Megaupload n’est plus, vive Megaupload.

Edit : Une riposte est en cours, des sites sont actuellement attaqués : le site justice.gov, Universalmusic également ainsi que le site de la RIAA. Ces attaques DDOS sont liées à AnonOps, une « ancienne » faction d’action d’Anonymous. Anonymous à souhaité se séparer de cette faction, jugée trop extrême dans ses actions (on leur doit notamment l’attaque échouée du New-York Stock Exchange et l’attaque contre Facebook).

Edit N°2 : Anonymous rejoint le mouvement, je vais essayer de tenir une liste des sites down (pour cause de DDOS) en temps réel :

01h48

– Copyright.gov
– Mpaa.org
– Riaa.com
– Universalmusic.com
– White House (http://www.whitehouse.gov/) est UP mais un DDOS serait en cours
– Justice.gov
– usdoj.gouv
– Hadopi.fr (qui ne charge pas ou très très lentement)
– BMI.com
– PUR.fr (le PUR #Fail, pardon…)
– doj.gov
– utahchiefs.org
– Wmg.com
– FBI.gov (mais le site résiste plutôt bien, gros ralentissements en ce moment-même)

Edit N°3 : fin de live à 02h17, le FBI est toujours down, je n’ai pas testé tout le reste, certains sites remontent, parfois.

Edit N°4 (22 janvier 2012) : un site présente la liste (hallucinante) des sites tombés sous un DDOS depuis le début de l’opération Megaupload : http://cylaw.info/?p=72

Article original : BREAKING NEWS !

Megaupload vient de fermer. Plus exactement, le FBI vient de faire fermer Megaupload, comme le dit Torrentfreak (http://torrentfreak.com/megaupload-shut-down-120119)  [en anglais].

Petite mise au point : ce n’est pas méga upload qui a fermé mais l’ensemble de « l’univers méga » : Megastuff.co; Megaworld.com;  Megaclicks.co; Megastuff.info; Megaclicks.org ; Megaworld.mobi; Megastuff.org; Megaclick.us; Mageclick.com; HDmegaporn.com; Megavkdeo.com ; Megaupload.com ; Megaupload.org; Megarotic.com; Megaclick.com; Megavideo.com; Megavideoclips.com et… Megaporn.com (Source… oui, ils ont fermé un site de pr0n alors qu’Internet is made of cats and pr0n :().

Techniquement, c’est donc 4% du trafic mondial d’Internet qui s’effondre ce soir !

Comment le site a fermé : simple, le FBI l’a fait fermer pour infraction d’un ensemble de loi sur le copyright.

Petite précision, le FBI n’a eu aucun mal à couper Megaupload… Après quelques échanges avec l’ami Erebuss il y a déjà quelques mois, nous avons appris qu’une partie des serveurs de « l’univers méga » étaient hébergés sur la même AS (pour résumer, un élément technique sur Internet) que le F.B.I, en Virginie.

L’AS en question fait partie des membres de carpathia (http://www.robtex.com/asmacro/as-carpathia.html) et, accessoirement, le FBI et « Mega » étaient sur le même peer , allez vérifier par vous-même si vous croyez que tout ceci est une blague (http://www.robtex.com/as/as33566.html) et même le Département de la Défense des Etats-Unis est dessus, http://www.robtex.com/as/as668.html (et relisez bien l’ensemble des données, c’est long, mais instructif).

Oui, Carpathia hébergeait donc le FBI, le DOD et Megaupload, normal quoi. Dès lors, il était facile d’éteindre la liaison de megaupload.

Je sais ce que vous êtes en train de vous dire : « il va revenir Megaupload, ce n’est pas grave ». Là, vous voyez, j’ai comme un gros doute : il n’y a pas que Megaupload qui a été arrêté :

–    Kim Dotcom, le PDG de « méga »
–    Finn Batato, le responsavle marketing, en Allemagne
–    Julius Bencko, le designer, en Slovaquie (pas arrêté, il est en fuite)
–    Sven Echternach, le directeur technique (pas arrêté, il est en fuite)
–    Andrus Nomm, développeur en chef des produits chez « Mega » (pas arrêté, il est en fuite)
–    Bramos (Bram van der Kolk), LE mec qui était responsible de toute l’infrastructure réseau « Mega »

Il est donc peu probable que Megaupload refasse surface de sitôt.

Les faits reprochés sont détaillés, ici : http://www.justice.gov/opa/pr/2012/January/12-crm-074.html, c’est en anglais mais la lecture de tout ceci est très instructive. (suite à un DDOS d’AnonOps, une ancienne faction d’Anonymous, le site est hors service pour l’instant).
Pour information, il faut savoir que Kim Dotcom était déjà sous étroite surveillance depuis des transactions financières anormales, à savoir 30 millions de dollars pour un manoir : http://www.nzherald.co.nz/nz/news/article.cfm?c_id=1&objectid=10626044 (et oui, le crime paye toujours autant </troll>).

Est-ce que c’est mal que Megaupload soit tombé ?

Quitte à choquer, je trouve que ce n’est pas plus mal. Avant de vous enflammer, merci de lire la suite.

Ce site n’était pas « en soi » un site de partage. Il convient de donner ma définition du partage : c’est un échange non commercial entre deux personnes. Megaupload ne répondait ni à la première condition, ni à la seconde.

Pas à la première car Megaupload était un site commercial et pas la seconde car le principe de Megaupload n’était pas vraiment le partage.

