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Au Niger, des militaires renversent le président Mohamed Bazoum

Fri, 28 Jul 2023 03:03:40 +0000 - (source)

Ceci est le 5è coup d’État dans l'histoire de la République du Niger

Publié à l'origine sur Global Voices en Français

Mohamed Bazoum, capture d'écran de la chaîne Youtube de France 24

Le contexte politique de la République du Niger est parsemé de coups d’État et de nombreuses tentatives de coups d'État militaires. Depuis son indépendance le 3 août 1960, le pays en a connu quatre. Mais ce 26 juillet 2023, un nouveau coup d’État perpétré par les militaires de la garde présidentielle réussit à chasser le président désormais déchu, Mohamed Bazoum.

Le 21 février 2021, au second tour des élections présidentielles du 27 décembre 2020, Mohamed Bazoum, candidat présenté par Mahamadou Issoufou (président sortant) est élu président du Niger avec 55,75 % des voix face au candidat de l’opposition Mahamane Ousmane (44,25 %). Toutefois son élection est contestée par les partisans de Mahamane Ousmane. Quelques jours avant son investiture, du 30 au 31 mars 2021, Bazoum essuie une tentative de coup d’État qui n'empêche pas son investiture le 2 avril 2021. Deux ans plus tard il est donc renversé.

A la télévision nationale, les militaires annoncent le putsch. Comme l'indique Tchad One, un journal tchadien, dans ce tweet :

La majorité des nigériens dénonce une gouvernance qui ne répond plus aux attentes des populations dont les principaux griefs sont les  attaques terroristes, l'insécurité, la corruption, et en général, la mauvaise gouvernance.Moussa Aksar, journaliste et directeur de publication du journal “L’Événement” au Niger explique au micro de la Deutsche Welle:

Vous savez, il y a le problème sécuritaire dans toute la zone des trois frontières. On a vu l’afflux de réfugiés, des gens qui ont été chassés par les terroristes. Il y a aussi la gouvernance qui n'a pas changé, Bazoum a promis la lutte contre la corruption mais aujourd'hui les militants du PNDS, le parti présidentiel, qui ont posé des actes répréhensibles n'ont pas été inquiétés

Des manifestations de tous bords

Depuis le 26 juillet, les manifestants inondent les rues de Niamey, la capitale nigérienne. Au lendemain du renversement du pouvoir en place, ces manifestations continuent mais comme l'indique Tv5Monde sur son compte twitter, certains s'opposent au coup d’État,

D'autres applaudissent le coup de force des militaires. Des scènes de saccage et de destructions des biens publiques sont à relever. Le siège du parti au pouvoir est par exemple pris pour cible alors que quelques ministres et responsables tiennent une réunion dans les locaux:

Une autre vague de manifestants scande le nom de la Russie et réclame déjà le départ de la France du pays.

Printemps des coups d’États en Afrique de l'Ouest

Après le renversement du pouvoir au Mali (août 2020 et mai 2021), en Guinée conakry (septembre 2021) et au Burkina-Faso (septembre 2022), le renversement de Mohamed Bazoum constitue le 5è coup d’État dans quatre pays de l'Afrique de l'Ouest depuis 2020. Une vague de coups de force par des militaires dans ces différents pays qui laisse entrevoir un message clair: la volonté des populations d'en finir avec les régimes et pouvoirs dictatoriaux qui ignorent les besoins du peuple.

Plusieurs facteurs interviennent dans ce 5è coup d’État au Niger. Jusqu'à ce 26 juillet 2023, le Niger était le seul pays du Sahel à être dirigé par un civil alors que les pays voisins et frontaliers, notamment le Mali et le Burkina-Faso ont à leur tête des militaires. D'un autre côté, la collaborations de ces pays voisins avec la Russie après le départ des forces françaises sur leur territoire semble porter des fruits. Clairement, la Russie influence et gagne du terrain dans la zone sahélienne alors que et le sentiment anti-français devient de plus en plus renforcé au sein des populations

Le Niger demeurait le seul allié de la France au Sahel mais avec ce coup d’État, la France perd peut-être son dernier appui dans la region qui reste la proie des groupes djihadistes.

Pour en savoir plus, lire: Au Niger, le nord-est du pays est devenu une terre d'accueil pour les réfugiés fuyant les attaques armées dans le Sahel 

Des réactions de la communauté internationale

Depuis le matin du 26 juillet, des appels à condamnations pleuvent. A tour de rôle, les puissances internationales, les alliés du Niger et les institutions africaines déplorent ce nouveau coup de force dans la sous-région ouest africaine.

La CEDEAO (Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest) à travers un communiqué condamne le coup de force:

A sa suite, Moussa Faki Mahamat, président de l’Union africaine dénonce une trahison des éléments militaires qui ont oublié leur devoir républicain:

L'Union Européenne et la France manifestent également leur soutien au président Bazoum en dénonçant une tentative de coup de force par les militaires. Josep Borrell Fontelles, haut représentant de l'Union Européenne pour la sécurité et les affaires extérieures le souligne dans  son tweet:

L’Organisation des Nations Unies (ONU) et les Etats Unis condamnent aussi le coup d’État. Selon le journal LeMatin, Stéphane Dujarric, porte-parole d’Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU déclare:

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, condamne avec la plus grande fermeté toute tentative de prise de pouvoir par la force et d’atteinte à la gouvernance démocratique, à la paix et à la stabilité au Niger.

Selon la même source, Jake Sullivan conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche affirme:

Nous condamnons fermement toute tentative de détenir ou d’entraver le fonctionnement du gouvernement démocratiquement élu du Niger, dirigé par le président Bazoum.

En attendant que le nouveau dirigeant du Niger soit connu, le président Mohamed Bazoum est toujours détenu par les militaires putschistes au sein de la présidence de la République.


La peur institutionnelle du multilinguisme en France : entretien avec le militant linguistique Michel Feltin-Palas

Tue, 25 Jul 2023 13:23:59 +0000 - (source)

L’éducation immersive est le seul moyen de produire de nouveaux locuteurs de langues minoritaires

Publié à l'origine sur Global Voices en Français

Capture d’écran de la chaîne YouTube de France 3 Occitanie montrant une école bilingue occitan-français.

La France, avec plus de 20 langues régionales, a toujours été un pays multilingue, mais son gouvernement centralisé reste réticent à reconnaître et à accepter pleinement une telle diversité. Dans un entretien accordé à Global Voices, le linguiste et militant Michel Feltin-Palas explique les raisons de cette réticence.

Michel Feltin-Palas est journaliste pour l’hebdomadaire français L’Express, dans lequel il publie une newsletter consacrée à la diversité linguistique en France. Il est également l’auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet, dont son dernier livre, Sauvons les langues régionales, paru en 2022, dans lequel il analyse les raisons historiques et politiques avancées par le gouvernement français pour avoir limité la reconnaissance de ce qu’on appelle officiellement les « langues régionales ». Le livre fait référence à 20 langues qui ont été historiquement parlées dans ce qui est aujourd’hui la France métropolitaine.

Michel Feltin-Palas explique les origines de cette peur de la diversité linguistique de la part des institutions publiques françaises, notamment dans le domaine de la législation et de l’éducation :

La France est un pays qui pourrait ne pas exister. A priori, il n’y avait aucune raison pour qu’un Alsacien se retrouve un jour dans le même État qu’un Basque, un Corse et un Auvergnat. Le pouvoir central a donc toujours craint que ces cultures diverses ne débouchent sur des revendications séparatistes. En conséquence, il a cherché à imposer une langue unique, le français. Quant aux cultures locales, elles sont réduites à de simples folklores et bannies de l’école. « Uniformiser constitue un excellent moyen pour mieux diriger un pays aussi vaste et divers que la France », souligne l’historien Olivier Grenouilleau (Nos petites patries, Gallimard).

Pendant longtemps, la diffusion de la langue française dans des territoires où elle n’était pas parlée a été perçue comme une manière d’apporter la « civilisation ». De ce point de vue, en effet, un parallèle peut être établi avec la colonisation. Jules Ferry [premier Ministre français, puis plus tard, ministre de l’Éducation] déclarait ainsi le 28 juillet 1885 devant les députés : « Il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures […] parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont un devoir de civiliser les races inférieures. » Il n’est pas abusif de considérer que la même vision a eu cours pour l’Hexagone, où Paris, incarnation de la « civilisation », s’est fixé pour « devoir » d’arracher le bas peuple à la médiocrité de ses « patois » à travers l’école publique.

Bon nombre de ces 20 langues ont une riche tradition littéraire, à la fois orale et écrite, mais ce patrimoine reste largement absent du paysage éducatif et même culturel. Michel Feltin-Palas affirme que :

L’explication est la même. L’État français, à travers l’école, a tenté d’imposer une vision simple : il y aurait en France une seule culture, la culture française, les autres n’étant que de simples folklores sans intérêt. Apprendre aux élèves qu’il existe d’autres littératures n’est pas compatible avec cette vision. Un éditeur scolaire a ainsi osé écrire dans un livre scolaire que Bernat de Ventadour, l’un des plus grands troubadours [poètes écrivant en occitan], écrivait en… « français du Sud » ! Et pourtant… Frédéric Mistral a reçu le prix Nobel de littérature [en 1904] pour une œuvre en provençal [l’une des variantes de la langue occitane]. Mais il n’est pas enseigné.

