ACTA pour les nuls.

N’y voyez aucune offense mais plutôt quelque chose qui ressemblerait à : qu’est-ce qu’ACTA pourrait vraiment changer pour vous, au quotidien ?

Avant de commencer, il convient de rappeler ce qu’est ACTA.

ACTA est un traité international, c’est l’Accord Commercial d’Anti-Contrefaçon. Cet accord est négocié depuis déjà trois longues années par 39 pays et, derrière ce nom de barbare qu’est ACTA, voilà ce qui se cache :

ACTA permet de créer de nouvelles sanctions pénales, forçant les fournisseurs d’accès à Internet à censurer et à surveiller les communications en ligne, tout comme les échanges en ligne.

Ce traité propose de renforcer la lutte envers la contrefaçon en instaurant un ensemble de moyens disproportionnés et, point très important : ACTA ne concerne pas que la liberté d’expression, cela va plus loin… beaucoup plus loin.

Au nom des brevets, ACTA propose d’interdire les médicaments génériques et certaines graines ou semences utilisées dans l’agriculture. Au nom de l’intérêt privé et de l’argent, ACTA veut donc interdire l’accès à la santé aux plus démunis.

Je sais, ça parait surréaliste hein ? Pourtant, c’est l’effroyable vérité.

Et pour vous ? Qu’est-ce que ça changerait, hein ?

Si vous étiez en train de vous poser la question, voici la réponse :

Sur votre téléphone, vous avez personnalisé votre sonnerie, non ? Vous avez mis une musique que vous aimiez, non ?

Et avez-vous un moyen de prouver que vous détenez cette musique légalement ? Que vous l’avez acheté ? Non ?

Alors mes excuses, mais votre téléphone – ou autre baladeur mp3 – pourra être saisi, fouillé et détruit.

Ah, j’oubliais : vous aussi vous pourrez être fouillé(e), aussi.

ACTA permet cela.

Vous êtes malade ? Vous allez à la pharmacie acheter les médicaments que votre docteur vous a prescrit, c’est normal.

Imaginez votre pharmacie sans aucun médicament générique ? Imaginez maintenant le montant total de la facture ?

ACTA rendra cela possible. Au nom des brevets, c’est votre accès à la santé qui sera pénalisé.

Voilà, ACTA c’est ça et bien plus encore.

Plus que jamais, il est temps d’agir à votre niveau.

Parlez-en à vos proches, amis, faites tourner l’information, diffusez la sur Internet, ne laissez pas passer ACTA.

Nous avons jusqu’à juin pour alerter la population et nos eurodéputés sur le danger qu’est ACTA.

Il est l’heure d’agir et de vous réveiller afin de protéger vos libertés les plus fondamentales. Notre liberté d’expression et notre droit d’accès à la santé sont menacés et ceci n’est qu’une infime partie du traité ACTA, déjà en route vers une signature.

« Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui le regardent sans rien faire. » – Albert Einstein.

Plus d’informations sur le site de la Quadrature du Net

#Reims, de la toile à l’IRL.

Une manifestation s’est déroulée ce jour à Reims. Cette manifestation était synchronisée avec les autres en France afin de lutter pour la liberté d’expression sur Internet et contre ACTA.

Petit rappel afin de remettre les choses au clair :

Ces manifestations s’inscrivent dans le vent de contestation contre les lois ACTA, SOPA et PIPA qui portent gravement atteinte à la liberté de communiquer sur Internet.

Pour rappel également, la loi ACTA est bien plus violente que ça, puisque, si elle est votée et instaurée, il sera possible d’interdire les médicaments génériques ou encore d’interdire certaines graines utilisées dans l’agriculture.

Vous l’aurez compris, ACTA, c’est bien plus que la fin de la liberté d’expression sur Internet, elle s’attaque à certains fondements de toute société (l’accès à la santé, l’agriculture …)

Ah oui au fait : c’est en train de passer dans le monde entier !  J’imagine que tout ceci semble impossible (interdire les médicaments génériques… et pourtant c’est la triste vérité).

Voilà pour la partie rappel, passons maintenant à la manifestation rémoise :

La manifestation s’est déroulée de 14 heures à 16h30 (il était prévu qu’elle dure jusque 17 heures mais le froid a eu raison de beaucoup de monde).

Nous étions au total une cinquantaine venant de beaucoup de « secteurs » différents : lycéens, étudiants, travailleurs, blogueurs. Il n’y avait pas de formation politique ni syndicaliste (SUD et le NPA avaient annoncé leur présence à cette manifestation mais ils n’ont pas fait le déplacement).

