Mise à jour du 15 septembre 2015 :
Dans une réponse écrite, le gouvernement envoie aux oubliettes la proposition du député Candelier, qui souhaitait instaurer un code d’accès aux sites pornographiques ou, à défaut, bloquer les sites pornographiques.
Mme la « secrétaire d’État, auprès de la ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes, chargée de la famille, de l’enfance, des personnes âgées et de l’autonomie » explique que la solution du code ou du blocage ne sont pas bonnes car extrêmement compliquées à mettre en application et ce, sans débordements.
Elle cite d’ailleurs les Royaume-Uni, également cité par le député Candelier, pour expliquer la difficulté que rencontre le gouvernement à instaurer un blocage sans dommages collatéraux. Au blocage, elle répondra que l’éducation est préférable, que la pédagogie est importante et qu’un bon contrôle parental, qui laisse le pouvoir à l’utilisateur, est de loin la meilleure solution.
Article original du 15 juillet 2015 :
C’est en résumé la question que nous pouvons nous poser, suite à celle posée par M. Jean-Jacques Candelier, député GDR.
Dans sa question écrite à « Mme la secrétaire d’État, auprès de la ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes, chargée de la famille, de l’enfance, des personnes âgées et de l’autonomie », le député souhaite savoir ce que le gouvernement compte faire pour lutter contre le « fléau » qu’est la pornographie, dont la diffusion est facilitée par Internet.
Dans sa question, le député suggère deux pistes :
- Proposer un code d’accès aux sites pornographiques
- Les bloquer « par défaut, comme l’envisage David Cameron au Royaume-Uni. »
Observons les modalités techniques des deux solutions ainsi que les pistes possibles, sans oublier les implications que ces choix entraineraient.
Première réflexion : le code d’accès.
La première piste parle donc de code d’accès, en forçant les sites pornographiques soit à s’adapter et rajouter une phase d’authentification, soit à s’unir pour proposer système d’authentification commun à l’ensemble des sites.
Sachant que des sites pornographiques, sur Internet, il en existe une pléthore de connus et encore plus de peu ou pas connus, l’authentification commune me semble très complexe, techniquement infaisable de surcroit. Je vois mal des entreprises différentes partager un socle commun d’authentification.
La seconde option de ce premier choix consiste à vous identifier chez votre F.A.I : il sait que vous tentez d’accéder à un site pornographique et vous demande de vous identifier en amont, avant l’accès au site.
Cela sous-entend la création d’une liste des sites où il faut s’authentifier, liste qu’il faudra maintenir à jour évidemment. Cela sous-entend également la création de multiples identifiants (un par adulte ou par connexion) gérés par les F.A.I. Une telle solution serait difficile à mettre en place et je ne suis pas certain qu’elle soit financièrement viable. D’autant plus qu’avec cette solution, un risque « d’engorgement » des requêtes sur ces sites pourrait apparaître.
Pour finir, cette authentification serait aisément contournable puisque des sites pornographiques, il en existe des centaines de milliers et que de nouveaux apparaissent chaque jour. Ce n’est pas une nouvelle, le secteur du divertissement pour adultes est, sans mauvais jeux de mots, « toujours en mouvement ».
Seconde réflexion : le blocage par défaut.
Tout d’abord, je ne suis pas certain que suivre les méthodes de David Cameron soit la meilleure idée du siècle, tant il s’attaque à Internet en ce moment. D’autant plus que le filtrage instauré au Royaume-Uni ne fait pas l’unanimité et a provoqué un certain nombre de dommages collatéraux depuis son entrée en vigueur.
Bloquer par défaut les sites pornographiques, c’est aussi pousser à l’autocensure : pour accéder aux contenus pornographiques il faudra désactiver le blocage. Filtrer la pornographie revient à déclarer que c’est mal ou qu’elle peut être mauvaise, ce qui sous-entend que ceux qui consultent ces sites s’adonnent à de mauvaises activités. Beaucoup préfèreront donc laisser ce blocage activé, donc s’autocensureront. J’en ai déjà parlé, en 2013.
Cette idée est encore plus mauvaise que la première et les dommages collatéraux potentiellement importants : en bloquant « par défaut » une catégorie de sites, on ouvre une boite de pandore qu’il faut mieux laisser fermée.
Du blocage de la pornographie, on arrivera sur celui du terrorisme, puis les sites parlant d’anorexie et ainsi de suite, exemple avec la liste des sites bloqués par défaut, de l’autre côté de la manche :
- pornographie
- contenus en relation avec le terrorisme ou les groupes extrêmistes
- les sites web parlant d’anorexie et de troubles de l’alimentation
- les sites web en lien avec les suicides
- l’alcool
- le tabagisme
- les forums sur le web
- les contenus ésotériques
- les outils permettant de contourner le blocage web
Mettre en place cette mesure, c’est poser une nouvelle brique sur le mur du blocage et de la censure… et je ne suis pas certain que cela soit une excellente idée.
Il ne nous reste plus qu’à attendre la réponse à la question du député.
Bonjour Numendil.
En réaction à cette article, il est évident de rappeller la neutralité du Net et de trouver atroces les restrictions des anglais. En effet, ça doit de plus être techniquement très difficile à mettre en place.
Maintenant, mon avis sur les contenus bloqués. Le porno, c’est moche, et d’ailleurs je suis en phase d’arrêter (reddit.com/r/NoFap). Le suicide et l’anorexie c’est triste, et je me souviens avoir lu une fois un article qui disait que ça coutait cher à l’assurance maladie (que de compassion).
Mais fichtre, si j’ai même plus le droit de me suicider, alors je suis enfermé dans ce monde, on m’enlève même la liberté de disposer de ma propre vie ! (et de me branler un coup si ça me chante)
M’enfin, pour donner un argument plus raisonnable, je dirais que dans un monde où la plus grande richesse est la connaissance, il n’est pas acceptable par le citoyen d’être privé de son intimité par Google (cf. ton article sur le « bug » de l’appli Photos), et de sa liberté d’information voire de conscience par des États refusant en bloc l’idée que « la plèbe » puisse se montrer responsable, de temps en temps.
Voilà, je ne peux que recommander la chanson « Meurs » de GiedRé. (et aussi de passer au clavier BÉPO, mais ça n’a aucun rapport)
A lire une réaction d’un parent linuxien geek qui sait mettre en place un serveur de filtrage et qui donne son point de vue http://cyrille-borne.com/article518/le-porno-c-est-tabou-on-en-viendra-a-bout
A lire sur mon blog ma propre réaction qui viendra compléter ton billet Numendil (et je te cite dedans)Bloquer le porno http://genma.free.fr/?Bloquer-le-porno
Merci :), j’ai lu et partagé (et modifié ton commentaire, également, pour y inclure directement le lien)