Dans une récente actualité publiée sur RTL, j’apprenais que l’interconnexion entre les données de santé et les assurances était toujours d’acualité.
Pour rappel ou pour ceux à qui cela ne dit rien, il est question de polices d’assurance spécifiques où vos données de santé sont collectées, généralement à l’aide d’un objet connecté fourni par la société de prestation.
Dans l’article de RTL c’est d’un bracelet connecté fourni par la société Fitbit.
Quels sont les avantages d’un tel dispositif ?
L’avantage principal, qui conditionne les autres, se résume ainsi : passer d’un système d’assurance basé sur la mutualisation des risques à quelque chose « taillé sur mesure ».
Dans le premier cas, à savoir la base des assurances actuelles, les différents risques inhérents à la vie quotidienne, à la santé et au reste sont statistiques. Ces statistiques sont ensuite appliquées à l’ensemble des adhérents, ce qui représente un risque moyen de telle ou telle chose, à laquelle on vient appliquer un prix (hospitalisation, maladie, vol, feu …).
Dans le second, plus de mutualisation de risques, on calcule absolument tout à partir de vos données. Ainsi, si vous faites du sport, votre assurance coûtera moins que le prix indiqué car vous diminuez vos risques de santé. Si vous mangez correctement, c’est pareil. Une vie saine selon les normes de votre assurance signifiera donc une qu’elle sera moins onéreuse…
Mais à quel prix ?
Car c’est la question que vous devez vous poser. : « Suis-je prêt à ce que ma manière de vivre soit édictée par ma compagnie d’assurance ? »
Prenons quelques exemples simples : êtes-vous prêts à changer vos habitude, vos comportements, vos préférences, pour payer moins cher votre assurance ?
Si la réponse est oui, réfléchissez bien à tout ce que cela représente : votre assurance doit récupérer vos données de santé, via du « quantified self », elle sera donc au courant de vos moindres faits et gestes :
- activité cardiaques
- repos, sommeil
- activités sexuelles (augmentation du rythme cardiaque, combiné à une géolocalisation fixe et pourquoi pas croisée avec les données de votre partenaire…)
- repas, prise de poids
- écarts de conduite, bonne conduite selon les normes imposées par votre assurance
- déplacements, type de déplacement en calculant votre vitesse de déplacement
- nombre de calories brulées, nombre de calories reprises…
A chaque action qui va « dans le sens de la norme », c’est un bonus qui sera appliqué et à chaque action qui va à l’inverse de ladite norme, ça sera un malus.
C’est ce qu’on appelle un conditionnement pavlovien : vous êtes punis tant que vous ne faites pas comme il faut faire et, bien évidemment, vous n’êtes pas maître de ce « ce qu’il faut faire », vous perdez donc toute votre capacité de décision sur votre propre vie.
Pour l’instant, ces polices d’assurance sont à la marge et facultatives mais, dans 50 ans, le seront-elles toujours ?
Imaginez ce modèle d’ici 50 ans ou peut-être moins : tout le monde pratiquant la même activité sportive, à la même heure, mangeant la même chose, ayant les mêmes activités dans tous les domaines…
Est-ce réellement ça, que nous voulons pour le futur ?
Je vous laisse réfléchir sur le sujet et sur votre envie d’une société « normalisée », lisse, comme celle qu’on peut croiser dans certains films.
« L’affilié a pour premier devoir de protéger sa santé. […] Les agents de la Police Médicale auront les plus larges pouvoirs de surveillance et d’investigation pour sanctionner les contrevenants. » (circulaire de la Caisse Nationale d’Assurance Médicale Unifiée)
Jean van Hamme en parlait déjà en 1984, c’est pas nouveau comme idée… ça m’étonne presque qu’on y soit pas encore.
Cela va bien au-delà de toute considération sur le formatage pavlovien des gens, c’est la « criminalisation » du mode de vie. en effet, en y songeant bien, les gens vivant de nuit pour le boulot, qui ont tendance à traîner devant la télé plutôt que faire du sport seront « sanctionnés » du fait du pseudo manque d’hygiène supposé. C’est autrement plus grave que cela en a l’air!
Ce serait plutôt un conditionnement de type skinnerien, puisqu’en l’occurence il y a récompense. Ce qui permet, en outre, de conserver le comportement alors même que l’objet connecté n’est pas porté.
Excellente remarque, en effet, tant pour le premier point que pour le second, où le comportement risque de rester, objet connecté porté ou non…