Ah… et il n’y avait pas de policier présent. Une voiture de police est passé, les policiers nous ont fièrement lancé un « nous sommes avec vous, bon courage ». Ironie ou non, je ne sais pas.

Il n’y a pas eu de violences, de casse ou quoi que ce soit, l’ensemble de la manifestation s’est déroulé dans le calme et la bonne humeur à grand coup de « Non à ACTA » :).

Après une longue attente de l’organisateur, nous nous sommes décidés à bouger et à aller à la rencontre des passants qui étaient intrigués par notre petite troupe, afin de leur expliquer les raisons de la manifestation.

Au final, c’était assez bien réussi, l’objectif de faire connaître ACTA est rempli et nous avons réussi à (un peu) faire sortir l’information d’Internet afin de la diffuser le plus largement possible.

Les points négatifs :

Le premier : l’organisation.

L’évènement était organisé via un groupe sur Facebook. Sur ce groupe, l’organisateur a déclaré avoir enregistré la manifestation, préparé des tracts, flyers et déclarait disposer d’un mégaphone. Dans la réalité, cet organisateur n’est jamais venu et, de facto, tout le matériel annoncé n’était pas disponible. La page consacrée à l’évènement à d’ailleurs disparu.

Je trouve cela dommage et stupide, cet organisateur n’a pas rendu service au mouvement en agissant de la sorte. Nous avons donc fait avec les moyens du bord… et le résultat était plutôt réussi.

Le second : l’Union.

Une presse locale était présente : l’Union et sa journaliste Catherine Frey (je n’ai pas cherché son nom, il est disponible ici, dans un billet que je qualifierai de torchon indigne d’un travail journalistique).

Je n’ai rien contre cette journaliste et son photographe mais je tiens simplement à faire remarquer la chose suivante : ça n’est pas en restant deux minutes que l’on apprend quoi que ce soit, preuve s’il en faut : votre papier est erroné.

Conclusion : une cinquantaine de personnes pour Reims, c’est assez énorme. C’est une ville endormie et je suis moi-même étonné qu’il y ait eu autant de personnes pour cette manifestation. Le message a commencé à sortir d’Internet et c’est tant mieux, il faut dénoncer les dangers d’ACTA au-delà du numérique.

Merci à tous pour cette journée.

Ps : bisous la personne des renseignements généraux qui est passé près de nous.

Ps 2 : des photos sont disponibles sur Internet, je ne les affiche pas dans ce billet par respect du droit à l’image (faute de moyen, je n’ai pas fait signer de déclaration au droit à l’image). Si une personne présente sur la photo souhaite que je floute son visage, merci de m’en informer en utilisant la rubrique contact disponible ici.

Ps 3 : au fait, on dit Blogueurs. Bisous.

La centralisation, c’est mal.

Petit billet qui rebondit sur l’affaire « Mega-ce-que-vous-voulez » :

Le passé nous a déjà demontré le danger de la centralisation des données, il faut croire que personne n’a tiré de conclusions de tout ceci.

C’est un fait, n’en déplaise aux adorateurs du « cloud computing » (terme commercial qui, selon moi, définit quelque chose qui existe déjà depuis des années), faire confiance à une société, un système, un groupe … (rayez la mention inutile), c’est s’exposer à une censure rapide, simple et efficace.

Même s’il n’est pas question de censure dans Megaupload (ou, éventuellement la censure d’une offre plus intéressante que l’offre légale), il faut analyser correctement ce qu’il s’est passé.

Beaucoup de personnes hurlent au scandale parce que Megaupload a fermé ses portes (enfin, le FBI a fait fermer MU) et, comble de l’ironie, ces derniers cherchent à basculer sous une solution alternative comme Fileserve & Co.

Fileserve & Co. fonctionnent sous le même principe, à savoir une grappe (ou plus) de serveurs centralisés. Tout d’abord géographiquement, ces serveurs sont (assez souvent) au même endroit, ou à plusieurs endroits s’il y a vraiment beaucoup de données (exemple de Megaupload qui avait des serveurs en Virginie, à Hong Kong, en Europe …), faire confiance à ces systèmes, c’est accepter que les mêmes évènements puissent se reproduire.

Que cela soit dans un contexte d’échange de fichiers ou un cadre professionnel (applications utilisées dans le « cloud », par exemple), le simple fait que toutes ces données soient centralisés me pose quelques problèmes.

