Petit message pour #LesGens de Gauche

#LesGens de Gauche, we’re watching you…

Cet article peut être classé dans un truc genre, « Ode aux barbus-geek-pro #NetNeutrality #Toussa ». (limite troll mais épilé).

Je souhaiterais juste revenir sur un point de « rien du tout » mais qui vaut son pesant de cacahuètes…

De nombreuses fois (sur la toile comme en dehors), les personnes qui ont expliqué leur point de vue anti-Hadopi – Loppsi – Toute-loi-se-terminant-par-un-i – Acta et j’en passe ont été rancardées sous plein de noms différents, noms qui (personnellement) ne me plaisent pas énormément : débiles – socialos – les surnoms « de gauche », je les ferais pas tous mais je suis certain que vous voyez de quoi je parle.

Personnellement, je ne suis ni de gauche, ni de droite (ni du milieu) et pas d’un parti extrême je-sais-pas-quoi, le seul parti auquel je me rallie, c’est le parti pirate !

Nous (les barbus mangeurs de petit chats et toussa) avons des propositions, des arguments, des idées, des trucs qui tiennent la route quoi…mais (et c’est assez triste d’ailleurs), elles ne sont que trop peu écoutées.

La faute à qui ? Bien, à pas grand monde en fait. La faute ici, c’est que nous sommes peut-être un peu en avance sur notre temps (on se calme ! Je m’explique. \troll). Manifestement, nous ne réfléchissons pas de la même façon qu’au gouvernement, peut-être pensons-nous principalement à l’intérêt général plutôt qu’à l’intérêt de certains (majors…au hasard). Il est possible que nous ayons compris l’importance d’un Internet acentré (ne dites pas décentralisé, cela signifie qu’il existe un centre d’Internet et ce n’est pas le cas).

En résumé, ce que j’essaye de dire c’est que ce n’est pas parce que c’est « la Droite » que nous montons au créneau mais c’est parce que les idées proposées sont dangereuses ou ne sont pas dans l’intérêt général (sauf si filer plus de 11 millions d’euros à une haute autorité inutile, c’est dans l’intérêt public).

Bien sûr, le gouvernement actuel a fait, fait et fera pas mal de boulettes, de la Hadopi à la LOPPSI en passant par quelques infractions au droit d’auteur (images, musiques, photos …) mais faut pas croire qu’on ne balance pas sur l’autre côté (comme l’affaire de l’équipe de M. Hollande et l’utilisation de photos de la campagne 2007 de Sarkozy…).

Bien sûr, nous continuerons d’informer, balancer et dénoncer tous les trucs assez étranges qui arrivent, les magouilles, les arnaques au format « grand public »… mais à nouveau qu’elles soient de gauche ou de droite, la n’est pas la question.

Je parle en mon nom mais je pense que bon nombre de personnes (du parti pirate ou pas) pensent pareil : les idées peuvent être bonne ou mauvaises qu’elles soient de gauche ou de droite. Il suffit de regarder les débats passés sur la HADOPI pour se rendre compte que deux fervents anti-HADOPI étaient UMP.

Point politique donc : nous (je pense pouvoir l’affirmer sans trop de doutes) ne votons pas pour la gauche ou la droite mais pour des idées. D’ailleurs, le parti pirate n’est ni de gauche ni de droite, il vogue loin de tout ceci.

Dernier point quand même, qui sonne un peu comme un avertissement pour la gauche (vu comme les choses tournent, il n’est pas impossible que 2012 soit une année spéciale) : je ne vous ferais aucun cadeau, voire pire qu’en ce moment avec le gouvernement actuel.

La raison ? Vous, vous avez promis. Vous vous êtes engagés sur déjà beaucoup de choses, ce que le gouvernement actuel n’a pas fait. Lorsque l’on voit que Mr Hollande s’engage et ne tient pas ses promesses, cela en dit déjà long sur les belles palabres sans actions par la suite…

Sincerely, #Bisous.

 

Hadopi ! On r’met ça ?

Bon, je préviens d’avance, ce billet risque d’être long… non non, vraiment long.
Tu vois, cher lecteur, pour ce billet un peu spécial, je ne vais pas prendre de gants et vais me livrer à une petite analyse de la dernière tranche de lol de la HADOPI (enfin, quand tu sais que c’est tes impôts, d’un coup, tu rigoles moins).
Le coup de com’ dont il est question : les 4 dernières vidéos réalisées pour la HADOPI, dont voici les liens.

