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Népal : mettre un terme au problème des plantes aquatiques envahissantes

Tue, 02 Apr 2024 16:41:47 +0000 - (source)

La jacinthe d'eau est une source de fibres économiquement viable et durable

Publié à l'origine sur Global Voices en Français

Image via Nepali Times. Used with permission.

Image provenant du Nepali Times. Utilisée dans le cadre d'un accord de partage de contenu.

Cette histoire a été publiée à l'origine par Viola Bordon dans le Nepali Times. Une version éditée est republiée sur Global Voices dans le cadre d'un accord de partage de contenu.

La jacinthe d'eau (Pontederia crassipes) est une espèce amazonienne envahissante qui obstrue les cours d'eau du Népal, étouffant les plantes indigènes et bloquant les nutriments nécessaires aux poissons et aux oiseaux aquatiques. Aujourd'hui, un groupe d'artisans népalais a trouvé un moyen innovant d'utiliser ses fibres pour tisser des articles ménagers de tous les jours.

La jacinthe d'eau est un matériau idéal pour les consommateurs soucieux de l'environnement, et l'élimination de la plante permet la régénération des espèces aquatiques indigènes. Le Nepal Knotcraft Center (NKC), qui commercialise des produits artisanaux à base de nœuds par le biais de entrepreneuriat féminin et de l'autonomisation économique, joue un rôle de premier plan dans la récolte de la jacinthe d'eau.

“Je ne suis pas une pionnière, je m'appuie sur un héritage de tissage, d'autonomisation et de production respectueuse de l'environnement”, déclare Maya Rai, PDG du Nepal Knotcraft Center. “L'utilisation de jacinthes d'eau constitue une source durable de fibres, tout en étant bénéfique pour l'environnement.

Le Nepal Knotcraft Center a été créé en 1984 par Shyam Badan Shrestha, un entrepreneur local, afin d‘encourager les groupes de femmes locaux à rechercher des utilisations innovantes et durables des matériaux népalais locaux pour tisser des produits destinés à la vente au Népal et à l'étranger.

Maya Rai (photo ci-dessous) est elle-même la fille d'un tisserand du district de Dhankuta. Elle a passé sa petite enfance dans une ferme avant de rencontrer sa deuxième famille et de s'installer à Katmandou. La passion de Maya Rai pour le tissage et l'artisanat ne l'a pas quittée, ce qui l'a poussée à se former aux affaires.

Image via Nepali Times, used with permission.

Image provenant du Nepali Times, utilisée dans le cadre d'un accord de partage de contenu.

Actuellement, elle travaille avec des collectifs de tissage des communautés indigènes du Népal, en valorisant les systèmes de connaissances traditionnels et en reliant les produits au marché mondial. Elle est également consultante pour des programmes créatifs d'économie verte et encadre des projets d'entrepreneuriat durable pour les jeunes.

Rai est toujours à la recherche de matériaux inventifs et durables à introduire dans le monde de l'artisanat. Des échantillons de sauge, de cardamome, de feuilles de maïs, de massette-quenouille, d'aiguilles de pin et de jacinthe d'eau sont accrochés aux murs de son bureau dans la zone industrielle de Patan. Bien que courants dans l'histoire de l'artisanat, ces matériaux sont négligés dans de nombreux sites de production.

Pourtant, les besoins en matériaux organiques augmentent dans les domaines de l'architecture de pointe, de la conception de produits et des matériauthèques, qui sont à la recherche d'options durables.

L'accès à la jacinthe d'eau est complexe, explique Mme Rai. Non seulement la récolte elle-même est difficile, mais elle doit naviguer dans un réseau de parties prenantes pour s'approvisionner en jacinthe d'eau dans plusieurs zones humides, notamment dans la réserve naturelle de Kosi Tappu, dans la région du Teraï, à l'est du Népal, qui s'étend sur 176 kilomètres carrés (68 miles carrés). Les cours d'eau y sont complètement obstrués par la jacinthe d'eau, et il est donc avantageux de l'enlever pour tisser des produits commercialisables.

Image via Nepali Times. Used with permission

Image provenant de Nepali Times. Utilisée dans le cadre d'un accord de partage de contenu.

Après plus d'une décennie de travail, Rai est proche des dirigeants de la forêt communautaire de Kosi Tappu, qui ont soutenu sa proposition. Rai a joué un rôle de négociateur, faisant le lien entre les tisserands et la bureaucratie. Sa capacité à faire de la place aux innovations dans les systèmes traditionnels d'artisanat découle de son expérience personnelle.

En obtenant les autorisations de la Réserve, elle réduit la distance entre l'approvisionnement et le traitement des matériaux, un élément crucial pour rendre le tissage rentable pour le collectif de Kosi Tappu. Après que Rai a aidé à ouvrir la voie, le groupe, composé essentiellement de femmes, a commencé à s'approvisionner en jacinthe d'eau, à la récolter, à la transformer et à l'expédier au centre de tissage de Katmandou, où cette plante est désormais transformée en nattes, en paniers et en objets décoratifs.

Image via Nepali Times. Used with permission

Image provenant du Nepali Times. Utilisée dans le cadre d'un accord de partage de contenu.

Le travail de Maya Rai consiste à combiner deux idées simples et durables : l'utilisation de tissus organiques comme alternative au plastique et aux matériaux synthétiques, ce qui est la marque de fabrique du NKC, et l'élimination d'espèces envahissantes pour ce faire. En achetant un panier en jacinthe d'eau, les consommateurs disposent d'une option biodégradable tout en encourageant une production réparatrice qui nettoie les cours d'eau naturels.

Viola Bordon est une chercheuse Fulbright qui étudie les matériaux par le biais de la sculpture à l'école d'art de l'université de Katmandou.

L'Amérique latine se met à la mode Barbie à coups de tacos roses, parodies et manifestations

Tue, 02 Apr 2024 16:10:14 +0000 - (source)

Vendeurs, entreprises et activistes surfent sur la vague Barbie

Publié à l'origine sur Global Voices en Français

Des « tacos Barbie » (photo de Global Voices)

Tacos Barbie, avions Barbie… l'Amérique latine a sauté dans le train en marche de la célèbre poupée. Le week-end de sa sortie au cinéma, le film réalisé par Greta Gerwig, avec Margot Robbie et Ryan Gosling à l'affiche, s'est classé troisième au Mexique au box-office mondial. Le Brésil vient juste après, et on retrouve également l'Argentine dans les pays les plus performants.

Actrice californienne d'origine hondurienne, America Ferrera joue également dans Barbie et a même désormais une poupée Barbie à son effigie. Elle a déclaré à Collider que « le fait qu'un film Barbie ait vu le jour et que l'univers de la poupée iconique ait évolué et permette à davantage d'entre nous d'être représenté est vraiment quelque chose d'inattendu et qu'[elle] n'aurait jamais pensé en faire partie ».

Le budget total du marketing utilisé pour le film Barbie et ses produits dérivés aurait dépassé celui du film, qui s'élève à 150 millions de dollars. En Amérique latine, même les vendeurs de rue, les entreprises, les candidats à la présidentielle et les activistes politiques surfent sur la vague Barbie.

Barbie dans la nourriture

Du Mexique au Chili, toutes sortes de pâte à base de maïs ont été colorées en rose avec du jus de betterave ou du colorant artificiel. Les vendeurs de rue mexicains ou guatémaltèques attirent les clients avec des tacos roses. Même chose pour les vendeurs au Salvador, au Venezuela et au Chili, avec des pupusas et des arepas roses.

Ci-dessous, un exemple du tacos Barbie, servi dans la ville de Guatemala, au Guatemala :

@dulccini

Barbie Tacos 🤤🤌🏼 en zona 10 uf uf demasiado buenos, vayan con sus besties o sus amorcitos after movie, vale la penaaa #guatemala #barbietaco #tacos #taqueriadelgüero #fyp #parati #foryou

♬ Barbie Girl – Vynx Dance

Des tacos Barbie dans la Zone 10, woah, super bons ! Allez-y avec vos amis ou votre partenaire après le film, ils en valent le coup !

