Communiqués de l'Observatoire du nucléaire
concernant les otages enlevés au Niger


Mardi 11 janvier 2011 - Stéphane Lhomme, pour l'Observatoire du nucléaire

Les deux otages français sacrifiés
pour sauver Areva et N. Sarkozy

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Mme Lauvergeon et M. Sarkozy avaient intérêt à ce que les
terroristes soient stoppés... même au prix de la vie des otages

 

Deux jeunes français ont été enlevés au Niger le 7 janvier, vraisemblablement par AQMI (Al Qaeda au Maghreb islamique). Poursuivis par les militaires français, jamais très loins lorsqu'il se passe quelque chose en Afrique, les kidnappeurs n'ont pas hésité à exécuter leurs otages.

C'est évidement un acte lâche et répugnant. Pour autant, malgré une quasi unanimité de la classe politique pour décréter l' "union nationale" et pour justifier l'intervention militaire, il est bien légitime de se poser quelques questions.

Notons d'abord que, après l'enlèvement de plusieurs de ses salariés au Niger fin 2010, la multinationale nucléaire Areva était logiquement inquiète pour ses activités d'extraction d'uranium : comment continuer à exploiter (c'est bien le mot) le Niger si ses cadres français sont enlevés ? L'affaire est d'autant plus importante que les centrales nucléaires françaises fonctionnent exclusivement avec de l'uranium importé, et en particulier du Niger.

Dans le même temps, M Sarkozy est lui-même en grande difficulté politique : déjà en déroute idéologique sur le plan économique (le subterfuge du "travailler plus pour gagner plus" s'est effondré), il sait qu'il ne sera pas réélu à la Présidence de la République s'il connaît la même déconvenue sur son autre terrain de prédilection : la lutte contre les "ennemis", réels (comme Al Qaeda) ou supposés (Gitans, pauvres, groupe de Tarnac, etc.)

Or, depuis des mois, la force et l'efficacité supposées du sarkozysme s'évanouissaient au fur et à mesure qu'augmentait le nombre des français retenus en otages. Il a donc été décidé en haut lieu d'agir militairement immédiatement dès le prochain enlèvement. C'est ainsi que, le 7 janvier, Antoine de Léocour et Vincent Delory ont vraisemblablement servi de cobayes à la nouvelle stratégie du pouvoir français.

Nous l'avons dit, les premiers coupables sont les assassins d'AQMI, c'est évident. Pour autant, les appels à l' "unité nationale" derrière M. Sarkozy et sa politique "anti-terroriste" sont insupportables. Oui, il faut dire que cette intervention militaire avait les plus fortes probabilités d'aboutir à l'exécution des deux otages français, ce qui a hélas été le cas.

Le 9 janvier, sur TF1, le ministre de la défense, M. Juppé, a déclaré "Ne rien faire, c'était prendre un double risque. D'abord le risque de voir nos otages emmenés par les ravisseurs dans l'une de leurs bases refuges au Sahel, et l'on sait ensuite comment ils sont traités. Ensuite un deuxième risque, plus global : ne rien faire c'est donner le signal que la France ne se bat plus contre le terrorisme."

D'abord, on peut raisonnablement penser que Vincent Delory et Antoine de Léocour auraient préféré être détenus quelque part au Sahel, même en étant "mal traités", plutôt qu'être exécutés. Et ce d'autant plus que, n'étant ni des expatriés ni des membres d'une multinationale néocoloniale comme Areva, il existait peut-être pour eux la possibilité d'une libération par Al Qaeda (*).

Par ailleurs, la fin de la déclaration de M Juppé est explicite : l'opération militaire obéissait bien à des motifs politiques. Les deux otages ont eu le malheur d'être enlevés après les deux journalistes de France 2, après Michel Germaneau, et après les 5 salariés d'Areva : c'est le moment où le pouvoir français avait décidé d'agir militairement. S'ils avaient été enlevés avant les salariés d'Areva, Vincent Delory et Antoine de Léocour seraient sûrement encore en vie.

Pour finir, il convient de rappeler combien les terroristes sont les plus sûr alliés de ceux qui se vantent de les combattre. En chute libre jusqu'au 10 septembre 2001, Georges W Bush était au plus haut dès le l2, et a été réélu par la suite. Il doit tant à Ben Laden…

Et en France, après avoir échoué à faire croire à la population qu'elle était menacée par quelques libertaires vivant dans une ferme (le "groupe de Tarnac") puis par les Gitans, Roms et autres "Gens du voyage", M. Sarkozy a trouvé les parfaits faire-valoir.

