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Turkménistan : les femmes toujours en proie à l'insécurité.

Tue, 19 Dec 2023 16:03:16 +0000 - (source)

Le classement mondial du pays en ce sens reste irréaliste.

Publié à l'origine sur Global Voices en Français

Femmes turkmènes en vêtements traditionnels. Photo de Veni Markovski sur Flickr. CC-BY-2.0.

Le Turkménistan est le pays le plus sûre pour les femmes en Asie Centrale, selon l'indice Femmes, Paix et Sécurité publié récemment par l'Institut de Georgetown pour les femmes, la paix et la sécurité et le Centre norvégien PRIO pour le genre, la paix et la sécurité.Bien que les résultats soient basés sur des données provenant de sources internationales réputées, cette conclusion est clairement en contradiction avec le tableau dressé par les rapports des médias indépendants et des groupes de défense des droits de l'homme, ainsi qu'avec les conclusions des experts internationaux.

Par exemple, selon les résultats de l'enquête, une femme sur six au Turkménistan a subi des violences domestiques (DV) au cours de sa vie — et plus de 40 % d'entre elles ont été soumises à des degrés divers de contrôle social. Au Turkménistan, 59 % des femmes pensent qu'un homme a le droit de battre son épouse.

En dehors des violences domestiques, les femmes du Turkménistan sont confrontées à des attitudes patriarcales encouragées par l'État, à des discriminations fondées sur le sexe et à de vastes restrictions de leurs droits fondamentaux. Loin de s'améliorer depuis l'arrivée au pouvoir du président Serdar Berdymukhamedov l'année dernière, la situation des femmes au Turkménistan n'a fait qu'empirer.

Les femmes, la paix et la sécurité au pays des dictateurs

Le Turkménistan est un pays d'Asie centrale comptant environ six millions d'habitants. Il est relativement peu connu de la plupart des gens, car c'est l'un des pays les plus isolés du monde. Le pays a obtenu son indépendance de l'Union soviétique en 1991, et a depuis lors été dirigé par trois dictateurs différents entourés de vastes cultes de la personnalité. Les deux derniers présidents sont père et fils. Gurbanguly Berdymukhamedov a transmis la présidence à son fils Serdar Berdymukhamedov en 2022, après avoir dirigé le pays depuis 2006.

L'indice Femmes, Paix et Sécurité (FPS) évalue et classe 177 pays dans le monde en termes d'inclusion des femmes, de justice et de sécurité, en mesurant les performances dans 13 domaines, à l'aide de données provenant d'agences des Nations unies, de la Banque mondiale, du Gallup World Poll et d'autres sources. Le Turkménistan est classé 58e. Le Kazakhstan est classé 70e, le Tadjikistan 90e, l'Ouzbékistan 94e et le Kirghizistan 95.

Selon le WPS, le Turkménistan est le pire pays d'Asie centrale et d'Europe centrale et orientale en ce qui concerne l'accès des femmes à la justice. Le Turkménistan obtient également les plus mauvais résultats dans son groupe sur l'inclusion financière des femmes. Mais le pays a obtenu de meilleurs résultats dans d'autres domaines : il a été classé premier dans son groupe sur la perception de la sécurité communautaire par les femmes, en mesurant le pourcentage de femmes qui déclarent se sentir en sécurité lorsqu'elles se promènent seules la nuit dans leur quartier de résidence. En ce qui concerne la violence entre partenaires intimes, mesurée par le pourcentage de femmes ayant subi des violences physiques ou sexuelles récentes de la part d'un partenaire, le Turkménistan se classe à l'avant-dernière place en Asie centrale, avec 7,2 %, contre 6 % pour le Kazakhstan.

Violations des droits des femmes

Si le Turkménistan a obtenu le meilleur score global de la WPS (Note de perception des femmes) parmi les pays d'Asie centrale, la situation des femmes y reste sombre. Comme le Partenariat international pour les droits de l'homme (IPHR) et l'Initiative turkmène pour les droits de l'homme (TIHR) l'ont indiqué dans un rapport récent, non seulement les autorités turkmènes n'ont pas réussi à lutter contre les stéréotypes discriminatoires et les pratiques négatives en matière de genre, mais elles les ont activement encouragés. Les espoirs d'amélioration après le transfert des pouvoirs présidentiels du père ont été anéantis par le lancement d'une nouvelle campagne de contrôle de l'apparence des femmes au nom de la sauvegarde des traditions et des valeurs nationales.

Par exemple, selon des informations obtenues par le TIHR et d'autres sources indépendantes, les employées des agences publiques et les étudiantes ont reçu l'ordre de porter des robes de style national, de ne pas se maquiller lourdement, de ne pas se teindre les cheveux et de ne pas recourir aux services des salons de beauté, sous peine de représailles. On signale également des détentions arbitraires de femmes accusées d'enfreindre ces mesures et même des descentes de police dans des salons de beauté.