(Je vous propose d’abord de les visionner, afin de ne pas être influencé par la suite de mon billet).

Emma Le Prince
Kelian Gomez
Julie Clouzel
Nathan Molina

Alors, cher lecteur, qu’en penses-tu ?
Allez, fin de la pause « tranche de lol », passons maintenant au sujet principal : mon analyse.

Tout d’abord, intervention sur la vidéo de Julie Clouzel (13 ans, qui écrit les Solitudes de Sara) :

La vidéo, bien que parlant du futur de la petite Julie, fait référence au présent…hors (et à ma connaissance) la HADOPI ne protège en RIEN les écrivains et maisons d’édition de livres. Si tel était le cas, Gallimard, Flammarion, Fleuve noir etc. (et leurs représentants) se seraient déjà manifesté depuis bien longtemps. Donc, cette vidéo ne devrait même pas exister, cqfd.
(ps, j’ai rigolé sur le bruit de connexion du modem 56K, merci HADOPI, moi aussi je télécharge des films en HD avec une connexion bas débit…bisous).

Bref, reprenons sur le fond, et pas sur la forme.

Revenez sur la vidéo, faites une pause à 0:34 et regardez l’ombre du mot « alerter »…que voyez-vous ? Oui, il est inscrit « Punir ». Je vais mettre cela sur le coup d’une flemme de la part de l’Agence H, responsable de ces vidéos et spécialisée dans la communication mais je pourrais me dire que le sens caché d’alerter, pour la Hadopi, c’est donc punir. (C’est noté chère Hadopi, bisous).

Pause à 0:53, ou la « voix » nous dit : qu’il existe des offres légales. Je prends note, petit tour sur les sites labellisés « PUR » par la HADOPI : http://hadopi.fr/node/155 (lien HS depuis). Hormis le site de la FNAC et d’Amazon..Ah merde non, c’est pour la musique.

Hadopi, tu me dis ou qu’ils sont, les sites « PUR » pour les livres ? Réponse : il n’en existe aucun. Merci, bisous.

De 1:00 à 1:06 : si l’internaute n’en fait qu’à sa tête. C’est mal de partir ainsi ma (si) chère haute autorité, oublierais tu le défaut de sécurisation de la ligne ? Tu pars du fait que si un téléchargement est effectué, alors c’est de la faute du titulaire de la ligne… C’est un peu léger je trouve. Moi, je sais que d’autres cas sont possibles, le public à qui est destiné ton message, peut-être moins, on dirait presque que tu arrange la vérité (mais t’es trop honnête pour cela, hein ?).
Bref, la jeune Julie Clouzel l’écrira son livre, que tu sois là ou non, puisque tu ne la défendras pas contre le partage.

Petit rajout, la vidéo parle d’une peine maximum 1500 € et d’un mois de suspension d’Internet, ce qui n’est pas vraiment exact. En effet, les dispositions de la loi DADVSI s’appliquent toujours, donc, c’est une peine maximum de 300 000€ d’amende. Merci à @LostSaga pour ce complément d’information.

On zappe, focus maintenant sur la vidéo de Kelian Gomez.

Premier truc qui me fait rager : « On le sait, le téléchargement illégal affaibli les libertés et les droits des créateurs ». De tout temps, avec ou sans l’être numérique, les œuvres ont circulé, d’abord avec la bande, puis le CD, puis Internet maintenant…et de tout temps, la création a existé, les artistes également. Certes les artistes ont droit à une juste rémunération mais, ma chère HADOPI, entre nous…qui vole l’autre : les majors qui taxent plus de 90% d’une vente…ou une personne qui télécharge et qui écoute, sans pour autant revendre tout ou diffuser tout ? Le couteau sous la gorge, si l’on part du fait qu’il pourrait exister, n’est pas mis par le téléchargement illégal mais par le système actuel (dont, étrangement, de plus en plus d’artistes se passent outre atlantique…).

Non, le véritable affaiblissement des libertés de la création, c’est de devoir par exemple passer par une compagnie (genre Universal) pour faire un album et que, lorsque tu as fini de créer, l’œuvre ne t’appartienne plus. Là, c’est du vol (et encore, légalement, ça n’en est pas).