Oui, l'action d'Al Qaeda est insupportable. Mais non, la récupération politicienne pour protéger l'industrie nucléaire française et l'avenir politique de M Sarkozy n'est pas acceptable. Qu'il nous soit accordé le droit (pour combien de temps encore ?) de dénoncer l'une et de critiquer l'autre.

Stéphane Lhomme

(*) Pas par générosité, bien entendu : les terroristes en sont bien incapables. Mais les deux otages auraient pu être instrumentalisés (ils auraient sûrement préféré ça à être exécutés) sous l'angle "Nous libérons ces français non colonialistes qui ne doivent pas payer pour la politique du pouvoir français et de sa multinationale Areva". Une telle propagande n'aurait rien enlevé au caractère insupportable des actes d'Al Qaeda, mais cette libération aurait été bonne à prendre. Il ne s'agit certes là que d'une hypothèse mais les otages et leurs familles auraient sûrement aimé pouvoir tenter de jouer cette carte que l'action militaire décidée en haut lieu a anéantie…


Observatoire du nucléaire - vendredi 1er octobre 2010 - contact@observatoire-du-nucleaire.org

Des otages au Niger et des
voitures électriques à Paris :
qui fera le rapprochement ?

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- Les sept otages enlevés au Niger sont victimes de la politique énergétique française basée sur le nucléaire et donc dépendante des importations d'uranium

- Le rechargement des batteries des voitures électriques par les centrales nucléaires va aggraver cette dépendance … et les risques associés

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Cruelle ironie de l'actualité, les images des otages du Niger s'entrecroisent en ce 1er octobre avec celles des voitures électriques mises en exergue au Salon de l'automobile. Qui plus est, la Présidente d'Areva, Mme Lauvergeon, a choisi ce même jour pour effectuer un voyage médiatique au Niger. L'Observatoire du nucléaire attire l'attention sur les liens évidents entre ces trois informations.

En effet :

- les centrales nucléaires françaises dépendent à 100% des importations d'uranium (le combustible des réacteurs) et en particulier de l'uranium extrait par Areva au Niger ;

- les batteries des véhicules électriques utilisés en France seront rechargées principalement par les centrales nucléaires puisque 80% de l'électricité française dépendent de l'atome ;

Pour l'Observatoire du nucléaire, il est donc clair que les sept otages enlevés au Niger ne sont pas seulement victimes de leurs ravisseurs, mais aussi de l'absurdité de la politique nucléaire française. Contrairement à ce qui est affirmé par les autorités françaises et les dirigeants d'EDF et d'Areva, l'énergie nucléaire n'apporte aucune indépendance énergétique puisque, de même qu'elle importe le pétrole et le gaz qu'elle consomme, la France importe l'uranium nécessaire au fonctionnement des centrales nucléaires.
 
Il se trouve que, sur la planète, les réserves d'uranium les plus facilement exploitables sont en voie d'épuisement. Qui plus est, des pays émergeants et en particulier la Chine sont désormais aussi avides d'uranium. De fait, la vulnérabilité de la France nucléaire devient de plus en plus criante. Il est hélas probable que l'enlèvement de sept salariés d'Areva au Niger ne représente que le début de graves problèmes concernant l'exploitation de l'uranium.
 
A ce compte, la création d'un parc de véhicules électriques telle qu'elle est faite actuellement en France est totalement irresponsable puisqu'il est prévu que les batteries de ces véhicules soient rechargées sur le secteur, c'est-à-dire principalement avec les centrales nucléaires. La seule option raisonnable est de développer massivement les énergies renouvelables afin de donner à la France la véritable indépendance énergétique que ne peut lui apporter l'industrie nucléaire.

 

NB : Il est par ailleurs incroyable que les véhicules électriques soient présentés comme "propres". En effet, l'Observatoire du nucléaire rappelle que, si ses batteries sont rechargées sur le secteur, un parc de voitures électriques sera responsable de toutes les tares du nucléaire (risques, déchets radioactifs, etc) mais aussi, contrairement à une idée reçue, de l'émission de grandes quantités de co2.
Cf par exemple : http://observ.nucleaire.free.fr/c-zero.htm

 


Observatoire du nucléaire - mardi 21 septembre 2010

Areva / Niger : questions sur un
enlèvement un peu trop facile...

