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Journée mondiale de l'abeille : une agricultrice biologique jamaïcaine affirme que ces créatures à fourrure jouent un rôle essentiel dans la pollinisation de ses cultures.

Mon, 12 Jun 2023 13:09:57 +0000 - (source)

« Sans une bonne pollinisation, la production est moindre… ».

Publié à l'origine sur Global Voices en Français

Abeille charpentière (Xylocopa mordax) mâle. Considérée comme une abeille solitaire, elle construit ses nids en creusant des tunnels dans le bois, le bambou et d'autres matériaux végétaux durs. Elle pollinise les haricots et les légumineuses, ainsi que la sauge, les fleurs de la passion et le moringa. Photo de Vaughan Turland, utilisée avec autorisation.

Apparu en 2018, l'ONU a choisi le 20 mai comme le jour de l'abeille, cela a été mis en place dans le but de sensibiliser sur l'importance de ces petits, mais importants pollinisateurs, les menaces auxquelles ils font face et leurs contributions au développement durable. La célébration de cette année a mis en lumière le rôle vital qu'ont les abeilles dans la pollinisation des cultures agricoles. D'après l'organisation pour la nourriture  et l'agriculture de l'ONU, 3 sur 4 des cultures qui produisent de la nourriture pour les humains dépendent, du moins partiellement des pollinisateurs.

Pourquoi les abeilles sont si importantes pour l'agriculture? La diversité des espèces pollinisatrices est essentielle pour la sécurité des ressources. Il y a également un lien étroit avec le réchauffement climatique, qui affecte aussi bien l'agriculture et les abeilles :

Pour mieux comprendre l'importance des abeilles et leur impact, j'ai interrogé par mail Dorienne Rowan-Campbell, une ancienne journaliste jamaïcaine et spécialiste du développement devenue cultivatrice de café biologique. Avec la Jamaïque qui devient un lieu d'habitat pour 69 espèces d'abeilles, elle est actuellement consciente de l'impact sur les cultures des pollinisateurs et du réchauffement climatique ainsi que des activités humaines.

Ayant passé une majeure partie de sa vie dans le journalisme, aussi bien en Jamaïque qu'au Canada, Rowan-Campbell a porté son intérêt dans le développement international, ce qui l'a conduite à réaliser une série en 13 parties, « Un seul monde », avec TV Ontario. Elle a plus tard quitté la société de diffusion canadienne pour diriger le programme de développement des femmes au secrétariat du Commonwealth, et a été la première femme directrice et conseillère du secrétaire général du Commonwealth.

Rowan-Campbell est retournée en Jamaïque en 1987 et a travaillé en tant que consultante des femmes, consultante de genre et consultante politique, consultante en environnement et consultante en gestion du management. Cinq ans plus tard, après que ses parents ont déménagé au Canada, elle a pris le lead de la petite ferme de café de son père et a commencé une longue route pour établir une ferme organique. Elle est actuellement vice-présidente de l'association des planteurs de café où elle représente les petits producteurs et utilise la ferme comme un lieu d'entrainement pour les fermiers intéressés, en particulier les femmes et les jeunes personnes. Elle est également la seule productrice de café organique jamaïcain certifiée NOP, EC, COR et JAS, ( des labels d'agriculture biologique dans différents pays).

Dorienne Rowan-Campbell, agricultrice biologique jamaïcaine. Photo de Rowan Royale Farms, utilisée avec autorisation.

Emma Lewis (EL) : Parlez-moi de votre ferme. Quelles sont vos cultures, et où ?

