pas arrêté, il est en fuite)
–    Sven Echternach, le directeur technique (pas arrêté, il est en fuite)
–    Andrus Nomm, développeur en chef des produits chez « Mega » (pas arrêté, il est en fuite)
–    Bramos (Bram van der Kolk), LE mec qui était responsible de toute l’infrastructure réseau « Mega »

Il est donc peu probable que Megaupload refasse surface de sitôt.

Les faits reprochés sont détaillés, ici : http://www.justice.gov/opa/pr/2012/January/12-crm-074.html, c’est en anglais mais la lecture de tout ceci est très instructive. (suite à un DDOS d’AnonOps, une ancienne faction d’Anonymous, le site est hors service pour l’instant).
Pour information, il faut savoir que Kim Dotcom était déjà sous étroite surveillance depuis des transactions financières anormales, à savoir 30 millions de dollars pour un manoir : http://www.nzherald.co.nz/nz/news/article.cfm?c_id=1&objectid=10626044 (et oui, le crime paye toujours autant </troll>).

Est-ce que c’est mal que Megaupload soit tombé ?

Quitte à choquer, je trouve que ce n’est pas plus mal. Avant de vous enflammer, merci de lire la suite.

Ce site n’était pas « en soi » un site de partage. Il convient de donner ma définition du partage : c’est un échange non commercial entre deux personnes. Megaupload ne répondait ni à la première condition, ni à la seconde.

Pas à la première car Megaupload était un site commercial et pas la seconde car le principe de Megaupload n’était pas vraiment le partage.

D’un côté, vous aviez un gus qui envoyait un fichier sur un site et qui n’avait rien en retour. De l’autre, vous aviez des gus qui récupéraient un fichier, sans le partager pour autant.

C’est peut-être ma définition du partage, vous ne la partagez peut-être pas, mais voilà comment je vois le partage. Megaupload a facilité l’échange de fichiers mais a littéralement tué le partage.

Je sais, c’est un peu brutal comme réaction mais bon… et puis « l’univers Mega » avait une faille dangereuse : tout était centralisé, là où les vrais systèmes de partage sont acentrés ou décentralisés.

Pour les afficionados du DDL (le téléchargement direct), rassurez-vous, il existe d’autres solutions dont vous entendrez parler ces prochains jours.

Il n’y a qu’un point qui me dérange vraiment : la manière dont tout ceci a été fait : le site à été débranché, ils ont été arrêtés, sans jugement, sans procédure judiciaire, … et ça, chez moi, c’est de la censure pure et simple.

EDIT : manifestement si, un mandat d’arrêt international était lancé conte les membre de « Mega » : http://www.scribd.com/doc/78786408/Mega-Indictment (merci @ericfreyss pour l’information)

Megaporn, quand même … 😀

Un an.

« – Fais attention à toi, vraiment, ça commence aussi à éclater là-bas. »
« – Ne t’en fais pas, ça ira, je suis loin des conflits, et puis c’est chez moi. »

Se furent ses dernières paroles avant de partir.

Un an aujourd’hui, comme le temps passe vite. Si moi je suis encore là pour en parler, elle elle l’est déjà moins. Ou peut-être pas. Je ne sais pas en fait.

Qu’est-elle devenue ? Est-elle toujours vivante ? Est-elle rentrée sans que nous reprenions contact ? Tant de questions sans réponses.

Peut-être est-elle en train de lire ces lignes à l’instant ou je parle ?

Je m’en souviens encore, c’était dans la nuit du 18 au 19 : un écran, une fenêtre IRC et beaucoup de café. Qui pouvait réellement savoir ce qui allait se passer ?

« – Tu as vu, l’Égypte, ça s’enflamme vraiment cette fois-ci ? »
« – Oui, j’ai vu. »
« – Ça va ? »
« – Non »
« – Pourquoi ? »
« – Parce que c’est mon pays, que ma famille vis la bas, que j’ai peur pour eux. »
« – Tu ne m’en as jamais parlé, même si nous ne causons pas ensemble depuis longtemps, t’en avais jamais parlé avant »
« – Je sais, je parle pas de tout tu sais. »
« – Oui »
« – Je sais pas quoi faire, j’ai peur. »

Et moi, bien intelligent de répondre : « – hormis penser à eux, d’où tu es, tu ne pourras rien faire physiquement. »