D’un côté, vous aviez un gus qui envoyait un fichier sur un site et qui n’avait rien en retour. De l’autre, vous aviez des gus qui récupéraient un fichier, sans le partager pour autant.

C’est peut-être ma définition du partage, vous ne la partagez peut-être pas, mais voilà comment je vois le partage. Megaupload a facilité l’échange de fichiers mais a littéralement tué le partage.

Je sais, c’est un peu brutal comme réaction mais bon… et puis « l’univers Mega » avait une faille dangereuse : tout était centralisé, là où les vrais systèmes de partage sont acentrés ou décentralisés.

Pour les afficionados du DDL (le téléchargement direct), rassurez-vous, il existe d’autres solutions dont vous entendrez parler ces prochains jours.

Il n’y a qu’un point qui me dérange vraiment : la manière dont tout ceci a été fait : le site à été débranché, ils ont été arrêtés, sans jugement, sans procédure judiciaire, … et ça, chez moi, c’est de la censure pure et simple.

EDIT : manifestement si, un mandat d’arrêt international était lancé conte les membre de « Mega » : http://www.scribd.com/doc/78786408/Mega-Indictment (merci @ericfreyss pour l’information)

Megaporn, quand même … 😀

Un an.

« – Fais attention à toi, vraiment, ça commence aussi à éclater là-bas. »
« – Ne t’en fais pas, ça ira, je suis loin des conflits, et puis c’est chez moi. »

Se furent ses dernières paroles avant de partir.

Un an aujourd’hui, comme le temps passe vite. Si moi je suis encore là pour en parler, elle elle l’est déjà moins. Ou peut-être pas. Je ne sais pas en fait.

Qu’est-elle devenue ? Est-elle toujours vivante ? Est-elle rentrée sans que nous reprenions contact ? Tant de questions sans réponses.

Peut-être est-elle en train de lire ces lignes à l’instant ou je parle ?

Je m’en souviens encore, c’était dans la nuit du 18 au 19 : un écran, une fenêtre IRC et beaucoup de café. Qui pouvait réellement savoir ce qui allait se passer ?

« – Tu as vu, l’Égypte, ça s’enflamme vraiment cette fois-ci ? »
« – Oui, j’ai vu. »
« – Ça va ? »
« – Non »
« – Pourquoi ? »
« – Parce que c’est mon pays, que ma famille vis la bas, que j’ai peur pour eux. »
« – Tu ne m’en as jamais parlé, même si nous ne causons pas ensemble depuis longtemps, t’en avais jamais parlé avant »
« – Je sais, je parle pas de tout tu sais. »
« – Oui »
« – Je sais pas quoi faire, j’ai peur. »

Et moi, bien intelligent de répondre : « – hormis penser à eux, d’où tu es, tu ne pourras rien faire physiquement. »

« – Je vais rentrer. »
« – Pardon ? »
« – Je peux pas rester pendant qu’ils se cassent le cul et se font matraquer la gueule »
« – … désolé, oui. »
« – Puis il y IRC et j’ai trouvé ton facebook »
« – Non, pas IRC, pas comme ça en tout cas, ça sera pas sur pour toi, le gouvernement va (si c’est pas déjà le cas) écouter Internet, Mubarak est présenté comme un danger et pour facebook, le traffic est ou sera détourné pour faire taire les gens si ça claque, faut pas se leurrer. Donc non, on va faire autrement. »
« -On fait comment alors ? »

Et me voilà parti dans TOR, OTR pour se protéger, le passage d’une connexion IRC en SSL, les petites choses de la vie qui protègent, GPG, j’en passe encore.

La machine était lancée mais, à cette époque là, je ne le savais pas encore.

« – Fais attention à toi, vraiment, ça commence vraiment à éclater la-bas. »
« – Ne t’en fais pas, ça ira, je suis pas non plus direct dans les conflits, et puis c’est chez moi. »

Et elle à fermé IRC.

Nous étions tous deux loin de s’imaginer la suite des évènements : la révolution en Tunisie se terminait, je l’avais observé avec elle, nous avions relayé des informations. Puis ce fut l’Egypte, la Libye, la Syrie et dans bien d’autres pays encore, ceux dont les médias français ne parlent pas parce qu’ils ne sont pas intéressants ou parce que notre président ne pourra pas en tirer de mérite.

Un an aujourd’hui.

Beaucoup de choses se sont déroulées en un an, de belles choses lorsque les peuples retrouvaient leur liberté d’expression, lorsque les Internets étaient remis en place et surtout, lorsque l’on se disait « ok, pour eux tout ira bien. La suite maintenant, c’est quoi ? »

Un an passé à travailler de mon côté, avec mes p’tits bras pour aider comme je pouvais pour faire sortir l’information, un an composé de beaucoup d’articles sur ce sujet, beaucoup de mails, de conversations…

L’année qui s’achève est également remplie de fatigue, pour plein de raisons. S’aventurer dans ce chemin et essayer d’aider, c’est accepter de prendre du recul, de se dire « non, t’es pas Superman, tu peux pas sauver tout le monde non plus ». C’est un chemin parfois rempli de décisions lourdes et où il faut faire attention et ne jamais baisser sa garde. Car toi, pendant que tu as le cul sur ta chaise à parler et à diffuser, eux, ils sont dehors, parfois à courir pour ne pas se faire attraper. On m’a aussi dit (et encore récemment) « Big Boys don’t cry ». Foutaises.

Un an aujourd’hui et pas forcément que des bonnes choses non plus.