Kuskatan, une petite chaîne de restaurants du Salvador, propose, elle, une version bleue Ken de pupusas :

@kuskatan_sv

Respuesta a @raquelcastro4393 Este #Domingo de #pupusas ven y sumérgete en la magia de la película #Barbie 💅🏻💓 con nuestras pupusas de color Rosa y Celeste💙. 🎀 Te esperamos en #kuskatan para compartir juntos la emoción de este increíble estreno 🤩🔥 ¡Solo por tiempo ilimitado! ¡Ven y vive la magia en cada mordisco! 🤤💝 puedes visitarnos en la Calle Chiltiupan, Ciudad Merliot o en el #MercadoHulaHula 😍🔥 también puedes pedirlas al ☎2250-3050 😉💕#pupusas #barbiegirl #estreno #nopuedesperdertelo

♬ Barbie Girl – Lady Aqua

Ce #dimanche de #pupusas, venez plonger dans la magie du film #Barbie avec nos pupusas roses et bleu clair. Nous vous attendons à #Kuskatan pour partager l'excitation de cette avant-première incroyable. Seulement en édition limitée ! Venez vivre la magie à chaque bouchée ! Vous pouvez nous rejoindre à #Chiltiupan Street, à Ciudad Merliot ou à #MercadoHulaHula. Vous pouvez aussi commander au 2250-3050.

À Santiago, au Chili, on peut également trouver des variétés locales de délicieuses pâtes à base maïs farcis. La vidéo ci-dessous montre un vendeur préparant des « arepas Barbie » :

@picandoarepascl

Nos ponemos en #modobarbie para que puedas venir a comer tu arepa favorita con masa rosada 😌 la masa es de betarraga com semillas de linaza, uma combinación deliciosa y sana ¿te animas? #arepas #arepasenchile #arepadecolores #arepasensantiago

♬ sonido original – Picando Arepas

On a adopté la hype #Barbie afin que vous puissiez déguster vos arepas préférés avec de la pâte rose, faite à base de betterave et de lin, une combinaison délicieuse et saine. Alors, partants ?

Barbie dans l'aéronautique

De plus grandes entreprises ont aussi tenté de tirer profit de la popularité de Barbie. Volaris, une compagnie aérienne low-cost du Mexique, a peint la Barbie de Margot Robbie sur l'un de ses avions. Sa stratégie de marketing sur TikTok promeut quant à elle “les femmes en tant que pilotes Barbie“.

@maliamillet

#volarismexico #barbie #rosa

♬ sonido original – malia millet

Incroyable  😍

Barbie dans les causes sociales

Le film a été applaudi par des féministes mexicaines, comme Julia Didriksson, qui a quitté le cinéma en se sentant « revigorée ». La militante féministe afro-colombienne Carolina Benitez Mendoza a demandé aux détracteurs du film sur TikTok s'ils «s'attendaient cet angle radical, anticapitaliste et antiraciste » de la part du film.

À Lima, au Pérou, où des manifestations meurtrières ont éclaté contre la présidente Dina Boluarte – et où les forces de l'État sont accusées d’avoir tiré mortellement sur plus de 60 manifestants –, des activistes ont installé une boîte avec les mots « Barbie Dictatrice » représentant Boluarte. La femme dans la boîte tient des armes à feu tandis que les passants lui disent : « Tirez, tirez ! »

@daleplaype

Video completo en Youtube: SantoBrasa #parati #fyp #foryou #fypシ #viralperu #viraltiktok #viralperuano #19dejulio #tomadelima #tomadelima🧑‍🎓 #ima #limaperú #peru #peru🇵🇪 #peruana

♬ sonido original – Dale Play

Barbie Dictatrice dans les manifestations de Lima

Au Mexique aussi, il existe une Barbie militante. Selon les données d'Amnesty International, il y a plus de 110 000 personnes disparues, dont la plupart sont des victimes des cartels de la drogue ou des bandes de kidnappeurs. Compte tenu de la faible efficacité des recherches menées par l'État, ce sont principalement des groupes de femmes bénévoles qui recherchent des proches disparus dans les plaines mexicaines, à la recherche de tombes clandestines. L'une d'entre elles, Delia Quiroa, a créé « Barbie Buscadora » (« Barbie Chercheuse ») quand le film est sorti.

Quiroa a déclaré aux journalistes:

Barbie es todo lo que una persona quiere ser, pero ésta es una Barbie que no quiere ser. (…) Ella es lo que nadie quiere. Nadie quiere ser un buscador, nadie quiere estar buscando a un familiar.

Barbie est tout ce qu'une personne veut être, mais cette Barbie, elle ne veut pas exister. (…) Elle est ce que personne ne veut être. Personne ne veut être un chercheur, personne ne veut être à la recherche d'un parent.

Barbie dans l'humour

D'autres personnes ont cherché, à travers Barbie, à rendre drôles les conditions de vie de zones pauvres d'Amérique latine. Parmi les nombreuses parodies que l'on peut trouver sur TikTok, celle que l'on peut observer dans la vidéo ci-dessous, intitulée « Si Barbie avait été filmée dans mon quartier », est considérée comme l'une des plus populaires. Elle met en avant les minibus bondés, les problèmes liés à l'achat de gaz pour la cuisine, les inondations et l'insécurité qu'on peut y trouver. La musique est « Barbie Girl » d'Aqua, remixée avec de la cumbia.

@

♬ –

Si Barbie avait été filmée dans mon quartier 😂

Vous pouvez aussi être intéressé par : Barbie in the Balkans: From disinformation to Yugonostalgia


Portrait de Bassirou Diomaye Faye, le plus jeune chef d’État du Sénégal

Tue, 02 Apr 2024 12:20:53 +0000 - (source)

Faye n'a jamais rêvé faire la politique avant de s'y engager avec Sonko en 2014

Publié à l'origine sur Global Voices en Français

Bassirou Diomaye Faye, président de la République du Sénégal, Capture de la chaîne YouTube de Senegal7

Élu le 24 mars 2024, Bassirou Diomaye Faye devient à 44 ans le plus jeune président dans l'histoire de la République du Sénégal.

Le destin fait qu'il accède à cette fonction le 25 mars, date de son anniversaire. Un parcours d'autant plus remarquable qu'il y a à peine six mois, il était encore dans l'ombre de son mentor, l'opposant et candidat présidentiel à l'époque, Ousmane Sonko.

Premier parcours dans les institutions étatiques

En 2000, Faye obtient son baccalauréat au Lycée Demba Diop de Mbour, ville côtière située à 80 km de Dakar, la capitale du Sénégal. Il fait ensuite des études de droit à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) où il sort nanti d'une maîtrise en 2004. Dans la même année, il intègre l’École nationale d'administration (ENA) du Sénégal, et devient en 2007, diplômé de l'ENA, ce qui lui permet de rejoindre la Direction générale des impôts et des domaines du pays au titre d'inspecteur des finances et des impôts.

Son engagement social et son militantisme le fait adhérer au Syndicat autonome des agents des Impôts et des domaines où il devient rapidement un élément important du syndicat en occupant le poste de secrétaire général. C'est à cette époque qu'il fait la rencontre d'Ousmane Sonko, une rencontre qui va changer sa vie et sa vision des choses.

Lire : Bassirou Diomaye Faye élu président au Sénégal: victoire d'une jeunesse déterminée

Engagement politique

Peu politisé au départ, Faye s'engage en politique en 2014 avec Sonko en créant le parti Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (PASTEF) dont il devient un élément essentiel.

Ce changement est graduel mais reste une surprise pour lui, comme il explique dans un entretien réalisé avec des médias sénégalais à l'issue des élections présidentielles de 2019 et repris par BBC Afrique:

Il ne me traversait pas l’esprit de faire de la politique, car quand vous avez un parent qui fait de la politique, de prime abord, vous avez horreur de la politique parce que vous voyez le manque de temps. Vous voyez la pénibilité de l’engagement, vous voyez les absences répétées du pater.

En 2021, Faye se présente comme candidat aux élections communales à Ndiaganiao, sa commune de naissance. Mais il est battu par Tening Sène, candidate du parti Alliance pour la République (APR) de Macky Sall (ancien président du Sénégal).

En 2022, il occupe le poste de secrétaire général du parti PASTEF et président du Mouvement national des cadres patriotes (MONCAP). Résolument engagé, Faye contribue à l'implantation du parti sur l'étendue du territoire sénégalais et dans la diaspora.

Les vives critiques et dénonciations des membres du parti PASTEF vis-à-vis du régime de Macky Sall et de son système politique vont coûter cher aux premiers responsables du parti, Bassirou Diomaye Faye et son mentor Ousmane Sonko. Si le premier est arrêté en avril 2023 et placé en détention pour diffusion de fausses nouvelles, et diffamation et pour avoir critiqué des magistrats dans l'affaire Sonko, le second est condamné pour viol et diffamation en juillet 2023. Mais le séjour en prison ne change rien dans la vision du couple Faye-Sonko, qui derrière les barreaux multiplie les tractations pour avoir leurs chances de se présenter aux élections présidentielles de mars 2024.