« – Je vais rentrer. »
« – Pardon ? »
« – Je peux pas rester pendant qu’ils se cassent le cul et se font matraquer la gueule »
« – … désolé, oui. »
« – Puis il y IRC et j’ai trouvé ton facebook »
« – Non, pas IRC, pas comme ça en tout cas, ça sera pas sur pour toi, le gouvernement va (si c’est pas déjà le cas) écouter Internet, Mubarak est présenté comme un danger et pour facebook, le traffic est ou sera détourné pour faire taire les gens si ça claque, faut pas se leurrer. Donc non, on va faire autrement. »
« -On fait comment alors ? »

Et me voilà parti dans TOR, OTR pour se protéger, le passage d’une connexion IRC en SSL, les petites choses de la vie qui protègent, GPG, j’en passe encore.

La machine était lancée mais, à cette époque là, je ne le savais pas encore.

« – Fais attention à toi, vraiment, ça commence vraiment à éclater la-bas. »
« – Ne t’en fais pas, ça ira, je suis pas non plus direct dans les conflits, et puis c’est chez moi. »

Et elle à fermé IRC.

Nous étions tous deux loin de s’imaginer la suite des évènements : la révolution en Tunisie se terminait, je l’avais observé avec elle, nous avions relayé des informations. Puis ce fut l’Egypte, la Libye, la Syrie et dans bien d’autres pays encore, ceux dont les médias français ne parlent pas parce qu’ils ne sont pas intéressants ou parce que notre président ne pourra pas en tirer de mérite.

Un an aujourd’hui.

Beaucoup de choses se sont déroulées en un an, de belles choses lorsque les peuples retrouvaient leur liberté d’expression, lorsque les Internets étaient remis en place et surtout, lorsque l’on se disait « ok, pour eux tout ira bien. La suite maintenant, c’est quoi ? »

Un an passé à travailler de mon côté, avec mes p’tits bras pour aider comme je pouvais pour faire sortir l’information, un an composé de beaucoup d’articles sur ce sujet, beaucoup de mails, de conversations…

L’année qui s’achève est également remplie de fatigue, pour plein de raisons. S’aventurer dans ce chemin et essayer d’aider, c’est accepter de prendre du recul, de se dire « non, t’es pas Superman, tu peux pas sauver tout le monde non plus ». C’est un chemin parfois rempli de décisions lourdes et où il faut faire attention et ne jamais baisser sa garde. Car toi, pendant que tu as le cul sur ta chaise à parler et à diffuser, eux, ils sont dehors, parfois à courir pour ne pas se faire attraper. On m’a aussi dit (et encore récemment) « Big Boys don’t cry ». Foutaises.

Un an aujourd’hui et pas forcément que des bonnes choses non plus.

J’ai appris à me méfier un peu plus des gens et, surtout, de ceux qui veulent faire mieux. Le mieux, c’est l’ennemi du bien.

J’ai aussi appris à « accepter ». La perte d’un contact, d’une personne, la réponse à un mail qui n’arrive pas … même si c’est parfois difficile de ne pas se dire « j’ai fait un truc mal si ça se trouve. »

J’ai appris à penser à moi aussi, histoire de ne pas craquer, en restant connecté, j’ai appris à débrancher pour mieux rebooter. Enfin, j’ai appris à prendre des claques dans la tête.

Un an aujourd’hui et pourtant, la situation en Tunisie, en Égypte et ailleurs ne semble pas vraiment meilleure qu’avant.

Je suis toujours dans le même livre, j’ai juste tourné quelques pages et je ne connais pas encore la fin de tout ça. Ce que je sais en revanche, c’est que lorsque je me dis que tout ceci ne sert à rien, je n’ai qu’à revenir au début, cette soirée du 18 janvier 2011.

Poutine n’aime pas Internet et les Internets le lui rendent bien.

Ce billet n’est pas de moi mais de Tris Acatrinei.

Le Monde publiait dimanche un article sur Vladimir Poutine, qui a enfin ouvert son site Internet, lui qui se vantait de n’avoir jamais écrit un seul email de sa vie. Dans une logique d’ouverture ou de démagogie, allez savoir, il a laissé un espace aux commentaires des internautes.