La vidéo parle ensuite de la sécurisation de l’accès à Internet (0:34) : Combien de fois il faudra te le dire ma grande, un accès à Internet NE PEUT PAS être sécurisé à 100% (cracking wifi, virus, trojans, j’en passe,…).
« La première chose à faire, c’est de parler du téléchargement », tout à fait, le téléchargement est maintenant soit une habitude, soit un moyen d’avoir ce que l’on n’a pas les moyens d’avoir : la culture. Explique-moi comment une famille (2 adultes, 2-3 enfants) peut se permettre d’aller au cinéma lorsque la place coute 13 euros (merci la 3D). Pour un film, c’est le prix d’un DVD, sans le plaisir d’une salle de cinéma que l’on ne peut, de toute façon, pas s’offrir…alors ?

Ne viens pas me parler des tarifs réduits hein…allez, petit scénario :

– « Bon, chérie, demain tu prends une RTT, les enfants n’iront pas à l’école et je poserais un arrêt maladie. »
– « Quoi ?? »
– « Ouais, demain matin, on va au cinéma ! Le matin, c’est dans nos moyens. »

La vidéo parle ensuite du WEP, du WPA et du WPA2, trois moyens de protection de votre connexion wifi, sachant que les deux premiers sont réputés comme cassés, et donc, à éviter. Quid d’une Nintendo DS ou d’une autre console qui ne fonctionne qu’en WEP ? Dilemme, si je joue, ma connexion n’est pas sécurisée mais si elle est sécurisée, je peux foutre ma console à la poubelle…
Dernier point, la vidéo (vers 1:14) explique que la HADOPI est là pour nous conseiller dans toutes nos démarches…peut être avec la liste des logiciels de sécurisation labellisés Hadopi ? Mince, elle n’existe toujours pas.

Sinon, sympa d’assimiler les artistes à des pandas tout gentils (portée pédagogique : les pandas sont gentils, doux et en voie d’extinction, donc les personnes qui téléchargement veulent tuer les pandas. Félicitation à l’agence H, le message est passé).

Zapping sur la vidéo d’Emma Le Prince :

Premier fail : tu classes dans œuvre un film ou une musique…bah, et le livre alors ? Mais si, celui que tu dis défendre ? Disparu ?

Je serais expéditif sur le sujet : « Il faut privilégier une consommation durable de la culture ».
Que dois-je comprendre ?

– Il faut que le CD vive encore, comme une perfusion, pour garder en vie ceux qui refusent de changer ?
– Il faut consommer, consommer et consommer encore ? L’association du mot consommation et culture me dérange, ça fait « industriel ».
– Obi Wan Kenobi ?
– La réponse D ?

Dernière vidéo, celle de Nathan Molina :

Ah ! Enfin, nous sommes d’accord : « C’est dommage, parce que si les artistes sont correctement rétribués pour leurs albums ou leurs films, il continuera à y avoir des artistes, qui continueront à faire des albums et des films » (Bon, on passe le fait que tu aies ENCORE oublié le livre, que tu prétends défendre).
Ce que tu n’as pas compris, c’est qu’on pense la même chose chez nous, les barbus… mais (et comme expliqué plus haut) ou est le vol ? Dans un téléchargement qui n’a rien couté et qui ne rapportera rien, ou dans la mauvaise redistribution des gains d’une vente ?

« La HADOPI encourage le développement de l’offre légale » : tu auras mis du temps, mais je dois avouer que tu commences à t’y mettre, c’est d’ailleurs l’occasion de revenir sur le label « PUR », pour « Promotion des Usages Responsables ».

D’une, PUR : qui ne suit pas le label, ne respecte pas PUR…et donc n’est pas PUR, le choix de ce label n’est pas innocent, l’approche pédagogique choisie est limite et le choix du mot « PUR » peut faire penser à une autre époque, ou il fallait être PUR pour avoir une belle vie, tu sais de quelle époque je parle va.

Ensuite, en effet, le label PUR est signe de streaming en toute légalité…mais est-ce pour autant le signe d’une bonne rémunération ? Non. Quid de la part reversée à l’artiste lors d’une vente dématérialisée ? Elle est encore plus faible que lors de la vente d’un produit matériel, voire inexistante parfois.

Analyse terminée. Mon avis final est le suivant : les images choisies, les termes employés, les approches choisies et la pédagogie employée risquent de fonctionner et de faire croire des choses qui ne sont la réalité à un jeune public. Sais-tu comment cela s’appelle, cher lecteur, ce type de pratique ?

