Le pouvoir géopolitique passe de l'Ouest à l'Est
Publié à l'origine sur Global Voices en Français
Image créée par Oiwan Lam sur Canvas Pro.
« Le déclin de l'Occident permettra l'ascension de l'Orient » (東升西降). Cette phrase, prononcée par le président chinois Xi Jinping en 2020, décrit le changement récent dans la distribution des pouvoirs à l'international. Et avec les dernières directives de Donald Trump, qui semble conduire les États-Unis droit vers l'isolation, la phrase est véritablement devenue un slogan sur les réseaux sociaux chinois.
Il faudra remercier Qiushi, le journal officiel du Parti Communiste Chinois (le PCC), pour avoir permis à cette phrase de refaire surface. En effet, le média a publié le 1ᵉʳ janvier 2025 une transcription d'un discours de Xi Jinping datant de 2023 et dans lequel le président mentionne le déclin de l'Ouest en faveur de l'Est. Dans ce même discours, il soulignera l'affaiblissement constant des pays occidentaux, qui serait, d'après lui, la conséquence d'un capitalisme insatiable. Il fera ensuite allusion à « une Chine stable tandis que l'Ouest est en ruine » ainsi qu'à une nouvelle ère dans laquelle un « déclin de l'Occident » contrasterait avec une « ascension de l'Orient ». Xi Jinping insistera sur le fait que cette nouvelle balance géopolitique a offert une nouvelle chance aux pays en développement et il appellera à résister face à l'encerclement, la réprimande et l'impérialisme des États-Unis.
Même si ce n'est pas anormal pour les médias nationaux de relayer les idées de Xi Jinping, l'article de Qiushi a cette fois-ci attiré plus d'attention que d'habitude, surtout en provenance d'opposants politiques ne résident pas en Chine. Et tout cela est dû aux politiques isolationnistes de Donald Trump.
« 老司机 » (Vieux Chauffeur), qui critique ouvertement le PCC sur X (anciennement Twitter), fulmine face à Trump qui laisse la porte grande ouverte à la Chine :
如果美国让唯利是图的川普搞得一毛不拔的后果,是天下人避之不及还是趋若骛?二战以后,美国不知慷慨援助了多少国家,美国因此变穷变弱还是越来越强大富裕?眼光短浅的人只看到援助的部分,有看到收益的部分吗?如果美国放弃全球战略 ,回到孤立主义。正好让中国坐大,这才是帮助习猪头东升西降。 pic.twitter.com/8i1oWtBUSi
— 老司机 (@h5LPyKL7TP6jjop) February 16, 2025
How would the world react to the consequences if the US were to let the profit-seeking Trump withdraw from all foreign aid? Will they cut ties with you or adhere with you? After WWII, the US generously provided aid to numerous countries. Has that made the US weaker or stronger? The short-sighted only see the given but not the taken. If the US gives up its global alliance building strategy and returns to isolationism, it will let China grow strong and help Xi’s ‘the East is rising and the West is declining’ agenda.
Comment le monde réagirait-il si Trump, qui ne cherche que le profit, et les États-Unis décidaient de se retirer de toutes aides internationales ? Le monde se rallierait-il à Trump ? Ou l'abandonnerait-il ? Après la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont généreusement envoyé de l'aide à de nombreux pays. Cela a-t-il affaibli le pays ? Celui qui ne réfléchit pas à long terme ne voit que ce qui a déjà été obtenu, pas ce qui doit l'être. Si les États-Unis abandonnent l'idée d'une alliance globale pour se tourner vers l'isolationnisme, cela laissera le champ libre à la Chine, et les mots de Xi, « Le déclin de l'Occident permettra l'ascension de l'Orient », deviendront réalité.
L'utilisateur @tankman2002 exprime lui aussi sa colère envers les politiques isolationnistes de Trump :
谁能想到习主席的“东升西降”会成为预言?谁又能想到习主席和同行比起来居然也有高大伟岸的一天? pic.twitter.com/fSTbxqgynP
— 二大爷 (@tankman2002) February 21, 2025
Who could have imagined that Chairman Xi’s claim that ‘the East is rising and the West is declining’ is now an accurate prediction? Who could have imagined that Chairman Xi would look [morally] taller and greater than his
« Le déclin de l'Occident permettra l'ascension de l'Orient ». Qui aurait pu imaginer que les paroles de Xi Jinping pourraient un jour se réaliser ? Qui aurait pu imaginer que Xi Jinping apparaitrait aujourd'hui plus grand et plus altruiste que ses pairs ?
« Le déclin de l'Occident permettra l'ascension de l'Orient »
La phrase a été prononcée par Xi Jinping lors de la cinquième séance plénière du PCC en octobre 2020. Elle fut ensuite rendue publique en janvier 2021, lorsque les États-Unis étaient encore sous le premier mandat de Trump, que le pays était frappé par la COVID-19 et la désinformation, notamment concernant les vaccins et les mesures anti-pandémie.
Cette idée est basée sur les théories de Justin Yifu Lin, ancien vice-président de la Banque Mondiale, Hu Angang et David Daokui Li, tous deux professeurs d'économie à l'Université Tsinghua. D'après Xi et son groupe de réflexion, l'Orient et l'Occident représenteraient deux civilisations différentes. La civilisation orientale serait caractérisée par le collectivisme et des valeurs communautaristes, tandis que l'Occident serait caractérisé par le capitalisme et des valeurs individualistes. Grâce aux progrès fulgurants de la Chine en termes économiques et technologiques, ainsi qu'au succès qu'a été l'endiguement initial de la pandémie, ces experts pensent que la Chine entre enfin dans une période d'allégresse et que d'ici 2030, la Chine pourrait prendre la place des États-Unis à la tête de l'économie mondiale.
Ce qui ne plaît pas à tout le monde. Lors de son discours de fin de mandat, l'ex-président Joe Biden a déclaré que jamais la Chine ne surpassera les États-Unis. Pour étayer son propos, il a mentionné le ralentissement économique post-COVID de la Chine et la baisse de la note de crédit souverain du pays. Lee Hsien Loong, ancien premier ministre de Singapour, a lui aussi suggéré que la Chine ne pourra jamais surpasser les États-Unis. D'après lui, les États-Unis ont non seulement l'avantage d'être une terre d'accueil pour le monde entier, le pays aurait également les capacités nécessaires pour se réinventer. Même au sein de la Chine, certains experts en politique pointent du doigt cette idée. Selon eux, la croissance économique n'est pas le plus gros indicateur de force des États-Unis, puisque l'hégémonie du pays est surtout protégée par sa présence et sa puissance militaire, ses alliances, sa disposition à attirer des talents du monde entier, ainsi que le statut du dollar américain comme la monnaie utilisée pour les échanges commerciaux à l'international.
Cela prouve que malgré le dur labeur de la Chine pour se construire une alliance, notamment au travers du projet de la nouvelle route de la soie, ainsi que la mise en place du Yuan numérique pour renforcer le Yuan chinois parmi les monnaies internationales, « le déclin de l'Occident permettra l'ascension de l'Orient » n'était qu'une idée tirée par les cheveux, notamment lorsque la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine faisait rage, et que cette dernière était tourmentée par les dettes et la déflation. Une dure réalité. En tout cas jusqu'à ce que Donald Trump reprenne les rênes du pays et modifie complètement les politiques internationales du pays, transformant une nation cherchant autrefois le multilatéralisme en un endroit envahi par l'isolationnisme. Modifiant les politiques d'échanges, auparavant libre marché, pour créer un système protectionniste.
Après avoir supprimé de nombreuses aides de l'USAID et avoir menacé de quitter l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), stoppant possiblement son aide militaire à l'Ukraine, les conséquences des décisions de Donald Trump pourraient faire retomber le globe dans des sphères d'influence, avec la Russie, la Chine et États-Unis au centre de celles-ci. C'est en tout cas ce que suggère l'analyse politique du Wall Street Journal :
With the postwar international order in decline, Russia, China and the U.S. are aiming to carve up the planet in a new age of empire, writes the WSJ’s Yaroslav Trofimov. https://t.co/Nbh63vyfsp
— The Wall Street Journal (@WSJ) January 18, 2025
Avec le déclin de l'ordre international post-guerre, la Russie, la Chine et les États-Unis sont sur le point de créer un nouvel âge d'empires, écrit Yaroslav Trofimov du WSJ.
—The Wall Street Journal (@WSJ) 18 janvier 2025
Cette prédiction selon laquelle la Chine étendra ses relations internationales pendant que les États-Unis couperont graduellement leurs relations avec des alliés de longue date comme l'Ukraine, l'Union Européenne et le Canada est devenue le consensus chez les experts en politique :
Chinese leaders expect that the Trump administration’s policies will dismantle the foundations of U.S. global hegemony—and create an opportunity for Beijing to expand its influence farther and faster, writes Yun Sun. https://t.co/2FEOcrs8VL
— Foreign Affairs (@ForeignAffairs) February 18, 2025
Les dirigeants chinois attendent que les politiques de Trump mettent fin aux fondations de l'hégémonie des États-Unis, créant ainsi une opportunité pour Pékin d'étendre ses influences plus loin, et plus vite, écrit Yun Sun.
—Foreign Affairs (@ForeignAffairs) 18 février 2025
La version chinoise de cette prédiction se reflète alors dans l'idée que « le déclin de l'Occident permettra l'ascension de l'Orient », qui est désormais partagé à grande échelle dans les sphères politiques libérales en dehors de la Chine continentale :
看来马克龙到华盛顿的斡旋没有起到预期效果,特朗普同志猛烈抨击了欧盟,并准备向欧盟宣“战”,欧洲与美国的关系再也回不去了。
自2025年开始,国际格局会有重大变化,主要利于各国的独裁者们。
看来东升西降不再是口号,而是100%必然事件,只要官府不折腾就行。 pic.twitter.com/DScvUx83nx— 領導幹部 (@Xianzhong_1953) February 26, 2025
[French President] Macron's mediation in Washington did not generate the expected result. Trump criticized the EU fiercely and is ready to declare [trade] ‘war’ on the EU. The relationship between Europe and the US will never be the same again. Starting in 2025, there will be major changes in global geopolitics, which will mainly benefit the dictators of various countries. It seems that the rise of the East and the decline of the West is no longer a slogan, but a 100 percent inevitable event, as long as the [Chinese] government does not ruin it.
La médiation du Président français Macron avec Washington n'a pas eu l'effet escompté. Trump a fortement critiqué l'Union européenne et il se dit prêt à lancer une guerre [commerciale] contre l'UE. La relation entre l'Europe et les États-Unis ne sera plus jamais la même, et dès 2025, nous allons voir de gros changements géopolitiques à l'international, ce qui ne profitera qu'à quelques dictateurs dans certains pays. Il semblerait que le slogan « le déclin de l'Occident permettra l'ascension de l'Orient » ne soit devenu une réalité. À condition que le gouvernement Chinois ne laisse pas passer cette chance, bien sûr.
— 領導幹部 (@Xianzhong_1953) 26 février 2025
Les manifestants craignent que la méga ambassade ne serve d'outil de répression transnationale.
Publié à l'origine sur Global Voices en Français
Affiche de mobilisation pour la manifestation du 15 mars 2025 devant l'ancien complexe de la Monnaie royale à Londres. Via l'utilisateur X @benedictrogers. Utilisée avec l'autorisation de l'auteur.
Plus de 6 000 manifestants se sont rassemblés à l'ancien Royal Mint Court à Londres le 15 mars 2025 à l'effet de manifester contre le projet d'une méga ambassade de Chine. La manifestation, menée par des groupes de défense des droits de Hong Kong, des Tibétains, des Ouïghours, des Taïwanais et des résidents locaux, était la deuxième manifestation de masse exigeant du gouvernement travailliste qu'il bloque le projet d'ici deux mois.