La marche vers la présidence

Alors que la candidature d'Ousmane Sonko est invalidée par le conseil constitutionnel, le parti PASTEF opte pour un plan B: positionner Faye qui incarne la vision de Sonko pour un Sénégal plus prospère. Les énergies se mobilisent rapidement autour de la candidature de Faye, d'autant que le soutien affiché du numéro un du parti PASTEF rassure les membres et partisans. Durant les campagnes électorales, un membre du parti témoigne auprès de BBC Afrique :

On peut dire que Diomaye [Faye] est l'autre Ousmane Sonko, sa copie presque parfaite, ils ont la même vision, ils pensent de la même façon et surtout ils se vouent un respect et une confiance à toute épreuve.

Dès leur sortie de prison, Faye et Sonko rejoignent de nombreux militants présents sur le terrain pour les campagnes. Ils défendent leur idéologie et leur programme de société auprès des populations. Le programme de société de Faye prône la rupture et veut mettre en exergue la souveraineté du Sénégal en s'attaquant aux grands chantiers axés autour des priorités : la lutte contre la corruption ; la refondation des institutions et la restauration de la démocratie ; l'intégration africaine ; une reforme monétaire ou la création d'une monnaie nationale ; et le rééquilibrage des partenariats internationaux.

Lire ici le programme complet de Bassirou Diomaye Faye

Une fois élu, Faye prononce son premier discours dont un extrait est disponible dans cette vidéo de la chaîne YouTube de BBC Afrique :

Bassirou Diomaye Faye qui n'a jamais occupé un poste ministériel, et n'a jamais été élu pour une fonction communale, ou législative de son pays, se retrouve ainsi à la tête d'un pays de plus de 18 millions d'habitants, considéré comme un modèle démocratique en Afrique de l'ouest. L’ascension du parti PASTEF et de Faye est une leçon de détermination et d'engagement des jeunes, mais aussi une leçon de démocratie pour les autres pays de la région ouest-africaine.

On ne peut pas parler aujourd'hui de Bassirou Diomaye Faye en tant que président sans évoquer le nom de Ousmane Sonko, surnommé faiseur de roi, comme le présente la Radio Télévision Sénégalaise :

Maintenant, les Sénégalais ainsi que les observateurs de la vie politique sénégalaise attendent de voir le rôle que va jouer Ousmane Sonko dans cette nouvelle histoire du pays aux côtés de son bras droit Bassirou Diomaye Faye, qu'il doit désormais appeler président.

Lire : 


Les mots ont la parole: Épisode #12

Tue, 02 Apr 2024 09:47:32 +0000 - (source)

Un essentiel à découvrir: グルメ弁当, soit le bentō gourmet

Publié à l'origine sur Global Voices en Français

Capture d’écran de la chaîne YouTube de 異世界B級グルメ – 激安旅 d’une vidéo indiquant en titre B級グルメ (en bas à droite) pour des repas indonésiens.

Les différentes versions de la langue française qui se parlent aux quatre coins du monde ne se ressemblent pas toujours. Dans notre rubrique “Les mots ont la parole”, nous mettons à l’honneur les mots ou expressions qui sont spécifiques à une région, un pays, une communauté, mais aussi les intraduisibles qu’on garde en français tels quels, ou qu’on traduit à moitié, et enfin les mots français qui passent dans d’autres langues et ne se traduisent pas, mais prennent parfois un nouveau sens. 

Tous nos épisodes précédents sont à retrouver ici: Les mots ont la parole.

Aujourd’hui, nous avons choisi ces trois termes et expressions:

Jom ce mot signifie éthique, courage, honnêteté en wolof, une langue parlée principalement au Sénégal. Il fait référence à un ensemble de valeurs traditionnelles positives de la culture sénégalaise que l’on souhaite retrouver dans la vie politique et la société en général. Il ne se traduit donc pas quand on parle français au Sénégal. 

Ce mot est par exemple repris dans le nom de cette ONG, Afrikajomcenter, qui explique:

Le suffixe Wolof “JOM”, marque la dignité , la valeur universelle inhérente à toute personne humaine. “AMAL JOM”, sois digne, est un impératif catégorique assigné au sujet chez les wolof. 

 

Bitos ce mot a son propre emploi dans le cadre du français parlé au Togo. Dans la pratique européenne, le mot bitos désigne en argot quelque chose dont on se sert pour se couvrir la tête: un chapeau, un bonnet.  Au Togo, le mot est utilisé pour parler de la négociation d'une affaire ou d'un contrat informel, qui ne rentre pas dans le cadre des discussions officielles ou formelles d'une négociation pour un marché. Ce mot est surtout utilisé par certains journalistes: dans leur langage, il s’agit d’une opportunité pour monter un dossier qui diffame un homme d'affaires ou une personne haut placée, et qui a assez de moyens pour payer une somme afin de faire cesser le chantage. Les journalistes malhonnêtes qui ont cette pratique sont désignés comme “les bitosards

 

グルメ prononcé ‘gouroumé’, ce mot utilisé en japonais est emprunté au mot français ‘gourmet’. Dans le contexte japonais, cela signifie tout simplement ‘un bon plat’. Il est souvent utilisé à titre d’adjectif comme garantie de qualité dans des expressions comme B級グルメ – Gourmet catégorie B, qui sous-entend un bon plat à bas prix; ou dans l’expression

グルメ弁当, bentō gourmet, le bentō étant une boîte, souvent en métal ou en bois, dans laquelle on emporte un repas à l'école, au travail, et qui fait partie du quotidien des Japonais et Japonaises de tout âge.  

Il est utilisé avec le mot グルメツアー (gourmet tour) dans un article de Global Voices traduit en japonais en 2013 sur la cuisine argentine:

アルゼンチンならではのグルメツアー

Si vous avez des mots ou expressions à partager pour les faire figurer dans notre rubrique “Les mots ont la parole” contactez-nous: filip.noubel@globalvoices.org 

 


Myanmar : comment les journalistes peuvent contribuer à la création d'une démocratie fédérale

Mon, 01 Apr 2024 14:14:36 +0000 - (source)

Interview de Shan Herald, rédacteur en chef de l'agence de presse Sai Muang

Publié à l'origine sur Global Voices en Français

Sai-Maung

Le rédacteur en chef de l'agence de presse Shan Herald Agency for News, Sai Muang. Source : The Irrawaddy : The Irrawaddy

Cet article était originellement publié dans le Irrawdy, un site d'actualités indépendant au Myanmar. Cette version éditée est republiée sur Global Voices dans le cadre d'un accord de partage de contenu.

Depuis le coup d'État de 2021, la prolifération des « fake news » s'est étendue au Myanmar. Des groupes de médias indépendants combattent les « fake news » à travers des diffusions journalières et en attirant l'attention de la communauté sur le journalisme.

L'Agence des nouvelles Shan Herald, a couvert l'état de Shan pendant plus de 33 ans, demandant au public de se prononcer contre les violations des droits humains et contre l'oppression.

L'Irrawaddy a interviewé l'éditeur en chef de l'agence Sai Muang à propos du rôle du média indépendant dans son aide pour la transformation du Myanmar en démocratie fédérale.

Il a partagé qu'en dépit des menaces de la junte et d'autres groupes armés, le Shan Herald reste engagé dans la collecte d'informations.

L’ Irrawaddy (TI) Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontés ?

Sai Muang (SM) : En 2013, l'ancien président Thein Sein a invité tout le monde à revenir à cause des réformes politiques (après des années de répressions envers les médias indépendants), donc nous avons enregistré l'agence Shan Herald pour les nouvelles à Yangon pour établir notre bureau à Taunggyi.

Durant la journée internationale de Shan en février 2021 nous avions prévu de commencer la construction d'un bureau à Taunggyi avec le soutien du public de Shan. Mais cela a échoué à cause du coup d'Etat ce mois-ci.

Nous avons stoppé notre revu mensuelle, et déplacé les journalistes vers la frontière, nous ne pouvions plus travailler en liberté. Notre staff a fait face à des accusations en vertu des articles 505 et 66 (d), réduisant notre liberté de travail. Ils ont même utilisé des phrases telles que « le conseil militaire » ou « militaire » est problématique.

