Résistance.

Les lumières qui guident le peuple, éveillent les consciences, chérissent la réflexion et la raison à tout autre chose, prônent la tolérance, l’esprit critique, la réflexion politique, celles opposées à toute forme d’obscurantisme.

Ces lumières qui guident le peuple, celles dont nous devrions être fiers, que sont-elles devenues, qu’avons-nous fait ?

« La liberté, ce bien qui fait jouir des autres biens », disait Montesquieu. A la lumière des récents évènements politiques, Montesquieu serait certainement abasourdi.

La liberté, c’est la pierre angulaire de cette notion que bien trop de personnes oublient : le respect de la vie privée.

La liberté devrait être au cœur de tout, c’est une condition nécessaire à la démocratie, à l’État de droit, tant applaudi par nos élites politiques.

Mais, la liberté, ce n’est pas un bien acquis, il faut constamment être vigilant, constamment surveiller les conditions actuelles de son exercice.

Oui, la liberté s’exerce, mais pas sans vigilance, pas sans efforts, pas sans peine parfois.

Dans une période où les atteintes à la liberté sont multiples et détournées, masquées, il serait bon de s’en souvenir.

Il est de notre liberté d’utiliser notre liberté, il est de notre devoir, à tous, de la protéger lorsqu’elle est menacée.

Et elle l’est.

La décision du Conseil constitutionnel sur la loi relative au renseignement aurait pu être majestueuse, révolutionnaire, en consacrant certains éléments qu’il a préféré laisser passer. Sans doute, dans des années, nous parlerons d’une occasion manquée, nous en parlons déjà…

Le Conseil a préféré laisser passer un texte portant gravement atteinte aux libertés publiques, portant gravement atteinte à la liberté. Ce n’est pas la première fois que cela se produit, au début des années 80, la loi Sécurité et Liberté a subit le même traitement. Le texte était hautement sécuritaire, le Conseil amené à rendre un Décision Constitutionnelle et validait, alors, la quasi totalité de la loi.

Comme avec la loi sur le renseignement.

L’article 66 de la Constitution.

Nul ne peut être arbitrairement détenu.

L’autorité judiciaire, gardienne de la liberté individuelle, assure le respect de ce principe dans les conditions prévues par la loi.

La Constitution du 4 octobre 1958, où est-elle, dans cette loi sur le renseignement ?

Cet article annonce que l’autorité judiciaire est gardienne de la liberté individuelle et pourtant, ladite autorité n’existe tout simplement pas dans la loi relative au renseignement.

On nous répondra qu’il existe des décisions du même Conseil qui donnent des compétences supplémentaires au juge administratif, ce qui est vrai, mais pas vrai à la sauce Jean Jacques Urvoas ou Bernard Cazeneuve.

Ce que dit le Conseil constitutionnel dans certaines décisions transférant un bloc de compétences au juge administratif se résume en une phrase, extrêmement importante : tout doit être fait « dans une bonne administration de la justice » :

16. Considérant cependant que, dans la mise en oeuvre de ce principe, lorsque l’application d’une législation ou d’une réglementation spécifique pourrait engendrer des contestations contentieuses diverses qui se répartiraient, selon les règles habituelles de compétence, entre la juridiction administrative et la juridiction judiciaire, il est loisible au législateur, dans l’intérêt d’une bonne administration de la justice, d’unifier les règles de compétence juridictionnelle au sein de l’ordre juridictionnel principalement intéressé ; (source)

Le législateur pouvait inclure le juge judiciaire, il a refusé de le faire.

Le Conseil constitutionnel pouvait agir, il ne l’a pas fait, préférant faire une lecture extensive de sa jurisprudence de 1987, préférant confirmer l’élimination de l’autorité judiciaire, préférant piétiner la Constitution sur un texte extrêmement sensible et important, la loi sur le renseignement. Démontrant, s’il le fallait encore, qu’il ne protège pas l’État de droit ni la Constitution, que ses décisions sont politiques et pas juridiques.