Tout d’abord : la confidentialité de mes données. Puisque mes données sont dans le cloud, gérées par une société qui s’occupe de tout ceci, qu’est-ce qui peut me garantir, à moi, que la dite société n’ira pas fouiller dans mon système ou dans mes données ?

Non, la déclaration de bonne intention de l’hébergeur ne suffit pas, je suis désolé.

Ensuite : d’un point de vue sécurité. Qu’est-ce qui me garantit que mon système dans le cloud sera toujours disponible ? Qu’est-ce qui me garantit que mon hébergeur ne fera pas disparaître des données au nom de je ne sais quelle loi ?

Rien, et c’est bien là le problème. Rien ne peut garantir que mon système ne disparaîtra pas, un jour. Rien ne peut me garantir qu’il sera toujours disponible, même si vous avez une solution en béton, même si elle vous coûte 15 000 € par jour, rien ne peut vous garantir que votre système ou vos données seront toujours là, disponibles quand vous en avez besoin.

Pourquoi ? Parce que c’est l’informatique (je sais, c’est facile comme réponse) : personne n’est à l’abri d’un serveur qui tombe ou d’une connexion qui se casse la figure.

… Et personne n’est à l’abri d’une nouvelle loi, pondue en douce, qui rendrait vos données illégales.

Bref, la centralisation, c’est l’anti-Internet pour moi, anti parce que les Internets ne sont pas basés sur des solutions centralisées justement. Il suffit de regarder le fonctionnement d’un torrent, d’un système P2P ou autre pour s’en convaincre (même si certains point sont centralisés / à moitié centralisés, exemple des DNS …)

Vous voilà prévenus, lorsque fileserve tombera, n’allez pas pleurer qu’on ne vous l’aura pas dit.

Megaupload n’est plus, vive Megaupload.

Edit : Une riposte est en cours, des sites sont actuellement attaqués : le site justice.gov, Universalmusic également ainsi que le site de la RIAA. Ces attaques DDOS sont liées à AnonOps, une « ancienne » faction d’action d’Anonymous. Anonymous à souhaité se séparer de cette faction, jugée trop extrême dans ses actions (on leur doit notamment l’attaque échouée du New-York Stock Exchange et l’attaque contre Facebook).

Edit N°2 : Anonymous rejoint le mouvement, je vais essayer de tenir une liste des sites down (pour cause de DDOS) en temps réel :

01h48

– Copyright.gov
– Mpaa.org
– Riaa.com
– Universalmusic.com
– White House (http://www.whitehouse.gov/) est UP mais un DDOS serait en cours
– Justice.gov
– usdoj.gouv
– Hadopi.fr (qui ne charge pas ou très très lentement)
– BMI.com
– PUR.fr (le PUR #Fail, pardon…)
– doj.gov
– utahchiefs.org
– Wmg.com
– FBI.gov (mais le site résiste plutôt bien, gros ralentissements en ce moment-même)

Edit N°3 : fin de live à 02h17, le FBI est toujours down, je n’ai pas testé tout le reste, certains sites remontent, parfois.

Edit N°4 (22 janvier 2012) : un site présente la liste (hallucinante) des sites tombés sous un DDOS depuis le début de l’opération Megaupload : http://cylaw.info/?p=72

Article original : BREAKING NEWS !

Megaupload vient de fermer. Plus exactement, le FBI vient de faire fermer Megaupload, comme le dit Torrentfreak (http://torrentfreak.com/megaupload-shut-down-120119)  [en anglais].

Petite mise au point : ce n’est pas méga upload qui a fermé mais l’ensemble de « l’univers méga » : Megastuff.co; Megaworld.com;  Megaclicks.co; Megastuff.info; Megaclicks.org ; Megaworld.mobi; Megastuff.org; Megaclick.us; Mageclick.com; HDmegaporn.com; Megavkdeo.com ; Megaupload.com ; Megaupload.org; Megarotic.com; Megaclick.com; Megavideo.com; Megavideoclips.com et… Megaporn.com (Source… oui, ils ont fermé un site de pr0n alors qu’Internet is made of cats and pr0n :().

Techniquement, c’est donc 4% du trafic mondial d’Internet qui s’effondre ce soir !

Comment le site a fermé : simple, le FBI l’a fait fermer pour infraction d’un ensemble de loi sur le copyright.