De nombreuses « langues régionales » contiennent différents dialectes et, dans certains cas, une orthographe différente, comme c’est le cas de l’occitan. Michel Feltin-Palas donne son avis sur ce débat souvent houleux :

La réponse est complexe. Il existe des points communs entre le provençal, le gascon, l’auvergnat, le languedocien, le limousin, le vivaro-alpin [noms donnés par les locuteurs aux six principales variantes de l’occitan]. Il existe aussi entre eux des différences. Dès lors, certains préfèrent insister sur ce qui les rassemble, d’autres sur ce qui les sépare. Concernant la graphie, il en existe deux grandes familles. La première, dite graphie « classique », se réfère à une période glorieuse de la langue occitane, celle des troubadours, et s’inspire de leurs habitudes d’écriture. Elle a l’avantage du prestige, elle a le défaut de la complexité, car depuis, la prononciation a beaucoup changé. Les locuteurs qui ne la connaissent pas ont donc du mal à retrouver leur langue en la lisant. Les non-locuteurs la prononcent très mal. La seconde, dite « mistralienne » ou « fébusienne », a été définie plus récemment. Elle a l’avantage d’être plus facile à maîtriser par un lecteur francophone. Elle a l’inconvénient d’être plus proche du français. Pour ma part, je préfère ne pas entrer dans ces deux querelles, aussi légitimes soient-elles. De mon point de vue, tous ceux qui défendent ces langues appartiennent au même camp, quel que soit le nom qu’ils leur donnent, et doivent rester unis face à ceux qui veulent les voir disparaître.

Compte tenu de l’importance de la dénomination, quels sont, selon vous, les termes les plus respectueux et adaptés pour parler de ce que l’État français appelle les « langues régionales » ?

Si je suivais mes convictions, je parlerais de langues « historiques », « autochtones », « minoritaires » ou « minorisées ». Mais tous les spécialistes d’Internet que j’ai interrogés sont formels : dans les moteurs de recherche, ces termes ne sont quasiment pas usités. Dès lors, je ne toucherais par mes articles que les personnes déjà convaincues, pour lesquelles j’ai évidemment le plus grand respect, mais tel n’est pas mon but. Ce que je tente de faire, à ma modeste mesure, c’est de sensibiliser un public plus large. Dès lors, j’ai dû faire un choix : rester sur ces appellations, plus justes linguistiquement, et être peu lu ; ou utiliser « langues régionales » et diffuser plus largement ces idées. À partir du moment où je cherche l’efficacité, j’ai opté pour la seconde option. Je ne prétends pas avoir raison, mais tel est l’état de mes réflexions.

Comment expliquez-vous le succès de l’euskara, ou langue basque, par rapport aux autres langues régionales de France ?

Le basque constitue une exception. Il s’agit en effet de la seule langue régionale de métropole à gagner des locuteurs, et ce grâce au développement massif de l’enseignement en langue basque, qui permet de « produire » des locuteurs suffisamment nombreux pour remplacer les plus anciens. Ce succès s’explique lui-même par la mobilisation de la société civile basque. Le développement d’une langue dépend en effet de trois facteurs principaux : la densité de locuteurs dont on dispose autour de soi, le sentiment de compétence linguistique et la motivation de chacun. Ce dernier élément, décisif, comprend lui-même deux dimensions. Un aspect utilitaire : une personne sera plus encline à apprendre une langue si celle-ci permet la réussite dans les études et l’obtention d’un emploi (ce pour quoi de nombreux Français cherchent à maîtriser l’anglais) ; et un aspect identitaire, lié au sentiment d’appartenance, à l’amour de son territoire, à l’attachement que l’on porte à sa culture. Côté espagnol [de la région bascophone], ces deux dimensions se cumulent. Côté français, c’est surtout l’aspect identitaire qui joue, même si l’aspect utilitaire est en progression.

Pensez-vous que « l’éducation immersive », dans laquelle les enfants apprennent toutes les matières dans leur langue régionale durant les premières années de leur éducation, est enfin reconnue par l’État comme le seul moyen de promouvoir efficacement ces langues ?

La réponse est complexe. D’un point de vue pédagogique, on sait qu’il s’agit de la meilleure méthode pour « produire » de bons locuteurs dans une société désormais francophone. On sait aussi que les élèves qui suivent ce cursus ne sont aucunement handicapés en français, au contraire : un rapport officiel du ministère de l’Éducation nationale à propos du réseau Diwan [écoles immersives en brezhoneg ou breton, une langue celtique] reconnaît que ses élèves obtiennent de meilleurs résultats en français que le reste du système scolaire !

L’enseignement immersif constitue donc le moyen idéal de combiner réussite scolaire et respect de la diversité culturelle. Hélas, il faut aussi compter avec l’idéologie… À Paris, de puissantes institutions – le ministère de l’Éducation nationale, le Conseil constitutionnel, le Conseil d’État – continuent de considérer que les langues dites régionales menacent l’unité de la nation et l’apprentissage du français. Espérons que les faits finissent par apaiser les esprits…


Iran : l'État suspecté d'attaques au gaz chimique contre des écolières

Tue, 25 Jul 2023 13:10:27 +0000 - (source)

Certains craignent que le régime ait orchestré les attaques pour punir les dissidents

Publié à l'origine sur Global Voices en Français

Écolières à la mosquée du vendredi de Yazd, en Iran. Photo de Stefano Vigorelli, 2014, utilisée sous licence CC BY-SA 4.0.

En Iran, la révolution féministe dure depuis presque un an, en réponse au meurtre violent de Jina Mahsa Jina Amini, une jeune femme kurde de 21 ans, au mois de septembre 2022. Les manifestations sont à présent les plus importantes et les plus radicales contre la République islamique que l’Iran ait jamais connues, entraînant des grèves généralisées et des actes de désobéissance civile.

Le régime a dû faire face à de fortes pressions et a réagi en poursuivant une campagne de répression et de brutalités qui reflète l’intensité des manifestations. Récemment, un incident lié à l'intoxication au gaz d'écolières a semé la confusion, la panique et la terreur dans tout le pays. La réaction du régime, en plus de la résistance persistante que montre le peuple iranien, laisse penser que ses jours sont comptés.

Des écolières intoxiquées au gaz

Manifestation d'étudiants de l'université d'Allameh Tabataba'i contre l'empoisonnement collectif d'écolières iraniennes, 27 février 2023. Student News Agency / Photo utilisée sous licence CC BY 4.0. license

L’attaque menée contre les écolières iraniennes nécessite une enquête approfondie, compte tenu surtout du rôle significatif que les jeunes filles et femmes ont joué lors des récentes manifestations. C’est en partie pour cette raison qu’elles sont devenues aujourd’hui les cibles du régime iranien.

Selon des organisations de droits humains iraniennes, plus de 7 00 écolières ont été victimes d’une série d’attaques au gaz au sein d’établissements scolaires à travers tout le pays. Ces intoxications, qui ont débuté au mois de novembre dernier, auraient eu lieu dans au moins 99 écoles de 28 provinces iraniennes. Jusqu’à présent, pas moins de 81 attaques ont été enregistrées en une seule journée.

D'après CNN, des représentants du gouvernement ont tenté d’étouffer les attaques au gaz. Le ministre de l’Éducation est allé jusqu’à accuser les étudiantes d’être responsables de leur propre empoisonnement, tandis que le ministre de la Santé a affirmé que dans « 95% des cas, les symptômes étaient le résultat de troubles mentaux et psychologiques et non d’attaques au gaz ».

L’indifférence du gouvernement a déclenché une vague d’indignation et de manifestations de la part des familles des écolières, qui ont poussé le régime à « identifier et arrêter » des centaines d’auteurs présumés, rejetant la faute sur l’opposition.

Toutefois, le fait que ces attaques se poursuivent depuis l’année dernière, leur ampleur et leur propagation, ainsi que les mesures de haute sécurité dans les écoles du pays, suggèrent que le régime iranien pourrait être impliqué ou être complice de ces incidents.

Des experts de l'ONU ont exprimé des inquiétudes quant à l’incapacité apparente du régime à identifier et à appréhender les responsables d’attaques coordonnées à grande échelle visant des jeunes filles en Iran ; cette approche est en contradiction totale avec la rapidité des mesures prises contre des manifestants pacifiques, supposant une implication du régime. Dans un communiqué, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a déclaré :

We fear that they are orchestrated to punish girls for their involvement in the movement – Women, Life, Freedom, and for expressing their opposition to mandatory hijab and voicing their demands for equality.

Nous craignons que ces attaques ne soient orchestrées pour punir les jeunes filles d’avoir participé au mouvement « Femme, vie, liberté », et d’avoir exprimé leur opposition au port obligatoire du hijab et réclamé l’égalité entre les hommes et les femmes.

L'apartheid de genre en Iran

Femmes sur une place en Iran. Photo by anonymous. Wikimedia Commons sous licence CC0 1.0 Universal Public Domain.

L’Iran est profondément ancré dans un apartheid de genre, qui se traduit par un contrôle total sur la vie des femmes à travers des lois perpétuant la domination masculine sur les femmes. Cette inégalité systématique entre les sexes se manifeste par diverses pratiques discriminatoires, qui mettent en évidence les disparités existantes, comme les mariages d’enfants dès l’âge de 5 ans et différentes limites d’âge pour la responsabilité pénale entre les filles et les garçons. Le droit civil qui considère les hommes comme seuls chefs de famille conduit souvent les mères à perdre la garde de leurs enfants et à être traitées injustement par les tribunaux. Les droits de succession, les autorisations de passeport, les restrictions d’accès à certaines professions, les critères en matière de divorce, l’absence de reconnaissance du viol conjugal et l’imposition d’un code vestimentaire contribuent également à l’inégalité entre les sexes et à perpétuer la discrimination à l’égard des femmes.

Cette inégalité a conduit les jeunes femmes en Iran à exiger des droits fondamentaux universels et l’égalité devant la loi. Leur cause semble bénéficier d’un large soutien du public ; la majorité de la population est consciente qu’un changement de régime est le seul moyen de pouvoir obtenir ces droits.

Il en ressort que le peuple iranien ne croit plus en la dichotomie entre réformistes et conservateurs qui caractérise la politique du régime depuis au moins 25 ans. Au lieu de cela, il exige le démantèlement total de l’ensemble du régime et de son système, le « Velayat-e faqih » (« tutelle du juriste théologien »), un concept selon lequel les « affaires religieuses et sociales » des pays musulmans relèvent de fervents juristes chiites.