J’ai appris à me méfier un peu plus des gens et, surtout, de ceux qui veulent faire mieux. Le mieux, c’est l’ennemi du bien.

J’ai aussi appris à « accepter ». La perte d’un contact, d’une personne, la réponse à un mail qui n’arrive pas … même si c’est parfois difficile de ne pas se dire « j’ai fait un truc mal si ça se trouve. »

J’ai appris à penser à moi aussi, histoire de ne pas craquer, en restant connecté, j’ai appris à débrancher pour mieux rebooter. Enfin, j’ai appris à prendre des claques dans la tête.

Un an aujourd’hui et pourtant, la situation en Tunisie, en Égypte et ailleurs ne semble pas vraiment meilleure qu’avant.

Je suis toujours dans le même livre, j’ai juste tourné quelques pages et je ne connais pas encore la fin de tout ça. Ce que je sais en revanche, c’est que lorsque je me dis que tout ceci ne sert à rien, je n’ai qu’à revenir au début, cette soirée du 18 janvier 2011.

Poutine n’aime pas Internet et les Internets le lui rendent bien.

Ce billet n’est pas de moi mais de Tris Acatrinei.

Le Monde publiait dimanche un article sur Vladimir Poutine, qui a enfin ouvert son site Internet, lui qui se vantait de n’avoir jamais écrit un seul email de sa vie. Dans une logique d’ouverture ou de démagogie, allez savoir, il a laissé un espace aux commentaires des internautes.

Commentaires qui laissaient relativement peu de place à l’imagination puisque 75% d’entre eux encourageaient M. Poutine à faire son Jospin. C’est là où on voit les erreurs de débutants puisque les commentaires n’avaient pas fait l’objet d’une modération a priori. Erreur rapidement réparée par un community manager qui a entrepris de faire le ménage dans les commentaires. L’anecdote est savoureuse et a de quoi égayer un dimanche d’hiver.

Mais le plus choquant n’est pas tant l’attitude de Poutine sur laquelle on ne fonderait de toutes façons aucun espoir mais plutôt les commentaires des lecteurs du Monde qui voient dans cet article une vendetta anti-russe et soupçonne le journaliste de partialité.

La Russie et les Internets, c’est une histoire d’amour à base de je t’aime moi non plus, teintée de schizophrénie. La criminalité informatique y est fleurissante : la bonne partie des virus informatique proviennent de Russie, on dénombre du trafic d’armes, de la pédo-pornographie, du blanchiment d’argent sans que les autorités compétentes n’y trouvent rien à redire – et pour cause puisque je les soupçonne fortement d’y trouver leurs comptes – mais les internautes font l’objet d’une surveillance à peine discrète et c’est Reporters Sans Frontières qui le dit. (http://fr.rsf.org/russie.html)

Qu’on se rassure, la plupart des pays de l’ancien Bloc de l’Est sont dans une situation plus ou moins similaire.

Mais c’est la Russie de Poutine qui est dans le collimateur. Peut-être parce que son régime un brin autoritaire cherche à devenir tentaculaire.

Qu’a donc essayé de faire l’aspirant chef du Gouvernement ? A montrer une sorte d’ouverture ? Qu’il était à l’écoute ? Pour cela il faudrait qu’il oublie de se présenter.

Et si c’était trop tard ? Les Révolutions Arabes ont montré qu’un dirigeant qui se réveillait au dernier moment pour essayer de s’allier les internautes pouvait assez mal finir.

Les internautes ne sont pas dupes. Internet est l’espace le plus propice à la contestation, à l’explosion de colère, à la fermentation des germes de la révolte. On ne contrôle pas Internet et encore moins les internautes.

Tout comme la plupart des pays de l’Est, la Russie n’a fondamentalement pas beaucoup changé depuis la chute de l’URSS. La différence notable réside dans le fait que ceux qui s’en mettaient plein les poches de manière très discrète sous le soviétisme le font de manière beaucoup plus ostentatoire maintenant.

Et la liberté d’expression me direz-vous ? Foutaises. Il suffit de voir la carte de Reporters Sans Frontières (http://fr.rsf.org/IMG/pdf/carte-2011-2.pdf ) pour se rendre compte qu’il y a des choses qui continuent à être taboues dans les médias, qu’ils soient mainstream ou confidentiels. Or, à partir du moment où la presse n’est pas libre de s’exprimer, c’est que les personnes ne le sont pas. Ce qui est une raison suffisante pour que la grogne s’intensifie.

Et lorsque les internautes se révoltent, les choses peuvent effectivement devenir difficiles pour les gouvernements en place. Surtout dans un pays avec une superficie et une population importante. Sauf que personne n’a intérêt à ce que les Russes refassent une Révolution.

Car une Révolution Russe ébranle toute cette zone géographique : les pays de l’Est, les anciens Républiques Soviétiques, mais également la Chine. Et personne n’a envie que cette région devienne incontrôlable. Et en disant personne, il faut comprendre les différents gouvernements.

Oui, le silence des Russes arrange bien des gens. Mais il faut se méfier des grognes URL qui peuvent très rapidement devenir IRL. Et lorsque cela arrivera, les choses seront beaucoup plus compliquées.

Il était une fois l’ARJEL.

Je vais vous raconter une petite histoire :

Il était une fois un vice, celui des jeux d’argents. Dans un tout petit pays, la France, tout le monde savait que les jeux d’argents étaient addictifs mais, pour le petit roi de ce petit pays et les gros lobbies français des jeux d’argents en ligne, ce n’était pas assez. Le président eut alors une idée : forcer le passage pour la création d’une autorité « indépendante » de régulation des jeux en ligne.