Nous étions autonomes même sans un donneur, mais maintenant nous dépendons des donneurs. Quelques donneurs sont plus solidaires que des groupes de médias plus larges, le plus souvent basés dans les grandes villes. Le soutien pour les médias locaux est faible.

On pense à tort que nous ne sommes qu'un groupe de médias shan sans couverture nationale. Or, nous sommes un groupe médiatique national basé dans l'État de Shan.

Voyager, récolter et obtenir des informations est très compliqué depuis le coup d'Etat. Nous devons maintenant travailler sans laisser de trace. Ce sont les challenges auxquels nos reporters font face.

Une autre difficulté réside dans le fait que certaines sources des partis politiques et les autorités veulent nous donner des informations, mais ils veulent rester anonymes (ne pas montrer leur visage et ne pas user de leur voix).

Le Shan Herald préserve également notre littérature traditionnelle et notre culture. Si nous ne publiions pas dans la langue Shan, il n y aurait pas beaucoup de matière pour les références linguistiques.

Nous enregistrons nos événements journaliers dans le langage Shan. Nous ne nous arrêterons pas, peu importe la difficulté. Nous sommes complètement dévoués à ce travail. Cela ne peut être stoppé. Nous enregistrons des événements qui arrivent dans l'état du Shan et ailleurs dans le pays en Shan, Birman et Anglais.

Alerter sur la valeur de la liberté de la presse est crucial dans la diffusion des « fake news ». Une grande partie des Shan sont très solidaires et témoigne leur opinion de façon honnête sans aucun but caché. Mais le public général du Shan a du mal à donner la différence entre les informations exactes et les « fake news ».

Donc notre mission comprend l'éducation de la population Shan à propos du journalisme.

Ce qui complique davantage notre travail, c'est le conflit à l'échelle nationale qui a fait éclater des conflits non seulement avec la junte militaire mais également entre d'autres groupes armés dans l'état du Shan. Ce conflit interne pose des défis extrêmes pour notre travail journalistique.

Si nous coexistons ensemble comme pendant l'état du Shan fédéré dans le passé, cela serait idéal pour nous de faire notre travail. Actuellement il  y a trop d'opposition.

TI :  Qu'est-ce qui vous motive à continuer ce travail ?

SM :  Les jeunes qui sont motivés contribuent de façon active sans payer. On essaye de suivre avec nos salaires et nos dépenses. Cette une place où celles et ceux qui sont complètement engagés dans notre cause se réunissent.

La majorité de notre staff a moins de 25 ans. Les personnes qui ont entre 25 et 50 ans sont une minorité.

L'audience est maintenant majoritairement composée de personnes qui ont entre 18 et 34 ans. Notre audimat le plus jeune s'est élargi, et cette transition nécessite une présentation équilibrée qui s'adresse aux préférences contemporaines et traditionnelles.

TI :  Comment envisagez-vous le futur?

SM :  Le public Shan déclare souvent que “la politique ne nous concerne pas”. Mais l'augmentation du prix de l'essence et des biens sur le marché est liée à la situation actuelle. C'est une période cruciale pour montrer des preuves et éduquer au sujet de cette connexion, en particulier les plus jeunes.

Donc, pour les plus jeunes pour suivre la crise et étendre la sensibilisation concernant les nouvelles, nous avons continuellement formé les citoyens et les journalistes des dizaines de fois.

Pour que les jeunes puissent suivre la crise et sensibiliser le public à l'actualité, nous avons formé des journalistes citoyens à plus de dix reprises depuis le coup d'État de 2021, à raison de 10 à 15 participants par session. L'année dernière, beaucoup plus d'étudiants du mouvement de désobéissance civile ont rejoint notre équipe.

Pour améliorer la compréhension de l'actualité, nous nous concentrons sur la formation des jeunes pour un avenir meilleur. Comme le dit un proverbe shan, “avant qu'un tigre ne meure, il doit produire un remplaçant”.

Si la situation s'améliore, nous aspirons à établir un groupe de médias Shan à Taunggyi qui soit solidaire du peuple Shan, une école de médias, un centre de recherche et un pôle d'étude de l'histoire Shan et de la culture générale pour ceux qui veulent étudier.

C'est pourquoi nous continuons à collecter et à archiver des informations pour le peuple Shan. Nous espérons également remplir cette mission en effectuant notre travail journalistique quotidien.

TI : Comment les médias peuvent aider à créer une République fédérale?

SM :  Le plus important lors de cette contribution est d'assurer un accès public à la bonne information. L'effet pervers de propagation des « fake news » réduit la confiance envers les sources d'actualités et favorise la méfiance réciproque.

Le Shan Herald est âgé de 33 ans. Cela nous a fait penser que le travail des médias peut jouer un rôle de soutien dans la création d'une démocratie fédérale.

Les médias sont surnommés le quatrième état. Ce sentiment résonne avec notre éditeur U sein kyi, qui a déclaré « s'il y a de plus en plus de bons journalistes dans notre pays, la démocratie arrivera plus rapidement ».

Cette croyance s'est répandue et nous continuons d'y croire. Le travail des médias peut être une force dans la lutte contre l'injustice.

La collaboration entre le public et les médias est essentielle pour dévoiler et exposer l'oppression et également utiliser les médias afin d'informer le pays et le monde sur ce qu'il se passe.

TI : Comment le Shan Herald s'est adapté aux défis après le coup d'Etat?

SM : Nous sommes conscients de l'impact sur la santé mentale des journalistes de l'exposition à des informations violentes. Ils sont témoins d'effusions de sang et entendent des nouvelles violentes tous les jours.

Nous organisons une séance de méditation collective et laïque de 10 minutes avant les réunions de la salle de presse. Cette séance a pour but de purifier l'esprit des journalistes et de contribuer à leur bien-être mental.

Il s'agit de méditation ou de concentration sur la respiration. Nous le faisons tous les jours, dans le but d'éradiquer les expériences et les pensées traumatisantes. Nous le faisons pour notre bien-être mental et nous invitons des experts à organiser des formations.

Une autre approche consiste à être pratique. Le public de Shan nous soutient.

Nous les appelons des journalistes citoyens. Nous sommes en train de rédiger une politique de sécurité sur la manière de les protéger. Elle n'est pas encore terminée. La pratique actuelle en matière de sécurité consiste à faire preuve de bon sens. Bien qu'il s'agisse d'un travail en cours, cette politique se veut concrète et spécifique. Nous essayons de la finaliser bientôt.


Argentine : la résistance, un obstacle à la destruction des forêts et glaciers par Milei

Mon, 01 Apr 2024 13:33:29 +0000 - (source)

Scientifiques et écologistes rejettent les réformes environnementales de Javier Milei

Publié à l'origine sur Global Voices en Français

Paysage représentant un glacier au bord d'un lac et au pied des montagnes.

Le glacier Perito Moreno, parc national Los Glaciares, en Argentine. Photo de Amanderson2 sur Flickr. CC BY 2.0 DEED.

Cet article, rédigé par David Feliba, a été publié sur Climate Home News [en] le 13 février 2024. Global Voices republie ici une version modifiée dans le cadre d'une convention de partenariat média. [Sauf mention contraire, tous les liens de ce billet renvoient vers des pages web en espagnol.]

Le nouveau président libéral argentin Javier Milei prône un recul de la réglementation environnementale, menaçant les forêts et les glaciers. Javier Milei, qui a qualifié le changement climatique de « mensonge socialiste », tente de diminuer les restrictions relatives à l'exploitation minière près des glaciers et de retirer les protections accordées aux forêts.

Mais les modifications envisagées ont déclenché des protestations [fr] ainsi que des pétitions et lettres ouvertes. Le président Milei a ainsi été contraint de retirer le plan de réformes libérales plus global qui contenait les changements de texte. De toute évidence, il ne disposait pas des voix nécessaires pour faire adopter le projet de loi dans son intégralité par la Chambre des députés du Congrès argentin.

Bien que Javier Milei ait été élu président en novembre 2023 avec 56 % des votes, son parti détient moins d'un cinquième des sièges à la Chambre des députés et moins d'un dixième au Sénat. Cette représentation rend très difficile le passage d'une loi, qui dépend largement du vote des indépendants.

Diagrammes circulaires représentant les groupes politiques à la Chambre des députés et au Sénat, avec l'opposition majoritaire, le parti du gouvernement minoritaire et une large proportion d'indépendants.