Les femmes sont également confrontées à une discrimination fondée sur le sexe dans l'accès aux services publics et rencontrent de sérieux obstacles dans l'obtention ou le renouvellement de leur permis de conduire. Certaines de ces préoccupations particulières ont été soulignées le 6 novembre, lorsque le bilan du Turkménistan en matière de droits de l'homme a été évalué dans le cadre de l'examen périodique universel (EPU) à Genève. L'EPU est un processus d'examen par les pairs coordonné par le Conseil des droits de l'homme des Nations unies. Au cours de cet examen, le Turkménistan a reçu une série de recommandations visant à améliorer les droits des femmes.

Dans le même temps, la crise économique prolongée sévissant dans le pays a durement touché les femmes obligées de faire la queue durant des heures pour obtenir des produits alimentaires rationnés. Cette situation a parfois donné lieu à des manifestations spontanées, que les autorités s'empressent de réprimer. Au Turkménistan, la main-d'œuvre du secteur public est essentiellement féminine, et les femmes sont donc touchées de manière disproportionnée par les pratiques répressives organisées par l'État à l'égard des employés du secteur public, telles que la mobilisation forcée pour la récolte annuelle du coton ou les événements de propagande de masse.

Violence domestique généralisée

Selon la première enquête nationale sur la violence domestique en 2020. ,une femme sur six a subi des violences de la part de son partenaire actuel .L'étude a été menée par les autorités turkmènes et le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP). La violence s'est avérée pire dans les régions de Lebap (nord-est) et de Dashoguz (nord). Plus de 13 % des femmes ont déclaré avoir subi des violences économiques de la part de leur partenaire, notamment des restrictions d'accès à l'argent.

L'enquête a révélé que le comportement de contrôle des maris/partenaires à l'égard des femmes est un phénomène très répandu. Plus de 40 % des femmes ont déclaré avoir subi une forme ou une autre de contrôle social. Vingt-deux pour cent ont déclaré être soumis à des restrictions quant au moment où ils peuvent quitter la maison, et près de 21 % ont déclaré ne pas être autorisés à travailler ou à étudier en dehors de leur domicile. L'enquête a montré que ce comportement de contrôle allait de pair avec la violence domestique, puisque près d'une personne interrogée sur cinq a déclaré approuver et justifier le fait que son mari puisse la battre si elle quittait le domicile sans son autorisation.

En outre, la sous-déclaration des violences domestiques est un problème grave, car les femmes survivantes subissent des pressions sociales pour ne pas “déshonorer la famille” en dénonçant les abus dont elles sont victimes. Parmi celles qui ont survécu à la violence domestique moins de 12 % des femmes interrogées s'étaient adressées à la police ou à d'autres institutions d’assistance, les craintes et la pression de la société étant citées comme les principales raisons de leur silence. Les femmes sont susceptibles de ne pas signaler les abus, ce qui signifie que la violence domestique peut être plus répandue que ne le montre l'enquête.

En janvier et février 2024, le Comité des Nations unies pour l'élimination de la discrimination (CEDAW) examinera le bilan du Turkménistan en matière de droits des femmes. Dans la liste des questions adressées aux autorités en vue de cet examen, la commission leur a demandé d'expliquer « l'imposition de codes vestimentaires et d'apparence et d'autres pratiques discriminatoires » dans une atmosphère « renforcée par la surveillance et le contrôle actifs du comportement des femmes » . Ils s'informeront également des mesures prises « pour démanteler les attitudes patriarcales à l'origine de la violence sexiste à l'égard des femmes » et pour criminaliser la violence domestique, une mesure que le pays n'a pas encore prise.

En ce qui concerne la sécurité des femmes au Turkménistan lorsqu'elles se promènent seules la nuit— il convient de noter que le Turkménistan était talonné, dans le WPS, de pays tels que le Koweït, les Émirats arabes unis et la Chine, qui disposent d'un appareil de sécurité étatique tout aussi important. Si le maintien de l'ordre peut aider les femmes à se sentir plus en sécurité dans les rues du Turkménistan, ce même appareil est également utilisé pour supprimer leurs droits à un point tel que, comme le dit le célèbre YouTubeur Ilya Varlamov, elles vivent presque « sans droits. »

Cette vidéo YouTube illustre les violations des droits des femmes au Turkménistan.

Alors que les modèles patriarcaux actuels et les violations des droits persistent, il manque un cadre de discussion franche sur la sécurité des femmes au Turkménistan.


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