Le caricaturiste Kianoush Ramazani fait allusion à la perte de confiance dans le système :

Le peuple iranien sait comment se chauffer cet hiver !

Cette perte de confiance peut expliquer le désarroi grandissant du régime alors qu’il réprime toute dissidence par la violence et sème la terreur. Les attaques au gaz ont pour but de réduire au silence quiconque chercherait à réclamer justice. En outre, il est intéressant de noter qu’une crise  comme les attaques au gaz, permet de détourner l’attention d’autres problèmes urgents, tels que les crises économiques et politiques du pays.

La résistance des femmes et des jeunes filles représente un défi de taille pour le régime iranien qui se trouve dans une impasse; il est incapable de faire des compromis sur l’apartheid de genre étant donné que son existence repose entièrement sur ce concept. Pendant ce temps, les femmes iraniennes, avec le soutien des hommes à leurs côtés, sont entrées dans une phase où elles semblent déterminées et sans peur.

La campagne de terreur de l’Iran s’étend au-delà des frontières du pays; il figure en effet parmi les principaux États à travers le monde qui soutiennent le terrorisme. L’Iran n'hésite pas à documenter ou promouvoir son utilisation de violences brutales ; en fait, le régime veut que ces actes de violence soient relatés pour répandre la peur et avoir un plus grand impact.

Il est primordial que la communauté internationale soutienne la révolution du peuple iranien. À moins que le reste du monde ne condamne les crimes contre l’humanité perpétrés par l’Iran, ces abus continueront d’être commis en silence.

Cependant, une question fondamentale subsiste : combien de temps un régime peut-il opprimer une population qui a atteint son point de rupture ?  Et combien de temps une telle oppression peut-elle encore durer ?


Brésil : les origines du maillot national et l'évolution de sa symbolique 70 ans plus tard

Tue, 25 Jul 2023 12:52:19 +0000 - (source)

Aldyr Garcia Schlee a remporté un concours avec son emblématique dessin du maillot jaune en 1953.

Publié à l'origine sur Global Voices en Français

Aldyr Schlee, o criador da "canarinho", camisa oficial da Seleção Brasileira | Imagem: Gilberto Perin, uso sob licença CC BY-NC 2.0

Aldyr Schlee, créateur du « canarinho », le maillot officiel de l'équipe nationale brésilienne | Image : Gilberto Perin, utilisée sous licence CC BY-NC 2.0

En septembre 1953, le journal Correio da Manhã a organisé un concours en vue d'obtenir des propositions pour le nouvel équipement de l'équipe nationale de football du Brésil. Trois ans après sa défaite en Coupe du Monde à domicile face à l'Uruguay, lors de l'épisode connu sous le nom de Maracanazo, il était question de relooker l'équipement le plus populaire du Brésil.

La condition était d'utiliser les couleurs du drapeau national au lieu du blanc, déjà utilisé par d'autres équipes.

Un jeune homme de 19 ans, qui vivait près de la frontière sud entre le Brésil et le pays à l'origine de la défaite du fameux « Maracanazo », et qui éprouvait de la sympathie pour les Uruguayens, a commencé à dessiner quelques croquis. Le maillot jaune, le « canarinho », créé par Aldyr Garcia Schlee, a été choisi et est devenu l'un des maillots les plus emblématiques du football mondial. Il a été inauguré en 1954.

70 ans plus tard, le maillot brésilien, qui a connu plusieurs déclinaisons et cinq titres mondiaux depuis, est devenu un symbole utilisé par les manifestants de droite et d'extrême droit au Brésil, soit quelque chose de très éloigné de la vie de Schlee. Ce dernier est décédé en 2018.

Le fils de Schlee, qui porte le même prénom que son père, Aldyr Rosenthal Schlee, s'est entretenu avec Global Voices à propos de la carrière de son père en tant que journaliste, illustrateur, professeur, écrivain et militant pro-démocrate. 

« C'est très triste de voir ce qu'il s'est passé, car mon père, sur le plan politique évidemment, n'aurait jamais adhéré aux idées des personnes qui ont porté ce maillot dernièrement », a déclaré Rosenthal Schlee.

Schlee, au-delà du football

Le créateur du maillot devenu symbole national est né à Jaguarão, à Rio Grande do Sul, situé à la frontière entre le sud du Brésil et l'Uruguay, et qui compte aujourd'hui environ 26 000 habitants. Élevé entre deux cultures, il a déménagé dans la ville brésilienne de Pelotas, à environ 14O kilomètres de là.

C'est là-bas qu'Aldyr a fondé sa famille et a commencé sa carrière de journaliste, illustrant les buts des matchs dans un journal local.

Peu après, il s'est lancé dans une carrière universitaire et littéraire. En tant que docteur en lettres et sciences humaines, il a été professeur d'université, a fondé une université et un journal, et il a remporté des prix en journalisme et en littérature.

Desenhos e rascunhos de Aldyr Schlee | Imagem: Arquivo pessoal

Les dessins et croquis d'Aldyr Schlee pour le maillot national brésilien | Image: archives personnelles, utilisation autorisée

Aldyr, le fils, a souligné qu'à une époque où le sport ne générait pas encore de grosses sommes d'argent, le prix et les réactions du public concernant la création du maillot n'étaient pas très significatifs.

C'est grâce à Internet, des années plus tard, que son père s'est fait connaître :

O futebol não tinha as proporções que tem hoje. A gente não pode imaginar o futebol dos anos 1950 (com a importância que tinha naquela época) com a importância que tem hoje. Hoje qualquer coisa no futebol é uma coisa milionária, mas naquela época era tudo semiprofissional.

Le football n'avait pas la même importance qu'aujourd'hui. On ne peut pas concevoir le football des années 1950 (avec la dimension qu'avait ce sport à l'époque) avec la place qu'il a aujourd'hui. Désormais, tout ce qui touche au football concerne les millionnaires, alors qu'à l'époque tout n'était que semi-professionnel.

En plus de voir son dessin sélectionné, Schlee a obtenu un stage au journal qui organisait le concours à Rio de Janeiro. Son fils se souvient que cette période « a été la plus importante pour lui » et qu'il y pensait souvent.

Pour la démocratie

Il décrit son père comme un défenseur de la démocratie, qui « s'est toujours opposé à tout ce qui avait un caractère totalitaire » à l'instar de la dictature militaire au Brésil, qui a suivi le coup d'État de 1964.

Aldyr Schlee n'a jamais été affilié à des partis politiques, mais son fils se souvient qu'il a néanmoins été convoqué par la police et détenu.

Une fois, il a été accusé d'être communiste, car il avait montré à ses étudiants un texte « qui portait sur la façon dont on avait enfreint la Constitutionau compte tenu de [la situation] à ce moment-là », tel qu'il s'en souvient : 

Uma aluna levou o texto para o pai dela, que entregou para um capitão do Exército, que era parente deles […] Em função disso meu pai passou a ser acusado de ser comunista, teve que enfrentar Inquéritos Policiais Militares (IPMs), respondendo por subversão e pela forma como sempre se postou.

Une étudiante a apporté le texte à son père, qui l'a remis à un capitaine de l'armée appartenant à leur famille […] Suite à cela, mon père a été accusé d'être communiste, il a dû se soumettre aux enquêtes de la police militaire (IPM), et a été interrogé sur la subversion et sur les positions qu'il a toujours défendues.

Le fils a également constaté que la répression et la censure de l'époque ont eu un impact direct sur la carrière universitaire de Schlee et l'ont empêché de soutenir sa thèse qui traitait du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes :

A vida familiar ficou muito difícil. Chegamos a pensar em fugir para o Uruguai. Isso só foi melhorar quando terminou a ditadura, lá no final dos anos 1970 e início dos anos 1980.

La vie de famille est devenue très difficile. Nous avons même envisagé de fuir en Uruguay. La situation ne s'est améliorée que lorsque la dictature touchait à sa fin, vers la fin des années 1970 et le début des années 1980.

Fondateur de la faculté de journalisme de l’université catholique de Pelotas (UCPel), Aldyr a été exclu de l'institution pendant les années du régime militaire. Sa carrière de professeur de droit a également été affectée.

Desenho de Aldyr Schlee enviado para o concurso que definiria a camisa da Seleção Brasileira, em 1953 | Imagem: Arquivo pessoal

Dessin d'Aldyr Schlee envoyé en 1953 au concours pour réaliser le maillot de l'équipe nationale brésilienne| Image : archives personnelles / utilisation autorisée

« Le petit maillot jaune » comme instrument de la droite

En 2015, le maillot jaune a commencé à faire son apparition lors de manifestations contre le gouvernement de la présidente de l'époque, Dilma Rousseff (PT, Parti des travailleurs). Dilma a été destituée en 2016.

Avec l'ascension de l'homme politique d'extrême droite Jair Bolsonaro (aujourd'hui au PL, Parti libéral), les conservateurs et ses partisans se sont de plus en plus appropriés l'équipement.

Le fils aîné d'Aldyr a critiqué cette appropriation et a parlé de son incidence sur la famille :

Eu acho que no fundo ele estaria muito triste, assim como a gente está. Eu até converso muito com a minha mulher e ela tem uma posição — que eu acho que é a mais inteligente — que é de que a gente não pode largar mão desta camiseta. Assim como não pode largar mão da bandeira nacional. Isso não é deles, isso é nosso. Eu mesmo tenho muita dificuldade de vestir essa camiseta. Eu não vesti [na Copa do Mundo de 2022]. Até torcer pra seleção brasileira na Copa do Mundo foi muito difícil.