Petite précision, le FBI n’a eu aucun mal à couper Megaupload… Après quelques échanges avec l’ami Erebuss il y a déjà quelques mois, nous avons appris qu’une partie des serveurs de « l’univers méga » étaient hébergés sur la même AS (pour résumer, un élément technique sur Internet) que le F.B.I, en Virginie.

L’AS en question fait partie des membres de carpathia (http://www.robtex.com/asmacro/as-carpathia.html) et, accessoirement, le FBI et « Mega » étaient sur le même peer , allez vérifier par vous-même si vous croyez que tout ceci est une blague (http://www.robtex.com/as/as33566.html) et même le Département de la Défense des Etats-Unis est dessus, http://www.robtex.com/as/as668.html (et relisez bien l’ensemble des données, c’est long, mais instructif).

Oui, Carpathia hébergeait donc le FBI, le DOD et Megaupload, normal quoi. Dès lors, il était facile d’éteindre la liaison de megaupload.

Je sais ce que vous êtes en train de vous dire : « il va revenir Megaupload, ce n’est pas grave ». Là, vous voyez, j’ai comme un gros doute : il n’y a pas que Megaupload qui a été arrêté :

–    Kim Dotcom, le PDG de « méga »
–    Finn Batato, le responsavle marketing, en Allemagne
–    Julius Bencko, le designer, en Slovaquie (pas arrêté, il est en fuite)
–    Sven Echternach, le directeur technique (pas arrêté, il est en fuite)
–    Andrus Nomm, développeur en chef des produits chez « Mega » (pas arrêté, il est en fuite)
–    Bramos (Bram van der Kolk), LE mec qui était responsible de toute l’infrastructure réseau « Mega »

Il est donc peu probable que Megaupload refasse surface de sitôt.

Les faits reprochés sont détaillés, ici : http://www.justice.gov/opa/pr/2012/January/12-crm-074.html, c’est en anglais mais la lecture de tout ceci est très instructive. (suite à un DDOS d’AnonOps, une ancienne faction d’Anonymous, le site est hors service pour l’instant).
Pour information, il faut savoir que Kim Dotcom était déjà sous étroite surveillance depuis des transactions financières anormales, à savoir 30 millions de dollars pour un manoir : http://www.nzherald.co.nz/nz/news/article.cfm?c_id=1&objectid=10626044 (et oui, le crime paye toujours autant </troll>).

Est-ce que c’est mal que Megaupload soit tombé ?

Quitte à choquer, je trouve que ce n’est pas plus mal. Avant de vous enflammer, merci de lire la suite.

Ce site n’était pas « en soi » un site de partage. Il convient de donner ma définition du partage : c’est un échange non commercial entre deux personnes. Megaupload ne répondait ni à la première condition, ni à la seconde.

Pas à la première car Megaupload était un site commercial et pas la seconde car le principe de Megaupload n’était pas vraiment le partage.

D’un côté, vous aviez un gus qui envoyait un fichier sur un site et qui n’avait rien en retour. De l’autre, vous aviez des gus qui récupéraient un fichier, sans le partager pour autant.

C’est peut-être ma définition du partage, vous ne la partagez peut-être pas, mais voilà comment je vois le partage. Megaupload a facilité l’échange de fichiers mais a littéralement tué le partage.

Je sais, c’est un peu brutal comme réaction mais bon… et puis « l’univers Mega » avait une faille dangereuse : tout était centralisé, là où les vrais systèmes de partage sont acentrés ou décentralisés.

Pour les afficionados du DDL (le téléchargement direct), rassurez-vous, il existe d’autres solutions dont vous entendrez parler ces prochains jours.

Il n’y a qu’un point qui me dérange vraiment : la manière dont tout ceci a été fait : le site à été débranché, ils ont été arrêtés, sans jugement, sans procédure judiciaire, … et ça, chez moi, c’est de la censure pure et simple.

EDIT : manifestement si, un mandat d’arrêt international était lancé conte les membre de « Mega » : http://www.scribd.com/doc/78786408/Mega-Indictment (merci @ericfreyss pour l’information)

Megaporn, quand même … 😀

Poutine n’aime pas Internet et les Internets le lui rendent bien.

Ce billet n’est pas de moi mais de Tris Acatrinei.

Le Monde publiait dimanche un article sur Vladimir Poutine, qui a enfin ouvert son site Internet, lui qui se vantait de n’avoir jamais écrit un seul email de sa vie. Dans une logique d’ouverture ou de démagogie, allez savoir, il a laissé un espace aux commentaires des internautes.

