Internet : France et Chine…même combat?

Vous ne le savez peut être pas encore : la nouvelle est apparue via PCInpact dans son article http://www.pcinpact.com/actu/news/64121-cnn-blocage-fai-hebergeur-editeur.htm

Je ne reviendrais pas sur cet article que je vous recommande afin de prendre conscience de l’ampleur du futur risque qui va planer sur le Web en France, mon billet portera sur une « projection » : que serait le futur de l’accès à Internet en France avec une telle loi?

Si vous avez choisi de ne pas lire l’article (vous ratez quelque chose), sachez qu’en gros le gouvernement à l’intention de permettre le blocage de sites à l’échelle du pays, sans passer par un juge…un état de censure…en gros.

Partant de ce principe de censure, que pourrait-il se passer dans un proche futur?

L’article 18 de la LCEN propose de permettre la censure en cas de « risque d’atteinte au maintien de l’ordre public, à la sécurité publique, à la protection des mineurs, à la protection de la santé publique, à la préservation des intérêts de la défense nationale ou à la protection des personnes physiques qui sont des consommateurs ou des investisseurs ».

C’est parti, projection dans le futur :

– Les sites qui ne vont pas dans le sens de la pensée gouvernementale, ceux qui incitent à la désobéissance civile, qui laissent leaker ce que le gouvernement ne souhaite pas voir apparaitre sur la toile, qui s’opposent au lois du gouvernement (les 5 gus dans un garage) ne servent pas le maintien de l’ordre public.
Et si demain, Reflets.info, Numérama ou peut être même ce blog disparaissaient de la toile, pouf, comme ça?

– Les récents évènements de la #FrenchRevolution ont peut être été un danger pour la sécurité publique…avec l’article 18 de la LCEN, le moindre site qui en parle peut fermer s’il fait trop de bruit (comprenez : s’il dérange).

– La protection des mineurs (attention, troll détecté) : il faudrait faire sauter la pub d’Emma Leprince dans ce cas là, ainsi que les deux autres pubs pour le label PUR de la Hadopi, l’un faisant par exemple l’éloge de la violence par un enfant.

– la protection de la santé publique : combien faudra-t-il de femmes violées, de médicaments vendus, de bombes qui explosent pour que l’on fasse quelque chose pour lutter contre Internet? (Mr Lefebvre, si vous passez sur ce blog, je vous fait plein de bisous (ou pas)). Imaginez qu’un site parle de solutions alternatives de soin pour ceux qui n’ont pas l’argent pour se payer tel ou tel médicament (évidemment, breveté et hors de prix), ce site pourrait-il se faire fermer? L’article 18 de la LCEN signe t-il la fin de Doctissimo?

– La préservation des intérêts de la défense nationale ou à la protection des personnes physiques qui sont des consommateurs ou des investisseurs : cette phrase à elle seule justifie le moindre blocage de quasi n’importe quel site. Un site de téléchargement, un site qui va à l’encontre de l’opinion du gouvernement, un site qui va à l’encontre d’un ministère x ou y pourrait être bloqué sans que le gouvernement n’ait à se justifier.

Imaginez maintenant que tout ceci devienne réalité et faites une avance rapide dans le futur, de 15 ou 20 ans : les enfants d’aujourd’hui auront grandit dans cet Internet bridé, censuré…et le pire c’est qu’il ne s’en rendront pas compte car, pour s’en rendre compte, il faudrait savoir que la censure existe.

Cette situation ne vous rappelle rien? Moi si : celle du régime chinois avec son Great Firewall.

Certains blogs commencent à avoir le même point de vue et certains titres sont explicites : « La France est-elle en train de s’équiper d’un great firewall ». Tout ceci devient de plus en plus inquiétant pour l’accès au vrais Internets en France. Tout ceci est d’autant plus dangereux pour la liberté d’expression : qu’est ce qui assure que dans 15-20 ans, dire « merde » au gouvernement ne sera pas une raison de blocage.

Après un rapport de l’ONU en faveur de la neutralité des réseaux et le passage de la France dans la classe « pays à surveiller » par reporters sans frontières, le gouvernement nous montre encore une fois qu’il s’en fiche royalement, préférant brider tout un pays avec une censure digne d’un régime chinois, tunisien, égyptien ou encore libyen.