Je pense qu'au fond de lui, il serait très triste, tout comme nous. J'en parle même beaucoup à ma femme et elle estime que nous ne pouvons pas renoncer à ce maillot, ce qui est, à mon avis, tout à fait juste. Tout comme nous ne pouvons pas renoncer au drapeau national. Ce n'est pas le leur, c'est le nôtre. Moi-même, j'ai du mal à enfiler ce maillot. Je ne l'ai pas porté [lors de la Coupe du monde 2022]. Même encourager l'équipe nationale brésilienne à la Coupe du monde a été très difficile.

Avec les élections présidentielles de 2022, la victoire de Luiz Inácio Lula da Silva (PT) et la Coupe du monde, le débat sur la nouvelle signification du maillot canarinho s'est intensifié, les rappeurs, les mouvements noirs et les habitants des favelas cherchant à se réapproprier ce maillot, comme l'a rapporté le journal en ligne UOL.

Environ une semaine après l'investiture de Lula et suite à l'invasion par les partisans de Bolsonaro de la Place des Trois Pouvoirs à Brasilia, le 8 janvier, la Confédération brésilienne de football (CBF) s'est également penchée sur l'utilisation politique du maillot :

Le maillot de l'équipe nationale brésilienne est symbole de la joie de notre peuple. Il est synonyme d'encouragement, de célébration et d'amour du pays.

La CBF est une institution démocratique et non partisane. Nous encourageons l'utilisation du maillot pour rassembler et non pour diviser les Brésiliens.

En novembre dernier, peu avant la Coupe du monde, la CBF avait déjà initié une campagne visant à empêcher l'utilisation du maillot par la droite. À l'époque, les partisans de Bolsonaro campaient dans tout le pays, remettant en cause le résultat des élections.

Cependant, le fils de Schlee est sceptique quant à la possible récupération de la signification du maillot dans le contexte actuel :

Eu vejo com muita tristeza essa apropriação indébita. Hoje, quando vejo alguém na rua, fico desconfiado. Olho de lado, não quero chegar perto dela. Não tenho condições de vestir hoje esta camiseta, assim como meu pessoal também não.

Je vois ce détournement avec beaucoup de tristesse. Aujourd'hui, quand je vois quelqu'un dans la rue [avec le maillot], je me méfie. Je le regarde de travers, je ne veux pas l'approcher. Je ne me sens plus légitime à porter ce maillot aujourd'hui, et mes amis et ma famille non plus.

Aldyr Rosenthal a également fait remarquer qu'il y a des années, son père avait déjà cessé d'accorder trop d'importance au fait d'être le créateur du maillot, et qu'il avait l'habitude d'encourager l'Uruguay. En 2018, Schlee a plaisanté en disant qu'il opterait pour un nouvel équipement marron pour le pays, car « ce n'était que de la merde ».

À la frontière

Le fait de vivre entre deux pays a influencé la vie d'Aldyr Schlee, en particulier dans le domaine de la littérature. Son dernier livre, publié à titre posthume, est le Dictionnaire de la culture de Pampeana Sul-Rio-Grandense. Son fils raconte :

Toda obra do meu pai é fundada nesta região entre Jaguarão e Rio Branco, entre o extremo sul do Brasil e o nordeste do Uruguai. Esta é a diferença que eu faço: entre o Aldyr Schlee, o guri que nasceu ali e veio para Pelotas depois, foi ser desenhista/jornalista, e o escritor que ficou preso — e quis ficar preso — naquela microrregião. É aquele que sempre diz que aquilo ali é uma terra só: é até o título de um livro dele.

Tous les ouvrages de mon père ont pour cadre la région située entre Jaguarão et Rio Branco, entre l'extrême sud du Brésil et le nord-est de l'Uruguay. C'est la distinction que je fais entre Aldyr Schlee, le gamin qui est né là-bas et qui est arrivé à Pelotas par la suite, [qui] devait être dessinateur humoristique/journaliste, et l'écrivain qui a été piégé – et qui a voulu être piégé – dans cette microrégion. C'est lui qui a toujours dit que [la région] n'est qu'une seule terre : c'est même le titre de l'un de ses livres.

Les deux pays ont jalonné la vie d'Aldyr jusqu'à sa mort, le 15 novembre 2018.

Au lendemain de sa mort, le Brésil a affronté l'Uruguay lors d'un match amical en Angleterre, le pays fondateur du football. Un hommage posthume a été rendu, avec une minute de silence et une photo de Schlee affichée sur l'écran de l'Emirates Stadium de Londres. Le Brésil a remporté le match 1-0.

Sa passion pour le football a changé sa vie à jamais. Aldyr Schlee aimait non seulement le football sur gazon, mais aussi le football de table – une passion transmise au premier enfant qui, aujourd'hui, comme son père, participe à des championnats sportifs.

Schlee est décédé en 2018, à l'âge de 83 ans, des suites d'un cancer, laissant derrière lui trois enfants, trois petits-enfants, plus de 15 ouvrages littéraires publiés, ainsi qu'une passion pour le football et pour la vie au-delà des frontières.

Une minute de silence à Londres pour Aldyr Schlee, créateur du maillot de l'équipe nationale brésilienne. Le gaucho est décédé hier à l'âge de 83 ans, à Pelotas.

Un bel hommage rendu à Aldyr Schlee à Londres.


Les mots ont la parole: Épisode #04  

Tue, 25 Jul 2023 11:29:09 +0000 - (source)

En portugais, on utilise le mot français « chic », sans savoir que le mot est en fait d’origine allemande

Publié à l'origine sur Global Voices en Français

Capture d'écran de la vidéo du chanteur brésilien Yamashita sur sa chaîne YouTube.

Les différentes versions de la langue française qui se parlent aux quatre coins du monde ne se ressemblent pas toujours. Dans notre rubrique “Les mots ont la parole”, nous mettons à l’honneur les mots ou expressions qui sont spécifiques à une région, un pays, une communauté, mais aussi les intraduisibles qu’on garde en français tels quels, ou qu’on traduit à moitié, et enfin les mots français qui passent dans d’autres langues et ne se traduisent pas, mais prennent parfois un nouveau sens. 

Vous pouvez également retrouver nos épisodes précédents, à savoir le premier, le second et le troisièmeAujourd’hui, nous avons choisi ces trois termes:

Macho Si en français on comprend le terme “macho” comme pour désigner un homme misogyne et phallocrate, en espagnol, “macho” signifie tout simplement “mâle”, c'est à dire “animal de sexe masculin”. Ce mot a donc traversé les frontières pour s'utiliser en français et anglais, mais ce faisant, il a également changé de signification.

A l'origine, dans les pays d'Amérique latine et notamment au Mexique, être macho est plutôt une bonne chose pour l'époque, car cela implique des valeurs de courage, de force et de virilité. On peut d'ailleurs voir à quel point ce terme est mis en valeur dans la chanson Macho Man des Village People en 1978. (”Every man wants to be a macho macho man, to have this kind of body always in demand” = tout homme veut être un homme macho macho, avoir ce genre de corps toujours demandé) que voici:

 

Cependant, aujourd'hui le terme s'utilise plus souvent de manière péjorative, pour dénoncer le comportement sexiste de certains hommes. C'est à travers les luttes féministes des années 60 et 70 que le terme de “machisme” est apparu et s'est exporté vers le français. Ce mot a donc aujourd'hui toute une dimension sociale qu'il n'avait pas à l'origine, et c'est par le biais de cette évolution du sens qu'il est entré dans le vocabulaire courant.  

Ainsi, dans un article récent de Global Voices, on peut lire cette phrase :  “Le langage macho dépassé qui promeut l'honneur et la violence ne colle pas vraiment avec les  « j'aime » et les « cœurs » échangés sur la plateforme.” à propos du comportement d’une célébrité georgienne. 

Pour lire l’article: La masculinité toxique du prince gangster de Géorgie

 

麻甩 Ce terme cantonais, prononcé ‘maa-lat’ est bien une intrusion du français dans cette langue chinoise parlée à Hong Kong, en Chine du sud et dans la diaspora chinoise. Il signifie malade, mais dans le sens psychologique, et est utilisé pour décrire une personne qui a un comportement inhabituel, bizarre et souvent dérangeant, voire fou. 

Dans cette vidéo, la rappeuse hongkongaise Luna is a Bep utilise le terme de 麻甩  (Maa-lat) dans un hashtag  (#麻甩系) pour décrire une femme qui a un comportement d’homme , et qui est donc un peu bizarre: 

 

Pour en savoir plus sur les langues chinoises, lisez aussi: Quelles sont les appellations utilisées par les locuteurs de chinois  mandarin pour décrire leur propre langue? 

Un autre exemple est le titre de cette pièce de théâtre, populaire à Hong Kong en 2012 , et qui s'appelle «Les trois malades » :  三個麻甩 (prononcé: saam go maa lat). 

 

Chique En portugais, comme dans d’autres langues comme l’anglais ou le tchèque, on utilise le mot français « chic », qui signifie élégant, sans toujours savoir qu’au départ, le mot est en fait d’origine allemande (en allemand, Schick veut dire « adresse », « habileté »).

En portugais, le mot a gardé cette référence à tout ce qui est élégant, mais il peut aussi être utilisé pour signifier que quelque chose est cher, comme par exemple une voiture de luxe, ou de marque étrangère, et que la plupart des gens n’ont pas les moyens de s’acheter. 

Le terme apparaît dans plusieurs chansons, par exemple « chique« , « Vida chique », et « Moça chique » (jeune femme chic). Une  journaliste de mode connue au Brésil pour son blog intitulé “Chic”, a fait de ce mot son slogan.

Voici la vidéo du chanteur Yamashita dont le titre est justement « Chique »:

 

On l’entend souvent au quotidien, et on peut même augmenter le mot avec « chiquezāo » ou le diminuer avec « chiquezinho », qui est le nom porté par une entreprise qui vend des objets pour enfants.