Oui oui, de la propagande (non, abuses pas, on ne va pas parler d’endoctrinement, le point Godwin est pour le label PUR).

 

Alors, votre avis maintenant ?

Un livre, un troll. Beigbeder.

« Premier bilan avant l’apocalypse », ainsi est titré le dernier livre de Mr Beigbeder.

Ce dernier, que j’appellerais BBD (plus simple) était au micro d’Europe 1 ce matin, venu présenter son dernier livre, il s’est plutôt contenté de dégommer quelques points sur le piratage, le livre numérique, …

Pour commencer, BBD fait un rapprochement entre le livre et la musique : « non les écrans ce n’est pas merveilleux, c’est effrayant et on l’a vu déjà pour l’industrie du disque : il n’y a plus de disquaire ! »

Bien que les deux (musique et écriture) soient des œuvres de l’esprit et des œuvres artistiques, elles sont différentes : l’une s’écoute, l’autre se lit. Les deux sont sur des supports différents, ne sont pas attachées aux même ayants droits… enfin, je ne vais pas vous faire la liste, mais les deux sont différents. De facto, on ne peut pas dire que le livre va suivre la même voie que la musique. D’ailleurs, les deux disquaires dans mon centre ville seront ravis d’apprendre qu’ils n’existent plus.

BBD enchaine ensuite : « voilà ce qui va se passer les gars, dans 5 à 10 ans, non seulement la disparition de cet objet qui avait 6 siècles et qui nous a donné le roman moderne, mais aussi la fermeture des librairies, des maisons d’édition, des suppléments littéraires dans les journaux… ».

Selon l’interviewé, le livre est déjà condamné, puisqu’il dit « avait des siècles ». Les propos de BBD sont au mieux, dignes d’un troll velu et au pire, faits pour choquer et créer le buzz.

Les moines copistes avaient déjà ce discours à l’époque de la révolution de l’imprimante, la fin, l’apocalypse, ils refusaient de diffuser la culture, prétextant tout et n’importe quoi pour la garder pour eux. Ici, c’est exactement pareil, BBD prétexte que le livre numérique tuera les librairies, tuera six siècles de livres, etc. etc.

Pourtant, de mémoire, les ventes de livres se portent à merveille…

BBD continuera en expliquant qu’il est opposé au livre numérique, prétextant que la dématérialisation « c’est un mot très poli pour dire destruction, destruction du livre, de la musique. Pourquoi est-ce que les gens sont si pressés de se débarrasser des objets culturels ? Je ne comprends pas ».

Premièrement, dématérialisation ne signifie pas destruction, puisque faire passer au format numérique, c’est en quelque sorte rendre la ressource infinie, il suffit de copier le fichier et l’original reste en état, il n’est pas détruit. Il n’y a aucune destruction dans la dématérialisation, bien au contraire.

Dans un second temps, les gens ne sont pas pressés de se débarrasser des objets culturels, ils sont juste en train de changer leurs habitudes, comme le fait de passer du CD au dématérialisé…

Les liseuses électroniques ne sont pas faites pour remplacer (pour la plupart des gens) le livre, mais il faut avouer que c’est plus pratique, plus facilement transportable, plus économique aussi. Essayez de vous trimballer 2-3 livres dans votre sac…

Non, l’industrie du livre n’est pas condamnée, elle se porte bien. Le CD n’avait pas 600 ans, le livre, si. Leur valeur est particulière, au-delà d’un ensemble de pages avec des écritures, c’est un morceau de « l’âme » de l’auteur qui s’y trouve, une liseuse ne remplace pas le plaisir de tourner une page, une liseuse n’a pas l’odeur d’un ancien livre, elle ne recrée pas le plaisir de sortir un livre de sa bibliothèque pour le relire.

BBD terminera son troll en disant : « ce livre n’est pas disponible sur internet donc si vous le trouvez, c’est que vous l’avez piraté et par conséquent c’est ma main dans la gueule ».

Doit-on comprendre que, pour BBD, un livre sur le Net, c’est un livre piraté ? BBD ne connait peut être pas le succès du Kindle d’Amazon…rester dans la légalité, acheter un livre numérique et faire en sorte que l’auteur soit rémunéré, c’est possible et cela existe déjà.

