Autoblog de Global Voices (fr)

Ce site n'est pas le site officiel de Global Voices
C'est un blog automatisé qui réplique les articles de fr.globalvoicesonline.org

Turquie : une série de tremblements de terre frappe le pays

Mon, 12 Jun 2023 12:41:10 +0000 - (source)

Les autorités émettent une alerte de niveau 4 et demandent l'aide internationale

Publié à l'origine sur Global Voices en Français

Capture d'écran du reportage vidéo du Guardian en Turquie  

Une grande partie du pays s'est réveillée avec les terribles nouvelles d'un tremblement de terre qui a frappé les provinces sud-est du pays le 6 février. À 4h17 heure locale, un tremblement de terre de magnitude 7,8 a frappé la province turque de Gaziantep. Des heures plus tard, un séisme d'une magnitude de 7.5 frappe cette fois la province turque de Kahramanmaras. Au total, environ dix provinces ont été touchées. Selon les derniers chiffres, le nombre de morts a atteint 2 921 personnes, tandis que plus de quinze mille personnes ont été blessées. La spécialiste principale des situations d'urgence pour l'Europe de l'OMS, Catherine Smallwood, a déclaré lors d'un entretien avec l'AFP que ces chiffres “sont susceptibles d'être huit fois plus importants”. Des images aériennes des lieux les plus fortement touchés montrent des bâtiments résidentiels , ainsi que des hôpitaux, des installations municipales et de nombreux autres bâtiments, y compris le château de Gaziantep, qui avait plus de 2 000 ans, détruits.

 #Le château de Gaziantep qui date du 6e siècle n'a pas résisté au tremblement de terre.

Officiellement, plus de 6 000 bâtiments ont été totalement détruits. Les autorités ont émis une alerte de niveau quatre, le niveau d'alerte le plus haut utilisé pour les urgences et dangers très graves, qui inclut également un appel à l'aide internationale. Selon l'Agence turque d'intervention en cas de catastrophe et d'urgence (AFAD), au 7 février, 65 pays ont répondu en envoyant, au total, 2 660 personnes.

Les autorités ont annoncé sept jours de deuil national. Toutes les écoles vont être fermées durant les deux prochaines semaines dans les zones touchées par le tremblement de terre.

Bien que des missions de sauvetages aient été déployées dans les zones touchées, des conditions météorologiques glaciales ont rendu les déplacements dans ces zones plus compliqués d'habitude. Tout au long de la journée, l'AFAD a enregistré d'autres séismes dans la zone, les plus forts ayant eu lieu à 13h35 et 13h24, heure locale, et dont les magnitudes respectives étaient de 5.6 et 7.6.

Mais alors que les gens se précipitaient sur les réseaux sociaux et les centres d'aide à travers tout le pays, de nombreuses critiques ont été formulées à propos du manque d'infrastructures nécessaires en cas d'intervention d'urgence et des mesures provisoires mises en place en temps de crise

At a bare minimum, hospitals, runways and major roads should not be crumbling like this, no matter how large the earthquake.

That is our most basic infrastructure. It has to be better than this.

— Can Okar (@canokar) February 6, 2023

Au minimum, les hôpitaux, les pistes et les routes principales ne devraient pas s’effondrer comme ça, peu importe l’ampleur du tremblement de terre.

Ce sont nos infrastructures les plus basiques. Cela devrait être en meilleur état.

— Can Okar (@canokar) 6 février 2023

La journaliste Burcu Karakas a exprimé sur Twitter sa déception face au paradoxe. D'une part, la Turquie construit une centrale nucléaire tandis que d'autre part, des bâtiments résidentiels mal construits s'effondrent alors que les gens attendent les secours :

Le journaliste spécialiste en économie, Mustafa Sonmez, a tweeté des statistiques budgétaires qui indiquent que les fonds de l'Etat alloués à Diyanet, le principal organisme religieux de Turquie, dépassaient le montant alloué aux tremblements de terre et aux programmes de secours aux sinistrés.

Un autre journaliste, Gurkan Ozturan a tweeté :

Le journaliste Fatih Yasli a écrit sur Twitter que les gens en “payaient de nouveau le prix, pour le profit, les appels d'offres et la corruption [motivés] par l'économie axée sur la construction et le gang d'entrepreneurs ainsi que l'inimitié pour la science et la connaissance”.

This has been just a devastating decade in Turkey. Today's horrors are very much intertwined with the overall political situation, since massive corruption has led to shoddy construction, stolen earthquake funds, minimum preparations for the inevitable, and an economy in tatters.

— Nick Ashdown (@Nick_Ashdown) February 6, 2023

Cela a été une décennie dévastatrice pour la Turquie. Les horreurs d’aujourd’hui sont très étroitement liées à la situation politique globale, étant donné que la corruption massive a conduit à des constructions bâclées, des fonds de tremblement de terre volés, des préparatifs minimaux pour l’inévitable, et une économie en lambeaux.

— Nick Ashdown (@Nick_Ashdown) 6 février 2023

Parmi les bâtiments qui se sont effondrés, certains étaient des hôpitaux, ce qui a suscité encore plus de critiques et de tristesse :

D'autres ont accusé les autorités étatiques d'avoir menti quant à la présence de sauveteurs. Hatay est l'une des provinces où l'absence de sauveteurs a attisé la colère.

Thousands of people are calling specific help for Hatay where Turkish rescue workers couldn’t reach nearly for 24 hours.