De nombreux manifestants croient que la méga ambassade de la Chine servirait de « poste de police secrète » qui exécuterait la répression transnationale du gouvernement chinois contre les dissidents politiques.
Des manifestations contre le projet d'une ambassade chinoise géante sont apparues au début du mois de février 2025 après que les ministres britanniques des Affaires étrangères et de l'Intérieur, sous l'égide du Premier ministre travailliste Keir Starmer, aient indiqué que le gouvernement soutiendrait le projet de la Chine visant à transformer le site historique de l'ancienne Royal Mint Court en ambassade.
Le complexe immobilier de deux hectares, situé près de la Tour de Londres, a été vendu à la Chine en 2018 pour la nouvelle ambassade de ce pays à Londres. Si le projet est approuvé, il s'agira de la plus grande ambassade d'un pays dans tous les pays européens. Cependant, le Conseil municipal de Tower Hamlets a bloqué le permis de bâtir, citant les risques potentiels pour la sécurité publique causés par les fréquentes manifestations. La police londonienne partage les préoccupations du Conseil.
Pourtant, vers la fin de l'année 2024, le gouvernement travailliste britannique est intervenu et a annulé la décision du Conseil local, en soulignant « l'importance pour les pays d'avoir des représentations diplomatiques fonctionnelles dans leurs capitales respectives » et a proposé que la controverse soit résolue lors d'une audience publique à la mi-février et qu'une décision finale soit prise d'ici mai 2025.
Pékin aurait engagé une société de conseil, Lowick, pour soumettre à nouveau le projet après que le leader du parti travailliste, Sir Keir Starmer, soit devenu Premier ministre à la mi-2024.
Lorsque le gouvernement travailliste a exprimé son soutien au plan du gouvernement chinois, la police londonienne a cessé de s'opposer au projet et le Conseil local a également décidé de ne pas s'y opposer :
The Metropolitan Police suddenly dropped opposition to China’s “super embassy” due to research paid for by Beijing
Met claimed decisive evidence is “new”
When I challenged this, it admitted it’s an old doc used in previous planning application
— Gabriel Pogrund (@Gabriel_Pogrund) January 26, 2025
La police métropolitaine a soudainement abandonné son opposition à la « super ambassade » chinoise suite à une étude financée par Pékin.
Elle a affirmé que les preuves décisives étaient « nouvelles ».
Lorsque j'ai contesté cette information, la police a admis qu'il s'agissait d'un vieux document utilisé dans le cadre d'une demande antérieure de permis de bâtir.
— Gabriel Pogrund (@Gabriel_Pogrund) 26 janvier 2025
Une coalition de plus de 30 groupes de défense des droits humains a alors décidé de faire pression à travers des manifestations. La première manifestation a eu lieu une semaine avant l'audition publique, le 8 février 2025. Les manifestants craignent que la méga ambassade ne serve de centre d'espionnage pour la Chine et ne facilite la répression transnationale. Le caricaturiste politique originaire de Hong Kong, @vawongsir, a visualisé les messages dans un dessin humoristique :
2月8日塞爆倫敦·反對中國超級大使館
8 février Opposez-vous à la méga-ambassade chinoise pic.twitter.com/MXVfaWmJlk— vawongsir (@vawongsir) 4 février 2025
Le groupe de défense des droits humains Safeguard Defenders a découvert que les autorités chinoises ont mis en place plus de 110 « stations de service » dans 53 pays afin de surveiller et d'intimider les dissidents et les criminels chinois en 2022. Après enquête, la police britannique a demandé à Pékin de fermer trois stations au Royaume-Uni en 2023.
Un rapport d'Amnesty International datant de 2024 souligne également que les autorités chinoises ont activement surveillé et harcelé les étudiants chinois et hongkongais qui étudient à l'étranger afin de les empêcher de participer à des manifestations et à d'autres activités et groupes politiques pendant leur séjour à l'étranger. Le rapport soulignait :
The Chinese authorities’ assault on human rights activism is playing out in the corridors and classrooms of the many universities that host Chinese and Hong Kong students. The impact of China’s transnational repression poses a serious threat to the free exchange of ideas that is at the heart of academic freedom, and governments and universities must do more to counter it.
L'attaque des autorités chinoises contre l'activisme des droits humains se déroule dans les couloirs et les salles de classe de nombreuses universités qui accueillent des étudiants chinois et hongkongais. L'impact de la répression transnationale de la Chine constitue une menace sérieuse pour l'échange libre d'idées, qui est au cœur de la liberté académique, et les gouvernements et les universités doivent en faire davantage pour y faire face.
Le Royaume-Uni est le premier choix des étudiants de Chine continentale qui souhaitent poursuivre des études à l'étranger. Pour l'année universitaire 2022/23, plus de 156 000 étudiants chinois se sont inscrits à des programmes d'enseignement supérieur au Royaume-Uni.
Lors de la dernière manifestation, la participation massive des manifestants a mis en évidence les problèmes de sécurité publique, car la circulation vers le centre de Londres serait bloquée par des véhicules de police, des manifestants et des officiers de police pendant les manifestations :
Evidence that the pedestrian area around the Royal Mint is NOT sufficient to contain the crowd protesting against the Chinese #MegaEmbassy. A protester was FORCEFULLY pushed back by a policeman and FELL when he accidentally stepped into the road because the island was too full. https://t.co/ZKVq7LX9Em pic.twitter.com/txcONOSsbK
— Catrina Ko
(@dr_CatKo) March 15, 2025
Preuve que la zone réservée aux piétons autour de la Royal Mint n'est PAS suffisante pour contenir la foule qui proteste contre la #MegaEmbassy chinoise. Un manifestant a été FORCÉMENT repoussé par un policier et est tombé lorsqu'il a accidentellement mis le pied sur la chaussée parce que la zone réservée aux piétons était pleine. https://t.co/ZKVq7LX9Em pic.twitter.com/txcONOSsbK
— Catrina Ko
(@dr_CatKo) 15 mars 2025
De nombreux manifestants étaient de nouveaux immigrés originaires de Hong Kong. Après le lancement par le gouvernement britannique du visa spécial pour les ressortissants britanniques de Hong Kong en 2021 en réponse à l'imposition par la Chine de la loi sur la sécurité nationale dans l'ancienne ville coloniale, plus de 150 000 Hongkongais se sont installés au Royaume-Uni sur une période de trois ans. Les nouveaux résidents craignent de continuer à subir le harcèlement transnational de Pékin, même s'ils ont quitté Hong Kong. Benedict Rogers, cofondateur de Hong Kong Watch, s'est exprimé au nom des Hongkongais lors de la dernière manifestation :
LIVE outside Royal Mint Court: Our Trustee @benedictrogers highlights the threats of transnational repression posed by a
super embassy, and urges the
government to block the establishment of the embassy to protect Hong Kongers and others who call the UK home. pic.twitter.com/nkPpgLncKf
— Hong Kong Watch (@hk_watch) March 15, 2025
EN DIRECT devant le Royal Mint Court : Notre administrateur @benedictrogers souligne les menaces de répression transnationale posées par une super ambassade de Chine, et exhorte le gouvernement britannique à bloquer l'établissement de l'ambassade pour protéger les Hongkongais et les autres personnes qui considèrent le Royaume-Uni comme leur foyer.
Puisque les Ouïgours expatriés sont les principales cibles de la répression transnationale de la Chine, les groupes d'activistes ouïgours, tels que Stop Uyghur Genocide, basé au Royaume-Uni, ont également été très expressifs dans leur opposition à la méga ambassade :
Powerful words from our Executive Director @MahmutRahima during Saturday's protest against China's proposed Mega Embassy.#NoMegaEmbassy #Uyghur #StopUyghurGenocide #Protest pic.twitter.com/UM0JXO5McX
— Stop Uyghur Genocide (@UyghurStop) March 17, 2025
Notre directrice exécutive @MahmutRahima a partagé des mots puissants lors de la manifestation de samedi contre le projet de méga-ambassade de la Chine.#NoMegaEmbassy #Uyghur #StopUyghurGenocide #Protest pic.twitter.com/UM0JXO5McX
— Stop Uyghur Genocide (@UyghurStop) 17 mars 2025
Des politiciens britanniques du Parti conservateur, dont Iain Duncan Smith, Kevin Hollinrake et d'autres députés, ont rejoint les groupes de défense des droits humains dans leurs manifestations et ont critiqué le gouvernement travailliste pour avoir cédé à la pression de Pékin :
Plans for a new mega-Chinese embassy in London, if passed, would be the biggest act of ‘kowtowing’ in British history. This is an embassy for a brutal repressive Government that dismisses human rights, practices slave labour and genocide. Tower Hamlets council refused planning… pic.twitter.com/J5TqLCv9IH
— Iain Duncan Smith MP Chingford & Woodford Green (@MPIainDS) February 17, 2025
Si le projet d'une nouvelle méga ambassade chinoise à Londres est adopté, il s'agira du plus grand acte de « soumission » de l'histoire britannique. Il s'agit d'une ambassade pour un gouvernement brutal et répressif qui rejette les droits humains, pratique le travail forcé et le génocide. Le Conseil municipal de Tower Hamlets a refusé le permis de bâtir en 2022, invoquant une série de préoccupations, dont l'impact de grandes manifestations sur le site. Permettre à l'ambassade d'aller de l'avant serait un cauchemar. pic.twitter.com/J5TqLCv9IH
— Iain Duncan Smith MP Chingford & Woodford Green (@MPIainDS) 17 février 2025
La secrétaire d'État au Logement, aux Communautés et au Gouvernement local, Angela Rayner, prendra une décision sur la méga ambassade chinoise d'ici le mois de mai, et la décision finale sera un indicateur majeur de la politique du gouvernement travailliste à l'égard de la Chine.
Les forces militaires indonésiennes ont été filmées en train de torturer un Papou de l'Ouest.
Publié à l'origine sur Global Voices en Français
Forces militaires indonésiennes lors d'un défilé en 2019. Image via Wikimedia Commons. CC0 1.0 DEED.
La version originale de cet article a été écrite par Girard Lopez et publiée dans New Bloom le 16 avril 2023. La version éditée suivante est publiée sur Global Voices dans le cadre d'un accord de partenariat de contenu.
[Sauf indication contraire, toutes les références de ce texte sont en anglais.]
Début mars 2024, l'Internet indonésien et ses périphériques numériques ont été secoués par une vidéo choquante : un natif de Papouasie apparemment retenu dans un seau d'eau et roué de coups par ce qui semble être des forces militaires indonésiennes. On voit ensuite un autre soldat lacérer impitoyablement le dos du Papou à coups de baïonnette, tandis que la victime ne pouvait que se tordre de douleur. À ce moment-là, la plupart des gens avaient peut-être fermé la vidéo horrifiante et clamé en ligne que les gardiens mêmes qui avaient promis de protéger et de défendre le Pancasila[fr], philosophie fondatrice de cet archipel de 275,2 millions d'habitants aux origines diverses, étaient capables d'une telle violence.
L'armée a présenté des excuses sans précédent et a arrêté 13 soldats du bataillon de Java occidental qui avaient torturé un Papou à Gome, en Papouasie centrale. Cependant, ces excuses sont restées vaines, l'homme torturé étant décédé plus tard. Il ne s'agit que d'une des dizaines de victimes civiles des brutalités militaires perpétrées dans les hautes terres de Papouasie centrale, alors que l'armée indonésienne a intensifié ses raids contre l'Armée de libération nationale de Papouasie occidentale en février dernier, comme l'a rapporté Human Rights Monitor.
Pour les Papous occidentaux, cette vidéo n'est pas du tout une surprise. La violence militaire a toujours été le statu quo dans la région depuis le début de leur lutte pour l'autodétermination dans les années 1960, lorsqu'ils ont été passés d'un colon à un autre. Juste après le départ des Néerlandais de Nouvelle-Guinée occidentale en 1962, le gouvernement indonésien a pris le contrôle par la force de cette région riche en ressources.