Si vous avez des mots ou expressions à partager pour les faire figurer dans notre rubrique “Les mots ont la parole” contactez-nous: filip.noubel@globalvoices.org


Comment les médias numériques façonnent l'opinion publique sur la durabilité environnementale au Nigeria

Mon, 24 Jul 2023 18:10:51 +0000 - (source)

La pollution, le manque d'assainissement et la déforestation sont quelques-uns des principaux problèmes

Publié à l'origine sur Global Voices en Français

Photo montrant une colline de déchets dans une communauté de l'État d'Ogun, au Nigéria. Image de Yemi Photo montrant une colline de déchets dans une communauté de l'État d'Ogun, au Nigéria. Image de Yemi Festus sur Wikimedia Commons ( CC BY-SA 4.0 )

Par Iretomiwa Adio

Alors que le Nigéria est aux prises avec divers défis environnementaux , le rôle des médias numériques dans la formation du discours public et des attitudes envers la durabilité environnementale est devenu de plus en plus important.

Les plates-formes de médias numériques, telles que les réseaux sociaux et les sites d'information en ligne, sont devenues de puissants catalyseurs pour sensibiliser et mobiliser les communautés. Le paysage des médias numériques au Nigéria a joué un rôle important en mettant au premier plan des problèmes urgents, notamment les fréquents déversements de pétrole dans le delta du Niger, le vol de pétrole et le bunkering illégal dans les États environnants. Il est devenu un canal essentiel pour diffuser des informations et engager des conversations sur ces questions importantes.

Si ces plateformes de médias numériques ont le pouvoir de façonner positivement l'opinion publique, elles ont également le potentiel de cacher des informations à l'opinion publique, présentant ainsi le revers de la médaille. Ces plateformes peuvent offrir une large portée, mobiliser les communautés et les informer sur les mouvements sociaux et environnementaux, mais elles peuvent aussi contribuer par inadvertance à un cycle d'auto-information où les communautés déjà informées reçoivent des informations redondantes. Par conséquent, le grand public peut ne pas recevoir les informations nécessaires et utiles pour conduire le changement, et encore moins comprendre pleinement les problèmes à résoudre. 

L'article intitulé « Environmental Challenges Awareness in Nigeria: A Review  », publié l'année dernière dans l'African Journal of Environment and Natural Science Research, propose un examen perspicace des défis environnementaux au Nigeria, notamment la pollution, le mauvais assainissement et la déforestation. Il souligne l'importance d'une sensibilisation accrue et de mesures proactives pour s'attaquer efficacement à ces problèmes urgents. 

Une autre préoccupation est que le climat actuel au Nigeria concernant les questions environnementales et la durabilité est loin d'être une priorité pour les citoyens. Comme indiqué dans un article de blog par Edidiong Daniel dans The Eco Writer , il semble y avoir un manque de préoccupation inhérente pour la durabilité environnementale chez les Nigérians. Nous ne sommes pas suffisamment informés de l'impact de nos actions sur l'environnement, et nous ne saisissons pas pleinement sa signification.

Bien que des plateformes comme Instagram, Twitter et Facebook puissent efficacement attirer l'attention sur ces problèmes urgents, elles restent souvent limitées à de simples hashtags ou fils Twitter. Le problème ne réside donc pas dans les plates-formes que nous utilisons pour partager des informations, mais plutôt dans l'efficacité avec laquelle nous les employons pour favoriser le débat public et l'engagement des Nigérians sur ces questions critiques.

Par exemple, le documentaire de 2015, devant « Nowhere to Run: Nigeria's Climate and Environmental Crisis » (Nulle part où aller : la crise climatique et environnementale au Nigeria), met en lumière les dommages considérables infligés à la communauté Ogoni en raison d'années de déversement aveugle de pétrole brut. Ce documentaire stimulant, produit par la Fondation Shehu Musa Yar'Adua et animé par Ken Wiwa , fils du célèbre activiste environnemental et écrivain, Ken Saro-Wiwa [FR], visant à mettre en évidence l'impact du changement climatique et de la dégradation de l'environnement, posant des défis importants au développement national couplé avec une croissance rapide de la population du Nigeria. Bien que le documentaire ait efficacement véhiculé les réalités auxquelles nous sommes confrontés, il n'a malheureusement pas gagné en popularité en termes de vision et de discussions sur les réseaux sociaux. Sur YouTube, il n'a actuellement que 21 000 vues, un contraste frappant avec les 31,60 millions d'abonnés au Nigeria seul (environ le double de la population de New York). Dans un tel scénario, les médias numériques ont joué un rôle d'information et de sensibilisation à l'environnement. Cependant, dans la plupart des cas, les sujets viraux tels que les tendances socio-économiques, les actualités politiques et le divertissement ont tendance à dominer les plateformes, éclipsant des sujets tels que le changement climatique et la durabilité. Par conséquent, ces sujets cruciaux reçoivent beaucoup moins d'opinions que nécessaire, ce qui met en évidence le défi de capter l'attention du public sur les problèmes environnementaux urgents.

Ce n'est pas toujours le cas non plus. Un exemple qui contraste avec la situation précédente est la campagne Clean Nigeria, lancée en 2018 dans le but d'éliminer la défécation à l'air libre dans le pays d'ici 2025. Cette campagne indique qu'en 2018, 47 millions de Nigérians se livraient à la défécation à l'air libre, ce qui aurait provoqué plus de 100 000 décès d'enfants par an, dont plus de 90 % sont liés à l'eau insalubre, comme l'a rapporté l'UNICEF .

Campagne de sensibilisation en cours, #SayNoTo Open Defecation, au Nyaya Motor Park…🚽🛁#2020WorldToiletDay pic.twitter.com/J8eKf8UHVb

— EHSDivision, Federal Ministry of Environment. (@EHS_Division) 16 novembre 2020

La campagne a utilisé efficacement une combinaison de plateformes de médias numériques, de collaborations communautaires et de conversations sur les réseaux sociaux. Elle a donné la priorité à une bonne éducation sur le problème tout en soulignant qu'il s'agissait d'un problème collectif qui nécessite les efforts de chacun pour être résolu. En conséquence, en octobre 2022, l'État de Jigawa a été déclaré le premier État sans défécation à l'air libre du pays. Cette réalisation a considérablement réduit le taux de choléra et la mortalité infantile.

La principale distinction entre ces deux mouvements n'est pas leur importance, mais plutôt l'efficacité avec laquelle les médias numériques ont été utilisés pour influencer l'opinion publique concernant la valeur que nous accordons à l'environnement. Alors que l'ancien mouvement diffusait efficacement l'information et produisait un documentaire axé sur des thèmes pertinents, il peinait à initier un discours allant au-delà. Une campagne numérique réussie doit favoriser des dialogues qui s'épanouissent dans des contextes réels, transcendant son support principal. En revanche, cette dernière campagne a pris l'initiative au-delà des plateformes Internet, s'engageant avec les communautés affectées au niveau local et déclenchant des changements concrets dans le processus.

En outre, certains journalistes s'inquiètent des informations qui parviennent au public et de leur conformité avec les opinions des Nigérians sur la durabilité environnementale. Dans une étude, la journaliste nigériane Evelyn Tagbo a constaté que moins de 0,1 % des articles publiés par deux journaux nigérians sur deux périodes de trois mois traitaient des changements climatiques. L'étude a également conclu que l'écart important entre la compréhension du public du changement climatique et les impacts réels de ce changement dans la région demeure un problème critique.

Le débat sur l'environnement et les changements climatiques peut être grandement facilité par notre utilisation des plateformes de médias numériques. Cependant, il est crucial que nous possédions une compréhension approfondie non seulement de la manière d'utiliser efficacement ces plateformes, mais également du rôle important qu'elles jouent dans la formation de l'opinion publique sur les questions environnementales. L'éducation est essentielle pour apprendre à tirer parti de ces plateformes pour transmettre des messages de manière convaincante. Il est essentiel de reconnaître l'importance d'aller au-delà du domaine des hashtags, des fils Twitter et des messages Facebook, et de travailler activement à la mise en œuvre de changements tangibles et significatifs dans nos sociétés.


La détention prolongée d'un militant suscite la colère en Angola

Mon, 24 Jul 2023 17:54:36 +0000 - (source)

Tanaice Neutro a déjà purgé 15 mois de sa peine « avec sursis »

Publié à l'origine sur Global Voices en Français

L'activiste Angolais Gilson da Silva Moreira a été détenu depuis l'année 2021. Capture d'écran de la vidéo YouTube ‘Ativista Tanaice Neutro condenado a pena suspensa de um ano e três meses’ réalisée par l'auteur.

En février 2021, un jeune militant appelé Gilson da Silva Moreira, mieux connu sous le nom de Tanaice Neutro, a été arrêté pour avoir prétendument insulté le Président de l'Angola, João Lourenço, sur les réseaux sociaux. Ces insultes comprenaient l'utilisation de termes comme « voyou » et « clown » pour désigner Lourenço.

Selon les sources locales, Neutro a été condamné à une peine d'un an et trois mois d'emprisonnement avec sursis dans un verdict rendu public en octobre 2022. Cependant, toute personne reconnue coupable d'outrage à l'État, à ses symboles et à ses secteurs – parmi les charges retenues contre Neutro – est généralement tenue de purger sa peine en prison.

Lors de la publication du verdict, le ministère de la Justice a donc fait appel de la condamnation. L'avocat de la défense de l'activiste s'est dit satisfait de la peine avec sursis, même s'il a regretté le temps que Neutro avait déjà passé en prison – 15 mois.

L'une des justifications avancées pour que Neutro reste en dehors de la prison était son état de santé affaibli, car il était malade avant d'aller en prison, et d'être un primo-délinquant – mais cette décision de justice n'a jamais été appliquée. De ce fait, le militant est resté en prison depuis son arrestation en 2021, et sa santé continue de se détériorer.