Cette seule phrase est une incitation à diffuser massivement le livre sur la toile, c’est agiter un foulard rouge, comme Mme Albanel à l’époque pour j’aime les artistes… A quoi pensait BBD avec cette phrase ? Si c’était pour jouer les trolls, c’est fait. Si c’était pour buzzer et s’assurer de la diffusion de son livre, c’est peut être réussi…

Bref, encore une personne qui tape sur Internet en expliquant que c’est le mal et qui n’a manifestement pas compris comment cela fonctionnait…

Le jour ou j’ai voulu mourir.

L’article qui suit n’est pas de moi, mais de Stephan Urbach, un agent Telecomix. Il est en anglais et traduit dans la langue de Molière par Tris Acatrinei (que je remercie au passage, suivez la, vous ratez quelque chose sinon).

NB : le blog de Tris étant hors ligne, je vous livre une version « google cache ».


Je vais vous faire une confidence. Quelque chose de très personnel. J’ai voulu mourir.

J’avais tout planifié. J’avais organisé le comment. J’avais préparé mon matériel. J’avais écrit une liste permettant d’avoir accès à mes emails, mon serveur, mes sessions IRC et qui devait en être informé. J’étais dans une profonde dépression. Je ne voyais pas d’autre solution que d’en finir pour mettre fin à la souffrance que je pouvais ressentir.

La pression était trop forte pour moi. Depuis Janvier, je travaillais sur différents projets avec Telecomix et d’autres collectifs. Nous aidions les Egyptiens à rétablir leurs connexions Internet. Nous aidions les Syriens, les Libyens et beaucoup d’autres ne disposant pas de la liberté de parole dans leurs pays. Nous avons fait notre possible pour que leurs voix soient entendues malgré tout. Je me suis littéralement battu pour cela. Je me suis battu contre mon cycle de sommeil, mes habitudes alimentaires et mon besoin d’amusement. Il était devenu habituel que je reste éveillé plus de trente heures voire plus.

J’ai vu et écrit des choses que je ne considérais pas appartenir au champ des possibles. Ces derniers mois, j’ai aidé beaucoup de gens à être connecté à Internet, à libérer leurs paroles et à montrer au reste du monde ce qu’il en était vraiment. Certains se sont perdus en cours de route. Je ne les reverrais jamais et je ne sais pas s’ils ont tout simplement préféré prendre leurs distances, s’ils ont été arrêtés ou s’ils sont, tout simplement, morts. Je n’en ai pas le moindre putain d’idée et je ne le saurais jamais.

Chaque jour qui passe apporte son lot d’horreurs à travers le monde, relayé dans les médias, lot d’horreurs ne nous affectant pas directement. Les nouvelles ou l’absence de nouvelles de ces personnes avec lesquelles j’étais en contact , m’ont profondément affecté. Une pression pour aider ces personnes avait surgi, personnes qui combattent de manière tellement enragée pour leur liberté d’expression.

Plus nous aidions ces personnes,  plus je sentais que le niveau de responsabilité montait d’un cran.

Je ne pouvais plus dormir. Je buvais trop. J’ai fumé plus que de raison. Il n’y avait rien d’autres dans ma vie qu’aider d’autres gens. Mais j’ai fini par oublier ce qui était bon pour moi. Dormir, s’amuser, regarder des films, écouter de la musique. Passer du temps avec mes amis sans penser aux gens qui étaient sur le terrain et ce qu’il y avait à faire ensuite.

Un jour j’ai réalisé que j’étais perdu. Perdu dans une vie qui n’était plus la mienne. Perdu dans une vie où je ne m’occupais que des autres, qui me considéraient comme un héros. Personne ne voyait que j’étais juste un pauvre gosse qui voulait faire mumuse avec de la technologie et écrire des articles sur le futur de la communication.

Cette histoire s’arrête là : il fallait en finir. Je ne voyais pas comment faire autrement. Partir. Ne plus être un putain d’héros. J’avais prévu d’en finir le lendemain du Chaos Computer Camp. Tout était prêt. Mais c’est arrivé. Nous avons fermé le cluster d’hacktivistes dont je faisais partie. J’ai rencontré beaucoup de gens formidables « en vrai » sur place et beaucoup rencontrent le même problème. Mes amis étaient sur place et m’ont montré que la vie valait la peine d’être vécue.