Répartition des sièges au Congrès argentin. Graphique issu de Climate Home News. Reproduit avec autorisation.

Javier Milei doit encore préciser la prochaine étape du plan de réformes. Le gouvernement dispose de plusieurs options : présenter de nouveau le texte au Parlement en vue d'un autre vote, légiférer par décret sur certains aspects ou bien soumettre le projet de loi au référendum.

Déréglementation

Après des décennies dominées par des gouvernements de gauche en Argentine, Javier Milei a été élu en promettant de réduire drastiquement les dépenses publiques, lutter contre l'inflation galopante et stimuler la croissance économique.

Lucas Ruiz est glaciologue au Conseil national de la recherche scientifique et technique (Conicet), une agence gouvernementale argentine. Il explique que le programme de Javier Milei en matière d'environnement consiste à « assouplir les réglementations ou réduire le périmètre des zones protégées en argumentant qu'elles vont à l'encontre du développement économique ».

D'après Enrique Viale, président de l'association argentine des avocats environnementalistes, Javier Milei « adhère à la tendance internationale selon laquelle l'écologie est perçue comme un ennemi ». Il a d'ailleurs fait l'éloge des anciens présidents d'extrême droite Jair Bolsonaro au Brésil et Donald Trump aux États­­-Unis.

Bien qu'il se soit engagé à ce que l'Argentine reste dans l'Accord de Paris sur le climat et à maintenir son objectif de neutralité carbone à l'horizon 2050, Javier Milei a rapidement supprimé le ministère de l'Environnement et proposé un vaste plan de réformes radicales.

En savoir plus : le Congrès argentin approuve des dispositions du projet de loi du président Javier Milei visant à déréguler l'Argentine

Le projet de loi contient des centaines d'articles qui mettent en œuvre son programme dans un large éventail de secteurs, du tourisme au vin en passant par l'exploitation minière et l'agriculture. Mais les deux points qui ont le plus suscité la colère des écologistes concernent l'allégement des restrictions imposées aux activités économiques dans les zones glaciaires et les forêts.

Alors que certains articles du projet de loi ont reçu le soutien des législateurs, ces deux dispositions ont créé la polémique après avoir été largement rejetées par des scientifiques et des associations écologistes.

Forêts et glaciers

L'une de ces dispositions permettrait d'une part, aux gouvernements provinciaux d'autoriser la déforestation dans des zones où elle est actuellement interdite et d'autre part, de réduire le budget alloué à la lutte contre la déforestation et les feux de forêt.

Greenpeace estime qu'avec une telle réforme, environ quatre cinquièmes des forêts du pays se retrouveraient sans aucune protection légale. Selon Hernán Giardini, coordinateur de la campagne de protection des forêts menée par Greenpeace, il s'agirait d'une « grave régression en matière d'environnement », qui conduirait à une « augmentation incontrôlée » de la destruction des forêts.

Javier Milei a également proposé de modifier la définition légale du terme glacier afin d'en exclure les glaciers plus petits et ceux n'ayant pas déjà été répertoriés dans un registre officiel. Ces glaciers ne seraient alors pas protégés juridiquement contre les sociétés minières d'or, d'argent et de cuivre qui convoitent les gisements andins.

Pour Hernán Giardini, l'idée selon laquelle il serait possible d'exploiter des minerais en périphérie des glaciers sans nuire aux glaciers eux-mêmes revient à « enlever la porte du réfrigérateur en croyant que le congélateur ne va pas dégivrer ». L'Argentine compte près de 17 000 glaciers, couvrant une superficie plus grande que celle de Trinité-­et-Tobago. Ils fournissent les villes en eau potable et aident le pays à s'adapter au changement climatique.

Le glaciologue Lucas Ruiz explique que les glaciers contribuent à atténuer les effets de la sécheresse grâce à leur apport en eau. « Le plus grand risque auquel nous sommes désormais confrontés [en raison de l'exploitation minière] est la pollution des zones mêmes où beaucoup de fleuves prennent leur source. »

Le sort de telles mesures et du projet de réformes demeure incertain. Cependant, Hernán Giardini met en garde contre leur adoption, qui constituerait « un retour en arrière révoltant ». Les législations que ces réformes viendraient affaiblir sont « le fruit de longues années de travail », précise-t-il. « Les anéantir, ce serait ruiner tous ces efforts. »


Le film à succès du Kirghizistan est une histoire émouvante sur le lien entre une mère et son fils

Mon, 01 Apr 2024 13:20:58 +0000 - (source)

Presque tout le monde coule des larmes à la fin du film.

Publié à l'origine sur Global Voices en Français

Affiche du film « Beyish enenin tamanynda» (Le paradis est sous les pieds de la mère). Capture d'écran de la vidéo “Эрлан Андашев – Апа (“OST БЕЙИШ-ЭНЕНИН ТАМАНЫНДА”)” sur la chaîne Youtube d’Erlan Andashev. Utilisation équitable.

Le 1er mars, un nouveau film Kirghize intitulé «Beyish enenin tamanynda» (Le paradis est sous les pieds de la mère) a été projeté en avant-première dans les salles de cinéma du Kirghizstan. Le film raconte l'histoire d'Adil, 35 ans, ayant une croissance intellectuelle arrêtée à l'âge de 8 ans, et de sa mère Raykhan, 75 ans. Les spectateurs sont invités à suivre leur voyage alors qu'Adil tire sa mère sur une charrette pour l'emmener du Kirghizstan à l'Arabie saoudite afin d'accomplir le hadj, un pèlerinage religieux, à La Mecque.

Voici la bande-annonce du film sur YouTube.

Adil est élevé par sa mère, qui tente de le protéger du ridicule en lui disant qu'il fait partie des humains préférés de Dieu et qu'il ira au paradis. Après avoir appris d'un de ses amis que les mères dont les fils les emmènent à la Mecque pour le hadj peuvent aller au paradis, Adil décide de le faire pour s'assurer que sa mère puisse également aller au paradis et le rejoindre.

Au cours de leur long et dangereux périple, ils traversent de nombreux pays et relèvent les nombreux défis du voyage à pied avec l'aide des étrangers au grand cœur. Le film est rempli de moments de bonheur lorsque des inconnus aident Adil et sa mère de manière désintéressée. Selon son réalisateur, Ruslan Akun, l'objectif principal du film est d'encourager les gens à être miséricordieux les uns envers les autres et à faire de bonnes actions.

Voici une vidéo YouTube avec des interviews du réalisateur et des acteurs principaux.

Pour recréer le chemin de pèlerinage parcouru à pied, le film a été tourné dans sept pays différents : Kirghizstan, Ouzbékistan, Kazakhstan, Azerbaïdjan, Turquie, Syrie et Arabie saoudite, ce qui en fait le plus grand projet cinématographique de l'histoire du Kirghizstan en termes de production. Selon l'acteur principal et coscénariste, Emil Esenaliev, la contribution du président du Kirghizstan, Sadyr Japarov, a été considérable pour surmonter les obstacles administratifs et logistiques liés au tournage du film dans un si grand nombre de lieux.

Le soutien de Japarov au film n'est pas une coïncidence et s'inscrit dans sa politique plus large de promotion des valeurs traditionnelles. En 2022, par exemple, il a signé un décret « sur la tradition nationale » et a demandé aux parties prenantes de mener un travail de sensibilisation auprès de la population afin de diffuser les traditions kirghizes, notamment celle qui consiste à respecter et à servir ses parents lorsqu'ils sont âgés, et qui est mise en avant dans le film.

Les chefs religieux islamiques du Kirghizstan ont également soutenu le film en assistant à sa première et en chantant ses louanges par la suite. Le film peut être considéré comme une promotion de l'islam, puisqu'il est centré sur l'un de ses piliers, le hadj, et qu'il emprunte son nom à la parole du prophète Mahomet, qui a dit que le paradis se trouve sous les pieds des mères. Elle reflète sans aucun doute le rôle de plus en plus important que joue l'islam dans la société kirghize depuis que le pays est devenu indépendant en 1991, après la désintégration de l'Union soviétique. Par exemple, le nombre de mosquées dans le pays est monté en flèche, passant de 39 en 1991 à 2669 en 2020.

Avec des projets de traduction du film dans cinq autres langues et de projection dans au moins trois autres pays, il s'agit de loin de la plus grande réussite de l'industrie cinématographique Kirghize dans l'histoire moderne du pays. Cependant, il est loin des sommets sans précédent que cette industrie a atteints entre les années 1960 et 1970 et qui lui ont valu le surnom approprié de « merveille kirghize ».