En 1969, l'armée indonésienne a sélectionné un peu plus d'un millier de Papous pour participer à un vote controversé visant à déterminer l'avenir de leur peuple. Naturellement, comme lors de toute élection contrôlée par l'armée, un vote unanime a approuvé le contrôle indonésien. Certains Papous, rejetant un tel manque de respect flagrant à la volonté de leur peuple, ont été poussés à prendre les armes et à lutter pour leur indépendance, donnant naissance au Mouvement pour la Papouasie Libre [fr]. Telle est l'origine des violences persistantes qui opposent encore aujourd'hui les forces indonésiennes aux indépendantistes papous. Par conséquent, les Papous sont régulièrement victimes de discrimination de la part des « pribumi » [fr] indonésiens et de violences de la part des autorités.
« Jusqu'à aujourd'hui, les Papous aux cheveux bouclés et à la peau noire sont stigmatisés. Ils nous considèrent comme dangereux. Ils ont recours à cette approche militaire pour réprimer notre psychologie afin que nous ne pensions pas à être libérés de l'Indonésie. Ces 60 années de racisme sont imputables à des personnes occupant des postes importants au sein du gouvernement », a déclaré Ambrosius, défenseur des droits humains papou et ancien président de l'Association des étudiants papous des hauts plateaux du centre de l'Indonésie.
Alors que l’Indonésie s’apprête à inaugurer un nouveau président en octobre, Prabowo Subianto [fr], connu pour son bilan controversé en matière de droits de l’homme sous le régime de Suharto, les Papous sont prudents et se préparent à de nouvelles violences de la part de l’armée.
« Nous l'avons vu parler de la Papouasie. C'est comme s'il ne voyait pas du tout les Papous, mais seulement des territoires », déclare Defe, militant papou des droits humains, dans une interview en ligne à propos du président élu Prabowo. « Il a dit cela pendant le débat et a affirmé à d'autres que le problème papou est un problème militaire. Nous craignons donc qu'il continue d'utiliser l'armée pour opprimer les Papous. »
Ambros et Defe ont déclaré que dans les années 1990, lorsque Prabowo était encore général militaire, la torture des Papous était monnaie courante, la dictature de Suharto ayant lancé diverses opérations militaires contre le mouvement de libération de la Papouasie occidentale. Defe affirme que la récente vidéo virale rappelle cette époque, même si elle est moins courante qu'auparavant. Lors des émeutes de 1998 [fr] qui ont éclaté en Indonésie, ciblant les Chinois d'origine dans le contexte de la crise financière asiatique, il est largement admis que Prabowo a également joué un rôle dans l'incitation à ces émeutes pour détourner l'attention du public de Suharto. Prabowo lui-même a admis à Al Jazeera, lors d'une interview exclusive, avoir participé à ces opérations, affirmant qu'il avait suivi les ordres et que les enlèvements de militants étaient légaux à l'époque.
« Chaque fois que les candidats parlent des Papous, il est toujours question de terres, d'investissements, d'usines, de plantations. Il est évident qu'ils considèrent l'île entière comme une marchandise. Ils ne se soucient pas des habitants et ne leur demandent pas s'ils approuvent le projet. Ils se contentent d'ordonner qu'ils apportent ce projet ici et là. Cela fait partie de la politique nationale : le Projet stratégique national », a ajouté Defe.
Lorsque le président Joko Widodo a pris le pouvoir en 2014, de nombreux Papous étaient optimistes, la grande majorité ayant voté pour lui. Joko Widodo avait promis que le gouvernement indonésien les écouterait. En 2016, Human Rights Watch a cité Widodo déclarant : « Je veux écouter la voix du peuple et je suis prêt à ouvrir le dialogue pour une Papouasie meilleure. Le peuple papou a non seulement besoin de soins de santé, d'éducation, de construction de routes et de ponts, mais il a aussi besoin d'être écouté.»
Mais ces promesses idéalistes étaient en réalité trop belles pour être vraies, car les abus systémiques sont restés le statu quo. En 2019, les Papous sont descendus dans la rue, indignés par les violences policières contre des étudiants papous accusés d'avoir profané le drapeau indonésien. Les étudiants ont nié ces allégations, mais cela n'a pas empêché les autorités de lancer des gaz lacrymogènes dans les dortoirs des étudiants papous et de les soumettre à des insultes racistes. En plus de cela, des milliers de Papous ont été évacués de force alors que l'armée indonésienne bombardait leurs domiciles pour tenter d'expulser les combattants indépendantistes papous.
Le drapeau de la Papouasie occidentale. Photo de Lussqueitt on Flickr. CC BY-NC-SA 2.0.
En Papouasie occidentale, le simple fait d'agiter le drapeau de l'Étoile du Matin [fr], symbole de l'indépendance de la Papouasie occidentale, peut vous attirer des ennuis avec les autorités. Ambrosius a été condamné à six mois de prison pour trahison en 2019 pour s'être peint le corps aux couleurs du drapeau de l'Étoile du Matin. Il existe également des cas présumés de personnes arborant le drapeau cubain et poursuivies en justice, prises pour des militants indépendantistes de Papouasie occidentale.
« Il existe encore de nombreux [autres] cas, mais ils ne sont ni enregistrés ni virales, car l'accès à l'information concernant la Papouasie est protégé par le gouvernement. Il n'y a pas d'option de litige. Bien que nous signalions déjà tous les cas à la Commission des droits de l'homme en Indonésie, le gouvernement ne les reconnaît pas », a déclaré Ambrosius.
Malgré le traumatisme collectif subi par les Papous au cours des six dernières décennies, Prabowo a tout de même remporté la majorité en Papouasie occidentale. Au-delà du pouvoir de l'IA, de TikTok et de la campagne de blanchiment [fr] lancée par le camp de Prabowo, qui a contribué à assainir l'image, Defe affirme que de nombreux Papous pensaient que la promesse de Prabowo de « poursuivre le chemin de Jokowi » serait une bonne chose. Le président élu aurait utilisé le message précédent de Joko Widodo et ses promesses de « développement » en Papouasie occidentale pour gagner du soutien dans la région.
Les organisations de défense des droits humains ont régulièrement lancé des appels et formulé des recommandations au Conseil des droits de l'homme des Nations Unies (UNHCR) et au gouvernement indonésien afin d'améliorer la situation des droits humains en Papouasie occidentale. Ambrosius a rappelé que le UNHCR avait formulé 269 recommandations au gouvernement indonésien concernant les droits humains dans le pays, dont 65 spécifiques à la Papouasie occidentale. Le gouvernement indonésien n'a reconnu que quelques-unes de ces recommandations. Par ailleurs, certains militants espèrent traduire le gouvernement indonésien devant la Cour internationale de justice afin de poursuivre les autorités pour leurs violations des droits humains et leurs pratiques abusives de longue date en Papouasie occidentale.
Elle œuvre à établir un pont entre la recherche universitaire et l'autonomisation des communautés, créant ainsi un changement significatif à l'échelle mondiale
Publié à l'origine sur Global Voices en Français
Dr Satang Nabaneh prenant part à une table ronde. Photo fournie par Dr Satang Nabaneh avec sa permission.
By Sydney Leigh Smith
De ses débuts en tant que représentante des enfants en Gambie à sa reconnaissance internationale en tant que militante des droits humains, le parcours du Dr Satang Nabaneh témoigne de sa résilience et de son audace. Ses travaux de recherche universitaire font le lien avec l'autonomisation des communautés, créant ainsi un changement significatif à l'échelle mondiale.
Dr. Satang Nabaneh est une juriste, une militante des droits de l'homme et une éducatrice de renommée internationale originaire de Gambie, dont le travail incarne l'engagement de toute une vie en faveur de l'activisme. Âgée de huit ans seulement, Nabaneh était déjà fortement impliquée dans la défense des droits de l'enfant au sein de la section gambienne de la Croix-Rouge. À douze ans, elle a été élue représentante des enfants gambiens au Parlement mondial des enfants, participant à des réunions de haut niveau et s'adressant à des dignitaires.
En racontant une des anecdotes, elle déclare :
Je suis allée m'installer à droite de la table du podium. On ne m'y avait pas assigné de siège, et on m'a dit : « Oh, vous n'avez pas de place ». J'ai répondu : « Mais c'est un événement pour les enfants, n'est-ce pas ? Pourquoi ne suis-je pas ici ? »
Ces expériences précoces lui ont inculqué l'importance de défier les normes, une philosophie qui continue à la guider.
En observant mon cursus, je reconnais l'importance d'être audacieuse (s'asseoir à la « table haute »), de prendre sa place et d'avoir l'audace d'embrasser son plein potentiel », dit-elle, exhortant les jeunes à « exercer leur pouvoir, à défier les normes sociétales, à créer des espaces alternatifs ou à affirmer leur présence dans des espaces où ils n'auraient pas été traditionnellement bien accueillis ».
Le parcours universitaire de Nabaneh a commencé par une licence en droit (LL.B) en Gambie suivie d'un master et d'un doctorat en droits de l'homme et démocratisation en Afrique à l'université de Pretoria. Elle a ensuite obtenu un doctorat en Afrique du Sud, financé par le Conseil norvégien de la recherche et axé sur les droits sexuels et génésiques . Cette base académique était étroitement liée à son militantisme, qu'elle décrit comme « décisif dans la trajectoire » de sa carrière. Son travail universitaire a toujours été profondément lié aux besoins de la communauté et à la justice sociale. « Les études ne suffisent pas », affirme-t-elle, soulignant que c’est en dehors des salles de classe traditionnelles que sa formation et son développement personnel se sont affinés.
En tant que directrice des programmes et professeur pédagogique adjointe au Centre des droits de l'homme de l'Université de Dayton, Nabaneh élabore et dirige des programmes permettant aux étudiants d'acquérir une réelle expérience dans le domaine des droits de l'homme, en les plaçant souvent dans des postes sur le terrain à travers l'Afrique. Elle a institué une « bourse mondiale d'apprentissage par l'expérience » qui permet aux étudiants de travailler avec des organisations communautaires dans des pays comme La Gambie, le Ghana, le Kenya, et l'Afrique du Sud. Ces expériences, estime-t-elle, offrent des perspectives inestimables.
« Je ne veux pas qu'ils aillent voir nos partenaires en se prenant pour des experts qui vont résoudre leurs problèmes ». Nous pensons que l'apprentissage réciproque et l'humilité dans le plaidoyer sont essentiels pour réussir nos missions.
En 2011, Nabaneh a cofondé Think Young Women, le premier programme de mentorat pour les filles en Gambie. Initialement financé par elle-même et son cofondateur, le programme bénéficie aujourd'hui du soutien du Fonds des Nations unies pour la population et de l'UNICEF. Cette initiative permet aux jeunes femmes de participer à des activités de mentorat qui les encouragent à développer leurs compétences en matière de plaidoyer et de leadership. De nombreuses anciennes participantes au programme sont revenues pour diriger Think Young Women, ce qui garantit l’ancrage de l'organisation dans la communauté avec une direction assurée par des jeunes. Ce travail illustre son approche du changement social durable, qui, selon elle, doit être mené au niveau local et financé de manière adéquate. Elle attire l'attention sur un problème commun au développement international:
La communauté mondiale pousse à l'élaboration de normes et de standards… mais nous ne savons souvent pas comment les traduire en actions.
Le financement durable et la création de coalitions sont essentiels, car ils permettent aux mouvements de prospérer au-delà des étapes initiales du travail bénévole « motivé par la passion ».