Dorienne Rowan-Campbell (DRC):

Ma ferme est la Royale de Rowan. Cette année sera notre 21e année de certification organique internationale. Nous sommes une petite, ferme familiale possédée par des femmes à 4 000 pieds d'altitude dans les montagnes bleues de Portland Ouest en Jamaïque, proche du ravin de Silver Hill. Notre culture principale est le café, mais en tant que ferme organique, nous plantons également du gingembre, du curcuma, des légumes verts, des bananes, des plantains, des racines, des citrons des mûres.. et nous nous assurons que les herbes indigènes et les buissons soient préservés et les fleurs sauvages accompagnées. La ferme est très ombragée, bien que nous continuions de remplacer des arbres qui ont subi des dégâts à la suite d'ouragans et d'orages.

Quel rôle ont les abeilles dans votre ferme, et comment continuez-vous à les attirer?

Nous avons beaucoup de buissons fleuris et des arbres et fleurs sauvages que les abeilles y trouvent leur bonheur. Une étude débutée pour l'Association des cultivateurs de café en Jamaïque en 2018 a fait ressortir trois types d'abeilles dans la ferme, pas uniquement des abeilles à miel. Chaque année durant la saison de pousse du café, j'ai des ruches sur la ferme qui viennent d'un fermier voisin, qui est un apiculteur mais qui n'utilise pas de produits chimiques dans sa pratique. Il me dit que la qualité du miel des abeilles sur la ferme est plutôt bonne comme les abeilles disposent de nombreuses ressources et ne sont pas mises en danger par les produits chimiques. Pendant qu'il récolte le miel moi j'ai un grand nombre d'abeilles sur la ferme pour aider à la pollinisation, en particulier du café. Mon gestionnaire de ferme n'a maintenant qu'une seule ruche et est en train d'apprendre à garder les abeilles ainsi l'année prochaine il aura des abeilles sur sa ferme.

Centris decolorata est l'équivalent caribéen du bourdon, que l'on trouve généralement dans les climats nordiques. Cette abeille trapue pollinise les grandes fleurs tropicales. Photo de Vaughan Turland, utilisée avec autorisation.

D'après votre expérience, quelle est la signification de la pollinisation des abeilles pour l'agriculture en Jamaïque, et pour votre affaire en particulier?

Les abeilles sont des pollinisateurs efficaces. Bien que nous ayons des oiseaux et d'autres insectes qui pollinisent, les abeilles sont ce que nous accueillons le plus pour la majeure partie, nous les avons prises pour acquises. Maintenant que nous voyons moins d'abeilles autour dans nos fermes, notre pollinisation est moins efficace. Sans une bonne pollinisation, vous avez moins de production mais même sans avoir quelques ruches sur la ferme, nous avons énormément d'abeilles qui viennent pendant les saisons de floraison. On les voit et les entend. On les voit sur des fleurs de citrouille et des variétés de courges et légumes verts, comme sur de nombreux arbres que nous avons qui fleurissent et attirent les abeilles.

 Quelles sont les menaces pour la pollinisation des abeilles dans la région? Comment elles peuvent être abordées?

La majorité des menaces sont les produits chimiques que nous appliquons dans nos fermes, qui tuent les abeilles. Mais nos pratiques générales de culture fermière affectent également ces abeilles : le coupage à blanc, et le désherbage massif impliquent énormément de fleurs sauvages, des buissons et des arbres à floraison, sur lesquels une abeille sauvage prospère. L'urbanisation qui s'accélère fait que des arbres sont coupés et les buissons venant de nos villes sont remplacés par des accotements couverts d'herbe. Les autoroutes améliorées prennent des parts entières de territoires où les abeilles avaient l'habitude d'être en mesure de trouver du pollen. Beaucoup de ces arbres et buissons ne sont jamais remplacés le long de ces autoroutes.

L'abeille de l'orchidée de Jamaïque (Euglossa jamaicensis) est endémique à la Jamaïque et n'est pas non plus une abeille « sociable ». Les mâles sont connus pour collecter des matériaux sur les fleurs qu'ils pollinisent afin de créer des parfums. Photo de Vaughan Turland, utilisée avec sa permission.

 Quelles espèces d'abeilles pollinisent les cultures? Pendant que les abeilles à miel sont communes, beaucoup d'espèces d'abeilles sauvages et solitaires sont en danger. Quelles espèces avez-vous vues?