Voici une vidéo YouTube relatant le succès de l'industrie cinématographique Kirghize dans les années 1960 et 1970.

À cet égard, le nouveau film de Ruslan Akun suit les traces des grands films kirghizes de l'époque passée qui étaient populaires au-delà du Kirghizstan, gagnant des centaines de millions de dollars au box-office et même une nomination aux Oscars.


Bassirou Diomaye Faye élu président au Sénégal: victoire d'une jeunesse déterminée

Fri, 29 Mar 2024 01:35:15 +0000 - (source)

Au Sénégal, les jeunes représentent plus de 70% de la population

Publié à l'origine sur Global Voices en Français

Bassirou Diomaye Faye, Président du Sénégal ; capture d'écran de la chaîne YouTube de Tv5monde

Les Sénégalais ont fait le choix de leur nouveau président lors des élections présidentielles du 24 mars 2024, après une période de manifestations due à un report de la date initiale des élections. Les résultats provisoires proclament Bassirou Diomaye Faye nouveau président du pays pour les cinq années à venir.

Pourtant, au départ Bassirou Diomaye Faye avait peu de chance de participer aux élections: il était détenu en prison depuis avril 2023 pour diffamation, outrage à magistrat. En juillet 2023, il est rejoint en prison par Ousmane Sonko, son mentor et président du parti PASTEF, qui lui est condamné pour viol et diffamation. Ces deux acteurs politiques sont membres du parti d'opposition Les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (PASTEF), une formation politique populaire auprès des jeunes (plus de 70% de la population) qui sont fatigués d'une gouvernance qui n'offre pas de perspectives d'emploi.

A plusieurs reprises, le parti PASTEF appelle la population à manifester son ras-le-bol contre le régime du président Macky Sall. Ces manifestations, souvent réprimées, engendrent par moment des morts et des blessés dans un climate de tensions sociales et politiques. En juillet 2023, PASTEF est dissous par le gouvernement qui lui reproche des appel fréquents à la population à “des mouvements insurrectionnels”.

Bien avant que le processus électoral ne sois enclenché le 31 octobre 2023,  Sonko est exclu des listes électorales et ne peut donc se poser comme candidat. Son parti opte alors pour un plan B qui positionne Bassirou Diomaye Faye comme nouveau candidat a l'élection présidentielle..

Lire : Au Sénégal, un parti de l'opposition nomme un nouveau candidat, Bassirou Diomaye Faye, pour l’élection présidentielle de début 2024

Bien qu'en prison, Bassirou Diomaye Faye voit sa candidature acceptée par le conseil constitutionnel. Quand la campagne électorale démarre le 9 mars, il est, comme Sonko, encore derrière les barreaux. Mais suite à la promulgation par Macky Sall, président sénégalais d'une loi d'amnistie générale que le parlement vote le 7 mars, ils sont libérés le 14 mars et peuvent participer aux campagnes électorales et défendre leur programme auprès de la population sénégalaise.

Au lendemain du 24 mars, les tendances annoncent une victoire du candidat du PASTEF. Au Sénégal, la commission nationale de recensement des votes a le privilège de dévoiler les résultats provisoires avant que le conseil constitutionnel ne donne sa validation. La commission annonce que Bassirou Diomaye Faye l'emporte largement avec 54,28 % des suffrages, devant le candidat du pouvoir, Amadou Ba qui totalise (35,79 %), alors que le taux de participation s'élève à 61%.

Ce reportage vidéo de France24 donne les détails des résultats :

 

Soulagement des jeunes

A l'annonce de la victoire de Faye, les jeunes poussent un soupir de soulagement. Pour beaucoup, la rupture avec l'ancien régime est désormais officielle et ils peuvent donc espérer que les choses changent de façon positive. Au micro de France24, certains donnent leur avis sur cette victoire du candidat de la jeunesse:

Au lendemain du vote, des félicitations viennent de partout. Sur la toile sénégalaise, Amadou Ba, candidat du régime n'a pas adresse ses vives félicitations au nouveau président. Sur son compte X (ex-Twitter), il écrit :

Le président sortant, Macky Sall fait de même :

Hors des frontières sénégalaises, d'autres présidents adressent leurs félicitations au nouveau président. Patrice Talon, président du Bénin écrit sur son compte X :

Adama Barrow, président de la Gambie, écrit sur son compte X:

Je félicite M. Bassirou Diomaye Faye pour une élection victorieuse et félicite le peuple de la République de #Senegal pour le déroulement pacifique de l'élection. Je suis optimiste que les relations cordiales entre La #Gambia et le Sénégal seront encore renforcées < Président élu.
— President Barrow (@BarrowPresident) 25 March 2024

Ou encore Mamadi Doumbouya, président de la Guinée qui publie sur le réseau X:

L'homme politique togolais Nathaniel Olympio montre son admiration pour la détermination de la jeunesse sénégalaise. Il dit :

Avec cette victoire, Dénis Mukwege, candidat malheureux à l'élection présidentielle de 2023 en République démocratique du Congo veut retenir que l'alternance est toujours possible en Afrique. Il publie :

Également sur X, Emmanuel Macron, président français adresse lui aussi ses vœux de réussite à Bassirou Diomaye Faye. Il écrit :

Mais les commentaires sous le post du président français démontrent la détermination des jeunes Africains à cesser toute collaboration avec l'ancienne métropole.

Les enjeux

Pour les cinq prochaines années, le nouveau président doit faire fait face à différents principaux enjeux dont la révision sur l'accord de pêche établi par Macky Sall avec  l'Union européenne. Cet accord prive la jeunesse sénégalaise des activités de pêche et menace la souveraineté économique et alimentaire du pays comme l'indique cette publication de Tv5monde sur son compte X:

Autres défis majeurs : la reconstruction du pays, la question du Franc CFA, la consolidation de la CEDEAO. Dans son premier discours relaté dans cette vidéo de Radio France Internationale (RFI), Faye présente les priorités de  son mandat:

En attendant la validation de l'élection de Bassirou Diomaye Faye, comme président du Sénégal, par le conseil constitutionnel le 29 mars, la jeunesse sénégalaise célèbre la fin au régime de Macky Sall.

Lire : 


Sri Lanka : ouverture d'un bureau de Greenpeace en pleine crise climatique

Tue, 26 Mar 2024 12:39:40 +0000 - (source)

« Greenpeace a contribué au changement de système »

Publié à l'origine sur Global Voices en Français

Greenpeace activists are protesting in front of the Angra dos Reis (RJ) nuclear power plants, denouncing the Brazilian government's decision to invest in building Angra 3 while neglecting the country's vast wind energy potential. Rio de Janeiro. 07/04/2009. Image via Flickr by Greenpeace/Alex Carvalho. CC BY-SA 2.0.

Des militants de Greenpeace manifestent devant les centrales nucléaires d'Angra dos Reis (RJ), pour dénoncer la décision du gouvernement brésilien d'investir dans la construction d'Angra 3, sans tenir compte du vaste potentiel que représente pour le pays l'énergie éolienne. Rio de Janeiro, 07/04/2009. Image via Flickr par Greenpeace/Alex Carvalho. CC BY-SA 2.0.

Cet article a tout d'abord été publié sur Groundviews, un site primé de journalisme citoyen du Sri Lanka. Une version éditée est publiée ici dans le cadre d'un accord de partage de contenu avec Global Voices.

En 1971, un groupe de militants quitte le Canada à bord d'un vieux bateau de pêche pour protester contre les essais nucléaires souterrains effectués par l'armée américaine à Amchitka, une île située au large de l'Alaska. Après avoir finalement été forcés de rebrousser chemin, les militants ont créé une organisation nommée Greenpeace, dans le but d’encourager l'action directe non-violente, et de changer les mentalités.

Au cours des années 1970, le mouvement Greenpeace s'étend à plusieurs pays et commence à se mobiliser pour les causes environnementales, notamment la chasse commerciale à la baleine et les déchets toxiques. Greenpeace International est créée en 1979. Basée aux Pays-Bas, l’organisation compte aujourd'hui trois millions de sympathisants à travers le monde et possède des bureaux dans 40 pays.