It is awful. Too many messages of people in the rubble. People who speak from the city only cry. That’s the only thing they could do.

— Ragıp Soylu (@ragipsoylu) February 7, 2023

Des milliers de personnes appellent à une aide spécifique pour Hatay où les secouristes turcs n’ont pas pu arriver avant 24 heures.

C’est terrible. Trop de messages de gens dans les décombres. Les gens qui parlent de la ville ne font que pleurer. C’est la seule chose qu’ils pouvaient faire.

— Ragıp Soylu (@ragipsoylu) 7 février 2023

Bariş Atay, vice-président du Parti des Travailleurs de Turquie (TIP) et membre du parlement de Hatay a visité Hatay, d'où il a partagé ces nouvelles  informations : 

I really don't know what to say. Those who say they have reached everywhere. There is no rescue work here. The head of AFAD and the President are both saying they have reached everywhere. People are on their own here using their own efforts. It's an isolated city. The machinery was brought here by the citizens themselves. No one is sending machinery or anything else. There is no rescue team. There is no AFAD. There is no one.

Je ne sais vraiment pas quoi dire. Ceux qui disent qu’ils sont arrivés partout. Il n’y a pas de travail de sauvetage ici. Le chef de l’AFAD et le Président disent tous les deux que les secours sont arrivés partout. Les gens sont ici par leurs propres moyens. C’est une ville isolée. La machinerie a été apportée ici par les citoyens eux-mêmes. Personne n’envoie de machinerie ou quoi que ce soit d’autre. Il n’y a pas d’équipe de sauvetage. Il n’y a pas d’AFAD. Il n’y a personne.

L’amertume et la réponse lente ne sont pas choses nouvelles. Dans une entrevue accordée en 2021 au journal Middle East Eye, Koray Dogan, porte-parole du Parti vert turc, a déclaré que le gouvernement accordait la priorité à l’économie au détriment de l’environnement. Il y a de nombreuses preuves à l’appui, comme le projet massif de Kanal Istanbul ou la loi d’amnistie de zonage qui a été adoptée en 2018. La Turquie a adopté 19 lois d’amnistie de zonage depuis 1948 qui accordent des pardons (contre rémunération) aux entrepreneurs en construction qui ne respectent pas les normes de sécurité. De nombreuses zones de rassemblement enregistrées après le séisme pour les tentes et les réponses humanitaires ont disparu avec le boom de la construction. Dans le passé, l’AKP a rejeté 58 motions de politiciens de l’opposition demandant un comité de surveillance indépendant pour superviser la sécurité des bâtiments.

Les experts de la Chambre des Ingénieurs Géologiques ont déclaré avoir averti les autorités avant qu’un tremblement de terre ne frappe la zone avec des rapports et des évaluations des besoins, mais aucune réponse n’a été fournie. Hüseyin Alan, Président de la Chambre des ingénieurs géologiques, a affirmé à Birgun, une plateforme d'informations en ligne, que “en tant que géologues, ils ont dit et écrit à plusieurs reprises que ces établissements résidentiels devaient être préparés pour les tremblements de terre. Nous avons préparé des rapports que nous avons partagés avec la présidence et les ministères concernés. Nous avons souligné à plusieurs reprises la nécessité d’agir. Mais nous n’avons pas obtenu une seule réponse. Ni de la présidence ni des membres du Parlement. »

S’adressant également à Birgun, le spécialiste des catastrophes Kubilay Kaptan a déclaré que, malgré les alertes précoces, les dommages causés par le séisme indiquent que ces avertissements n’ont pas été pris en compte. « Dans des circonstances normales, étant donné qu’on savait déjà que ces provinces étaient dans des zones sujettes aux tremblements de terre et qu’un tremblement de terre était inévitable, les bâtiments, la population locale et les missions de recherche et de sauvetage auraient dû être prêts. Mais, quand nous regardons s’ils étaient réellement préparés, nous constatons qu’ils ne l’étaient pas », a déclaré Kaptan lors d'une entrevue. Kaptan a déclaré que cet état de non-préparation est révélateur d’une surveillance nulle de la construction des bâtiments, des matériaux utilisés pour la construction et de la conception des bâtiments.

Le professeur Naci Görür, membre de l’Académie des sciences, a également informé les médias locaux des avertissements répétés que lui et d’autres géologues ont adressés aux administrateurs provinciaux, mais n’ont reçu aucune réaction. Il y a deux ans, Görür, avait parlé d’un tremblement de terre potentiel frappant Kahramanmaras sur CNN Turk.

La Turquie est située dans une zone sismique active et a une histoire de tremblements de terre désastreux. Le pire tremblement de terre s’est produit à Erzincan en 1939, lorsqu’un tremblement de terre de magnitude 7,9 a fait près de 30000 morts.  En 1999, un séisme de magnitude 7,5 a tué 18000 personnes et laissé 250000 sans-abri.  Le dernier incident majeur s’est produit à Elazığ en 2020, faisant 1600 blessés et 41 morts. Lors de l’anniversaire du tremblement de terre de 1999 en 2021, les experts ont averti que si un tremblement de terre d’une ampleur similaire touchait le pays, des dommages encore plus importants seraient inévitables, soulignant l’absence de préparation gouvernementale ou de stratégies d’atténuation.


Powered by VroumVroumBlog 0.1.31 - RSS Feed
Download config articles