Je ne peux me résoudre à cette décision, je ne me reconnais plus dans cet état, je ne reconnais pas mon pays dans cette décision constitutionnelle. Qu’ont-ils fait ?

Il faut se battre

Je ne veux pas du pays qui est en train de voir le jour, je veux un pays qui crée, qui ose, qui n’a pas peur.

Je veux un état qui soit garant de trois choses qu’il semble avoir oublié… trois choses qui devraient représenter bien plus de simples mots : Liberté – Égalité – Fraternité.

Liberté, parce que sans liberté, rien ne peut exister.

Je veux un peuple qui se décide enfin à assumer son rôle de protecteur de cette Liberté, qui prend conscience que la Liberté, ça se protège, ça se gagne, que ça ne tombe pas « comme ça », cadeau.

Je ne veux pas vivre dans un pays où il devient dangereux de sortir de la norme, où il devient dangereux de réfléchir, de penser. Je ne veux pas d’un pays qui considère que savoir utiliser un clavier, c’est dangereux. Je ne veux pas d’un pays qui considère que chérir la Liberté d’expression c’est mal et dangereux.

Allez-vous laisser passer ça ? Allez-vous continuer à dépenser votre énergie à vous plaindre d’un gouvernement, sans plus ?

Arrêtons de nous résigner et prenons enfin conscience qu’ensemble, une nation est bien plus puissante qu’un gouvernement injuste.

Restons-nous des individus résignés, à se dire « toutes façons, c’est ainsi, qu’est-ce que tu veux que j’y fasse … » ?

Devenons-nous un peuple, uni face à l’injustice et au mépris des fondations de notre République, ensemble, conscients que l’union fait la force ?

Lecteurs, français, vous allez devoir, à un moment ou à un autre, choisir.

En ce qui me concerne, j’ai choisi: résister. Et j’assume le prix de mon choix, qui ne m’arrache que quelques larmes, pour l’instant.

8 réflexions au sujet de « Résistance. »

  1. Je suis tout à fait d’accord avec ce que tu viens d’écrire, nous ne devons pas sacrifier notre liberté et devons la défendre bec et ongles. Notre communauté et l’ensemble de ceux qui ont les « yeux » ouverts en ont conscience et dénoncent régulièrement les atteintes à nos libertés.
    Il faut que nous allions au-delà de cette communauté mais comment faire ?
    Dans une société aveuglée par le narcissisme, l’égoïsme et le confort artificiellement créés par la société de consommation, dans une société inondée par la désinformation des médias, comment réveiller une société endormie qui ne se préoccupe même pas du nom de son voisin ?
    Tout ce que nous dénonçons est à peine effleuré par la plupart des médias. Les seuls qui en parlent soit le font mal et pour les meilleurs, passent pour des paranos ou des médias en mal de sensation pour leur audience.
    Tout ce que nous dénonçons est étranger à la plupart de nos concitoyens qui n’ont rien à cacher, « eux », sans penser, égoïstement, que d’autres peuvent avoir besoin/ou la volonté, par principe, d’avoir à le faire, sans même imaginer qu’ils ont eux aussi des choses à cacher et probablement encore plus à en cacher un jour…
    Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, on a entendu « plus jamais ça » de toutes parts mais au final, qui se soucie des atrocités commises et de leur probabilité de ressurgir un jour ? Qui appelle à la résistance ? Personne ou presque…
    Mais il ne faut pas se leurrer, même pendant la seconde guerre mondiale, la résistance n’a été l’œuvre que de quelques-uns agissant au mépris de leurs propres vies pour sauver celle des autres. La plupart de la population, a subi au mieux, voire collaborer et ne s’est pas opposer ouvertement à l’oppression.
    J’ai peut-être une vision noircie ces derniers jours mais j’ai tendance à penser que nous sommes à nouveau dans la même configuration.
    La question est : Continuons-nous à distribuer des tracts en espérant que quelques personnes le liront ou passons-nous à l’offensive en faisant « sauter les ponts » (c’est une image hein :p) ?
    Les décisions du conseil constitutionnel doivent aussi nous faire réfléchir sur nos méthodes d’actions pour agir et réveiller les gens.
    Il n’y a pas de réponse type, nous allons devoir y réfléchir sérieusement prochainement tous ensemble…
    <3