Commentaires qui laissaient relativement peu de place à l’imagination puisque 75% d’entre eux encourageaient M. Poutine à faire son Jospin. C’est là où on voit les erreurs de débutants puisque les commentaires n’avaient pas fait l’objet d’une modération a priori. Erreur rapidement réparée par un community manager qui a entrepris de faire le ménage dans les commentaires. L’anecdote est savoureuse et a de quoi égayer un dimanche d’hiver.

Mais le plus choquant n’est pas tant l’attitude de Poutine sur laquelle on ne fonderait de toutes façons aucun espoir mais plutôt les commentaires des lecteurs du Monde qui voient dans cet article une vendetta anti-russe et soupçonne le journaliste de partialité.

La Russie et les Internets, c’est une histoire d’amour à base de je t’aime moi non plus, teintée de schizophrénie. La criminalité informatique y est fleurissante : la bonne partie des virus informatique proviennent de Russie, on dénombre du trafic d’armes, de la pédo-pornographie, du blanchiment d’argent sans que les autorités compétentes n’y trouvent rien à redire – et pour cause puisque je les soupçonne fortement d’y trouver leurs comptes – mais les internautes font l’objet d’une surveillance à peine discrète et c’est Reporters Sans Frontières qui le dit. (http://fr.rsf.org/russie.html)

Qu’on se rassure, la plupart des pays de l’ancien Bloc de l’Est sont dans une situation plus ou moins similaire.

Mais c’est la Russie de Poutine qui est dans le collimateur. Peut-être parce que son régime un brin autoritaire cherche à devenir tentaculaire.

Qu’a donc essayé de faire l’aspirant chef du Gouvernement ? A montrer une sorte d’ouverture ? Qu’il était à l’écoute ? Pour cela il faudrait qu’il oublie de se présenter.

Et si c’était trop tard ? Les Révolutions Arabes ont montré qu’un dirigeant qui se réveillait au dernier moment pour essayer de s’allier les internautes pouvait assez mal finir.

Les internautes ne sont pas dupes. Internet est l’espace le plus propice à la contestation, à l’explosion de colère, à la fermentation des germes de la révolte. On ne contrôle pas Internet et encore moins les internautes.

Tout comme la plupart des pays de l’Est, la Russie n’a fondamentalement pas beaucoup changé depuis la chute de l’URSS. La différence notable réside dans le fait que ceux qui s’en mettaient plein les poches de manière très discrète sous le soviétisme le font de manière beaucoup plus ostentatoire maintenant.

Et la liberté d’expression me direz-vous ? Foutaises. Il suffit de voir la carte de Reporters Sans Frontières (http://fr.rsf.org/IMG/pdf/carte-2011-2.pdf ) pour se rendre compte qu’il y a des choses qui continuent à être taboues dans les médias, qu’ils soient mainstream ou confidentiels. Or, à partir du moment où la presse n’est pas libre de s’exprimer, c’est que les personnes ne le sont pas. Ce qui est une raison suffisante pour que la grogne s’intensifie.

Et lorsque les internautes se révoltent, les choses peuvent effectivement devenir difficiles pour les gouvernements en place. Surtout dans un pays avec une superficie et une population importante. Sauf que personne n’a intérêt à ce que les Russes refassent une Révolution.

Car une Révolution Russe ébranle toute cette zone géographique : les pays de l’Est, les anciens Républiques Soviétiques, mais également la Chine. Et personne n’a envie que cette région devienne incontrôlable. Et en disant personne, il faut comprendre les différents gouvernements.

Oui, le silence des Russes arrange bien des gens. Mais il faut se méfier des grognes URL qui peuvent très rapidement devenir IRL. Et lorsque cela arrivera, les choses seront beaucoup plus compliquées.

Il était une fois l’ARJEL.

Je vais vous raconter une petite histoire :

Il était une fois un vice, celui des jeux d’argents. Dans un tout petit pays, la France, tout le monde savait que les jeux d’argents étaient addictifs mais, pour le petit roi de ce petit pays et les gros lobbies français des jeux d’argents en ligne, ce n’était pas assez. Le président eut alors une idée : forcer le passage pour la création d’une autorité « indépendante » de régulation des jeux en ligne.

Il voulait que cette autorité puisse « valider » des sites de jeux d’argent en ligne comme étant légaux, ou non. Avec un label délivré par l’ARJEL, le site d’argent pourrait fonctionner en France.