Il voulait que cette autorité puisse « valider » des sites de jeux d’argent en ligne comme étant légaux, ou non. Avec un label délivré par l’ARJEL, le site d’argent pourrait fonctionner en France.

Les gros lobbies voulaient que SEULS les sites validés soient accessibles, alors ils eurent une idée : demander à l’ARJEL de faire bloquer les autres sites, ceux que l’autorité n’avait pas validé.

C’est ainsi qu’un premier janvier de l’an 2012, un décret fut publié. Décret qui sacralise le filtrage par DNS. Ainsi le gouvernement français fit du blocage DNS le blocage « par défaut »,  se rapprochant encore un peu plus d’une boite de pandore qu’il ne faut pas ouvrir : celle du filtrage préventif et généralisé.

Fin de la gentille histoire, passage aux faits :

L’article 1 du décret généralise le filtrage par DNS par défaut, c’est-à-dire que l’on bloque le nom de domaine directement. Les opérateurs (F.A.I) pourront cependant filtrer d’une autre façon s’ils le souhaitent (et croyez-moi, il y à pire que le blocage DNS et m’est d’avis que certains F.A.I vont vouloir bloquer autrement), ils ne seront cependant pas indemnisés des frais engagés dans la procédure de blocage dans ces cas-là.

Ce premier article pose deux problèmes : Les F.A.I peuvent bloquer comme ils l’entendent, traduction : laisser un flou technique dans ce blocage, c’est accepter les pires techniques de blocage possibles, le décret n’imposant pas explicitement une méthode.

Second point, l’efficacité de ce blocage : Le blocage par DNS n’est efficace que sur un DNS, il suffit donc de changer ses serveurs DNS pour contourner le blocage. Dès lors, où est l’intérêt d’un blocage par DNS ? La réponse est simple : nulle part.

Benoit Tabaka (le secrétaire du Conseil National du Numérique, une personne au point sur le droit) m’expliquait ce matin qu’a priori, une injonction judiciaire imposait une obligation de résultat, c’est-à-dire que le site ne doit plus du tout être accessible. Si on résume donc, le gouvernement considère le blocage DNS comme blocage par défaut, ce dernier n’est pas efficace. Le blocage sur injonction judiciaire sous-entend une obligation de résultat. Le blocage par DNS ne peut pas garantir ce résultat. Je crois que vous avez compris le truc, c’est un serpent qui se mord la queue si on reste sur un blocage par DNS.

Les  F.A.I seront alors tentés de bloquer autrement, afin d’être plus efficace… mais comme précisé juste avant, le gouvernement ne demande pas un autre blocage (et en même temps, ne l’interdit pas).

La façon dont le décret est rédigé est mesquine car elle demande un blocage efficace en considérant par défaut un blocage qui ne l’est pas (celui sur les DNS), c’est, pour l’Etat, une façon de se dédouaner d’un éventuel sur blocage ou d’une éventuelle inefficacité de ce dernier (aussi astucieux que mesquin et dangereux).

Les articles suivants portant sur les modalités d’indemnisation et ce billet ne s’y intéressera que très peu, PCInpact ayant déjà fait une très bonne analyse du problème.

Une question me vient : vers quoi ce décret nous dirige ?

J’ai une éventuelle réponse et elle risque de vous déplaire : vers un filtrage national et généralisé. Dans un précédent rapport de l’ARJEL, il était question de créer un « truc national » qui s’occupe de gérer la liste de noms de domaines bloqués, de mettre à jour cette liste et d’éventuellement intervenir en amont des DNS, sur les BGP. PCInpact s’interroge à juste titre : est-ce que ce décret ne serait pas la première brique du « truc national » ?

La fin de l’histoire n’est pas « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants », mais plutôt « et c’est ainsi que le filtrage généralisé s’invita en France. Ce fut la première brique du régime de censure que nous connaissons actuellement ».

Deux points pour finir, peu factuels cette fois :

–          l’ARJEL vous enfume. Elle prétend contrôler les jeux d’argent en ligne afin de vous protéger des addictions à ces derniers mais la réalité est différente : elle s’en tape.

Ce qui l’intéresse, c’est qu’à la fin du site ou vous aller claquer toute votre thune, il soit inscrit « .fr », c’est tout ce qui compte. Dépensez tout votre argent dans les jeux en ligne, dépendez de ces derniers, tant que c’est un « .fr », c’est parfait.

–          Le blocage par DNS va créer un écart d’accès à certains sites entre les personnes qui savent contourner un blocage DNS et ceux qui ne le savent pas. Peu à peu, nous entrons dans un Internet plus trop neutre et qui n’est plus trop Internet et ça, trop peu de gens en sont conscients.

Le petit guide officieux de l’officiel futur dissident Français. Étape 3.

Suite et quasi fin de la série de billets ”Le petit guide officieux …” dont la première partie se trouve ici et la seconde .

Après l’action, la réaction.

Je suis encore convaincu qu’il reste de l’espoir dans tout ceci, qu’il ne faut pas se résigner et donc, que parler de réaction est peut-être un peu prématuré. Seul l’avenir me dira si j’ai raison ou non. En attendant, je vais donc parler d’anticipation plutôt que de réaction.

1 Anticipation

Comme lors du précédent billet, je vais essayer d’être le plus précis possible sans pour autant tomber dans un billet imbuvable (par sa longueur). Je vais également essayer de garder un discours le plus neutre possible d’un point de vue technique, à ce titre, si quelque chose est trop technique, les commentaires sont là, n’hésitez pas à me le signaler.