L'intervention militaire au Niger permet à la France
de protéger les intérêts de son industrie nucléaire


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L'armée française intervient au Niger pour protéger les intérêts de l'industrie nucléaire


Il n'a fallu que trois jours, après que sept salariés d'Areva et Vinci ait été enlevés, pour que l'armée française prenne position au Niger où elle a d'ores et déjà lancé des opérations sur le terrain. Il est légitime de relever des éléments très curieux dans cette affaire :

- l'enlèvement des 7 salariés s'est fait avec une facilité déconcertante
- l'intervention de l'armée française au Niger a été organisée avec une étonnante rapidité. Il apparait d'ailleurs que les hommes et le matériel étaient prêts à l'avance à N'djamena (Tchad)

Bien sûr, personne ne peut penser que les autorités françaises soient elles-mêmes à l'origine de la prise d'otage. PAR CONTRE, les faits poussent à se demander si tout n'a pas été fait pour que cette prise d'otage si prévisible puisse se dérouler sans encombre, offrant de fait une opportunité en or aux autorités françaises pour intervenir militairement.

Areva et les autorités françaises ont en effet été averties par différents biais que des menaces pesaient sur les salariés des mines d'uranium au Niger. Or, non seulement les mesures nécessaires de protection n'ont pas été mises en oeuvre mais, au contraire, Areva semble avoir refusé l'aide des autorités du Niger.

On ne peut dès lors que noter que cet enlèvement permet à la France d'intervenir militairement dans cette zone stratégique et de protéger ainsi son accès aux mines d'uranium. Il faut rappeler que la majorité des réacteurs nucléaires français sont alimentés par l'uranium du Niger. Or la Chine, elle aussi avide d'uranium, a intensifié sa présence au Niger et concurrence la France pour l'accès aux réserves d'uranium.

En particulier, le projet d'Areva de mine géante à Imouraren est d'une importance majeure pour l'avenir de l'industrie nucléaire française. Qui plus est, un putsch a eu lieu début 2010 au Niger et les nouveaux dirigeants du pays semblent moins soumis à l'ancien pays colonisateur qu'est la France.

Ce sont aujourd'hui 80% de la production française d'électricité qui sont menacés à rapide échéance si l'accès à l'uranium est coupé. Au lieu d'investir massivement dans les énergies renouvelables, les seules à être garantes d'une véritable indépendance énergétique, les autorités françaises se sont enfoncées depuis 50 ans dans l'impasse nucléaire et se retrouvent aujourd'hui à lancer une véritable guerre coloniale.

Toutes proportions gardées, cette "Guerre du Niger" pour l'uranium est le pendant de la Guerre du Golfe menée par les USA pour le pétrole. Il est une nouvelle fois démontré que, outre les risques d'accident et la production de déchets radioactifs, le nucléaire a aussi des conséquences très néfastes sur la démocratie.


Observatoire du nucléaire - 19 février 2010

Le coup d'Etat au Niger illustre la
dépendance de la France nucléaire

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Areva s'accapare depuis 50 ans l'uranium du Niger à bas prix. Une époque révolue ?

 

Depuis des années, les promoteurs de l'industrie nucléaire rappellent que les approvisionnements en pétrole et gaz sont soumis aux aléas géostratégiques et peuvent entraîner des pénuries. A contrario, l'option nucléaire serait à l'abri de ce genre de désagréments.

Le coup d'Etat au Niger démontre bien que les importations d'uranium - le combustible des réacteurs nucléaires - sont tout aussi vulnérables que celles des hydrocarbures.

Certes, il est encore trop tôt pour savoir si les mutins vont réellement prendre le pouvoir et, le cas échéant, s'ils remettront en cause les exportations d'uranium vers la France. Mais il n'empêche que toutes les hypothèses sont possibles et que, à cette heure, l'approvisionnement de la France en uranium est suspendu. Si cette situation devenait durable, la France nucléaire serait menacée de pénurie d'électricité en quelques semaines ou quelques mois.

Après avoir tant vanté la supposée "indépendance énergétique de la France grâce au nucléaire", MM Sarkozy et Fillon - leurs prédécesseurs n'auraient pas fait mieux - pourraient bien être obligés de rassurer les français en leur rappelant... que les importations de pétrole et de gaz ne sont, elles, pas suspendues, et qu'il est même possible d'importer massivement de l'électricité de chez nos voisins... car ils n'ont pas ou peu de nucléaire. CQFD.

Les citoyens doivent prendre acte de ce que, contrairement à ce qui leur est raconté depuis 40 ans, le nucléaire n'apporte pas l'indépendance énergétique. De même, le nucléaire est cher, polluant, dangereux, inconciliable avec la démocratie, etc...


Observatoire du nucléaire