Les gros lobbies voulaient que SEULS les sites validés soient accessibles, alors ils eurent une idée : demander à l’ARJEL de faire bloquer les autres sites, ceux que l’autorité n’avait pas validé.

C’est ainsi qu’un premier janvier de l’an 2012, un décret fut publié. Décret qui sacralise le filtrage par DNS. Ainsi le gouvernement français fit du blocage DNS le blocage « par défaut »,  se rapprochant encore un peu plus d’une boite de pandore qu’il ne faut pas ouvrir : celle du filtrage préventif et généralisé.

Fin de la gentille histoire, passage aux faits :

L’article 1 du décret généralise le filtrage par DNS par défaut, c’est-à-dire que l’on bloque le nom de domaine directement. Les opérateurs (F.A.I) pourront cependant filtrer d’une autre façon s’ils le souhaitent (et croyez-moi, il y à pire que le blocage DNS et m’est d’avis que certains F.A.I vont vouloir bloquer autrement), ils ne seront cependant pas indemnisés des frais engagés dans la procédure de blocage dans ces cas-là.

Ce premier article pose deux problèmes : Les F.A.I peuvent bloquer comme ils l’entendent, traduction : laisser un flou technique dans ce blocage, c’est accepter les pires techniques de blocage possibles, le décret n’imposant pas explicitement une méthode.

Second point, l’efficacité de ce blocage : Le blocage par DNS n’est efficace que sur un DNS, il suffit donc de changer ses serveurs DNS pour contourner le blocage. Dès lors, où est l’intérêt d’un blocage par DNS ? La réponse est simple : nulle part.

Benoit Tabaka (le secrétaire du Conseil National du Numérique, une personne au point sur le droit) m’expliquait ce matin qu’a priori, une injonction judiciaire imposait une obligation de résultat, c’est-à-dire que le site ne doit plus du tout être accessible. Si on résume donc, le gouvernement considère le blocage DNS comme blocage par défaut, ce dernier n’est pas efficace. Le blocage sur injonction judiciaire sous-entend une obligation de résultat. Le blocage par DNS ne peut pas garantir ce résultat. Je crois que vous avez compris le truc, c’est un serpent qui se mord la queue si on reste sur un blocage par DNS.

Les  F.A.I seront alors tentés de bloquer autrement, afin d’être plus efficace… mais comme précisé juste avant, le gouvernement ne demande pas un autre blocage (et en même temps, ne l’interdit pas).

La façon dont le décret est rédigé est mesquine car elle demande un blocage efficace en considérant par défaut un blocage qui ne l’est pas (celui sur les DNS), c’est, pour l’Etat, une façon de se dédouaner d’un éventuel sur blocage ou d’une éventuelle inefficacité de ce dernier (aussi astucieux que mesquin et dangereux).

Les articles suivants portant sur les modalités d’indemnisation et ce billet ne s’y intéressera que très peu, PCInpact ayant déjà fait une très bonne analyse du problème.

Une question me vient : vers quoi ce décret nous dirige ?

J’ai une éventuelle réponse et elle risque de vous déplaire : vers un filtrage national et généralisé. Dans un précédent rapport de l’ARJEL, il était question de créer un « truc national » qui s’occupe de gérer la liste de noms de domaines bloqués, de mettre à jour cette liste et d’éventuellement intervenir en amont des DNS, sur les BGP. PCInpact s’interroge à juste titre : est-ce que ce décret ne serait pas la première brique du « truc national » ?

La fin de l’histoire n’est pas « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants », mais plutôt « et c’est ainsi que le filtrage généralisé s’invita en France. Ce fut la première brique du régime de censure que nous connaissons actuellement ».

Deux points pour finir, peu factuels cette fois :

–          l’ARJEL vous enfume. Elle prétend contrôler les jeux d’argent en ligne afin de vous protéger des addictions à ces derniers mais la réalité est différente : elle s’en tape.

Ce qui l’intéresse, c’est qu’à la fin du site ou vous aller claquer toute votre thune, il soit inscrit « .fr », c’est tout ce qui compte. Dépensez tout votre argent dans les jeux en ligne, dépendez de ces derniers, tant que c’est un « .fr », c’est parfait.

–          Le blocage par DNS va créer un écart d’accès à certains sites entre les personnes qui savent contourner un blocage DNS et ceux qui ne le savent pas. Peu à peu, nous entrons dans un Internet plus trop neutre et qui n’est plus trop Internet et ça, trop peu de gens en sont conscients.