Avec le reboot du cluster, je vais faire mon propre reboot. Je recommence à faire des projets pour moi. Je ne suis plus perdu. J’ai ma place sur la scène des hacktivistes et j’ai des amis partout à travers le monde. Je ne suis pas seul. De fait, ce que je considérais être un fardeau n’en est plus un. J’ai ouvert les yeux sur ce qui était important dans la vie : transmettre ce que l’on ressent. Et si le fait de transmettre ce que je ressens peut permettre à d’autres qui ressentent la même chose, de se sentir mieux, ça sera une bonne chose.

Il est temps de procéder au reboot.

Complément d’information sur une Interview

Hier, j’ai été contacté par un journaliste de RTS (http://www.rts.ch) afin de réaliser une « interview » téléphonique sur les Anonymous (interview entre guillemets, je ne remets pas en cause les capacités du journaliste de RTS (bien au contraire), simplement,  je n’aime pas énormément ce mot. J’ai l’impression de me la raconter un peu et, oui, je supporte pas ça).

Je viens d’avoir le lien pour télécharger l’interview, qui dure approximativement 5 minutes: http://download.rsr.ch/la-1ere/programmes/le-journal-du-matin/2011/le-journal-du-matin_20110817_standard_1er-developpement_eb1bdeb6-194f-4fc4-ba16-a18f5a76200e-128k.mp3

L’interview (au total) à duré environ 25 minutes, ce qui est trop long (normal) pour aborder un sujet d’actualité. RTS à donc choisi un ensemble de morceaux pour refaire quelque chose qui dure approximativement 5 minutes (ce qui ne me dérange absolument pas). De ce fait, des parties d’informations ne sont pas présentes et je profite de mon blog pour les ajouter (et contredire deux points, non liés au journaliste).

1er point (qui fait déjà débat) : le terme de hacker. L’interview me classe comme un hacker mais, pour replaçer les choses comme je pense qu’elles devraient l’être, je n’en suis pas réellement un, je m’explique : le simple fait d’utiliser un logiciel afin de réaliser du DDOS (je ne reviens pas sur l’aspect légal, ou non, de cette pratique) ne fait pas de moi un hacker, un kiddies tout au plus. Le hacking est un Art vaste (oui, un Art) et je n’en connais qu’une minuscule partie. Je préfère donc le terme d’hacktiviste (et encore) au terme de hacker. Les gus du Chaos Computer Club, oui, ce sont des hackers.

second point: les Anonymous sont présentés comme un groupe, une sorte d’entité dans laquelle tu peux rentrer, de laquelle tu peux faire partie…je ne suis pas totalement d’accord sur ce point. Pour vulgariser la chose : est Anonymous qui veut l’être. Il existe plusieurs représentation de l’idée Anon, sur le web et IRL (dans la vie réelle) mais, sur le web, il suffit d’une connexion à Internet, d’un logiciel et…roulez jeunesse! On ne peut pas dire « lui, il est chez les Anonymous » ou « lui il n’est pas chez les Anon », dans des échanges entre Mr Raphael Grand (le journaliste de RTS) et moi, c’est un point que j’avais précisé, pour des raisons de timming il n’est pas présent dans l’interview.

Ma philosophie: Anonymous est bulletproof. Anonymous est une idée, Anonymous est un idéal et les idées sont à l’épreuve des balles ;-). Chacun peut rejoindre ces idées, cet idéal, chaque personne est libre de s’identifier à ces idées, ou pas.

Les faits: oui, je vais être clair et jouer le carte de la transparence. Oui, j’ai été de ceux qui ont attaqués les sites du gouvernement tunisien, égyptien et libyen. Oui, j’ai été de ceux qui ont DDOS certains sites (et je sais que c’est illégal, ne me parlez pas de la loi, je sais précisément ce que je risque).

J’ai mes raisons : lorsque l’on coupe la parole à un peuple, lorsque l’on fait taire un massacre ou lorsque la Liberté d’expression disparait, si je peux faire quelque chose, je le fais, légal ou pas, je m’en contrefous. Je ne parle pas de légalité ici, je parle d’un peuple qui s’est fait massacrer et qui n’avait plus les moyens de s’exprimer (et si c’était à faire, je recommencerais). Je n’ai pas participé aux attaques d’#OpPayback avec Wikileaks, même si je suis d’accord avec le concept. Avouez que c’est étrange de couper les revenus de Wikileaks tout en laissant Kadhafi gérer ses comptes comme bon lui semble, n’est ce pas…

Dernier point: oui, je cautionne le fait que parfois, il faut franchir les barrières de la légalité, lorsque la situation l’impose. Est-ce légal de faire taire un peuple, un site d’information ou encore un blogueur parce que ce qu’il dit déplait à son gouvernement? Non. Pourtant, c’est ce qu’il s’est produit…alors, s’il faut, pour aider, faire quelque chose reconnu comme illégal, soit.