Commentaires qui laissaient relativement peu de place à l’imagination puisque 75% d’entre eux encourageaient M. Poutine à faire son Jospin. C’est là où on voit les erreurs de débutants puisque les commentaires n’avaient pas fait l’objet d’une modération a priori. Erreur rapidement réparée par un community manager qui a entrepris de faire le ménage dans les commentaires. L’anecdote est savoureuse et a de quoi égayer un dimanche d’hiver.

Mais le plus choquant n’est pas tant l’attitude de Poutine sur laquelle on ne fonderait de toutes façons aucun espoir mais plutôt les commentaires des lecteurs du Monde qui voient dans cet article une vendetta anti-russe et soupçonne le journaliste de partialité.

La Russie et les Internets, c’est une histoire d’amour à base de je t’aime moi non plus, teintée de schizophrénie. La criminalité informatique y est fleurissante : la bonne partie des virus informatique proviennent de Russie, on dénombre du trafic d’armes, de la pédo-pornographie, du blanchiment d’argent sans que les autorités compétentes n’y trouvent rien à redire – et pour cause puisque je les soupçonne fortement d’y trouver leurs comptes – mais les internautes font l’objet d’une surveillance à peine discrète et c’est Reporters Sans Frontières qui le dit. (http://fr.rsf.org/russie.html)

Qu’on se rassure, la plupart des pays de l’ancien Bloc de l’Est sont dans une situation plus ou moins similaire.

Mais c’est la Russie de Poutine qui est dans le collimateur. Peut-être parce que son régime un brin autoritaire cherche à devenir tentaculaire.

Qu’a donc essayé de faire l’aspirant chef du Gouvernement ? A montrer une sorte d’ouverture ? Qu’il était à l’écoute ? Pour cela il faudrait qu’il oublie de se présenter.

Et si c’était trop tard ? Les Révolutions Arabes ont montré qu’un dirigeant qui se réveillait au dernier moment pour essayer de s’allier les internautes pouvait assez mal finir.

Les internautes ne sont pas dupes. Internet est l’espace le plus propice à la contestation, à l’explosion de colère, à la fermentation des germes de la révolte. On ne contrôle pas Internet et encore moins les internautes.

Tout comme la plupart des pays de l’Est, la Russie n’a fondamentalement pas beaucoup changé depuis la chute de l’URSS. La différence notable réside dans le fait que ceux qui s’en mettaient plein les poches de manière très discrète sous le soviétisme le font de manière beaucoup plus ostentatoire maintenant.

Et la liberté d’expression me direz-vous ? Foutaises. Il suffit de voir la carte de Reporters Sans Frontières (http://fr.rsf.org/IMG/pdf/carte-2011-2.pdf ) pour se rendre compte qu’il y a des choses qui continuent à être taboues dans les médias, qu’ils soient mainstream ou confidentiels. Or, à partir du moment où la presse n’est pas libre de s’exprimer, c’est que les personnes ne le sont pas. Ce qui est une raison suffisante pour que la grogne s’intensifie.

Et lorsque les internautes se révoltent, les choses peuvent effectivement devenir difficiles pour les gouvernements en place. Surtout dans un pays avec une superficie et une population importante. Sauf que personne n’a intérêt à ce que les Russes refassent une Révolution.

Car une Révolution Russe ébranle toute cette zone géographique : les pays de l’Est, les anciens Républiques Soviétiques, mais également la Chine. Et personne n’a envie que cette région devienne incontrôlable. Et en disant personne, il faut comprendre les différents gouvernements.

Oui, le silence des Russes arrange bien des gens. Mais il faut se méfier des grognes URL qui peuvent très rapidement devenir IRL. Et lorsque cela arrivera, les choses seront beaucoup plus compliquées.

Il était une fois l’ARJEL.

Je vais vous raconter une petite histoire :

Il était une fois un vice, celui des jeux d’argents. Dans un tout petit pays, la France, tout le monde savait que les jeux d’argents étaient addictifs mais, pour le petit roi de ce petit pays et les gros lobbies français des jeux d’argents en ligne, ce n’était pas assez. Le président eut alors une idée : forcer le passage pour la création d’une autorité « indépendante » de régulation des jeux en ligne.

Il voulait que cette autorité puisse « valider » des sites de jeux d’argent en ligne comme étant légaux, ou non. Avec un label délivré par l’ARJEL, le site d’argent pourrait fonctionner en France.

Les gros lobbies voulaient que SEULS les sites validés soient accessibles, alors ils eurent une idée : demander à l’ARJEL de faire bloquer les autres sites, ceux que l’autorité n’avait pas validé.