    1. Coucou, je ferai une réponse courte, tant je suis d’accord avec toi sur l’ensemble de la réponse, ainsi que sur les questions soulevées, qui me semblent réellement importantes.

      J’avoue qu’à l’heure actuelle, je n’ai pas la réponse, est-ce que nous continuons à utiliser les moyens légaux mis à notre disposition ou alors on passe à de la résistance plus « durcie » en faisant « sauter les ponts », pour reprendre l’expression déjà consacrée…

      Je n’ai pas encore l’esprit assez posé pour produire une réponse qui me semble juste, je préfère donc m’abstenir de donner de sombres idées à d’autres…

  2. Intéressants échanges et pour moi, voilà le vrai sujet.
    « Ils » vont de plus en plus loin … que faire ? Aller de plus en plus dans une forme de résistance ? faire sauter les ponts (et les moyens sont nombreux tant la « société numérique » est tenu par assez peu de gens qui risquent un jour de passer à l’action, de guerre lasse) ?
    Laisser faire (en apparence) est-il un signe de résignation ? d’endormissement ?
    Vont-ils avoir un sentiment d’impunité pour aller encore plus loin ?
    Quelle est la bonne forme de réaction ? de combat ?
    Est-ce que tout ceci ne conduit pas au renforcement de ce contre quoi nous luttons ?
    Le chemin est long … mais la bonne nouvelle est que depuis l’apparition de l’Internet et depuis « qu’ils » tentent de le (nous) faire entrer dans le rang, les consciences s’éveillent je trouve. Rien ne sera plus jamais comme avant. Maintenant, le sujet est d’éviter d’être contre productif et de ne pas se désespérer seul dans soin coin en pensant que « c’est foutu ».
    Une piste ici peut être ? : http://www.jmp.net/2015/06/et-toi-tu-proposes-quoi/
    Je pense qu’il n’y a pas de réponse unique. Il y aura des erreurs. Il y aura des stupidités, mais l’important est qu’elle vienne de chacun de nous et pas de gourous auto-proclamés … manipulés consciemment ou inconsciement. Le pire serait de savoir et de ne rien faire.

    1. Cher M. Planche, je crois que nous sommes d’accord : il n’y a pas de réponse unique et il y aura sans doute de nombreuses erreurs. Je suis également d’accord sur l’avant dernier point : il ne faut surtout pas que cela vienne de gourous auto-proclamés, cela serait, je crois, la pire chose possible…
      Néanmoins, je m’interroge quant à nos méthodes, nos façons de faire, qui, malgré toute la motivation et l’énergie dont nous disposons, ne fonctionne manifestement pas, peut-être nos voix ne portent pas assez loin, peut-être nos actions ne sont, finalement, pas les bonnes, je ne sais hélas pas.

      Tu soulignes un paradoxe important que, perso, j’ai du mal à gérer : au fur et à mesure que « ça ne fonctionne pas », nos méthodes deviennent plus insistantes, plus directes et ressemblent, en partie du moins, à celles avec lesquelles j’ai un peu de mal.

      Je ne sais que faire.
      Les moyens légaux s’épuisent avec le temps et je suis contre les moyens illégaux, qui semblent porter leurs fruits si j’observe les récentes manifestations en France, alors que faire ?

      Il faudrait peut-être avoir un échange collectif sur ce sujet, mais collectif et Internet, c’est paradoxalement assez compliqué

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