Les militants de Greenpeace affrontent les baleiniers en s’interposant entre les harpons et les baleines. En 1985, le gouvernement français coule leur bateau, le Rainbow Warrior, opération au cours de laquelle ils subissent des violences et sont qualifiés d'écoterroristes. Les militants de Greenpeace se sont opposés à de nombreux gouvernements et ont risqué la prison et même la mort afin de faire évoluer les mentalités et changer la politique internationale.

Bien qu'elle ne mène plus beaucoup d'actions directes ou ne fasse plus la une des journaux avec des photos choquantes, Greenpeace reste néanmoins une force indéniable sur la scène mondiale, une organisation internationale à l'origine de campagnes de sensibilisation à l’environnement à travers le monde. Elle utilise la confrontation de façon créative et non-violente pour faire campagne sur des sujets tels que les changements climatiques, la déforestation, la surpêche, la chasse commerciale à la baleine, la manipulation génétique, lutter contre la guerre et le nucléaire. Elle n'accepte aucun financement de la part de gouvernements, multinationales ou partis politiques.

Malgré une prise de conscience du besoin de protéger la planète, la Terre est encore plus fragile aujourd'hui qu'elle ne l'était en 1971. Le déclin de la biodiversité s’est amplifié, alors que les émissions de gaz à effet de serre dans l'atmosphère et la présence de toxines dans les sols augmentent, les sols contiennent moins de carbone, les rivières et les lacs s’assèchent, le nombre de zones mortes dans les océans s’accélère, les forêts disparaissent, les déserts se multiplient, la population mondiale augmente, un milliard de personnes sont au bord de la famine et les ressources naturelles, surexploitées pour satisfaire les besoins humains, se font de plus en plus rares.

L’Asie du Sud compte plus d'un milliard et demi d'habitants répartis dans huit pays où se trouvent certaines des zones les plus vulnérables du monde sur le plan environnemental. C'est aussi la deuxième région la plus pauvre de la planète. La pauvreté multidimensionnelle, la dépendance à l'égard des ressources naturelles et les conditions météorologiques rendent les populations vulnérables à l'instabilité qui résulte du réchauffement climatique. Selon un rapport de la Banque mondiale, plus de 800 millions de Sud-Asiatiques vivent dans des zones qui vont devenir particulièrement sensibles aux changements climatiques, et elles seront alors inhabitables. La région traverse une crise environnementale, les changements climatiques perturbant l'agriculture et les moyens de subsistance. Bien qu’elle ne soit pas, ou très peu, responsable des changements climatiques, l'Asie du Sud est touchée de manière disproportionnée.

Afin de développer une coopération régionale pour lutter contre les changements climatiques, Greenpeace a ouvert un bureau à Colombo, dans l’Asie du Sud, et a marqué l'événement à bord de son navire emblématique, le Rainbow Warrior. Groundviews s'est entretenu avec Binu Jacob, directeur général de Greenpeace South Asia, sur les défis climatiques auxquels la région est confrontée et sur le rôle de Greenpeace dans la lutte contre l'injustice climatique.

Groundviews : Bien que Greenpeace existe depuis plus de 50 ans, elle livre toujours les mêmes combats. Quel a été son impact ?

Binu Jacob: We have been campaigning fearlessly for over 50 years when it was not fashionable. We are supported by individuals so we can take an independent stand. We have made an impact over the generations When we were in school and in collage, we were motivated by organisations such as Greenpeace to work for sustainability and climate justice. Greenpeace has contributed to system change.

Binu Jacob : Nous menons ouvertement des campagnes depuis plus de 50 ans, à une époque où ce n'était pas au goût du jour. Nous sommes soutenus par des particuliers, ce qui nous permet d'adopter une position indépendante. Nous avons marqué plusieurs générations. Nous avons tous, à l'école ou à l'université, été inspirés par des organisations telles que Greenpeace d’œuvrer en faveur de la durabilité et de la justice climatique. Greenpeace a aidé à changer le système.

Groundviews: Dans les années 1980 et 1990, Greenpeace était une organisation plus visible et qui faisait beaucoup de bruit. Sa stratégie a-t-elle changé ?

Binu Jacob: There are different kinds of campaigns now that are culturally relevant to a region or society. They are more creative; different regions have their own methods of campaigning. The media has also changed and become segmented so the way the message is put across has also changed with more regional campaigns. The issues are intersectional so it’s not just one area such pollution but we have to look at climate justice as well.

Binu Jacob : Il existe aujourd'hui différents types de campagnes qui tiennent compte des spécificités culturelles d'une région ou d'une société. Elles sont plus créatives ; les différentes régions ont leurs propres méthodes de campagne. L’évolution et la segmentation des médias ont changé la manière de faire passer le message, à l’aide de campagnes de sensibilisation à une échelle plus régionale. Les problèmes sont intersectoriels ; par conséquent, nous ne pouvons pas seulement nous concentrer sur seul domaine, par exemple la pollution, sans en même temps aborder la question de justice climatique.

Groundviews: Selon vous, est-il acceptable de vandaliser des œuvres d’art pour dénoncer la consommation d’énergies fossiles ?

Binu Jacob: Young people think that nobody listens to them although it’s their planet. Such action comes out of helplessness. The world only listens to dramatic things. But youth icons such as Greta Thunberg can inspire other young people to take action.

Binu Jacob : Les jeunes pensent que personne ne les écoute alors qu'il s'agit de leur planète et de leur avenir. Ils agissent ainsi par impuissance et parce que ce genre d'évènements dramatiques attire l’attention. Mais les icônes de la jeunesse telles que Greta Thunberg peuvent aussi inspirer d'autres jeunes à agir.

Groundviews: Quels sont les principaux problèmes environnementaux auxquels la région est confrontée ?

Binu Jacob: There are many issues that connect South Asia but we are focussing on climate change because the region is the second most affected after Sub Saharan Africa. South Asia is densely populated and polluted and has great economic disparity. The people who are most affected by climate change are farmers, fishermen, factory workers and other poor and marginalised communities. Climate events such as droughts and floods are increasing in number and intensity. While the rich can isolate themselves from the effects of climate change, frontline people are greatly impacted; although they have not contributed to climate change, they are the ones who pay the most. The Indian ocean is common to the region. It is threatened by over fishing, infrastructure development and plastics. Countries in the region have the opportunity to show leadership. Although we may be poorer or smaller, we still have a responsibility to the planet. But at the same time governments must be mindful of the needs of the poor. We can say to ban single use plastic, which is mainly used by poorer people, but then governments needs to provide alternatives.

Binu Jacob : L'Asie du Sud se heurte à de nombreux problèmes, mais nous nous concentrons surtout sur les changements climatiques car la région est la plus touchée, après l'Afrique subsaharienne. L'Asie du Sud est fortement peuplée et polluée, et est une région du monde où règnent de grandes disparités économiques. Les personnes les plus frappées par les changements climatiques sont les agriculteurs, les pêcheurs, les ouvriers d'usine et d'autres communautés pauvres et marginalisées. Les événements climatiques tels que les sécheresses et les inondations sont de plus en plus nombreux et intenses. Alors que les riches ont les moyens d'échapper aux effets des changements climatiques, les populations qui se trouvent en première ligne sont, elles, fortement affectées ; bien qu'elles n'aient pas contribué au réchauffement climatique, ce sont elles qui en paient le plus lourd tribut. L’Asie du Sud baigne dans l'océan Indien qui est menacé par la surpêche, le développement des infrastructures et les déchets plastiques. Les pays de la région ont la possibilité de faire preuve de leadership. Même s'ils sont plus pauvres ou plus petits, ils ont une responsabilité envers la planète. Mais les gouvernements doivent aussi tenir compte des besoins des populations pauvres. Interdire le plastique à usage unique, lequel est principalement utilisé par les plus démunis, est une bonne chose, mais les gouvernements doivent alors proposer des solutions de remplacement.

Groundviews: Comment les citoyens peuvent-ils lutter contre la destruction de l'environnement ?

Binu Jacob: Activists and individuals are taking action; some have the calling. They are writing to authorities, going to the media and getting communities to come to together. Because of their actions, leaders can change their behaviour. The challenge is how to do it creatively and get across the message that it’s for the good of everyone and that it is not anti-development. While development can get short term gains, the impacts on quality of life and the mental health of future generations will be severe. We need to invent new value systems because we can’t continue with greed.

