Observatoire du nucléaire - Communiqué du mercredi 5 décembre 2012
Pourquoi il ne faut pas mettre
le réacteur EPR en service...
- Un réacteur qui n'a jamais fonctionné est bien plus facile à démanteler
- Il existe plusieurs cas de réacteurs achevés mais jamais mis en service
Selon EDF, le chantier du réacteur EPR de Flamanville (Manche), qui compte
déjà cinq ans de retard et qui a vu son coût multiplié par trois, serait
néanmoins avancé à 93% pour le génie civil et 36% concernant les montages
électromécaniques.
Les promoteurs de l'atome sont pris en flagrant délit d'incompétence et
d'irresponsabilité, et cela ne concerne pas seulement l'EPR : n'oublions pas que
la catastrophe de Fukushima est en cours et ne fait que s'aggraver.
Pourtant, ils ne se démontent pas et sortent leur argument massue : "On ne va
pas arrêter l'EPR maintenant alors qu'il a déjà coûté tant de milliards !"
Raisonnement "lumineux" selon lequel une option catastrophique doit
nécessairement être menée à son terme. L'industrie nucléaire et ses soutiens
politiques se comportent donc comme un joueur qui vient de perdre beaucoup
(sauf que là c'est avec notre argent !) et qui veut tenter encore sa chance.
La ministre Delphine Batho assure que l'EPR sera mis en service en 2016, mais la vérité
est qu'elle n'en sait strictement rien et se contente de répéter ce que
lui dit EDF. Or une donnée cruciale est pour le moment passée inaperçue : le
décret de création de l'EPR donne dix ans à EDF pour que ce réacteur soit chargé en
combustible nucléaire. La date fatidique est fixée au 11 avril 2017.
A force de prendre du retard, EDF a "grillé" tous ses jokers et le délais de
dix ans, qui semblait extraordinairement généreux, va en réalité se révéler
insuffisant si le chantier EPR rencontre de nouveaux problèmes. Il faudrait alors refaire
toute la procédure administrative, ce qui prendrait plusieurs années.
Cette véritable épée de Damoclès va pousser EDF à finir quoi qu'il arrive son
chantier avant la date fatidique, quitte à masquer de nouvelles malfaçons
dont les conséquences pourraient être désastreuses une fois le réacteur mis en
service. Toute installation nucléaire est susceptible de causer une
catastrophe, mais l'EPR représente de toute évidence le risque maximal !
A ce propos, il faut absolument comprendre qu'un réacteur qui n'a jamais
fonctionné est immensément moins problématique que s'il a été mis en service
: en effet, la réaction nucléaire contamine gravement d'innombrables pièces dont les
éléments géants que sont la cuve et les générateurs de vapeur, qui rejoignent alors les
déchets radioactifs dont on ne sait que faire.
Aussi, bien que des milliards aient déjà été gaspillés pour construire l'EPR, ou
plutôt parce que ces milliards ont été gaspillés, il faut cesser
immédiatement ce chantier et suivre les différents exemples de réacteurs achevés
mais jamais mis en service, comme à Lemoniz
(Espagne), Zwentendorf
(Autriche) ou Kalkar
(Allemagne).
Ce dernier réacteur a d'ailleurs été reconverti en parc d'attraction, prouvant que
l'atome ne génère pas toujours déficits, contaminations et tristesse. A
condition justement de stopper le nucléaire.
Observatoire
du nucléaire