DRC:

Je sais que nous avons des abeilles sauvages et solitaires sur la ferme, mais je n'ai aucune expertise sur ce qu'elles sont. Nous accueillons juste ces dernières et leur laissons autant de nourriture que possible, ce qui est pourquoi elles viennent.

 Le changement climatique a sérieusement impacté le projet de culture du café sur lequel vous travailliez en 2018, avec ses effets rendant la période de floraison imprévisible. Des sécheresses prolongées ont mis les plantations de café sous stress, et allongé les saisons de pluies qui causent des problèmes. Pouvez-vous m'en dire plus à propos de ce projet et comment la crise climatique continue d'impacter aussi bien notre agriculture que nos abeilles?

Oui les périodes de floraisons sont beaucoup moins prévisibles. Le travail initial sur ce projet signifiait que c'était impossible pour les chercheurs de savoir quand il fallait se trouver dans telle ou telle zone… Les routes sont en mauvais état, les 4X4 sont nécessaires, et les fonds ne peuvent pas couvrir l'augmentation du prix des transports. Cependant, ils ont trouvé des zones avec vraiment très peu d'abeilles. Le changement climatique a également affecté la qualité des floraisons. La recherche dans d'autres pays a indiqué qu'une augmentation des températures cause des difformités dans les floraisons elles-mêmes, tout comme les rares floraisons..

La Centris fasciata est une abeille sauvage que l'on trouve en Jamaïque et peut-être dans d'autres parties des Grandes Antilles. Photo de Vaughan Turland, utilisée avec autorisation.

 L'agriculture organique semble continuer d'être une activité de niche dans les Caraïbes. Comment voyez-vous son rôle et sa valeur? Peut-elle être étendue? Est-ce que l'intervention du gouvernement est nécessaire?

Si nous souhaitons survivre en agriculture et gérer les crises climatiques, nous devons nous diriger vers des pratiques durables; des pratiques organiques/biologiques en sont la base. Les personnes n'ont pas besoin de labellisation. Elles ont besoin de comprendre que- comme l'a souligné la FAO- les sols gérés organiquement peuvent s'adapter aux inondations et à la sécheresse. Plusieurs années auparavant, après une sécheresse

Les gouvernements qui se sont succédés ont dit qu'ils épousent la production biologique, mais il n'y a eu aucune politique de développée, bien que ce travail ait été en processus depuis 2004! Toute action a été faite par les ONG et les secteurs privés des fermiers… mais ceci n'est pas durable. Une équipe du JOAM a élaboré la norme pour le Bureau of Standards of Jamaica (BSJ) et pour la Communauté des Caraïbes (CARICOM). Cependant, au lieu d'encourager son utilisation, le BSJ exige une redevance élevée pour une copie de la norme (environ 9 277 JMD ou 60 USD). En outre, aucune mesure n'est prise lorsque des produits sont étiquetés “biologiques” sans avoir fait l'objet d'une vérification par une tierce partie. Les agriculteurs se demandent donc pourquoi ils devraient payer pour la certification alors que celle-ci n'est pas protégée. L'organisme national de certification de la Jamaïque (NCBJ) propose désormais la certification, mais personne n'est sûr de ses tarifs et la procédure est longue.

The Jamaican government needs to establish a competent authority for organic agriculture, a policy and more training for the Rural Agricultural Development Authority (RADA).

Le gouvernement jamaïcain a besoin d'établir une autorité compétente pour l'agriculture biologique, une politique et plus d'entrainements pour le développement de l'autorité de l'agriculture rurale.

Les pratiques d'agriculture biologique sont conformes au message de la Journée mondiale de l'abeille, à savoir que les abeilles, et les pollinisateurs en général, ont besoin d'une agriculture responsable qui soutienne le rôle qu'ils jouent dans la nature et la durabilité à long terme.


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