1.1 La carte nationale d’identité

Bien, pour celles et ceux qui ne souhaiteraient pas de cette carte d’identité, rassurez-vous, c’est (encore) possible. En effet, il existe d’autres moyens d’identification qui ont tout autant de valeur que la fameuse carte d’identité.

Il faut savoir que la Carte Nationale d’Identité n’est plus obligatoire depuis 1955 mais, que dans de nombreux cas, il est préférable d’en avoir une (pour un paiement par chèque par exemple, mais aussi pour des formalités administratives ou encore pour sortir du territoire).

Maintenant que ce point est éclairci, allons donc voir ce que nous disent les sources officielles.

Tout document délivré par une administration publique (à partir du moment ou le document présente une photo) peut être considéré comme une pièce d’identité. La C.N.A.V (Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse) nous donne un état des lieux assez précis des documents pouvant être utilisés comme pièce d’identité :

Sont donc réputées comme recevables les pièces d’identité suivantes :

Pour finir, la C.N.A.V aborde les pièces d’identité :

  • décret de naturalisation et/ou de francisation
  • carte d’identité- certificat de nationalité
  • carte de séjour
  • carte de résident
  • passeport

D’autres documents sont consultables ici et .

Vous l’aurez donc compris, la CNI (Carte Nationale d’Identité) numérique, prochain ”mouchard” pour le fichage de la population française, n’est pas la seule pièce d’identité admise. Je ne suis pas en train de vous dire de faire ou ne pas faire quelque chose, je présente juste les faits.

La suite porte uniquement sur les Internets, je vais tenter de présenter une série d’outils qui peuvent vous permettre d’avoir ”un peu plus” de vie privée sur votre/vos claviers (et accessoirement, de pouvoir parler à quelqu’un sans que ce message remonte ailleurs).

NB : ce billet présente juste une série d’outil, en aucun cas je ne peux être tenu responsable de l’utilisation faite de ces derniers (que ces utilisations soient à bon ou à mauvais escient).

2 Les outils du cyber dissident

2.1 TOR

TOR signifie « The Onion Router« , c’est un système de routeurs organisé sur différentes couches (qui s’appellent d’ailleurs nœuds).

Le principe est simple : vous passez par TOR pour naviguer, envoyez votre requête (par exemple ”pixellibre.net”) sur le réseau, votre point d’entrée TOR va chiffrer votre demande. Un premier nœud va récupérer votre demande. Ce nœud connaîtra votre adresse IP (si vous n’utilisez que TOR), va déchiffrer une partie de la demande et la transférer au second nœud, qui va faire la même chose que le nœud N°1, puis transférer votre demande au troisième nœud et ainsi de suite. On parle d’Onion car il existe un ensemble de couches (comme un oignon) capables de communiquer ensemble afin de faire aboutir votre requête.

Premier problème : c’est lent, très lent, très très lent…mais moins que Freenet. A l’heure de l’immédiateté de tout, ce n’est pas pratique. De par sa structure, le réseau en oignon fonctionne à vitesse réduite.

Second problème : TOR ne gère q’une partie du réseau. Certaines requêtes (sur des DNS par exemple) ne passent pas sur TOR, cela répresente un problème de confidentialité. Le flash, le Javascript ou encore certains plugins renvoient directement votre adresse IP, TOR n’est donc d’aucune utilité ici. La solution revient à bloquer le javascript, le flash, … afin de contrôler parfaitement votre navigation.

Malheureusement, de plus en plus de sites ont des modules en Flash et en Javascript, en les bloquant, vous vous privez donc d’une partie du site.

Installation : afin de garder un billet buvable, je vous invite à visiter la wiki de Korben sur TOR, elle est accessible, disponible pour les utilisateurs Windows, Mac OS et Linux.

2.2 Le VPN

Le VPN c’est un réseau qui fonctionne sur un autre réseau. Oui, Internet fonctionne ainsi aussi, VPN c’est pour « Virtual Private Network« , réseau privé virtuel quoi.

Le VPN permet tout plein de choses, je vais me concentrer sur ”la fonction qui va bien”, à savoir la confidentialité de vos échanges sur Internet.

Le principe : lorsque vous êtes sur Internet, vos données (ou plutôt votre connexion) est écoutée (ou peut l’être), côté vie privée, c’est pas le pied… c’est là que le VPN devient sympa. Le VPN vous permet de chiffrer vos données (on parle de paquets) entre vous et lui, ce qui est bien pratique lorsque l’on a pas envie que ses données passent en clair sur une ligne.

Exemple : je suis sur un point d’accès public dans ma ville, je me connecte à Facebook, Gmail (en http) et à plein d’autres sites. Si je ne passe par sur un VPN, il suffit que quelqu’un écoute le point d’accès pour savoir ce que vous faite et pour que, potentiellement, cette personne vole vos identifiants et mots de passe.

Avec le VPN, c’est impossible !

Le tunnel VPN (la liaison entre vous et le serveur de l’autre côté) va s’occuper de chiffrer l’ensemble de votre communication, si quelqu’un essaye d’écouter votre connexion, il ne verra « rien ».

« rien » parce que ce n’est pas totalement vrai, malheureusement. Il existe en effet des choses que le VPN ne peut pas faire (et ne sait pas faire pour l’instant).

