Google et le « bug » des photos

Ce billet fait suite à une information de janvier qui parlait du forcing de Google sur son application « photos ».

Petit résumé. Au mois de janvier 2015, Google décidait de mettre à jour son application « Photos » afin de la lier à « Google+ », obligeant au passage à activer ladite application, sans pour autant avoir besoin d’un compte sur le réseau social.

Suite à de nombreuses remarques, au mois de mai de la même année, Google dissociait l’application « Photos » de son réseau social, sans changer réellement son fonctionnement. L’application se connecte toujours au Cloud de Google et héberge toujours les photos et vidéos du téléphone.

Lorsqu’on installe et active l’application, il y a donc synchronisation de vos contenus sur le cloud de Google…. tout fonctionne normalement, tout est merveilleux.

Le hic ?

C’est que l’application « Photos » synchronise à la perfection vos photos et vidéos… même quand elle est désactivée ou supprimée.

Dans la logique des choses, on se dit « si je désinstalle ou désactive l’application, la synchronisation s’arrête », j’ai le plaisir de vous annoncer que non. Un journaliste du Nashville Business Journal (EN) en a fait la mauvaise expérience.

Mieux ! La synchronisation fonctionne toujours en désactivant Google+ et même Google Drive, qui gère pourtant la connexion du téléphone au cloud Google.

Résumons à nouveau : si vous avez, un jour, installé l’application « Photos », qu’elle soit maintenant désinstallée ou désactivée, il est possible que vos photos et vidéos soient encore synchronisées sur le cloud de Google, bref, sur l’ordinateur de quelqu’un d’autre sur lequel vous n’avez aucun pouvoir.

Google répond qu’il suffit de désactiver la synchronisation des photos depuis son compte Google, ce qui semble effectivement fonctionner, mais qu’en est-il des contenus déjà récupérés par les services de la firme ?

Qu’en est-il du traitement et de l’exploitation des données récupérées « à l’insu » de l’utilisateur ?

Enfin, qu’est-ce qui me confirme que c’est réellement supprimé ? Ce n’est pas parce que cela n’apparait plus sur mon espace de stockage que cela n’existe plus, l’expérience Facebook l’a démontré : lorsque vous supprimez un message privé, il n’est pas réellement supprimé, vous ne pouvez plus le voir mais il reste stocké sur les serveurs de Facebook.

Google semble déclarer qu’il s’agit d’un bug mais – même si je suis conscient d’être un peu parano – qu’est-ce qui me dit que c’est réellement un bug ? Combien de contenus ont été récupérés ainsi ? Combien d’utilisateurs sont au courant de ce problème ?

Prenons un exemple tout con : le sexting. Combien de photos intimes, partagées dans une sphère privée, ont été récupérées par Google sans l’accord desdits photographiés ?

Et ne me dites pas « ils n’avaient qu’à pas le faire », ce n’est pas une réponse acceptable.

Comme en janvier, ce n’est pas dans mon intérêt que j’écris ce billet mais dans l’intérêt du plus grand nombre, j’ai la connaissance suffisante pour éviter ces problèmes, comme je le disais…

« De ceux qui n’ont peut-être pas la connaissance nécessaire pour réaliser l’opération? De celles et ceux qui ne sont pas des petits geeks et qui peuvent se sentir mal à l’aise avec un téléphone ? »

Nous retombons dans ce cas précis. Un utilisateur « lambda » pensera que désinstaller une application suffit à stopper son fonctionnement, dans une période où la protection des données personnelles est de plus en plus présente, il n’est pas acceptable que Google, une énorme société disposant de moyens colossaux, laisse trainer un « bug » comme celui-là.

5 réflexions au sujet de « Google et le « bug » des photos »

  1. Bonjour,

    je me permets de lever une problématique autrement plus inquiétante que la seule remontée des photos malgré la « désinstallation » des composants Google. A mon sens, les systèmes gérés par cette société ont les mêmes tares et vices qu’ont ceux de Microsoft, à savoir une trop forte interdépendance technique. En gros (pour ceux qui n’y connaissent rien), j’entends par là que leurs programmes dépendent les uns des autres, et qu’il se révèle illusoire de désinstaller quoi que ce soit. C’est ce que MS avait argué avec Internet Explorer, de par sa trop forte intégration dans Windows.
    Là, on a strictement le même souci: des services non voulus qui, même si l’on croit s’en être passés, continuent à subsister dans le système.

    Maintenant, allons plus loin: on parle de photos… mais quid du reste des services fournis par Google? Qu’en est-il du « Je ne veux pas que Google gère tous les aspects de mes données »? Cette idée est parfaitement illusoire… Car les applications Google sont curieuses, elles écoutent, récoltent, et l’on a techniquement que peu de chance de savoir ce qu’il se passe réellement. La démonstration par l’absurde des photographies mises à disposition sans le vouloir n’est que la partie émergée, et je me demande de quoi il en retourne réellement pour tout le reste (listes de numéros, mails, contenus privés…).

    Don’t be evil? Ben voyons: le cœur de métier de Google est en contradiction totale avec la préservation de la vie privée, et la firme n’a pas pour vocation de jouer les philanthropes. Une fois cela admis, je crois qu’on aura plus de chance de faire les bons choix personnels sur ce qui doit, ou non, être géré par les applications Google.

    1. Bonjour,

      Tu as parfaitement raison et ton commentaire est plus que pertinent. Nous avons l’information sur la gestion des photos sur « un coup de chance » mais quid du reste, des services Google, imbriqués les uns dans les autres, se servant des données récoltées ça et là ?

      Le « Don’t be evil m’a toujours fait rire car, comme tu le soulignes, le coeur de métier de la firme, c’est la gestion des données, le traitement et l’exploitation de ces dernières, ce qui vaut pour les photos vaut pour le moteur de recherche, les déplacements, les serveurs DNS de Google et pour tout le reste. Malheureusement, la communication de la firme est « jeune » et fraiche, elle séduit encore de trop nombreuses personnes. J’ai espoir cependant qu’un jour, cela change, le dernier acteur majeur avec cette communication, c’était Facebook… de plus en plus délaissé et critiqué.

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