C'est pourquoi le Réseau des Défenseurs des Droits Humains d'Afrique Australe, par l'intermédiaire de son président, Adriano Nuvunga, a répudié la détention illégale de cet activiste angolais. Dans la vidéo ci-dessous, mise en ligne le 5 juin dernier, un appel à l'aide a été lancé pour la sortie de Tanaice Neutro :

#Angola | En tant que SouthernDefenders, nous sommes activement solidaires et exigeons la libération immédiate et inconditionnelle de Tanaice Neutro, un défenseur de droit de l'homme (DDH) qui a passé plus de 500 jours en détention illégale. #JusticeDelayedIsJusticeDenied!@AngolaBriefing @Angolans pic.twitter.com/jlrIS71m5H

— SouthernDefenders (@SAHRDNetwork) 5 juin 2023

Il y a également plusieurs plaintes en ligne contre la détention de l'activiste angolais :

The persecution of activists and demonstrators is a reality in Angola that must end! Activist Tanaice Neutro has already served a 15-month suspended sentence, but is he still in jail today? Why? It is not known!
Don't be silent @antoniocostapm @amnistiapt

— Cídia Chissungo (@Cidiachissungo) June 5, 2023

La persécution des militants et des manifestants est une réalité qui doit cesser en Angola! L'activiste Tanaice Neutro a déjà purgé une peine de 15 mois avec sursis, mais est-il toujours en prison aujourd'hui ? Pourquoi? On ne sait!
Ne te tais pas @antoniocostapm @amnistiapt

— Cídia Chissungo (@Cidiachissungo) 5 juin 2023

Angolan authorities must end police violence against peaceful demonstrators now! Activist Tanaice Neutro completes 507 days in prison today for protesting. #Freetanaice
Don't be silent @antoniocostapm. @amnistiapt

— Cídia Chissungo (@Cidiachissungo) 5 June 2023

Les autorités angolaises doivent maintenant mettre fin aux violences policières contre les manifestants pacifiques! L'activiste Tanaice Neutro purge aujourd'hui 507 jours de prison pour avoir manifesté. #Freetanaice
Ne te tais pas @antoniocostapm. @amnistiapt

— Cídia Chissungo (@Cidiachissungo) 5 juin 2023

L'Amnesty International du Portugal a profité de la visite du Premier ministre du Portugal, António Costa en Angola, qui s'est déroulée du 5 au 7 juin, pour faire connaître l'affaire :

Join us and tell @antoniocostapm that Human Rights must be part of the official agenda of your visit to Angola!

See how to do it in the comments/replies to this tweet. pic.twitter.com/BGJOLViRqd

— Amnesty Portugal (@amnistiapt) 5 June 2023

Rejoignez-nous et dites à @antoniocostapm que les Droits de l'Homme doivent faire partie de l'agenda officiel de votre visite en Angola !

Voyez comment faire dans les commentaires/réponses à ce tweet. pic.twitter.com/BGJOLViRqd

— Amnesty Portugal (@amnistiapt) 5 juin 2023

Des rapports d'organisations de défense des droits humains indiquent que la santé de Tenaice Neutro s'est détériorée, c'est pourquoi les appels se multiplient pour qu'il soit libéré, afin d'obtenir les soins nécessaires en dehors de la prison.

Tanaice Neutro est emprisonné depuis plus de 500 jours, uniquement à cause de son militantisme pacifique. Il a désespérément besoin de soins médicaux urgents, ce que les autorités lui refusent. Rejoignez-nous pour exiger la libération immédiate et inconditionnelle de Tanaice par les autorités Angolaises. pic.twitter.com/SRPi13pPoB 

— AmnestySouthernAfrica (@AmnestySARO) 2 juin 2023


La rhétorique anti-réfugiés et la nouvelle extrême droite sur les réseaux sociaux turcs

Mon, 24 Jul 2023 17:22:55 +0000 - (source)

Les célébrités des réseaux sociaux incitent les jeunes frustrés à s'attaquer aux réfugiés

Publié à l'origine sur Global Voices en Français

Image reproduite avec l'aimable autorisation de Giovana Fleck

Cet article a été écrit dans le cadre du partenariat d'Advox avec Small Media Foundation pour vous présenter l'initiative UPROAR, une collection d'essais qui mettent en exergue les défis des droits numériques dans les pays soumis au processus d'Examen Périodique Universel de l'ONU.

Il y a une vague de rhétorique anti-réfugiés qui se déchaîne sur les réseaux sociaux turcs. Commençant par les déclarations ouvertement racistes effectuées par des dirigeants de partis politiques d'extrême droite jusqu'aux comptes prétendant être des « agences de presse » diffusant des désinformations pour inciter à la violence, les réseaux sociaux ne rendent pas la vie plus sûre pour les plus de 4 millions de réfugiés à l'intérieur des frontières turques. Il y a eu plusieurs points d'escalade dans la rhétorique. La prise de contrôle de Twitter par Elon Musk a fourni un espace sûr à l'extrême droite turque, tout comme ses compatriotes internationaux, et les élections turques en mai 2023 ont vu les réfugiés ciblés par des campagnes politiques. Pourtant, indépendamment de ces pics, cette tendance à l'augmentation des discours de haine contre les réfugiés dans les réseaux sociaux turcs a une histoire plus longue.

Une explication intuitive serait basée sur les nombres ; parce que le nombre de réfugiés augmente, le sentiment anti-réfugiés augmente également. Il y a cependant peu de choses pour étayer ce récit. Il y a plus de preuves empiriques pour le phénomène exactement opposé : le contact social avec les immigrés conduit à plus de tolérance et à des sentiments positifs plutôt qu'à une augmentation de la haine. Bien qu'il n'y ait pas de données directes en tant que telles dans l'exemple spécifique de la Turquie, Zafer Partisi, un parti politique d'extrême droite qui promet d'expulser tous les réfugiés de Turquie, a obtenu un pourcentage de voix supérieur que sa moyenne nationale dans une seule des cinq premières provinces avec la plus forte concentration de réfugiés, et dans deux des 10 premières, selon les données du centre de gestion des migrations du ministère de l'Intérieur.

Il existe de nombreux documents prouvant que l'exposition à des récits pro ou anti-immigrés dans les médias affecte les attitudes à l'égard de l'immigration. Les preuves que l'exposition négative aux médias crée de l'hostilité et de la discrimination contre les immigrants sont solides. Le rôle des plateformes de médias sociaux dans ce récit fait toujours l'objet de recherches. Les résultats existants suggèrent que les réseaux sociaux sont très réceptifs aux récits produits par les médias traditionnels, et il ne serait pas exagéré de supposer que le contraire est également vrai. Cela nous oblige à nous attaquer au radicalisme anti-réfugiés dans les réseaux sociaux turcs en tant que phénomène indépendant et très dangereux en soi. De toute évidence, l'atmosphère politique du pays affecte les médias tout comme elle affecte à peu près tout en Turquie. Les réseaux sociaux eux-mêmes sont un agent (ou, plus précisément, une collecte du grand nombre d'agents) dans ce changement, cependant, pas seulement un récepteur passif.

Réseaux de haine

Des influenceurs, des streamers et des célébrités similaires des réseaux sociaux conduisent des hordes de jeunes hommes frustrés à cibler les réfugiés. Le streamer Twitch, Ahmet Sonuç, connu sous le nom de « Jahrein », est l'une de ces figures. Utilisant sa popularité auprès des jeunes hommes en tant que streamer de jeux, il cible et déshumanise régulièrement les réfugiés. Sonuç vise également les organisations nationales qui n'ont pas de vision raciste envers les réfugiés turcs, ciblant fréquemment les partis politiques qui favorisent les politiques d'intégration et laissant entendre que les organisations féministes qui refusent de définir les problèmes de harcèlement sexuel en termes racistes méritent d'être harcelées. Le compte Twitter de Sonuç a été bloqué par l'administration Twitter pré-Musk en octobre 2022 pour conduite haineuse, mais il a été restauré après la prise de contrôle de Musk.

Un autre exemple en tant que tel est le créateur de contenu YouTube d'extrême droite anonyme connu sous le nom de « Erlik ». Connu pour promouvoir des histoires alternatives militaristes et des théories du complot, Erlik utilise son compte Twitter de la même manière pour affirmer que les réfugiés sont un danger démographique et pour louer les politiques anti-réfugiés des gouvernements de droite comme celui du Royaume-Uni, que le Conseil européen sur les Réfugiés et les Exilés (ECRE) a appelé à promouvoir des politiques qui alimentent la violence d'extrême droite. Erlik est également célèbre pour ses vidéos YouTube appelant les femmes féministes combattant les agressions sexuelles fascistes et ciblant les utilisateurs de réseaux sociaux de gauche et pro-Kurdes, affirmant qu'elles sont liées à des organisations terroristes.

Les sentiments les plus ignobles proviennent de comptes Twitter anonymes. Enhardis par leurs coches bleues, qui peuvent désormais être facilement acquises en l'absence de toute vérification et de tout contrôle, ces comptes déshumanisent régulièrement les réfugiés et lancent des accusations contre la population immigrée en Turquie pour tous les problèmes, à savoir la propagation de maladies contagieuses et, ce faisant, ravivent le récit des « immigrants sales ».

Ajans Muhbir (Agence d'information) est l'un des principaux comptes provocateurs. Il est affilié au politicien d'extrême droite Ümit Özdağ, le chef d'un parti politique radical de droite nouvellement fondé, Zafer Partisi. Le compte précédent d'Ajans Muhbir, avec une longue histoire de partage de contenu faux et obsolète pour cibler les immigrants a été fermé  par Twitter pour avoir enfreint les règles de Twitter à l'époque pré-Musk. Mais cela n'a pas empêché d'alimenter le récit anti-immigrés, ce qu'il continue de faire sous un nouveau nom en toute impunité. Il y ae également des comptes non anonymes régulièrement engagés dans la propagation de la haine. L'un de ces comptes importants appartient à Ümit Özdağ, qui l'utilise comme plate-forme pour instiller la peur via des vidéos insinuant que les Turques deviendront une minorité en Turquie à l'avenir. Il n'a pas non plus hésité à partager des théories du complot racistes qui blâment la minorité kurde en Turquie pour les vagues d'immigration massive. Le récit incontrôlé et alimenté par la haine d'Özdağ a attiré des dizaines de racistes turcophones et de démagogues d'extrême droite de tous bords sur ses plateformes de réseaux sociaux.