Les communications entre le VPN et Internet sont et restent en clair. Cela signifie que si quelqu’un arrive à écouter la sortie de votre VPN, c’est cuit. Il faut donc faire attention au fournisseur de solution VPN que vous choisissez et, dans l’idéal, le but c’est de ne pas choisir un fournisseur Français (puisqu’il pourra vous écouter à la sortie du tunnel).

Certaines façons de faire fonctionner un VPN ne sont pas totalement silencieuses, on parle alors de fuite au sein du VPN, c’est par exemple le cas des serveurs DNS sur certains VPN (les DNS sont comme des annuaires du web, qui vous font passer de http://www.orange.fr à 193.252.122.103. Donc, il est possible de savoir où vous allez naviguer dans ces cas là.

Telecomix à expliqué (en 2010) que le protocole IPv6 (nous sommes encore majoritairement sur l’IPv4) n’était pas protégé lorsque le tunnel VPN était en PPTP (une des façons de construire un VPN).

Dernier point : une liaison VPN, ça peut se déconnecter et, si cela arrive, vous re basculerez sur votre IP classique et serez donc exposés à un potentiel risque. Heureusement, il existe des solutions pour qu’une liaison VPN ne se déconnecte pas 🙂

Je vous invite à vous renseigner du côté d’OpenVPN pour une solution de confiance, Google est votre ami (et Korben également).

2.3 GPG

GNU Privacy Guard est une solution de chiffrage et de signature de mails, le premier assurant la confidentialité de votre message et le second, l’authenticité de son expéditeur.

L’avantage de GPG c’est qu’il existe sous plein de formes différentes : il est intégré sous beaucoup de systèmes Linux, existe sous Mac et sous Windows mais également sous Firefox, Kmail (un client de messagerie), Symbian (l’ancien système des téléphones Nokia), Android (mais dans une version que je considère encore instable, l’utilisant moi même).

Le principe : basé sur un jeu de clés (une clé publique qui est… publique (comme son nom l’indique) et une clé privée (qui vous sert à chiffrer vos mails et qu’il faut garder précieusement et en sécurité), vous chiffrez vos mails.

En utilisant la clé publique de l’autre personne dans un système GPG, vous chiffrez votre message de telle sorte que la seule personne qui pourra lire le message soit le destinataire (et propriétaire de la clé privée, sésame qui permettra de déchiffrer le mail (avec votre clé publique).

Exemple : voici un passage de l’article :

L’anticipation
Comme lors du précédent billet, je vais essayer d’être le plus précis possible sans pour autant tomber dans un billet imbuvable (par sa longueur). Je vais également essayer de garder un discours le plus neutre possible d’un point de vue  technique, à ce titre, si quelque chose est trop technique, les commentaires sont là, n’hésitez pas à me le signaler.

Voici sa version chiffrée :

—–BEGIN PGP MESSAGE—–
Version: GnuPG v2.0.17 (MingW32)

hQIMA+oiluKYgjbrAQ//exVn7ovbDoL6YzDd7eqW0n8w74UzDyVJxkH1zGURV9sQ
1E4LyyjoicRvqEk4a2sfa385lZ9VWXvPs76g+oTIt5gMwZrS5KObqTqKkZfKQd2U
M5R1vQX3RwbYPqsL3vvQVkUcqv0Zl7z63h7qnLQI665oV2JWZO9eLfApzvO0M4vD
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—–END PGP MESSAGE—–

J’ai chiffré et signé ce message. Cela signifie que seule la personne à qui il est destiné pourra le lire. Pour cela, il m’a fallu sa clé publique et lui aura besoin de la mienne, mais ce n’est pas tout. Seule la partie clé privée pourra déchiffrer le  message, (comme ça, si quelqu’un à ma clé publique mais que le message ne lui est pas destiné, il ne pourra pas le lire).

C’est peut être plus parlant avec cet exemple et vous voyez immédiatement l’intérêt : être sur que ce que vous êtes en train de dire à quelqu’un, par mail, ne soit lu QUE par cette personne. Je vois vois venir : ”si j’ai besoin de ça, c’est que j’ai des choses à cacher ». Félicitations, la propagande fonctionne sur vous. Personnellement, lorsque j’envoie un mail à quelqu’un, ce n’est pas pour que 50 serveurs et quatre gus le lisent entre temps.

Cet outil est important car il vous assure une énorme sécurité dans vos communications et l’assurance que personne ne pourra lire vos échanges. Imaginez cet outil en Tunisie, en Égypte ou encore en Libye, c’est une assurance vie (combiné à d’autres outils).

Seul vrai problème, c’est la clé : la communication de ces clés doit se faire avec soin, imaginez qu’une fausse clé arrive et que vous vous l’utilisiez, pensant que c’est la bonne ? Imaginez que vous égarez votre clé USB ou qu’on vous la vole, avec la clé privée dedans ? Si vous égarez votre clé, tout votre système tombe à l’eau, idem si la clé n’est plus réputée comme sécurisée. Soyez donc prudents !

J’arrête ici pour l’instant, mais il me reste encore beaucoup de choses à vous présenter : I2P et Freenet en particulier (mais aussi le SSL, chiffrer ses mails sur Symbian, Android, …, les proxys, la stéganographie, … * trois heures plus tard* et bien d’autres encore !

Un dernier point cependant : si vous-êtes en train de vous dire que vous n’avez rien à cacher donc que cela n’est pas pour vous, c’est que vous ne vous souciez pas que votre privée soit respectée. A première vue on peut se dire que ces outils là, si on les utilise, c’est que l’on a quelque chose à cacher… c’est peut-être simplement une envie d’avoir MA vie privée, sur Internet.