La caractéristique déterminante de la carrière de Nabaneh est son engagement à amplifier les voix africaines. Elle apporte son expérience en matière de plaidoyer au monde universitaire, en défendant les perspectives africaines dans les domaines des droits de l'homme et des études de genre. Récemment, elle a organisé une conférence sur« la décolonisation et le développement pour les personnes d'ascendance africaine », facilitant le dialogue entre les activistes et les universitaires d'Afrique, d'Amérique latine et des Caraïbes. La conférence s'est focalisée sur la solidarité africaine et les droits des femmes dans la diaspora, dans le but de faire tomber les barrières entre les communautés noires du monde entier. « Pour moi, il s'agit de convergence », dit-elle, en rassemblant les voix africaines et en centrant leurs perspectives dans les conversations mondiales sur les droits humains.
Tout au long de sa carrière, Nabaneh est restée une « universitaire militante », qui s'est engagée à combler le fossé entre la recherche universitaire et la défense des intérêts de la communauté. Elle est animée par un engagement en faveur de l'érudition publique, veillant à ce que son travail soit accessible et pertinent pour les militants et les organisations sur le terrain. Elle explique,
Je ne veux pas que mes recherches rentrent dans les oubliettes. Je veux qu'elles soient utilisées par ceux qui accomplissent l'incroyable travail de transformation de leurs communautés.
La vie et la carrière de Nabaneh illustrent comment l'audace, la résilience et l'engagement en faveur d'un changement centré sur la communauté peuvent redéfinir les espaces et donner aux générations futures les moyens d'agir.
L'appartenance est plus qu'un statut légal. L'acceptation de votre communauté et la reconnaissance par votre gouvernement s'entrelacent pour fabriquer l'expérience ressentie qu'est l'appartenance.
Publié à l'origine sur Global Voices en Français
L'œuvre a été fait par l'artiste et écrivaine américaine Zahra Marwan, qui partage « C'est une image de ma maman avec ses voisines pendant son adolescence. Parfois, elle me dit “je n'aurais jamais dû vous prendre là-bas pour que vous soyez proches de moi.” Pourquoi devait-elle choisir entre donner à ses enfants leurs droits de l'homme et les laisser vivre dans une famille non brisée ? » L'image est utilisée avec permission.
Par Christy Chitengu
D'origine nigériane, l’écrivain britannique Ben Okri a une fois écrit : « Ce qu'il y a de plus authentique à propos de nous est notre capacité à créer, à surmonter, à endurer, à transformer, à aimer et à s'élever au-dessus de nos souffrances. » Ces mots résonnent profondément pour ceux d'entre nous qui ont déjà connu le sentiment de n'appartenir à rien, d'être ni vu, ni entendu, ni reconnu. Ils évoquent la force tranquille nécessaire pour endurer une réalité façonnée par des obstacles physiques, le courage requis à les surmonter, et l'espoir que la transformation est possible.
L'appartenance est plus qu'un statut légal. L'acceptation de votre communauté et la reconnaissance par votre gouvernement s'entrelacent pour fabriquer l'expérience ressentie qu'est l'appartenance. Elle se manifeste par des actes simples, mais profonds, visant à nouer des liens d'amitié, de parler des langues locales et de s'enraciner là où vous considérez comme chez vous. En revanche, pour un plus grand nombre de personnes, ces deux formes d'appartenance, ressentie et formelle, convergent rarement. Elles divergent souvent à la naissance.
Je connais intimement cette divergence. L'expérience d'être née, dans mon cas, en Afrique du Sud, et de ne pas avoir eu la citoyenneté, ni de mon lieu de naissance, ni de mes parents, a toujours été une source de confusion, pas seulement pour moi, mais aussi pour ma communauté. Comment appartenir si entièrement à un lieu en parlant ses langues, en assimilant sa culture, en y passant toute sa vie ; cependant, être invisible aux yeux de l'Etat ? Chaque fois que je devais expliquer pourquoi je n'étais pas citoyen de la seule patrie que j'ai connue, ni même citoyen de la terre natale de mes parents, cela soulevait plus de questions qu'il n'apportait de réponses. Le silence qui régnait dans ces moments-là me rappelait les frontières qui me séparaient d'un sentiment d'appartenance à part entière. Ce n'est qu'une expérience parmi tant d'autres sur le spectre de l'apatridie. D'innombrables autres histoires se déroulent, chacune façonnée par des causes uniques, motivée par des histoires complexes et aggravée par la discrimination.
Néanmoins, comme Ben Okri nous le rappelle, notre capacité à s'élever au-dessus de nos souffrances reste notre vérité la plus authentique. L'apatridie a essayé de me définir par ce qui me manquait, mais la capacité de l'esprit humain à endurer, à aimer et à se transformer ne peut pas être restreinte par l'absence d'un document de nationalité. C'est cette vérité qui m'a poussé à condamner les systèmes et politiques qui favorisent l'apatridie. La détermination de créer un monde dans lequel la naissance dans un territoire ne constitue pas un frein à l'accès à l'éducation de base, la santé, la sécurité sociale et l'emploi. Des droits qui nous permettent de vivre avec dignité et autonomie.
Je milite pour un monde dans lequel mon fils n'aura jamais à craindre d'être exclu à cause des origines de ses parents. Cependant, le combat pour démanteler ces systèmes d'exclusion profondément ancrés dans nos sociétés est émotionnellement épuisant. Face aux États puissants et à une administration rigide, l'on se sent parfois solitaire et le combat insurmontable.
Au milieu de ces défis, j'ai retrouvé la force grâce à ma communauté. The Global Movement Against Statelessness (Le mouvement international contre l'apatridie) est devenu un espace de solidarité, une preuve de notre résilience concomitante. Ensemble, nous harmonisons les histoires, bataillons contre l'injustice et donnons la preuve que notre valeur ne se définit pas par les frontières ou les documents qui cherchent à nous effacer. Lancé le 27 février 2024, The Global Movement against Statelessness est dirigé par des personnes qui ont été directement touchées par l'apatridie, la privation de nationalité et des lois de nationalité discriminatoires. Notre modèle de gestion s'appuie sur les expériences vécues et apprises pour fonder une approche inclusive, équitable et collaborative. En adoptant ces valeurs, nous ne faisons pas seulement avancer notre cause, mais nous remettons également en question et transformons les paradigmes traditionnels du leadership. Notre groupe reflète cet engagement, en veillant à ce que chaque voix compte et à ce que le leadership soit exercé avec soin, responsabilité et intentionnalité.
Alors que le mouvement souffle sur sa première bougie, nous réfléchissons sur la voie à suivre. Pour nous, l'année prochaine il s'agira d'approfondir nos connexions, de renforcer notre impact et de continuer à construire un mouvement basé dans la communauté, la solidarité et un objectif commun. Un moment clé de ce parcours a été notre vibrant appel à la communauté lancé le mercredi 5 mars 2025 ; une occasion pour nous de nous réunir, de réfléchir à nos progrès et de définir collectivement la voie à suivre.
Pour plus d'informations sur The Global Movement Against Statelessness, rendez-vous sur son site Web.
Sa similarité phonétique avec le Mandarin fait du Dongbeihua le choix naturel du stand-up chinois
Publié à l'origine sur Global Voices en Français
L'humoriste Li Xueqin a construit sa carrière en utilisant l'humour du dialecte de Dongbeihua et en faisant d'amusants commentaires sur les inégalités de genres et les différences entre les régions du pays. Capture d'écran venant de la chaîne YouTube Watch Together, utilisée avec permission.
Durant ces 20 dernières années, le développement rapide des réseaux sociaux chinois, dont des plateformes vidéos telles que Bilibili, a permis la popularisation du stand-up, un genre de comédie dans lequel un comédien se tient sur scène en faisant des blagues et des commentaires hégémoniques, souvent sur un ton satirique, le tout devant un public.
Depuis l'élection du président Xi Jinping en 2013, la censure n'a fait qu'empirer en Chine, faisant totalement disparaître les commentaires et la satire politique de la télévision et d'internet. Pour y remédier et développer leurs blagues, les humoristes se sont tournés vers la riche diversité culturelle du pays, et plus particulièrement l'humour dialectal. Dans un tel contexte, le Dongbeihua, aussi appelé Mandarin du Nord-Est, est devenu la langue officielle du stand-up chinois.
L'humour de Dongbei
Le Dongbeihua est considéré comme une sous-classe du Mandarin parlé dans les provinces du nord-est de la Chine, comme Liaoning, Jilin, Heilongjiang et d'autres régions de la Mongolie-Intérieure. Près de 100 millions de personnes parlent ce dialecte en Chine. Le Dongbeihua partage de nombreuses similarités avec le Mandarin de Pékin, qui est la base phonologique du chinois standard (Putonghua/Mandarin) parlé en Chine continentale et à Taïwan. La plupart des locuteurs peuvent donc, dans la plupart des cas, comprendre le Dongbeihua. Cela dit, ils peuvent avoir des difficultés à comprendre le sens de certaines expressions et certains jeux de mots. Par exemple, comme l'explique ce rapport du média gouvernemental China Daily, le mot 貓/māo, soit le chat, en mandarin standard, peut être utilisé comme un verbe dans le dialecte Dongbeihua.
放假我哪都不去,就猫家里。(Fàngjià wǒ nǎr dōu bù qù, jiù māo jiālǐ.)
I'm not going anywhere for the holiday, just catting at home.
Je ne vais pas bouger pendant ces vacances, je vais juste chatonner à la maison.
Le verbe le plus utilisé est 整/zhěng, qui peut vouloir dire « fabriquer », « être pris pour un idiot », « faire », « obtenir » et bien plus encore. L'adverbe le plus utilisé est 賊啦/zéilā. En mandarin standard, on pourrait le traduire mot à mot par « qui est un voleur », mais en Dongbeihua, le terme signifie « beaucoup », « très ». Il peut aussi décrire presque n'importe quoi. Le terme le plus populaire est surement 忽悠/hūyou, qui peut vouloir dire « tricher », « duper », « tromper » ou encore « flatter », et il peut être utilisé comme un nom. Même si la plupart de ces mots n'ont aucun sens lorsqu'ils sont utilisés dans le contexte du mandarin standard, ils sont tout de même devenus des expressions courantes qui sont utilisées dans la vie de tous les jours à travers le pays entier.
Si ces expressions uniques peuvent aussi être utilisées dans d'autres langues chinoises, comme le cantonais, le sichuanais ou le fujianais, le Dongbeihua a la particularité d'être phonétiquement très similaire au Mandarin, lui offrant un avantage comparatif sur le marché du stand-up chinois.
Une autre raison pour qui fait le succès du Dongbeihua dans le stand-up est probablement les stéréotypes concernant les habitants de Dongbei. Ils sont souvent considérés comme étant très directs, rustiques, indifférents, enthousiastes et querelleurs. « 東北人都是活雷鋒 » (Les habitants de Dongbei sont tous des Lei Feng vivants), une chanson virale des années 2000 a énormément popularisé ces stéréotypes, ainsi que le Dongbeihua à travers tout le pays.
Cette chanson raconte l'histoire d'un homme de Dongbei aidant une personne blessée lors d'un accident de voiture. Après cela, ils se rendent dans un restaurant et l'homme de Dongbei, totalement ivre, parlera de la nourriture de la région et du fait que les gens du coin sont tous la réincarnation de « Lei Feng », le tout en Dongbeihua. Lei Feng est une figure de propagande des années 60 utilisée pour propager une idée de sacrifice et d'altruisme envers son pays. Le mythe de Lei Feng est cependant devenu un sujet humoristique dans les 2000, période durant laquelle le pays jouissait d'une économie et d'une atmosphère politique assez libérale.
La première vague humoristique de Dongbei
L'humour de Dongbei est apparu première fois sous les projecteurs nationaux dans les années 90, au Gala de Nouvel An de CCTV. Le comédien Zhao Benshan, originaire de Tieling, dans la province du Liaoning, avait réalisé un sketch dans lequel les habitants du nord-est de la Chine étaient peints comme des gens de la campagne, sans éducation, simples et francs. Cet extrait datant du Gala de Nouvel An en 2005 illustre ces clichés :
Même si ces représentations peuvent être problématiques ou choquantes, certains clichés entourant Dongbei tirent leurs origines du contexte historique de la région.