Özdağ a également utilisé son compte pour louer un trafiquant d'êtres humains d'avoir fait sortir des réfugiés des frontières du pays et d'avoir ciblé des médecins immigrés en publiant leurs informations personnelles sur Twitter. Ces récits doivent être considérés comme des crimes selon la loi turque.

Le politicien a constamment propagé l'idée que les réfugiés syriens prendraient le contrôle de la Turquie sur le plan démographique et feraient des Turcs une minorité opprimée, en quelque sorte une version traduite et localisée de la théorie du « Grand Remplacement » – une théorie du complot antisémite d'extrême droite qui est née en France au début du XXe siècle et s'est progressivement étendue au monde occidental, atteignant un sommet de popularité dans les années 1930. Il a été relativement oublié jusqu'à ce qu'il refait surface une fois de plus au 21e siècle par la résurgence de l'extrême droite.

Avec la combinaison de « l'effet de coche bleue » sur le nouveau Twitter de Musk qui aggrave la rhétorique d'extrême droite dans le monde et la nouvelle légitimation des élections turques par deux parties du bloc d'extrême droite acceptées à la fois dans le parti au pouvoir Justice et Développement et dans les alliances de l’opposition ; il est difficile d'imaginer que cette tempête de réseaux sociaux ralentisse de si tôt.

La Turquie est l'un des principaux centres de réfugiés au monde, avec une économie assez importante et une population nombreuse très active sur les réseaux sociaux. Toutes ces qualités en font presque un laboratoire d'interactions entre l'extrême droite, les réseaux sociaux et les réfugiés. L'atmosphère des réseaux sociaux dans le pays devrait être surveillée de près par quiconque tente de comprendre et de discerner les nouvelles relations qui se forment entre la nouvelle extrême droite et les nouveaux médias à l'échelle mondiale.


Comment la guerre en Ukraine a tordu ma langue

Mon, 24 Jul 2023 16:43:26 +0000 - (source)

« Poutine n'a aucun droit d'auteur sur l'utilisation de la langue russe »

Publié à l'origine sur Global Voices en Français

Photo prise à Odessa en octobre 2022. Sur la banderole, on peut lire : Photo prise à Odessa en octobre 2022. La bannière se lit comme suit : « Si vous touchez Mama, Mama vous enterrera. » « Mama » fait ici référence à Odesa connue sous le nom d’Odessa-Mama, tandis que le naufrage du bateau fait référence au succès de l'Ukraine qui a réussi à envoyer par le fond l'un des plus grands navires militaires russes le 14 avril 2022. Photo de Filip Noubel, utilisée avec permission.

Au cours des dix premières années de ma vie, ma famille multiethnique a voyagé à travers l'Union soviétique, la Tchécoslovaquie et la France. Au fil de nos déplacements, j'ai appris des langues qui continuent aujourd'hui encore à façonner mon identité. Parmi elles, le russe. J'ai également assimilé des modèles culturels en cours de route. Celui que je chéris est la tolérance.

Lorsque nous vivions à Tachkent dans les années 1970, la tolérance portait un nom spécifique et hautement politique : Дружба народов (Druzhba narodov) ou « fraternité des nations ». Ces deux mots étaient utilisés à l'infini dans les manuels scolaires, les affiches de rue, les journaux télévisés et les discours prononcés lors d'événements officiels. La réalité soviétique m'a cependant rapidement appris qu'outre le slogan et son langage soutenu, les insultes ethniques faisaient également partie de la vie quotidienne, au bazar, dans les bus surpeuplés, dans les longues files d'attente pour le lait et aux postes-frontières.

Plaque commémorative à Odessa rappelant aux piétons que l'auteur yiddish Sholem Aleichem a vécu à Odessa. Photo prise en 2018 par Filip Noubel, utilisée avec permission.

Pourtant, ce même quotidien m'a montré que les gens se mariaient entre eux. À Odessa, où nous nous sommes installés en 1979, nos amis et voisins étaient issus de familles mixtes karaïm-allemandes, russo-arméniennes, ukrainiennes-juives, grecques-moldaves. Lorsque nous regardions quotidiennement les films sur la Seconde Guerre mondiale à la télévision – il n'y avait pas beaucoup de choix – tous partageaient les mêmes histoires, à savoir que leurs parents avaient combattu l'invasion nazie de l'Union soviétique, parce que, vous savez, Дружба народов.

Le 24 février 2022, lorsque les nouvelles du monde ont explosé avec la phrase « Moscou bombarde Kiev », j'ai douté de ma propre santé mentale. Lorsque j'ai vu des images de destruction, de personnes se cachant dans le métro, avec des grands-mères et leurs chats, j'ai douté de mes propres yeux. J'ai douté du fondement même de la langue, car les titres combinaient des mots qui semblaient n'avoir aucun sens. Les phrases décrivaient des choses tout simplement inconcevables. Pourtant, c'est bien ce qui s'est passé, et ce qui se passe encore aujourd'hui, avec des milliers de femmes, d'enfants, d'hommes, de civils et de soldats ukrainiens qui ont été tués. Mutilés. Faits orphelins. Kidnappés. Violés. Torturés.

J'ai passé les trois premiers mois de la guerre collé aux informations, regardant huit heures de séquences chaque jour, perdant la majeure partie de mon sommeil. J'ai aussi arrêté de lire des livres, même si mes amis me traitent de bibliophile. Tout simplement parce que mes yeux sillonnaient la page, mais ne retenaient rien. Mon esprit n'arrêtait pas de s'emballer, essayant de traiter les nouvelles, cherchant une explication.

Finalement, un jour, tout cela m’a amené à une question étouffante : face au génocide, que faire de cette partie du cerveau qui parle encore le russe tous les jours ?

Dans l'Union soviétique des années 1970, la solidarité avec les peuples opprimés était encore une autre façon d'incarner la tolérance. Nous l'avons appris à l'école, l'avons crié lors des manifestations du 1er mai et l'avons vu dans des films glorifiant la camaraderie avec les combattants de la liberté de Cuba et du Vietnam. Peut-être, enfants, n'avons-nous pas remarqué que le grand héros soviétique qui a contribué à répandre la révolution n'a jamais été ouzbek, ni bouriate, ni tchétchène, mais presque toujours russe. Nous étions loin de nous douter que la propagande soviétique ne faisait que recycler, au nom de l'”amitié entre les nations”, le même discours tsariste selon lequel il fallait “apporter le progrès aux sauvages”. Et en effet, parler russe n'était-il pas le meilleur moyen de favoriser la paix et la compréhension entre tant d'ethnies différentes, puisque nous parlerions tous la même langue ?

Avance rapide jusqu'en 2014 : Poutine construit tout son pseudo-argument pour envahir l'est de l'Ukraine et occuper la Crimée au nom de la langue russe, à savoir pour protéger les russophones prétendument menacés et discriminés par les autorités de Kiev.

Paire de chaussettes portant l'inscription «Любовь-морковь», qui signifie « carotte de l'amour ». Il s'agit d'une expression idiomatique russe signifiant que, dans la vie, l'amour vient mais finit par s'en aller. Les chaussettes sont produites à Odessa par une entreprise de vêtements qui utilise des expressions humoristiques ukrainiennes et russes dans ses créations. Photo prise à Odessa en octobre 2022 par Filip Noubel, utilisée avec autorisation.

Être russophone a toujours été une joie pour moi. Oui, il y a la poésie, mais surtout, il y a les blagues caustiques, l'humour absurde d'une langue façonnée par la résistance au tsarisme, à l'antisémitisme, au stalinisme, et pendant un certain temps, au poutinisme – jusqu'à ce qu'il confisque la télévision russe. J'ai parlé russe quand j'étais enfant à Tachkent, Odessa et Moscou. Puis comme journaliste et chercheur à Bichkek, Almaty, Bakou. Maintenant, je l'utilise quotidiennement avec des amis lorsque je vis à Prague ou à Berlin. Le russe que je parle est un mélange de mots ouzbeks et kirghizes, la langue de personnes de dizaines d'origines ethniques qui ne se considèrent pas du tout comme des Russes.

Chaque jour de la guerre, avec chaque horreur révélée, je vois de plus en plus d'Ukrainiens bilingues abandonner le russe. Les écrivains passent entièrement à l'ukrainien. Ce n'est pas une surprise, bien sûr. J'entends également des appels à annuler la littérature russe, la culture russe, la présence russe aux événements. C'est là que la question de la tolérance me touche de plein fouet.

Pour être clair, la culture ukrainienne doit-elle être amplifiée, largement enseignée, mise en valeur, sa littérature traduite ? Bien sûr. Les musées internationaux devraient-ils changer leurs étiquettes et renommer les peintures en conséquence pour arrêter l'effacement de la culture ukrainienne ? Absolument. Totalement. Partout. Dans toutes les langues. Non seulement parce que la culture ukrainienne reste largement ignorée à la suite de décennies de propagande anti-ukrainienne tsariste, soviétique et russe, mais aussi parce qu'elle est belle, extrêmement diversifiée, séduisante, pleine de talent.  

Là je dois faire un détour. Plusieurs de mes arrière-grands-parents étaient de langue maternelle occitane. En moins de deux générations, le français centralisé a diabolisé l'identité occitane au point que, alors que la langue était parlée par 90 % des habitants du sud de la France au début du XXe siècle, ce nombre est aujourd'hui inférieur à 9 %. Les célébrités culturelles d'origine occitane sont encore largement ignorées, ou simplement niées dans les cursus scolaires et universitaires français. Un exemple clair et, hélas, très réussi de colonisation menée par un système éducatif dans lequel j'ai passé plus de 12 ans de ma vie.