Binu Jacob : Les militants et les particuliers se mobilisent ; certains sont faits pour ça. Ils écrivent aux autorités, s'adressent aux médias et incitent les communautés à s’unir. Grâce à leurs actions, les dirigeants peuvent changer d’attitude. Le défi consiste à faire preuve de créativité et à faire passer le message que nous agissons pour le bien de tous et que nous ne sommes pas opposés au développement. Si le développement permet seulement d'obtenir des gains à court terme, alors les conséquences sur la qualité de vie et la santé mentale des générations futures seront considérables. Nous devons créer de nouveaux systèmes de valeurs parce que nous ne pouvons pas continuer à agir par cupidité.

Groundviews: Les PED estiment qu'il est injuste d’être contraint de freiner leur développement en raison de préoccupations environnementales, alors que l'Occident est déjà développé et a les moyens de procéder à ces changements. Comment obliger les pays à se conformer ?

Binu Jacob: Some leaders in West still think it’s alright to destroy planet but their citizens are opposing this. People can act and oppose adverse actions successfully. The same environmental standards applied in the West should be applied to developing countries as well. Development should not be at the cost of the environment. Corporations as well as governments must be held responsible for their actions that damage the environment. What we do in one part of the planet impacts all of us. While everyone has the right to basic material needs such as water, food and housing, immense and wasteful access can’t continue.

Binu Jacob : Pour certains dirigeants occidentaux, détruire la planète est tout à fait acceptable, contrairement à leurs citoyens qui, grâce à leurs actions, ont le pouvoir de s'opposer avec succès à toute mesure défavorable. Les normes environnementales appliquées en Occident devraient être les mêmes pour les PED. Le développement ne doit pas se faire au détriment de l'environnement. Les entreprises et les gouvernements doivent être tenus responsables des dommages environnementaux résultant de leurs actes. Les actions menées dans une partie spécifique de la planète nous affectent tous. Même si chacun a le droit de satisfaire des besoins matériels de base tels que l'eau, la nourriture et le logement, leur accès illimité et le gaspillage qui en résulte ne peuvent plus durer.

Regardez la vidéo de l'entretien :


L’ économie du Ghana et les politiques de sécurité alimentaire : leçons tirées de l'opération Feed Yourself

Tue, 26 Mar 2024 12:21:27 +0000 - (source)

Les infrastructures marquent l’Opération Feed Yourself des années 1970s

Publié à l'origine sur Global Voices en Français

Les vendeurs de tomates au marché principal à Accra, Ghana. Image par Runjiv on Wikimedia Commons (CC BY-SA 4.0 DEED).

Récemment, le Ghana a été confronté à de profonds défis macroéconomiques, notamment la dépréciation de sa monnaie, l'escalade de l'inflation et la perte de confiance des investisseurs. Cette situation a conduit à des perspectives économiques sombres et à des prévisions de croissance lente, comme l'a souligné la Banque mondiale.  

Pour freiner la dépréciation du cedi ghanéen et favoriser l'industrialisation, qui stimulera à son tour l'économie, le gouvernement ghanéen souhaitait adopter un projet de loi sur la réglementation des exportations et des importations imposant des restrictions sur 22 produits stratégiques en novembre 2023. La liste des produits comprend les denrées alimentaires essentielles consommées par la plupart des ménages ghanéens. Il s'agit du riz, des abats, de la volaille, de l'huile de cuisson, des jus de fruits, des pâtes, du poisson, du sucre et des tomates en conserve. Cependant, comme le rapporte The Conversation,les organisations de la société civile les associations , commerciales et la minorité parlementaire se sont opposés au projet de loi pour plusieurs raisons. 

Les opposants à la proposition ont fait valoir que cette politique aurait de graves répercussions sur l'économie et la sécurité alimentaire du Ghana, car les producteurs nationaux pourraient avoir du mal à répondre à la demande locale pour les produits spécifiques que le gouvernement souhaite restreindre. En outre, comme le souligne l'article de The Conversation, les contraintes pesant sur les importations d'aliments de consommation courante pourraient conduire à une pénurie et, par conséquent, une augmentation des prix des denrées alimentaires réduirait encore davantage la sécurité alimentaire. Cela occasionne aussi un risque de perte de recettes, comme l'ont souligné les critiques, notamment en ce qui concerne les droits de douane et d'importation, et le Ghana pourrait faire l'objet de représailles de la part d'autres pays si les restrictions nuisent à leurs intérêts.

Suite à ces objections, le gouvernement a suspendu le projet de loi.

Si l'on considère les expériences historiques du Ghana, l'échec de l'opération “Feed Yourself” (Nourrissez-vous) en 1977 doit inciter à la prudence.

En février 1972, sous la direction d'Ignatius Kutu Acheampong, le gouvernement ghanéen a lancé la politique de l'Opération “Feed Yourself”, un programme agricole destiné à stimuler la production nationale de cultures vivrières . Le programme a divisé le Ghana en neuf zones, chacune se voyant attribuer la production des cultures les mieux adaptées à sa spécificité géographique. Par exemple, la région orientale s'est concentrée sur la culture du manioc, du maïs, de la banane plantain, de la canne à sucre, du thé, de l'avocat, des agrumes et de l'igname, tandis que la région centrale s'est concentrée sur le maïs, l'igname, le manioc, la banane plantain, le riz, l'ananas et la canne à sucre. 

Pour vulgariser ce programme, le gouvernement a entrepris de vastes efforts de sensibilisation, pour la promotion de l’agriculture, en utilisant la propagande et les émissions de télévision et de radio. En outre, le gouvernement a tiré parti de ses relations avec des institutions telles que les universités, l'armée et les prisons pour les encourager à implanter en interne des unités de production agricole .

L'administration Acheampong a mis en place un système de collecte, de transport, de stockage et de commercialisation des récoltes à l'intérieur du pays. Ce système visait à garantir un marché pour les produits cultivés dans les zones rurales et à faciliter leur transport vers les centres urbains. Des entités telles que le Meat Marketing Board, la State Fishing Corporation et la Food Distribution Corporation étaient chargées d'acheter les récoltes aux agriculteurs et de les proposer à des prix réduits aux citadins.

Pour stimuler la production agricole, le gouvernement a accordé des subventions pour les semences, les engrais et les outils agricoles tels que les houes et les coutelas. Il est important de noter que les taxes sur l'importation de machines agricoles ont été supprimées. Les incitations spécifiques comprenaient des exonérations fiscales sur les revenus du cacao et, plus généralement, pour les exploitations agricoles au cours de leurs cinq premières années d'activité. L'opération “Feed Yourself” a impliqué une collaboration avec des institutions telles que la Banque nationale d'investissement et la Banque africaine de développement, qui ont fourni des crédits et des prêts à divers Ghanéens.

Malgré les efforts considérables déployés par le gouvernement pour assurer la réussite du programme, l'opération “Feed Yourself” a été considérée comme un échec en raison de divers facteurs, notamment le mécontentement croissant de la population, la diminution des superficies plantées, la persistance des prix élevés des produits alimentaires nationaux et l'augmentation du déficit budgétaire du Ghana, qui est passé de 190 millions de cédis (14 871 376 USD) en 1972 à 807 millions de cédis (63 164 213 USD) en 1977. L'enthousiasme initial des citadins pour les activités agricoles s'est également estompé, probablement sous l'influence des problèmes perçus dans les infrastructures rurales, tels que le manque d'eau potable, d'électricité et de routes bien entretenues. En conséquence, , dès 1977, l'intervention de l'aide alimentaire internationale était requise pour remédier aux pénuries alimentaires au Ghana.

En 2017, pour faire face aux problèmes de sécurité alimentaire et aux niveaux d'emploi nationaux, le gouvernement du Ghana a mis en œuvre une nouvelle initiative appelée “Planting for Food and Jobs” (PFJ), qui s'inspire de l'opération Feed Yourself (Nourrissez-vous). Le programme propose des solutions telles que des subventions publiques pour l'achat de semences et d'engrais de haute qualité, des initiatives éducatives sur les pratiques agricoles efficaces et le renforcement des liens entre les agriculteurs et les acheteurs potentiels dans les secteurs public et privé. Toutefois, ce programme a également été considéré comme un échec l'inflation des denrées alimentaires ayant atteint plus de 50 % l'année dernière , et l'infrastructure de base restant un problème.

Il semble que les législateurs ghanéens n'aient pas pleinement tenu compte des leçons tirées des échecs passés, comme en témoigne la récente tentative du gouvernement de mettre en œuvre une nouvelle politique sans s'attaquer de manière adéquate aux défis inhérents à l'infrastructure fondamentale.


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