PS : mes paroles dans l’interview ne sont pas totalement justes et je donne l’impression que c’est Anonymous qui à sauvé la vie de personnes en Tunisie ou en Egypte, ce n’est pas le cas. « Nous » avons donné à ces peuples un moyen de s’exprimer lorsqu’ils n’en avaient plus, ni plus, ni moins (et les Telecomix ont fait bien plus, mais hélas, peu de gens parlent de de groupe alors que je pense qu’ils méritent notre plus grand respect).

Je pense avoir fait le tour de ce petit complément que je souhaitais ajouter /-).

PS (²) : petit message personnel. Je remercie Mr Raphaël Grand pour cette interview, son travail et son professionnalisme. Au global, mes propos ne sont pas déformés (ce qui m’a un peu fait peur, je dois l’avouer). Je regrette simplement le fait que le timming de l’interview simplifie les Anonymous à « un groupe » de hackers, l’ensemble – comme vous le savez 😉 – est plus complexe.

L’anonymat en ligne remis en question.

 

Blizzard avec son idée de forum, Facebook, certains politiques… et Google lui même sont en train de se pencher sur la question suivante : « Faut-il, ou non, permettre l’anonymat sur Internet? »

Analyse…

Avec plus de 750 millions d’utilisateurs, Facebook peut se vanter d’être la plus grosse plate-forme d’informations sur ses utilisateurs, ne serait-ce que parce que votre nom + prénom y figure, la plupart du temps.

Les récentes déclarations d’une directrice commerciale de Facebook confirment la volonté du réseau social à « tuer » l’anonymat sur Internet:

« Je pense que l’anonymat sur Internet doit disparaître. Les gens se comportent beaucoup mieux lorsque leur véritable nom est visible. Je pense que les gens se cachent derrière l’anonymat et ont le sentiment de pouvoir dire ce qu’ils veulent derrière des portes closes »

Même constat du côté de Google, ou Eric Schmidt (patron de Google) pense que l’anonymat sur Internet, c’est dangereux. Google+ est l’exemple parfait : les profils qui ne comportent pas de nom/prénom sont automatiquement suspendus. Google a depuis annoncé qu’il allait lâcher un peu de lest sur cette chasse aux pseudonymes.

Côté politiques, une proposition de loi de 2010 (et du député Jean-Louis Masson) proposait d’interdire l’anonymat sur les blogs, allant même jusqu’a demander, par exemple, une adresse postale ou un numéro de téléphone pour s’enregistrer…autant dire, la fin complète de l’anonymat.

Mon avis sur la question

Bien que je comprenne les points de vue de Google, Facebook & Co… je suis contre la levée de l’anonymat, il faut préserver la possibilité d’être anonyme en ligne. Certes, l’anonymat aide à délier les langues sur Internet et certains s’en servent pour tenir des propos injurieux, insultants, pour troller, … mais d’autres s’en servent pour parler de sujets sensibles ou de sujets qu’ils n’aborderaient pas s’ils n’étaient pas anonymes.

Imaginez un site parlant de drogue, de sexe, de votre travail (avec votre obligation de confidentialité) ou plus encore, imaginez être obligé de publier sous votre vrai nom dans un pays ou la censure politique fait rage? Difficilement concevable.

L’anonymat, même si je suis conscient qu’il pose parfois problème, c’est un vecteur de la liberté d’expression (et pas des moindres), sans lui, le contenu disponible fondrait comme neige au soleil.

Dernier point : le droit à l’oubli. Si vous avez un pseudonyme, ce dernier peut être lié à des choses parfois peu glorieuses, ou des mots clés étranges…et avec votre vrai nom? Un pseudonyme peut se changer, votre identité non.

Articles liés à ce billet : [Le blog du ma-gni-fi-que JCFrog] – [Numérama]

[Source de l’image]