Il m'a fallu des décennies pour réaliser à quel point le déni d'identité était ancré non seulement dans les manuels, mais aussi en moi. Maintenant, j'apprends l'occitan, je lis des livres sur son histoire et sa littérature. Mais vais-je arrêter de lire la littérature française ? Non pourquoi? Parce que je crois qu'il ne sert à rien de répondre à ce qui était en fait – et l'est encore en partie – une interdiction par une autre interdiction.

Je préfère déconstruire ce qui est présenté comme de grandes icônes culturelles, aussi douloureux que cela puisse être. Je préfère affronter les écrivains idéalisés qui ont écrit des textes éclairants et, ensuite, reconnaître qu'ils ont aussi embrassé les pires attitudes coloniales et participé à un tel discours.

Est-ce que les poètes russes Pouchkine, Lermontov, Brodsky ont écrit des textes affreux et racistes ciblant les Ukrainiens, les Tchétchènes et glorifiant l'impérialisme russe ? Très certainement. Il faut le savoir, l'étudier et le décortiquer, car leurs mots ont été et sont toujours utilisés comme des armes par Moscou aujourd'hui, dans le cas de l'Ukraine, mais aussi ailleurs.

Il n'y a pas de conclusion facile ou heureuse à être un russophone aujourd'hui, à regarder chaque jour des nouvelles plus horribles de l'agression russe en Ukraine, à écouter, quand on peut le supporter, cinq minutes d'abominations émanant du Kremlin, et à essayer de concilier des émotions, des identités et des questions morales contradictoires.

Photo prise à Odessa en octobre 2022. À gauche, les mots en ukrainien disent « Gloire à l'Ukraine ». À gauche, on peut lire « Longue vie à la Biélorussie » en biélorusse. Photo prise par Filip Noubel, utilisée avec sa permission.

La personne qui m'a fait reprendre la lecture, y compris en russe, est Andrey Kurkov. Il est né près de Saint-Pétersbourg, a grandi et étudié le japonais à Kiev, a servi dans l'armée soviétique à Odessa et vit aujourd'hui à Kiev. Il écrit en russe des romans décalés et ironiques, notamment, mais pas seulement, sur les guerres de 2014 et de 2022. En mai 2022, il a prononcé une phrase qui m'est restée en mémoire : L'Ukraine devrait posséder la langue russe, car « Poutine n'a aucun droit d'auteur sur l'utilisation de la langue russe ».

Lorsqu'un empire s'effondre, les anciennes périphéries se libèrent non seulement elles-mêmes, mais finalement aussi, son centre.


Les Ukrainiens inondent les réseaux sociaux de mèmes tandis que le groupe Wagner se dirige vers Moscou

Thu, 20 Jul 2023 13:27:56 +0000 - (source)

« Encourageons les deux équipes », plaisantent certains utilisateurs.

Publié à l'origine sur Global Voices en Français

Russia_coup_Swan_Lake

Une image retouchée montrant Evgeny Prigozhin et les soldats de Wagner qui représentent une compagnie de ballet interprétant le Lac des Cygnes.

Les 23 et 24 juin, de nombreux Ukrainiens ont assisté à un drame digne d'une émission de télé-réalité : Wagner, le fameux groupe de mercenaires, s'est rapidement mobilisé. Cependant, ils ne se dirigeaient pas vers l'Ukraine, la Syrie ou un quelconque endroit du continent africain, où ils avaient attiré l'attention de la communauté internationale en 2017, mais bien vers leur nation d'origine, la Russie. 

Après avoir été bloqué pendant environ huit mois à Bakhmout, une petite ukrainienne, le groupe semble avoir inversé le scénario. En quelques heures, ce dernier, connu pour ses exactions, s'est emparé de Rostov-sur-le-Don, un centre régional de l'ouest de la Russie. Il s'est ensuite dirigé vers Moscou, obligeant les gouverneurs à bloquer les routes menant à d'autres capitales régionales russes. Pour les Ukrainiens, la rébellion de Wagner devait contraindre le président russe Vladimir Poutine à de retirer ses forces du territoire ukrainien. Des médias russes indépendants suggérant une panique au Kremlin : Poutine n'a été vu nulle part et son avion a quitté Moscou. S'agit-il d'un coup d'État ? Le début d'une nouvelle guerre civile russe ? En Ukraine, le ton est à l'humour pour certains : « Encourageons les deux équipes ».

Les réseaux sociaux ukrainiens ont été inondés d’images et de vidéos de ballerines, faisant référence à la tentative de coup d'État des conservateurs soviétiques à Moscou en 1991, qui a pratiquement mis fin à l'Union soviétique. À l'époque, alors que les putschistes entreprenaient de renverser Mikhail Gorbachev, premier et dernier président de l'URSS, le peuple soviétique, avide d'informations, s'est tourné vers les médias pour savoir ce qui se passait. La diffusion d'une production du Lac des Cygnes sur des chaînes de télévision démontrait leur incapacité de déterminer le camp que ces dernières devaient soutenir et ce qui devait être relaté. En Ukraine, les démocrates nationaux du premier parlement démocratiquement élu (l'un des résultats des réformes réfléchies de Gorbatchev) ont profité de cette occasion pour proclamer l'indépendance de l'Ukraine vis-à-vis de l'URSS.

Certains se sont inspirés d'événements plus récents en publiant des blagues sur Victor Ianoukovitch, l'ancien président ukrainien qui a été contraint de se réfugier à Rostov après avoir été destitué lors de la Révolution de Maïdan en 2014. Des utilisateurs ukrainiens se sont moqués de la déclaration de Ianoukovitch faite à la population ukrainienne depuis Rostov, peu après sa retraite précipitée de Kiev en février 2014. Une déclaration qu'il a conclue par un dramatique « Ostanovites ! » ou « Stop ! » en russe, et faisant référence à la récente occupation de Rostov par Wagner. Ces mêmes utilisateurs ont publié une photo de lui avec les mots « Ostanovites ! » (déjà un mème) et « Je ne peux pas fuir de Rostov » ou une version de la même photo, mais avec Ianoukovitch mangeant du pop-corn et disant : « Je ne peux pas fuir de Rostov ». (déjà un mème) et « Je ne peux pas fuir de Rostov », ou la version de la même image mais avec Ianoukovitch mangeant du pop-corn et disant : « Ne vous arrêtez pas ».

Yanukovych_Rostov

Un autre mème de Ianoukovitch, par le compte Instagram protsyshynofficial, qui est une caricature de Ianoukovitch fuyant Rostov à califourchon sur une autruche. Lorsqu'il a fui l'Ukraine en 2014, des activistes ont découvert un zoo avec des autruches sur sa propriété. Un an plus tard, lors d'une interview, Ianoukovitch a déclaré qu'il « protégeait » les oiseaux, ce qui a provoqué une nouvelle vague de mèmes en Ukraine.

D'autres critiquent Evgeny Prigojine, le chef du groupe Wagner, qui a passé les derniers mois à réclamer des munitions au gouvernement russe pour son combat contre Bakhmout. Dans les mèmes ukrainiens, Prigojine s'adresse au commandant en chef ukrainien « Zaluzhny, donnez-nous des munitions ! ». De nombreux Ukrainiens ont fait référence à des échanges entre Prigojine et Kyrylo Budanov, le chef charismatique des services de renseignements militaires ukrainiens, et ont supposé que la marche de Wagner vers Moscou avait été quelque peu coordonnée depuis Kiev, car peu d'Ukrainiens croyaient que les citoyens russes pouvaient apporter des changements en Russie en toute indépendance.

Il existe une plaisanterie populaire qui consistait en une chronologie de l'évolution de l'armée russe, allant de la « deuxième meilleure au monde » en 2021, à la « deuxième meilleure en Ukraine » en 2022, et à la « deuxième meilleure en Russie » en 2023. « Je dois saluer le mérite de l'état-major » écrit un utilisateur dans un autre message devenu populaire sur Facebook. « La contre-offensive a commencé, certes, dans un endroit inattendu ». Un autre mème populaire est celui de Serhiy Prytula, un ancien comédien devenu homme politique, qui fut le plus grand collecteur de fonds pour l'armée ukrainienne, lui fournissant des véhicules, des équipements, et même un satellite. « Ukrainiens, le moment est venu » pouvait-on lire sur la photo de Prytula, tout sourire. « Nous avons acheté Wagner ».

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Le mème de Prytula disant « Nous avons acheté Wagner »

En Ukraine, et ce malgré toute l'attention accordée aux avancées de Wagner, il n'y a pas eu d'euphorie généralisée ni d'espoir de voir l'engagement militaire russe diminuer suite au conflit interne. Certains ont perçu la marche de Wagner et la réaction du Kremlin comme un test important capacité et de l'état de préparation de la Russie à faire face à une rébellion interne ou a des incidents militaires sur son propre territoire. De nombreux Ukrainiens ont pris un malin plaisir à les avancées de Wagner accompagné d'un désir de vengeance alors que les Russes (dont la plupart soutiennent Poutine dans le conflit ukrainien) assistaient à l'arrivée de milliers de violents criminels de guerre sur leur territoire.

Certains ont même exprimé leur indifférence. « Prigojine, y en a-t-il 25 000 comme vous ? » a tweeté un Ukrainien. « Signez la pétition concernant Tkachenko s'il vous plaît ». Plusieurs jours avant les événements, une nouvelle pétition est apparue sur le site Internet de la présidence, dans la rubrique réservée aux pétitions demandant le licenciement d'Olexandr Tkachenko, le peu apprécié ministre ukrainien de la Culture. Une pétition doit recueillir au moins 25 000 signatures pour que le président Ukrainien l'étudie.


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