Vrai dernier point : le chiffrage et la crypto à l’échelle d ’un peuple, c’est s’assurer que absolument PERSONNE ne soit capable de suivre le rythme. Pour déchiffrer et écouter, il faut du temps, des Hommes et de l’argent hors, si 65 millions de personnes se mettent à tout chiffrer, aucune instance de l’état ne sera capable de suivre.

Et si on chiffrait tout ?

La suite pour bientôt, dans un ultime billet sur le sujet.

Le petit guide officieux de l’officiel futur dissident Français. Étape 2.

Comme vous l’aurez compris, ce billet fait suite au dernier billet du blog, que je vous invite à consulter avant de passer à la suite.

Dans ce billet, je vais essayer d’expliquer plus en détails la première phase. Cette fois-ci, vous allez avoir droit à des faits, des cas concrets, toussa toussa.

L’action :

Lors du précédent billet, j’abordais le problèmes des dérives sécuritaires liées aux différentes évolutions de la loi dans divers domaines (sécurité, sécurité des données, propriété intellectuelle, …) mais, en pratique, comment se manifestent ces dérives ? Ce billet se présente donc comme une sorte de résumé de tout ce qu’il se passe actuellement dans notre pays. Merci à l’ami @Cabusar pour les idées apportées lors du dernier billet, elles sont présentées ici.

Tout d’abord, et afin de bien comprendre tout le reste, il faut parler d’une notion importante : l’inconscient collectif. C’est un avis strictement personnel mais j’ai l’impression qu’il fonctionne énormément (et principalement au travers des médias « mainstream », mais pas que).

Qu’est-ce que l’inconscient collectif ?

C’est un ensemble de choses, de codes et d’actions qui conditionnent certaines de nos pensées ou réactions. Ces choses peuvent exister depuis la naissance, être liées à un pays ou à une culture, une religion, …

Un des exemples que j’aime prendre, c’est celui des enfants : la plupart des filles jouent avec une mini-cuisine, les garçons jouent à la guerre comme on dit. Ce simple fait représente, selon moi, une partie de l’inconscient collectif.

Inconscient parce, lorsque vos parents sont allés vous acheter quelques jouets, la première fois, c’était en fonction de votre sexe et non en fonction de vos envies (je trouve les jouets des tout petits relativement neutres). Pour appuyer cette impression, réfléchissez un instant : imaginez votre fils jouer avec des poupées et ceci jusqu’à 6-7 ans ou plus. Que ressentez vous?

Pour avoir un couple d’amis dans cette situation, ils se sont inquiétés : « Pourquoi ? » « Qu’est-ce qui arrive ? » « Pourquoi n’est-il pas comme tous les autres ? ».

Voyez-vous ou je veux en venir ?

Le fait que votre enfant ne « rentre pas dans les petites cases » inquiète, parce que depuis longtemps, les hommes font la guerre et les femmes jouent avec des poupées et sont dans la cuisine. C’est un peu ça, l’inconscient collectif. Une sorte d’intelligence capable de réfléchir inconsciemment à l’échelle d’une planète et, par la suite, de faire adopter un schéma de pensée et de réactions qui sont plus de l’ordre du réflexe que de la pensée consciente. (Le cycle de Fondation est définitivement quelque chose de passionnant).

Partant de cet inconscient collectif, je vais essayer d’expliquer ce que j’entrevois des dérives sécuritaires, en France. Je vais tenter d’être le plus neutre et le plus factuel possible afin de ne pas faire de parti pris.

La CNI (Carte d’Identité Nationale) numérique :

La nouvelle carte d’identité est validée depuis peu, elle se présentera sous la forme d’une carte à puce qui contiendra un ensemble de données vous concernant, au format numérique. La base de départ de la nouvelle CNI est totalement légitime (comme à chaque fois) : lutter contre les fraudes, la falsification de cartes d’identité, pouvoir trouver plus facilement les usurpateurs d’identité. C’est un but louable.

Les données de la CNI seront conservées sur un fichier central, ce qui selon moi représente déjà un problème de sécurité et de confidentialité  des données, la CNI contenant un ensemble de données assez privées.

Des critiques ont été formulées sur le sujet de la CNI. En effet, les données de la CNI devaient-être conservées au maximum 15 ans, hors, ce délai semble absent de la proposition de loi adoptée. On peut légitimement se demander l’intérêt de converser des données personnelles ad vitam. Une autre problématique est soulignée : cette CNI est censée faciliter la lutte contre l’usurpation d’identité, la CNI devenant la nouvelle carte d’identité, chaque demande de carte entraînera un fichage d’une personne et, à terme, cela va créer une base de données de la population française.

L’inconscient collectif entre alors en jeu. Cet inconscient existe aussi en politique, soit à grand coup de peur, soit à grand coup de logique implacable (cf. l’exemple des antibiotiques dans mon précédent billet). La logique voudrait que l’on se pose des questions sur la CNI et pourtant, essayez dans votre entourage, c’est loin d’être le cas, personne ne voit où est le problème dans le dispositif.

Voir Claude Guéant dire qu’il est pour que les forces de police puissent se servir du fichier central, le voir dire qu’il est indécent de s’opposer « à ce que la justice utilise tous les moyens pour faire triompher la vérité » devrait nous faire bondir, éveiller nos sens, se dire que c’est trop gros pour-être vrai, et neutre.