C’est ainsi qu’un premier janvier de l’an 2012, un décret fut publié. Décret qui sacralise le filtrage par DNS. Ainsi le gouvernement français fit du blocage DNS le blocage « par défaut »,  se rapprochant encore un peu plus d’une boite de pandore qu’il ne faut pas ouvrir : celle du filtrage préventif et généralisé.

Fin de la gentille histoire, passage aux faits :

L’article 1 du décret généralise le filtrage par DNS par défaut, c’est-à-dire que l’on bloque le nom de domaine directement. Les opérateurs (F.A.I) pourront cependant filtrer d’une autre façon s’ils le souhaitent (et croyez-moi, il y à pire que le blocage DNS et m’est d’avis que certains F.A.I vont vouloir bloquer autrement), ils ne seront cependant pas indemnisés des frais engagés dans la procédure de blocage dans ces cas-là.

Ce premier article pose deux problèmes : Les F.A.I peuvent bloquer comme ils l’entendent, traduction : laisser un flou technique dans ce blocage, c’est accepter les pires techniques de blocage possibles, le décret n’imposant pas explicitement une méthode.

Second point, l’efficacité de ce blocage : Le blocage par DNS n’est efficace que sur un DNS, il suffit donc de changer ses serveurs DNS pour contourner le blocage. Dès lors, où est l’intérêt d’un blocage par DNS ? La réponse est simple : nulle part.

Benoit Tabaka (le secrétaire du Conseil National du Numérique, une personne au point sur le droit) m’expliquait ce matin qu’a priori, une injonction judiciaire imposait une obligation de résultat, c’est-à-dire que le site ne doit plus du tout être accessible. Si on résume donc, le gouvernement considère le blocage DNS comme blocage par défaut, ce dernier n’est pas efficace. Le blocage sur injonction judiciaire sous-entend une obligation de résultat. Le blocage par DNS ne peut pas garantir ce résultat. Je crois que vous avez compris le truc, c’est un serpent qui se mord la queue si on reste sur un blocage par DNS.

Les  F.A.I seront alors tentés de bloquer autrement, afin d’être plus efficace… mais comme précisé juste avant, le gouvernement ne demande pas un autre blocage (et en même temps, ne l’interdit pas).

La façon dont le décret est rédigé est mesquine car elle demande un blocage efficace en considérant par défaut un blocage qui ne l’est pas (celui sur les DNS), c’est, pour l’Etat, une façon de se dédouaner d’un éventuel sur blocage ou d’une éventuelle inefficacité de ce dernier (aussi astucieux que mesquin et dangereux).

Les articles suivants portant sur les modalités d’indemnisation et ce billet ne s’y intéressera que très peu, PCInpact ayant déjà fait une très bonne analyse du problème.

Une question me vient : vers quoi ce décret nous dirige ?

J’ai une éventuelle réponse et elle risque de vous déplaire : vers un filtrage national et généralisé. Dans un précédent rapport de l’ARJEL, il était question de créer un « truc national » qui s’occupe de gérer la liste de noms de domaines bloqués, de mettre à jour cette liste et d’éventuellement intervenir en amont des DNS, sur les BGP. PCInpact s’interroge à juste titre : est-ce que ce décret ne serait pas la première brique du « truc national » ?

La fin de l’histoire n’est pas « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants », mais plutôt « et c’est ainsi que le filtrage généralisé s’invita en France. Ce fut la première brique du régime de censure que nous connaissons actuellement ».

Deux points pour finir, peu factuels cette fois :

–          l’ARJEL vous enfume. Elle prétend contrôler les jeux d’argent en ligne afin de vous protéger des addictions à ces derniers mais la réalité est différente : elle s’en tape.

Ce qui l’intéresse, c’est qu’à la fin du site ou vous aller claquer toute votre thune, il soit inscrit « .fr », c’est tout ce qui compte. Dépensez tout votre argent dans les jeux en ligne, dépendez de ces derniers, tant que c’est un « .fr », c’est parfait.

–          Le blocage par DNS va créer un écart d’accès à certains sites entre les personnes qui savent contourner un blocage DNS et ceux qui ne le savent pas. Peu à peu, nous entrons dans un Internet plus trop neutre et qui n’est plus trop Internet et ça, trop peu de gens en sont conscients.