Les trois provinces du nord-est de la Chine (Mandchourie) furent les premières régions du pays à s'industrialiser en raison de la colonisation japonaise (1932-1945). Le Japon envahit la Mandchourie en 1931, peu après l'incident de Mukden. Ils établiront un gouvernement fantoche, le Mandchoukouo, avec à sa tête le dernier empereur de Chine, Puyi. Les habitants de la Mandchourie durent faire face au travail forcé, et la région fut utilisée par l'armée japonaise comme une zone industrielle hautement militarisée et une terre arable dans le but de supporter l'expansion de l'empire japonais à travers l'Asie.
Même après la création de la République populaire de Chine (RPC) en 1949, la région est restée le cœur de l'industrie lourde du pays. Grâce à une propagande communiste lorsque Mao était à la tête du pays (1949-1976), les travailleurs des entreprises publiques étaient décrits comme des héros de la nation. Cependant, avec la libéralisation de l'économie et la privatisation des entreprises publiques au milieu des années 90, donnant lieu à de nombreux licenciements, la plupart des travailleurs furent forcés à pratiquer le Xiahai (下海), soit le fait de complètement changer de carrière afin de gérer des petits commerces ou d'accepter d'être exploités par les entreprises privées. La plupart des travailleurs, surtout des femmes, furent laissés sans emploi.
Beaucoup d'habitants de Dongbei ne trouvent donc pas les blagues de Zhao sur le Dongbeihua et sur les clichés de la région amusantes. En effet, être associé à Lei Feng, une sorte de dindon de la farce, n'est qu'une moquerie sans saveur par rapport au passé glorieux de la région et aux circonstances difficiles auxquelles les citoyens font face aujourd'hui.
La renaissance de Dongbei
Mais en 2017, le rappeur Gem sort sa chanson « Disco du Loup Sauvage », un mélange de Cantopop et de rap en Dongbeihua. La chanson tire parti d'un sentiment de nostalgie pour la vie nocturne à Hong Kong et Dongbei. Gem aurait été à l'origine d'un mouvement culturel appelé la « Renaissance de Dongbei ».
Aussi ironique que cela puisse paraître, cette renaissance prend racine dans l'exode de la population vers les villes du sud. En 2000, cet exode concernait moins de 500 000 personnes. Dix ans plus tard, elle dépassait les deux millions. La plupart de ceux quittant la région sont de jeunes gens instruits qui ne trouvent pas de perspectives d'emploi dans le nord-est du pays.
Actuellement, les personnalités les plus connues de cette renaissance de Dongbei sont Shuang Xuetao, Zheng Zhi and Ban Yu, trois jeunes auteurs qui ont grandi à Dongbei dans les années 90. Après avoir assisté au déclin de leurs villes natales, ils prirent la décision de quitter la région dans le but de poursuivre une meilleure éducation et de meilleurs emplois. Ils se sont servis de leur perspective en tant qu'enfants de travailleurs pour partager l'histoire de leurs villes et de la population croyant dur comme fer au socialisme, mais forcés de participer à un système capitaliste devenu la norme sociale, un système qui n'a que faire des petites villes.
Ces histoires nostalgiques ont récemment été illustrées dans des films récompensés par la critique. C'est le cas de « Black Coal », réalisé par Diao Yinnan en 2014. Il y a également « The Shadow Play », réalisé par Lou Ye en 2018. Sortie en 2023, la série « The Long Season » partage également ce genre d'histoire.
Le mouvement culturel du stand-up de Dongbei semble révolutionner l'ancien style d'humour en transformant les blagues basées sur des stéréotypes en humour noir, plein de commentaires sociaux qui se moquent justement de ces clichés datés sur les habitants de Dongbei.
Li Xueqin est probablement l'humoriste la plus populaire de la région. Née à Tieling, Liaoning, ville dans laquelle elle grandit, Xueqin gagne une reconnaissance nationale grâce à ses débuts dans une compétition de stand-up en 2020. Lors de cette compétition, elle utilisera l'humour noir et fera des commentaires satiriques sur le complexe de supériorité des Pékinois, ce qui lui fera gagner l'approbation du public. Elle est également acclamée pour ses petites piques amusantes concernant des problèmes sociétaux, comme la place du genre par exemple, le tout dans un environnement dépourvu de liberté d'expression.
Voilà une transcription partielle de l'un de ses spectacles à propos de Pékin et Tieling lors d'une compétition de stand-up en 2020 :
其实今年我真的离开北京回铁岭了。很多人知道了之后特别地惊讶,跟你们差不多那个表情,就仿佛这个事不是我从北京回到了铁岭,是我本来马上就跟吴亦凡结婚了,突然决定跟王建国私奔。那追着撵着就问我呀:离开了北京 你不遗憾吗?说得像我曾经得到过北京一样;对北京来说,我连个备胎都不是,我为它奋斗,为它攒钱,为它付出青春。我走的时候 我还跟它说:再见了。它也说:你谁呀?我回铁岭,居然还有人嘲笑我,你回去干哈呀?铁岭连个地铁都没有。你说一个破地铁 有什么好自豪的呀?北京好,大环线,上下班,左一圈 右一圈,日复一日 圈复一圈,宇宙都有尽头,北京地铁没有,太厉害了!更过分的是,还有一群人,我在北京的时候,他说:北京不好,压力大。我离开北京了,又说:北京多好, 机会多。我就感觉就这些人,他们活着,唯一的目的就是告诉我,生而为人,你很遗憾。 很多人吧,都觉得只有在北京才能实现他们的梦想。今天我就冒昧地问一下,你们的梦想是举办奥运会吗?反正我的梦想铁岭就能实现,我就想要锅包肉,熏鸡架,铁锅炖大鹅。 所以 所以 你们真的不用再为我 感到遗憾了
This year, I left Beijing and went back to Tieling. A lot of people were shocked when they found out, almost the same expression as yours as if it wasn't that I had returned to Tieling from Beijing. Tt was as if I was about to get married to Wu Yifan [a famous actor] but suddenly decided to elope with Wang Jianguo [another comedian in the same competition].
They chased after me and asked me, ‘Aren't you sorry to leave Beijing?’ As if I had been accepted or loved by Beijing. To Beijing, I'm not even a spare tyre. I fought for it, contributed cash, and paid my youth for it. When I left, I even bid farewell to it. Then it replied: ‘Who are you?’ I went back to Tieling, and people laughed at me, ‘What are you doing back there? Tieling doesn't even have a subway!’ What's there to be proud of about a broken subway? Beijing is good, the big subway loop to and from work on a circular line on the left and another circular line on the right, day after day, circle after circle. The universe has an end, Beijing subway does not. How awesome!
What's more, there is a group of people, when I was in Beijing, they said: ‘Beijing is not good, the pressure is too huge.’ When I left Beijing, they said, ‘Beijing is so good; there are so many opportunities.’ My feeling is that these people's only purpose in life is to tell me that you should be regretful for being born as a human being. Many people believe that they can only realize their dreams in Beijing. Please pardon me for asking today: ‘Is your dream to host the Olympics?’ Anyway, my dream can be realized in Tieling. I just want fried pork, smoked whole chicken, and goose stewed in an iron pot. So, you guys really don't have to feel sorry for me anymore.
Cette année, j'ai quitté Pékin pour retourner à Tieling. Les gens étaient choqués de l'apprendre, ils avaient à peu près la même expression que vous maintenant. C'est presque comme si j'avais fait autre chose que juste revenir à Tieling. On aurait dit que j'étais sur le point de me marier avec Wu Yifan [un acteur célèbre], mais qu'au dernier moment, j'ai décidé de fuir avec Wang Jianguo [un concurrent de la même émission].
On m'a pourchassé pour me demander si j'étais triste de quitter Pékin. Comme si j'avais déjà été en couple avec Pékin. Mais pour Pékin, je ne suis même pas une roue de secours. Pourtant je me suis battu pour attirer son attention. Je lui ai donné de l'argent, je lui ai offert toute ma jeunesse. Je lui est même dit au revoir quand je suis partie. Mais tout ce que j'ai eu en retour, c'est un « On se connaît ? ». Quand je suis rentrée à Tieling, tout le monde s'est moqué de moi, ils m'ont dit « Qu'est-ce que tu fais ici ? Il n’y a même pas de métro à Tieling ! ». Comme si c'était une fierté d'avoir un métro. Pékin c'est génial, sur la ligne en forme de cercle à gauche, le métro nous amène au boulot, et sur le cercle à droite, il nous ramène à la maison, jour après jour, cercle après cercle. Si l'univers à une fin, le métro de Pékin, lui, n'en a pas. N'est-ce pas fantastique ?
Le pire dans tout ça, c'est que quand j'étais encore à Pékin, il y avait toujours quelqu'un pour me dire « Pékin, ça craint, il y a trop de pression ». Puis quand je suis partie, on m'a dit « Pékin c'est génial, il y a tellement d'opportunités ». Moi je pense que ces gens là, leur seul but dans la vie, c'est de dire aux autres qu'il faut être désolé d'être un humain. Il y a trop de personnes qui pensent qu'il n'y a qu'à Pékin qu'on peut réaliser ses rêves. Désolée de demander, mais votre rêve, c'est d'organiser les Jeux olympiques ou quoi ? Bref. Moi, tout ce dont je rêve, je peux l'avoir à Tieling. Du porc frit, du poulet braisé et du ragoût d'oie, je n’ai besoin de rien d'autre. Voilà, vous avez plus besoin d'avoir de la peine pour moi.
Sa prestation est entièrement disponible ici :
Le bassin du Congo est la deuxième plus grande forêt tropicale au monde après l'Amazonie
Publié à l'origine sur Global Voices en Français
Image de Hervé Mukulu, rédacteur en chef de Green Afia ; Photo utilisée avec permission
En Afrique, de nouveaux médias se positionnent comme des acteurs clés dans la lutte contre la dégradation de l'environnement ainsi que le changement climatique.
La sauvegarde de l'environnement est l'affaire de toutes et tous. Sur le continent africain, hommes politiques, acteurs de la société civile, experts, scientifiques, militants et activistes climatiques, jeunes et diverses personnalités s'engagent dans la lutte pour une justice climatique. C'est plus rare pour les médias, mais en République démocratique du Congo (RDC), Green Afia se donne pour mission de promouvoir l'éducation verte. Dans un échange via WhatsApp, Hervé Mukulu, rédacteur en chef de Green Afia explique à Global Voices la vision de la justice climatique portée par cette plateforme francophone.
Jean Sovon (JS): Quelle est votre particularité par rapport aux autres médias en RDC?
Hervé Mukulu (HM): Green Afia Magazine est un média spécialisé dans l’éducation verte. Cela se fait à travers la réalisation de reportages, d’ investigations, d'études, de séances de réflexion et de sensibilisation sur les défis environnementaux et sanitaires dans le bassin du Congo. Nos thématiques de prédilection sont le climat, la biodiversité, la santé, l’agriculture et tout ce qui est relatif à l’environnement.
Notre spécificité est d’être un média de data-journalisme axé sur l’environnement. Les défis tout comme les solutions résilientes pour lesquels nous avons le devoir d’amplifier les voix, sont plus clairement compréhensibles quand ils sont présentés en chiffres, cartes et graphiques.
JS: Quelles sont vos principales difficultés et comment les surmontez-vous?
HM: Les thématiques liées à l’environnement exigent du temps pour comprendre toutes les facettes du problème. Du temps pour accéder aux experts, aux données chiffrées et aux témoignages qu’il faut nécessairement recouper car ne donner qu’une version du problème peut s’avérer être très destructeur. Du temps, pour comprendre les efforts qui sont menés pour résoudre ces problèmes. Qui dit temps suppose aussi moyens financiers et techniques pour mener une investigation. Jusque là, nous ne sommes mus que par la passion du journalisme de solution. Nous déployons les efforts nécessaires pour atteindre les personnes et les ressources et accéder aux données en sacrifiant notre temps et nos moyens personnels pour réaliser nos reportages.