Voir ce passage devrait également nous faire bondir :

Éducation dès l’école maternelle, les enfants utilisent cette technologie pour rentrer dans l’école, en sortir, déjeuner à la cantine, et les parents ou leurs représentants s’identifieront pour aller chercher les enfants.
Introduction dans des biens de consommation, de confort ou des jeux : téléphone portable, ordinateur, voiture, domotique, jeux vidéo
Développer les services « cardless » à la banque, au supermarché, dans les transports, pour l’accès Internet,

Ce passage résume à lui tout seul la technique d’acceptation du contrôle : instaurer un contrôle dès la plus tendre enfance afin que cela ne choque plus personne, afin que cela rentre dans les habitudes, dans l’inconscient collectif. Faire en sorte que cela ne gène plus personne, vous faire accepter inconsciemment votre mise sous surveillance.

Excusez-moi, mais un fichier central qui va répertorier les données privées et biométriques de 45 millions de personnes, moi, je me pose des questions, je m’inquiète. Le passé nous à déjà montré que ces fichiers étaient ensuite déviés de leur utilisation principale, prenez par exemple le fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG).

Justement, parlons en du FNAEG.

FNAEG, c’est l’acronyme de Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques. Ce fichier, crée en 1998, devait initialement contenir les empreintes des ADN prélevés lors d’enquêtes. Ce fichier a bien changé depuis le temps : il ne devait contenir que les traces des violeurs ou délinquants sexuels. Par la suite, il a été étendu (par les socialistes au passage) aux coupables de dégradations dangereuses ou d’extorsion. Ce fichier a depuis encore changé, puisqu’en 2003, sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy, il est décidé que ce fichier devra répertorier la quasi totalité des délits y compris des simples « mises en cause ». J’ai également entendu parler d’un prélèvement ADN dans les écoles alors qu’ici, il n’était pas question de délits, néanmoins, je n’ai pas trouvé de sources précises confirmant ces faits. De l’autre côté de l’océan atlantique, ils parlent même de fichier l’ADN directement chez les bébés.

Avec le temps, cette base s’est transformée en fichier de fichage généralisé…et c’est le Syndicat de la magistrature qui le dit.

Des procédures pas très très légales et des fadettes

La justice s’en mêle maintenant mais il ne faut pas oublier l’affaire des écoutes illégales réalisées afin de trouver les sources de divers journalistes du jounal « Le Monde », à l’occasion de l’affaire Bettencourt. Deux personnes donc, Gérard Davet et Jacques Follorou, journalistes au Monde. Pour un des articles du journal, voici ce qui a été demandé par l’IGS (l’inspection générale des services) : des fadettes.

Les fadettes, ce sont les factures détaillées mensuelles de vos communications chez votre opérateur. Dans la version que vous avez, c’est une version ultra-light, exemple d’une fadette complète chez SFR :

« les appels, les SMS ou MMS envoyés ou reçus, le numéro de téléphone du suspect, celui de son correspondant, éventuellement celui d’un troisième interlocuteur, la date, l’heure, la durée de la communication, la cellule (la borne téléphonique utilisée) et le numéro IMEI du téléphone, c’est-à-dire l’International Mobile Equipment Identity, (et) le numéro unique de chaque portable » (Source Numérama)

Ces données permettent, par exemple, de tracer les appels d’une personne, de savoir ou elle se situait lors de l’appel et ainsi de cartographier ses déplacements pendant la période observée.

L’ironie, c’est que l’IGS s’est trompée de numéro, puisqu’ils ont commencé avec le portable de la fille de monsieur Davet. Ce qui sous-entend donc que ces informations existent également à votre sujet.

A nouveau, si cela ne vous fait pas bondir, le fait qu’un opérateur puisse savoir ou j’étais, ce que je faisais, à qui je parlais, pendant combien de temps, si je me suis déplacé, si je lui ai envoyé un sms, un mms, une photo, … Ça m’inquiète, ce n’est pas normal, c’est une atteinte à la vie privée.

Et le reste, dans tout ça

Le fait que les renseignements généraux vous fichent lors d’une manifestation, le fait que les services de la DCRI vous fichent lorsque vous commencez à trop l’ouvrir, le fait vous soyez fiché « un peu plus » si vous n’êtes pas d’origine Française, … tout ceci est inquiétant.

Alors, évidemment, il ne faut pas sombrer dans la paranoïa profonde, mais il faut bien se dire une chose : plus le temps passe, plus le gouvernement avance sur le fichage généralisé de l’ensemble de la population. du FNAEG à la prochaine CNI numérique, tout est fait pour que l’on saches tout de vous.

Le but n’est pas de contrôler, ils en sont juste incapables. Incapables pourquoi ? Réfléchissez un instant…

C’est une amie que j’apprécie beaucoup qui m’a donné la réponse : ils en sont tout simplement incapables parce analyser les données de 60 millions de personnes, c’est juste impossible, il n’y a pas assez de budget, pas assez de personnel et pas assez de compétences au sein du gouvernement pour le faire.

Non, le but, c’est que le gouvernement vous transmette un message : « où que tu sois, qui que tu sois, peu importe ton métier, ta vie… je te vois. Je peux te voir, je peux t’entendre, toi et tous les autres… alors fais attention. »

Il est possible qu’un jour des services d’analyses soient dimensionnés pour analyser presque en live tout ceci, mais ce jour n’est pas arrivé.

En attendant, si vous voulez un peu de vie privée, il faudra attendre le troisième et ultime billet de cette série.