JS: Quel rôle jouent les médias en RDC dans la problématique du changement climatique ?
HM: Un pays comme la RDC dans la région du Bassin du Congo, miné par la guerre comme principale actualité, l’instinct de survie pousse à ce que les informations sécuritaires prennent la part du lion dans le besoin informationnel des populations. Or nous montrons que tout cela est lié: les défis économiques, sécuritaires, sociales qu’engendrent cette crise sécuritaire engendrent aussi des défis environnementaux qui méritent notre attention. Face aux défaillances des services régaliens, il est possible de mener des actions locales pour un impact global. Ainsi nous donnons la voix aux solutions résilientes locales. En tant que Green Afia, nous sommes témoins du fait que les actions visant la lutte contre le changement climatique ne sont pas exogènes: elles sont internes et locales. C’est pourquoi nous participons à la promotion des solutions locales en les faisant connaître du grand public. Nos reportages ont toujours une visée éducative pour informer et former notre audience sur les défis environnementaux. Dans chaque domaine, il existe des savoirs locaux ou des adaptations qui résolvent des problèmes utiles à la communauté. Les faire connaître aidera les autres. Nous donnons la voix à ces savoirs.
JS: Quelle est votre vision de la lutte pour la justice climatique en Afrique et que faites-vous concrètement pour l'atteinte de cette vision?
HM: Moins pollueurs, les pays pauvres payent pourtant un lourd tribu au changement climatique. Ils n’ont pas non plus de moyens suffisants pour mener la riposte et prendre les mesures d’adaptation nécessaires contre ces effets. Les pays pauvres et les petits pays insulaires sont ainsi doublement victimes de la faute d'autres pays. C'est aux pays pauvres non-polluants que devraient revenir la part de lion dans l’attribution des crédits-carbone et toute autre rétribution.
Sans rester dans la victimisation, ces pays savent qu’à chaque problème chacun peut donner une solution. Ce ne sont pas nécessairement les grands pollueurs qui doivent venir mettre des actions de gestion des déchets plastiques que nous importons de notre propre gré. Au niveau local, il est possible d’initier des mécanismes de gestion si la bonne volonté est présente. Ce sont ces petites actions locales qui, si elles répercutent, peuvent avoir des résultats grandioses. Si pour les populations africaines, le changement climatique peut entraîner de grands défis comme des inondations, des canicules, les pays développés sont en mesure d’y faire face. Mais en Afrique, dans les milieux ruraux surtout, il est encore difficile de se faire consulter même pour le malaria. Les efforts locaux qui sont menés méritent donc d’être soutenus.
Notre devoir est de participer à l’effort local. Green Afia Magazine se focalise sur la région du Bassin du Congo qui est la deuxième plus grande forêt tropicale au monde après l'Amazonie, et joue donc un rôle très important dans la régulation du climat mondial. Toutefois, il est confronté à plusieurs défis liés au changement climatique, comme la conservation de la biodiversité. Une conservation responsable qui tient compte des besoins des populations autochtones qui dépendent de cette mère nature pour répondre à leurs besoins de survie au quotidien. Cette situation exige de nous d'éduquer et de sensibiliser toutes les parties impliquées dans la conservation: la population locale car elle doit en être le premier acteur, les institutions gouvernementales et les ONG dont parfois les agents profitent de l'ignorance des populations moins instruites d'un point de vue scolaire, prétendument pour la conservation de la nature. Et surtout il faut promouvoir le savoir autochtone pour des solutions locales qui participent à un objectif global.
JS: Quelles sont vos plus grandes réussites ?
HM: Nos plus grandes réussites, ce sont d’abord, les retours des lecteurs qui témoignent qu’ils apprennent beaucoup de nos papiers et ceux qui sont reconnaissants des haut-parleurs que nous donnons à leurs actions et qui finissent par avoir les résultats escomptés. Nos plus grandes réussites, c’est de rédiger des articles qui sont primés et appréciés dans des concours.
Le nombre de suicides chez les étudiants a presque triplé en 10 ans.
Publié à l'origine sur Global Voices en Français
Avec l'apparition d'un « Programme d'éducation aux valeurs » ces dernières années, de plus en plus d'écoles demandent aux élèves de démontrer leur piété filiale. Certains établissements ont appelé les enfants à s'agenouiller pour offrir du thé à leurs parents. Cette image, devenue virale sur les réseaux sociaux, montre ce moment. Photo de la page Facebook PoorLHK. Utilisée avec permission.
La première cause de suicide dans le monde est la dépression. La dépression peut être traitée, et le suicide évité. Vous pouvez trouver de l'aide en appelant des lignes téléphoniques confidentielles. Le site Befrienders.org répertorie différents numéros disponibles par pays.
Tout le monde se l'accorde, la pandémie de la COVID-19 a eu un impact extrêmement néfaste sur la santé mentale, surtout chez les jeunes les plus vulnérables. Cependant, la situation semble encore plus terrible à Hong Kong tant le taux de suicide chez les jeunes ne fait qu'augmenter. Lors de l'année scolaire 2022 à 2023, 2,8 % des étudiants auraient déclaré avoir des pensées suicidaires, le taux le plus élevé au monde.
Alors que de nombreux experts tentent de comprendre et résoudre ce problème, Ricky Tse, « enseignant de la vie », fera ce discours controversé lors d'une conférence de presse :
所有價值觀,其實只要為人設想,便會知甚麼是禮儀、甚麼是智慧、甚麼是責任感、甚麼是尊重,所以所有價值觀去到最後就是文化核心,為對方設想多些,所以學生生命教育,如果你會多想社會責任、家長期望、你走後家人會怎樣,其他人會怎樣,你會多設想這個精神便不會做傻事
All values essentially come down to considering others. Then, you will know what etiquette, wisdom, responsibility, and respect are. Values are essentially cultural core, which is to be considerate to others. Hence, life education for students requires them to think more about social responsibility and parental expectations. What would happen to your family and others if you were gone? With such spirit, then you won’t do anything stupid.
Toutes les valeurs prennent racine dans le fait de respecter ses pairs. Une fois cela fait, vous saurez ce qu'est l'étiquette, la sagesse, les responsabilités et le respect. Les valeurs font partie d'un noyau culturel, il en est de même pour le respect. Voilà pourquoi nos étudiants, qui apprennent la vie, doivent prendre en considération leurs responsabilités sociales et les attentes de leurs parents. Que feraient vos parents et vos amis si vous disparaissiez ? Si vous réfléchissez à tout cela, vous ne ferez rien de stupide.
Ricky Tse est à la tête du centre d'enseignement de la vie de l'université Nang Yan de Hong Kong. « L'enseignement de la vie » (Life education) est une pédagogie qui met en avant le développement spirituel des élèves. Les commentaires de Tse sur l'augmentation du taux de suicide qui serait dû à un manque de valeurs lui ont valu de nombreuses critiques. Comme beaucoup l'ont noté, ses paroles étaient pleines de mépris, et elles pourraient pousser plus d'étudiants au suicide.
Un groupe Facebook discutant des problèmes de suicide chez les étudiants a par ailleurs publié une déclaration dénonçant les remarques cruelles de Tse et son manque de considération face aux souffrances des étudiants :
…撒瑪利亞防止自殺會曾指出「學童或青年的壓力大多來自父母期望過高」…現今,謝主任再次建議學生多想家長期望,無疑是輕言學生所面對的壓力。
…the Samaritan Befrienders [a local suicide prevention group] has pointed out that ‘most of the pressure on students or young people comes from their parents’ high expectations’ … Now, Mr. Tse again suggested that students should think more about their parents’ expectations. His speech has trivialised the pressure students face.
[…] Les Samaritains Amicaux (groupe d'aide au suicide) nous font remarquer que « la plus grande pression exercée sur les étudiants vient des attentes démesurées de leurs parents »… Pourtant, M. Tse nous suggère que les étudiants devraient faire plus attention à ces attentes. De telles paroles discréditent la pression subie par les élèves.
謝主任指出,企圖自殺乃「做傻事」。…有自殺念頭的人往往正面臨著極大的痛苦,故不應簡單地把自殺描繪為一個愚笨的行為。不論是否認同他們的行為,亦應尊重和肯定他們的經歷及感受。本聯席促請各界在形容自殺事件時,避免使用「傻事」、「輕生」等字眼…
Mr. Tse referred to attempting suicide as ‘doing something stupid’ … Suicidal people are often in great pain, and their act should not be simply portrayed as being stupid. Their experiences and feelings should be respected and recognized, regardless of the rights or wrongs of their behaviour. We urge all sectors to refrain from using words such as ‘stupidity’ and ‘recklessness’ when describing suicide incidents…
M. Tse a défini le suicide comme « quelque chose de stupide »… Les personnes suicidaires souffrent énormément, leurs actions ne devraient pas être décrites comme stupides. Leurs expériences et leurs sentiments doivent être respectés et reconnus, peu importe si ce qu'ils font est bien ou mal. Nous demandons à chaque secteur de ne pas utiliser des mots comme « stupide » ou « imprudent » lorsque le suicide est mentionné…
Le suicide chez les étudiants a pris énormément d'ampleur ces dernières années. Les statistiques publiques transmises par le gouvernement de Hong Kong indiquent que le nombre de morts liés au suicide étudiant a triplé ces dix dernières années, atteignant le nombre affolant de 23 cas en 2023. D'après une étude gouvernementale, toujours en 2023, 6,9 % des étudiants âgés de 6 à 17 ans auraient montré des tendances suicidaires et 24,4 % auraient souffert de problèmes liés à la santé mentale.
Les données récupérées par les conseils de différentes écoles publiques ont montré que 37 % des étudiants souffraient de problèmes mentaux, que 20 % d'entre eux avaient des problèmes familiaux et que 20 % avaient des problèmes à l'école. Les troubles mentaux les plus répandus étant le trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), le trouble du contrôle des impulsions, l'anxiété, ainsi que la dépression.
Après avoir reconnu le problème, le Bureau de l'éducation a alloué un plus grand budget aux assistants sociaux, les psychologues scolaires, l'éducation parentale et les protocoles d'urgences pour la santé mentale des étudiants.
Plusieurs experts sont également intervenus pour parler du problème.
À la suite d'une autre étude révélée lors d'une conférence de presse et montrant que 15 % des étudiants avaient des pensées suicidaires, et que 70 % d'entre eux se sentaient perdu ou désespéré à propos de leurs vies, Tse s'est empressé de revoir son approche quant à l'enseignement de la vie.
Il voit la culture chinoise comme une pierre angulaire de la spiritualité, pouvant aider les étudiants à se soulager du stress et de la pression les poussant à l'automutilation. D'après lui, l'éducation devrait s'appuyer sur la culture et les valeurs chinoises :
生命教育應與中華傳統文化的價值觀教育、道德教育結合,因為中華文化的核心精神就是關顧別人的仁愛與同理心,從來強調多元、互動及包容。
‘Life education’ should be integrated with the value education and moral education of traditional Chinese culture because the core spirit of Chinese culture is to care for others with love and empathy, and it has always emphasized diversity, interaction, and tolerance.
« L'enseignement de la vie » devrait faire partie de l'éducation des valeurs et des morales de la culture traditionnelle chinoise. Au centre de cette culture, on retrouve un altruisme plein d'amour et d'empathie, qui met l'accent sur la diversité, la tolérance, ainsi que le partage.
Prenant racine dans l'Australie de 1979, le concept « d'enseignement de la vie » fut d'abord introduit par un prêtre chrétien qui souhaitait tacler le problème de la délinquance juvénile avec une approche spirituelle. L'abus de drogue était notamment l'un de ces problèmes. Même si cette pédagogie est enseignée de manière différente, elle est de plus en plus populaire en Chine continentale, à Hong Kong et à Taïwan, sociétés dans lesquelles elle est considérée comme la raison de la réduction des causes de décès non naturelles, surtout le suicide.
À Hong Kong, le programme d'enseignement de la vie est introduit par près de 20 écoles chrétiennes dès 1999, dans le but d'endiguer les violences scolaires liées aux gangs juvéniles. En 2010, près de dix ans plus tard, le Bureau de l'éducation commence à allouer plus de budget afin que davantage d'écoles adoptent le programme.
Depuis 2021, l'enseignement de la vie fait partie intégrante du programme d'Éducation aux Valeurs des écoles primaires de Hong Kong, au même titre que l'éducation nationale, l'éducation morale, etc. L'objectif de ce programme est d'enseigner aux élèves les bonnes valeurs et les vertus de la Chine, de promouvoir la reconnaissance de cesdites valeurs, de cultiver l'empathie ainsi qu'une attitude positive envers la vie, le pays et Hong Kong, et enfin, de les pousser à entretenir un comportement correct. Douze traits différents sont notés comme faisant partie des valeurs chinoises : la persévérance, l'empathie, la responsabilité, l'identité nationale, l'engagement, l'intégrité, la bénévolence, le respect des lois, l'empathie, l'assiduité, l'unité, ainsi que la piété filiale.
L'approche chrétienne de l'enseignement à la vie, censée encourager la poursuite individuelle du sens de la vie, fait petit à petit place à une approche en accord avec les idéaux culturels et nationalistes chinois, soit le fait de trouver son bonheur à travers des valeurs familiales, communautaristes et nationalistes. Certaines écoles demandent même aux élèves de démontrer une certaine piété filiale en s'agenouillant pour offrir une tasse de thé à leurs parents (voir l'image ci-dessus). D'autres écoles demandent aux étudiants de prononcer un discours lors du rituel de levé du drapeau national, ce discours devant aborder le sujet du dévouement à sa nation et à la société.
L'approche de Tse quant à l'enseignement de la vie est en accord avec la ligne directrice du programme d'Éducation aux valeurs, mais ses remarques lui ont valu de très nombreuses critiques sur les réseaux sociaux, le poussant à s'excuser deux jours plus tard.
Le problème ne vient pas du fait de stigmatiser le suicide comme un acte stupide, mais plutôt du fait de croire que la culture et les valeurs chinoises pourraient régler le problème du suicide chez les étudiants. Comme l'a fait remarquer l'éminent écrivain Fung Hei-kin, le confucianisme, qui prône le « sacrifice de soi », souvent pour son pays, empire souvent les troubles mentaux, ce qui peut mener au suicide :
中華文化包羅萬有,諸子百家持論已各有不同,能跟「預防自殺」拉上關係的價值觀,我只勉強想到愛談養生保性的莊子。然而主流傳統文化非但不排斥自殺,更往往對自殺者大表讚揚——自殺到讓你每年放一日假的屈原,正是抱持傳統中華價值觀者皆翹首仰望的偉人,謝教授又是否該譴責他不顧社會責任、不為他人着想呢?
Chinese culture encompasses many schools of thoughts. I can only think of Zhuang Zi, who loved to talk about maintaining one's health and preserving one's nature, as a value that can be associated with the prevention of suicide. As for the mainstream traditional Chinese culture, it rarely rejects suicide but often praises those who commit suicide. For example, Qu Yuan, his suicide has been honored with a public holiday [Dragon Boat Festival], is precisely a great man upheld by those who embraced traditional Chinese values. Should Prof. Tse condemn him for disregarding his social responsibility and not thinking of others?
La culture chinoise englobe énormément d'écoles de pensées. Le premier qui me vient en tête est Zhuang Zi, qui adorait parler du maintien de la vie et de la préservation de la nature d'un individu. Si on traduit cela en termes de valeurs, on peut l'associer à la prévention du suicide. Quant à la culture irrationnelle chinoise la plus courante, elle rejette peu le suicide, au contraire, elle l'encourage. Prenez l'exemple de Qu Yuan, son suicide est commémoré par une fête nationale [le Festival des bateaux-dragons]. Qu Yuan était un grand homme qui a su épouser les valeurs traditionnelles de la Chine. Est-ce que le professeur Tse le critiquerait pour avoir fui ses responsabilités sociales et ne pas avoir pensé à son entourage ?
Ce qui énerve le plus les gens, c'est l'approche idéologique face au suicide, ce qui efface les besoins individuels en faveur d'un collectivisme culturel et national lorsqu'il est question de problème de vie et de mort.
Échange avec deux adolescentes pour comprendre la prédominance des inégalités alimentaires.
Publié à l'origine sur Global Voices en Français
Des écolières de la République Centrafricaine. Image de hdptcar provenant de la médiathèque Wikimedia Commons (CC BY-SA 2.0)
En Afrique, pour de nombreuses communautés, la nourriture est bien plus qu’un moyen de subsistance : elle reflète la culture, les traditions et, bien souvent, les dynamiques de genres. À table, on retrouve une subtile, quoique très fréquente, pratique qui consiste à privilégier les garçons plutôt que les filles. Les spécialistes qualifient cette pratique d’écarts entre les genres en matière d’insécurité alimentaire. Donner aux garçons de plus grosses portions ou des aliments de meilleure qualité qu'aux filles : cette disparité a d’importantes conséquences et en dit long sur les comportements sociétaux bien ancrés en matière de nutrition et d’égalité de genres.
Sur le continent africain, les adolescentes sont plus exposées aux risques d'anémie, de retards de croissance et d’affaiblissement du système immunitaire. La malnutrition généralisée et les inégalités invisibles exacerbent l'écart entre les genres en matière de santé et menacent le bien-être des générations futures. Chaque année, on estime à 60 millions le nombre de cas d'anémie chez les adolescentes, ce qui coûte aux États membres de l’Union africaine (UA) la somme astronomique de 1,38 milliard de dollars.
En 2023, l’UA et Nutrition International (NI) ont lancé la campagne nutritionnelle « Avec une bonne nutrition, l'avenir lui appartient », destinée aux adolescentes. Le message est clair : les filles peuvent devenir tout ce dont elles rêvent et pour ça, une bonne nutrition est essentielle.
Adesewa Olofinko de Global Voices a interviewé Favour Okeowo et Fisayo Falade, deux adolescentes du quartier de Ejigbo, à Lagos au Nigéria, pour aborder la question de la prédominance des inégalités alimentaires.
Ces échanges ont eu lieu avec l'accord des parents et en présence d’une personne tutrice pour garantir un environnement sécurisant et rassurant.
Adesewa Olofinko (AO) : Est-ce qu’il y a des programmes sur la santé et des matières scolaires qui enseignent aux filles l'importance de la nutrition ?
Favour Okeowo (FO) : Oui, dans mon école, on a des programmes d'éducation physique et santé (EPS, à ne pas confondre avec éducation physique et sportive) et, deux fois par semaine, on a des cours sur l’alimentation et la nutrition. Mais ce n’est pas une matière obligatoire, donc certains élèves ne s’y inscrivent pas. Même si on ne fait pas grand-chose pendant les cours d’EPS, ça reste un bon moyen de faire du sport comme de la course à pied ou même des jeux.
Fisayo Falade (FF) : Nous, on a un cours qui s'appelle arts ménagers, mais c’est une matière où on aborde beaucoup de choses. Les profs nous parlent de gestion de la maison, de nutrition, de vêtements et d'autres choses. Ils ne s’attardent pas vraiment sur la nutrition, sauf peut-être la fois où on a parlé des différents types d'aliments. Et en général, ils se contentent de nous dire : « Évitez les cochonneries et mangez équilibré. »
AO : Est-ce qu’il vous est déjà arrivé de manquer de nourriture au point d'avoir faim en allant au lit ou à l’école ? Est-ce que ça a des conséquences sur votre capacité à vous concentrer ou à participer aux activités à l'école ?
FO : La plupart du temps, je ne prends pas de petit-déjeuner pas avant d'aller à l'école. Mais ma mère me donne entre 300 (0,19 €) et 500 nairas (0,32 €) pour m'acheter à manger. Si l'école finit tard, il arrive alors qu’elle me donne 700 nairas (0,45 €). Avec ça, je peux m'acheter des beignets avec une boisson ou des frites d’igname avec de la sauce pimentée, parfois un Akara (gâteau aux haricots) et du pain.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l'anémie est le plus souvent causée par une déficience en fer. C’est un problème de santé publique majeur qui touche 30 % des filles et des femmes originaires des quatre coins du monde, âgées de 15 à 49 ans.
Aliments nigériens. Image prise par Bukky658 et provenant de la médiathèque Wikimedia Commons (CC BY-SA 4.0).
L’UA a fait de 2022 l’année de la nutrition afin de favoriser le développement d’un cadre stratégique pour prévenir et lutter contre l'anémie en Afrique. Si la Stratégie régionale africaine de la nutrition (SRAN) 2016–2025 avait pour objectif de réduire de 50 % l'anémie chez les filles et les femmes en âge de procréer (15–49 ans), elle n’avait cependant pas de stratégie spécifique pour atteindre cet objectif.
AO : Est-ce que vous avez l’impression qu’on traite différemment les filles et les garçons dans votre famille ? Est-ce que vous auriez des exemples à me donner ?
FF : Mon frère mange beaucoup plus que moi. J'ai trois ans de plus que lui, pourtant c’est toujours à lui qu’on donne les plus grosses portions. Il mange beaucoup. Sûrement parce que c’est un garçon et que les garçons mangent plus que les filles. Il est plus musclé que moi aussi, mais moi, je suis plus grande.
Ce déséquilibre et les inégalités alimentaires liées au genre se rencontrent dans de nombreuses communautés d’Afrique et sont bien souvent dus à des normes culturelles et des perceptions de valeur. On retrouve dans de nombreux foyers le raisonnement tacite et sous-jacent selon lequel les garçons sont considérés comme un investissement pour l'avenir de la famille tandis que le rôle des filles est de se marier pour « appartenir » à une autre famille.
AO : Est-ce que tu comprends pourquoi tes parents te nourrissent moins que ton frère ?
FF : Mon père disait toujours qu’en grandissant un garçon devient le chef de famille, celui qui ramène l'argent et qui porte le nom de sa famille, tandis qu’une fille doit se concentrer sur ses études et ses responsabilités domestiques. Même si j'ai trois ans de plus que lui, ma mère dit qu’il est plus musclé que moi et que c’est « un homme », alors ils lui donnent plus à manger qu’à moi. Je sais que ce n’est pas bien et j’espère pouvoir changer ça un jour et leur prouver qu’en tant que fille on peut devenir ce qu’on veut.
Cette pratique qui consiste à donner plus aux garçons qu'aux filles n’a pas seulement des conséquences immédiates : ses répercussions s’inscrivent dans le long terme et impactent particulièrement la santé des filles, leur éducation et leurs perspectives d'avenir. Chez les adolescentes, la malnutrition n'altère pas seulement le développement cognitif et physique : les filles sont moins bien armées pour réussir dans leurs études ou sur le marché du travail.
La SRAN 2026–2035, qui vient succéder à la SRAN 2016–2025, a pour but de soutenir une réduction de 50 % de l'anémie chez les adolescentes et les femmes en âge de procréer. Grâce à diverses politiques nutritionnelles, cette stratégie vise à aider les États membres de l’UA à peaufiner leurs programmes et objectifs nationaux.
Si cette inégalité, cette faim dont on ne parle pas, prive les filles d’une alimentation nécessaire à leur croissance et d'opportunités de s’épanouir, il ne s'agit cependant pas de condamner la culture africaine en tant que bloc unique et sans nuances. À l’échelle du continent, on retrouve des différences dans la répartition de la nourriture et la manière dont elle est considérée. Plusieurs facteurs ont une influence sur la qualité du régime alimentaire des adolescent·es : la structure familiale, la situation professionnelle des parents et leur statut socioéconomique.
Des organismes tels que le Fonds des Nations unies pour l’enfance, l’UNICEF, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et bien d'autres agences locales du continent continuent d'œuvrer en menant des campagnes de sensibilisation pour lutter contre la malnutrition et la différence d’alimentation imposée aux adolescentes. En octobre 2023, la Tanzanie est devenue le premier pays d’Afrique à lancer au niveau national la campagne de Nutrition International « Avec une bonne nutrition, l'avenir lui appartient » afin d’insister sur l’importance d’une nutrition adaptée au développement et au bien-être des adolescentes.
Les inégalités en matière d’alimentation ne sont que le reflet des inégalités de genres présentes dans nos sociétés. Si l’Union africaine veut atteindre l’objectif de prospérité pour l’Afrique qu’elle s’est fixé dans son Agenda 2063, il faudra que chaque enfant, peu importe son genre, ait les mêmes chances de s'épanouir — et ça commence parfois dans l'assiette. Alors que la Stratégie régionale africaine de la nutrition entre dans sa prochaine décennie d'action, on ne peut que se demander si des progrès tangibles seront réalisés dans la lutte contre la malnutrition et la réduction de l'anémie à l’échelle du continent.
Le modèle multipartite, garant d’un Internet ouvert et inclusif, pourra-t-il survivre ?
Publié à l'origine sur Global Voices en Français
L’IA est-elle l’avenir d’Internet ? Illustration générée grâce à l’IA par Muhammed Bello Buhari. Utilisée avec permission.
[Sauf mention contraire, tous les liens de ce billet renvoient vers des
pages Web en français.]
Aujourd’hui, si vous publiez une vidéo sur un réseau social, vous pouvez être sûr qu’elle sera vue par des personnes du monde entier en quelques secondes. Que vous soyez dans un village reculé en Indonésie, dans les rues vibrantes de São Paulo au Brésil, ou dans la dynamique ville de Lagos au Nigeria, votre vidéo peut franchir les frontières et atteindre instantanément des millions de personnes. La structure actuelle d’Internet rend possible cette communication transparente et sans frontières, favorisant la collaboration et le partage d’idées à grande échelle. Malgré les restrictions ponctuelles imposées par certains gouvernements, la structure unifiée et interopérable d’Internet demeure identique à travers le monde entier dépassant les frontières géographiques et politiques.
Mais cela pourrait changer. L’année 2024 a marqué le début de discussions majeures susceptibles de redéfinir la gouvernance d’Internet, et ces débats se poursuivront en 2025. L’enjeu réside dans le passage d’un modèle multipartite, où les gouvernements, les entreprises, la société civile et les communautés techniques partagent la responsabilité, à une approche dominée par le gouvernement. Les thèmes abordés incluent l’Internet ouvert, la connectivité, l’intelligence artificielle (IA), l’infrastructure numérique, les droits humains et les objectifs de développement durable (ODD). Au cœur de ces débats émerge une question fondamentale : le modèle multipartite, garant d’un Internet ouvert et inclusif, pourra-t-il survivre ?
Internet a été conçu comme un système décentralisé, un réseau de réseaux où aucune entité ne détient de contrôle absolu. Grâce à cette architecture, la participation égale, l’innovation et le partage libre d’idées ont été favorisés. Grâce à des normes ouvertes favorisant une interconnexion fluide et une gouvernance multipartite [en], Internet s’est imposé comme une plateforme mondiale révolutionnaire, où chacun peut créer des réseaux sans approbation centralisée. Le fonctionnement d’Internet repose sur le modèle d’interconnexion des systèmes ouverts (ISO), organisé autour de sept couches : « application », « présentation », « session », « transport », « réseau », « liaison de données » et « physique ».
Au fil des années, des entreprises comme Facebook (Meta), Google et Amazon, qui se concentraient initialement sur la couche « application» (avec des services tels que les réseaux sociaux, la recherche et le commerce électronique), ont progressivement investi dans d’autres couches, notamment les infrastructures telles que les câbles sous-marins et les centres de données. Cette intégration verticale renforce le pouvoir de ces entreprises, leur permettant de contrôler non seulement les services, mais également les couches « physiques » et « session » d’Internet. En perturbant l’architecture décentralisée, cette concentration d’influence donne à ces acteurs un contrôle excessif sur les canaux de communication mondiaux, ce qui suscite des préoccupations sur d’éventuelles pratiques monopolistiques. Une telle dynamique souligne l’importance d’une gouvernance solide afin de préserver l’ouverture, l’universalité et un accès équitable à toutes les couches d’Internet.
La couche « application » d’Internet regroupe des éléments essentiels de la vie quotidienne, tels que les réseaux sociaux, le commerce électronique et la navigation sur le Web. En dessous, la couche « réseau » assure l’attribution d’adresses IP (Internet Protocol) uniques aux appareils du monde entier, rendant ainsi possible la connectivité. Actuellement, l’attribution et la gestion des adresses IP reposent sur un système hiérarchique, supervisé par l’Internet Assigned Numbers Authority (IANA) et les registres Internet régionaux (RIR), assurant une répartition équitable et une gestion décentralisée. Cependant, si le contrôle des adresses IP venait à être centralisé, cela conférerait un pouvoir considérable sur les communications mondiales et les flux d’informations. La gouvernance d’Internet est donc cruciale, non seulement pour défendre la liberté d’expression, mais aussi pour préserver les principes décentralisés qui en constituent le fondement.
L’année 2025 est une année charnière pour l’avenir d’Internet, influencé par deux tendances mondiales et l’adoption du Pacte numérique Mondial (GDC) [en]. Premièrement, les gouvernements sont confrontés à une pression croissante, exacerbée par la pandémie de Covid-19 pour réguler l’écosystème numérique. La pandémie a révélé les failles des espaces numériques, notamment face à la désinformation, à la cybercriminalité et aux violations de la vie privée, renforçant les appels en faveur de régulations plus strictes. En 2022, plus d’un quart des gouvernements du monde avaient adopté des cadres nationaux [en] régissant les plateformes numériques, les contenus en ligne et les données des utilisateurs. Deuxièmement, les modèles d’Internet contrôlés par l’État, défendus par des pays tels que la Chine [en], reconfigurent le paysage numérique. La proposition chinoise de « nouvelle IP » [en] soumise aux organismes internationaux de normalisation, tels que l’ISO et l’UIT, vise à permettre à l’État justifiant les restrictions à l’ouverture et à l’interopérabilité par des notions comme la « sécurité nationale » et la « souveraineté numérique ». Ce phénomène est amplifié par des pays comme la Russie qui manifeste son intention de créer des réseaux isolés [en], menaçant ainsi le fondement même de l’Internet mondial en tant que « réseau de réseaux ».
La gestion des infrastructures critiques, telles que les adresses IP, est essentielle pour garantir que la communication mondiale reste ouverte et accessible. Prenons l’exemple d’une petite entreprise de commerce électronique basée au Kenya qui s’appuie sur des échanges transfrontaliers avec des clients en Europe. Une fracture de l’Internet mondial en réseaux isolés pourrait priver cette entreprise de l’accès aux marchés internationaux du jour au lendemain, entraînant un effondrement de ses activités et des moyens de subsistance qu’elle génère. De tels scénarios illustrent à quel point il est essentiel de maintenir un Internet ouvert et interconnecté.
En réponse, le GDC, négocié par 193 États membres et faisant partie du Pacte pour l’avenir [en], a été adopté en septembre 2024 lors du Sommet de l’avenir de l’ONU. Parmi les engagements clés du GDC figurent l’accès universel à Internet, le développement de systèmes d’IA éthiques, le renforcement de la coopération en cybersécurité et l’intégration des droits humains dans les politiques de gouvernance numérique. En outre, il vise à réduire les fractures numériques en favorisant un développement inclusif et équitable des technologies numériques.
Le GDC confère un rôle central au Bureau de l’Envoyé.e du Secrétaire général pour les technologies des Nations Unies à New York, consolidant ainsi l’autorité précédemment répartie entre des entités basées à Genève comme l’UIT et la CNUCED. Bien que ce changement vise à rationaliser la gouvernance, il soulève des inquiétudes quant à l’exclusion des acteurs non étatiques des processus décisionnels. Les critiques [en] craignent que cette centralisation marginalise le modèle multipartite et compromette l’intégration des principes des droits humains dans sa mise en œuvre. Ces développements coïncident avec le Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI)+20 Examen 2025 [en], qui est chargé d’évaluer la mise en œuvre et les progrès réalisés depuis le SMSI 2005, y compris le FGI. L’enjeu est clair : Internet est à la croisée des chemins entre l’ouverture démocratique et le contrôle autoritaire.
L’avenir du Forum sur la gouvernance de l’Internet (FGI), une plateforme multipartite ancrée dans le SMSI 2005, suscite une préoccupation majeure à l’approche de sa réévaluation lors de l’examen du SMSI+20. Malgré ses limites [en], telles que son manque de pouvoir décisionnel et ses choix d’hôtes controversés comme l’Arabie saoudite en 2024, le FGI reste l’une des plateformes les plus efficaces pour réunir un large éventail de parties prenantes. Il offre un espace unique pour des discussions sur la gouvernance de l’Internet fondées sur les droits humains et la recherche du consensus.
Un défi croissant réside dans l’évolution des débats au sein des forums mondiaux, où les droits humains sont de plus en plus encadrés à travers le prisme du développement économique, au détriment des libertés fondamentales telles que l’expression et la participation. Porté par des acteurs étatiques puissants et certaines organisations internationales, ce changement met en avant la place centrale des économies numériques et des infrastructures dans les programmes de développement à l’échelle nationale et mondiale. Bien que ces priorités s’alignent sur les objectifs de développement durable (ODD), elles risquent de mettre de côté les discussions cruciales sur la protection des droits et libertés individuels au profit d’impératifs économiques.
Un engagement immédiat est crucial. La société civile doit se mobiliser pour protéger un Internet inclusif, ouvert et équitable. Un modèle multipartite, basé sur la transparence, la participation et la responsabilité, est indispensable pour préserver Internet comme une plateforme mondiale et interopérable. Pour préserver son essence, il faut faire preuve de vigilance et d’action pour contrer les efforts de centralisation du pouvoir ou d’affaiblissement des principes de gouvernance. Les parties prenantes doivent contribuer aux processus qui façonnent l’avenir de la gouvernance de l’Internet, en particulier le Pacte numérique mondial (GDC) et l’examen du SMSI+20. La feuille de route 2025 du GDC prévoit une souscription [en], un plan de mise en œuvre [en], des phases d’examen et une manifestation de haut niveau programmée d’ici 2027. De même, le SMSI+20 invite à réagir [en] aux lignes d’action du SMSI d’ici janvier 2025 et à organiser des consultations pour combler les lacunes du programme avant mars 2025. Ces processus constituent des opportunités stratégiques de plaider pour des politiques inclusives et transparentes, garantes d’un Internet ouvert.
L’urgence est évidente. Internet a radicalement changé depuis SMSI Genève 2003, devenant partie intégrante de la vie moderne. L’émergence de défis comme l’IA et la fragmentation géopolitique met en péril ses principes fondamentaux, mais le modèle multipartite demeure crucial pour surmonter ces enjeux complexes. La société civile doit renforcer la sensibilisation aux niveaux local et mondial, participer activement aux FGI nationaux et régionaux [en], et collaborer étroitement avec les décideurs politiques. Il est essentiel de mettre en place une communication efficace et de souligner l’importance d’Internet dans la réalisation des objectifs de développement durable. Prioriser les droits humains, soutenir l’inclusion numérique et élaborer des politiques justes permettront aux parties prenantes de préserver un Internet démocratique et innovant pour les générations à venir.